COUP DE PROJECTEUR : PAUL MISRAKI
Paul Misraki est l'un des cinq compositeurs les plus prolifiques du cinéma français. Le compositeur et pianiste de l'orchestre de Ray Ventura, à qui l'on doit des titres aussi connus que " Qu’est-ce qu’on attend pour être heureux", "Tout va très bien Madame la Marquise» … est aussi à l’origine de 185 musiques de films pour les plus grands cinéastes («Et Dieu créa la femme » de Vadim, « Le Doulos » de Melville, « Alphaville » de Godard, mais aussi pour Buñuel, Chabrol, Welles, Clouzot, Becker…).
Dans le cadre des commémorations liées au 110e anniversaire de sa naissance et du 20ème anniversaire de sa mort, le Festival du Cinéma et Musique de Film a souhaité mettre un « coup de projecteur » sur son œuvre pour le cinéma. Une rencontre avec Christophe Misrachi, le fils de Paul Misraki, animée par Stéphane Lerouge, sera organisée au Cinéma de La Baule le Gulf Stream, précédée de la projection du film «Et Dieu… créa la femme » de Roger Vadim.
FOCUS SUR LA SOCIÉTÉ DE PRODUCTION LES FILMS DU KIOSQUE:
Les "Films du Kiosque" ont été créés en 1995 par les producteurs François Kraus et Denis Pineau-Valencienne. Ils ont produit à ce jour 28 longs métrages français dont 14 premiers films, un unitaire et deux séries télévisées.
Ils ont obtenu au total 26 nominations aux César, dont 4 pour les premiers films: « Les Chatouilles » d’Andréa Bescond et Eric Metayer, « Pardonnez moi » de Maïwenn, « Qu'Allah bénisse la France » d'Abd Al Malik (Ibis d'Or du Meilleur film au Festival de La Baule 2014 ) et « Monsieur et Madame Adelman » de Nicolas Bedos.
Parmi les réalisateurs produits, on compte aussi François Favrat ("Le rôle de sa vie"), Florent-Emilio Siri ("L'Ennemi intime"), Igor Gotesman ("Five"), Maïwenn ("Le Bal des actrices"), Marion Vernoux ("Les beaux jours"), Emmanuelle Bercot ("La Tête Haute") ou encore Thierry Klifa ("Une vie à t'attendre", "Tout nous sépare"). Il viennent également de produire "La Belle époque" deNicolas Bedos qui sera présenté à La Baule. Le Festival organisera une rencontre avec le public en présence de François Kraus et une sélection de leurs films les plus en lien avec le thème de « l’amour» seront projetés.
7 LONGS-MÉTRAGES EN COMPÉTITION
«J’ai perdu mon corps», film d’animation de Jérémy Clapin/Musique de Dan Levy
«La Belle époque» de Nicolas Bedos, avec Daniel Auteuil, Fanny Ardant, Guillaume Canet, Doria Tillier, Michaël Cohen/Musique de Nicolas Bedos & Anne-Sophie Versnaeyen
«La Dernière vie de Simon» de Léo Karmann/Musique de Erwann Chandon
«La Nuit venue » de Frédéric Farucci, avec Camélia Jordana/Musique de Rone
«Les éblouis» de Sarah Suco, avec Jean-Pierre Darroussin, CamilleCottin/ Musique de Laurent Perez del Mar
«Lola vers la Mer» de Laurent Micheli, avec Benoit Magimel/Musique de Raf Keunen
