Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

- Page 3

  • La bande annonce du "Che: l'Argentin" en avant-première

    Vous l’avez peut-être remarqué : quelques changements ont eu lieu sur « In the mood for cinema » ces derniers temps avec  notamment un sommaire recentré sur l’essentiel, et surtout un nombre et une fréquence de notes qui s’intensifient notamment concernant les événements, les avant-premières avec également une nouvelle rubrique « chroniques télévisuelles ».

     Je vous annonce dès aujourd’hui que, malgré le temps radieux, les invitations pleuvant pour « In the mood for cinema » et venant de part et d’autre, le rythme des critiques s’intensifiera encore prochainement, avec de nombreux  événements et avant-premières et de belles surprises pour cette fin du mois,  que ce soit pour les chroniques télévisuelles, cinématographiques ou théâtrales…

      En attendant, pour patienter, je vous livre ci-dessous la bande annonce du « Che : l’Argentin »  de Steven Soderbergh pour lequel Benicio del Toro a eu le prix d’interprétation au dernier Festival de Cannes.  Sortie en salles en janvier 2009…

    Plus d'infos sur ce film
  • « Flics », la nouvelle série policière française, d’après une idée d’Olivier Marchal, ce soir sur TF1

    flics.jpgLe 1er octobre dernier, je vous parlais de la série "Flics" vu en avant-première au Studio 28. Les deux premiers épisodes passent ce soir sur TF1.

    Cliquez ici pour accéder à mon article et à ma critique en avant-première de "Flics".

    N'hésitez pas à laisser vos commentaires sur ce blog suite à la diffusion...

    Lien permanent Imprimer Catégories : CHRONIQUES TELEVISUELLES Pin it! 7 commentaires
  • "Blindness" de Fernando Meirelles: sortie en salles du film d'ouverture du 61ème Festival de Cannes

     A l'occasion de la sortie en salles cette semaine de "Blindness" de Fernando Meirelles, le film d'ouverture du 61ème Festival de Cannes, vous pouvez retrouver ci-dessous l'article que j'avais consacré à cette ouverture sur "In the mood for Cannes" ainsi que ma critique du film.
    blindness2.jpg
    1442333988.JPG
    Les marches vues d'en haut, photo "In the mood for Cannes" 2008
    1373974014.JPG
    Le sésame pour la cérémonie d'ouverture

    Ne trouvez-vous pas que les songes et les mythes et les rêves d’enfance, parfois, paraissent plus réels que la réalité ? Dans les miens il y avait cette cérémonie d’ouverture que je regardais toujours, quoiqu’il arrive, les yeux écarquillés, avides de la moindre inflexion de ton, du moindre regard troublé, ému, désarçonné que la caméra captait, scrutait, dévorait, décuplait dans cette salle dont le souffle semblait suspendu le temps de cet étrange, solennel, mythique protocole. Ouverture de cette fenêtre elle-même ouverte sur le monde, sur un océan de possibles, de rêves, d’utopies, d’imprévus,  de découvertes et d’audaces cinématographiques, d’instants de cinéma et de vie langoureusement, dangereusement, magnifiquement entremêlés. Dans mes rêves d’enfance, l’émotion ressentie à cet instant par les 2300 privilégiés présents dans cette salle, antre du septième art, point de mire des cinéphiles et amateurs de cinéma du monde entier, devait  être indicible. J’ai alors réalisé toute la force du gros plan, de l’émotion cinématographique que la réalité ne sait pas toujours égaler mais qu’elle saisit avec parcimonie, avec plus de sincérité peut-être.

