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  • Alain Delon : hommage et souvenirs...

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     ©  Inthemoodforcinema.com. Remise de la palme d'or d'honneur à Alain Delon, le 19 mai 2019

    Définitivement, les héros de l’enfance ne sont pas éternels. Je n’ai jamais réussi à jeter ces cassettes sur lesquelles mon père m’enregistrait les films dans mon enfance, des films avec Gabin, Ventura et surtout Delon, beaucoup « de » Delon. Le temps et la même saleté de maladie auront emporté l’un et l’autre mais il reste encore ces cassettes avec leurs titres bien lisibles. L’accessoire survit toujours à l’essentiel, pour remuer le couteau dans la plaie, béante. C’est après avoir quitté l’un dans un cauchemar que, ce matin, j’apprends la mort de l’autre. La mort d’une autre part d’enfance, un peu aussi. Mais si les héros de l’enfance ne sont pas éternels, la magie du cinéma est toujours là, notre baume à l’âme, pour nous fait croire à leur immortalité.

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     ©  Inthemoodforcinema.com. Master class d'Alain Delon au Festival de Cannes, le 19 mai 2019

    J’ai d’abord pensé à ce 19 mai 2019. Étrange signe du destin que cette remise de la palme d’or d’honneur, à Cannes, le jour de mon anniversaire… Je n’oublierai jamais cet adieu à la scène, à la vie, bouleversant, après la projection du chef-d’œuvre de Losey, Monsieur Klein, dans lequel son personnage se laisse lui aussi emporter par la mort… Le 19 Mai 2019, j’avais donc rendez-vous avec les émotions de mon enfance, avec mes premiers élans passionnés pour le cinéma, avec le héros de Visconti, Clément, Deray, Verneuil, Losey, Giovanni, Melville, avec Tancrède, Roger Sartet, Robert Klein, Roch Siffredi, Gino sans oublier le glacial, élégant et solitaire Jef Costello.

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    Il y en eut bien d’autres rendez-vous avant cela : au théâtre, où il fut à chaque fois magistral (Variations énigmatiques, Les Montagnes russes, Sur la route de Madison, Love letters, Une journée ordinaire), au Festival de Cannes déjà, et même un rendez-vous professionnel manqué…

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     ©  Inthemoodforcinema.com. Première de la pièce de théâtre Love Letters

     
    Flashback…
     
    Je me souviens de ce Festival de Cannes 2010, lorsqu’il était venu présenter une version restaurée du Guépard. Je me souviens d’Alain Delon, devant moi, qui regardait l'écran avec tant de solennité, de nostalgie, de tristesse, comme ailleurs, dans le passé, comme s'il voyait une ombre du passé ressurgie en pleine lumière, pensant, probablement, comme il le disait souvent, à ceux qui ont disparu : Reggiani, Lancaster, Visconti.... 
     

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    C'était d'autant plus troublant que la scène de la réalité semblait faire étrangement écho à celle du film qui raconte la déliquescence d'un monde, la nostalgie d'une époque. Comme si Delon était devenu le Prince Salina (Lancaster dans le film) qui regarde avec mélancolie une époque disparaître. Palme d'or 1963 à l'unanimité. Pour moi, le plus grand film de l’Histoire du cinéma. Les décors minutieusement reconstitués d’une beauté visuelle sidérante. La sublime photo de Giuseppe Rotunno. Cette fresque tragique, une composition sur la décomposition d’un monde, dont chaque plan se regarde comme un tableau. Ses voluptueux plans séquences (notamment la scène du dîner pendant laquelle résonne le rire interminable et strident d’Angelica comme une insulte à l’aristocratie décadente, dîner au cours duquel se superposent des propos, parfois à peine audibles, faussement anodins, d’autres vulgaires, une scène autour de laquelle la caméra virevolte avec virtuosité, qui, comme celle du bal, symbolise la fin d’une époque). L’admirable travail sur le son. Le travail sur les couleurs (la séquence dans l’église où les personnages sont auréolés d’une significative lumière grise et poussiéreuse). Ses personnages stendhaliens. Ses seconds rôles judicieusement choisis. Le charisme de ses trois interprètes principaux. La noblesse féline de Burt Lancaster. La majesté du couple Delon-Cardinale. La volubilité, la gaieté et le cynisme de Tancrède (pour qui « il faut que tout change pour que rien ne change ») formidablement interprété par Alain Delon. La grâce de Claudia Cardinale. La musique lyrique, mélancolique et ensorcelante de Nino Rota. Une fresque romantique, engagée, moderne.  La lenteur envoûtante dont est empreinte le film qui métaphorise la déliquescence du monde qu’il dépeint. Magistrale immersion dont on peinera ensuite à émerger, hypnotisés par l’âpreté lumineuse de la campagne sicilienne, par l’écho du pesant silence, par la splendeur stupéfiante de chaque plan. Par cette symphonie visuelle cruelle, nostalgique et sensuelle dans laquelle l’admirateur de Proust qu’était Visconti nous invite à l’introspection et à la recherche du temps perdu.

