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Par Sandra Mézière. Le 7ème art raconté avec passion depuis 2003. 4000 articles. Festivals de cinéma en direct : Deauville, La Baule, Cannes, Dinard...Critiques de films : avant-premières, à l'affiche, classiques. Actualité de romancière. Podcast.
Je vous ai déjà parlé à plusieurs reprises des 13èmes rencontres internationales du Cinéma des Antipodes qui se déroulera à Saint-Tropez, du 10 au 16 octobre, et vous permettra de découvrir le meilleur des films australiens et néo-zélandais. Vous pourrez suivre le festival en direct sur inthemoodforcinema.com, de l'ouverture à la clôture.
Aujourd'hui, j'ai le plaisir de vous faire gagner 10 invitations pour l'ouverture (attention, il est nécessaire d'être sur place, ni l'hébergement ni le déplacement ne sont pris en charge).
Le film d'ouverture sera THE TENDER HOOK (en présence du réalisateur Jonathan Ogilvie). Ce film raconte l'ascension d'une jeune femme dans le milieu de la boxe à Sydney (avec Hugo Weaving, Rose Byrne, Matt Le Nevez...).
Le festival s’ouvre aussi pour la première fois à la musique, en proposant pour l’ouverture un show case du groupe Belle Roscoe, duo frère-sœur originaire de Melbourne qui donneront le coup d’envoi au son de leurs mélodies rock-folk. Leur site officiel: http://www.belleroscoe.com/ . Découvrez les ci-dessus en vidéo.
CONCOURS: Pour faire partie des 10 gagnants de cette invitation pour l'ouverture, vous avez jusqu'au 30 septembre pour répondre aux questions suivantes et m'envoyer vos réponses à inthemoodforcinema@gmail.com avec, pour intitulé de votre email, "Concours Saint-Tropez".
1. Quel est ce film? Quel prix a-t-il obtenu à Saint-Tropez?
2. Qui est ce comédien australien?
3. Quel réalisateur australien a réalisé le film dont est extraite l'image ci-dessous?
4. De quel film est extraite l'image ci-dessous? Quel rapport avec le Festival de Saint-Tropez?
5. Pour départager les gagnants en cas d'égalités, une question facultative: dîtes-moi en deux phrases, quel est votre film australien ou néo-zélandais préféré et pourquoi?
Déjà la vie normale est censée avoir repris son cours, pourtant mes pensées vagabondent encore vers Deauville, vers ces 10 jours de parenthèse festivalière que ce compte rendu me permet de revivre un tout petit peu afin de ne pas céder tout à fait à la nostalgie, pas tout à fait car elle est aussi rassurante dans cette course frénétique à l’information qui déjà a dévoré et ingurgité ce festival dans les souvenirs duquel je me replonge avec délice, délice nostalgique donc. Ce Festival du Cinéma Américain de Deauville n’a pas dérogé à la règle des 17 qui, pour moi, l’ont précédé, ressemblant à un véritable film riche en émotions aussi diverses et excessives que le meilleur (ou le pire, la frontière est parfois floue) des blockbusters nécessitant quelques jours pour en appréhender l’enrichissante complexité (là, plutôt à l’image d’un film indépendant que d’un blockbuster).
Quoiqu’il advienne, je perdrai toujours toute objectivité quand il s’agira d’évoquer ce festival (bonheur du blog que de n’être soumise à aucune censure ou à aucun rédacteur en chef et que de pouvoir revendiquer sa mauvaise foi), à jamais indissociable de tant de souvenirs et d’émotions cinématographiques, et heureux coupable de l’exacerbation de ma passion irrépressible pour le cinéma, qui le condamnent à la première place dans mon panthéon festivalier, la pluie et quelques déceptions cinématographiques fussent-elles au rendez-vous, comme cette année. J’avoue que j’ai un peu l’impression quand on critique ce festival que les critiques me sont destinées tant la douce mélancolie deauvillaise m’enchante, me porte, et me plonge dans une joie extatique totalement irrationnelle que j’aimerais à tout prix partager avec quiconque (tristes prosaïques) n’arrive à s’émerveiller devant les derniers feux de l’été, souvent les plus brillants et intenses, et rares, qui auréolent les Planches d’une luminosité incomparable, comme sortie d’un songe d’une nuit d’été, et devant ce festival qui concilie si bien les paradoxes et appréhende le cinéma américain dans sa globalité, voire ses contradictions, passant d’une comédie romantique réjouissante comme « Crazy, stupid, love » ou plus nuancée comme « Bringing up Bobby » de Famke Janssen à un film indépendant relevant du périlleux exercice de style comme « Jess+Moss » de Clay Jeter, de l’hommage à Shirley MacLaine à celui rendu à Todd Solondz, de l’atmosphère feutrée des projections du matin en semaine à l’effervescence électrique des avant-premières du week end, des trophées du Nouvel Hollywood décernés cette année à Jessica Chastain et Ryan Gosling (malheureusement en leur absence) à l’émotion communicative de l’hommage à Danny Glover ou Naomi Watts sans oublier l'instructive rencontre de Francis Ford Coppola avec les festivaliers (vidéos là et là).
