Pour leur 21ème édition, après les reflets du cinéma japonais en 2015 et les reflets du cinéma américain indépendant en 2016, le festival mayennais Les Reflets (organisé par l'association Atmsophères 53) est cette année consacré au cinéma francophone. Pour une fois c'est d'un festival "à domicile" dont je vous parle puisque celui-ci se déroule en partie dans ma ville natale (retrouvez d'autres clichés de celle-ci sur le blog que je lui consacre Inthemoodforlaval.hautetfort.com), la splendide ville de Laval.
Photos de Laval ci-dessus prises via mon compte Instagram @sandra_meziere
Avec ces films qui vous emmèneront en Belgique, au Québec, bien sûr en France mais aussi sur le continent africain, selon les termes du Président de l'association, ce festival aspire avant tout à rester "fidèle à sa vocation : dévoiler les territoires de la cinéphilie et défendre une idée ouverte de la culture."
Cette 21ème édition aura lieu du 10 au 21 mars 2017.
Le festival innove cette année avec un site internet sur lequel vous pourrez retrouver toutes les informations au jour le jour mais aussi le programme complet et les informations pratiques.
Au programme de cette édition, comme chaque année des avant-premières de longs-métrages, des rétrospectives ("Police" de Pialat, "Comment j'ai tué ma mère" de Xavier Dolan...) des courts-métrages, des conférences, des ciné-concerts, des expositions, une table ronde professionnelle mais aussi cette année une rétrospective Abel et Gordon, un focus Raoul Peck, un coup de projecteur sur l'actrice Solène Rigot, des cartes blanches (au Festival Premiers Plans d'Angers, à l'ACID...), des raretés du cinéma francophone, les états du Français (sélection de films mettant l’accent sur le français et les langues nationales ou régionales, le français et ces langues pouvant être présents sous forme de réminiscences tels des marqueurs d’histoires communes.), des films d'ici (La catégorie Films d’ici présentent des productions locales. Ce sont des films réalisés et/ou produits dans l’Ouest : en Mayenne, en Pays-de-la-Loire, en Bretagne)...
L'ouverture du festival aura lieu ce vendredi 10 mars, à 20H, au Cinéville de Laval avec la comédie dramatique "Grand froid" de Gérard Pautonnier, une adaptation du roman de Joël Egloff avec, notamment : Jean-Pierre Bacri, Olivier Gourmet, Arthur Dupont, Sam Karmann...
La projection aura lieu en présence du réalisateur, de Sam Karmann, acteur, et de Laurent Thurin-Nal, photographe de plateau.
En voici le synopsis qui promet un film noir et burlesque : Une petite ville perdue au milieu de nulle part, en plein cœur de l’hiver. Un commerce de pompes funèbres agonise lentement, au grand désespoir du patron de l’entreprise, Edmond Zweck. L’entreprise ne compte plus que deux employés : Georges, le bras droit de Zweck, et Eddy, un jeune homme serviable, mais encore novice dans le métier. Un beau matin, pourtant, un mort, enfin, pour de bon. Et l’espoir renaît. Eddy et Georges sont chargés de mener ce défunt jusqu’à sa dernière demeure. Mais à la recherche du cimetière qui s’avère introuvable, le convoi funéraire s’égare et le corbillard perd la famille qui suivait. Le voyage tourne au désastre.
-Dans le cadre des cartes blanches, ne manquez pas, notamment :
-"Paris la Blanche " de Lidia Terki (carte blanche au Festival Premiers Plans d'Angers, un film qui fut également projeté et primé au Festival du film de Saint-Jean-de-Luz dans le cadre duquel je l'ai découvert).
Sans nouvelles de son mari parti travailler en France dans les années 70, Rekia (Tassadit Mandi), quitte le village de Kabylie où elle vit. Elle traverse l’Algérie, la France et les banlieues parisiennes pour ramener Nour (Zahir Bouzerar) au village. Mais l’homme qu’elle finit par retrouver dans un foyer d’anciens travailleurs immigrés à la retraite a changé. Son héros, l’ancien combattant des maquis, celui qui était revenu au village pour la dernière fois il y a quatre ans, est devenu un étranger.
