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Palmarès des Paris Film Critics Awards 2024

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« Telle est la vie des hommes. Quelques joies, très vite effacées par d'inoubliables chagrins. Il n'est pas nécessaire de le dire aux enfants. » Cette phrase de Marcel Pagnol a été citée dans l’introduction du magnifique discours de Vincent Lindon, le récipiendaire du Prix d’honneur des Paris Film Critics Awards 2024 dont a eu lieu hier soir la troisième édition, particulièrement réussie. Des joies, le cinéma m’en a procuré tant, devant et au-delà de l’écran, fiction et réalité s’entrelaçant parfois en un tango endiablé.  Des joies à l’image de celles procurées par les films primés cette année.

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Damien Chazelle © Paris Film Critics

En tête des lauréats figurent ainsi 2 films (4 récompenses chacun) pour lesquels j'avais partagé longuement mon enthousiasme ici : Anatomie d’une chute de Justine Triet  (meilleur film, meilleure actrice pour Sandra Hüller, meilleur scénario original, meilleur montage) et Babylon de Damien Chazelle (meilleur réalisateur, Brad Pitt meilleur acteur dans un second rôle, meilleure musique originale, meilleurs décors).

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Le jury des Paris Film Critics Awards est constitué d’un collège de votants composé de 100 critiques et journalistes professionnels de cinéma et culture basés à Paris (l’académie des Paris Film Critics) dont j’ai le plaisir de faire partie. L’académie en question désigne ainsi les meilleurs longs-métrages (sortis en salles ou sur des plateformes durant l’année 2023) et talents du cinéma français et international en compétition lors de cette 3ème édition des Paris Film Critics Awards.

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Créés à l’initiative de Sam Bobino (fondateur & co-président du Festival du Film de La Baule -vous pouvez retrouver ici mon compte-rendu de la dernière édition de ce festival-, délégué général de la Semaine du Cinéma Positif à Cannes), les 3èmes Paris Film Critics Awards ont été décernés lors d’une cérémonie qui a eu lieu ce 4 février  au Silencio des Prés, présentée par les journalistes et membres de l’académie, Elodie Suigo (France Info) et Kevin Elarbi (Canal+ / Le Cercle).

À l’image des New York Film Critics Circle Awards, Los Angeles Film Critics Association Awards ou London Critics Film Awards, les Paris Film Critics Awards récompensent chaque année le meilleur du cinéma mondial.

Parmi les nouveautés cette année : la création de trois nouveaux prix, celui des meilleurs costumes, de la contribution exceptionnelle au cinéma et celui rendant hommage à une institution majeure du cinéma (cette année, la Warner Bros.).

Le palmarès de la première édition des Paris Film Critics Awards avait couronné beaucoup de films français et avait ainsi témoigné de la diversité de la production cinématographique française, ce qui fut d'ailleurs à nouveau le cas l’an passé. En 2022, c’est ainsi le long-métrage de Xavier Giannoli, Illusions perdues, qui avait reçu le Paris Film Critics Awards du meilleur film tandis que son acteur Vincent Lacoste recevait celui du meilleur second rôle masculin pour cette adaptation magistrale du chef-d’œuvre de Balzac. Vous pouvez retrouver mon compte-rendu complet de cette première édition des Paris Film Critics Awards ainsi que le palmarès, dans mon article, ici. L’an passé, La Nuit du 12 avait été élu meilleur film de l’année. Le film de Dominik Moll avait également reçu le prix de la meilleure adaptation et du meilleur second rôle féminin par Anouk Grinberg. Je vous invite à lire mon récit complet de la cérémonie 2023 et le détail du palmarès ici.

Cette année, c'est donc à nouveau un film français qui a reçu le Paris Film Critics Award du film de l'annnée.

Cette cérémonie a également rendu hommage à deux figures marquantes du cinéma international en attribuant un prix d’honneur à Vincent Lindon et un prix pour l’ensemble d’une carrière à Jerry Schatzberg (à l’issue de la cérémonie a été également diffusé le documentaire de Pierre Filmon, Jerry Schatzberg portrait paysage, dont vous pouvez lire ma critique en bas de cet article).

