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Rechercher : Alain+Delon

  • Critique de ”Trois mondes” de Catherine Corsini

    Ces trois mondes qui se rencontrent ou plutôt se confrontent sont incarnés par Al, Juliette et Véra.

    « Al (Raphaël Personnaz) est un jeune homme d’origine modeste à qui tout réussit : il se marie dans huit jours avec la fille de son patron et doit prendre la tête de l’entreprise de son futur beau-père. Une nuit, après une soirée arrosée à fêter dignement tous ces projets d’avenir, il renverse un inconnu. Poussé par ses deux amis d’enfance, il abandonne le blessé et s’enfuit. De son balcon, Juliette (Clotilde Hesme) a tout vu. Hantée par l’accident, elle va aider Véra (Arta Dobroshi), la femme du blessé, à retrouver l’homme qu’elle a vu fuir. »

    Dans « Partir » déjà, Catherine Corsini confrontait des mondes qui n’auraient pas dû se rencontrer, c’est cette fois le sujet au centre de ce nouveau long-métrage. Dès les premières secondes, Catherine Corsini place son film sous le signe de l’urgence et de la tension et du côté de Al. Le film oscille entre un cinéma à la Claude Sautet (mon cinéaste de prédilection, donc un compliment ) avec les scènes sous la pluie de rigueur qui rapprochent les personnages et, selon ses propres dires, de thrillers, celle-ci citant Hitchcock ou James Gray dont la principale qualité est justement de savoir mêler thriller et histoire d’amour.

    Catherine Corsini ne choisit finalement ni l’une ni l’autre de ces options, ce qui laisse une impression d’inachevé (mais, après tout, à l’image de ces mondes qui n’achèveront pas la rencontre forcée et entamée). Le film n’en reste pas moins palpitant mais inégal dans les mondes qu’il relate : dommage que les personnages moldaves n’échappent pas aux clichés, Catherine Corsini semble ici avoir plus d’attachement pour le personnage de Al sur lequel commence et se termine le film, et tirer un constat pessimiste puisque chacun, finalement, restera dans son monde.

    De cette confrontation l’un d’eux, bien que détruit, aura peut-être juste gagné en liberté. Le film est porté par ses interprètes principaux : Raphaël Personaz qui, par l’intensité de son jeu, et sa présence magnétique, me fait penser à Alain Delon ; Arta Dobroshi (inoubliable dans « Le silence de Lorna » des Dardenne) et Clothilde Hesme, écartelée entre deux mondes mais, comme toujours, très juste.

    Un film que je vous recommande malgré ses criantes invraisemblances scénaristiques (Al se rend à l’hôpital auprès de celui qu’il a renversé risquant d’être démasqué; Juliette a une liaison brève avec Al qui tombe dans ses bras, sans doute réunis par la violence de ce qu’ils ont vécu, mais elle est quand même enceinte et lui sur le point de se marier; Juliette qui ne travaille pourtant pas pour les services secrets retrouve Al miraculeusement en en disposant que du numéro de sa plaque d’immatriculation)...

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  • Critique de ”Trois mondes” de Catherine Corsini

     Ces trois mondes qui se rencontrent ou plutôt se confrontent sont incarnés par Al, Juliette et Véra.

     « Al (Raphaël Personnaz) est un jeune homme d’origine modeste à qui tout réussit : il se marie dans huit jours avec la fille de son patron et doit prendre la tête de l’entreprise de son futur beau-père. Une nuit, après une soirée arrosée à fêter dignement tous ces projets d’avenir, il renverse un inconnu. Poussé par ses deux amis d’enfance, il abandonne le blessé et s’enfuit. De son balcon, Juliette (Clotilde Hesme) a tout vu. Hantée par l’accident, elle va aider Véra (Arta Dobroshi), la femme du blessé, à retrouver l’homme qu’elle a vu fuir. »

     Dans « Partir » déjà, Catherine Corsini confrontait des mondes qui n’auraient pas dû se rencontrer, c’est cette fois le sujet au centre de ce nouveau long-métrage. Dès les premières secondes, Catherine Corsini place son film sous le signe de l’urgence et de la tension et du côté de Al. Le film oscille entre un cinéma à la Claude Sautet (mon cinéaste de prédilection, donc un compliment ) avec les scènes sous la pluie de rigueur qui rapprochent les personnages et, selon ses propres dires, de thrillers, celle-ci citant Hitchcock ou James Gray dont la principale qualité est justement de savoir mêler thriller et histoire d’amour.