Je ne suis pas (encore) allée aux Etats-Unis et pourtant j’ai l’impression d’en connaître les mille visages si contrastés tant ce festival et les films qui y sont projetés en reflètent la diversité, la richesse, les blessures malgré une étonnante homogénéité des thématiques dans la compétition. Plus que jamais, cette année, Deauville s’est positionné comme le festival du cinéma indépendant avec une compétition d’un remarquable niveau et, certes, avec moins de ces avant-premières évènementiels qui ont contribué à la notoriété du festival. Un cinéma indépendant et libre qui a donné raison à Francis Ford Coppola qui, lors de sa master class, (passionnante, le grand moment de cette édition) a déclaré : « Quand le cinéma est libre, il peut donner des fruits superbes » ; « Ce qui compte, c’est faire un cinéma indépendant et personnel. » ; « Aujourd’hui, c’est le film indépendant qui incarne le cinéma, certainement pas le cinéma commercial car il répète sans arrêt les films ; c’est le même film. » Olivier Assayas, président de ce jury 2011, a d’ailleurs souligné la « richesse » des films en compétition (9 premiers films sur 14) malgré « souvent des budgets minuscules », ce qui ne les empêche pas de conserver leur « liberté d’écriture et de ton ».
« La meilleure chose du cinéma, c’est d’être tous ensemble et d’apprendre des choses » a déclaré Matthew Gordon, prix du jury 2011 pour « The dynamiter ». En nous donnant à voir cet autre visage de l’Amérique, Deauville fait figure de sociologue. Le visage qu’ont dessiné ces films en compétition était étonnamment uniforme : uniforme dans la noirceur, dans l’âge de ses protagonistes (des adolescents ou des enfants) souvent meurtris, livrés à eux-mêmes, victimes d’un manque de communication ou d’une société qui n’a jamais eu autant les moyens matériels de communiquer mais n’a jamais été aussi sourde et aveugle, délaissés par des parents fantomatiques, démissionnaires, désemparés, des mères absentes et des pères velléitaires. Une Amérique orpheline qui suffoque, paranoïaque (alors qu’on commémorait les 10 ans du 11 septembre), succombe à la folie et à des peurs irrationnelles, qui cherche un second souffle, une lueur d’espoir, sans oser l’aborder tout à fait (particulièrement significatifs étaient les dénouements des films en compétition presque tous ouverts, laissant à l’appréciation du spectateur cette lueur d’espoir, à peine perceptible), bien loin des films au dénouement desquels flotte insolemment la bannière étoilée comme le cinéma américain nous y a longtemps habitués.
Si les lieux et paysages (beau et instructif voyage à travers les Etats-Unis) et libertés diffèrent, c’est le même mal être que l’on retrouve dans chaque film en compétition, le même désarroi parental, le même sentiment de réalité suffocante à laquelle ces adolescents cherchent des échappatoires périlleux, illicites, le même besoin éperdu et rageur de liberté. Je vous ai déjà parlé de 4 des 14 films en compétition et de leur traitement, ici : un cynisme tantôt amer, tantôt tendre (« Another happy day »), une rigueur glaciale et non moins touchante (« On the ice »), une mise en scène parfois un peu trop clipesque (« En secret ») ou le souci de mettre en scène une réalité dans laquelle la violence est un engrenage implacable pour survivre (« Yelling to the sky »). Ces adolescents en apparence si différents révèlent la même réalité étouffante, le même besoin d’ailleurs et d’appui familial, les mêmes personnages de mères broyées ou désemparées qui ont parfois renoncé. Tous présentent aussi le même défaut : un dénouement assez expéditif (un scénario qui s’essouffle vers la fin comme si ces cinéastes s’adonnaient à ce dont ne cessent de rêver leurs personnages pendant toute la durée de leurs films : la fuite.) Manière finalement peut-être plus consciente et habile qu’il n’y paraît de faire coïncider la forme et le fond.
La fuite c’est aussi la solution d’Henry Barthes, le personnage principal de « Detachment » de Tony Kaye qui se retrouve à enseigner dans un lycée difficile de New York. Henry Barthes est un professeur remplaçant, remplaçant afin de ne pas s’investir avec ses élèves tout comme il s’évertue à ne pas s’investir avec les femmes. Il se rêve en homme désincarné dans une salle vide ; lui qui incarnera pourtant le visage de l’espoir. Avec une poésie sombre, Tony Kaye, dans le fond comme dans la forme, rend hommage à l’art, ici salvateur, et à ces êtres qui ne se comprennent pas mais finalement si proches dans leurs fêlures, leur solitude, leur besoin d’écoute. Adrien Brody lui ne fuit pas son rôle mais est au contraire d’une présence époustouflante, assumant les contradictions de son personnage, bouleversant. « Detachment » a obtenu le prix de la critique et de la révélation Cartier. Et sa présentation par son réalisateur (en musique et guitare à l’appui) restera un des beaux moments de cette édition.