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     ©  Inthemoodforcinema.com. 2013, Alain Delon lors de la projection au Festival de Cannes, de Plein soleil, en version restaurée 

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    Je me souviens, plus tard, toujours au Festival de Cannes, de la projection de Plein soleil en copie restaurée, en 2013, dans le cadre Cannes classics, à nouveau.  L’acteur avait alors déjà tenu à ce qu’il ne s’agisse pas d’un « hommage à Alain Delon mais d’un hommage à René Clément. René Clément « mon maître absolu » disait Delon. « Le 17 Mars passé, René aurait eu 100 ans et j’aurais tellement aimé qu’il soit là ce soir. Je sais qu’il aurait été bouleversé » déclara-t-il ce jour-là. Comme le soleil qui à la fois éblouit et brûle, dans Plein soleil, Ripley (Delon) et Greenleaf (Ronet) sont l’un et l’autre aussi fascinants que dangereux. La caméra de Clément enferme dans son cadre ses personnages comme ils le sont dans leurs faux-semblants. Acte de naissance d’un mythe, thriller palpitant, personnage délicieusement ambigu, lumière d’été trompeusement belle aux faux accents d’éternité, Plein soleil est un chef d’œuvre du genre dans lequel la forme coïncide comme rarement avec le fond, les éléments étant la métaphore parfaite du personnage principal.  

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     ©  Inthemoodforcinema.com. Alain Delon, Claudia Cardinale et Martin Scorsese lors de la projection au Festival de Cannes, du "Guépard" en version restaurée (2010)
     
    Delon aura pourtant mis du temps à revenir à Cannes, après ne pas avoir été invité au 50ème anniversaire en 1997.  Il était venu pour la première fois en 1961 pour Quelle joie de vivre de René Clément, puis pour L’Eclipse de Michelangelo Antonioni en 1962 (Prix du jury), pour Le Guépard de Luchino Visconti, et en 1976 pour Monsieur Klein de Joseph Losey qui n’avait pas reçu l’accueil que ce chef-d’œuvre aurait mérité.
     
    Et puis donc 2019. La remise de la palme d’or d’honneur et la projection de Monsieur Klein avaient été précédées d’une master class d’1h30 lors de laquelle le temps avait été suspendu (mon récit complet, ici). Il semblait au tout début un peu contrarié d’être là, (plutôt tout simplement une manière pudique de masquer son émotion) et, pourtant, comme lorsque la caméra se met à tourner, lorsque son tour de parler vint, de parler de ces cinéastes et acteurs qu’il a tant aimés et admirés, il était le Alain Delon de notre enfance à nouveau, là, devant nous, captivés. « Parle comme tu parles, écoute comme tu écoutes. Fais tout comme tu le fais. Sois toi. Ne joue pas. Vis. Cela m’a marqué toute ma vie. Ce départ avec Yves. Je n’ai jamais joué de ma vie dans tous les films que j’ai faits. Je vis mes rôles. Je ne joue pas. La différence essentielle entre un comédien ou un acteur… Il y a des comédiens absolument fabuleux comme Belmondo qui ont pris des cours. Et des gens comme moi. Et comme Lino… » a-t-il commencé à raconter, et des indications que lui donnait Yves Allégret.