La réalisatrice qui a monté son film en 4 ans après de nombreuses difficultés était « intéressée par la mythologie à l’envers », « le voyage de Pénélope à l’envers », « Pour moi c’était plus un film sur le sacrifice que sur l’immigration », « J’avais envie de parler de ceux qui restent qui attendent », « J’ai voulu faire une utopie ». Pour nous faire éprouver l’importance cruciale de ce périple, la réalisatrice suit son héroïne depuis son départ de l’Algérie jusqu’à ses retrouvailles avec son mari, sa caméra ne la quittant presque jamais et elle aurait d’ailleurs eu tort de nous en priver tant la comédienne (qui a reçu le prix d’interprétation féminine à Saint-Jean-de-Luz, un prix qu’elle mérite amplement, le film a également reçu le prix France Bleu du long-métrage) crève littéralement l’écran et a fait fondre le cœur des festivaliers lors de la remise des prix où elle a lu un beau poème sur le déracinement. L’humanité qui se dégage de ces personnages, la tendre empathie avec laquelle les filme la réalisatrice procurent à ce film d’une belle utopie une douceur salutaire et un idéalisme revigorant. C’est avant tout un sublime portrait de femme amoureuse, déterminée, mais aussi le portrait de déracinés, celui de son mari, et ceux qui jalonnent la route de l’héroïne dans un Paris solidaire (très beau personnage de Karole Rocher). Et surtout ce film recèle le plus beau des témoignages d’amour : laisser la personne qu’on aime libre de ses proches choix. Face à la volcanique Tassadit Mendi, Zahir Bouzerar impose sa placide mélancolie. Un duo attachant plein d’émotion contenue qui saisit le spectateur au dénouement de ce film pudique et tendre. Lors de la clôture du Festival de Saint-Jean-de-Luz, en recevant son prix, Tassadit Mendi a magnifiquement parlé de son rôle, elle « qui ne devait pas faire ce film et qui a remplacé une comédienne qui s’est désistée 10 jours avant le début du tournage » et qui a été « émue par l’abnégation, le sacrifice, l’amour inconditionnel pour son mari et la sagesse » de son personnage.
-"La jeune fille sans mains" de Sébastien Laudenbach (carte blanche à l'ACID)
En des temps difficiles, un meunier vend sa fille au Diable. Protégée par sa pureté, elle lui échappe mais est privée de ses mains. Cheminant loin de sa famille, elle rencontre la déesse de l’eau, un doux jardinier et le prince en son château. Un long périple vers la lumière…
Son réalisateur a expliqué porter ce projet depuis 15 ans. : « Ce qui me touchait c’était la trajectoire de cette jeune fille qui doit apprendre à s’isoler pour exister pleinement pour être entière. » Rarement un film aura accordé autant de confiance au spectateur et cela fait un bien fou à l’heure où, y compris dans les émissions (pseudo)politiques, règne la dictature de l’émotion pour attirer les spectateurs. Sébastien Laudenbach a fait le choix inverse : esquisser plutôt que de dessiner ou imposer, faire confiance à l’intelligence et à l’imaginaire du spectateur, accorder une large place au son, aussi. Et le résultat est d’une beauté inouïe et renversante. « Je n’ai pas écrit de scénario ni de story board. J’ai improvisé en faisant 10 à 15 secondes par jour. En le faisant, je me rendais compte que c’était singulier et peut-être novateur. », « Je suis allé sur Allociné en collant les voix des bandes annonces sur les dessins. » a-t-il également raconté pour expliquer le choix d’Anaïs Demoustier dont la voix douce, ensorcelante et déterminée colle parfaitement au personnage. « On ne doit pas faire des films adaptés aux enfants c’est aux enfants de s’adapter au monde. J’aime l’idée qui il y a des trous, des incertitudes, du mystère » a également déclaré le réalisateur et c’est ce mystère et ces incertitudes que le film exalte également qui contribuent aussi à en faire un moment d’une grâce ensorcelante mais aussi à édulcorer la cruauté ou à l’intensifier, selon la force de l’imaginaire du spectateur. Ce conte à la fois sombre et lumineux est un moment de poésie et de magie rare dont le trait aérien possède la grâce d’un tableau de Matisse. Une non voyante est ainsi intervenue à la fin de la séance pour déclarer : « par des sons vous avez réussi à faire parler les couleurs ».