     A peine arrivée à Cannes, émergeant à peine de la réalité, le festival m’emportait dans son tourbillon frénétique et surréaliste,  je me retrouvais en pleine cérémonie d'ouverture, face à mes rêves d’enfance, après cet « étrange rituel  venu du Sud » pour paraphraser Edouard Baer. Alors que derrière mon écran j’imaginais que les cœurs devaient battre la chamade avant cet instant cinématographique historique qui ouvre 12 jours de festivités cinéphiliques (pas seulement certes) , dans la réalité la léthargie semblait s’être emparée des festivaliers tandis que la montée des marches se poursuivait diffusée sur les écrans à l’intérieur de la salle. Pourtant quand le générique du festival a égrené ses quelques mythiques notes, enfin alors cette musique a agi comme une réminiscence de mes souvenirs de ce festival, vécus réellement depuis mon premier festival il y a 8 ans, ou à travers mon regard d’enfant fasciné, intrigué, happé. A peine le temps de savourer un léger frisson d’émotion qu’Edouard Baer apparaîssait sur scène avec sa désinvolture élégante, son ironie faussement nonchalante, son humour décalé et sa gravité légère, son « heart full of love » aux accents shakespeariens. Il nous a parlé de fierté  et d’ arrogance là où elles sont d’ailleurs l’arme et la défense des festivaliers, si orgueilleusement exhibées. Puis, il nous a parlé du labyrinthe de David Lynch dans lequel j’ai d’ores et déjà envie de m’égarer et il a remercié Cannes pour avoir « kidnappé le grand fracas du monde au profit des beautés singulières ». Sans doute une des plus belles définitions de ce festival qui donne en effet un écho sans pareil aux fracas du monde et qui aspire de plus en plus à s’en faire l’écho retentissant (il suffit de voir le caractère politique, social de la majorité des palmes de ces dernières années). La palme d’or 2008 du jury présidé par Sean Penn s’inscrira-t-elle dans cette lignée ? Réponse dans 11 jours.

    405235404.JPG
    Sean Penn "à la barre", photo "In the mood for Cannes"

    Puis, Sean Penn, la voix fragilisée par l’émotion est intervenu brièvement, précisant  que lui et son jury « feraient de leur mieux », que Cannes a toujours sélectionné de grands films et surtout que cette année serait un « nouvel épisode du festival de Cannes », qu’il était là avant tout pour « transmettre des lettres d’amour à certains de ces films ». Enfin il a fait appel aux distributeurs pour qu’ils soutiennent les films qui ne recevront pas de prix. Le visage de Sean Penn était empreint de gravité et d’émotion contenue, probablement conscient que son rôle, par cet écho retentissant donné à un cinéaste, un thème, un fracas parmi tant d’autres, est davantage que cinématographique.

    Il faudra Richie Havens pour donner un très relatif air de Woodstock au festival, un air de liberté, et un air plus léger à Sean Penn. La salle esquisse quelques battements de main. L’émotion à peine éclose est interrompue par Claude Lanzmann (présence symbolique, est-ce là le symbole de ce nouvel « épisode » du Festival, reflet des fracas du monde, des fracas passés, dont ceux du présent se font les échos sinistres et cyniques ?) et son monologue interminable, ses phrases entrecoupées, les quelques sifflements de la salle et applaudissement ironiques. Alors qu’on aurait eu envie de légèreté, il a évoqué la « lourde charge de faire exister ce festival », « d’en accroître le rayonnement, évènement unique et incomparable de la planète cinéma ». Unique et incomparable, nous l’aurions presque oublié. J'ai alors regardé les visages à la dérobée. J'ai réalisé que j'étais dans cette salle avec ces 2299 autres privilégiés. J'ai réalisé que s’ouvrait cette parenthèse enchanteresse, parfois désenchantée. J'ai réalisé que j'étais à Cannes. J'ai réalisé que si le cinéma ou l’écran sublimaient la réalité, ils n’ont jamais eu autant d’imagination, parfois cruelle mais aussi parfois sublime, que cette dernière. J'ai réalisé que je n’avais pas envie de choisir entre le rêve et la réalité. Cela tombe bien, Cannes est l’endroit idéal pour feindre l’aveuglement, pour feindre de se perdre dans cette douce (pas toujours) illusion.

    Et cela tombe bien de nouveau car c’est également d’aveuglement (au sens propre comme au sens figuré), de cécité dont aspirait à nous parler le film d’ouverture également en compétition officielle « Blindness » de Fermando Meirelles. (« La Cité de Dien », « The Constant Gardener »).

    2144627589.jpgPitch : Le pays est frappé par une épidémie de cécité qui se propage à une vitesse fulgurante. Les premiers contaminés sont mis en quarantaine dans un hôpital désaffecté où ils sont rapidement livrés à eux-mêmes, privés de tout repère. Ils devront faire face au besoin primitif de chacun : la volonté de survivre à n’importe quel prix. Seule une femme (Julianne Moore) n’a pas été touchée par la « blancheur lumineuse ». Elle va les guider pour échapper aux instincts les plus vils et leur faire reprendre espoir en la condition humaine.