Le père de famille incarné par Michael Shannon dans « Take Shelter » de Jeff Nichols (grand prix de cette édition, déjà primé à la dernière Semaine de la Critique), lui, ne trouvera pas vraiment de solution à ses peurs destructrices et irrationnelles, métaphoriques d’une Amérique en crise et paranoïaque d’après 11 septembre, avec la crise économique pour arrière-plan. Terriblement efficace, la réalisation nous plonge dans ses terreurs et son désarroi avec précision et sobriété. Redoutant de devenir schizophrène comme sa mère au même âge, il est hanté par des cauchemars de plus en plus effrayants qui vont le conduire à construire un abri pour protéger sa femme (la douceur de Jessica Chastain s’oppose à ses visions apocalyptiques, une folie plus destructrice qu’un ouragan, une folie qui balaie tout sur son passage dont les images ne sont pas dénuées de force poétique) et sa fille. Un film efficace (entre drame social et thriller) mais un choix peut-être de facilité du jury. Reste la fin intelligemment elliptique et mystérieuse et un vrai don du suspense du réalisateur. Une judicieuse parabole d’une Amérique d’après 11 septembre qui n’est plus invulnérable, à l’image du père de famille, ébranlé par une tempête incontrôlable. Seul film de cette compétition dont le personnage principal est un adulte, au comportement et aux frayeurs certes enfantins.
Autre thriller psychologique et social avec « Without » de Mark Jackson qui là aussi mêle donc les genres et laisse au spectateur l’appréciation de ce qui relève de la réalité ou de la folie du personnage. Ainsi, sur une île boisée très isolée, Joslyn devient à 19 ans aide à domicile auprès d’un vieil homme en état végétatif, cloué sur son fauteuil roulant. Isolée, se relevant d’une difficile épreuve personnelle, la solitude va peu à peu la faire basculer… Un peu comme dans « Take Shelter » avec peu d’éléments, Mark Jackson instille la peur, la suspicion, dans l’esprit de son personnage principal mais aussi dans celui du spectateur. Une peur souvent irrationnelle qui, là aussi, fait écho à celle de l’après 11 septembre.
Beaucoup plus lumineux, éclairé par la douceur et la chaleur incandescents du Mississipi « The dynamiter » dont le centre est le personnage du jeune Robbie (William Ruffin) qui porte le film et sa famille sur ses épaules. Un film à l’image de son réalisateur (qui a enchanté les festivaliers en conférence de presse, en parlant en Français) pudique, sobre, sensible, touchant, et lumineux.
Dans « Another Earth » de Mike Cahill (primé à Sundance), une jeune étudiante (fantastique Brit Marling également co-scénariste du film) est en quête de rédemption après avoir provoqué un accident de voiture mortel tandis qu’une planète miroir de la terre apporte l’espoir d’un ailleurs meilleur. Mike Cahill réussit l’exploit d’un cinéma fantastique sans grands effets spéciaux (troisième film de la compétition dans lequel le surnaturel fait une subtile immersion). Cette poésie fantastique contrebalance la dureté du sujet. On retrouve le thème de la culpabilité déjà présent dans « On the ice » et « Without ».
« Jess + Moss » mettait aussi en scène des enfants là aussi confrontés à eux-mêmes, tout l’un pour l’autre, un film en forme de conte initiatique qui relevait plus de l’exercice de style néanmoins illuminé d’une touchante innocence. Eveil à l’amitié, aux premiers émois que l’on retrouvait également dans le maladroit « Terry ».
Dommage que le jury ait oublié « Another happy day », ironique à l’image de son titre, une comédie acide et parfois tendrement cruelle (tendrement parce que Sam Levinson porte un regard finalement plein de compréhension sur ses personnages sans toutefois les épargner) dans laquelle un mariage devient le révélateur des rancœurs et des fêlures des différents membres d’une famille sans oublier le personnage attachant interprété par Ezra Miller qui crève l’écran. Un film qui fait preuve, à l’image de son personnage principal, d’une belle maturité pour un réalisateur de seulement 26 ans.
