Critique de « Journal de France » de Claudine Nougaret et Raymond Depardon
Comme souvent, Un Certain Regard réserve de vraies pépites à l’image de ce « Journal de France » de Raymond Depardon.
Synopsis : C’est un journal, un voyage dans le temps, il photographie la France, elle retrouve des bouts de films inédits qu’il garde précieusement : ses débuts à la caméra, ses reportages autour du monde, des bribes de leur mémoire, de notre histoire.
D’un tabac fermé à Nevers de cette « France des sous-préfectures », celle qu’il a connue dans son enfance, en passant par le Venezuela, le Tchad, ou l’Elysée, Raymond Depardon, promène partout sa caméra et son regard empathique et acérés. Claudine Nougaret dresse un portrait admiratif de ce dernier et le sien, mêlant leurs deux voix, leurs deux regards, leurs deux destins, leurs multiples routes. La caméra n’est jamais intrusive, elle pose des questions plus qu’elle ne les réclame. Les photographies « à la chambre » de Depardon sont des moments de grâce, de poésie, à la fois anachroniques et immortels. Le film retrace la carrière impressionnante du photographe/cinéaste en même temps qu’il parcourt la France, l’immortalise dans des clichés qui n’en sont pas. La beauté, la magie et la poésie surgissent, l’espace d’un instant : des plans de cafés avec en toile de fond des « Vertiges de l’amour » de Bashung, ou des images sensuelles de déserts ou de côtes balayées par le vent. « Derrière chaque image il y a un regard un auteur ». Depardon et Nougaret, dans ce film, le prouvent à chaque instant tant les instants de cinéma y sont nombreux ne serait-ce que dans les transitions comme ce passage terriblement violent et poignant dans un hôpital psychiatrique à la minute de silence de Nelson Mandela ou encore cet instant si cruel d’un prévenu avec son avocat, effroyablement indifférent. Un « Journal de France » à voir absolument.