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  • Critique de « Musée haut, musée bas » : comédie chorale baroque de Jean-Michel Ribes (ce soir, à 23H20, sur France 3)

    Ce soir, à 23H20, France 3 diffusera "Musée haut, musée bas", la comédie chorale baroque de Jean-Michel Ribes sortie en salles en 2008. Retrouvez ma critique ci-dessous.

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    Voilà un film qui, au moins, et avant tout, a le mérite (et le défaut) de ne ressembler à aucun autre, et d’être tour à tour percutant, agaçant virevoltant, drôle aussi. Le genre de film prédestiné à être détesté ou adoré et pourtant je ne me place dans aucune des deux catégories, ne parvenant pas à choisir entre le « musée haut » et le « musée bas » sans doute.

    Directeur du théâtre du Rond-point depuis 2001, Jean-Michel Ribes y a  créé, en 2004, la pièce « Musée haut, musée bas » qu’il a transformé en film homonyme sur les conseils de l’ex-agent devenu producteur Dominique Besnehard. Rien de plus périlleux que de transformer une pièce de théâtre en scénario, de risquer de la transformer en théâtre filmé, un reproche que Jean-Michel Ribes semble avoir anticipé en faisant virevolter, tournoyer, avancer, surplomber sa caméra, en multipliant démesurément les plans et les angles de vue à nous en donner le tournis sans que ce soit forcément justifié, le nombre vertigineux de personnages étant déjà suffisamment étourdissant.  Des personnages qui vont des gardiens harassés par la beauté littéralement ravageuse des œuvres auxquelles ils sont confrontés (passage que j’ai trouvé le plus intéressant) à un conservateur terrorisé par l’irruption de la nature dans son musée,  à un Ministre de la Culture imperturbable, des provinciaux passionnés d’Impressionnistes, une femme qui trouve tout merveilleux au désespoir de son mari qui trouve cela déprimant, une snob qui recherche désespérément Kandinsky et tant d’autres encore.

    Il aurait été facile de tomber dans l’écueil du mépris : mépris pour ceux que l’Art indiffère ou mépris pour l’Art qui méprise ceux qui n’en possèdent pas les codes. Or toute l’intelligence de ce film réside dans son titre et son désir de trouver l’équilibre entre le musée haut et le musée bas, entre le sublime et le ridicule, entre le méprisable et l’admirable, ce à quoi Jean-Michel Ribes est (presque) parvenu. Il ne se contente pas de faire une satire du monde de l’Art ou de la démocratisation de la culture, il lui rend aussi hommage (même si pas assez à mon goût.) Tourné au Petit palais, au Louvre, au musée Guimet, aux Beaux-Arts c’est aussi une promenade colorée, fantaisiste, décidément étourdissante, dans les couloirs labyrinthiques de l’Art et une réflexion sur le rapport de chacun à celui-ci.

     Ce film m’a autant charmée qu’exaspérer. Charmée par son audace, son aspect iconoclaste, par ses comédiens (provenant d’ailleurs souvent du théâtre), tous parfaits (et donc forcément bien dirigés) même si criant un peu trop parfois et nous donnant davantage l’impression d’être sur une scène de théâtre que devant une caméra (oui, malgré tout), mais réussissant tous à donner vie et crédibilité et épaisseur à leurs personnages malgré le peu de place qui leur est parfois donné, parfois seulement une réplique. Mention spéciale pour Isabelle Carré, irrésistible en femme incurablement joyeuse, face à son mari Pierre Arditi que cela déprime ; à André Dussolier  parfait en Jack Lang Ministre qui passe de la consternation à l’admiration feinte, qui passe d’une conversation avec le conservateur à une conversation avec un Mickey surréaliste avant de partir épingler une présentatrice ; à  Michel Blanc en gardien au bord de la folie débordé par une nature envahissante ; à Muriel Robin en snob obsédée par Kandinsky ; à Daniel Prévost en quête du parking Rembrandt marié à une allergique à Picasso. D’autres présentent moins d’intérêt comme cette prof qui demande aux élèves d’être calmes et silencieux, ce à quoi ils répondent systématiquement par des hurlements grégaires  (gag un peu trop répétitif et qui tend à montrer les enfants sous forme d’une masse inculte et désintéressée : musée bas sans doute).

     Exaspérée parce qu’à vouloir brosser trop de portraits, ils nous égare parfois :  on zappe d’une idée à l’autre, d’une personne à l’autre, d’une émotion à l’autre, sans rien approfondir, comme devant une télévision  abêtissante qu’il semble pourtant critiquer.  Il ébauche beaucoup de pistes, interroge le rapport de chacun à l’art. Une sorte de réflexion sur l’art donc, de mise en abyme aussi parfois, de critique aussi bien de ceux qui pensent que  l’art qui a du sens est condamné à être populaire et donc méprisable, à  l’art qui le devient simplement parce que nous le décrétons (comme ces performances d’un homme qui tue sa mère ou des visiteurs qui deviennent l’œuvre, ou d’autres qui ne sont pas sans rappeler le travail de certains comme Sophie Calle), une critique de l’art qui devient objet de consommation, aussi . Un film rempli de références qui parfois ressemble à une démonstration d’érudition (ça va d’un urinoir qui fait penser à celui de Duchamp à cette visiteuse-Victoria Abril, comme toujours fantasque et fantastique - qui confond Leveau et un veau à des plans qui singent de célèbres œuvres et nous le –dé-montrent un peu trop) : ce qui est d’ailleurs un atout du film. Un atout parce qu’il nous donne à voir et à être immergés dans un véritable bain de culture qui tend néanmoins à tout mélanger ...comme le fait la télévision aujourd’hui (paradoxe du film qui emprunte à ce qu’il critique). Un défaut parce qu’il tombe alors dans l’écueil que lui-même critique : égarer ceux qui ne possèdent pas les codes.