     Catherine Corsini ne choisit finalement ni l’une ni l’autre de ces options, ce qui laisse une impression d’inachevé (mais, après tout, à l’image de ces mondes qui n’achèveront pas la rencontre forcée et entamée). Le film n’en reste pas moins palpitant mais inégal dans les mondes qu’il relate : dommage que les personnages moldaves n’échappent pas aux clichés, elle semble ici avoir plus d’attachement pour le personnage de Al sur lequel commence et se termine le film, et tirer un constat pessimiste puisque chacun, finalement, restera dans son monde.

     De cette confrontation l’un d’eux, bien que détruit, aura peut-être juste gagné en liberté. Le film est porté par ses interprètes principaux : Raphaël Personaz qui, par l’intensité de son jeu, et sa présence magnétique, me fait penser à Alain Delon ; Arta Dobroshi (inoubliable dans « Le silence de Lorna » des Dardenne) et Clothilde Hesme, écartelée entre deux mondes mais, comme toujours, très juste.

     Un film que je vous recommande malgré ses criantes invraisemblances scénaristiques (Al se rend à l’hôpital auprès de celui qu’il a renversé risquant d’être démasqué; Juliette a une liaison brève avec Al qui tombe dans ses bras, sans doute réunis par la violence de ce qu’ils ont vécu, mais elle est quand même enceinte et lui sur le point de se marier; Juliette qui ne travaille pourtant pas pour les services secrets retrouve Al miraculeusement en en disposant que du numéro de sa plaque d’immatriculation)

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  • Actuellement sur les autres blogs inthemood: cinéma, tourisme, festivals, concours, actualité...

    Inthemood, ce sont désormais 6 blogs.

    Actuellement à la une:

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    -En attendant le Festival du Cinéma Américain de Deauville 2012 que je vous ferai vivre en direct comme chaque année et dont vous pouvez retrouver le programme complet, détaillé et commenté ici, je vous fais (re)découvrir des classiques du cinéma américain sur http://www.inthemoodfordeauville.com, pour l'instant: "Johnny Guitar", "La Comtesse aux pieds nus", "Casablanca", "La Fièvre dans le sang" et "Gatsby le magnifique".

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    -Sur Inthemoodforfilmfestivals.com, en plus du programme de Deauville, vous pourrez également retrouver un article consacré à Alain Delon, avec 9 critiques de ses films, à l'occasion de l'hommage que lui a rendu le Festival de Locarno.

    -Sur http://inthemoodforfilmfestivals.com, vous pourrez également retrouver le programme de la Mostra, les premiers éléments d'informations sur le Festival du Film Britannique de Dinard 2012, un article sur Claude Lelouch à l'occasion du festival "Un réalisateur dans la ville" à Nîmes qui a mis ce dernier à l'honneur (un festival à l'occasion duquel il a également annoncé qu'il allait prochainement à nouveau tourner avec Jean-Paul Belmondo)...

    -Sur http://inthemoodlemag.com, vous retrouverez un cycle spécial Melville à l'occasion de la masterclass sur son cinéma qui sera donnée au Festival du Cinéma Américain de Deauville. Vous pourrez ainsi retrouver mon analyse détaillée de "L'armée des ombres" et ma critique du "Samouraï". Vous pourrez toujours y trouver mon article sur les films de l'été et enfin, dans un tout autre domaine, mes 10 destinations favorites en Grèce avec de nombreuses informations pratiques ainsi que le test du restaurant le Minipalais à Paris.

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    -Le 22 août, n'oubliez pas d'aller voir LE film de l'anneé "A perdre la raison" de Joachim Lafosse. Retrouvez ma critique du film, ici: http://inthemoodlemag.com/2012/07/17/avant-premiere-critique-a-perdre-la-raison-de-joachim-lafosse-avec-tahar-rahim-emilie-dequenne-niels-arestrup/

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    -Enfin, vous avez jusqu'au 25 août pour tenter de gagner un ou plusieurs des 17 pass pour le Festival du Cinéma Américain de Deauville 2012 mis en jeu sur mes blogs ou pour simplement vous amuser à essayer de trouver les réponses: http://inthemoodforfilmfestivals.com/concours-gagnez-vos-pass-pour-le-festival-du-cinema-americain-de-deauville-2012/

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    -Pour terminer, je vous rappelle que mon recueil de 13 nouvelles romantiques et cruelles sur les festivals de cinéma est toujours sélectionné et ouvert à l'édition participative. Vous saurez tout dans mon article à ce sujet et notamment comment soutenir mon projet, ici:  http://inthemoodlemag.com/2012/06/19/mon-recueil-de-nouvelles-sur-le-cinema-ouvert-a-ledition-participative/ .