Dans « Trust », David Schwimmer ( sans doute une des personnalités les plus ovationnées de ce festival) suit une adolescente de 14 ans qui se laisse séduire par un homme rencontré sur internet, en réalité un pédophile. Très différent dans la forme de « Michael », en compétition au dernier Festival de Cannes, qui décrivait de façon presque clinique le quotidien d’un enfant séquestré par un pédophile, il montre néanmoins aussi ce dernier dans sa froide et terrifiante normalité apparente. C’est parce qu’il a « rencontré des victimes par le biais d’une association », que ce sont ces rencontres et ces histoires qui l’ont choqué qui lui ont donné « envie de réaliser un film sur ce sujet » que David Schwimmer a fait ce film qui, en effet, fait preuve d’une certaine finesse dans la psychologie de l’adolescente (interprétée avec beaucoup de justesse par Liana Liberato) qui passe de la fascination, au déni, à la colère, au rejet. David Schwimmer stigmatise la publicité qui met en scène des enfants ou des adolescents dans des poses plus que suggestives ou dans sa sexualisation à outrance, mais aussi le caractère virtuel de la communication (notamment avec les parents incarnés par Clive Owen et Catherine Keener) dans une société qui la glorifie et n’en a jamais eu autant les moyens matériels qui isolent finalement plus qu’ils ne rassemblent. Dommage que la scène du générique de fin soit aussi lourde et fasse ressembler à un très mauvais gag ce qui est dramatiquement réaliste. David Schwimmer fait néanmoins passer son message avec beaucoup d’efficacité.
Parmi les bonnes surprises, « Restless » de Gus Van Sant, conte poétique sur la mort. Très différent dans la forme du film qui lui valut la palme d’or en 2003, « Elephant », il y regarde cependant à nouveau l’adolescence avec gravité, une adolescence à nouveau confrontée à la mort mais avec moins de violence et plus de poésie. Le sujet, particulièrement mélodramatique, pouvait pourtant susciter quelques réticences ; l’histoire d’amour entre un jeune homme de 20 ans, Enoch, interprété par Henry Hopper (le fils de Dennis) qui, depuis la mort de ses parents dans un accident, fuit (la fuite à nouveau donc mais sous une autre forme) son existence en assistant à des enterrements où il rencontre Annabel, jeune femme en phase terminale d’un cancer. Avec un sujet qui aurait pu se prêter à un film lourd et pesant, Gus Van Sant distille du surnaturel et de la poésie (Enoch est toujours accompagné de son ami imaginaire Hiroshi, fantôme et pilote japonais kamikaze) qui en font un hymne doux et poignant à la beauté fugace de l’existence (comme celle d’un corps tracé à la craie), qui fait rimer premier amour et dernier jour avec beaucoup de fantaisie, de tendresse et de pudeur.
Autre bonne surprise, le film qui a reçu le prix Michel d’Ornano (dont je vous reparlerai ultérieurement), « 17 filles » de Muriel et Delphine Coulin inspiré d’une histoire vraie arrivée aux Etats-Unis : 17 filles américaines avaient décidé de tomber enceinte en même temps. Très beau film sur l’utopie, l’inconscience, l’énergie mais aussi l’ennui de l’adolescence qui filme la province comme elle l’a rarement été, avec une tranquille mélancolie.
Egalement très attendu, « The Conspirator » de Robert Redford, film sur Mary Suratt, complice présumée de l’assassinat de Lincoln, accusée de complicité pour avoir hébergé l’auteur du crime, John Wilkes Booth. Un jeune avocat, Frederick Aiken, accepte de défendre Mary Surratt. Il prend alors conscience que sa cliente serait innocente et qu’elle ne serait qu’un appât dans le but de capturer le seul conspirateur qui ait échappé à une redoutable chasse à l’homme : son propre fils. Si la réalisation est très académique (l’autochrome, le procédé photographique utilisé, en a décontenancé plus d’un mais nous replonge dans l’ambiance de l’époque), elle sert plutôt le propos, montrant l’intemporalité des tensions politiques et de ce que le film dénonce : la peine de mort, dans toute son impitoyable froideur et sa glaciale et glaçante absurdité. Le personnage de Frederick Aiken, intègre, épris de justice, envers et contre tous, rappelle les personnages incarnés par Robert Redford lui-même épris de loyauté. L’émotion est retenue pendant tout le film mais explose brillamment lors de la scène de la fin, donnant toute sa force à son message et ce qui précède.
Parmi les déceptions, « Drive », dont je vous ai parlé en détails ici, malgré ses évidentes qualités de mise en scène, flamboyante et crépusculaire, et malgré sa bo remarquable alliée à des scènes plus calmes d’une beauté saisissante (face-à-face dans son appartement entre Irène et The Driver dans laquelle le temps est suspendu et dans laquelle les échanges évasifs de regards et les silences d’une douce sensualité en disent tellement). Nicolas Winding Refn a ravi le prix de la mise en scène à Pedro Almodovar à Cannes qui, à mon avis, l’aurait davantage mérité, ne serait-ce parce qu’il a brillamment raconté une histoire cruelle, terrible, effroyable où toute la finesse de la mise en scène réside justement dans ce qui n’est pas montré et qui n’en a que plus de force… Pour les amateurs de séries B avant tout auxquelles le film rend hommage.