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Un prix de la contribution exceptionnelle au cinéma a également été attribué au critique de cinéma récemment disparu, Michel Ciment.

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« Tout art aspire à la musique », « Il n’y a rien de plus magique qu’un tournage de film ». Ces deux citations extraites de Babylon de Damien Chazelle donnent une idée de l’impression qui subsiste après ce voyage étourdissant, cette épopée à dessein cacophonique et fougueuse qui exhale une fièvre qui nous emporte comme un morceau de jazz échevelé, ce jazz qui parcourt le film avec cette bo remarquable, énergique et entêtante, tantôt lyrique tantôt sauvage, signée Justin Hurwitz. La musique sert aussi de lien dans ce film de désordres assumés.  Un film délicieusement excessif qui trouve indéniablement la musique à laquelle il aspire. Puissante. Envoûtante. Démente.  Un film d’une captivante extravagance, effervescent et mélancolique, un chaos étourdissant aussi repoussant qu’envoûtant, qui heurte et emporte, une parabole du cinéma avec son mouvement perpétuel, dont vous ne pourrez que tomber amoureux si vous aimez le cinéma parce qu’il en est la quintessence éblouissante et novatrice.

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Avec Anatomie d’une chute, Justine Triet et Arthur Harari (coscénariste) livrent un film palpitant sur le doute, le récit, la vérité, la complexité du couple, et plus largement des êtres. Un film qui fait une confiance absolue au spectateur. Un film dont le rythme ne faiblit jamais, que vous verrez au travers du regard de Daniel, l'enfant que ce drame va faire grandir violemment, comme lui perdu entre le mensonge et la vérité, juge et démiurge d’une histoire qui interroge avec maestria les pouvoirs et les dangers de la fiction. Sandra Hüller, récompensée hier, est impressionnante d’opacité, de froideur, de maitrise, d’ambiguïté dans ce personnage de femme libre à la personnalité retorse. Plus que de vérité, il est question de réécriture de la vérité, de choix de récit et c’est aussi cela, ce questionnement sur l’écriture, qui rend cette histoire passionnante.

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Si le lauréat du Paris Film Critics Award du documentaire, signé Kaouther Ben Hania, Les Filles d’Olfa interroge aussi la notion de vérité, il nous interpelle également sur le cycle de la violence. Une mise en abyme, une théâtralisation du réel intéressante pour les questions avec lesquelles elle nous laisse et que cela fait émerger, les doutes sur la réécriture de la réalité. Finalement, c’est aussi à une « anatomie d’une chute » que procède Kaouther Ben Hania, presque une enquête pour comprendre comment deux jeunes filles gaies et lumineuses ont pu ainsi se radicaliser, se tourner vers la noirceur, l’obscurantisme et la violence aveugle et inouïe. La musique d’Amine Bouhafa amplifie encore l’émotion. Par ce dispositif, la réalisatrice exalte aussi le rôle de la parole, là où elle n’était plus possible avec celles qui ne voulaient plus entendre que leur vérité, dogmatique. Le dernier regard face caméra nous hantera longtemps et renforce nos interrogations. Ce documentaire qui ne cède jamais au manichéisme, et qui brouille intelligemment la frontière entre réalité et fiction, pour mieux enfanter la vérité, est aussi original que fascinant, citoyen, instructif et poignant.

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Kaouther Ben Hania, Nadim Cheikhrouha © Rachid Bellak

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Bravo également à Ella Rumpf pour son prix de la meilleure révélation féminine pour un film dont je vous avais longuement parlé à l'occasion du Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule 2023, dans le cadre duquel je l'avais découvert : Le Théorème des Marguerite d'Anna Novion. Un sublime portrait de femme et une brillante dissection métaphorique des effets de la création, de la solitude et de l'abnégation qu'elle implique, mais surtout un film sensible, parfaitement écrit et interprété, passionnant de la première à la dernière seconde.

