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Par Sandra Mézière. Le 7ème art raconté avec passion depuis 2003. 4000 articles. Festivals de cinéma en direct : Deauville, La Baule, Cannes, Dinard...Critiques de films : avant-premières, à l'affiche, classiques. Actualité de romancière. Podcast.
C'est ce soir que sera décerné le palmarès du 9ème Festival Paris Cinéma, avant l'avant-première de "Le Moine" de Dominik Moll avec Vincent Cassel et en sa présence. Vous pourrez bien entendu retrouver ici, dès ce soir, le palmarès détaillé ainsi que mes photos et vidéos de la clôture. Le film sera également projeté à 21h au mk2 Bibliothèque, cette séance est ouverte au public si vous souhaitez y assister. En attendant retrouvez tous mes articles sur ce Festival Paris Cinéma 2011, ici.
Alors que, à propos du Festival du Cinéma Américain de Deauville qui se déroulera à la même période, nous savons seulement pour le moment que son jury sera présidé par le cinéaste Olivier Assayas, le jury de la 68ème Mostra de Venise qui se déroulera du 31 août au 10 septembre vient d’être dévoilé. Autour du président, le cinéaste Darren Aronofsky :
-la vidéaste finlandaise Eija-Liisa Ahtila
-le musicien écossais David Byrne
-le réalisateur italien Mario Martone
-le réalisateur américain Todd Haynes
- l'actrice italienne Alba Rohrwacher
-le réalisateur français André Téchiné.
The Ides of March de George Clooney fera l'ouverture. (Espérons que ce sera aussi l’occasion d’une avant-première de ce même film à Deauville…).
Pour célébrer la sortie de l’ultime volet de l’aventure Harry Potter, "Harry Potter et les reliques de la mort - 2ème partie" (dont vous pouvez retrouver ma critique en avant-première en cliquant ici) Warner Bros. France organise la plus grande avant-première d’un film en 3D, Mardi 12 juillet au Palais Omnisport de Paris-Bercy,ainsi qu’une série d’événements en salles. Pour le final de la plus grande aventure de l’histoire du cinéma, Warner Bros. France a choisi un lieu à la hauteur de l’événement et organise la plus grande avant-première française d’un film en 3D, mardi 12 juillet au Palais Omnisport de Paris Bercy. Plus de 7 000 fans prendront part à l’événement en présence des membres suivants de l’équipe du film : - Jason Isaacs (Lucius Malefoy)- James & Oliver Phelps (Fred et George Weasley)- Clémence Poésy (Fleur Delacour)- Evanna Lynch (Luna Lovegood)- Mark Williams (Arthur Weasley)- Natalia Tena (Nymphadora Tonks)- Domhnall Gleeson (Bill Weasley).
Prix des places : 25 euros. Renseignements sur http://www.bercy.fr . C'est complet mais vous pouvez trouver des places sur la page Facebook de l'évènement sur laquelle certains revendent leurs places, ici.
Par ailleurs, Près de 250 salles de cinéma en France projetteront HARRY POTTER ET LES RELIQUES DE LA MORT, 2ème Partie, mardi 12 juillet à minuit. A cette occasion certaines d’entre elles programmeront également la 1ère Partie du dernier épisode dès 21h. La liste des salles est consultable sur http://www.fnacspectacles.com/harrypotter
Enfin, Le cinéma Le Grand Rex à Paris adopte les couleurs d’Harry Potter en programmant une rétrospective de tous les épisodes de la saga à partir du lundi 11 juillet. Cette programmation spéciale s’achèvera également le 12 juillet à minuit avec la séance spéciale de HARRY POTTER ET LES RELIQUES DE LA MORT, 2ème Partie.
Découvrez ci-dessus la très belle affiche de cette édition 2011 délicieusement rétro qui, comme chaque année, fait référence à la bannière étoilée, à Deauville (avec les planches, ici) mais aussi au glamour hollywoodien et au cinéma des années 50, sans oublier le cinéma et ceux qui l'aiment un peu, beaucoup ou comme moi, passionnément, sans oublier non plus qu'un festival se doit d'être "a precious moment". Un beau programme en attendant celui, détaillé, de cette édition 2011 dont nous savons seulement pour le moment qu'elle aura lieu du 2 au 11 septembre, que son jury sera présidé par Olivier Assayas et que son prix Michel d'Ornano sera décerné au film "17 filles" de Muriel Coulin et Delphine Coulin . Je vous rappelle que, comme chaque année, vous pourrez suivre ce festival, en direct, sur mon blog dédié (http://www.inthemoodfordeauville.com ), sur mon compte twitter dédié (http://twitter.com/moodfdeauville ) et sur la toute nouvelle page Facebook d'Inthemoodfordeauville (http://facebook.com/inthemoodfordeauville ).