- "Compte tes blessures" de Morgan Simon
Vincent (Kevin Azaïs) n’est pas arrivé au tiers de sa vie qu’il a déjà tatoué la moitié de son corps et endurci sa voix avec son groupe de post-hardcore. Depuis la mort de sa mère, il partage son existence entre Bastille et Porte de Clignancourt, entre un boulot de perceur qui ne l’enchante guère et un père poissonnier (Nathan Willcocks) qui tente de refaire sa vie avec une femme plus jeune (Monia Chokri). Et ça le rend malade.
Du premier au dernier plan (et quel dernier plan, sublime, poignant, d’une force bouleversante !), le spectateur retient son souffle et ne quitte pas Vincent que la caméra suit, enferme, ne lui et nous laissant pas de répit. Tout semble pouvoir basculer d’un instant à l’autre dans la tragédie, la violence. Le film doit beaucoup à ses trois personnages principaux, riches de leurs contradictions, de leurs fêlures, de leurs blessures masquées. Lors du débat après le film à Saint-Jean-de-Luz, Morgan Simon a déclaré « Ce qui m’a intéressé : ce sont les liens complexes qui unissent les personnages ». Ce sont en effet ces liens, troubles et chargés de non dits, qui rendent ce film plus palpitant qu’un thriller. Le personnage de Vincent (interprété par Kevin Azaïs, magistral) est riche de ses touchantes contradictions : il crie et exulte sur scène, il proclame ses blessures sur son corps et dans sa musique mais il est incapable d’affronter son père (Nathan Willcocks qui en impose) et de les lui livrer. C’est un enfant en quête désespéré d’amour qui joue aux adultes face à des adultes eux-mêmes en perte de repères. L’affrontement entre le père et le fils se réalisera de manière totalement inattendue, lors d’une scène qui aurait pu être glauque ou totalement absurde. Morgan Simon, par son talent, indéniable, en fait un moment d’une force rare. Un film d’une douceur brute et sensuelle, d’une intensité unique, dans lequel la caméra épouse la douleur sourde des personnages et dont chaque plan est un coup au cœur. Tout simplement brillant. Et poignant. Et au dénouement le plus beau plan de ce festival qui symbolise aussi parfaitement ce qu’est ce festival. A voir aussi pour la lumineuse Monia Chokri qui parachève cet impressionnant trio d’acteurs, toujours sur le fil, mais d’une justesse rare. Sélectionné à l’Atelier de la Cinéfondation à Cannes, à Emergence et au Jerusalem International Film Lab, « Compte tes blessures » est le premier long-métrage de Morgan Simon et, espérons-le, le premier d’une longue série.
-Le documentaire "Voyage à travers le cinéma français" de Bertrand Tavernier.
Les Avant-premières du festival Reflets du cinéma
Cliquez ici pour télécharger la liste complète des films projetés dans le cadre du festival.
Dans le cadre du festival, vous pourrez notamment croiser:
Réalisateurs/trices :
Dominique Abel et Fiona Gordon (Paris, Pieds Nus)
François Bégaudeau (N’importe qui)
Wissam Charraf (Tombé du ciel)
Robert Coudray (J’demande pas la lune, juste quelques étoiles) Patrick Dumont (La porte d’Anna)
Pierre Guicheney (Osun Osogbo)
Marion Hänsel (En amont du fleuve)
Akihiro Hata (À la chasse) (Sous réserve)
Gérard Pautonnier (Grand froid)
Emmanuel Parraud (Sac la mort)
Morgan Simon (Compte tes Blessures)
Xavier Séron (Je me tue à le dire)
Lidia Terki (Paris la blanche)
Acteurs/trices
Benoît Van Dorslaer (Insoumise)
Sam Karmann (Grand Froid)
Solène Rigot ( L’effet aquatique, Tonnerre, Orpheline, À la Chasse)
Nathan Willcocks (Compte tes blessures)
Kaou Langouet (Suite armoricaine)
Scénariste, Ecrivain
Joël Egloff (Grand Froid, L’Etourdissement)
Photographe
Laurent Thurin-Nal, photographe de plateau (Paris Pieds Nus et Grand Froid)
Compositrice, interprète, chanteuse
Mesparrow (Grand Froid)
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Informations pratiques
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Vous pourrez acquérir un pass nominatif à 65 € (avec photo) valable pour tous les films des Reflets dans toutes les salles partenaires.
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