Enfin la soirée du palmarès s’est terminée avec « The Artist », bouclant la boucle puisque la « Couleur des sentiments » rendait hommage au pouvoir salvateur de l’écriture, tandis que « The Artist » sublime les artistes dont il montre aussi les troublantes fêlures et la noble fragilité, leurs belles et poignantes contradictions. Un film qui concentre la beauté simple et magique, poignante et foudroyante du cinéma et rend hommage à son pouvoir d’une magie ineffable, omniprésente ici. (Cliquez ici pour lire ma critique du film « The Artist »).
Finalement le pouvoir de l’art était à l’honneur dans « The Artist », « La Couleur des sentiments », « Detachment », belle mise en abyme qui fait écho à cette phrase de Shirley MacLaine lorsqu’elle a reçu son prix (pour son rôle d’actrice mais aussi d’écrivain) : « Les deux sont des réflexions sur qui on est. J’ai été tous ces personnages, on est tous plusieurs personnes à la fois. Un des bonheurs de ma vie est cette quête de mon identité que j’ai menée à la fois dans l’écriture et l’art dramatique. »
Comme chaque année, je quitte Deauville avec un peu de nostalgie, de mélancolie, la certitude et le désir d’y revenir très vite et de belles images comme celle de la chanson interprétée par Tony Kaye lors de la clôture en hommage à une ville de New York meurtrie mais toujours belle et débout et qui montre tout ce qui fait la richesse d’un festival, et souvent de celui-ci, la magie ensorcelante de l’imprévu :
Histoire de vous replonger dans l’atmosphère du festival, la "BO" du CID:
Inthemoodfordeauville à nouveau à l’honneur cette année :
Cette année, vous pourrez me suivre en direct de nouveaux festivals (Lyon, comme intervenante dans deux débats ou encore Saint-Tropez et bien sûr toujours à Cannes et à Deauville en mars et septembre) mais désormais l’actualité deauvillaise se poursuivra toute l’année sur inthemoodfordeauville. Vous pourrez à nouveau bien sûr suivre le Festival du Cinéma Américain l'an prochain, avec plus de partenariats en perspective mais j'y reviendrai...
Et rendez-vous sur inthemoodforcinema.com pour l’actualité cinématographique quotidienne avec, aussi, cette semaine, des places à gagner pour le Festival de Dinard (Film Britannique) et pour le Festival de Saint-Tropez (Cinéma des Antipodes).
Cette année, j'aurai le plaisir de vous parler de ce festival en direct (retrouvez mes articles sur la programmation, ici) puisque je ferai partie des intervenants dans deux débats (je vous en reparlerai). Le 8 octobre, à 20H, sera remis le prix Lumière, à Gérard Depardieu, à l'Amphithéâtre du Centre de Congrès. A cette occasion sera projetée "La femme d'à côté"de François Truffaut, en présence de Gérard Depardieu, Fanny Ardant, Bertrand Tavernier et des personnalités invitées du festival. Les places sont en vente depuis ce midi. Rendez-vous sur le site officiel pour réserver votre place: http://www.festival-lumiere.org .
Critique de "La Femme d'à côté" de François Truffaut
Bernard Coudray (Gérard Depardieu) et Mathilde Bauchard (Fanny Ardant) se sont connus et aimés follement, passionnément, douloureusement, et séparés violemment, sept ans plus tôt. L’ironie tragique du destin va les remettre en présence lorsque le mari de Mathilde, Philippe Bauchard (Henri Garcin), qu’elle a récemment épousé, lui fait la surprise d’acheter une maison dans un hameau isolé, non loin de Grenoble, dans la maison voisine de celle qu’occupent Bernard, son épouse Arlette (Michèle Baumgartner), et leur jeune fils. (Une fenêtre sur cour que l’admirateur et grand connaisseur d’Hitchcock qu’était Truffaut n’a d’ailleurs certainement pas choisie innocemment.) Bernard et Mathilde taisent leur passé commun à leurs époux respectifs et vont bientôt renouer avec leur ancienne passion.
A mon sens, personne d’autre que Truffaut n’a su aussi bien transcrire les ravages de la passion, sa cruauté sublime et sa beauté douloureuse, cette « joie » et cette « souffrance » entremêlées. Si : dans un autre domaine, Balzac peut-être, dont Truffaut s’est d’ailleurs inspiré, notamment pour « Baisers volés » (« Le Lys dans la vallée ») ou « La Peau douce » (Pierre Lachenay y donne ainsi une conférence sur Balzac). L’amour chez Truffaut est en effet presque toujours destructeur et fatal.