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    Et puis il y a eu l’extrait de Rocco et ses frères, un extrait avec Annie Girardot. Alain Delon a essuyé une larme. Nous étions presque gênés lorsque la lumière s’est rallumée, d’être là, avec lui dans ses souvenirs.  « Je n’étais pas venu ici pour chialer. C’est surtout cette scène merveilleuse avec Annie qui n’est plus là. Je l’aime. Elle m’aime. Et ce sacrifice que je fais, je le fais pour mon frère. Voir Annie comme elle est là, cela m’a tuée. Elle est magnifique. Cela m’a fait vraiment mal. »

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    Que ce soit à la cour de Bavière avec Ludwig, ou au palais Donnafigata avec le Prince Salina, avec Visconti, c’est toujours d’un monde qui périclite et de solitude dont il est question mais aussi de grandes familles qui se désagrègent, d’être promis à des avenirs lugubres qui, de palais dorés en logements insalubres, sont sans lumière et sans espoir. Face à Annie Girardot, Alain Delon illumine ce film sombre de sa beauté tragique et juvénile et montre ici toute la palette de son jeu, du jeune homme timide, fragile et naïf, aux attitudes et aux craintes d’enfant encore, à l’homme déterminé. Une palette d’autant plus impressionnante quand on sait que la même année (1960) sortait Plein soleil de René Clément, avec un rôle si différent. La réalisation de Visconti reprend le meilleur du néoréalisme et le meilleur de la Nouvelle Vague avec une utilisation particulièrement judicieuse des ellipses, du hors champ, des transitions, créant ainsi des parallèles et des contrastes brillants et intenses. Il ne faudrait pas non plus oublier la musique de Nino Rota qui résonne comme une complainte à la fois douce, cruelle et mélodieuse.  Un film d’une beauté et d’une lucidité poignantes, sombres et tragiques, porté par de jeunes acteurs (Delon, Girardot, Salvatori…), un compositeur et un réalisateur déjà au sommet de leur art.  Rocco et ses frères a obtenu le lion d’argent à la Mostra de Venise 1960.

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    Et puis il y eut ce moment où il raconta une fois de plus l’incendie des studios Jenner, évoquant Melville : « Et il regarde brûler sa vie, ses studios, ses films, ses lettres, ses bouquins. Tout brûlait. Et à un moment. (Il m’appelait toujours mon coco.) Et on regarde sa vie brûler et il me fait "Mon coco, notre oiseau, NOTRE oiseau…". Sa vie brûlait, sa carrière brûlait, et il pensait à notre piaf qui était en train de brûler et rien d’autre. Mon coco, notre oiseau… » a-t-il raconté, la voix étranglée par l’émotion. Ce film, Le Samouraï, ne serait sans doute pas devenu un chef-d’œuvre sans la présence d’Alain Delon (que Melville retrouvera pour Le Cercle rouge, en 1970, puis dans Un flic en 1972) qui parvient à rendre attachant ce personnage de tueur à gages froid, mystérieux, silencieux, élégant dont le regard, l’espace d’un instant face à la pianiste, exprime une forme de détresse, de gratitude, de regret, de mélancolie pour ensuite redevenir sec et brutal. N’en reste pourtant que l’image d’un loup solitaire impassible d’une tristesse déchirante, un personnage quasiment irréel (Melville s’amuse d’ailleurs avec la vraisemblance comme lorsqu’il tire sans vraiment dégainer) transformant l’archétype de son personnage en mythe, celui du fameux héros melvillien.  Avec ce film noir, polar exemplaire, Melville a inventé un genre, le film melvillien avec ses personnages solitaires ici portés à leur paroxysme, un style épuré d’une beauté rigoureuse et froide et surtout il a donné à Alain Delon l’un de ses rôles les plus marquants, étant sans doute assez proche de ce qu’il était : ce samouraï charismatique, mystérieux, élégant et mélancolique au regard bleu acier, brutal et d’une tristesse presque attendrissante, et dont le seul vrai ami est un oiseau. Rôle en tout cas essentiel dans sa carrière que celui de ce Jef Costello auquel Delon lui-même fera un clin d’œil dans Le Battant.

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    Mais revenons à ce 19 mai 2019. Son départ de cette scène. Un adieu déchirant aux feux de la rampe. Il a d’abord évoqué son personnage dans Monsieur Klein :
     « J’ai voulu faire ce personnage justement parce que c’était tout ce que je n’avais jamais fait, tout ce que je n’étais pas. Lonsdale au moment de la Rafle me court après. La fin n’était pas comme ça. La fin, il me rejoignait, m’arrêtait et m’enlevait de la rafle. C’est là que j’en ai parlé à Joseph et je lui ai dit, je ne veux pas ça, je veux aller jusqu’au bout. Je veux vivre comme le Robert Klein que je ne suis pas. Je veux faire la Rafle du Vel d’Hiv. Je suis emporté. Je sais où je vais. On va m’amener dans le métro, dans le train, et je veux cette fin-là. »
  • Alain Delon de retour au théâtre et au cinéma en 2013

    Cliquez sur la photo ci-dessous pour en savoir plus

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  • Alain Delon à l'honneur à Locarno

    Rendez-vous sur mon nouveau blog consacré aux festivals de cinéma, en cliquant ici, pour découvrir mon dossier spécial sur Alain Delon à l'occasion de l'hommage que vient de lui rendre le Festival de Locarno.