    L’impression qui domine à l’issue de ce film est l’agacement. L’agacement devant un film qui semble là seulement pour justifier la phrase et la morale simplistes  qui le sous-tendent, (en résumé : les voyants sont aveugles à la beauté du monde, à leur « bonheur »,  et l’aveuglement leur rend la vue, et en annihilant les différences visuelles, abat les préjugés …) d’ailleurs annoncées dès les premières minutes. Annoncé d’emblée le discours en perd toute sa force. Une nouvelle société carcérale s’instaure (soulignée lourdement à force de plans de visages derrière des grillages) où la dignité est piétinée pour survivre. Malgré l’ignominie de ce que ses protagonistes vivent le cinéaste a néanmoins eu recours au hors-champ, au fondu au blanc( !) pour épargner notre regard ou peut-être créer une empathie avec l’aveuglement dans lequel sont plongés les personnages, ce qui au lieu de nous immerger dans leur intériorité, crée une nouvelle distanciation ( déjà initiée par la multiplicité des personnages et leur manque de caractérisation).  Une voix off grandiloquente qui semble sortie d’un blockbuster contre lequel semble pourtant vouloir s’inscrire le cinéaste, surligne grossièrement le propos et apporte un classicisme qui détone avec le parti-pris (finalement faussement) moderne et radical du film. Les personnages n’existent pas (avant même d’être déshumanisés il aurait été bien qu’ils soient déjà humanisés) si bien que nous n’adhérons pas à leur déshumanisation, à leur passage à l’animalité  et encore moins à leur retour à la vie, à la condition humaine, au regard potentiellement rempli de préjugés que l’aveuglement était censé leur avoir ôté. Un hymne à la différence finalement aveugle à celle-ci. Un film  redondant, didactique, qui sous-estime l’intelligence du spectateur, qui s’égare et nous égare par la prétention de son discours dont il n’arrive pas à la hauteur, aveuglé par celui-ci.  Meirelles se prend pour Ionesco sans avoir le talent à l’échelle immense de la gravité du propos mais « Blindness » n’est pas « Rhinocéros », évidemment pas. Relisez plutôt ce dernier.

    La salle a froidement accueilli le film dont je serais très surprise qu’il figure au palmarès…même s’il pourrait s’inscrire dans la lignée de certains « Grand Prix » pour la radicalité du propos. Est-ce là la marque de ce « nouvel épisode »  du Festival de Cannes qu’a évoqué Sean Penn et que souligne peut-être la présence de Claude Lanzmann? A suivre au prochain épisode sur « In the mood for Cannes ».

    1547387087.JPG
    Photo du Jury (ci-dessus) par "In the mood for Cannes"
    1734686704.jpg
    Vous pouvez revoir la cérémonie d'ouverture sur l'excellent site de Canal plus consacré à ce 61ème Festival: cliquez ici
    Sandra.M
    Lien permanent Imprimer Catégories : CRITIQUES DES FILMS A L'AFFICHE EN 2008 Pin it! 0 commentaire
  • « Harcelés» de Neil La Bute : fenêtre sur piscine…

    Ce film qui sort cette semaine était présenté en Première du 34ème Festival du Cinéma Américain de Deauville. Ci-dessous l'article que je lui avais consacré à cette occasion.
    2008_0907samueljackson0002.JPG
    Ci-dessus, Samuel L.Jackson à la conférence de presse de "Lakeview Terrace" (photo "In the mood for Deauville")
    2008_0907samueljackson0009.JPG
    Le réalisateur Neil LaBute (photo "In the mood for Deauville")
    2008_0907samueljackson0008.JPG
    L'équipe du film ( photo "In the mood for Deauville")
    2008_0907samueljackson0018.JPG
    L'équipe du film au CID , photo "In the mood for Deauville"
    2008_0907samueljackson0020.JPG
    L'équipe du film au CID, photo "In the mood for Deauville"
    2008_0907samueljackson0014.JPG
    Samuel L.Jackson à la conférence de presse, photo "In the mood for Deauville"

    Hier soir avait lieu au CID la projection en Première d’un des films les plus attendus de ce 34ème Festival du Cinéma Américain  de Deauville ( « Lakeview Terrace » de Neil La Bute) notamment en raison de son acteur principal présent à Deauville dont il est un habitué puisque le festival lui avait rendu hommage il y a quelques années : Samuel L.Jackson.

