Avant-première - Critique de LA RANÇON DE LA GLOIRE de Xavier Beauvois
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En salles ce 7 janvier 2015, le film qui fit l’ouverture du Festival International du Film de Saint-Jean-de-Luz 2014 dont le réalisateur était aussi le président du jury du festival: Xavier Beauvois. Retrouvez ci-dessous ma critique publiée suite à l’ouverture ainsi que la vidéo de présentation du film par l’équipe, un film qui est avant tout un hommage à la magie du cinéma et à celle de celui Chaplin qui en est la quintessence.
Tout juste sorti de prison, Eddy Ricaart (Benoît Poelvoorde) est accueilli par son ami Osman Bricha (Roschdy Zem). Ils ont tous deux convenu d’un marché : Osman héberge Eddy ; en échange de quoi, celui-ci s’occupe de sa fille de sept ans, Samira – le temps que sa femme Noor subisse des examens à l’hôpital. Mais en cette veille de Noël le manque d’argent se fait cruellement sentir. Aussi, lorsque la télévision annonce la mort du richissime comédien Charlie Chaplin, Eddy a une idée : subtiliser le cercueil de l’acteur et demander une rançon à la famille ! Au même moment, le cirque s’installe en ville.
Pour ce nouveau film, en compétition dans le cadre de la dernière Mostra de Venise, auréolé du succès publique et critique de son dernier film « Des Hommes et des Dieux », Xavier Beauvois a choisi de prendre un nouveau virage, celui de la comédie. Dans le premier plan, Eddy sort de prison, cheminant de l’ombre vers la lumière tandis qu’un gardien lui crie d’arrêter de faire son clown. Voilà son destin tracé: Eddy sortira de l’ombre vers la lumière en faisant le clown.
« La rançon de la gloire » est avant tout une déclaration d’amour au cinéma, un hommage à Chaplin, une mise en lumière du talent de Poelvoorde qui, avec ce dernier, a en commun de nous faire passer du (sou)rire aux larmes en un quart de seconde, d’être un clown dont la mélancolie sans cesse affleure et nous bouleverse.
L’ombre de Chaplin plane sur tout le film, de la scène de la fin des « Lumières de la ville» (une des plus belles scènes du cinéma si ce n’est la plus belle) diffusé à la télévision que regardent Eddy et Osman aux multiples références au « Feux de la rampe » mais aussi avec des clins d’œil au « Kid », à « La ruée vers l’or »… Peut-être le poids de ces références a-t-il été un peu lourd à porter, notamment lors de la scène, un peu longue (pour nous faire éprouver leur labeur, certes) où les deux bras-cassés déterrent et enterrent à nouveau le cercueil, coupant un peu le rythme du film pourtant jalonné de moments de grâce comme lorsqu’Eddy et Osman dansent dans leur taudis mais aussi jalonné de plans d’une beauté époustouflante comme celui d’Eddy et Samira au bord du Lac Léman, nous rappelant les plans d’une beauté ravageuse du magnifique « Des hommes et des dieux ».
L’emphase lyrique et poignante de la musique de Michel Legrand qui se marie magnifiquement avec celle, étourdissante de beauté, des « Feux de la rampe » apporte au film une dimension supplémentaire.
Un film doucement burlesque, tendrement drôle sublimé par la musique de Michel Legrand et porté par un formidable duo de comédiens et Benoît Poelvoorde, une nouvelle fois remarquable (après « 3 cœurs » de Benoît Jacquot dont vous pourrez retrouver ma critique, ici), dans le rôle de cet homme qui, en se maquillant et jouant un rôle, va dévoiler son vrai visage, finalement une métaphore du réalisateur qui, derrière sa caméra, orchestre ses vraies émotions, les met en lumière et dans la lumière.
A noter : Des scènes ont été tournées au Manoir de Ban, en Suisse, où Chaplin a passé les 24 dernières années de sa vie.