L’heure est donc venue : celle du dernier épisode, celle de l’affrontement final, celle de l’ultime corps-à-corps entre le bien et le mal, celle du dénouement d’une saga cinématographique qui nous aura tenus en haleine pendant 8 films et pendant10 ans. L’heure de « Harry Potter et les reliques de la mort, 2ème partie ».
Très loin de l’univers coloré des débuts, les premières images donnent le ton. Harry Potter (Daniel Radcliffe) sur la tombe de l’Elfe Dobby. Face à la mort. Celle qu’il devra affronter plus que jamais. Harry doit ainsi maintenant retrouver les 4 Horcruxes, fragments de l’âme de Voldemort grâce auxquels ce dernier a enfermé son âme dans sa quête pour l’immortalité, et les détruire. Voldemort possède l’un d’eux : la baguette de Sureau (qui, avec la pierre de Résurrection et la Cape d’Invisibilité, rendent immortel celui qui les détient toutes trois) réputée comme étant la baguette magique la plus puissante au monde. Trois Horcruxes ont déjà été détruits mais il en reste quatre. Commence alors une ultime course contre le temps et contre la mort pour Harry Potter et ses amis Ron Weasley (Rupert Grint) et Hermione Granger (Emma Watson).
Comment clore une histoire qui a retenu notre souffle pendant tant d’années ? Comment dire adieu à des personnages qui nous ont accompagnés si longtemps ? Par ce qui fait la richesse d’Harry Potter : par un mélange subtil d’émotions poignantes et de spectacle époustouflant et en portant les deux à leur paroxysme, et en nous faisant frissonner de jubilation avec l’un et l’autre. En effet, jamais le spectacle ne se fait au détriment de la psychologie des personnages, d’une complexité rare pour un film d’action (même si Harry Potter est très loin de n’être que cela.) Certes le combat est manichéen, le Bien incarné par Harry Potter et ses amis face au Mal absolu incarné par Voldemort, mais les personnages (à l’exception de ce dernier) eux, ne le sont pas.
Dès le début de ce dernier volet, la sombre beauté des décors (couleurs grisâtres et glaciales d’un théâtre de guerre, spectacle de chaos et de désolation) nous immerge dans une noirceur aussi réjouissante qu’inquiétante et, si la 3D n’y nuit pas, elle n’est pas nécessaire tant cet univers se suffit à lui-même, le recours à la 3D étant d’ailleurs un contre-sens tant « Harry Potter » est une ode au pouvoir de l’imagination et de l’ingéniosité et en particulier ce dernier volet. ( « Ce n’est pas parce que c’est dans ta tête que ce n’est pas réel » lui dit ainsi son mentor).
Plus qu’un simple divertissement abêtissant comme ce à quoi se réduisent de nombreux films d’action (je viens de voir « Super 8 », ceci expliquant peut-être cela, mais j’y reviendrai), est un parcours et une quête initiatiques mais aussi un hymne au courage (évidemment à travers les personnages d’Harry Potter, d’Hermione et Ron mais ici également à travers des personnages comme Neville qui prend une belle ampleur), à l’amitié, à l’amour, à la loyauté (confiance indéfectible d’Harry Potter pour Dumbledore), à la persévérance, à la tolérance ( cf le premier volet des « Reliques de la mort » avec ses « indésirables », ses « rafleurs » et l’extermination souhaitée par Voldemort des « Sang-de-bourbe » -sorciers nés de moldus, donc des non-sorciers, donc rejetés en raison de leurs différences- donnant à voir une lecture historique nous ramenant une soixantaine d’années en arrière.) Hymne aussi à la détermination comme en témoigne l’affiche qui met en scène un Harry Potter en avant, face à la mort et son destin, le regard frondeur, sur un champ de ruines. L’émotion culmine ainsi lors d’un magnifique flashback d’une force émotionnelle incontestable qui fait apparaitre le Professeur Rogue comme le personnage le plus complexe et intéressant et celui qui finalement illustre le mieux tous ces thèmes évoqués précédemment.