     Pitch : Pout Chris (Patrick Wilson) et Lisa (Kerry Washington), emménager dans leur maison de « Lakeview Terrace » est un rêve devenu réalité. Pourtant, rapidement, les deux jeunes gens deviennent la cible de leur voisin, Abel Turner, ( Samuel L.Jackson) un policier qui désapprouve leur relation interraciale. Cet homme strict et austère, père célibataire et policier se montre de plus en plus oppressant envers le jeune couple allant jusqu’à les harceler chez eux.

     Il y a 10 ans, Neil LaBute avait obtenu le prix spécial du jury à Deauville pour « En compagnie des hommes », une vision acerbe de l’univers sombre et sexiste des cadres américains. Avec « Lakeview Terrace », le cadre est différent mais le regard du cinéaste aspire à être tout aussi mordant. Le cadre est donc ici Los Angeles, le quartier de « Lakeview Terrace », qui est un véritable acteur du récit puisque, au fur et à mesure que s’accroît la tension entre les voisins, les flammes se rapprochent inéluctablement de Lakeview Terrace. A travers des reportages télévisés ou des échos a priori anodins, la menace de l’incendie gronde, tout comme les remarques ou les actes a priori anodins d’Abel font eux aussi gronder une autre menace, tout aussi insidieuse, et qui ne cesse, elle aussi, de grandir, tout aussi incontrôlable, pour finalement ravager la vie de Chris et Lisa comme l’incendie va ravager la ville. 

     Le sentiment de situation inextricable et la tension sont accrus par le fait que le voisin soit policier et que celui censé représenter l’ordre et la loi soit source d’inquiétude. Les tensions avec celui-ci révèlent aussi celles qui existent dans le couple, (lié au père de Lisa qui n’accepte pas leur couple mixte et à l’envie d’enfant de Lisa).

     Le film présente deux intérêts principaux : la tension, constante, et l’interprétation, inquiétante, de Samuel L.Jackson qui magnétise la caméra, mange l’écran. Certes son personnage exige cette présence charismatique et menaçante mais le personnage de Chris est trop naïf et velléitaire par rapport à ce dernier, et leurs caractères trop stéréotypés dès le début, pour que cela soit vraiment crédible.  D’après ses propos en conférence de presse, le réalisateur a voulu éviter tout manichéisme, ce qui n’est, d’après moi, qu’en partie réussi, le personnage interprété par Samuel L.Jackson étant tout de même assez caricatural, de même que la relation entre Chris et Lisa.

     Quant au sujet, le racisme, que Neil LaBute a prétendu vouloir traiter de manière  plus ou moins tacite, à force d’être tacite, il en devient secondaire, les raisons de tensions étant finalement multiples : le sentiment de propriété, les différences sociales… Neil LaBute joue en effet habilement sur le sentiment d’insécurité, sur le sentiment presque violent de propriété mais construit un film et un dénouement trop prévisible et politiquement correct pour emporter une totale adhésion. Il  traite finalement davantage de la difficulté de communiquer dans des maisons cadenassés et ultra sécurisées que du racisme (qui en est néanmoins aussi une résultante).

     « Harcelés » reste un bon divertissement qui n’apprendra rien aux amateurs de suspense tant il reprend les poncifs du genre sans rien y apporter (le suspense, contrairement à ce que pourrait laisser entendre le titre de cette note, n’a ici rien d’hitchcockien…) et à vouloir que son thème principal soit tacite, il nous donne finalement l’impression de l’avoir seulement effleuré.

     Reste la prestation remarquable de Samuel L.Jackson dont, après avoir perçu et croisé son regard imperturbable et glacial, glaçant même, lors de la conférence de presse, je me demande si ses personnages sont toujours des rôles de composition…mais il s’agit là d’une toute autre question.

    harcelés.jpg
  • « La frontière de l’aube » de Philippe Garrel : conte poétique et désenchanté

    Dussé-je être la seule et la dernière, je vous recommande sans réserves le film de Philippe Garrel « La frontière de l’aube » (qui sort demain en salles) malgré l’ostracisme dont il a été l’objet lors du dernier Festival de  Cannes où il était en compétition. Ci-dessous, retrouvez mon récit de la projection cannoise et ma critique du film.