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  • Exclusivité: Alain Delon et Mireille Darc réunis à l'écran?

    miniature.jpgJe vous en dirai plus dans quelques jours sur cette mystérieuse vidéo mettant en scène Mireille Darc et Alain Delon visible en exclusivité sur In the mood for cinema. En ne désespérant (toujours) pas, un jour peut-être, de pouvoir transmettre mon scénario qu'il a inspiré à l'intéressé (à bons entendeurs...), je vous laisse découvrir ces deux monstres sacrés dans cette vidéo inédite... Alors, Mireille Darc et Alain Delon à nouveau réunis, cette fois à l'écran, après "Sur la route de Madison" au théâtre? Qu'en pensez-vous?

    Autres articles consacrés à Alain Delon sur inthemoodforcinema.com :

    Projection du "Guépard" dans le cadre du Festival de Cannes: critique du film, vidéos de l'événement, et reportage.

    Retrouvez également les critiques des films suivants:

      La Piscine », « Borsalino », « Le Guépard », « Monsieur Klein »,  « Le Cercle rouge », "Le Professeur", "Plein soleil"

    Critique de pièces de théâtre avec Alain Delon:

    "Lovers letters"

    "Sur la route de Madison"

     

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  • ”Alain Delon...et moi” : un spectacle de et avec Stéphane Dolivet

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    Contrairement à ce que le début du titre de cet article a peut-être pu vous laisser croire, il ne s'agit pas là d'un énième épisode de mes pérégrinations scénaristico-delonesques pour qu'Alain Delon lise  enfin  le scénario  qu'il m'a inspiré (en incurable utopiste, je passe quand même à nouveau le message ...:-)) même si vous l'aurez compris "Alain Delon et moi" c'est une autre longue histoire. Vous savez à quel point j'apprécie l'acteur et le rôle éminent que ses films ont joué dans la naissance de ma passion pour le cinéma. Je vous en ai d'ailleurs parlé à maintes reprises (voir plus bas les liens vers tous mes articles consacrés à Alain Delon) et il y a peu de temps encore lors de l'inoubliable projection cannoise du "Guépard" restauré. Je ne pouvais donc pas ne pas évoquer le spectacle de Stéphane Dolivet (cf le titre et le résumé) que je n'ai pas encore vu mais que j'irai bien entendu voir à la rentrée, je vous en parlerai  évidemment ensuite.

    En voici l'alléchant résumé:

    Dans les coulisses d´un tournage, un figurant en smoking attend son tour de passer devant une caméra pour quelques secondes que tout le monde oubliera, il confie au public pourquoi demain tout va changer pour lui : Alain Delon, le vrai, a surgi dans sa vie alors que Delon, celui des films, est son point de repère depuis l´enfance. Sincère ou mythomane, il raconte « son » Alain Delon, mêlant leurs histoires respectives dans une trajectoire qui les rapprochent ou les opposent. On pénètre ainsi dans la chambre des souvenirs: les enfants que nous avons été, nos pères, nos rêves abandonnés ou manqués, et nos mères bien sûr… Tandis que les fantômes de celluloïd et autres âmes se rappellent à nous, tous se retrouvent dans Le Cercle Rouge. Une histoire entre théâtre et vérité où un fil invisible se tisse entre une star de cinéma et un inconnu.