    L’absence de scénario trouve se justification finale dans une réflexion sur la confrontation entre nature et culture. Avant lui, beaucoup de philosophes comme Hegel se sont penchés sur cette question. Pour Ribes (théorie défendue dans le film par le conservateur interprété par Michel Blanc) et ainsi selon ce dernier, les arbres n’étaient pas beaux avant que Corot ne les ait peints. Ce n’est alors pas l’art qui imite le réel mais le réel qui est sublimé par l’art.  A ce sujet Jean-Michel Ribes tient un  discours relativement simpliste et finalement très politiquement correct à force de vouloir ne pas l’être (musée bas donc), confondant opposition entre nature et culture dans l’art, et  progrès et défense de l’environnement comme si ces deux derniers éléments étaient irrémédiablement incompatibles et tenant des propos comme ceux-ci : . « Moi je vous avoue ne pas trouver tout détestable dans le progrès. Je préfère habiter Venise que dans une yourte en roseaux et c'est vrai que je suis plus sensible au génie de Michel-Ange qu'à celui d'un champ de poireaux. J'aime la nature quand elle imite l'art, j'aime les jardins japonais parce qu'ils sont philosophiques avant d'être naturels. Je respire mieux dans un musée que dans une forêt. Et on semble oublier que beaucoup d'hommes passent leur vie à combattre quotidiennement la nature comme les médecins par exemple, qui luttent chaque jour contre cette chose très naturelle qu'est le cancer."

    J’en suis ressortie étourdie, en ayant l’impression d’avoir fait un tour de manège, agréable et perturbant,  comme si Warhol (l’esthétique du film s’inspire pas mal du pop art) avait rencontré Tati (les couloirs du musée rappellent parfois « Playtime », ou même certains plans s’inspirent de Tati), mais qu’ils ne s’étaient pas forcément bien entendus, comme s’ils n’avaient pas réussi à concilier musée haut et musée bas.

    Un film sans scénario mais pas sans saveur. Burlesque. Absurde. Fantaisiste. Inclassable. De jubilatoires numéros d’acteurs (Jean-Michel Ribes a eu le mérite de donner aussi des rôles à des acteurs de théâtre qui mériteraient de faire davantage de cinéma). De bonnes répliques percutantes. Des idées farfelues parfois savoureuses. Une réflexion intéressante sur l’art. Par moment, j’ai effleuré cette impression qui me (trans)porte tellement dans certains musées et qui fait que je peux aller des dizaines de fois à Orsay, au Louvre ou ailleurs et être toujours aussi transportée, éblouie,  joliment ravagée, par cette beauté qui ronge et qui porte, qui fait de la rencontre avec l’art un véritable rendez-vous amoureux qui perturbe, émeut, ébranle les certitudes, renforce, enrichit, nous élève : peut-être est-ce la raison pour laquelle le musée haut l’a emporté dans mon esprit. Mais là où une visite au musée m’enrichit, j’en suis finalement ressortie un peu vide, étourdie par tant d’images, de visages, d’idées désordonnées ne parvenant pas à retenir un ou une seule comme si le tout était dilué dans l’eau dévastatrice. Oui, c’est bien la nature qui a repris ses droits finalement…

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  • Critique - "La Délicatesse" de David Foenkinos: le livre, en attendant le film...

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    Retrouvez ma critique du film "La Délicatess" de David et Stéphane Foenkinos en cliquant ici

    Le 21 décembre prochain, sortira en salles, "La Délicatesse" de David et Stéphane Foenkinos, un film avec Audrey Tautou, François Damiens, Bruno Todeschini, l'adaptation du roman éponyme du premier qui faisait partie de la sélection du prix des lectrices de Elle 2010 dont je faisais partie du jury et qui était alors mon favori. Je me réjouis donc de cette adaptation. En attendant, retrouvez ci-dessous mes commentaires sur le livre publiés alors.

    delicatesse.jpgJe poursuis mes lectures des livres qui me sont envoyés par le magazine Elle dans le cadre de ma participation à son jury de lectrices du prix littéraire 2010, avec ce mois-ci, 7 livres à lire. J'ai décidé de commencer mes lectures par « La Délicatesse » de David Foenkinos dont je me souvenais de la louable discrétion (là où d'autres cherchaient grossièrement à accaparer l'attention...non, non, je ne citerai pas de noms...) au Forum International Cinéma et Littérature de Monaco (une raison qui en vaut bien une autre :-)).

    « La Délicatesse » est le huitième roman de David Foenkinos. Ce pourrait être un premier. Pour la fraîcheur. Pour son apparente légèreté. Pour le plaisir inédit que sa lecture procure.  

     C'est l'histoire d'une femme qui va être surprise par un homme. Réellement surprise.

     Un livre dont l'auteur ose l'intituler « La délicatesse » dans une société (pas seulement littéraire) souvent brutale, cela force déjà le respect. Un livre qui nous parle des hasards des rencontres, de celles qui vous font d'autant plus chavirer qu'elles sont inattendues voire improbables, cela force l'attention. Et un livre qui nous parle des surprises du destin, cela (ren)force mon intérêt.

     Et puis, surtout, au-delà de la thématique, il y a la délicatesse avec laquelle David Foenkinos décrit ses personnages, ses situations, et avec laquelle son écriture, à la fois pudique et sensuelle, nous charme, progressivement, là et quand on ne l'attend pas comme ce Markus qui, dans le roman, charme Nathalie. Il pourrait aussi être un double de l'auteur puisque c'est avec le langage que Markus charme Nathalie. Avant tout.

     Son écriture sensible émaillée d'une réjouissante fantaisie (aphorismes, digressions aussi savoureuses que décalées) fait de ce roman une passionnante histoire autant qu'une aventure ludique pour le lecteur que Foenkinos, avec, décidément, une délicatesse quasiment amoureuse, n'oublie jamais, ce qui n'est finalement pas si courant...

     Et même s'il est aussi question de deuil, le second degré est là pour dédramatiser, sans pour autant effacer  l'émotion, bel et bien présente, qui nous fait accompagner Nathalie dans sa renaissance amoureuse.

     On se dit que Stéphane Brizé pourrait en faire un très beau film sur le deuil et l'espoir, avec une ironie salutaire qui ne nous touche pas moins en plein cœur, avec douceur, sincérité et humour ... tout en délicatesse donc. Et que ce livre a aussi quelque chose de truffaldien. Finalement intemporel. Il a aussi le charme incomparable des rencontres impromptues.