    En bonus vous pouvez voir la vidéo de l’équipe du film sur les marches à Cannes, en cliquant ici.

    187562036.jpg
    Ci-dessus, l'équipe de "La frontière de l'aube" de Philippe Garrel.
    2006217006.jpg
    Ci-dessus: Louis Garrel et Laura Smet dans "La frontière de l'aube"

     Voilà ce qui, de l’avis général, faisait défaut  au Festival de Cannes cette année : une controverse et de l’effervescence. Pour le second élément il est vrai qu’il était difficile de rivaliser avec l’exemplaire 60ème anniversaire. Pour le premier, encore que le terme soit un peu fort, il y a eu « La Frontière de l’aube » de Philippe Garrel.

    Il a en effet été hué lors de ses projections au « Grand Théâtre Lumière » et méprisé lors de la séance du lendemain dans la salle du 60ème pour la première fois à moitié vide ! Quelle curiosité exemplaire des festivaliers se fiant davantage à la rumeur qu’à leur propre opinion, condamnant avant d’avoir entendu l'argumentaire de l'accusé. C’est donc particulièrement intriguée que je suis allée voir ce film, deuxième film français de la compétition, curieuse de découvrir quelle ignominie pouvait susciter un tel rejet du public, un tel lynchage médiatique.

    Synopsis : Une star (Laura Smet) vit seule chez elle, son mari est à Hollywood et la délaisse. Débarque chez elle un photographe (Louis Garrel) qui doit la prendre en photo pour un journal, faire un reportage sur elle. Ils deviennent amants. Ils vont habiter deux semaines à l’hôtel pour faire ce reportage et repassent de temps en temps à l’appartement de la star.

    Nous sommes d’abord chaleureusement envoûtés par le noir et blanc, par le charme savoureusement désuet et intemporel de la photographie qui magnifie les visages (la fièvre contenue et ravageuse et le désarroi de Laura Smet, le romantisme mélancolique de Louis Garrel), ausculte leurs basculements, leurs tourments, leurs fragilités. Un noir et blanc en hommage à Cocteau et à la Nouvelle Vague à laquelle Philippe Garrel empreinte un style elliptique et un ton décalé qui nous embarque dans son au-delà surréaliste et contribue à cette intemporalité. Les amants ne s’envoient pas de textos ou d’emails mais des lettres. Amants d’aujourd’hui, d’hier, de demain : éternels. 

    Ce qui m’a charmée dans ce film qui a le mérite de ne ressembler à aucun autre de la compétition (et il faut l’avouer, la plupart des films brassent les mêmes thèmes, dans un style relativement similaire ) est probablement ce qui a agacé la majorité des festivaliers : son aspect littéraire (mais alors pourquoi glorifier Desplechin qui emploie , certes différemment, le même procédé ?), sa lenteur qui donne le temps au temps, le temps de s’imprégner de la mélancolie des personnages, son romantisme sans concessions, son aspect surréaliste et sa façon de saisir et juxtaposer des instants.

     « La frontière de l’aube » est vaguement inspiré d’une nouvelle de Théophile Gautier « Spirit » : un mythe romantique dans lequel les protagonistes se rejoignent dans la mort pour vivre dans l’éternité. Avec une poésie désenchantée, entre rêve et réalité, éternité et intemporalité, bonheur bourgeois et bonheur éternel, Philippe Garrel, réfutant tout cynisme, nous redonne le goût de ce que le cinéma d’aujourd’hui s’acharne à nier, par un excès de réalisme et de réalité,: celui de croire en des amours éternels dont la littérature s’arroge désormais l’exclusivité, et encore.

    Un film aux frontières de la réalité, de la folie, de la mort sur la passion dévastatrice. L’aube : une heure incertaine, velléitaire mais qui de toute façon donnera naissance au jour, à l’espoir tout comme cet amour fatal est porteur d’une beauté à la fois sombre et lumineuse .

