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Par Sandra Mézière. Le 7ème art raconté avec passion depuis 2003. 4000 articles. Festivals de cinéma en direct : Deauville, La Baule, Cannes, Dinard...Critiques de films : avant-premières, à l'affiche, classiques. Actualité de romancière. Podcast.
Après « Baisers volés » (1969) et « La Femme d’à côté » (1981), je poursuis le cycle consacré à François Truffaut sur inthemoodforcinema.com, en remontant un peu dans le temps, avec « La Sirène du Mississipi» (diffusé à 20H45, sur Ciné + Classic, ce 14 octobre 2012), un film sorti en 1969. Dédié à Jean Renoir, adapté, scénarisé et dialogué par Truffaut d’après un roman de William Irish intitulé « Waltz into Darkness » (pour acquérir les droits François Truffaut dut emprunter à Jeanne Moreau, Claude Lelouch et Claude Berri), c’est davantage vers le cinéma d’Alfred Hitchcock, que lorgne pourtant ce film-ci, lequel Hitchcock s’était d’ailleurs lui-même inspiré d’une nouvelle de William Irish pour « Fenêtre sur cour ». Truffaut avait lui-même aussi déjà adapté William Irish pour « La mariée était en noir », en 1968.
Synopsis : Louis Mahé (Jean-Paul Belmondo) est fabriquant de cigarettes à La Réunion. Il doit épouser Julie Roussel qu’il a rencontrée par petite annonce et dont il doit faire la connaissance le jour du mariage. Lorsqu’elle débarque à La Réunion, d’une beauté aussi froide que ravageuse, elle ressemble peu à la photo qu’il possédait d’elle. Elle lui affirme ainsi lui avoir envoyé un faux portrait, par méfiance. Peu de temps après le mariage, l’énigmatique Julie s’enfuit avec la fortune de Louis. Louis engage alors le solitaire et pointilleux détective Comolli (Michel Bouquet) pour la rechercher, et il rentre en France. Après une cure de sommeil à Nice, il retrouve Julie qui se nomme en réalité Marion (Catherine Deneuve) par hasard, elle travaille désormais comme hôtesse dans une discothèque. Il est déterminé à la tuer mais elle l’apitoie en évoquant son enfance malheureuse et ses sentiments pour lui qui l’aime d’ailleurs toujours… Commence alors une vie clandestine pour ce singulier couple.
Ce film connut un échec public et critique à sa sortie. Truffaut expliqua ainsi cet échec : « Il est aisé d’imaginer ce qui a choqué le monde occidental. La Sirène du Mississipi montre un homme faible (en dépit de son allure), envoûté par une femme forte (en dépit de ses apparences) ». Voir ainsi Belmondo ravagé par la passion qui lui sacrifie tout explique pour Truffaut l’échec du film. C’est vrai que ce film peut dérouter après « Baisers volés », quintessence du style Nouvelle Vague. Son romantisme échevelé, sombre, voire désespéré (même si Doinel était déjà un personnage romantique) mais aussi son mélange des genres (comédie, drame, film d’aventures, film noir, policier) ont également pu dérouter ceux qui voyaient avant tout en Truffaut un des éminents représentants de la Nouvelle Vague.
Comme chacun de ses films « La Sirène du Mississipi » n’en révèle pas moins une maîtrise impressionnante de la réalisation et du sens de la narration, des scènes et des dialogues marquants, des références (cinématographiques mais aussi littéraires) intelligemment distillées et le touchant témoignage d’un triple amour fou : de Louis pour Marion, de Truffaut pour Catherine Deneuve, de Truffaut pour le cinéma d’Hitchcock.