La femme d’à côté est cette étrange étrangère au prénom d’héroïne de Stendhal, magnifiquement incarnée par la classe, l’élégance, le mystère, la voix ensorcelante et inimitable de Fanny Ardant, ici impétueuse et fragile, incandescente, ardente Fanny.
Truffaut dira ainsi : "J'ai volontairement gardé les conjoints à l'arrière-plan, choisissant d'avantager un personnage de confidente qui lance l'histoire et lui donne sa conclusion : "Ni avec toi, ni sans toi ". De quoi s'agit-il dans la "La Femme d'à côté" ? D'amour et, bien entendu, d'amour contrarié sans quoi il n'y aurait pas d'histoire. L'obstacle, ici, entre les deux amants, ce n'est pas le poids de la société, ce n'est pas la présence d'autrui, ce n'est pas non plus la disparité des deux tempéraments mais bien au contraire leurs ressemblances. Ils sont encore tous deux dans l'exaltation du "tout ou rien" qui les a déjà séparés huit ans plus tôt. Lorsque le hasard du voisinage les remet en présence, dans un premier temps Mathilde se montre raisonnable, tandis que Bernard ne parvient pas à l'être. Puis la situation, comme le cylindre de verre d'un sablier, se renverse et c'est le drame."
Le rapport entre les deux va en effet se renverser à deux reprises. Bernard va peu à peu se laisser emporter par la passion, à en perdre ses repères sociaux, professionnels et familiaux, à en perdre même la raison, toute notion de convenance sociale alors bien dérisoire. Le tourbillon vertigineux de la passion, leurs caractères exaltés, leurs sentiments dans lesquels amour et haine s’entremêlent, se confondent et s’entrechoquent vont rendre le dénouement fatal inévitable. Chaque geste, chaque regard, chaque parole qu’ils échangent sont ainsi empreints de douceur et de douleur, de joie et de souffrance, de sensualité et de violence.
Truffaut y démontre une nouvelle fois une grande maîtrise scénaristique et de mise en scène. Après « Le Dernier Métro » , la fresque sur l’Occupation avec ses nombreux personnages, il a choisi ce film plus intimiste au centre duquel se situe un couple, sans pour autant négliger les personnages secondaires, au premier rang desquels Madame Jouve (Véronique Silver), la narratrice, sorte de double de Mathilde, dont le corps comme celui de Mathilde porte les stigmates d’une passion destructrice. Elle donne un ton apparemment neutre au récit, en retrait, narrant comme un fait divers cette histoire qui se déroule dans une ville comme il y en a tant, entre deux personnes aux existences en apparence banales, loin de la grandiloquence d’Adèle.H, mais qui n’ en a alors que plus d’impact, de même que ces plans séquences dans lesquels le tragique se révèle d’autant plus dans leur caractère apparemment anodin et aérien. A l’image des deux personnages, la sagesse de la mise en scène dissimule la folie fiévreuse de la passion, et ce qui aurait pu être un vaudeville se révèle une chronique sensible d’une passion fatale. D’ailleurs, ici les portes ne claquent pas: elles résonnent dans la nuit comme un appel à l’aide, à l’amour et à la mort.
Deux personnages inoubliables, troublants et attachants, interprétés par deux acteurs magnifiques. Truffaut aurait songé à eux pour incarner cette histoire, en les voyant côte-à-côte lors du dîner après les César lors desquels « Le Dernier Métro » avait été largement récompensé.
Il fallait un talent démesuré pour raconter avec autant de simplicité cette histoire d’amour fou, de passion dévastatrice, qui nous emporte dans sa fièvre, son vertige étourdissant et bouleversant, comme elle emporte toute notion d'ordre social et la raison de ses protagonistes. Un film qui a la simplicité bouleversante d’une chanson d’amour, de ces chansons qui « plus elles sont bêtes plus, elles disent la vérité ».
Ce film sorti le 30 septembre 1981 est l’avant-dernier de Truffaut, juste avant « Vivement Dimanche » dans lequel Fanny Ardant aura également le rôle féminin principal.
Le 65ème Festival de Cannes aura finalement lieu du 16 au 27 Mai 2012, soit un peu plus tard qu'initialement annoncé (du 9 au 20 mai), pour cause d'élections présidentielles.
Vous pourrez bien sûr le suivre comme chaque année en direct sur mes différents blogs, évidemment sur http://www.inthemoodforcannes.com avec, tout au long de l'année, la publication des différentes informations concernant le festival que vous pourrez suivre en direct du 16 au 27 mai, mais aussi sur la page Facebook dédiée d'Inthemoodforcannes.com (http://Facebook.com/inthemoodforcannes ) et sur son compte twitter dédié (http://twitter.com/moodforcannes ) que je vous invite à rejoindre dès maintenant.