    Philippe Garrel a également le mérite d’assumer : son titre nous plonge d'emblée dans son univers revendiqué, celui d’un conte poétique. Les contes de noël sont semble-t-il plus nobles, plus flatteurs pour ceux qui les apprécient. Oui, Desplechin flatte finalement le spectateur, par des références multiples et redondantes, lui donnant le sentiment (réel ou illusoire) de son intelligence, et lui donnant par sa dérision le sentiment, éloge semble-t-il suprême, de sa bonne cyniquitude (j'ai le droit d'utiliser des néologismes:-)), de son insensibilité à un romantisme forcément mièvre, dépassé, ridicule. Philippe Garrel nous prouve pourtant le contraire avec ce film intemporel.

    Un film sombre à la poésie lumineuse et enchanterresse qui mériterait de figurer au palmarès.

    frontière2.jpg
  • Reprise des Master Class Jean-Laurent Cochet : le rendez-vous incontournable des amoureux du théâtre

    cochet2.jpg 
    Je vous ai déjà parlé un certain nombre de fois des Master Class de Jean-Laurent Cochet (voir les liens vers mes précédents articles à la fin de celui-ci), et cette fois-ci n’est certainement pas la dernière. De nouveau, hier soir, inexorablement aimantée par le théâtre de la Pépinière Opéra, je me suis en effet retrouvée à la Master Class Jean-Laurent Cochet  ayant à peine pris le temps d’y réfléchir.  Ces cours sont un peu comme des rendez-vous amoureux auxquels on se rend le cœur battant, exalté,  des rendez-vous d’amoureux du théâtre surtout… auxquels il est impossible de renoncer, de résister.

     A croire que tous les chemins mènent à la Pépinière Opéra, j’y ai croisé plusieurs connaissances…égarées de festivals divers. Mais dès que le bruissement de la salle se fait entendre, peut-être plus fébrile qu’ailleurs en raison de la particularité de l’exercice auquel Jean-Laurent Cochet et ses élèves se plient, seul ce qui se passe sur scène existe qui ne nous éloigne pas de l’existence mais au contraire, par l’étude, la sublimation des mots et des textes, la rend plus palpitante, fébrile elle aussi.

     Dès son arrivée sur scène, c’est un jeu entre les spectateurs et « le maître » Cochet qui observe, joue du silence, son regard malicieux balayant la salle. On parle de la magie du cinéma. Il faudrait évoquer aussi celle du théâtre, ici tellement flagrante. Rien : pas un décor, pas une mise en scène, pas un projecteur pour guider notre attention, notre regard, notre pensée. Juste les comédiens et les mots. Et notre souffle suspendu. Et l’écoute, cette écoute si rare et si précieuse comme l’a déploré Jean-Laurent Cochet. Cette écoute qui là semble reprendre sens. Loin du tumulte de l’existence. Et exaltant aussi ce tumulte.

     Cela commence par un exercice improvisé sur « Ruy Blas » de Victor Hugo. Six élèves débutants enchaînent à l’appel de leur nom  par Jean-Laurent Cochet, disant une phrase complétée par un autre sur ordre du maître : un exercice de haute voltige. L’exercice est périlleux d’autant plus qu’improvisé et le résultat est d’autant plus magistral, fascinant, comme si ces six interprétations n’en faisaient qu’une, comme si ces six comédiens en herbe constituaient chacun une part indissociable du texte et du personnage lui donnant ainsi vie. Rien que cela aurait déjà mérité le déplacement. 

     Puis, Jean-Laurent Cochet parle, il parle beaucoup. Du livre « L’affaire Molière » de Denis Boissier (Ed.Cyrille Godefroy) qui va faire grand bruit selon lequel Molière serait plus un acteur qu’un auteur, du fait que Corneille aurait écrit beaucoup de ses textes. Et puis de Molière on parle de Meryl Streep, trouvant qu’une de ses élèves lui ressemble et nous prenant à témoin, et de Meryl Streep il en vient à évoquer « Mamma mia » dans lequel l’actrice est magistrale. Jean-Laurent Cochet n’est pas sectaire, juste vigoureusement passionnée, tout en fustigeant le sectarisme, le politiquement correct de ceux qui ont osé dire qu’ils aimaient « La fille de Monaco » et détestaient « Mamma mia ! », sans doute considéré comme moins noble, dans lequel oui, Meryl Streep est exceptionnel, quelle que soit la qualité du film (voir ici mon article consacré  à l’ouverture du 34ème Festival du Cinéma Américain de Deauville pour laquelle ce film a été projeté). Il égratigne au passage certains cours qui pour raisons « politiques » se refusent à jouer certains auteurs comme Guitry. Guitry qu’il cite toujours à loisir comme Giraudoux sur un texte de qui un élève nous montrera à quel point c’est un métier avant d’être un art, à quel point chaque mot, chaque virgule, chaque intonation, chaque souffle importent et contribuent à faire vivre et exister un texte et un personnage, à quel point la langue française est multiple et précise, à quel point le comédien est funambule.