Truffaut traite ainsi de nouveau d’un de ses thèmes de prédilections : l’amour fou, dévastateur, destructeur. Malgré la trahison de la femme qu’il aime, Louis tue pour elle et la suit au péril de sa propre existence… Après les premières scènes, véritable ode à l’île de La Réunion qui nous laisse penser que Truffaut va signer là son premier film d’aventures, exotique, le film se recentre sur leur couple, la troublante et trouble Marion, et l’amour aveugle qu’elle inspire à Louis. Truffaut traitera ce thème de manière plus tragique, plus subtile, plus précise encore dans « L’Histoire d’Adèle.H », dans « La Peau douce » (réalisé avant « La Sirène du Mississipi) notamment ou, comme nous l’avons vu, dans « La Femme d’à côté », où, là aussi, Bernard (Gérard Depardieu) emporté par la passion perd ses repères sociaux, professionnels, aime à en perdre la raison avec un mélange détonant de douceur et de douleur, de sensualité et de violence, de joie et de souffrance dont « La sirène du Mississipi » porte déjà les prémisses.
Bien qu’imprégné du style inimitable de Truffaut, ce film est donc aussi une déclaration d’amour au cinéma d’Hitchcock, leurs entretiens restant le livre de référence sur le cinéma hitchcockien (si vous ne l’avez pas encore, je vous le conseille vivement, il se lit et relit indéfiniment, et c’est sans doute une des meilleures leçons de cinéma qui soit). « Les Oiseaux », « Pas de printemps pour Marnie », « Sueurs froides», « Psychose », autant de films du maître du suspense auxquels se réfère « La Sirène du Mississipi ». Et puis évidemment le personnage même de Marion interprétée par Catherine Deneuve, femme fatale ambivalente, d’une beauté troublante et mystérieuse, d’une blondeur et d’une froideur implacables, tantôt cruelle, tantôt fragile, empreinte beaucoup aux héroïnes hitchcockiennes, à la fois à Tippie Hedren dans « Pas de printemps pour Marnie » ou à Kim Novak dans « Sueurs froides » notamment pour la double identité du personnage dont les deux prénoms (Marion et Julie) commencent d’ailleurs comme ceux de Kim Novak dans le film d’Hitchcock- Madeleine et Judy-.
A Deneuve, qui vient d'accepter le film, Truffaut écrivit : « Avec La Sirène, je compte bien montrer un nouveau tandem prestigieux et fort : Jean-Paul, aussi vivant et fragile qu'un héros stendhalien, et vous, la sirène blonde dont le chant aurait inspiré Giraudoux. » Et il est vrai qu’émane de ce couple, une beauté ambivalente et tragique, un charme tantôt léger tantôt empreint de gravité. On retrouve Catherine Deneuve et Jean-Paul Belmondo dans des contre-emplois dans lesquels ils ne sont pas moins remarquables. Elle en femme fatale, vénale, manipulatrice, sirène envoûtante mais néanmoins touchante dont on ne sait jamais vraiment si elle aime ou agit par intérêt. Lui en homme réservé, follement amoureux, prêt à tout par amour, même à tuer.
A l’image de l’Antiquaire qui avait prévenu Raphaël de Valentin dans « La Peau de chagrin » à laquelle Truffaut se réfère d’ailleurs, Louis tombant par hasard sur le roman en question dans une cabane où ils se réfugient ( faisant donc de nouveau référence à Balzac après cette scène mémorable se référant au « Lys dans la vallée » dans « Baisers volés »), et alors que la fortune se réduit comme une peau de chagrin, Marion aurait pu dire à Louis : « Si tu me possèdes, tu possèderas tout, mais ta vie m'appartiendra ».
Enfin ce film est une déclaration d’amour de Louis à Marion mais aussi et surtout, à travers eux, de Truffaut à Catherine Deneuve comme dans cette scène au coin du feu où Louis décrit son visage comme un paysage, où l’acteur semble alors être le porte-parole du cinéaste. Le personnage insaisissable, mystérieux de Catherine Deneuve contribue largement à l’intérêt du film, si bien qu’on imagine difficilement quelqu’un d’autre interprétant son rôle.
Comme souvent, Truffaut manie l’ellipse avec brio, joue de nouveau avec les temporalités pour imposer un rythme soutenu. Il cultive de nouveau le hasard comme dans « Baisers volés » où il était le principal allié de Doinel, pour accélérer l’intrigue.