«Tu mérites un amour» de et avec Hafsia Herzi/Musique de Nous deux the band
Les 10 longs-métrages fiction hors compétition :
«Judy», de Rupert Gooldavec Renée Zellweger/ Musique de Gabriel Yared
«Adults in the room», de Costa Gavras/ Musique de Alexandre Desplat
«Rattlesnakes», de Julius Amedume, avec Jimmy Jean-Louis, Jack Coleman / Musique de Seymour Milton & Paul Pringle
«Selfie», de Thomas Bidegain, Marc Fitoussi, Vianney Le Basque, Tristan Aurouet, avec Blanche Gardin, Elsa Zylberstein, Manu Payet/ Musique de Laurent Perez del Mar
«L’Adieu à la nuit », de André Téchiné avec Catherine Deneuve / Musique de Alexis Rault
«Les Hirondelles de Kaboul», film d’animation de Zabou Breitman/ Musique de Alexis Rault «Minuscules 2», film d’animation de Thomas Szabo et Hélène Giraud / Musique de Mathieu Lamboley
«Long Time no see», de Pierre Filmon avec Laetitia Eidoet Pierre Rochefort / Musique de David Hadjadj
«Place des Victoires», de Yoann Guillouzouic, avec Guillaume de Tonquedec / Musique de Amin Bouhafa
«l’Esprit de famille», de Eric Besnard avec Guillaume de Tonquedec, François Bérleand, Josianne Balasko
7 COURTS-MÉTRAGES EN COMPETITION
Dont une Première européenne pour le film «Talk » avec William Baldwin
«A l’aube» de Julien Trauman /Musique de Alexandre Chaigniau
«Belle à croquer» de Axel Courtière,avec Lou Delage, Catherine Deneuve / Musique de Erik Wedin
«Bug» de Cédric Prevost/ Musique de Eric Pilavian
«5mn avant» de Christophe Brachet / Musique de Romain Trouillet
«Elle s’appelait Baby » de BaptisteGourden& Mélanie Laleu, avec Marie-Christine Barrault / Musique de Pierre Tereygeol
«Monsieur»,comédie musicale «Queer» de Thomas Ducastel
«Talk » de Romuald Boulanger, avec WilliamBaldwin, Vanessa Guide, Tom Hudson/ Musique deGilles Luka & Clément Perin
5 COURTS-MÉTRAGE DE L’ ADAMI (hors compétition)
Depuis sa création en 2014, le festival diffuse, chaque année, les courts métrages desTalents de l’Adami.
La 26e édition des Talents Adami a été confiée à Suzanne Clément, Mélanie Doutey, Guillaume Gouix, Zita Hanrotet Grégory Montelsous le regard bienveillant d’Agnès Jaouiqui les a accompagnés pour l’écriture et le montage des films. Ce sont ces 5 comédiennes et comédiens aguerris qui ont dirigé la nouvelle promotion des Talents Adami2019.
Les films: «Relai» de Suzanne Clément / «Avanti» de Mélanie Doutey/ «Mon Royaume» de Guillaume Gouix/ «La maman des poissons» de Zita Hanrot/ «Les chiens aboient» de Grégory Montel
Chaque film fait l’objet d’une musique originale composée par :Christophe Julien (pour «Relai»), Pascal Sangla (pour «Avanti» ), Coming Soon et Island Kizhi (pour «Mon royaume»), Ferdinand Berville (pour «La maman des poissons»), Jean-Benoît Dunckel (pour «Les chiens aboient»).
