Je vous ai parlé du métier de scénariste au cinéma. Je voulais aujourd’hui aborder une profession encore plus méconnue, et non moins passionnante et essentielle, celle de directeur artistique. Pouvez-vous me citer un seul directeur artistique ? Et pourtant, le directeur artistique représente un rouage primordial dans le processus de création d’un film !

Il est responsable de l’aspect artistique et esthétique. Indissociable du réalisateur avec lequel il est en lien permanent, il travaille également essentiellement avec le styliste, le chef costumier, le décorateur et le chef opérateur. Il doit aussi s’occuper du budget des différentes professions qu’il supervise, et de leur agenda.

Sorte de maître d’œuvre, de démiurge même, il doit avoir une vision d’ensemble du film, de son ambiance, et lui procurer une identité visuelle harmonieuse afin que tout s’uniformise et soit cohérent.

 L’univers visuel lui doit donc beaucoup, du décor aux accessoires en passant par les costumes. C’est une profession qui fait aussi appel à des personnalités qui savent s’adapter facilement, avec pour corollaire le grand atout de ce métier : sa diversité. Il nécessite une grande créativité et en même temps un grand sens de l’organisation. Le directeur artistique doit avoir une vision qui ne veut pas dire une sorte d’illumination mais au contraire, une vision basée sur des éléments concrets, une parfaite connaissance du projet mais aussi de l’histoire du cinéma. Si, comme pour toute profession liée au cinéma, il est indispensable de se former soi-même en étant curieux, et voyant un maximum de films, on m’a souvent parlé de CIFACOM comme d’une école particulièrement adaptée pour ceux qui souhaitent se former à cette profession riche, complexe et passionnante.

 Il doit s’y connaître dans tous les métiers, être doué pour la communication et avoir une solide culture cinématographique. Pour exemple, pensez à un film comme Illusions perdues, de Xavier Giannoli, adapté de Balzac. Comment faire de ce chef-d’œuvre de la littérature une œuvre visuelle où rien ne semble anachronique ou hors-propos ? Pour cela, deux directeurs artistiques ont travaillé sur ce projet, Bruno Via et Etienne Rohde, avec pour résultat un film d’une rare magnificence qui nous immerge dans La Comédie humaine.