Alors, même si ce film n’est pas cité comme l’un des meilleurs de Truffaut, il n’en demeure pas moins fiévreux, rythmé, marqué par cette passion, joliment douloureuse, qui fait l’éloge des grands silences et que symbolise si bien le magnifique couple incarné par Deneuve et Belmondo. Avec « La Sirène du Mississipi » qui passe brillamment de la légèreté au drame et qui dissèque cet amour qui fait mal, à la fois joie et souffrance, Truffaut signe le film d’un cinéaste et d’un cinéphile comme le fit par exemple également Pedro Almodovar avec « Les Etreintes brisées ».
« La Sirène du Mississipi » s’achève par un plan dans la neige immaculée qui laisse ce couple troublant partir vers son destin, un nouveau départ, et nous avec le souvenir ému de cet amour fou dont Truffaut est sans doute le meilleur cinéaste.
Dix ans plus tard, Catherine Deneuve interprétera de nouveau une Marion dans un film de Truffaut « Le dernier métro », et sera de nouveau la destinataire d’ une des plus célèbres et des plus belles répliques de Truffaut, et du cinéma, que Belmondo lui adresse déjà dans « La Sirène du Mississipi »:
« - Quand je te regarde, c'est une souffrance.
- Pourtant hier, tu disais que c'était une joie.
- C'est une joie et une souffrance.''
Sans doute une des meilleures définitions de l’amour, en tout cas de l’amour dans le cinéma de Truffaut… que nous continuerons à analyser prochainement avec « L’Histoire d’Adèle.H ». En attendant je vous laisse méditer sur cette citation et sur le chant ensorcelant et parfois déroutant de cette insaisissable « Sirène du Mississipi ».
Ci-dessus, le jury du Festival International des Jeunes Réalisateurs de Saint-Jean-de-Luz 2012
Le Sélect: lieu phare du festival où ont lieu toutes les projections
Très photogénique Saint-Jean-de-Luz...
Le festival de Saint-Jean-de-Luz se poursuit et les bonnes surprises s'enchaînent (je vous en parlerai au retour, en détails avec également des vidéos à l'appui) avec, ce soir "Dead man talking", premier long-métrage en tant que réalisateur du comédien Patrick Ridremont, un film délicieusement inclassable à l'image de la vie qui oscille constamment entre tendresse, cruauté, rires et larmes (mais là aussi, je vous en reparlerai).
Pour ceux qui sont à Saint-Jean-de-Luz, n'oubliez pas que vous pouvez, certes voter pour les films, mais aussi laisser votre avis sur ceux-ci dans le Filmaton, excellente idée qui me fait penser à ces "moments de vérité" si souvent évoqués par Claude Lelouch: les avis des spectateurs pourraient en effet donner lieu à de véritables courts-métrages.
Ce vendredi, à 20H, ne manquez sous aucun prétexte "J'enrage de son absence" de Sandrine Bonnaire que j'avais découvert à la Semaine de la Critique à Cannes et qui est sans aucun doute un des meilleurs films de cette année et la première fiction bien sûr d'une grande actrice mais aussi d'une vraie cinéaste.
Critique de '"J'enrage de son absence" de Sandrine Bonnaire (critique publiée suite à la projection cannoise à la Semaine de la Critique)
Photos ci-dessus prises lors de l'avant-première cannoise
Les jours et les nuits, les projections et les soirées, les moments irréels et irréels se succèdent et se confondent dans une sorte de brouillard éblouissant et le temps me manque pour vous raconter ces journées bien et très agréablement remplies mais, comme chaque année, vous pourrez bien entendu retrouver mon compte-rendu très détaillé après le Festival de Cannes. En attendant, je vais vous parler (trop) brièvement d’un des trois films à m’avoir particulièrement marquée ces derniers jours, avec « A perdre la raison » de Joachim Lafosse, « Trois mondes » de Catherine Corsini » : « J’enrage de son absence » de Sandrine Bonnaire. Dans les trois cas, des personnages enfermés dans leurs drames et leurs solitudes. Dans les trois cas, des films d’une extrême sensibilité, poignante dans les films de Joachim Lafosse et Sandrine Bonnaire.