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Ella Rumpf © Jérôme Domine

Le prix d'honneur attribué à Vincent Lindon récompense les quarante ans de carrière d’un artiste complet, prix d’interprétation au Festival de Cannes en 2015 pour La loi du Marché de Stéphane Brizé, suivi d’un César en 2016, un film qu’il a également co-produit tout comme Un autre monde (2021) du même Stéphane Brizé. Mais aussi interprète principal et inoubliable dans des films incontournables du cinéma français comme La Crise de Coline Serreau (1992), Fred et Ma Petite Entreprise de Pierre Jolivet (1997 et 1999), La Moustache d’Emmanuel Carrère (2004), Welcome de Philippe Lioret (2009), Mademoiselle Chambon de Stéphane Brizé (2009), Pater d’Alain Cavalier – dont il est aussi co-scénariste – (2011), Quelques heures de Printemps de Stéphane Brizé (2012), Rodin de Jacques Doillon (2017), En Guerre de Stéphane Brizé (2018) ou plus récemment Titane de Julia Ducournau (Palme d’or à Cannes en 2021), Enquête sur un Scandale d’État de Thierry de Peretti (2021), Un autre Monde – pour lequel il retrouve Stéphane Brizé – (2021) et Avec Amour et Acharnement de Claire Denis (2022). En 2022, il a été président du jury de la 75ème édition du Festival de Cannes où il a succédé à Spike Lee. Vincent Lindon est actuellement à l’affiche de la nouvelle série phare de Canal+, D’Argent et de Sang, créée par Xavier Giannoli et dans laquelle il tient le rôle principal. On le retrouvera prochainement dans les nouveaux films de Nicolas Boukhrief, Delphine et Muriel Coulin, Gilles Bourdos et Quentin Dupieux.

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Vincent Lindon et Sam Bobino © Jérôme Domine

 

Quelques oubliés du palmarès (qui figuraient parmi les films en lice, l'occasion pour moi de vous en parler à nouveau afin de vous inciter à les découvrir de même que les films figurant au palmarès) :

-The Fabelmans : la une déclaration d’amour fou à ses parents et au cinéma de Spielberg. Film mélancolique, flamboyant, intime et universel. Ode aux rêves qu’il faut poursuivre coûte que coûte, malgré le danger, comme on pourchasserait une tornade dévastatrice. Un film sur le pardon, la curiosité. À fleur de peau. À fleur d’enfance. La force du cinéma en un film. Le cinéma qui transcende, transporte, révèle. Qui mythifie la réalité et débusque le réel. Le cinéma qui éclaire et sublime la réalité comme une danse à la lueur des phares. L’art cathartique aussi comme instrument de distanciation. L’art qui capture la beauté, même tragique. 

 - Tár, avec Cate Blanchett, prodigieuse dans cette ode à la polysémie et à la complexité humaines et artistiques, aussi palpitante qu’un thriller dont l’énigme consiste à découvrir qui était Linda Tarr devenue Lydia Tár.  La force du film réside dans le fait de ne pas la lever totalement, donnant juste quelques pistes dans l'alcôve d'une modeste maison d'enfance américaine dans laquelle elle croise un frère dédaigneux.

Parmi les oubliésn India Hair, magistrale dans le premier long-métrage de Delphine Deloget, Rien à perdre, mais aussi Koji Yakusho, l’acteur de Perfect days, la promenade poétique de Wim Wenders dont on ressort avec l’envie de croire en tous les possibles de l’existence que ce film esquisse avec une infinie délicatesse.

Je regrette que The Son de Florian Zeller n'ait pas été récompensé pour l'adaptation, seul prix pour lequel ce film était nommé. Un film sur les cœurs déchirés, meurtris, inconsolables, dévorés par la souffrance, l’impuissance ou la culpabilité. Une magistrale tragédie universelle dont la réalisation fait contraster ces espaces gris et déshumanisés de New York avec les jours ensoleillés, épousant l’instabilité des êtres, avec la caméra qui caresse les espaces inertes ou un chapeau qui s’égare dans les flots pour dire les souvenirs broyés, ou encore pour chavirer devant la beauté lumineuse, fugace et renversante d’une danse au son de It’s not unusual de Tom Jones puis de Wolf de Awir Leon, une joie évincée en un éclair comme le sera un personnage par un brillant mouvement de caméra.

