Critique- « Bliss » de Drew Barrymore (avec Ellen Page, Drew Barrymore, Juliette Lewis…) ou les aléas des frileuses programmations de certains cinémas de province
Le but premier de ce blog était, est et restera de partager mes coups de cœur cinématographiques, ma passion toujours et même plus que jamais insatiable pour le cinéma, de laisser aux autres le soin des critiques assassines mais voilà... je suis actuellement et très temporairement quelque part en province où il y a un splendide Cinéville, des salles tout aussi splendides mais où la programmation arrive rarement à la hauteur de ces magnifiques salles, celle-ci, particulièrement frileuse (et pas seulement en ce janvier glacial) consistant à suivre ou « miser » sur les succès du box-office et rarement à prendre des risques. Tout ça pour dire qu'entre des films que j'ai déjà vus comme « Agora », « Avatar » ou « Bright star » et des films d'animation à profusion que je n'ai aucune envie de voir, il ne restait que « Bliss », le premier film de Drew Barrymore réalisatrice, que je ne serais sans doute pas allée voir sans cette disette cinématographique. Avide de découvertes de nouveaux (ou nouvelles) cinéastes, c'est donc quand même avec entrain que je suis entrée dans la salle de mon Cinéville adoré, sans même connaître le synopsis, pour conserver le plaisir de la découverte (téméraire je suis, téméraire je reste)... un entrain qui s'est rapidement estompé.
Le synopsis d'abord. Bliss Cavendar (Ellen Page) veut s'émanciper, prendre son envol (dans les deux sens du terme), échapper au destin que lui dessine sa mère : gagner les concours de beauté locaux. Pour cette dernière, là est sa seule chance de réussir dans la vie. Bliss a en effet d'autres rêves comme participer à des compétitions de roller derby (un sport d'une grâce et d'une délicatesse inouïes ... qui consiste à rattraper, dépasser, ... et cogner l'adversaire sur une piste de vitesse, le tout à roller). Bliss troque donc rapidement les robes bien sages contre les rollers et minijupes. Elle est donc lycéenne et serveuse le jour et le soir elle devient Barbie Destroy dans son équipe de roller...
J'ai beau chercher, je ne me souviens pas m'être autant ennuyée au cinéma... et si l'ennui peut parfois se justifier (un film n'aspire bien évidemment pas forcément à divertir), ce n'est en général pas le cas d'une comédie... ou alors Drew Barrymore a réalisé un film expérimental dont le but est d'éprouver les nerfs du spectateur... C'est dans ce cas une totale réussite !
Rarement un film aura accumulé autant d'invraisemblances (Bliss en véritable superwoman mène de front ses cours, son travail de serveuse, ses compétitions de roller ; elle dépasse immédiatement en rapidité et agilité ses consœurs deux fois plus âgées et expérimentées qu'elle ; elle devient une reine du roller alors que sa seule expérience remonte à la cour de récré avec ses rollers Barbie ; elle s'intègre immédiatement et suscite une inimitié -mais une seule hein-inimitié aussi rapidement ; personne ne remet en doute son âge malgré ses airs enfantins-il faut avoir plus de 21 ans pour participer aux compétitions-... et ses parents ne soupçonnent rien de sa double vie parce que bien sûr ses seuls hématomes sont tous à des endroits invisibles au premier regard...) et clichés (elle tombe amoureuse d'un musicien pas trop malin qui, miracle et coïncidence, la rencontre par hasard et tombe immédiatement amoureux d'elle ; sa mère veut à tout prix la modeler à son image mais bien évidemment elle finira par se ranger aux souhaits de sa fille et par comprendre qu'elle veut s'émanciper ; la petite sœur est mignonne comme tout mais pas très maligne; le père, débonnaire et plus malin -mais pas trop- qu'il n'y paraît regarde les matchs en cachette...).
Bien sûr (vous voyez comme je n'arrive pas à être totalement assassine...) il y a beaucoup de bonne volonté chez Drew Barrymore, surtout à casser son image, ne s'épargnant pas la moindre chute ou castagne (très très répétitives) et sans doute son propre passé a-t-il inspiré le besoin de réussite et de reconnaissance familiale de Bliss. On peut aussi lui reconnaître une direction d'acteurs plutôt honorable et des scènes mère-fille contenant une belle émotion tout en retenue.
Si ce film est donc inspiré de la personnalité de sa réalisatrice (bien qu'adapté du roman de Shauna Cross qui signe également le scénario), il en manque cruellement, encore plus dans la forme que dans le fond beaucoup trop lisse pour évoquer deux univers -du roller derby et des concours de beauté- qui ne le sont pas (le moins « lisse » ou grossier des deux n'étant évidemment pas celui qu'on pourrait croire, ah quelle découverte...).
Et puis il y a Ellen Page (« Juno » etc, figure désormais emblématique du cinéma indépendant américain), Elle Page et Ellen Page qui est craquante certes et ne ménage pas ses efforts... la seule qui mérite le déplacement (au Cinéville ou ailleurs) et qui justifie que je vous parle quand même de ce film malgré l'agacement et l'ennui qu'il m'aura fait éprouver. Il n'en demeure pas moins qu'il devient urgent que je rentre à Paris pour profiter d'une programmation diversifiée et voir des films dignes de ce nom...