Sandrine Bonnaire nous avait déjà bouleversés avec son documentaire consacré à sa sœur autiste « Elle s’appelait Sabine » (alors présenté à la Quinzaine des Réalisateurs), un documentaire ni larmoyant ni complaisant, deux écueils dans lesquels il aurait été si facile de tomber. Véritable plaidoyer pour la mise en place de structures d’accueil pour les handicapés, hommage à ceux qui les encadrent, c’est aussi une véritable déclaration d’amour de Sandrine Bonnaire à sa sœur, un cri du cœur déchirant pour celle que 5 années d’hôpital psychiatrique ont changé à jamais mais qui joue un prélude de Bach avec la même facilité sidérante que des années auparavant. Elle parvient à nouveau, magistralement, à nous bouleverser avec son premier long-métrage, inspiré d’une histoire vraie.
Ce film nous raconte l'histoire d'un couple, Jacques (William Hurt) et Mado (Alexandra Lamy), dont le fils est décédé accidentellement il y a une dizaine d’années. Lorsqu'ils se retrouvent, le père devient obsédé par le petit garçon de 7 ans qu'elle a eu d'une autre union. Entre cet homme et ce petit garçon, un lien fort et inquiétant se crée dans le secret d’une cave.
Sandrine Bonnaire pour son premier film, dès la première seconde, fait preuve d’une maitrise étonnante, d’une manière de nous « impliquer » dans son drame, avec intensité et empathie. La tension est croissante. Le regard à la fois doux et perdu, un peu fou mais surtout fou d’amour et de la rage de l’absence de William Hurt auquel sa caméra s’accroche souvent, y est pour beaucoup. Sa prestation est une des plus magistrales qu’il m’ait été donné de voir. Son personnage un des plus bouleversants de tendresse, de détresse, d’humanité, aux portes de la folie. Il va peu à peu s’enterrer, se recroqueviller au propre comme au figuré, pour aller au bout de cette détresse. Jamais Sandrine Bonnaire ne tombe dans le pathos, toujours à hauteur de ses personnages, de leur cauchemar dans lequel elle nous enferme peu à peu, créant une tension croissante, bientôt suffocante. Elle ne juge jamais ses personnages mais les comprend, les suit pas à pas dans cette descente aux enfers. Deux appréhensions du deuil. L’un tait et l’autre fait exploser sa douleur, descend jusqu’au plus profond de celle-ci. Deux personnages abîmés par les terribles vicissitudes de l’existence et d’autant plus humains et touchants.
Sandrine Bonnaire, si elle a certainement appris beaucoup avec tous les grands cinéastes avec lesquels elle a tournés (le prénom de Mado fait ainsi songer à Claude Sautet, d’ailleurs ce mélange des genres peut aussi faire penser à « Quelques jours avec moi » de ce même cinéaste dans lequel Sandrine Bonnaire était d’ailleurs magistral), elle impose, dès son premier film, un style bien à elle, et surtout un regard et un univers propres aux grands cinéastes. En plus d’être une grande comédienne, Sandrine Bonnaire s’affirme ici comme une grande cinéaste en devenir. Elle filme la violence de la couleur avec une rage à la fois douce et âpre, sans jamais lâcher ses personnages tout comme cette douleur absolue ne les lâche jamais. Paradoxalement, un film qui fera du bien à tous ceux qui ont connu ou connaissent la douleur ineffable, étouffante et destructrice du deuil.
Avec ce film dramatique, absolument bouleversant, entre drame familial et thriller, Sandrine Bonnaire met des images sur l’indicible douleur et donne à William Hurt et Alexandra Lamy leurs meilleurs rôles (un premier rôle et une nouvelle fois un beau personnage de mère qui montre une nouvelle fois toute l’étendue de l’immense talent de cette dernière) et signe une première fiction palpitante, poignante, d’une maîtrise étonnante qui vous fera chavirer d’émotion pour ces beaux personnages enragés de douleur.