    Suivez les 6 blogs inthemood: http://inthemoodlemag.com , http://inthemoodforfilmfestivals.com , http://www.inthemoodforcinema.com , http://www.inthemoodforcannes.com , http://www.inthemoodfordeauville.com , http://www.inthemoodforluxe.com et sur twitter ( @moodforcinema, @moodfdeauville, @moodforcannes  , @moodforluxe , @moodforfilmfest , @parallelshadows).

     

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  • Critique - ”Le Samouraï” de Jean-Pierre Melville ( les 100 plus grands films français)

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    Il y a quelques semaines, le magazine "Time out" m'avait demandé mes 10 films français préférés ainsi qu'à de nombreux journalistes, blogueurs, personnalités du cinéma (pour voir le jury, cliquez ici). Le classement définitif sera prochainement annoncé et une partie est déjà en ligne: ici. Les 30 premiers films du classement viennent également de m'être communiqués dans le désordre. Time out m'a demandé de défendre mon film français préféré. Après avoir hésité entre "L'Armée des ombres", "La Règle du jeu"de Jean Renoir et "Playtime" de Jacques Tati, trois autres chefs d'oeuvre également dans la liste, j'ai choisi d'évoquer ici "Le Samouraï" de Jean-Pierre Melville tout en regrettant l'absence d'un cinéaste comme Claude Sautet en tête de classement...

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    Si j'ai choisi «Le Samouraï » c'est d’abord parce que c’est un des films à l’origine de ma passion pour le cinéma qui s’est au départ et dès l’enfance nourrie surtout de cinéma policier, ensuite parce que c’est un chef d’œuvre du maître du cinéma policier et accessoirement un de mes cinéastes de prédilection, Jean-Pierre Melville, et enfin parce que c’est un des meilleurs rôles d’Alain Delon qui incarne et a immortalisé le glacial, élégant et solitaire Jef Costello tout comme il immortalisa Tancrède, Roch Siffredi, Corey, Robert Klein, Roger Sartet, Gino dans les films de Clément, Deray, Visconti, Verneuil, Losey, Giovanni. Si je ne devais vous recommander qu’un seul polar, ce serait sans doute celui-ci…

     

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    Jef Costello est un tueur à gages dont le dernier contrat consiste à tuer le patron d’une boîte de jazz, Martey. Il s’arrange pour que sa maîtresse, Jane (Nathalie Delon), dise qu’il était avec elle au moment du meurtre. Seule la pianiste de la boîte, Valérie (Cathy Rosier) voit clairement son visage. Seulement, lorsqu’elle est convoquée avec tous les autres clients et employés de la boîte pour une confrontation, elle feint de ne pas le reconnaître… Pendant ce temps, on cherche à tuer Jef Costello « le Samouraï » tandis que le commissaire (François Périer) est instinctivement persuadé de sa culpabilité qu’il souhaite prouver, à tout prix.

     

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    © Collection Fondation Jérôme Seydoux-Pathé

     

    Dès le premier plan, Melville parvient à nous captiver et plonger dans son atmosphère, celle d’un film hommage aux polars américains…mais aussi référence de bien des cinéastes comme Johnny To dans « Vengeance » dans lequel le personnage principal se prénomme d’ailleurs Francis Costello mais aussi Jim Jarmusch dans « Ghost Dog, la voie du samouraï » sous oublier Michael Mann avec « Heat » , Quentin Tarantino avec « Reservoir Dogs » ou encore John Woo dans « The Killer » et bien d’autres qui, plus ou moins implicitement, ont cité ce film de référence…et d’ailleurs très récemment le personnage de Ryan Gosling dans « Drive » présente de nombreuses similitudes avec Costello (même si Nicolas Winding Refn est très loin d’avoir le talent de Melville qui, bien que mettant souvent en scène des truands, ne faisait pas preuve de cette fascination pour la violence qui gâche la deuxième partie du film de Nicolas Winding Refn malgré sa réalisation hypnotique) ou encore le personnage de Clooney dans "The American" d'Anton Corbijn.