    Informations pratiques:

    Un spectacle de et avec Stéphane DOLIVET

     Dès le 20 AOUT 2010 les vendredi et samedi à 21h00, le dimanche à 17h00

    L´ATELIER THEATRE DE MONTMARTRE, 7 RUE COUSTOU 75018 PARIS

    (voir n°s de réservation sur l'affiche ci-dessus)

    Autres articles consacrés à Alain Delon sur inthemoodforcinema.com :

    Critiques de :

    « La Piscine »

     « Borsalino »

    « Le Guépard »

     « Monsieur Klein »

     « Le Cercle rouge »

    "Le Professeur"

    "Plein soleil"

    "Le Guépard" (critique du film, vidéos d'Alain Delon et Claudia Cardinale lors de la projection du film en version restaurée au dernier Festival de Cannes)

    Vidéo "à propos du Guépard"

     

     

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  • Avant-première : Alain Delon sur Orange ciné géants « Dans mon cinéma »

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    Alain Delon dans "L'Eclipse" d'Antonioni (1962)

    orangecinéma.jpgCe lundi 5 octobre, à 20H40, sur Orange Ciné géants sera diffusé l'épisode 1 d'une série de documentaires intitulés « Dans mon cinéma », des documentaires dans le cadre desquels des personnalités du septième art commentent des extraits de leur propre filmographie et des extraits de films qu'ils ont en grande partie choisis. Le premier épisode de cette série est consacré à Alain Delon et réalisé par Raymond Vouillamoz.  Ses propos sont recueillis par Dominique Warluzel.

    Vous n'êtes pas sans savoir que l'acteur en question est pour partie à l'origine de ma passion pour le cinéma et surtout un grand nombre de chefs d'œuvres dans lesquels il a joué (« Monsieur Klein » de Losey, « La Piscine » de Jacques Deray, « Le Cercle rouge » et "Le Samouraï" de Jean-Pierre Melville, « Plein soleil » de René Clément, « le Guépard » de Luchino Visconti, "Rocco et ses frères" du même Luchino Visconti, "L'Eclipse" d'Antonioni, "La Veuve Couderc" de Pierre Granier-Deferre...) à tel point que j'ai écrit un scénario de long-métrage dont le rôle principal est écrit pour Alain Delon. A bon entendeur... L'histoire de ce scénario est d'ailleurs presque un vrai film, je vous la raconterai un jour...

    delon21.jpgLorsqu'Orange, avec qui Inthemoodforcinema.com avait un partenariat pour le 35ème Festival du Cinéma Américain de Deauville (18 d'entre vous ont ainsi remporté des pass pour le festival grâce à Orange et inthemoodforcinema.com), m'a proposé de visionner ce documentaire en avant-première j'ai évidemment été tout de suite enthousiaste !

    loveletters.jpgCe qui m'étonne toujours, c'est à quel point les avis sont tranchés lorsqu'il est question d'Alain Delon. On l'adore ou on le déteste. Il séduit ou il insupporte. Il joue subtilement avec son image dont certains sont malheureusement dupes, et dans laquelle lui-même sans doute se retrouve parfois enfermé, isolé. Et moi j'ai ces images à jamais gravées dans ma mémoire : celle du 25ème Film Policier de Cognac dont il était l'invité d'honneur et dont j'étais membre du jury de cinéphiles. Là, lors d'une soirée, à deux mètres de moi, un Delon jovial et rieur, loin de l'image à laquelle on le réduit parfois, un Delon autour duquel se formait un cercle de respect mais aussi de convoitise (dans lequel se situaient des réalisateurs connus que je ne citerai pas qui semblaient alors prêts à tout pour lui parler comme des vassaux avec leur roi). Et puis  il y a cette autre image, inoubliable, des 60 ans du Festival de Cannes d'un Alain Delon ému aux larmes rendant hommage à Romy Schneider (une vidéo que vous pouvez voir sur mon autre blog "In the mood for Cannes"). Des images aussi du grand acteur de théâtre qu'il est également : dans "Variations Enigmatiques",  « Les Montagnes russes », « Sur la route de Madison », « Love letters ». Et puis tant d'images de cinéma...

    Il est intéressant d'entendre l'acteur évoquer sa filmographie mais aussi revenir sur des moments clefs de sa carrière et delon6.jpgsur les personnalités qui l'ont marqué. Le seul bémol concerne la durée du documentaire : 52 minutes beaucoup trop courtes pour évoquer une telle carrière, 52 minutes qui donnent l'impression d'un survol au goût d'inachevé. Cet entretien n'en est pas moins passionnant, l'acteur s'exprimant rarement sur sa carrière, et encore plus rarement sur celle des autres, nous permettant de découvrir un cinéphile passionné, un homme sensible et charismatique, nostalgique et mélancolique, même "passéiste" comme il se définit lui-même, à fleur de peau, touchant, mais aussi un homme avec des prises de position pas forcément politiquement correctes qui se dévoile sans jamais être impudique.

