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Sean Penn au Festival de Cannes 2012

sean.jpgLe (réjouissant) programme de ce 65ème de Cannes continue de s'étoffer avec, aujourd'hui, l'annonce de la venue de Sean Penn, grand acteur, président du jury du Festival de Cannes 2008 mais aussi homme engagé comme il l'a prouvé à plusieurs reprises, notamment lors de cette très émouvante projection de "The third wave" de Alyson Thompson à Cannes (retrouvez mon récit de cette projection mémorable, ici), l'année de sa présidence du jury.

Retrouvez ci-dessous, en italique, le communiqué de presse du Festival à ce sujet et, en bas de cet article, en bonus, la critique d'un de mes coups de coeur du Festival de Cannes 2011, "This must be the place" de Paolo Sorrentino ainsi qu'une critique d' "Into the wild" de Sean Penn

Le Festival de Cannes est heureux d’accueillir une soirée-collecte de fonds pour Haïti, « Carnaval in Cannes », présentée par Giorgio Armani, en soutien aux associations J/P HRO de Sean Penn, Artists for Peace and Justice de Paul Haggis et Happy Heart’s Fund de Petra Nemcova.

Le 12 janvier 2010, la vie d’Haïti était bouleversée par un tremblement de terre d’une force jamais connue auparavant dans l’île. Des centaines de milliers de morts et de blessés : ce bilan catastrophique a suscité une émotion considérable à travers le monde. Quelques jours après le séisme, Sean Penn décide de se rendre sur place afin de venir rapidement en aide à la population haïtienne et fonde l’organisation, J/P Haitian Relief Organization (J/P HRO). Le réalisateur-scénariste canadien Paul Haggis, fondateur de l’association « Artists for Peace and Justice » et la mannequin engagée dans des causes humanitaires Petra Nemcova, fondatrice de l’association « Happy Hearts Fund » en 2006, sont également présents en Haïti à cette période. Aujourd’hui, tous les trois et leurs organisations jouent un rôle essentiel et central dans la reconstruction de la nation.


Pour les aider à atteindre leurs objectifs et saluer leur inlassable engagement humanitaire, le Festival de Cannes accueille une grande soirée destinée à récolter des fonds. En prenant ce type d’initiative, après la soirée donnée en 1984 au profit de l’Institut Pasteur, lors de la projection de Il était une fois, l’Amérique de Sergio Leone, puis en 1996 la soirée au profit de la reconstruction de la Fenice, avec la projection des Affinités électives de Paolo et Vittorio Taviani, le Festival de Cannes est heureux de s’associer au combat de Sean Penn en faveur d’Haïti et de ses habitants.


Cette soirée de gala, présentée par Giorgio Armani, se déroulera le vendredi 18 mai à l’Agora du Festival. Les fonds amassés profiteront aux trois organismes et les aideront à offrir des programmes de développement rapides et concrets.


Un spectacle haïtien intitulé : « Carnaval in Cannes » présentera un concert de musique racine Ra Ra, créé avec le groupe RAM, populaire en Haïti et venu spécialement pour l’occasion. L’événement sera co-sponsorisé par Chopard.


Sean Penn est très lié au Festival de Cannes où il a présenté plusieurs films en Compétition (dont celui qu’il a réalisé, The Pledge en 2001), au Certain Regard, et où il a été Président du Jury en 2008.


« On dit, déclare Gilles Jacob, qu’un grand acteur est par essence égocentrique, qu’un grand metteur en scène se concentre sur son art. Sean Penn est tout cela. Ce qu’il fait, en plus, pour le peuple et la terre d’Haïti, ce don de soi, cette présence constante, ce travail – on peut dire de ses mains – tout cet engagement discret, humain et moral de bienfaiteur altruiste force le respect. »


« Sean Penn est un ami de Cannes, déclare Thierry Frémaux, il est venu en compétition comme acteur et comme réalisateur, il a été Président du Jury en 2008. Mais ce n’est pas seulement pour cela que nous lui avons proposé de l’accueillir. Nous sommes très admiratifs du caractère permanent et durable de son engagement pour Haïti. Et nous sommes très heureux de nous associer à la façon dont lui, Paul Haggis et Petra Nemvoca veulent aussi rendre hommage aux haïtiens eux-mêmes. »