Vous pourrez également suivre le festival en direct sur mon blog quotidien principal inthemoodforcinema.com .
Les plus rapides remporteront les deux premiers lots et les suivants les affiches. Même si vous n'avez pas toutes les réponses, tentez quand même votre chance. Les personnes ayant le plus de bonnes réponses remporteront les lots.
1er lot: 5 entrées et une affiche prestige du festival
2ème lot: 5 entrées et une affiche prestige du festival
8 lots suivants: une affiche prestige du festival. Attention: les affiches seront à retirer sur place donc assurez-vous de pouvoir le faire.
Pour faire partie des lauréats, vous avez jusqu'au 28 septembre pour répondre aux 10 questions suivantes. Les réponses ont toute un lien avec cette édition 2011 du festival et/ou avec le cinéma britannique et/ou avec Dinard. Envoyez vos réponses à inthemoodforcinema@gmail.com avec pour intitulé de votre email "Concours Dinard". Seuls les gagnants seront contactés. Les lots seront à retirer sur place.
1. De quel film est extraite l'image suivante? Quel est le rapport avec l'édition 2011 du festival?
2. En quelle année le film dont est extraite l'image suivante était-il en compétition à Dinard?
3. De l'affiche de quelle édition du festival est extraite l'image ci-dessous?
4. Quel grand cinéaste a réalisé ce film, découvert l'année où je figurais dans le jury du festival?
5. De quel film s'agit-il? Quelle est sa particularité?
6. De l'affiche de quel film britannique est extraite cette image?
7. De quel film est extraite cette image?
8. Quel est le titre de ce film et son rapport avec l'édition 2011 du festival?
9. Quel film a obtenu le tout premier Hitchcock d'or de l'histoire du Festival?
Je sais: mon compte rendu tarde un peu à venir mais de nombreux évènements arriveront prochainement sur mes différents blogs et je préfère donc prendre le temps (qui me manque actuellement) pour l'écrire et le publier dans ces prochains jours. Pour vous faire patienter, je vous propose donc de retrouver, ci-dessous, le palmarès en photos et vidéos (dont la vidéo de l'émouvante chanson sur New York et le 11 septembre de Tony Kaye, à ne pas manquer) avant de vous donner bientôt mon avis sur celui-ci, sur cette compétition, et sur l'ensemble de cette édition 2011.
PRIX DE LA CRITIQUE INTERNATIONALE : "DETACHMENT" de TONY KAYE
PRIX DE LA REVELATION CARTIER : "DETACHMENT" de TONY KAYE
En attendant mon compte rendu et mon bilan de ce 37ème Festival du Cinéma Américain de Deauville, je tenais absolument à vous parler d'un festival que j'aurai le plaisir de couvrir en direct cette année, un festival encore malheureusement méconnu à la programmation pourtant particulièrement riche et qui remplit pleinement l'objectif qui doit être celui d'un festival de cinéma: nous faire voyager, découvrir d'autres horizons, d'autres cinématographies, d'autres univers et talents.
Vous pourrez en effet y découvrir le meilleur des films australiens et néo-zélandais, du 10 au 16 octobre 2011, un cinéma qui, d’après son président Bernard Bories, rimera « avec diversité, singularité, dureté, poésie, humour, sensibilité, découverte et grands espaces. »
Le jury présidé par une personnalité australienne dont le nom sera communiqué très prochainement. Il sera entouré d’artistes français. Ce jury devra choisir parmi une demi douzaine de films australiens et néo-zélandais le Grand Prix des Antipodes ainsi que les révélations masculine et féminine des Antipodes.
Parmi les films en compétition, vous pourrez découvrir cette année :
- celui de la présidente du Jury 2008 Nadia Tass, « Matching Jack », l’histoire du combat d’une mère pour sauver son fils d’une terrible maladie. Un film qui, après avoir raflé 3 Prix au Festival International de Milan 2011 a remporté le Prix du Bel Age Cannes Cinéphiles lors du dernier Festival de Cannes.
-« Predicament » premier film du néo-zélandais Jason Stutter
-« Here I Am » de Beck Cole nous emmène à la suite de Karen qui sort de prison avec la volonté de changer de vie et de récupérer sa fille. Mais si elle trouve un foyer d’accueil, la marche vers la liberté, la confiance et la fin des préjugés est semée d’embûches et de doutes.
- « Mad Bastard » de Brendan Fletcher nous entraîne à la suite de TJ, une tête brûlée, un homme violent à l’âme torturée, dans un périple de plus de 2 000 km, direction Five Rivers, une petite ville perdue au fond des Kimberley où se trouve son fils de 13 ans, Bullet, qu’il n’a jamais vu.