     Avec Foenkinos, la littérature n'est pas sinistre mais joyeuse car lucide, ludique, romantique, anticonformiste. Et il nous fait croire (ou nous conforte dans l'idée, selon notre degré d'optimisme) que la vie peut agréablement nous surprendre au moment où on s'y attend le moins. Pouvoir inestimable de certains (rares) auteurs...  Je vous le recommande vivement !

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  • Critique - « This must be the place » de Paolo Sorrentino avec Sean Penn, Frances McDormand…

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    Loin du tumulte cannois, j’ai décidé hier de retourner voir « This must be the place » de Paolo Sorrentino, reparti bredouille de la compétition en mai dernier, enfin presque puisqu’il a reçu le prix du jury œcuménique. Avec son premier film en Anglais, le cinéaste italien était ainsi pour la quatrième fois en compétition à Cannes, trois ans après avoir obtenu un prix du jury pour « Il divo ». Avec « Melancholia », « Minuit à Paris » et « The Artist », c’était un de mes coups de cœur de cette édition 2011 qui a souvent fasciné autant qu’il a agacé les festivaliers. Des réactions aussi extrêmes sont souvent signes d’un univers fort, ce que possède incontestablement Paolo Sorrentino.

    Sean Penn y interprète Cheyenne, 50 ans, une ancienne star du rock.  Il vit de ses rentes à Dublin où il traine sa mélancolie et son ennui. La mort de son père avec qui il a coupé les ponts depuis des années le décide à partir pour New York. Là, il découvre que son père pourchassait un ancien criminel de guerre nazi, un bourreau d’Auschwitz qui l’avait humilié. Cheyenne va poursuivre la vengeance de son père et, pour l’accomplir, va traverser les Etats-Unis…

    En revoyant « This must be the place », j’ai pensé à l’écriture de Françoise Sagan. A sa fameuse petite musique des mots qui fait que, au-delà de l’histoire qu’elle nous raconte, le caractère jubilatoire de la forme happe notre attention et nous donne envie de dévorer notre lecture. C’est le cas aussi de la mise en scène de Sorrentino qui nous ensorcelle avec sa « petite musique » des images (des mots d’ailleurs aussi avec, en voix off, parfois le texte du père de Cheyenne). La comparaison n’est d’ailleurs pas aussi absurde, Cheyenne aurait ainsi pu dire telle la Cécile de « Bonjour tristesse » : « Sur ce sentiment inconnu dont l’ennui, la douceur m’obsèdent, j’hésite à apposer le nom, le beau nom grave de tristesse. »

    Cheyenne, c’est donc Sean Penn, allure gothique et dégingandée, dos courbé, démarche lente et irrésolue, voix traînante,  visage maquillé à la Robert Smith et rire triste et improbable. Pour entrer dans le film, il faut évidemment adhérer à son personnage d’enfant capricieux sur les épaules duquel semblent peser tous les malheurs du monde (en tout cas ceux de son histoire et de l’Histoire, rien que ça).  Contrairement à ce qu’il a déclaré récemment à propos d’un autre film (indice : ce film a obtenu la palme d’or), il semble vraiment savoir ce qu’il est venu faire là. Ses gestes, son regard, son phrasé : tout nous fait oublier l’acteur pour construire ce personnage de grand enfant innocent, malicieux, capricieux,  ce chanteur de rock déchu, à la fois pathétique, touchant, ridicule, flamboyant, décalé. Face à lui, Jane (Frances McDormand), sa femme, aussi forte, présente, décidé qu’il est faible, absent, velléitaire. Leur couple est d’ailleurs symbolique de ce film tout en contradictions et judicieux décalages.

    "Paolo réalise des films rapides sur des gens lents et des films drôles sur des gens tristes", a déclaré Sean Penn lors du dernier Festival de Cannes.  Sorrentino recourt en effet à la légèreté pour évoquer le poids de l’existence que Cheyenne semble porter, mais aussi le poids de la tragédie. Contradictions encore avec ce père absent et omniprésent.  Entre ce personnage enfantin, sa fragilité apparente et sa terrible, et souvent irrésistible, lucidité (Au départ on se dit « Ce sera ça ma vie » puis « C’est ça la vie » déclare-t-il ainsi). Entre la gravité du sujet et la tendresse loufoque pour l’aborder. Entre les grands espaces américains et la mélancolie irlandaise. Entre le visage fardé et ce qu’il dissimule. Entre la mort omniprésente et la vie absente d’un Cheyenne qui s’ennuie. Contradictions entre la fantaisie parfois dérisoire et son objectif qui est tout sauf dérisoire. Entre l’inoffensivité apparente d’un homme et les crimes qu’il a commis.

    Sorrentino semble prendre autant de plaisir à sublimer cette Amérique que Cheyenne traverse qu’à en souligner les ridicules excès, entre les images d’Epinal de l’American dream, les paysages qui ressemblent à des peintures de Hopper avec ses motels, ses stations service, ses vastes étendues d’une beauté vertigineuse et ses excès (ou contradictions à nouveau) qu’il tourne en dérision : d’un armurier à la plus grande pistache du monde, en passant par une bouteille géante qui entrave sa route. Il nous en montre aussi la diversité des visages et des paysages comme un enfant curieux, celui qu’est encore Cheyenne, qui découvre Le Nouveau Monde, un nouveau monde, un enfant qui s’émerveille et croise des personnages (un Indien silencieux, une oie, un bison…) qui semblent tout droit sortie d’un conte. Les moments de fantaisie poétique sont encore sublimés par la musique comme dans cette scène avec cette chanson interprétée par David Byrne, le chanteur des Talking heads qui a composé la musique du film (pas une première puisqu’il a reçu l’Oscar de la meilleure musique pour la BO du Dernier Empereur de Bertolucci).