Autre oublié, le long-métrage renversant d’émotions de Charlotte Wells, Aftersun en premier film, un film avec un dernier plan inoubliable. Un dernier plan qui évoque le vide et le mystère que laissent les (êtres et moments, essentiels) disparus, et les instants en apparence futiles dont on réalise trop tard qu’ils étaient cruciaux, fragiles et uniques. Celui du manque impossible à combler. Celui du (couloir) du temps qui dévore tout. Mais Chien de la casse, qui a reçu ce prix, le méritait en effet au moins autant.

- Le scénario de L’Innocence de Kore-eda (récompensé lors du dernier Festival de Cannes) ne pouvait que figurer parmi les nommés même s'il était sans doute difficile de rivaliser avec celui d'Anatomie d'une chute qui a obtenu cette récompense. Un film qui, là aussi, incarne toute la beauté et la force du cinéma : sonder la complexité des êtres, nous perdre pour mieux nous aider à trouver une vérité, nous trouver aussi parfois, nous éblouir pour nous éclairer (avec ces  plans du début et de fin, enflammé pour l’un et irradié pour l’autre, qui se répondent). Un film doux et poétique sur la rugosité des êtres et de la société japonaise, sur l’enfance et ses cruautés. Un film labyrinthique qui nous ramène à la source du tunnel et du secret qu’il traque comme dans un polar, celui des mystères de l’adolescence et de la fausse innocence des adultes. Un film sur les blessés de la vie, thème cher au cinéaste, comme la famille. Scénario et réalisation magistraux à l’unisson portés par la sublime ultime bo de Ryuichi Sakamoto. 

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MEILLEUR FILM

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Marie-Ange_Luciani David Thion © Rachid Bellak

ANATOMIE D’UNE CHUTE / Justine Triet 
BABYLON / Damien Chazelle
JE VERRAI TOUJOURS VOS VISAGES / Jeanne Herry
KILLERS OF THE FLOWER MOON / Martin Scorsese
OPPENHEIMER / Christopher Nolan
L’ENLÈVEMENT / Marco Bellocchio
THE FABELMANS / Steven Spielberg

MEILLEUR.E RÉALISATEUR.TRICE

CHRISTOPHER NOLAN / Oppenheimer
DAMIEN CHAZELLE / Babylon 
JUSTINE TRIET / Anatomie d’une chute
STEVEN SPIELBERG / The Fabelmans
THOMAS CAILLEY / Le Règne animal
MARCO BELLOCCHIO / L’Enlèvement
JEANNE HERRY / Je verrai toujours vos visages

MEILLEURE ACTRICE

CATE BLANCHET / Tar
CATHERINE DENEUVE / Bernadette
HAFSIA HERZI / Le Ravissement
LEA DRUCKER / L’Été Dernier
LILY GLADSTONE / Killers of the Flower Moon
MARION COTILLARD / Little Girl Blue
SANDRA HÜLLER / Anatomie d’une chute 

MEILLEUR ACTEUR

ARIEH WORTHALTER / Le Procès Goldman 
BENJAMIN LAVERNHE / L’Abbé Pierre – Une vie de combats
CILLIAN MURPHY / Oppenheimer
KOJI YAKUSHO / Perfect Days
PAUL GIAMATTI / Winter Break
RAPHAËL QUENARD / Yannick
VINCENT LACOSTE / Le Temps d’aimer

MEILLEURE ACTRICE DANS UN SECOND RÔLE

ADÈLE EXARCHOPOULOS / Je verrai toujours vos visages
BLANCHE GARDIN / Le livre des solutions
DA’VINE JOY RANDOLPH / Winter Break
EMILY BLUNT / Oppenheimer
INDIA HAIR / Rien à Perdre
MICHÈLE WILLIAMS / The Fabelmans
NOÉMIE MERLANT / Tar

MEILLEUR ACTEUR DANS UN SECOND RÔLE

BRAD PITT / Babylon 
LOUIS GARREL / Les Trois Mousquetaires : D’Artagnan
RAPHAËL QUENARD / Chien de la Casse
ROBERT DE NIRO / Killers of the Flower Moon
ROBERT DOWNEY JR. / Oppenheimer
ROMAIN DURIS / Le Règne Animal
RYAN GOSLING / Barbie