12 classiques du cinéma
«L’Amant » de Jean-Jacques Annaud / Musique de Gabriel Yared
«le Patient Anglais» de Anthony Minghella/ Musique deGabriel Yared
«37°2 Le Matin» de JJ Beinex/ Musique de Gabriel Yared
«Une bouteille à la mer» de Luis Mandoki/ Musique de Gabriel Yared (spécial 20eme anniversaire)
«Hôtel des Amériques», de André Téchiné / Musique dePhilippe Sarde
«Une vie à t’attendre» de Thierry Klifa/ Musique de David François Moreau (spécial 15eme anniversaire)
«La Tête Haute » de Emmanuelle Bercot/ Musique de Eric Neveux (dont vous pouvez retrouver ma critique ci-dessous)
"La tête haute" était le film d'ouverture du 68ème Festival de Cannes. Le temps de débarrasser la scène du Grand Théâtre Lumière des apparats de l’ouverture de ce 68ème Festival de Cannes, et nous voilà plongés dans un tout autre univers : le bureau d’une juge pour enfants (Catherine Deneuve), à Dunkerque. La tension est palpable. Le ton monte. Les éclats de voix fusent. Une femme hurle et pleure. Nous ne voyons pas les visages. Seulement celui d’un enfant, Malony, perdu au milieu de ce vacarme qui assiste, silencieux, à cette scène terrible et déroutante dont la caméra frénétique accompagne l’urgence, la violence, les heurts. Un bébé crie dans les bras de sa mère qui finalement conclut à propos de Malony qu’il est « un boulet pour tout le monde ». Et elle s’en va, laissant là : un sac avec les affaires de l’enfant, et l’enfant, toujours silencieux sur la joue duquel coule une larme, suscitant les nôtres déjà, par la force de la mise en scène et l’énergie de cette première scène, implacable. Dix ans plus tard, nous retrouvons les mêmes protagonistes dans le même bureau …
Ce film est réalisé par Emmanuelle Bercot dont j’avais découvert le cinéma et l’univers si fort et singulier avec « Clément », présenté à Cannes en 2001, dans le cadre de la Section Un Certain Regard, alors récompensé du Prix de la jeunesse dont je faisais justement partie cette année-là. Depuis, je suis ses films avec une grande attention jusqu’à « Elle s’en va », en 2013, un très grand film, un road movie centré sur Catherine Deneuve, « né du désir viscéral de la filmer ». Avant d’en revenir à « La tête haute », je ne peux pas ne pas vous parler à nouveau de ce magnifique portrait de femme sublimant l’actrice qui l’incarne en la montrant paradoxalement plus naturelle que jamais, sans artifices, énergique et lumineuse, terriblement vivante surtout. C’est aussi une bouffée d’air frais et d’optimisme qui montre que soixante ans ou plus peut être l’âge de tous les possibles, celui d’un nouveau départ. En plus d’être tendre (parfois caustique mais jamais cynique ou cruel grâce à la subtilité de l’écriture d’Emmanuelle Bercot et le jeu nuancé de Catherine Deneuve), drôle et émouvant, « Elle s’en va » montre que, à tout âge, tout peut se (re)construire, y compris une famille et un nouvel amour. « Elle s’en va » est de ces films dont vous ressortez émus et le sourire aux lèvres avec l’envie d’embrasser la vie. ( Retrouvez ma critique complète de ELLE S'EN VA en cliquant ici.)
Et contre toute attente, c’est aussi l’effet produit par « La tête haute » où il est aussi question de départ, de nouveau départ, de nouvelle chance. Avec beaucoup de subtilité, plutôt que d’imprégner visuellement le film de noirceur, Emmanuelle Bercot a choisi la luminosité, parfois le lyrisme même, apportant ainsi du romanesque à cette histoire par ailleurs particulièrement documentée, tout comme elle l’avait fait pour « Polisse » de Maïwenn dont elle avait coécrit le scénario. Le film est riche de ce travail en amont et d’une excellente idée, celle d' avoir toujours filmé les personnages dans un cadre judiciaire : le bureau de la juge, des centres divers… comme si toute leur vie était suspendue à ces instants.
Le grand atout du film : son énergie et celle de ses personnages attachants interprétés par des acteurs judicieusement choisis. Le jeune Rod Paradot d’abord, l’inconnu du casting qui ne le restera certainement pas longtemps et qui a charmé l’assistance lors de la conférence de presse cannoise du film, avec son sens indéniable de la répartie (« la tête haute mais la tête froide »…), tête baissée, recroquevillé, tout de colère rentrée parfois hurlée, dont la présence dévore littéralement l’écran et qui incarne avec une maturité étonnante cet adolescent insolent et bravache qui n’est au fond encore que l’enfant qui pleure des premières minutes du film. Catherine Deneuve, ensuite, une nouvelle fois parfaite dans ce rôle de juge qui marie et manie autorité et empathie. L’éducateur qui se reconnaît dans le parcours de ce jeune délinquant qui réveille ses propres failles incarné par Benoît Magimel d’une justesse sidérante. La mère (Sara Forestier) qui est finalement l’enfant irresponsable du film, d’ailleurs filmée comme telle, en position fœtale, dans une très belle scène où les rôles s’inversent. Dommage (et c’est mon seul bémol concernant le film) que Sara Forestier ait été affublé de fausses dents (était-ce nécessaire ?) et qu’elle surjoue là où les autres sont dans la nuance, a fortiori les comédiens non professionnels, excellents, dans les seconds rôles.