     

    Ce premier plan, c’est celui du Samouraï à peine perceptible, fumant, allongé sur son lit, à la droite de l’écran, dans une pièce morne dans laquelle le seul signe de vie est le pépiement d’un oiseau, un bouvreuil. La chambre, presque carcérale, est grisâtre, ascétique et spartiate avec en son centre la cage de l’oiseau, le seul signe d’humanité dans cette pièce morte (tout comme le commissaire Mattei interprété par Bourvil dans « Le Cercle rouge » a ses chats pour seuls amis). Jef Costello est un homme presque invisible, même dans la sphère privée, comme son « métier » exige qu’il le soit. Le temps s’étire. Sur l’écran s’inscrit « Il n’y a pas de plus profonde solitude que celle du samouraï si ce n’est celle d’un tigre dans la jungle…peut-être… » ( une phrase censée provenir du « Bushido, le livre des Samouraï » et en fait inventée par Melville). Un début placé sous le sceau de la noirceur et de la fatalité comme celui du « Cercle rouge » au début duquel on peut lire la phrase suivante : "Çakyamuni le Solitaire, dit Siderta Gautama le Sage, dit le Bouddha, se saisit d'un morceau de craie rouge, traça un cercle et dit : " Quand des hommes, même sils l'ignorent, doivent se retrouver un jour, tout peut arriver à chacun d'entre eux et ils peuvent suivre des chemins divergents, au jour dit, inéluctablement, ils seront réunis dans le cercle rouge (Rama Krishna)".

     

    Puis, avec calme et froideur (manière dont il agira tout au long du film), Costello enfile sa « panoplie », trench-coat et chapeau, tandis que son regard bleu acier affronte son image élégante et glaciale dans le miroir. Le ton est donné, celui d’un hiératisme silencieux et captivant qui ne sied pas forcément à notre époque agitée et tonitruante. Ce chef d’œuvre (rappelons-le, de 1967) pourrait-il être tourné aujourd’hui ? Ce n’est malheureusement pas si certain…

     

    Pendant le premier quart d’heure du film, Costello va et vient, sans jamais s’exprimer, presque comme une ombre. Les dialogues sont d’ailleurs rares tout au long du film mais ils ont la précision chirurgicale et glaciale des meurtres et des actes de Costello, et un rythme d’une justesse implacable : « Je ne parle jamais à un homme qui tient une arme dans la main. C’est une règle ? Une habitude. » Avec la scène du cambriolage du « Cercle rouge » (25 minutes sans une phrase échangée), Melville confirmera son talent pour filmer le silence et le faire oublier par la force captivante de sa mise en scène. (N’oublions pas que son premier long-métrage fut « Le silence de la mer »).

     

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    © Collection Fondation Jérôme Seydoux-Pathé

     

    La mise en scène de Melville est un modèle du genre, très épurée (inspirée des estampes japonaises), mise en valeur par la magnifique photographie d’Henri Decae, entre rues grises et désertes, atmosphère grise du 36 quai des Orfèvres, passerelle métallique de la gare, couloirs gris, et l’atmosphère plus lumineuse de la boîte de jazz ou l’appartement de Jane. Il porte à la fois le polar à son paroxysme mais le révolutionne aussi, chaque acte de Costello étant d’une solennité dénuée de tout aspect spectaculaire.

     

    Le scénario sert magistralement la précision de la mise en scène avec ses personnages solitaires, voire anonymes. C’est ainsi « le commissaire », fantastique personnage de François Périer en flic odieux prêt à tout pour satisfaire son instinct de chasseur de loup (Costello est ainsi comparé à un loup) aux méthodes parfois douteuses qui fait songer au « tous coupables » du « Cercle rouge ». C’est encore « La pianiste » (même si on connaît son prénom, Valérie) et Jane semble n’exister que par rapport à Costello et à travers lui dont on ne saura jamais s’il l’aime en retour. Personnages prisonniers d’une vie ou d’intérieurs qui les étouffent comme dans « Le cercle rouge ».