    « This must be the place », c’est un parcours initiatique: l’histoire d’un masque qui tombe, d’un enfant qui grandit, d’un homme qui se relève. D’un artiste enfantin qui devient un homme et fume sa première cigarette.  Un film inclassable qui mélange habilement les genres, un road movie qui déroute et enchante, ou nous glace par sa lucidité. Un film envoûtant grâce à la musique de David Byrne, la  virtuosité de la mise en scène de Sorrentino et de l’interprétation de Sean Penn qui  nous plongent dans une atmosphère poétique, onirique et fantaisiste qui dissimule un visage grave et lucide. Un bel hommage à « Paris, Texas » de Wim Wenders, et à « Into the wild » de Sean Penn, aussi.  Un personnage et un film qui  vous restent dans la tête comme une petite musique. Celle des mots de Sagan. Ou une grande. Celle des Talkings Heads.  « Il faut choisir, dans l'existence, un moment, un seul, où la peur disparaît »  nous dit-on dans le film.  Ce périple en fait partie. Un périple réjouissant et bouleversant, grave et léger, mélancolique et enchanteur, fardé et sincère. Qui donne envie de regarder la vérité derrière le masque. Celle de l’abjection (le bourreau nazi) ou de l’humanité (Cheyenne) qui se mettent à nu (au propre comme au figuré ici). Leur rencontre improbable donne ce grand film construit sur de brillants contrastes.

    « This must be the place » est encore à l’affiche dans quelques cinémas parisiens comme le MK2 Parnasse ou Les Trois Luxembourg.

    Lien permanent Imprimer Catégories : CRITIQUES DES FILMS A L'AFFICHE EN 2011/2012 Pin it! 0 commentaire
  • Concours - 10 invitations pour l'ouverture du Festival du Cinéma des Antipodes de Saint-Tropez 2011

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    CONCOURS PROLONGE JUSQU'AU 8 OCTOBRE!

     

    Je vous ai déjà parlé à plusieurs reprises des 13èmes rencontres internationales du Cinéma des Antipodes qui se déroulera à Saint-Tropez, du 10 au 16 octobre, et vous permettra de découvrir le meilleur des films australiens et néo-zélandais.  Vous pourrez suivre le festival en direct sur inthemoodforcinema.com, de l'ouverture à la clôture.

    Cliquez ici pour en savoir plus sur la programmation des Rencontres Internationales du Cinéma des Antipodes de Saint-Tropez 2011.

     Aujourd'hui, j'ai le plaisir de vous faire gagner 10 invitations pour l'ouverture (attention, il est nécessaire d'être sur place, ni l'hébergement ni le déplacement ne sont pris en charge).

     Le film d'ouverture sera  THE TENDER HOOK (en présence du réalisateur Jonathan Ogilvie). Ce film raconte l'ascension d'une jeune femme dans le milieu de la boxe à Sydney (avec Hugo Weaving, Rose Byrne, Matt Le Nevez...).

     Le festival s’ouvre aussi pour la première fois à la musique, en proposant pour l’ouverture un show case du groupe Belle Roscoe, duo frère-sœur originaire de Melbourne qui donneront le coup d’envoi au son de leurs mélodies rock-folk. Leur site officiel: http://www.belleroscoe.com/ . Découvrez les ci-dessus en vidéo.

    CONCOURS: Pour faire partie des 10 gagnants de cette invitation pour l'ouverture, vous avez jusqu'au 30 septembre pour répondre aux questions suivantes et m'envoyer vos réponses à inthemoodforcinema@gmail.com avec, pour intitulé de votre email, "Concours Saint-Tropez".

    1. Quel est ce film? Quel prix a-t-il obtenu à Saint-Tropez?

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    2. Qui est ce comédien australien?

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    3. Quel réalisateur australien a réalisé le film dont est extraite l'image ci-dessous?

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    4. De quel film est extraite l'image ci-dessous? Quel rapport avec le Festival de Saint-Tropez?

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    5. Pour départager les gagnants en cas d'égalités,  une question facultative: dîtes-moi en deux phrases, quel est votre film australien ou néo-zélandais préféré et pourquoi?

     La page Facebook officielle du Festival de Saint-Tropez: https://www.facebook.com/pages/Festival-des-Antipodes/154...

    Suivez également le Festival sur twitter (compte twitter officiel du festival) : http://twitter.com/cineantipodes

    Site officiel du Festival: www.festivaldesantipodes.org

     

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    Lien permanent Imprimer Catégories : CONCOURS, FESTIVAL DU CINEMA DES ANTIPODES DE SAINT-TROPEZ 2 Pin it! 0 commentaire
  • Bilan du Festival du Cinéma Américain de Deauville 2011

     

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    Déjà la vie normale est censée avoir repris son cours, pourtant mes pensées vagabondent encore vers Deauville, vers ces 10 jours de parenthèse festivalière que ce compte rendu me permet de revivre un tout petit peu afin de ne pas céder tout à fait à la nostalgie, pas tout à fait car elle est aussi rassurante dans cette course frénétique à l’information qui déjà a dévoré et ingurgité ce festival dans les souvenirs duquel je me replonge avec délice, délice nostalgique donc. Ce Festival du Cinéma Américain de Deauville n’a pas dérogé à la règle des 17 qui, pour moi, l’ont précédé, ressemblant à un véritable film riche en émotions aussi diverses et excessives que le meilleur (ou le pire, la frontière est parfois floue) des blockbusters nécessitant quelques jours pour en appréhender l’enrichissante complexité (là, plutôt à l’image d’un film indépendant que d’un blockbuster).

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    Quoiqu’il advienne, je perdrai toujours toute objectivité quand il s’agira d’évoquer ce festival (bonheur du blog que de n’être soumise à aucune censure ou à aucun rédacteur en chef et que de pouvoir revendiquer sa mauvaise foi), à jamais indissociable de tant de souvenirs et d’émotions cinématographiques, et heureux coupable de l’exacerbation de ma passion irrépressible pour le cinéma, qui le condamnent à la première place dans mon panthéon festivalier, la pluie et quelques déceptions cinématographiques fussent-elles au rendez-vous, comme cette année. J’avoue que j’ai un peu l’impression quand on critique ce festival que les critiques me sont destinées tant la douce mélancolie deauvillaise m’enchante, me porte, et me plonge dans une joie extatique totalement irrationnelle que j’aimerais à tout prix partager avec quiconque (tristes prosaïques) n’arrive à s’émerveiller devant les derniers feux de l’été, souvent les plus brillants et intenses, et rares, qui auréolent les Planches d’une luminosité incomparable, comme sortie d’un songe d’une nuit d’été, et devant ce festival qui concilie si bien les paradoxes et appréhende le cinéma américain dans sa globalité, voire ses contradictions, passant d’une comédie romantique réjouissante comme « Crazy, stupid, love » ou plus nuancée comme « Bringing up Bobby » de Famke Janssen à un film indépendant relevant du périlleux exercice de style comme « Jess+Moss » de Clay Jeter, de l’hommage à Shirley MacLaine à celui rendu à  Todd Solondz, de l’atmosphère feutrée des projections du matin en semaine à l’effervescence électrique des avant-premières du week end, des trophées du Nouvel Hollywood décernés cette année à Jessica Chastain et Ryan Gosling (malheureusement en leur absence) à l’émotion communicative de  l’hommage à Danny Glover ou Naomi Watts sans oublier l'instructive rencontre de Francis Ford Coppola avec les festivaliers (vidéos et ).