Dans cet affrontement final, Harry Potter doit affronter évidemment Voldemort mais aussi le passé et la mort, se délester du poids de ce passé, affronter le danger plutôt que fuir, pour aller vers l’avenir et devenir, enfin vraiment : adulte. Tout comme la magie de l’enfance s’évanouit au fur et à mesure que les années s’écoulent, Poudlard s’effondre et, avec, périclite la magie de l’enfance. Harry Potter en aura parcouru du chemin entre « l’apprenti sorcier » et « les reliques de la mort », entre l’enfant qui découvrait cet univers enchanteur et l’adulte qui le verra s’effondrer, lors d’un combat mortel.
L’humour reste néanmoins présent par petites touches et « Harry Potter » n’en oublie pas d’être ludique pour le spectateur…et pour les acteurs dont la qualité du jeu a grandi avec leurs rôles pour les plus jeunes d’entre eux comme celui d’Emma Watson comme en témoigne la scène où la prude Hermione devient l’arrogante Bellatrix. Le spectacle n’en oublie pas non plus d’être jubilatoire (montagnes russes, dragons géants crachant le feu…) jouant habilement avec nos désirs (voler) et nos peurs (géants, araignées, obscurité) d’enfance. Et si, comme dans le pénultième film, on regarde sa montre, ce n’est pas par ennui mais avec le vain espoir de retarder le moment fatidique, et forcément un peu triste, où cet ultime voyage fantastique et magique (au propre comme au figuré) va devoir s’achever et la réalité reprendre ses droits.
Un dernier périple, époustouflant, grisant, d’une noirceur éblouissante, à couper le souffle, épique et même parfois lyrique, nostalgique (de nombreux personnages reviennent dans ce dernier film parfois juste le temps d’une scène) et mélancolique dont les dernières minutes trop fades, décevantes, et mièvres (mais fidèles au roman), n’arriveront pas à éclipser le souvenir de ce dernier film d’une beauté sombre renversante, ni la puissance visuelle et émotionnelle de cet affrontement final porté par des décors d’une somptueuse noirceur, par la musique d’Alexandre Desplat qui apporte encore une fois sa touche magique, d’émotion ou de suspense, par un scénario qui allie savamment émotion et action, et par des acteurs impliqués. Du grand et beau spectacle. Et surtout…surtout… un magnifique hommage au pouvoir des mots et de l’imagination.
CONCOURS : Et pour célébrer la sortie du film en salles, ce 13 juillet, je vous offre un 2ème DVD de « Harry Potter et les reliques de la mort- 1ère partie ». Pour le remporter, trouver un slogan à cet « affrontement final ». Le meilleur slogan le remportera. Réponses à envoyer à inthemoodforcinema@gmail.com avec, pour intitulé « Concours Potter ». Fin du concours le jour de la sortie du film.
Un petit concours dans le cadre du Festival Paris Cinéma 2011 que vous pouvez suivre en direct ici depuis l'ouverture. Je vous propose de remporter 5X2 places pour "Les Mythos" de Denys Thibaud au Gaumont Parnasse ce lundi 11 à 19H. Les gagnants devront se présenter 20 minutes avant le début du film au desk invités du Gaumont Parnasse. Comme il reste très peu de temps et que les gagnants seront désignés dimanche, je vais donc faire très simple. Les 5 premiers à m'envoyer leurs noms et prénoms à inthemoodforcinema@gmail.com avec pour intitulé de l'email le titre du film, recevront ces places. Je contacterai directement les gagnants par email.
Présentation du film par le festival: "Moussa, Nico et Karim, trois jeunes de banlieue, se font virer de leur job d'agents de sécurité de grande surface et décident de se lancer dans la protection rapprochée. Un concours de circonstance, alors qu’ils écument les palaces pour proposer leurs services de gardes du corps, les amènent à devoir protéger Marie Van Verten, jeune héritière de la plus grosse fortune de Belgique. Les trois (anti)héros accumulent les bourdes et découvrent alors un métier qui ne laisse pas place à l'improvisation... Denis Thybaud signe une comédie originale et loufoque menée tambour battant. Ses quatre antihéros, incarnés à la perfection par de jeunes acteurs au comique explosif, servent de prétexte à la confrontation de deux mondes que tout oppose. Alban Ivanov, William Lebghil et Ralph Amoussou forment un trio potache et attachant face à Stéphanie Crayencourt, hilarante en sosie plus vrai que nature d’une Paris Hilton belge, capricieuse et fantasque. "
Après le pseudo-documentaire de Casey Affleck "I'm still here" (dont je vous parlais hier, ici) qui mettait à « l’honneur » Joaquin Phoenix, le festival présentait hier un documentaire consacré à Charlotte Rampling, signé Angelina Maccarone et intitulé « The look, un autoportrait à travers les autres » où, d’ailleurs, la comédienne joue également beaucoup avec son image et construit là aussi, d’une certaine manière (certes très différente), son personnage. Un documentaire également présenté dans le cadre de la section Cannes Classics du derniers Festival de Cannes.
