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Festival de Cannes 2024 - Quinzaine des Cinéastes - Critique de À SON IMAGE de THIERRY DE PERETTI

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À son image, le dernier film de Thierry de Peretti (Une vie violente, Enquête sur un scandale d’Etat etc) a été présenté hier à la Quinzaine des Cinéastes (qui révéla le cinéaste en 2013 avec Les Apaches). Il nous présente ici des fragments de la vie d’Antonia (Clara-Maria Laredo), une jeune photographe de Corse-Matin à Ajaccio entre son engagement, ses amis et ses amours qui se mélangent aux grands événements de l’histoire politique de l'île, des années 1980 à l'aube du XXIe siècle. C’est la fresque d’une génération mais aussi le portrait d’une jeune femme sur une quinzaine d'années.

À son image est une adaptation du roman éponyme de Jérôme Ferrari. C’est aussi la première adaptation du cinéaste, réalisateur d'Une vie violente, un long-métrage qui avait déjà la Corse pour cadre et qui racontait l’histoire de Stéphane qui décidait de retourner en Corse pour assister à l'enterrement de Christophe, son ami d'enfance et compagnon de lutte, assassiné la veille mais surtout l’occasion pour lui de se rappeler les évènements qui l’ont vu passer, petit bourgeois cultivé de Bastia, de la délinquance au radicalisme politique et du radicalisme politique à la clandestinité.

Antonia, quant à elle, est une photographe de Corse-Matin qui vit en couple avec un nationaliste corse. Elle se tient à l’écart de ses activités mais souffre de plus en plus de ses séjours en prison et finit par le quitter. Dans le même temps, ses reportages pour le journal la satisfont de moins en moins et elle décide de couvrir les conflits internationaux, au grand désarroi de ses parents. C’est à travers son regard et ses désillusions que nous verrons l’histoire de l’île et ses atermoiements politiques, avant sa mort accidentelle par laquelle commence le film, sur une sublime musique, aussi charnelle que le film met à distance l’émotion, qui donne le ton du long-métrage, intelligemment paradoxal, après ce début marquant et captivant, un plan fixe qui déroule une conversation téléphonie entre Antonia et sa mère, quelques plans en bord de mer illuminés d'une lumière incandescente et la mort accidentelle d'Antonia.

L’affaire Bastelica-Fesch, le double homicide de la prison d’Ajaccio, la mort de Robert Sozzi, la scission au sein du FLNC… sont autant de faits historiques qui rythment l’histoire de À son image. Le réalisateur (avec sa coscénariste Jeanne Aptekman) ont fait le choix de la voix off à la troisième personne, celle d’un témoin essentiel de la vie d’Antonia, ce qui contribue là aussi à créer cette émotion à distance de laquelle la caméra se tient, par petites touches.

La photographie de Josée Deshaies nimbe le film d’un éclat solaire en contradiction avec la tragédie qui se joue. Une danse macabre et fascinante.

À noter que le réalisateur incarne le prêtre, parrain d’Antonia.

Le film est le portrait d’une femme et d’une époque mais aussi une réflexion passionnante sur la photographie qui immortalise la vie et porte en elle un peu de la mort de ce qu’elle fige. Une mélancolie qui imprègne l’image et l’histoire.  C’est aussi une réflexion sur l’engagement politique, ses limites et ses contradictions. À son image entremêle ainsi effet éléments de fiction et faits historiques (images d’archives, citation de faits réels).

Un film sobre et elliptique qui nous laisse pourtant une forte empreinte, celle de la musique poignante et du visage d’Antonia qui devient celui de la Corse qu'elle immortalise.

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