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    Je ne suis pas (encore) allée aux Etats-Unis et pourtant j’ai l’impression d’en connaître les mille visages si contrastés tant ce festival et les films qui y sont projetés en reflètent la diversité, la richesse, les blessures malgré une étonnante homogénéité des thématiques dans la compétition. Plus que jamais, cette année, Deauville s’est positionné comme le festival du cinéma indépendant avec une compétition d’un remarquable niveau et, certes, avec moins de ces avant-premières évènementiels qui ont contribué à la notoriété du festival. Un cinéma indépendant et libre qui a donné raison à Francis Ford Coppola qui, lors de sa master class, (passionnante, le grand moment de cette édition) a déclaré : « Quand le cinéma est libre, il peut donner des fruits superbes » ; « Ce qui compte, c’est faire un cinéma indépendant et personnel. » ; « Aujourd’hui, c’est le film indépendant qui incarne le cinéma, certainement pas le cinéma commercial car il répète sans arrêt les films ; c’est le même film. » Olivier Assayas, président de ce jury 2011, a d’ailleurs souligné la « richesse » des films en compétition (9 premiers films sur 14) malgré « souvent des budgets minuscules », ce qui ne les empêche pas de conserver leur « liberté d’écriture et de ton ».

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     « La meilleure chose du cinéma, c’est d’être tous ensemble et d’apprendre des choses » a déclaré Matthew Gordon, prix du jury 2011 pour « The dynamiter ».  En nous donnant à voir cet autre visage de l’Amérique, Deauville fait figure de sociologue.  Le visage qu’ont dessiné ces films en compétition était étonnamment uniforme : uniforme dans la noirceur, dans l’âge de ses protagonistes (des adolescents ou des enfants) souvent meurtris, livrés à eux-mêmes, victimes d’un manque de communication ou d’une société qui n’a jamais eu autant les moyens matériels de communiquer mais n’a jamais été aussi sourde et aveugle, délaissés par des parents fantomatiques, démissionnaires, désemparés, des mères absentes et des pères velléitaires. Une Amérique orpheline qui suffoque, paranoïaque (alors qu’on commémorait les 10 ans du 11 septembre), succombe à la folie et à des peurs irrationnelles, qui cherche un second souffle, une lueur d’espoir, sans oser l’aborder tout à fait (particulièrement significatifs étaient les dénouements des films en compétition presque tous ouverts, laissant à l’appréciation du spectateur cette lueur d’espoir, à peine perceptible), bien loin des films au dénouement desquels flotte insolemment la bannière étoilée comme le cinéma américain nous y a longtemps habitués.

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    Si les lieux et paysages (beau et instructif voyage à travers les Etats-Unis) et libertés diffèrent, c’est le même mal être que l’on retrouve dans chaque film en compétition, le même désarroi parental, le même sentiment de réalité suffocante à laquelle ces adolescents cherchent des échappatoires périlleux, illicites, le même besoin éperdu et rageur de liberté.  Je vous ai déjà parlé de 4 des 14 films en compétition et de leur traitement, ici : un cynisme tantôt amer, tantôt tendre (« Another happy day »),  une rigueur glaciale et non moins touchante (« On the ice »),  une mise en scène parfois un peu trop clipesque (« En secret ») ou  le souci de mettre en scène une réalité dans laquelle la violence est un engrenage implacable pour survivre (« Yelling to the sky »).  Ces adolescents en apparence si différents révèlent la même réalité étouffante, le même besoin d’ailleurs et d’appui familial, les mêmes personnages de mères broyées ou désemparées qui ont parfois renoncé. Tous présentent aussi le même défaut : un dénouement assez expéditif (un scénario qui s’essouffle vers la fin comme si ces cinéastes s’adonnaient à ce dont ne cessent de rêver leurs personnages pendant toute la durée de leurs films : la fuite.) Manière finalement peut-être plus consciente et habile qu’il n’y paraît de faire coïncider la forme et le fond. 

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    La fuite c’est aussi la solution d’Henry Barthes, le personnage principal de « Detachment » de Tony Kaye qui se retrouve à enseigner dans un lycée difficile de New York.  Henry Barthes est un professeur remplaçant, remplaçant afin de ne pas s’investir avec ses élèves tout comme il s’évertue à ne pas s’investir avec les femmes. Il se rêve en homme désincarné dans une salle vide ; lui qui incarnera pourtant le visage de l’espoir. Avec une poésie sombre, Tony Kaye, dans le fond comme dans la forme, rend hommage à l’art, ici salvateur, et à ces êtres qui ne se comprennent pas mais finalement si proches dans leurs fêlures, leur solitude, leur besoin d’écoute. Adrien Brody lui ne fuit pas son rôle mais est au contraire d’une présence époustouflante, assumant les contradictions de son personnage, bouleversant. « Detachment » a obtenu le prix de la critique et de la révélation Cartier. Et sa présentation par son réalisateur (en musique et guitare à l’appui) restera un des beaux moments de cette édition.