Entre Paris, Londres et New York se dessine ainsi un portrait de la comédienne à travers ses discussions et ses rencontres avec des artistes et des proches comme Paul Auster, Peter Lindbergh ou Juergen Teller qui en révèlent d’ailleurs peut-être plus sur ceux avec qui elle converse que sur elle-même comme lors de cette rencontre avec Peter Lindbergh où les rôles s’inversent, le modèle devenant photographe. Le film débute sur son regard, ce célèbre regard qui peut-être mélancolique, perçant, malicieux, mystérieux, redoutablement beau, envoûtant, dur même parfois. Il est divisé en huit thématiques (mise à nu, démons, la mort, le désir, l’âge…) qu’elle aborde à chaque fois avec une personne différente et qui dévoile une facette de sa personnalité tout autant que cela épaissit le mystère. Les conversations sont entrecoupées d’extraits de films (de Visconti, Allen, Chéreau, Ozon etc) témoignant de l’audace de ses choix cinématographiques, extraits judicieusement choisis, par exemple « Max mon amour », quand il est question de tabous, « Sous le sable » quand il est question de la mort etc.
Au fil du documentaire, Charlotte Rampling apparait comme une femme libre que le cinéma de divertissement n’intéresse pas, qui préfère être « un monstre » plutôt qu’une actrice « sympa » (encore une manière, sans doute, de se draper dans un mystère finalement plus tranquillisant), iconoclaste, exigeante, mystérieuse donc…plus que jamais, et c’est tant mieux car si ce documentaire révèle quelque chose c’est finalement son profond mystère mais aussi sa lucidité et l’intelligence de ses choix.
Une actrice éclatante dont le si célèbre et ensorcelant regard s’obscurcit certes parfois mais qui parait néanmoins loin de l’image figée dans laquelle on l’enferme ou derrière laquelle elle se dissimule et une passionnante réflexion sur le cinéma et sur la vie. Charlotte Rampling que vous pourrez retrouver dans LE grand film du Festival de Cannes 2011 également projeté en avant-première dans le cadre de Paris cinéma : « Melancholia », l’envoûtant film de Lars von Trier (à ne manquer sous aucun prétexte ce samedi au mk2 bibliothèque, à 21H15).
Mais comment aurais-je pu ne pas être envoûtée par ce film de Lars Von Trier, aux accents viscontiens (« Le Guépard » et « Ludwig » ne racontant finalement pas autre chose que la déliquescence d’un monde et d’une certaine manière la fin du monde) étant inconditionnelle du cinéaste italien en question ?
Dès la séquence d’ouverture (une succession de séquences et photos sur la musique de Wagner mêlant les images de Justine –Kirsten Dunst et les images de la collision cosmique), j’ai été éblouie, subjuguée. Après cette séquence éblouissante, Lars von Trier nous emmène dans un château en Suède, cadre à la fois familier et intemporel, contemporain et anachronique, lieu du mariage de Justine, hermétique au bonheur. La première partie lui est consacrée tandis que la seconde est consacrée à sa sœur Claire (Charlotte Gainsbourg). La première est aussi mal à l’aise avec l’existence que la seconde semble la maitriser jusqu’à ce que la menaçante planète « Melancholia » n’inverse les rôles, cette planète miroir allégorique des tourments de Justine provoquant chez tous cette peur qui l’étreint constamment, et la rassurant quand elle effraie les autres pour qui, jusque là, sa propre mélancolie était incompréhensible.