Sortie en salles : le 31 octobre 2012
Vidéo de la présentation du film à la Semaine de la Critique
Un bon festival est comme un mets délicieux: il se doit d'être dégusté plutôt que d'être dévoré afin d'être apprécié à sa juste valeur, c'est la raison pour laquelle le compte-rendu, pour lui être fidèle, doit aussi être soigneusement préparé et non écrit à la va-vite entre deux séances. Il vous faudra donc attendre un peu pour en savoir davantage sur ce festival dont je peux néanmoins d'ores et déjà vous dire qu'il me permet de faire de très belles découvertes cinématographiques au premier rang desquelles (pour le moment) "Le Voyage de Monsieur Crulic" d'Anca Damian et "Syngué Sabour, pierre de patience" dont je vous parlerai plus en détails prochainement ainsi que de toutes les autres projections du festival. En attendant, je dois vous laisser pour un nouveau film en compétition : "Now is good" d'Ol Parker. A suivre...
Je vous ai souvent parlé ici du Festival Lumière de Lyon que j'avais eu le plaisir de découvrir l'an passé invitée comme intervenante dans des débats sur "internet et cinéphilie", (retrouvez en bas de cet article, en bonus, mon compte-rendu détaillé du Festival Lumière de Lyon 2011 qui, je l’espère, vous convaincra de venir le découvrir à votre tour), un festival qui met vraiment le cinéma à l’honneur, créé et animé par des passionnés (ce n’est malheureusement pas le cas partout) qui vous permet de (re)découvrir des classiques du 7ème art, parfois avec un regard nouveau, ceux-ci étant présentés par les enthousiastes et cinéphiles fondateurs du festival (Thierry Frémaux et Bertrand Tavernier) ou de célèbres cinéphiles, hors de toute promotion, mais simplement là pour partager leur amour du cinéma.
Le programme de cette année ferait pâlir d’envie n’importe quel cinéphile digne de ce nom. Comment choisir entre les films de Ken Loach (qui recevra le prix Lumière cette année), les films de De Sica, de Max Ophuls, les hommages à Jacqueline Bisset, Tim Roth, Max von Sydow (qui donnera une leçon d’acteur), Lalo Schifrin, Agnès Varda, Andrei Konchalovsky ou encore les grandes projections de chefs d’oeuvre comme « Tess » ou « Il était une fois en Amérique »ou encore des films restaurés parmi lesquels « L’assassin habite au 21″ de Clouzot ou « Voyage en Italie » de Rossellini, la nuit musique au cinéma, la projection de « La nuit du chasseur » ou de « Loulou », les documentaires sur le cinéma, les conférences, les master class… Un festival pour tous les amoureux du cinéma avec une programmation riche et éclectique.
Retrouvez ci-dessous, après le concours, le programme complet de l'édition 2012 détaillé, mon compte-rendu de l’édition 2011, la critique de « Tess » et l’analyse de « La Règle du jeu » de Renoir programmés au festival cette année. Pour en savoir plus, rendez-vous sur le site officiel du festival. Un festival à suivre et à vivre du 15 au 21 octobre 2012.
Je suis donc ravie, grâce à l'Institut Lumière de Lyon, de vous faire gagner des places pour la séance de clôture du festival qui aura lieu à la Halle Tony Garnier, le dimanche 21 octobre, à 14h45 .
Il s'agit de la projection de La Porte du paradis de Michael Cimino (1980, 3h36). Isabelle Huppert sera l’invitée d’honneur de la clôture . Elle présentera le film de Michael Cimino La qui sera projeté en copie restaurée, dans la version de 3h36 récemment réalisée par le cinéaste. http://www.festival-lumiere.org/lettres/seance-cloture.html
5x2 places sont à gagner. elles seront envoyées directement aux gagnants. Pour faire partie des heureux élus, dîtes-moi simplement ce qu'évoque pour vous le Festival lumière de Lyon et pourquoi vous souhaitez remporter ces places. Soyez passionnés, originaux, et montrez votre cinéphilie! Les réponses sont à envoyer avant le 15 octobre, à minuit, à inthemoodforcinema@gmail.com avec, pour intitulé de votre email "Concours Lumière". Seuls les gagnants seront contactés. Bonne chance à tous!