«Je suis fier, déclare Giorgio Armani, d’être aux côtés de Sean Penn, un homme fait d’une étoffe très rare. J’ai d’abord aimé l’acteur, puis le réalisateur, et enfin l’ami. Maintenant, j’admire cet homme qui vient en aide aux plus démunis. C’est un honneur de m’associer à son engagement pour le peuple d’Haïti. Cet événement organisé dans le cadre du prestigieux Festival de Cannes est une étape importante de mon existence. »


À propos de J/P Haitian Relief Organization (J/P HRO) :
Fondée par Sean Penn, l’organisation J/P HRO débute ses travaux de reconstruction quelques heures seulement après le tremblement de terre en janvier 2010. Son objectif est d’aider la nation d’Haïti à se relever des décombres et de rendre l’avenir meilleur. J/P HRO se distingue en Haïti en particulier pour son travail visant à reloger et à fournir des services médicaux, des programmes d’éducation, d’enrichissement, ainsi que la construction de logements et le réaménagement de quartiers. L’objectif principal de l’organisation est d’aider les personnes sans logement à revenir dans des foyers durables et plus sûrs dans des quartiers revitalisés. J/P HRO emploie 1 200 personnes, dont plus de 97% d’Haïtiens. Pour en savoir plus : www.jphro.org

 



À propos d’« Artists for Peace and Justice » (APJ) :
« Artists for Peace and Justice » (APJ) est une organisation à but non lucratif, fondée par Paul Haggis et quelques amis en 2009, qui encourage la justice sociale et la paix et traite des questions de la pauvreté à travers le monde. L’objectif principal d’APJ est d’aider les enfants et leurs familles dans les communautés les plus pauvres en Haïti en soutenant des programmes axés sur l’éducation, la santé et la dignité à travers “The Academy for Peace and Justice”, première école secondaire libre à Port-au-Prince. 100% des dons publics versés à APJ sont directement destinés à ses programmes en Haïti. Pour en savoir plus: www.apjnow.org

À propos d’« Happy Hearts Fund » (HHF) :
Fondée par Petra Nemcova en 2006, « Happy Hearts Fund » est une fondation à but non lucratif vouée à la reconstruction des écoles et destinée à restaurer l’espoir et la chance dans la vie des enfants après une catastrophe naturelle. Après une période d’intervention d’urgence terminée, L’organisation concentre ses activités à la mise en place de pratiques durables pour assurer un impact sur la vie de chaque habitant. « Happy Hearts Fund » a travaillé dans 14 pays depuis sa création et est actuellement actif dans six pays, la Thaïlande, l’Indonésie, le Chili, le Pérou, le Mexique et Haïti. Sur la totalité, HHF a construit et reconstruit 57 écoles et jardins d’enfants et ses programmes ont bénéficié à plus de 34 412 enfants et 337 450 membres de la communauté. HHF a joué un rôle actif en Haïti depuis 2007, dans la construction d’écoles et de laboratoires informatiques.
Pour en savoir plus : www.happyheartsfund.org

Critique de "This must be the place de Paolo Sorrentino

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Loin du tumulte cannois, j’ai décidé hier de retourner voir « This must be the place » de Paolo Sorrentino, reparti bredouille de la compétition en mai dernier, enfin presque puisqu’il a reçu le prix du jury œcuménique. Avec son premier film en Anglais, le cinéaste italien était ainsi pour la quatrième fois en compétition à Cannes, trois ans après avoir obtenu un prix du jury pour « Il divo ». Avec « Melancholia », « Minuit à Paris » et « The Artist », c’était un de mes coups de cœur de cette édition 2011 qui a souvent fasciné autant qu’il a agacé les festivaliers. Des réactions aussi extrêmes sont souvent signes d’un univers fort, ce que possède incontestablement Paolo Sorrentino.