     

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    © Collection Fondation Jérôme Seydoux-Pathé

     

    Le plan du début et celui de la fin se répondent ainsi ingénieusement : deux solitudes qui se font face, deux atmosphères aussi, celle grisâtre de la chambre de Costello, celle, plus lumineuse, de la boîte de jazz mais finalement deux prisons auxquelles sont condamnés ces êtres solitaires qui se sont croisés l’espace d’un instant. Une danse de regards avec la mort qui semble annoncée dès le premier plan, dès le titre et la phrase d’exergue. Une fin cruelle, magnifique, tragique (les spectateurs quittent d’ailleurs le « théâtre » du crime comme les spectateurs d’une pièce ou d’une tragédie) qui éclaire ce personnage si sombre qui se comporte alors comme un samouraï sans que l’on sache si c’est par sens du devoir, de l’honneur…ou par un sursaut d’humanité.

     

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    © Collection Fondation Jérôme Seydoux-Pathé

     

    Que ce soit dans « Le Doulos », « Le Deuxième souffle » et même dans une autre mesure « L’armée des ombres », on retrouve toujours chez Melville cet univers sombre et cruel, et ces personnages solitaires qui firent dirent à certains, à propos de « L’armée des ombres » qu’il réalisait un « film de gangsters sous couverture historique » … à moins que ses « films de gangsters » n’aient été à l’inverse le moyen d’évoquer cette idée de clandestinité qu’il avait connu sous la Résistance. Dans les films précédant « L’armée des ombres » comme « Le Samouraï », Melville se serait donc abrité derrière des intrigues policières comme il s’abritait derrière ses indéfectibles lunettes, pour éviter de raconter ce qui lui était le plus intime : la fidélité à la parole donnée, les codes qui régissent les individus vivant en communauté. Comme dans « L’armée des ombres », dans « Le Samouraï » la claustrophobie psychique des personnages se reflète dans les lieux de l’action et est renforcée d’une part par le silence, le secret qui entoure cette action et d’autre part par les «couleurs », terme d’ailleurs inadéquat puisqu’elles sont ici aussi souvent proches du noir et blanc et de l’obscurité. Le film est en effet auréolé d’une lumière grisonnante, froide, lumière de la nuit, des rues éteintes, de ces autres ombres condamnées à la clandestinité pour agir.

     

    Evidemment, ce film ne serait sans doute pas devenu un chef d’œuvre sans la présence d’Alain Delon (que Melville retrouvera dans « Le Cercle rouge », en 1970, voir ma critique ici, puis dans « Un flic » en 1972) qui parvient à rendre attachant ce personnage de tueur à gages froid, mystérieux, silencieux, élégant dont le regard, l’espace d’un instant face à la pianiste, exprime une forme de détresse, de gratitude, de regret, de mélancolie pour ensuite redevenir sec et brutal. N’en reste pourtant que l’image d’un loup solitaire impassible d’une tristesse déchirante, un personnage quasiment irréel (Melville s’amuse d’ailleurs avec la vraisemblance comme lorsqu’il tire sans vraiment dégainer) transformant l’archétype de son personnage en mythe, celui du fameux héros melvillien.

     

    Avec ce film noir, polar exemplaire, Meville a inventé un genre, le film melvillien avec ses personnages solitaires portés à leur paroxysme, un style épuré d’une beauté rigoureuse et froide et surtout il a donné à Alain Delon l’un de ses rôles les plus marquants, finalement peut-être pas si éloigné de ce samouraï charismatique, mystérieux, élégant et mélancolique au regard bleu acier, brutal et d’une tristesse presque attendrissante, et dont le seul vrai ami est un oiseau. Rôle en tout cas essentiel dans sa carrière que celui de ce Jef Costello auquel Delon lui-même fera un clin d’oeil dans « Le Battant ». Melville, Delon, Costello, trois noms devenus indissociables au-delà de la fiction.

     

    Sachez encore que le tournage se déroula dans les studios Jenner si chers à Melville, en 1967, des studios ravagés par un incendie…et dans lequel périt le bouvreuil du film. Les décors durent être reconstruits à la hâte dans les studios de Saint-Maurice.

     

    Je vous recommande aussi cette interview d’Alain Delon pendant le tournage de « Mélodie en sous-sol » réalisée en 1963 dans laquelle apparaît toute sa détermination, son amour du métier…que je ne retrouve malheureusement pas chez beaucoup d’acteurs aujourd’hui.