-«Lou » de Belinda Chayko primé par le jeune public au Festival du Film de Femmes de Creteil 2011, ce film s’attache avec délicatesse et subtilité aux rapports entre un grand-père atteint de la maladie d’Alzheimer et se petite fille Lou, écorchée vive en rébellion contre sa mère et contre la pauvreté de leur condition. E
-«Blame » de Michael Henry présenté en avant-première est un fantastique thriller psychologique, qui n’est pas sans évoquer le cinéma de Atom Egoyan et dans lequel on retrouve la charmante Sophie Lowe (« Blessed », « Beautiful Kate »).
Parmi les autres films :
- le très attendu du nouveau film d’Ivan Sen « Toomelah », présenté dans la section Un Certain Regard lors du dernier Festival de Cannes. L’histoire de Daniel, 10 ans, pris entre une mère shootée et un père alcoolique, qui devra choisir son destin entre sa fascination pour le dealer local et un retour à ses racines Aborigène, sa culture, sa langue.
-« Russian Snark » de Stephen Sinclair nous emmène sur les trace d’un cinéaste Russe qui accoste en Nouvelle Zélande découvrant l’économie de marchée et la difficulté d’être un artiste sans un sou.
-« Surviving Georgia » de Sandra Sciberras, une comédie romantique l’impact qu’une mère iconoclaste peut avoir sur ses deux filles pourtant très différentes l’une de l’autre.
-« Face to Face »de Michael Rymer, un huis clos au punch décoiffant et au casting impeccable de Mathew Newton à Luke Ford en passant par Vince Colossimo et Sigrid Thornthon.
- « Alexandra’s project » de Rolf De Heer ainsi que son film muet, véritable hommage à Buster Keaton « Dr Plonk »
- «Triangle" de Christopher Smith
-« Sleeping Beauty » de Julia Leigh présenté en sélection officielle du Festival de Cannes 2011.
La section Antipodes Junior, proposera en plus de « Lou », « Here I Am », « Dr Plonk », « Black and White », le film de Jeremy Sims « Beneath Hill 60 » qui nous rappellera à travers l’histoire vrai des tunneliers australiens qu’ils ont participé à nos cotés à la Première Guerre mondiale.
Et pour les plus petits, le classique « Les Contes des Animaux »
Enfin pour la sixième année, c’est un jury, constitué de près de 150 lycéens, qui devra choisir le meilleur court métrage des antipodes et attribuer le 10ème Prix Nicolas Baudin. Un jeune public qui bénéficie ainsi de la présence de nombreux professionnels et d’un véritable travail pédagogique.
Programme des courts-métrages. Programme 1:
08’ - The Winter Boy de Rachel House – 2010 (NZ)
15’ - Choice Night de Christopher Dudman 2010 (NZ)
08’ - Vostok Station de Dylan Pharazyn – 2010 (NZ)
20’ - Deeper Than Yesterday de Ariel Kleiman 2010 (AUS)
15’ - Go The Dogs de Jackie van Beek 2011 (NZ)
13’ - Ebony Society de Tammy Davis 2011 (NZ
Programme 2:
20’ - Drowning de Craig Boreham 2010 (AUS)
12’ - Kiss d’Alex Murawski 2011 (AUS)
13’ - Pig de Tom McKeith - 2011 (AUS)
15’ - Crystal Jam de Leonie Savvides 2011 (AUS)
09’ - Meniscus de Maria-Elena Doyle 2010 (NZ)
15’ - Ostia, La Notte Finale de Craig Boreham 2008 (AUS)
08’ - At the Formal de Andrew Cavanagh 2010 (AUS)
11’ - Bear de Nash Edgerton 2011 (AUS)
-Quant aux documentaires, ils seront toujours aussi présents et nous permettrons de retourner en Nouvelle Calédonie, de passer par la Nouvelle Guinée Papouasie et même de découvrir l’histoire des grands magasins avec le superbe documentaire « Seduction In The City, The Birth of Shopping » de Sally Aitken. De Nouvelle Zélande « This Way Of Life » trace le portrait intime d’une famille maori et de leur relation avec la nature, leur chevaux et la société.
Enfin « Michael Smither, Into Perspective » pourrait nous permettre de retrouver dans ce nouvel opus l’intimité de la création et de la vie d’un peintre néo-zélandais à l’écoute de notre environnement.
-Outre le cinéma, le festival sera aussi l’occasion de retrouver l’artiste australienne le Dr Lisa Anderson qui proposera salle Jean Despas une nouvelle installation vidéo des plus originales aux cotés d’une exposition des peintures de Lucinda Clutterbuck et de son personnage récurrent ‘Smith’.
-Le festival s’ouvre aussi pour la première fois à la musique, en proposant pour l’ouverture un show case du groupe Belle Roscoe, duo frère-sœur originaire de Melbourne qui donneront le coup d’envoi au son de leurs mélodies rock-folk.