 

Sean Penn y interprète Cheyenne, 50 ans, une ancienne star du rock. Il vit de ses rentes à Dublin où il traine sa mélancolie et son ennui. La mort de son père avec qui il a coupé les ponts depuis des années le décide à partir pour New York. Là, il découvre que son père pourchassait un ancien criminel de guerre nazi, un bourreau d’Auschwitz qui l’avait humilié. Cheyenne va poursuivre la vengeance de son père et, pour l’accomplir, va traverser les Etats-Unis…

 

En revoyant « This must be the place », j’ai pensé à l’écriture de Françoise Sagan. A sa fameuse petite musique des mots qui fait que, au-delà de l’histoire qu’elle nous raconte, le caractère jubilatoire de la forme happe notre attention et nous donne envie de dévorer notre lecture. C’est le cas aussi de la mise en scène de Sorrentino qui nous ensorcelle avec sa « petite musique » des images (des mots d’ailleurs aussi avec, en voix off, parfois le texte du père de Cheyenne). La comparaison n’est d’ailleurs pas aussi absurde, Cheyenne aurait ainsi pu dire telle la Cécile de « Bonjour tristesse » : « Sur ce sentiment inconnu dont l’ennui, la douceur m’obsèdent, j’hésite à apposer le nom, le beau nom grave de tristesse. »

 

Cheyenne, c’est donc Sean Penn, allure gothique et dégingandée, dos courbé, démarche lente et irrésolue, voix traînante, visage maquillé à la Robert Smith et rire triste et improbable. Pour entrer dans le film, il faut évidemment adhérer à son personnage d’enfant capricieux sur les épaules duquel semblent peser tous les malheurs du monde (en tout cas ceux de son histoire et de l’Histoire, rien que ça). Contrairement à ce qu’il a déclaré récemment à propos d’un autre film (indice : ce film a obtenu la palme d’or), il semble vraiment savoir ce qu’il est venu faire là. Ses gestes, son regard, son phrasé : tout nous fait oublier l’acteur pour construire ce personnage de grand enfant innocent, malicieux, capricieux, ce chanteur de rock déchu, à la fois pathétique, touchant, ridicule, flamboyant, décalé. Face à lui, Jane (Frances McDormand), sa femme, aussi forte, présente, décidé qu’il est faible, absent, velléitaire. Leur couple est d’ailleurs symbolique de ce film tout en contradictions et judicieux décalages.

 

"Paolo réalise des films rapides sur des gens lents et des films drôles sur des gens tristes", a déclaré Sean Penn lors du dernier Festival de Cannes. Sorrentino recourt en effet à la légèreté pour évoquer le poids de l’existence que Cheyenne semble porter, mais aussi le poids de la tragédie. Contradictions encore avec ce père absent et omniprésent. Entre ce personnage enfantin, sa fragilité apparente et sa terrible, et souvent irrésistible, lucidité (Au départ on se dit « Ce sera ça ma vie » puis « C’est ça la vie » déclare-t-il ainsi). Entre la gravité du sujet et la tendresse loufoque pour l’aborder. Entre les grands espaces américains et la mélancolie irlandaise. Entre le visage fardé et ce qu’il dissimule. Entre la mort omniprésente et la vie absente d’un Cheyenne qui s’ennuie. Contradictions entre la fantaisie parfois dérisoire et son objectif qui est tout sauf dérisoire. Entre l’inoffensivité apparente d’un homme et les crimes qu’il a commis.

 

Sorrentino semble prendre autant de plaisir à sublimer cette Amérique que Cheyenne traverse qu’à en souligner les ridicules excès, entre les images d’Epinal de l’American dream, les paysages qui ressemblent à des peintures de Hopper avec ses motels, ses stations service, ses vastes étendues d’une beauté vertigineuse et ses excès (ou contradictions à nouveau) qu’il tourne en dérision : d’un armurier à la plus grande pistache du monde, en passant par une bouteille géante qui entrave sa route. Il nous en montre aussi la diversité des visages et des paysages comme un enfant curieux, celui qu’est encore Cheyenne, qui découvre Le Nouveau Monde, un nouveau monde, un enfant qui s’émerveille et croise des personnages (un Indien silencieux, une oie, un bison…) qui semblent tout droit sortie d’un conte. Les moments de fantaisie poétique sont encore sublimés par la musique comme dans cette scène avec cette chanson interprétée par David Byrne, le chanteur des Talking heads qui a composé la musique du film (pas une première puisqu’il a reçu l’Oscar de la meilleure musique pour la BO du Dernier Empereur de Bertolucci).