Melancholia, c’est aussi le titre d’un poème de Théophile Gautier et d’un autre de Victor Hugo (extrait des « Contemplations ») et le titre que Sartre voulait initialement donner à « La nausée », en référence à une gravure de Dürer dont c’est également le titre. Le film de Lars von Trier est la transposition visuelle de tout cela, ce romantisme désenchanté et cruel. C’est aussi un poème vertigineux, une peinture éblouissante, un opéra tragiquement romantique, bref une œuvre d’art à part entière. Un tableau cruel d’un monde qui se meurt ( dont la première partie fait penser à « Festen » de Vinterberg) dans lequel rien n’échappe au regard acéré du cinéaste : ni la lâcheté, ni la misanthropie, et encore moins la tristesse incurable, la solitude glaçante face à cette « Mélancholia », planète vorace et assassine, comme l’est la mélancolie dévorante de Justine.
Lars von Trier parvient de surcroît à instaurer un véritable suspense qui s’achève par une scène redoutablement tragique d’une beauté saisissante aussi sombre que poignante et captivante qui, à elle seule, aurait justifié une palme d’or. Un film inclassable, qui mêle les genres, à contre-courant, à la fois pessimiste et éblouissant, l’histoire d’une héroïne incapable d’être heureuse dans une époque qui galvaude cet état précieux et rare avec cette expression exaspérante « que du bonheur ».
Le jury en a d’ailleurs semble-t-il débattu. Ainsi, selon Olivier Assayas, lors de la conférence de presse du jury : « En ce qui me concerne, c’est un de ses meilleurs films. Je pense que c’est un grand film. Je pense que nous sommes tous d’’accord pour condamner ce qui a été dit dans la conférence de presse. C’est une œuvre d’art accomplie. » Kirsten Dunst incarne la mélancolie à la perfection dans un rôle écrit au départ pour Penelope Cruz. Lui attribuer le prix d’interprétation féminine était sans doute une manière judicieuse pour le jury de récompenser le film sans l’associer directement au cinéaste et à ses propos, lequel cinéaste permettait pour la troisième fois à une de ses comédiennes d’obtenir le prix d’interprétation cannois.
Egalement au programme de ma journée d’hier, un film de la compétition internationale : « Sur la planche » de la Marocaine Leïla Kilani. Direction la zone portuaire de Tanger où Badia et son amie Inane travaillent comme « filles crevettes » (dans une usine où elles trient des crevettes) tout en rêvant de devenir « filles textiles », en tout cas d’échapper à leur condition. Badia est écorchée vive et même enragée, obsédée par la propreté de son corps qui, pour elle, porte constamment l’odeur de sa condition qu’elle juge dégradante. Elles vont rencontrer deux autres jeunes filles qui comme elles, le soir venu, séduisent des hommes que Badia et Inane ont pour habitude de voler ensuite. Le quatuor va alors faire équipe…
Ex-journaliste indépendante, et réalisatrice de documentaires, Leila Kilani réalise ici son premier long-métrage de fiction, déjà présenté à la Quinzaine des Réalisateurs (mais alors qu’il avait déjà été sélectionné par Paris Cinéma).
Sa caméra traque, débusque, encercle la rage, la détresse folle, la détermination furieuse de Badia, épousant sa révolte, son combat contre la résignation, et sa folie désespérée.
La jeune actrice (débutante !) qui interprète Badia est impressionnante et révèle autant une actrice qu’une réalisatrice remarquables dont le cinéma qui donne le sentiment d’être pris sur le vif, profondément humain mais aussi sans concession, la vivacité, la nervosité de la réalisation, cette fatalité ( pente irrémédiablement glissante : « sur la planche »), le sentiment d’urgence qui s’en dégage et la qualité de la direction d’acteurs rappellent les Dardenne. Un cinéma pareillement centré sur ses personnages, fragiles et déterminés, écorchés vifs.
Autre personnage du film : Tanger dont elle occulte la blancheur pour en révéler la noirceur (la seule blancheur est celle clinique, carcérale et redoutable de l’usine où travaillent Badia et son amie), Tanger filmée non pas sous un soleil éclatant mais constamment sous des pluies diluviennes, horizon obscurcie comme celui de ces jeunes filles.
Un film d’autant plus troublant, que sa rage, sa révolte sont en résonance avec les récentes révolutions arabes qu’il précède pourtant. Un film coup de poing qui, après cette course contre une âpre réalité, nous laisse « à bout de souffle » comme son écriture hachée, faussement désordonnée qui résonne comme un cri de colère et de douleur. Un film qui mériterait de figurer au palmarès.
Demain, petite pause dans l'actualité festivalière avec une reprise assidue samedi. D'ici là, vous retrouverez ma critique en avant-première de "Harry Potter et les reliques de la mort- 2ème partie" et un concours inédit.