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     Le père de famille incarné par Michael Shannon dans « Take Shelter » de Jeff Nichols (grand prix de cette édition, déjà primé à la dernière Semaine de la Critique), lui, ne trouvera pas vraiment de solution à ses peurs destructrices et irrationnelles, métaphoriques d’une Amérique en crise et paranoïaque d’après 11 septembre, avec la crise économique pour arrière-plan.  Terriblement efficace, la réalisation nous plonge dans ses terreurs et son désarroi avec précision et sobriété. Redoutant de devenir schizophrène comme sa mère au même âge, il est hanté par des cauchemars de plus en plus effrayants qui vont le conduire à construire un abri pour protéger sa femme (la douceur de Jessica Chastain s’oppose à ses visions apocalyptiques, une folie plus destructrice qu’un ouragan, une folie qui balaie tout sur son passage dont les images ne sont pas dénuées de force poétique) et sa fille.  Un film efficace (entre drame  social et thriller) mais un choix peut-être de facilité du jury.  Reste la fin intelligemment elliptique et mystérieuse et un vrai don du suspense du réalisateur.  Une judicieuse parabole d’une Amérique d’après 11 septembre qui n’est plus invulnérable, à l’image du père de famille, ébranlé par une tempête incontrôlable. Seul film de cette compétition dont le personnage principal est un adulte, au comportement et aux frayeurs certes enfantins.

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    Autre thriller psychologique et social avec « Without » de Mark Jackson qui là aussi mêle donc les genres et laisse au spectateur l’appréciation de ce qui relève de la réalité ou de la folie du personnage. Ainsi, sur une île boisée très isolée, Joslyn devient à 19 ans aide à domicile auprès d’un vieil homme en état végétatif, cloué sur son fauteuil roulant.  Isolée, se relevant d’une difficile épreuve personnelle, la solitude va peu à peu la faire basculer… Un peu comme dans « Take Shelter » avec peu d’éléments, Mark Jackson instille la peur, la suspicion, dans l’esprit de son personnage principal mais aussi dans celui du spectateur. Une peur souvent irrationnelle qui, là aussi, fait écho à celle de l’après 11 septembre.

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    Beaucoup plus lumineux, éclairé par la douceur et la chaleur incandescents du Mississipi « The dynamiter » dont le centre est le personnage du jeune Robbie (William Ruffin) qui porte le film et sa famille sur ses épaules. Un film à l’image de son réalisateur (qui a enchanté les festivaliers en conférence de presse, en parlant en Français) pudique, sobre, sensible, touchant, et lumineux.

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    Dans « Another Earth » de Mike Cahill (primé à Sundance), une jeune étudiante (fantastique Brit Marling également co-scénariste du film) est en quête de rédemption après avoir provoqué un accident de voiture mortel tandis qu’une planète miroir de la terre apporte l’espoir d’un ailleurs meilleur.  Mike Cahill réussit l’exploit d’un cinéma fantastique sans grands effets spéciaux (troisième film de la compétition dans lequel le surnaturel fait une subtile immersion). Cette poésie fantastique contrebalance la dureté du sujet. On retrouve le thème de la culpabilité déjà présent dans « On the ice » et « Without ».

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    « Jess + Moss » mettait aussi en scène des enfants là aussi confrontés à eux-mêmes, tout l’un pour l’autre, un film en forme de conte initiatique qui relevait plus de l’exercice de style néanmoins illuminé d’une touchante innocence. Eveil à l’amitié, aux premiers émois que l’on retrouvait également dans le maladroit « Terry ».

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    Dommage que le jury ait oublié « Another happy  day », ironique à l’image de son titre, une comédie acide et parfois tendrement cruelle (tendrement parce que Sam Levinson porte un regard finalement plein de compréhension sur ses personnages sans toutefois les épargner) dans laquelle un mariage devient le révélateur des rancœurs et des fêlures des différents membres d’une famille sans oublier le personnage attachant interprété par Ezra Miller qui crève l’écran. Un film qui fait preuve, à l’image de son personnage principal, d’une belle maturité pour un réalisateur de seulement 26 ans.

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    Dans « Trust », David Schwimmer ( sans doute une des personnalités les plus ovationnées de ce festival) suit une adolescente de 14 ans qui se laisse séduire par un homme rencontré sur internet, en réalité un pédophile. Très différent dans la forme de « Michael », en compétition au dernier Festival de Cannes, qui décrivait de façon presque clinique le quotidien d’un enfant séquestré par un pédophile, il montre néanmoins aussi ce dernier dans sa froide et terrifiante normalité apparente. C’est parce qu’il a « rencontré des victimes par le biais d’une association », que  ce sont ces rencontres et ces histoires qui l’ont choqué qui lui ont donné « envie de réaliser un film sur ce sujet »  que David Schwimmer a fait ce film qui, en effet, fait preuve d’une certaine finesse dans la psychologie  de l’adolescente (interprétée avec beaucoup de justesse par Liana Liberato) qui passe de la fascination, au déni, à la colère, au rejet. David Schwimmer stigmatise la publicité qui met en scène des enfants ou des adolescents dans des poses plus que suggestives ou dans sa sexualisation à outrance, mais aussi le caractère virtuel de la communication (notamment avec les parents incarnés par Clive Owen et Catherine Keener) dans une société qui la glorifie et n’en a jamais eu autant les moyens matériels qui isolent finalement plus qu’ils ne rassemblent. Dommage que la scène du générique de fin soit aussi lourde et fasse ressembler à un très mauvais gag ce qui est dramatiquement réaliste. David Schwimmer fait néanmoins passer son message avec beaucoup d’efficacité.

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    Parmi les bonnes surprises, « Restless » de Gus Van Sant, conte poétique sur la mort. Très différent dans la forme du film qui lui valut la palme d’or en 2003, « Elephant », il y regarde cependant à nouveau l’adolescence avec gravité, une adolescence à nouveau confrontée à la mort mais avec moins de violence et plus de poésie. Le sujet, particulièrement mélodramatique, pouvait pourtant susciter quelques réticences ; l’histoire d’amour entre un jeune homme de 20 ans, Enoch, interprété par Henry Hopper (le fils de Dennis) qui, depuis la mort de ses parents dans un accident, fuit (la fuite à nouveau donc mais sous une autre forme) son existence en assistant à des enterrements où il rencontre Annabel, jeune femme en phase terminale d’un cancer. Avec un sujet qui aurait pu se prêter à un film lourd et pesant, Gus Van Sant distille du surnaturel et de la poésie (Enoch est toujours accompagné de son ami imaginaire Hiroshi, fantôme et pilote japonais kamikaze) qui en font un hymne doux et poignant à la beauté fugace de l’existence (comme celle d’un corps tracé à la craie), qui fait rimer premier amour et dernier  jour avec beaucoup de fantaisie, de tendresse et de pudeur.