 

« This must be the place », c’est un parcours initiatique: l’histoire d’un masque qui tombe, d’un enfant qui grandit, d’un homme qui se relève. D’un artiste enfantin qui devient un homme et fume sa première cigarette. Un film inclassable qui mélange habilement les genres, un road movie qui déroute et enchante, ou nous glace par sa lucidité. Un film envoûtant grâce à la musique de David Byrne, la virtuosité de la mise en scène de Sorrentino et de l’interprétation de Sean Penn qui nous plongent dans une atmosphère poétique, onirique et fantaisiste qui dissimule un visage grave et lucide. Un bel hommage à « Paris, Texas » de Wim Wenders, et à « Into the wild » de Sean Penn, aussi. Un personnage et un film qui vous restent dans la tête comme une petite musique. Celle des mots de Sagan. Ou une grande. Celle des Talkings Heads. « Il faut choisir, dans l'existence, un moment, un seul, où la peur disparaît » nous dit-on dans le film. Ce périple en fait partie. Un périple réjouissant et bouleversant, grave et léger, mélancolique et enchanteur, fardé et sincère. Qui donne envie de regarder la vérité derrière le masque. Celle de l’abjection (le bourreau nazi) ou de l’humanité (Cheyenne) qui se mettent à nu (au propre comme au figuré ici). Leur rencontre improbable donne ce grand film construit sur de brillants contrastes.

Critique de "Into the wild" de Sean Penn

f974babb100e87a39f2094f4bfe3ede1.jpgQuel voyage saisissant ! Quelle expérience envoûtante ! A la fois éprouvante et sublime. Je devrais commencer par le début avant d’en venir à mes impressions mais elles étaient tellement fortes que parmi toutes ces sensations puissantes et désordonnées suscitées par ce film, c’était ce qui prévalait, cette impression pas seulement d’avoir vu un film mais d’avoir effectué un voyage, un voyage en moi-même, et d’avoir vécu une véritable expérience sensorielle. Depuis que j’ai vu ce film, hier, il me semble penser à l’envers, du moins autrement, revenir moi aussi (plutôt, moi seulement, certains n’en reviennent pas) d’un voyage initiatique bouleversant.

 

Mais revenons au début, au jeune Christopher McCandless, 22 ans, qui reçoit son diplôme et avec lui le passeport pour Harvard, pour une vie tracée, matérialiste, étouffante. Il décide alors de tout quitter : sa famille, sans lui laisser un seul mot d'explication, son argent, qu’il brûle, sa voiture, pour parcourir et ressentir la nature à pied, et même son nom pour se créer une autre identité. Et surtout sa vie d’avant. Une autre vie. Il va traverser les Etats-Unis, parcourir les champs de blé du Dakota, braver les flots agités du Colorado, croiser les communautés hippies de Californie, affronter le tumulte de sa conscience pour atteindre son but ultime : l’Alaska, se retrouver « into the wild » au milieu de ses vastes étendues grisantes, seul, en communion avec la nature.

 

Dès les premières secondes la forme, qui attire d’abord notre attention, épouse intelligemment le fond. Des phrases défilent sur l’écran sur des paysages vertigineux, parce que ce sont les deux choses qui guident Christopher : l’envie de contempler la nature, de se retrouver, en harmonie avec elle et la littérature qui a d’ailleurs en partie suscité cette envie, cette vision du monde. Jack London. Léon Tolstoï. Et en entendant ces noms, je commence à me retrouver en territoires connues, déjà troublée par ce héros si différent et si semblable. Influencé par Henry David Thoreau aussi, connu pour ses réflexions sur une vie loin de la technologie…et pour la désobéissance civile.

 

Puis avec une habileté déconcertante et fascinante Sean Penn mélange les temporalités ( instants de son enfance, sa vie en Alaska, seul dans un bus au milieu de paysages sidérants de beauté) et les rencontres marquantes de son périple, les points de vue (le sien, celui de sa sœur), les fonctions de la voix off (lecture, citations, impressions)brouillant nos repères pour en créer d’autres, trouver les siens, transgressant les codes habituels de la narration filmique, s’adressant même parfois à la caméra, à nous, nous prenant à témoin, nous interpellant, nous mettant face à notre propre quête. De bonheur. De liberté. Et surtout : de vérité.