Ajoutez à cela des idées brillantes et des moments qui vous cueillent quand vous vous y attendez le moins : une main tendue, un « je t’aime »furtif et poignant, une fenêtre qui soudain s’est ouverte sur « Le Monde » (littéralement, si vous regardez bien…) comme ce film s’ouvre sur un espoir.
Après « Clément », « Backstage », « Elle s’en va », Emmanuelle Bercot confirme qu’elle est une grande scénariste et réalisatrice (et actrice comme l'a prouvé son prix d'interprétation cannois) avec qui le cinéma va devoir compter, avec ce film énergique et poignant, bouillonnant de vie, qui nous laisse avec un salutaire espoir, celui que chacun peut empoigner son destin quand une main se tend et qui rend un bel hommage à ceux qui se dévouent pour que les enfants blessés et défavorisés par la vie puissent grandir la tête haute. Un film qui « ouvre » sur un nouveau monde, un nouveau départ et une bouffée d’optimisme. Et ça fait du bien. Une très belle idée que d’avoir placé ce film à cette place de choix d'ouverture du 68ème Festival de Cannes et de lui donner cette visibilité.
«Et Dieu créa la femme» de Roger Vadim / Musique de Paul Misraki
«La Piscine» de Jacques Deray/ Musique de Michel Legrand (version remastérisée/ spécial 50eme anniversaire) -dont vous pouvez retrouver ma critique ci-dessous-
«Le distrait» de Gérard Oury/ Musique deVladimir Cosma
«Un homme amoureux» de Diane Kurys/ Musique de Georges Delerue
«Backdraft» de Ron Howard /
EXPOSITION :ROMY SCHNEIDER & ALAINDELON,«LES AMANTS MAGNIFIQUES»
Le Festival rendra hommage au couple mythique du cinéma français, lors d’une grande exposition photo, organisée en partenariat avec la Galerie de l’Instant. En effet, comment parler d’Amour au Cinéma, sans évoquer Romy Schneider et Alain Delon.
Une projection exceptionnelle de « La Piscine », à l’occasion du 50ème anniversaire du film de Jacques Deray, sera organisée également (dans sa nouvelle version restaurée), ainsi qu’un documentaire de 30mn, totalement inédit, réalisé par la femme de Jacques Deray, Agnès Vincent, sur le tournage du film, qui sera dévoilé durant le festival. L’occasion également de célébrer le 80ème anniversaire de la naissance de l’interprète de « L’Important c’est d’aimer », «Une histoire simple», «Les choses de lavie»,«Plein soleil» et de «Sissi»…
Exposition «Romy Schneider & Alain Delon, Les Amants magnifiques», du 01 novembre au 08 décembre 2019, au Centre Culturel Chapelle Sainte-Anne, Place du Maréchal Leclerc -La Baule-Escoublac, du mardi au dimanche de 14h à 19h, entrée libre. Une exposition organisée par le Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule en partenariat avec la Ville de La Baule et la Galerie de l’Instant (Commissaire d’exposition: Julia Gragnon)
Critique - LA PISCINE de Jacques Deray (1969)
Marianne (Romy Schneider) et Jean-Paul (Alain Delon) passent en effet des vacances en amoureux dans la magnifique villa qui leur a été prêtée sur les hauteurs de Saint-Tropez. L’harmonie est rompue lorsqu’arrive Harry (Maurice Ronet), ami de Jean-Paul et de Marianne chez lequel ils se sont d’ailleurs rencontrés, cette dernière entretenant le trouble sur la nature de ses relations passées avec Harry. Il arrive accompagné de sa fille de 18 ans, la gracile et nonchalante Pénélope (Jane Birkin).