MEILLEURE RÉVÉLATION FÉMININE

CARRIE CROWLEY / The Quiet Girl
ELLA RUMPF / Le Théorème de Marguerite (Lauréat)
KIM HIGELIN / Le Consentement
MAGALIE LÉPINE-BLONDEAU / Simple Comme Sylvain
MIA MCKENNA-BRUCE / How To Have Sex
STEPHANE CAILLARD / Flo
SUZY BEMBA / Le Retour

MEILLEURE RÉVÉLATION MASCULINE

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Raphael Quenard © Rachid Bellak

ARTHUR HARARI / Le Procès Goldman
DIEGO CALVA / Babylon
GABRIEL LABELLE / The Fabelmans
MILO MACHADO GRANER / Anatomie d’une chute
PAUL KIRCHER / Le Règne Animal
RAPHAËL QUENARD / Chien de la casse 
SAMUEL KIRCHER / L’Été Dernier

MEILLEUR SCÉNARIO ORIGINAL

ANATOMIE D’UNE CHUTE / Justine Triet, Arthur Harari 
BABYLON / Damien Chazelle
JE VERRAI TOUJOURS VOS VISAGES / Jeanne Herry
LE PROCES GOLDMAN / Cédric Khan, Nathalie Herzberg
LE RÈGNE ANIMAL / Thomas Cailley, Pauline Munier
L’INNOCENCE / Yüji Sakamoto
THE FABELMANS / Steven Spielberg, Tony Kushner

MEILLEURE ADAPTATION

KILLERS OF THE FLOWER MOON / Eric Roth, Martin Scorsese 
LE CONSENTEMENT / Vanessa Fiho, Vanessa Springora, François Pirot
LES ALGUES VERTES / Pierre Jolivet, Inès Léraud
LES TROIS MOUSQUETAIRES : D’ARTAGNAN / Alexandre de La Patellière, Mathieu Delaporte
MON CRIME / François Ozon
OPPENHEIMER / Christopher Nolan
THE SON / Christopher Hampton, Florian Zeller

MEILLEURE PHOTOGRAPHIE

ANATOMIE D’UNE CHUTE / Simon Beaufils
BABYLON / Linus Sandgren
KILLERS OF THE FLOWER MOON / Rodrigo Prieto
LA FEMME DE TCHAÏKOVSKI / Vladislav Opelyants
LE RÈGNE ANIMAL / David Cailley
OPPENHEIMER / Hoyte van Hoytema 
THE FABELMANS / Janusz Kaminski

MEILLEUR MONTAGE

ANATOMIE D’UNE CHUTE / Laurent Sénéchal 
BABYLON / Tom Cross
KILLERS OF THE FLOWER MOON / Thelma Schoonmaker
LE RÈGNE ANIMAL / Lilian Corbeille
LE LIVRE DES SOLUTIONS / Élise Fievet
OPPENHEIMER / Jennifer Lame
TAR / Monika Willi

MEILLEURE MUSIQUE ORIGINALE

BABYLON / Justin Hurwitz 
DISCO BOY / Vitalic
LE GARÇON ET LE HÉRON / Joe Hisaiishi
LE RÈGNE ANIMAL / Andrea Laszlo De Simone
LINDA VEUT DU POULET ! / Clément Ducol
OPPENHEIMER / Ludwig Göransson
THE FABELMANS / John Williams

MEILLEURS DÉCORS

BABYLON / Florencia Martin 
BARBIE / Sarah Greenwood
KILLERS OF THE FLOWER MOON / Jack Fisk
LES TROIS MOUSQUETAIRES :
D’ARTAGNAN / Stéphane Taillasson
MON CRIME / Jean Rabasse
OPPENHEIMER / Ruth De Jong
THE FABELMANS / Rick Carter

MEILLEURS COSTUMES

BABYLON / Mary Zophres
BARBIE / Jacqueline Durran
KILLERS OF THE FLOWER MOON / Jacqueline West
LA FEMME DE TCHAÏKOVSKI / Dimitri Andreïev
L’ENLÈVEMENT / Sergio Ballo, Daria Calvelli
LES TROIS MOUSQUETAIRES : D’ARTAGNAN / Thierry Delettre 
NAPOLÉON / David Crossman, Janty Yates