      L’élève qui  ressemble à Meryl Sreep joue un texte de Colette, dont on découvre l’étonnante poésie et diversité du style car comme souvent Jean-Laurent Cochet nous donne le nom de l’auteur après que le texte ait été joué. Et puis il nous parle de cinéma, des réalisateurs, cinq selon lui seulement méritant le nom de grands réalisateurs citant pour exemple Renoir et Grémillon. Il nous parle du théâtre évidemment, toujours avec autant de passion communicative,  de vigueur, de vivacité, de conviction : de ce théâtre qui est un métier avant tout, avant d’être un art, de ce théâtre qui est tout sauf de la démonstration, qui doit faire oublier que l’acteur joue, si ce n’est jouer à être. Et de tant de choses encore…

     Et puis arrive le second moment de grâce après celui du début. Un comédien avec lequel Jean-Laurent Cochet, toujours en phase avec l’actualité, trouve une ressemblance (du moins un emploi similaire) avec Paul Newman. Là encore, le texte est joué avant d’être nommé. Une histoire palpitante sur les ravages dévastateurs et criminels du temps, une histoire caustique, cruelle et tendre d’une étonnante modernité, que l’on croirait écrite hier…une nouvelle signée Maupassant que la modernité du jeu nous a fait croire contemporaine.  On a l’impression de voir les personnages tous exister sous nos yeux, de voir le décor, la scène, les lumières tantôt poétiques tantôt crues. Mais lorsque le comédien dit son dernier mot, un peu après même, le temps de reprendre notre souffle nous aussi, nous réalisons que tout cela n’existait que dans notre imagination guidée par le jeu du comédien si réel, vibrant : là.

     Et puis les fables de La Fontaine dont raffole toujours autant Jean-Laurent Cochet. Le dernier élève apparaît. Jean-Laurent Cochet le qualifie de génie et d’être d’exception. Il n’en dit pas davantage. Il ne dira plus un mot. Une démonstration de cette qualité du silence dont il fait l’éloge.  La dernière note d’un moment d’exception.

     Si le théâtre n’était pas tout à fait plein hier soir, il l’a souvent été. Sans nul doute, cela vaut plus que  15 euros (11 pour les étudiants) : un moment inestimable de poésie, où surgit la grâce là et quand on ne l’attend pas, qui suspend le vol du temps bien sûr mais surtout la volatilité de l’attention, un moment de passion, qui réunit des passionnés, un moment unique où tout peut arriver, surtout la flamme incandescente de la vie sublimée par le théâtre et les mots qui transfigurent ceux qui les jouent.

     « Les œuvres d’art qui ont cherché la vérité profonde et nous la présentent comme une force vivante s’emparent de nous et s’imposent  à nous ». Cette phrase d’Alexandre Soljenitsyne (Discours non prononcé pour le Prix Nobel de 1970) figure sur le programme de la soirée et l’illustre magnifiquement. Ces œuvres d’art dont on nous joue des bribes, cette force vivante nous accompagne longtemps après avoir franchi le seuil du théâtre et fera certainement que la prochaine fois de nouveau je serai inexorablement attirée par le théâtre de la Pépinière Opéra. Un rendez-vous amoureux vous disais-je, même avec la peur délicieuse au ventre, la peur pour ceux qui jouent là et qui jouent finalement tellement plus qu’un texte.  (ce qui d’ailleurs est déjà beaucoup…)

