Critique de DEUX JOURS, UNE NUIT de Jean-Pierre et Luc Dardenne - Compétition officielle
Synopsis: Sandra, aidée par son mari, n’a qu’un week-end pour aller voir ses collègues et les convaincre de renoncer à leur prime pour qu’elle puisse garder son travail.
Si Marion Cotillard avait déjà montré toute l'amplitude dans son talent dans un autre films présenté à Cannes en compétition ("De rouille et d'os" de Jacques Audiard), elle crève ici littéralement l'écran dans ce sublime portrait de femme fragile et téméraire. Physiquement transformée mais aussi admirablement dirigée (ce n'est pas un scoop que de dire que les Dardenne sont d'exceptionnels directeurs d'acteurs.) elle est pour beaucoup dans l'empreinte que nous laisse ce film grave et lumineux, ancré dans notre époque et intemporel. Elle pourrait bien entendu prétendre à un prix d'interprétation.
Avec ce thriller social qui est aussi un conte (cruel), les Dardenne prouvent une nouvelle fois l'étendue de leur imaginaire et de leur talent. Ils arrivent à nous surprendre avec la répétition intrinsèque au sujet, à créer un suspense haletant. Filmée au plus près, en gros plan, le plus souvent, c'est comme toujours le personnage, l'humain qui est au centre, a fortiori ici puisqu'il s'agit pour le personnage de retrouver une dignité, une identité.
Après deux Palmes d’or (pour "Rosetta" et pour "L’enfant") et un Grand Prix du Jury pour "Le Gamin au vélo", les Dardenne pourraient être les premiers à décrocher trois fois la récompense suprême avec ce film, une nouvelle fois, au cœur de la réalité sociale.
Un film poignant qui évite toujours l'écueil du pathos, un film illuminé par une actrice qui n'a pas fini de révéler toute la palette de son talent et qui, ici, fascine, éblouit dans le rôle de cette femme qui s'accepte, retrouver son identité, et demande à ses anciens collègues de répondre à un terrible dilemme: la morale ou la raison. Magistral.