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    Autre bonne surprise, le film qui a reçu le prix Michel d’Ornano (dont je vous reparlerai ultérieurement), « 17 filles » de Muriel et Delphine Coulin inspiré d’une histoire vraie arrivée aux Etats-Unis : 17 filles américaines avaient décidé de tomber enceinte en même temps.  Très beau film sur l’utopie, l’inconscience, l’énergie mais aussi l’ennui de l’adolescence qui filme la province comme elle l’a rarement été, avec une tranquille mélancolie.

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    Egalement très attendu, « The Conspirator » de Robert Redford, film sur Mary Suratt, complice présumée de l’assassinat de Lincoln, accusée de complicité pour avoir hébergé l’auteur du crime, John Wilkes Booth. Un jeune avocat, Frederick Aiken,  accepte de défendre Mary Surratt. Il prend alors conscience que sa cliente serait innocente et qu’elle ne serait qu’un appât dans le but de capturer le seul conspirateur qui ait échappé à une redoutable chasse à l’homme : son propre fils. Si la réalisation est très académique (l’autochrome, le procédé photographique utilisé, en a décontenancé plus d’un mais nous replonge dans l’ambiance de l’époque), elle sert plutôt le propos, montrant l’intemporalité des tensions politiques et de ce que le film dénonce : la peine de mort, dans toute son impitoyable froideur et sa glaciale et glaçante absurdité. Le personnage de Frederick Aiken, intègre, épris de justice, envers et contre tous, rappelle les personnages incarnés par Robert Redford lui-même épris de loyauté. L’émotion est retenue pendant tout le film mais explose brillamment lors de la scène de la fin, donnant toute sa force à son message et ce qui précède.

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    Parmi les déceptions, « Drive », dont je vous ai parlé en détails ici,  malgré ses évidentes qualités de mise en scène, flamboyante et crépusculaire, et malgré sa bo remarquable alliée à des scènes plus calmes d’une beauté saisissante (face-à-face dans son appartement entre Irène et The Driver dans laquelle le temps est suspendu et dans laquelle les échanges évasifs de regards et les silences d’une douce sensualité en disent tellement). Nicolas Winding Refn a ravi le prix de la mise en scène à Pedro Almodovar à Cannes qui, à mon avis, l’aurait davantage mérité, ne serait-ce parce qu’il a brillamment raconté une histoire cruelle, terrible, effroyable où toute la finesse de la mise en scène réside justement dans ce qui n’est pas montré et qui n’en a que plus de force… Pour les amateurs de séries B avant tout auxquelles le film rend hommage.

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    Enfin la soirée du palmarès s’est terminée avec « The Artist », bouclant la boucle puisque la « Couleur des sentiments » rendait hommage au pouvoir salvateur de l’écriture, tandis que « The Artist » sublime les artistes dont il montre aussi les troublantes fêlures et la noble fragilité, leurs belles et poignantes contradictions. Un film qui concentre la beauté simple et magique, poignante et foudroyante du cinéma et rend hommage à son pouvoir d’une magie ineffable, omniprésente ici. (Cliquez ici pour lire ma critique du film « The Artist »).

     Finalement le pouvoir de l’art était à l’honneur dans « The Artist », « La Couleur des sentiments », « Detachment », belle mise en abyme qui fait écho à cette phrase de Shirley MacLaine lorsqu’elle a reçu son prix (pour son rôle d’actrice mais aussi d’écrivain) : « Les deux sont des réflexions sur qui on est. J’ai été tous ces personnages, on est tous plusieurs personnes à la fois. Un des bonheurs de ma vie est cette quête de mon identité que j’ai menée  à la fois dans l’écriture et l’art dramatique. »

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    Comme chaque année, je quitte Deauville avec un peu de nostalgie, de mélancolie, la certitude et le désir d’y revenir très vite et de belles images comme celle de la chanson interprétée par Tony Kaye  lors de la clôture en hommage à une ville de New York meurtrie mais toujours belle et débout et  qui montre tout ce qui fait la richesse d’un festival, et souvent de celui-ci, la magie ensorcelante de l’imprévu :

    Histoire de vous replonger dans l’atmosphère du festival, la "BO" du CID:

    Inthemoodfordeauville à nouveau à l’honneur cette année :

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    Cette année, vous pourrez me suivre en direct de nouveaux festivals (Lyon, comme intervenante dans deux débats ou encore Saint-Tropez et bien sûr toujours à Cannes et à Deauville en mars et septembre) mais désormais l’actualité deauvillaise se poursuivra toute l’année sur inthemoodfordeauville. Vous pourrez à nouveau bien sûr suivre le Festival du Cinéma Américain l'an prochain, avec plus de partenariats en perspective mais j'y reviendrai...

     N’oubliez pas que vous pouvez suivre l’actualité de ce blog sur Facebook (http://facebook.com/inthemoodfordeauville  ) et sur twitter (http://twitter.com/moodfdeauville  ).

    Et rendez-vous sur inthemoodforcinema.com pour l’actualité cinématographique quotidienne avec, aussi, cette semaine, des places à gagner pour le Festival de Dinard (Film Britannique) et pour le Festival de Saint-Tropez (Cinéma des Antipodes).

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  • Festival Lumière de Lyon - Remise du prix Lumière à Gérard Depardieu et projection de "La femme d'à côté" - Critique

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    Cette année, j'aurai le plaisir de vous parler de ce festival en direct (retrouvez mes articles sur la programmation, ici) puisque je ferai partie des intervenants dans deux débats (je vous en reparlerai). Le 8 octobre, à 20H, sera remis le prix Lumière, à Gérard Depardieu, à l'Amphithéâtre du Centre de Congrès. A cette occasion sera projetée "La femme d'à côté"de François Truffaut, en présence de Gérard Depardieu, Fanny Ardant, Bertrand Tavernier et des personnalités invitées du festival. Les places sont en vente depuis ce midi. Rendez-vous sur le site officiel pour réserver votre place: http://www.festival-lumiere.org .