 

Au travers de ces différentes étapes, nous le découvrons, ainsi que ce qui l’a conduit à effectuer ce périple au bout de lui-même en même temps que lui chemine vers la réconciliation avec lui-même, avec son passé, avec son avenir. En phase avec l’instant, l’essentiel, le nécessaire. Un instant éphémère et éternel. Carpe diem. Au péril de sa vie, au péril de ceux qui l’aiment. Mais c’est sa vérité. Paradoxale : égoïste et humaniste.

 

Comme son protagoniste, la réalisation de Sean Penn est constamment au bord du précipice, à se faire peur, à nous faire peur mais jamais il ne tombe dans les écueils qu’il effleure parfois : celui d’un idéalisme aveugle et d’un manichéisme opposant la nature innocente et noble à la société pervertie. Non : la nature est parfois violente, meurtrière aussi, et sa liberté peut devenir étouffante, sa beauté peut devenir périlleuse. Et la mort d’un élan la plus grande tragédie d’une vie. De sa vie. La fin d’un élan, de liberté.

 

« Into the wild » fait partie de ces rares films qui vous décontenancent et vous déconcertent d’abord, puis vous intriguent et vous ensorcellent ensuite progressivement, pour vous emmener vous aussi bien au-delà de l’écran, dans des contrées inconnues, des territoires inexplorées ou volontairement occultées, même en vous-même. Avec le protagoniste, nous éprouvons cette sensation de liberté absolue, enivrante. Ce désir de simplicité et d’essentiel, cette quête d’un idéal. D’un chemin particulier et singulier ( C’est une histoire vraie, Christopher McCandless a réellement existé, son histoire a inspiré « Voyage au bout de la solitude » du journaliste américain Jon Krakauer) Sean Penn écrit une histoire aux échos universels . Un chemin au bout de la passion, au bout de soi, pour se (re)trouver. Pour effacer les blessures de l’enfance. Et pour en retrouver la naïveté et l’innocence.

 

2H27 pour vivre une renaissance. Enfance. Adolescence. Famille. Sagesse. Au fil de ses rencontres, magiques, vraies, il se reconstitue une famille. Chaque rencontre incarne un membre de sa famille, l’autre, celle du cœur : sa mère, son père, sa sœur. Sur chaque personnage Sean Penn porte un regard empli d’empathie, jamais condescendant à l’image de cette nature. A fleur de peau. Sauvage. Blessée. Ecorchée vive.

 

La photographie du célèbre et talentueux Eric Gautier révèle la beauté et la somptuosité mélancolique de la nature comme elle révèle Christopher à lui-même, confrontant l’intime au grandiose. La bande originale poignante composée par Eddie Vedder du groupe « Pearl Jam » contribue à cette atmosphère sauvage et envoûtante, il a d’ailleurs obtenu le Golden Globe 2008 de la meilleure chanson. Et puis évidemment Emile Hirsch d’une ressemblance troublante avec Leonardo Di Caprio (Sean Penn avait d’ailleurs pensé à lui pour le rôle), par son jeu précis et réaliste, par sa capacité à incarner ce personnage à tel point qu’il semble vraiment exister, vibrer, vivre, mourir et renaître, sous nos yeux, est indissociable de la réussite de ce film.

 

Avec ce quatrième long-métrage (après « The Indian Runner », « Crossing guard », « The pledge ») Sean Penn signe (il a aussi écrit le scénario) un film magistralement écrit, mis en scène (avec beaucoup de sensibilité, d’originalité et de sens) et mis en lumière, magistralement interprété, un road movie animé d’un souffle lyrique, un road movie tragique et lumineux, atypique et universel.

 

Vous ne ressortirez ni indifférents, ni indemnes. Ce film va à l’essentiel, il vous bouscule et vous ensorcelle, il vous embarque bien au-delà de l’écran, dans sa quête d’absolu, de liberté, de bonheur. Un voyage aux confins du monde, de la nature, un voyage aux confins de l'être, de vous-même… Un film d’auteur. Un très grand film. D'un très grand auteur. Qui se termine sur des battements de cœur. Celui du héros qui renait. Au cœur de la vérité.

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