     

     

     

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  • Concours exclusif: gagnez ici votre coffret de 7 DVD de Jean-Pierre Melville à l'occasion du cycle Melville à la Cinémat

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    A l'occasion du cycle Jean-Pierre Melville à la Cinémathèque (dont vous pouvez retrouver le programme complet en cliquant ici) qui débutera mercredi 3 novembre prochain, à 20H, avec la projection du "Cercle rouge", en présence d'Alain Delon, j'ai le plaisir de vous proposer un concours, en exclusivité pour inthemoodforcinema.com, en partenariat avec Studio Canal, et pour vous permettre de remporter un coffret de 7DVD du cinéaste  qui contient : « Le Doulos », « L’armée des ombres », « Bob le flambeur », « Le cercle rouge »,  « Léon Morin prêtre »,  « Un flic » et un inédit avec le documentaire « Sous le nom de Melville. »

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    Je suis d'autant plus ravie de vous faire gagner ce coffret que Melville fait partie de mes cinéastes de prédilection dont je ne me lasse jamais de revoir les films et qui, 37 ans après sa mort (bien que de nombreux cinéastes se réclament de son héritage ou s'essaient aux remakes de ses films)  n'a pas encore été égalé, que ce soit en ce qui concerne ses films sur l'Occupation ou ses films policiers et qui, en seulement, 13 films (et, au moins, la moitié de chefs d'oeuvre) a su imposer un style unique et particulier.

    Cliquez ici pour lire mon analyse détaillée de "L'armée des ombres" de Jean-Pierre Melville

    Cliquez ici pour lire ma critique du "Cercle rouge" de Jean-Pierre Melville

    Longs-métrages de Jean-Pierre Melville

    1947 : Le Silence de la mer

    1950 : Les Enfants terribles

    1953 : Quand tu liras cette lettre

    1955 : Bob le flambeur

    1959 : Deux hommes dans Manhattan

    1961 : Léon Morin, prêtre

    1962 : Le Doulos

    1963 : L'Aîné des Ferchaux

    1966 : Le Deuxième Souffle

    1967 : Le Samouraï

    1969 : L'Armée des ombres

    1970 : Le Cercle rouge

    1972 : Un flic

    CONCOURS

    Pour avoir une chance d'être l'heureux lauréat dîtes-moi, par email à inthemoodforcinema@gmail.com , avec pour intitulé "Concours Melville", avant le 8 novembre, à minuit (une seule tentative par candidat):

    1. . Quel acteur incarne le rôle principal du film dont est extrait le bout d'image ci-dessous?

     

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    2. Qui est le directeur de la photographie du film dont est extrait le bout d'image ci-dessous?

     

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    3. Qui interprète le docteur dans le film dont le bout d'image est extrait ci-dessous?

     

     

     

     

     

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    4. Donnez-moi la date de sortie en France du film dont le bout d'image ci-dessous est extrait?

     

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    5. Donnez-moi les noms de deux des chats du commissaire dans le film dont le bout d'image ci-dessous est extrait?

     

     

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    6. Pour départager les égalités éventuelles, dîtes-moi pourquoi vous aimez le cinéma de Melville et pourquoi ce coffret doit vous revenir à vous et personne d'autre?

    Amusez-vous bien! Réponses le 9 novembre sur le blog. Le gagnant sera contacté directement par email.

     

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  • Petite pause...

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    Comme je vais m’octroyer une courte pause de quelques jours en dehors des blogs et d’internet avant de revenir vous parler de cinéma avec enthousiasme et passion, vous trouverez, ci-dessous, quelques articles à lire et quelques films à voir en attendant mon retour et en attendant le retour des articles quotidiens sur inthemoodforcinema mais aussi sur inthemoodforcannes.com dont la publication sera également quotidienne à partir de mon retour sur ces blogs et jusqu’au Festival de Cannes (et a fortiori pendant puisque je vous le commenterai en direct de la Croisette du 11 au 23 mai) avec de nombreuses informations sur l’édition 2011 mais également avec des rétrospectives et de multiples informations pratiques.

     Vous trouverez également prochainement de nombreux bons plans sur inthemoodforluxe à Cannes, et évidemment toujours ailleurs.

     Ce sera aussi le retour des critiques de classiques du 7ème art un peu délaissées ces derniers temps sans oublier évidemment les critiques en avant-première et récits de divers évènements de la vie cinématographique…

    Quelques articles, en attendant donc :

    Critique de « Green zone » de Paul Greengrass, à ne pas manquer ce soir, à 20H50, sur Canal plus

    Ne manquez pas non plus "La Règle du jeu" de Jean Renoir, à 20H40, sur Arte, lundi et retrouvez mon analyse du film en cliquant ici.