    Critique de "La Femme d'à côté" de François Truffaut

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    Bernard Coudray (Gérard Depardieu) et Mathilde Bauchard (Fanny Ardant) se sont connus et aimés follement, passionnément, douloureusement, et séparés violemment, sept ans plus tôt. L’ironie tragique du destin va les remettre en présence lorsque le mari de Mathilde, Philippe Bauchard (Henri Garcin), qu’elle a récemment épousé, lui fait la surprise d’acheter une maison dans un hameau isolé, non loin de Grenoble, dans la maison voisine de celle qu’occupent Bernard, son épouse Arlette (Michèle Baumgartner), et leur jeune fils. (Une fenêtre sur cour que l’admirateur et grand connaisseur d’Hitchcock qu’était Truffaut n’a d’ailleurs certainement pas choisie innocemment.) Bernard et Mathilde taisent leur  passé commun à leurs époux respectifs et vont bientôt renouer avec leur ancienne passion.

    A mon sens,  personne d’autre que Truffaut n’a su aussi bien transcrire les ravages de la passion, sa cruauté sublime et sa beauté douloureuse, cette « joie » et cette « souffrance » entremêlées. Si : dans un autre domaine, Balzac peut-être, dont Truffaut s’est d’ailleurs inspiré, notamment pour « Baisers volés » (« Le Lys dans la vallée ») ou « La Peau douce » (Pierre Lachenay y donne ainsi une conférence sur Balzac). L’amour chez Truffaut est en effet presque toujours destructeur et fatal.

    La femme d’à côté est cette étrange étrangère au prénom d’héroïne de Stendhal, magnifiquement incarnée par la classe, l’élégance, le mystère, la voix ensorcelante et inimitable de Fanny Ardant, ici impétueuse et fragile, incandescente, ardente Fanny.

    Truffaut dira ainsi : "J'ai volontairement gardé les conjoints à l'arrière-plan, choisissant d'avantager un personnage de confidente qui lance l'histoire et lui donne sa conclusion : "Ni avec toi, ni sans toi ".  De quoi s'agit-il dans la "La Femme d'à côté" ? D'amour et, bien entendu, d'amour contrarié sans quoi il n'y aurait pas d'histoire. L'obstacle, ici, entre les deux amants, ce n'est pas le poids de la société, ce n'est pas la présence d'autrui, ce n'est pas non plus la disparité des deux tempéraments mais bien au contraire leurs ressemblances. Ils sont encore tous deux dans l'exaltation du "tout ou rien" qui les a déjà séparés huit ans plus tôt. Lorsque le hasard du voisinage les remet en présence, dans un premier temps Mathilde se montre raisonnable, tandis que Bernard ne parvient pas à l'être. Puis la situation, comme le cylindre de verre d'un sablier, se renverse et c'est le drame."

    Le rapport entre les deux  va en effet se renverser à deux reprises. Bernard va peu à peu se laisser emporter par la passion, à en perdre ses repères sociaux, professionnels et familiaux, à en perdre même la raison, toute notion de convenance sociale alors bien dérisoire. Le tourbillon vertigineux de la passion, leurs caractères exaltés, leurs sentiments dans lesquels amour et haine s’entremêlent, se confondent et s’entrechoquent vont rendre le dénouement fatal inévitable.  Chaque geste, chaque regard, chaque parole qu’ils échangent sont ainsi empreints de douceur et de douleur, de joie et de souffrance, de sensualité et de violence.

    Truffaut y démontre une nouvelle fois une grande maîtrise scénaristique et de mise en scène. Après « Le Dernier Métro » , la fresque sur l’Occupation avec ses nombreux personnages, il a choisi ce film plus intimiste au centre duquel se situe un couple, sans pour autant négliger les personnages secondaires, au premier rang desquels Madame Jouve (Véronique Silver), la narratrice, sorte de double de Mathilde, dont le corps comme celui de Mathilde porte les stigmates d’une passion destructrice. Elle donne un ton apparemment neutre au récit, en retrait, narrant comme un fait divers cette histoire qui se déroule dans une ville comme il y en a tant, entre deux personnes aux existences en apparence banales, loin de la grandiloquence d’Adèle.H, mais qui n’ en a alors que plus d’impact, de même que ces plans séquences dans lesquels le tragique se révèle d’autant plus dans leur caractère apparemment anodin et aérien. A l’image des deux personnages, la sagesse de la mise en scène dissimule la folie fiévreuse de la passion, et ce qui aurait pu être un vaudeville se révèle une chronique sensible d’une passion fatale. D’ailleurs, ici les portes ne claquent pas: elles résonnent dans la nuit comme un appel à l’aide, à l’amour et à la mort.

     Deux personnages inoubliables, troublants et attachants, interprétés par deux acteurs magnifiques. Truffaut aurait songé à eux pour incarner cette histoire, en les voyant côte-à-côte lors du dîner après les César lors desquels  « Le Dernier Métro » avait été largement récompensé.

    Il fallait un talent démesuré pour raconter avec autant de simplicité cette histoire d’amour fou, de passion dévastatrice, qui nous emporte dans sa fièvre, son vertige étourdissant et bouleversant, comme elle emporte toute notion d'ordre social et la raison de ses protagonistes. Un film qui a la simplicité bouleversante d’une chanson d’amour, de ces chansons qui « plus elles sont bêtes plus, elles disent la vérité ».

    Ce film sorti le 30 septembre 1981 est l’avant-dernier de Truffaut, juste avant « Vivement Dimanche » dans lequel Fanny Ardant aura également le rôle féminin principal.

     

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  • Les nouvelles dates du 65ème Festival de Cannes (2012) : du 16 au 27 Mai 2012

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    Le 65ème Festival de Cannes aura finalement lieu du 16 au 27 Mai 2012, soit un peu plus tard qu'initialement annoncé (du 9 au 20 mai), pour cause d'élections présidentielles.

    Vous pourrez bien sûr le suivre comme chaque année en direct sur mes différents blogs, évidemment sur http://www.inthemoodforcannes.com avec, tout au long de l'année, la publication des différentes informations concernant le festival que vous pourrez suivre en direct du 16 au 27 mai, mais aussi sur la page Facebook dédiée d'Inthemoodforcannes.com (http://Facebook.com/inthemoodforcannes ) et sur son compte twitter dédié (http://twitter.com/moodforcannes ) que je vous invite à rejoindre dès maintenant.

     Vous pourrez également suivre le festival en direct sur mon blog quotidien principal inthemoodforcinema.com .

     
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