MEILLEUR PREMIER FILM

AFTERSUN / Charlotte Wells
BERNADETTE / Léa Domenach
CHIEN DE LA CASSE / Jean-Baptiste Durand 
HOW TO HAVE SEX / Molly Manning Walker
LE RAVISSEMENT / Iris Kaltenback
RIEN À PERDRE / Delphine Deloget
VINCENT DOIT MOURIR / Stéphan Castang

MEILLEUR FILM D’ANIMATION

INTERDIT AUX CHIENS ET AUX ITALIENS / Alain Ughetto
LE GARÇON ET LE HÉRON / Hayao Miyazaki
LINDA VEUT DU POULET ! / Chiara Malta, Sébastien Laudenbach
MARS EXPRESS / Jérémie Périn 
MON AMI ROBOT / Pablo Berger
SPIDER MAN : ACROSS THE SPIDER-VERSE / Joaquim Dos Santos, Kemp Powers, Justin K. Thompson
SUZUME / Makoto Shinkai

MEILLEUR DOCUMENTAIRE

LA RIVIÈRE / Dominique Marchais
LES FILLES D’OLFA / Kaouther Ben Hania 
LITTLE GIRL BLUE / Mona Achache
NOTRE CORPS / Claire Simon
SUR L’ADAMANT / Nicolas Philibert
TOUTE LA BEAUTÉ ET LE SANG VERSÉ / Laura Poitras
VOYAGE AU PÔLE SUD / Luc Jacquet

MEILLEURE SÉRIE (ou Mini-Série)

D’ARGENT ET DE SANG / Xavier Giannoli 
LA NUIT OU LAURIER GAUDREAULT S’EST RÉVEILLÉ / Xavier Dolan
POLAR PARK / Gérald Hustache-Mathieu
SAMBRE / Alice Géraud, Marc Herpoux
SUCCESSION / Jesse Armstrong
TAPIE / Tristan Séguéla, Olivier Demangel
TOUT VA BIEN / Camille de Castelnau

PRIX D’HONNEUR / HONORARY AWARD

VINCENT LINDON

PRIX POUR L’ENSEMBLE D’UNE CARRIÈRE

JERRY SCHATZBERG

 PRIX DE LA CONTRIBUTION EXCEPTIONNELLE AU CINÉMA

MICHEL CIMENT

PRIX DE LA MEILLEURE CONTRIBUTION À L’ART DU CINÉMA

WARNER BROS.

 

CRITIQUE DE JERRY SCHATZBERG, PORTRAIT PAYSAGE de PIERRE FILMON

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Je vous avais déjà parlé de Pierre Filmon, l’an passé, à l’occasion de la sortie de Entre deux trains (Long Time No See), son deuxième long-métrage et son premier long-métrage de fiction pour lequel j’avais eu un énorme coup de cœur. Je vous le recommande à nouveau vivement. Il est désormais disponible en DVD chez Tamasa éditions. Il a d’ailleurs reçu de nombreux prix dans le monde. Il a ainsi parcouru 35 festivals internationaux et 17 pays. Pierre Rochefort a obtenu le prix du meilleur acteur en Espagne. Au Chili, le film a obtenu le prix du Best fiction film. En Inde, au Rajasthan IFF, Pierre Filmon a obtenu deux prix : honorary Award et best directeur. Au Kosovo, le film a obtenu le prix du meilleur film… Et si cela ne suffisait pas pour vous convaincre de le découvrir, vous trouverez à nouveau ma critique ci-dessous.

Pierre Filmon a réalisé plusieurs courts-métrages et son premier long-métrage, Close encounters with Vilmos Zsigmond, était en Sélection officielle au Festival de Cannes 2016 dans le cadre de Cannes Classics. Ce documentaire est consacré à Vilmos Zsigmond, formidable directeur de la photographie qui a travaillé avec les plus grands réalisateurs : Robert Altman, John Boorman, Steven Spielberg, Brian de Palma, Peter Fonda et… Jerry Schatzberg.