    Pour ceux qui comptent regarder le documentaire, je vous conseille d'arrêter votre lecture ici... Pour les autres en voici un résumé...

    Le premier extrait (« Deburau » de Guitry-1951) le bouleverse d'emblée de même que le dernier, un extrait de « La fin du jour » de Duvivier (1939) qui le fait « pleurer à chaque fois ». L'un comme l'autre évoquent la passion pour ce « plus beau métier du monde » qu'est le métier d'acteur mais aussi la solitude de l'acteur.

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    Maurice Ronet, Marie Laforêt, Alain Delon dans "Plein soleil" de René Clément

    Il n'est pas moins ému quand il s'agit de revenir sur sa propre filmographie. Il commente ainsi sept extraits de ses propres films. Il commence par « Plein soleil » de René Clément dont il dit que c'est pour lui le plus grand réalisateur mais surtout le plus grand directeur d'acteurs, et pour lequel il semble éprouver une admiration sans bornes. Il précise également qu'il devait au départ interpréter le rôle que Maurice Ronet jouera finalement et que, malgré son jeune âge (24 ans alors), il avait réussi à convaincre Clément (et d'abord sa femme...) de le faire changer de rôle. Pour ceux qui n'ont pas encore vu « Plein soleil » dont la direction d'acteurs est effectivement remarquable je vous le recommande vivement.

    piscine.jpgLe deuxième extrait est une scène de « La Piscine » de Jacques Deray avec Romy Schneider, des images qu'il dit ne pas pouvoir revoir sans être bouleversé, chaque film et évidemment celui-ci, étant pour lui « une tranche de vie ».

    Le troisième extrait est un extrait du premier des 28 films qu'il a produits : « « L'Insoumis » d'Alain Cavalier, dont le sujet (La Guerre d'Algérie) était, pour l'époque, audacieux et engagé, un film inspiré de l'histoire vraie de l'avocate Gisèle Halimi enlevée par l'OAS.

    Le quatrième extrait nous présente la fin de « Deux hommes dans la ville » de Giovanni dans lequel Delon jouait face à celui qui l'appelait « Le Môme » et qu'il admirait tant : Jean Gabin. Il explique comment il a lui-même mis en scène la fin du film, d'ailleurs admirablement réalisée, une scène qui fait entrevoir toute l'horreur d'une condamnation à mort ( et dont la force semble en contradiction avec les propos de Delon sur la peine de mort dont il est dommage qu'il ne les ait pas davantage explicités, des propos avec lesquels je ne suis pas d'accord mais qui prouvent néanmoins à quel point l'acteur reste « insoumis », une qualité finalement louable dans un milieu cinématographique au discours souvent très formaté) .

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    Alain Delon et Simone Signoret dans "La Veuve Couderc" de Pierre Granier-Deferre

    L'extrait suivant est un extrait de « La Veuve Couderc » de Granier-Deferre (1971) , une scène qui est selon Delon « une des plus belles scènes d'amour non charnelles » de l'histoire du cinéma. Sa relation avec Signoret était faîte « de respect et d'admiration mutuels ». Elle lui apprit « la qualité des silences et des regards ».

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    Alain Delon et Claudia Cardinale dans "Le Guépard" de Luchino Visconti

    Evidemment il ne pouvait pas non plus ne pas choisir un extrait du « Samouraï » de Melville, l'occasion pour lui de revenir sur le sens du détail du cinéaste, et il ne pouvait pas non plus faire l'impasse sur « Le Guépard » de Visconti.  A cette occasion, il avoue que Burt Lancaster est le seul acteur face auquel il fut intimidé. Pour lui Visconti était avant tout « un esthète ».

    asphaltsmall.jpgS'il est parfois arrivé à Alain Delon de commenter sa propre carrière je l'ai plus rarement entendu évoquer celles des autres, c'est à mon avis l'intérêt de ce documentaire. Il faut voir avec quelle émotion il regarde « Marylin Monroe, « mythe universel »  dans un extrait d' « Asphalt jungle »  (« Quand la ville dort ») de John Houston, Marylin qu'il n'a jamais rencontrée  ou avec quel émoi il évoque  la fin du film lorsque Sterling Hayden rentre mourir avec ses chevaux, une fin qui lui fait penser à la manière dont il aimerait mourir.