     Site internet : http://www.jeanlaurentcochet.com

    Prochaines Master Class : 20 octobre, 3 et 10 novembre. Théâtre de la Pépinière Opéra. 7 rue Louis Le Grand 75002 Paris- Location : 0142614416 –Tarif normal : 15€ , Tarif étudiant : 11€

    Mes autres articles consacrés au cours Cochet:

    -Article du 21 novembre 2005 : http://www.inthemoodforcinema.com/archive/2005/11/21/cours-publics-d’interpretation-de-jean-laurent-cochet-quand.html

    -Article du 11 Avril 2006 : http://www.inthemoodforcinema.com/archive/2006/04/11/prolongations-des-cours-publics-d’interpretation-de-jean-lau.html

    -Article du 21 septembre 2006 : http://www.inthemoodforcinema.com/archive/2006/09/21/reprise-des-cours-publics-jean-laurent-cochet.html

    -Article du 13 décembre 2006 : http://www.inthemoodforcinema.com/archive/2006/12/13/reprise-des-cours-publics-jean-laurent-cochet-en-2007.html

     J’en profite pour dire que je recherche un cours de théâtre pour débutants (ou presque) amateurs, avec préférence pour un cours « classique » (apprentissage de grands textes classiques plutôt qu’improvisation)… Merci d’avance pour l’info !

     Sandra.M

  • Palmarès du 19ème Festival du Film Britannique de Dinard

    N'ayant finalement pas assisté au 19ème Festival du Film Britannique de Dinard, je vous en livre néanmoins le palmarès en avant-première, ci-dessous. Vous pouvez également retrouver mes comptes rendus des éditions précédentes du Festival du Film Britannique sur ce blog.(voir sommaire dans la colonne de gauche de ce blog)

    festival-film-britannique-dinard-19eme-editio-L-2.jpg

    PALMARES

    Palmares_boy_a.jpg

    Le jury présidé par Lambert Wilson, et composé de Tara Fitzgerald, Valérie Kaprisky, Aïssa Maïga, Lucy Russell, Alice Taglioni, Gabriel Aghion, Arié Elmaleh, Rory McCann, un lecteur cinéphile de Ouest France ont attribué :

    Le Grand Prix : Trophée Hitchcock d’or

    BOY A de John Crowley

    Ce prix d’une valeur de 4600 euros se compose d’une aide à la distribution (3000 euros) et d’un soutien direct au réalisateur (1600 euros). Il contient également :

    Le Prix LTC

    Les Laboratoires des Travaux Cinématographiques offrent le développement d’une copie série du film primé par le Hitchcock d’or (ou du prochain film du vainqueur, si ce dernier a été développé dans un autre laboratoire).

    Le Prix LVT

    LVT (Laser Vidéo Titres) offre le sous-titrage du film primé par le jury (ou du prochain film, si ce dernier est déjà sous-titré).

    Le Prix CINECINEMA

    CINECINEMA offre une campagne de promotion sur ses antennes lors de sa sortie en salle.

    Trophée Grand Marnier®

    BOY A de John Crowley

    Décerné par le Jury pour le meilleur scénario

    Le Prix Kodak Limited : Trophée Hitchcock blanc

    BOY A de John Crowley

    Kodak offre un prix spécial pour le prochain film du directeur de la photo primé par le Hitchcock blanc.

    Le Prix Première du Public : Trophée Hitchcock d’argent

    BOY A de John Crowley

    Le public donne aussi son avis et décerne le Prix Première du public au film de son choix.

    Prix British Council d’une valeur de 1500 euros

    FORBACH de Claire Burger

    Pour marquer l’Entente Cordiale 1904 - 2004, le British Council a créé pour cette édition un nouveau prix qui récompensera le meilleur film d’étudiant dans la section « Confrontation Fémis – National Film and Television School ».

    « Coup de coeur » de l’association La Règle du Jeu

    ouverture un certain regard 007.JPG
    Ci-dessus l'équipe du film Hunger lors de l'Ouverture de la section Un Certain Regard au 61ème Festival de Cannes (photo "In the mood for cinema")

    HUNGER de Steve Mc Queen (voir ma critique en cliquant ici)

    Décerné par l’association « La Règle du Jeu » (exploitants de 40 salles du Grand Ouest). Aide à l’exploitation dans les salles adhérentes, d’un film déjà distribué.