C’est justement à ce dernier que Pierre Filmon a donc consacré ce dernier documentaire : Jerry Schatzberg, portrait paysage, qui se focalise sur « l’univers photographique de Jerry Schatzberg, jeune homme de 95 ans, le dernier des Mohicans du Nouvel Hollywood, photographe et cinéaste qui a réalisé des films avec Al Pacino, Gene Hackman, Meryl Streep, Faye Dunaway et Morgan Freeman et a obtenu une Palme d’Or en 1973 pour L’épouvantail». Le film a été présenté en Première Mondiale à la 79ème Mostra, en septembre dernier.

Entre deux trains transpirait déjà la passion du cinéma, avec de nombreuses influences, d’Agnès Varda à David Lean. Et c’est cette même passion de l’art du passionné Pierre Filmon que l’on retrouve dans ce documentaire qui s’intéresse au travaille de photographe de Jerry Schatzberg. Même si vous ne connaissiez pas son travail, vous aviez forcément vu une de ses plus célèbres photos, celle, sublimissime, de Faye Dunaway, auréolée de noir, qui avait été mise à l’honneur sur l’affiche du Festival de Cannes 2011, modèle de grâce, d’épure, de sobriété, de sophistication, de mystère, de classe, de glamour, et même pourvue d’une certaine langueur… Cette photo avait été prise par Jerry Schatzberg en 1970.

Le documentaire de Pierre Filmon qui est le plus beau des hommages au travail remarquable et fascinant de Jerry Schatzberg est un dialogue de ce dernier avec le critique Michel Ciment au gré d’une exposition lors de laquelle il croise des portraits (dont, d’ailleurs, le sien), l’occasion de revenir sur ces fabuleuses rencontres qui ont donné lieu à ces photos singulières et marquantes. Ce plan-séquence permet de découvrir la richesse, la profondeur, la diversité du travail de l’artiste né dans le Bronx en 1927 (un an avec Kubrick au même endroit !) découvert par Pierre Ricient qui s’est battu pour que son premier film sorte en France. Rien ne prédestinait à la photographie et au cinéma celui qui travailla d’abord comme fourreur, comme son père, (ce qu’il détesta) avant de commencer comme assistant photographe pour le New York Times jusqu’ à devenir ce photographe immensément talentueux qui parvient toujours à capter quelque chose de la vérité des êtres (que ce soit de la toute jeune Catherine Deneuve, Aretha Franklin ou un enfant inconnu ou même des photos de nus) même dans des photos plus sophistiquées.

Michel Ciment a rappelé quel découvreur de talents il a aussi été, ayant notamment à son actif les découvertes d’Al Pacino ou Guillaume Canet qu’il avait fait tourner dès 2001 dans The day the ponies come back. « Ce qui le caractérisé, c'est de faire du mouvement, du presque cinéma dans un décor naturel réaliste» a expliqué hier Michel Ciment. Ce fut «le contraire pour Bob Dylan»  avec des photos en studio dans lesquelles Schatzberg a « capté sa sensibilité, son intelligence et son charisme » a souligné Michel Ciment. Par ailleurs, pour ce dernier, « pas un seul metteur en scène américain n’a fait à la suite trois films aussi extraordinaires ».

Ce travail en petite équipe, 4 personnes avec Olivier Chambon qui avait déjà été le filmeur de la séquence sur Jerry Schatzberg dans le film de Pierre Filmon sur Vilmos Zsigmond, procure tout son caractère intimiste, sincère et naturel à ce documentaire.

Michel Ciment a conclu en disant que « le rapport émotionnel avec le sujet est très important » et que Jerry Schatzberg est un « esthète, grand metteur en scène formel mais qui s'intéresse aussi aux émotions, aux rapports humains comme c'est le cas de tous les grands metteurs en scène. Le public vient au cinéma pour ressentir des émotions. C'est ce travail formel qui lui permet d’accéder aux émotions. » C’est sans aucun doute aussi le cas du cinéma de Pierre Filmon qui cherche toujours à saisir l’émotion, par la fiction ou le documentaire.

Il se pourrait qu’il y ait une suite. Espérons-le tant ce documentaire nous donne envie d’en savoir plus sur Jerry Schatzberg mais aussi de retrouver le regard aiguisé, passionné et enthousiaste de Pierre Filmon sur celui-ci et sur le cinéma en général.

Pour en savoir plus : http://pierrefilmon.com.

Et pour le Silencio des Prés : https://lesilencio.com/  

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