    Il revient aussi sur sa définition de l'acteur. Pour lui un comédien est quelqu'un qui a la vocation, qui apprend le métier, qui devient comédien. Il cite ainsi en exemple Belmondo et Huster. Pour un acteur, il s'agit en revanche d'un accident comme ce fut le cas pour lui, pour Gabin ou Ventura. « L'acteur vit, le comédien joue ».

    Il a également choisi un extrait de « La Grand Illusion » de Jean Renoir, « un des plus grands films de l'histoire du cinéma », qu'il commente et notamment la scène du « petit navire », « scène d'anthologie » entre Dalio et Gabin.

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    Burt Lancaster dans "Le Guépard" de Luchino Visconti

    Si Delon admirait Gabin, Garfield (inoubliable dans « Le Facteur sonne toujours deux fois » de Tay Garnett) était pour lui son « Dieu », le plus grand acteur dont il admire la modernité du jeu, avec Lancaster et Brando avec lequel il regrette de n'avoir jamais joué ( « Le jour où Marlon partira je serai mort cliniquement » disait-il avant la mort de ce dernier). Quant aux réalisateurs, Melville, Clément, Visconti forment pour lui le trio remarquable.

    Lauren Bacall et Ava Gardner traversent aussi ce documentaire trop court pour évoquer toute sa carrière mais qui permet d'en envisager l'impressionnante étendue et le nombre de chefs d'œuvre qui l'ont jalonnée.

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    2009. Alain Delon dans une publicité pour "Eau sauvage" avec une photo prise par Jean-Marie Périer, en 1966 . Il avait alors 31 ans.

    J'en profite aussi pour vous recommander le très beau livre de photos et de témoignages signé Philippe Barbier consacré à Alain Delon et Romy Schneider  intitulé "Ils se sont tant aimés".

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     Articles liés  à Alain Delon sur inthemoodforcinema.com :

     « Les Montagnes russes », 

     « Sur la route de Madison »,

    « Love letters ».

     « La Piscine » de Jacques Deray

     Le Guépard » de Visconti

  • ”Les montagnes russes” : pour voir un Alain Delon inédit

    Les Montagnes russes d’Eric Assous, avec Alain Delon et Astrid Veillon,
    Théâtre Marigny ;

    De mémoire de delonophile, je me souvenais l’avoir vu poignant, bouleversant (notamment dans « Variations énigmatiques » d’Eric Emmanuel Schmitt, à ce jour mon plus beau souvenir de spectatrice de théâtre : un texte brillant que je me lasse pas de relire-et que je vous recommande vivement !- pour un acteur alors au sommet de son art…dans un rôle ambigu, un personnage inoubliable ) , je me souvenais l’ avoir vu susciter et interpréter toutes les palettes de l’émotion à l’exception d’une seule : l’humour . Un regard mélancolique et captivant, une aura indéniable, un charisme de monstre sacré du cinéma, un regard qui vous happe dans des profondeurs d’émotion eh oui, et pourtant… l’interprète inoubliable de Visconti, Verneuil, Losey, Clément et tant d’autres n’avait jamais fait rire… Je le soupçonnais pourtant d’être très loin d’être dénué d’humour, me souvenant l’avoir vu rire aux éclats lors du festival du film policier de Cognac 2002, là, à deux mètres de moi,(j’étais alors membre d’un jury de cinéphiles) lors d’une soirée organisée par le festival, où il arriva tel un fauve majestueux, impérial et admiré, imposant un silence respectueux et moi n’en croyant pas mes yeux d’être assise si proche de celui qui m’avait fait aimer le cinéma de « la piscine » au « cercle rouge » à « M.Klein », tous ces chefs d’œuvre qui jalonnent cette carrière exemplaire. Alors non pas qu’il n’y parvenait pas mais on l’apprécie dans le mystère, dans l’indicible comme dans « Le Samouraï », dans ces films où il n’a pas besoin de parler pour être, ou de démontrer pour montrer. C’est donc un des intérêts des « Montagnes russes » de nous montrer Alain Delon drôle, humain (trop humain ?), interprétant un personnage presque pitoyable, et le spectateur presque déçu d’y croire là encore, là aussi… Eh oui Alain Delon peut être humain nous qui le croyions surhumain. La pièce vaut aussi le déplacement pour la remarquable interprétation et l’énergie incontestable d’Astrid Veillon…
    Sandra.M

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