La piscine fait partie de ces films que l’on peut revoir un nombre incalculable de fois (du moins que je peux revoir un nombre incalculable de fois) avec le même plaisir pour de nombreuses raisons mais surtout pour son caractère intelligemment elliptique et son exceptionnelle distribution et direction d’acteurs.
Dès les premières secondes, la sensualité trouble et la beauté magnétique qui émane du couple formé par Romy Schneider et Alain Delon, la langueur que chaque plan exhale plonge le spectateur dans une atmosphère particulière, captivante. La tension monte avec l’arrivée d’Harry et de sa fille, menaces insidieuses dans le ciel imperturbablement bleu de Saint-Tropez. Le malaise est palpable entre Jean-Paul et Harry qui rabaisse sans cesse le premier, par une parole cinglante ou un geste méprisant, s’impose comme si tout et tout le monde lui appartenait, comme si rien ni personne ne lui résistait.
Pour tromper le langoureux ennui de l’été, un jeu périlleusement jubilatoire de désirs et de jalousies va alors commencer, entretenu par chacun des personnages, au péril du fragile équilibre de cet été en apparence si parfait et de leur propre fragile équilibre, surtout celui de Jean-Paul, interprété par Alain Delon qui, comme rarement, incarne un personnage vulnérable à la sensualité non moins troublante. L’ambiguïté est distillée par touches subtiles : un regard fuyant ou trop insistant, une posture enjôleuse, une main effleurée, une allusion assassine. Tout semble pouvoir basculer dans le drame d’un instant à l’autre. La menace plane. L’atmosphère devient de plus en plus suffocante.
Dès le début tout tourne autour de la piscine : cette eau bleutée trompeusement limpide et cristalline autour de laquelle ils s’effleurent, se défient, s’ignorent, s’esquivent, se séduisent, autour de laquelle la caméra virevolte, enserre, comme une menace constante, inéluctable, attirante et périlleuse comme les relations qui unissent ces 4 personnages. Harry alimente constamment la jalousie et la susceptibilité de Jean-Paul par son arrogance, par des allusions à sa relation passée avec Marianne que cette dernière a pourtant toujours niée devant Jean-Paul. Penelope va alors devenir l’instrument innocent de ce désir vengeur et ambigu puisqu’on ne sait jamais vraiment si Jean-Paul la désire réellement, s’il désire atteindre Harry par son biais, s’il désire attiser la jalousie de Marianne, probablement un peu tout à la fois, et probablement aussi se raccrochent-ils l’un à l’autre, victimes de l’arrogance, la misanthropie masquée et de la désinvolture de Harry. C’est d’ailleurs là que réside tout l’intérêt du film : tout insinuer et ne jamais rien proclamer, démontrer. Un dialogue en apparence anodin autour de la cuisine asiatique et de la cuisson du riz alors que Jean-Paul et Penelope reviennent d’un bain nocturne ne laissant guère planer de doutes sur la nature de ce bain, Penelope (dé)vêtue de la veste de Jean-Paul dans laquelle elle l’admirait de dos, enlacer Marianne, quelques jours auparavant, est particulièrement symptomatique de cet aspect du film, cette façon d’insinuer, cette sensualité trouble et troublante, ce jeu qui les dépasse. Cette scène entremêle savoureusement désirs et haines latents. Les regards de chacun : respectivement frondeurs, évasifs, provocants, dignes, déroutés… font que l’attention du spectateur est suspendue à chaque geste, chaque ton, chaque froncement de sourcil, accroissant l’impression de malaise et de fatalité inévitable.