Commentaires
Pas encore vu le film, là n'est pas la question.
Mais, franchement, Sandra, cesse donc de prendre des gants et de t'excuser quand tu n'as pas aimé un film... Les gens qui aiment tout, je trouve ça louche. Au moins aussi louche que ceux qui n'aiment rien.
Bref, tu as un esprit critique, et c'est une bonne nouvelle. Ne culpabilise surtout pas pour cela.
Si, Sandra, excuse toi. C'est inadmissible de ne pas aimer un film quand on pense à tout le travail que ça représente et surtout quand il s'agit d'un premier film ! Tu n'as donc aucun respect pour le travail fourni ?
Ou alors ton esprit critique sers t'en, fais pas semblant !
Rolala kikoo lol mon Robbie, t'as pas encore compris que notre Sandra ça la désespère de voir un film moche, bête et raté ???
Cela dit, Sandra je me souviens d'un film qui t'avait largement autant ennuyée (enfin j'imagine !) et le spectacle hilarant était plutôt de voir ta bobine dépitée que ce qui se passait sur l'écran (qui n'était effectivement pas drôle et largement aussi consternant que ce Bliss). Dans le titre de ce film il y a trois et amis... (c'est un indice).
Bon, moi je l'ai vu sans savoir de quoi il retournait parce que je suis foldingue de Drew et comme la demoiselle avait produit Donnie Darko, je pensais qu'elle réaliserait quelque chose de plus ambitieux... voire d'au moins regardable... mais là franchement !!!
@Rob: Je suis très loin de tout aimer, je te rassure, je vois d'ailleurs beaucoup plus de films que ce qui figure sur ce blog mais le principe de ce blog dès ses débuts était de partager mes coups de coeur avant tout. Je trouve que le bon mot pour descendre un film, il n'y a rien de plus facile, je sais que le cynisme est à la mode mais je n'ai aucune envie d'y céder et tant pis si pour cela je passe pour naïve... ou louche.:-) Je n'aime pas plus la tièdeur d'ailleurs et je sais que si je parle d'un film que j'ai détesté je risque aussi de céder à la facilité de la phrase cinglante. Et comme le dit Pascale qui me connaît un peu:-), en effet, je suis bien placée pour savoir le travail, le temps, l'investissement personnel que représente un film, et j'essaie toujours de voir des points positifs. C'est aussi pour cela que j'ai délibérément choisi de ne pas mettre de notes aux films. Je garderai toujours le souvenir de ce cinéaste connu d'un certain âge lisant devant moi une critique de Première bêtement méchante, extrêmement touché . Son film n'était en effet pas formidable mais la critique dont l'auteur n'avait visiblement pour seul objectif que de prouver sa pseudo-spiritualité en perdait pour moi toute efficacité...si ce n'est sans doute celle de faire rire quelques uns. Je me souviens aussi d'une scène au Festival de Monaco où (pauvre de moi) je me suis retrouvée à la table de journalistes cinéma tv et presse et j'étais écoeurée par leur jubilation à se vanter à leurs bons mots qui n'avaient plus guère de rapports avec la qualité cinématographique (ou non) des films dont ils parlaient. Bref, je ne fais pas un travail de critique ciné, et je crois que c'est justement le principe du blog que de se fixer sa propre "ligne éditoriale". Et cela ne m'empêche pas de lire avec plaisir ceux qui en ont une différente de la mienne.:-)
@Pascale: J'ai en effet pensé à toi et à ce sublime film en regardant "Bliss". Et je me suis dit: il y a donc pire!!!:-) Je suis contente de voir que tu partages mon avis sur ce film parce que, à lire certaines critiques, je me suis demandée si leurs auteurs avaient été payés pour en dire du bien...:-)
J'ai vu le film.
Je l'ai aimé.
J'assume.
J'en parlerai dimanche.
Mais j'ai vraiment aimé, hein.
Et personne m'a payé.
Juré.
Rob : arrête les drogues dures parce que là franchement tu fais vraiment peur.
Reviens aux fraises tagada !
@Rob: J'ai vu le film.
Je l'ai trouvé consternant.
J'assume.
J'ai apprécié la prestation d'Ellen Page.
J'assume aussi.
Pas payé? T'as pas fait un petit voyage à Monaco récemment? En Suisse? Au Liechtenstein? Aux îles Caïmans?
T'as pas trouvé ça invraisemblable? Bourré de clichés?
Et sinon
moi aussi
je sais
écrire
à la ligne.:-)
@Pascale: Ah bon? C'est pas une drogue dure les fraises tagada?
C'est vrai que le Rob va tout de suite tomber dans l'excès...
Mais c'est étrang ce qui lui arrive,
commencer l'année en aimaint Coco et Bliss,
soit ce garçon a été touché par la grâce
(ce qui rend fou !) soit il s'est fait plaquer
(ce qui rend et disponible
et du coup pour se remettre sur le marché
"en mode chacal"
il prétend aimer les films de filles...
je sais pas je creuse...
pour une fois que j'ai pas le flingue !).
Une bonne journée.