    Comment être accrédité au Festival de Cannes ? Tous les bons plans (concours, procédures…) pour être accrédité et profiter au mieux de votre accréditation et même pour profiter du festival sans accréditation.

    Critique en avant-première du documentaire « D’un film à l’autre, une histoire de Claude Lelouch »

    Critique du film « Les yeux de sa mère » de Thierry Klifa et récit de ma rencontre avec Catherine Deneuve, Nicolas Duvauchelle, Marisa Paredes, Marina Foïs, Géraldine Pailhas, Jean-Baptiste Lafarge, Thierry Klifa

    Compte rendu du Festival du Film Asiatique de Deauville 2011

    En hommage à Annie Girardot, le classique de la semaine : « Rocco et ses frères » de Luchino Visconti

    Critique de la pièce de théâtre "Une journée ordinaire" avec Anouchka et Alain Delon dont la dernière aura lieu le 9 avril

    Et si vous avez envie d’une petite escapade festivalière, rendez-vous au Festival du film Policier de Beaune (du 30 mars au 3 avril)  ou au Festival des Scénaristes de Bourges (du 30 mars au 2 avril) …et si vous avez envie d’une escapade luxueuse, partez découvrir le Corinthia hotel London qui ouvre le 2 avril.

    Et n’oubliez pas : pour tout savoir sur le Festival de Cannes 2011, rejoignez la nouvelle page Fan Facebook  d’inthemoodforcannes et son compte twitter et suivez également la page Fan d’Inthemoodforcinema.com et son compte twitter.

    A très bientôt... et surtout n'oubliez pas l'essentiel: plonger sans modération "in the mood for cinema"!

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  • Concours exceptionnel : gagnez 10 pass permanents pour le Festival International du Film Policier de Beaune 2010!

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    Je vous en parle depuis quelques jours: grâce à Orange, partenaire officiel du Festival International du Film Policier de Beaune, j'ai la chance de pouvoir vous offrir 10 pass permanents (soit en réalité 10 x3 pass journaliers)  pour le Festival International du Film Policier de Beaune! Je vous ai déjà parlé de cette édition 2010 (ici) dont nous savons pour l'instant qu'elle aura lieu du 8 au 11 Avril 2010 et sera présidée par Olivier Marchal. La ville de New York sera à l'honneur et un hommage à James Gray sera rendu! De quoi me faire regretter de ne pas y être!

    A lots exceptionnels, concours exceptionnel. Pour remporter ces pass envoyez-moi la critique enflammée de votre film policier de prédilection et dîtes-moi en quelques mots ou 10 pages pourquoi vous voulez remporter ces pass. Les plus passionnants et/ou convaincants et/ou originaux remporteront ces pass. Pour participer, envoyez-moi vos réponses à inthemoodforcinema@gmail.com en n'oubliant pas d'inscrire "Concours Beaune" dans l'intitulé de l'email et en me donnant vos coordonnées postales pour l'envoi éventuel des pass. Seuls les gagnants seront contactés.  Vous avez jusqu'au 26 mars pour participer! Bonne chance!

    J'en profite aussi pour vous signaler un autre concours, organisé par France Bleu Bourgogne grâce auquel vous pouvezaussi gagner vos places VIP pour le Festival Policier à Beaune du 8 au 11 avril 2010 (voyage-hébergement-cérémonies et repas officiels-pass etc...) à partir de lundi prochain 22 mars sur radio France bleu. Plus d'info en cliquant ici.

    J'ai eu la chance de faire partie du jury (jury Première 2002 pour les 25 ans du festival dont l'invité d'honneur était justement celui qui m'a fait aimer le cinéma policier: Alain Delon) du festival dont celui-ci est la continuation (Festival du Film Policier de Cognac) dont la programmation était déjà particulièrement réjouissante mais il me semble que le niveau a encore augmenté d'un cran depuis que le Festival se déroule à Beaune. Je vous le recommande donc vivement!

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    Vous pourrez bien entendu trouver toutes les informations concernant ce Festival du Film Policier de Beaune 2010 sur "In the mood for cinema".

    Je mettrai aussi bientôt en ligne des critiques de mes films policiers préférés. Si je ne devais en choisir qu'un, je pense que ce serait un film de Melville "Le Samouraï" ou "Le Cercle rouge", sans doute...

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