Aucun des 4 personnages n’est délaissé, la richesse de leurs psychologies, de la direction d’acteurs font que chacune de leurs notes est indispensable à la partition. La musique discrète et subtile de Michel Legrand renforce encore cette atmosphère trouble. Chacun des 4 acteurs est parfait dans son rôle : Delon dans celui de l’amoureux jaloux, fragile, hanté par de vieux démons, d’une sensualité à fleur de peau, mal dans sa peau même, Romy Schneider dans celui de la femme sublime séductrice dévouée, forte, provocante et maternelle, Jane Birkin dont c’est le premier film français dans celui de la fausse ingénue et Maurice Ronet dans celui de l’ « ami » séduisant et détestable, transpirant de suffisance et d’arrogance…et la piscine, incandescente à souhait, véritable « acteur ». Je ne vous en dirai pas plus pour ne pas lever le voile sur les mystères qui entourent ce film et son dénouement.
Deray retrouvera ensuite Delon à 8 reprises notamment dans Borsalino, Flic story, Trois hommes à abattre… mais La piscine reste un film à part dans la carrière du réalisateur qui mettra en scène surtout un cinéma de genre.
Neuf ans après Plein soleil de René Clément (que je vous recommande également), la piscine réunit donc de nouveau Ronet et Delon, les similitudes entres les personnages de ces deux films sont d’ailleurs nombreuses et le duel fonctionne de nouveau à merveille.
Un film sensuel d'une incandescence trouble porté par des acteurs magistraux, aussi fascinants que cette eau bleutée fatale, un film qui se termine par une des plus belles preuves d’amour que le cinéma ait inventée. A voir et à revoir. Plongez dans les eaux troubles de cette « piscine » sans attendre une seconde …à vos risques et périls.
En complément : cliquez ici pour retrouver mon article sur la remise de la palme d'or d'honneur à Alain Delon lors du dernier Festival de Cannes avec également le récit de sa master class et une dizaine de critiques de films avec l'acteur.
5 films documentaires inédits (dont une Première Mondiale)
- «André Téchiné, l’insoumis», de Thierry Klifa
- «Bandes originales : Gabriel Yared », de Pascale Cuenot
- «Bandes Originales : Jean-Michel Bernard», de Pascale Cuenot (Première Mondiale)
-«Les silences de Johnny», de Pierre William Glenn / Musique de RurikSallé
- «Romy Schneider, à fleur de peau», de Bertrand Teissier
RENCONTRES & MASTER CLASS
Pour la deuxième année consécutive, l’UCMF (l’Union des Compositeurs de Musiques de Films), renouvelle son partenariat avec le Festival. À cette occasion, les compositeurs lauréats des Prix UCMF 2019, seront conviés au Festival. Ils participeront à une table ronde sur le thème de la musique à l’image.
Des Masters Class seront aussi organisées avec les Principaux invités du Festival, animées par Stéphane Lerouge.
Des rencontres auront lieu avec les scolaires:
*Projection d’un film à destination de 900 élèves d’écoles primaires de La Baule, suivie d’un échange avec le compositeur de la musique du film, pour une première approche et initiation de la musique à l’image.
*Rencontre avec 200 lycéens de la Cité Scolaire Grand Air à La Baule avec Gabriel Yared (master class dans l’amphithéâtre du lycée).
LA FACTORY
Cette année une résidence d'artistes nommée «La Factory » sera créée. Elle accueillera à La Baule, 6 jeunes étudiants compositeurs de musique de films issus des CNSM (Conservatoire National Supérieur de Musique) de Paris et de Lyon, ainsi que du Conservatoire Municipal de Paris, Paul Dukas(Paris12e).
Encadré par le compositeur et enseignant, Emmanuel d’Orlando (« Populaire », « House of time », « Si j’étais un homme »…), ces six jeunes compositeurs auront 4 jours pour composer une oeuvre originale sur place, destinée à un court métrage d’animation de l’École des Gobelins(une des meilleures écoles d’animation aum onde).
Un Ibis de la Révélation JeuneTalent, récompensera l’un d’entre eux.
Ce festival et l'inoubliable et bouleversant concert de Michel Legrand (au lendemain du tragique 13 novembre 2015) sont d'ailleurs le cadre et la toile de fond de l’une des nouvelles de mon recueil Les illusions parallèles. (Editions du 38 - 2016).