PROGRAMME DETAILLE DU FESTIVAL LUMIERE DE LYON 2012
Soirée d’ouverture
L’Épouvantail de Jerry Schatzberg (Scarecrow, 1973, 1h52)
Prix Lumière 2012 Ken Loach
Cathy Come Home de Ken Loach (1969, 1h15)
Kes de Ken Loach (1969, 1h50)
Raining Stones de Ken Loach (1993, 1h30)
Ladybird de Ken Loach (Ladybird Ladybird, 1994, 1h42)
Land and Freedom de Ken Loach (1995, 1h49)
Carla’s Song de Ken Loach (1996, 2h07)
My Name is Joe de Ken Loach (1998, 1h45)
The Navigators de Ken Loach (2001, 1h36)
Sweet Sixteen de Ken Loach (2002, 1h46)
Le Vent se lève de Ken Loach (The Wind that Shakes the Barley, 2006, 2h04)
It’s a Free Worldde Ken Loach (2007, 1h36)
Looking for Eric de Ken Loach (2009, 1h56)
Route Irishde Ken Loach (2010, 1h49)
Documentaires sur Ken Loach
Cinéastes et cinéma – Ken Loach’s Worlds de Richard Bean (2012, 52min)
Cinéma de notre temps – Ken Loach de Karim Dridi (1996, 1h)
La Gloire de Vittorio De Sica
Vittorio De Sica réalisateur
Sciuscia deVittorio De Sica (Sciuscià, 1946, 1h33)
Le Voleur de bicyclette de Vittorio De Sica (Ladri di biciclette, 1948, 1h33)
Miracle à Milan de Vittorio De Sica (Miracolo a Milano, 1951, 1h40)
Umberto D. de Vittorio De Sica (1952, 1h31)
L’Or de Naples de Vittorio De Sica (L’oro di Napoli, 1954, 2h15)
La Ciociarade Vittorio De Sica (1960, 1h41)
Mariage à l’italienne de Vittorio De Sica (Matrimonio all’italiana, 1964, 1h44)
Un monde nouveaude Vittorio De Sica (1966, 1h23)
Una breve vacanza de Vittorio De Sica (1973, 1h52)
Vittorio De Sica acteur
La compagnia dei matti de Mario Almirante (1928, 2h15)
Madame de… de Max Ophuls (1953, 1h40)
Au plaisir de Max Ophuls
La Fiancée vendue de Max Ophuls (Die verkaufte Braut, 1932, 1h17)
La signora di tuttide Max Ophuls (1934, 1h29)
Comédie de l’argent de Max Ophuls (Komedie om geld, 1936, 1h21)
La Tendre ennemie de Max Ophuls (1936, 1h10)
Le Roman de Wertherde Max Ophuls (1938, 1h22)
Sans lendemainde Max Ophuls (1940, 1h22)
Lettre d’une inconnue de Max Ophuls (Letter from an Unknown Woman, 1948, 1h27)
Caught de Max Ophuls (1949, 1h28)
Les Désemparésde Max Ophuls (The Reckless Moment, 1949, 1h19)
La Rondede Max Ophuls (1950, 1h35)
Le Plaisir de Max Ophuls (1952, 1h33)
Madame de… de Max Ophuls (1953, 1h40)
Lola Montès de Max Ophuls (1955, 1h55)
Documentaires sur Max Ophuls
Cinéastes de notre temps – Max Ophuls ou le plaisir de tourner de Michel Mitrani (1965, 51min)
Max par Marcelde Marcel Ophuls (2009, 1h21)
« Dino ! », souvenir de Dean Martin
Comme un torrent de Vincente Minnelli (Some Came Running, 1958, 2h17)
Rio Bravo de Howard Hawks (1959, 2h21)
Ocean’s Elevende Lewis Milestone (1960, 1h59)
Embrasse-moi, idiot de Billy Wilder (Kiss Me, Stupid, 1964, 2h05)
Baby Cart, une saga japonaise (1972-1974)
Baby Cart 1 : Le Sabre de la vengeance de Kenji Misumi (Kozure Ôkami : Ko wo kashi ude kashi tsukamatsuru, 1972, 1h23) Baby Cart 2 : L’Enfant massacre de Kenji Misumi (Kozure Ôkami : Sanzu no kawa no ubaguruma, 1972, 1h21) Baby Cart 3 : Dans la terre de l’ombrede Kenji Misumi (Kozure Ôkami : Shinikazeni mukau ubaguruma, 1972, 1h29) Baby Cart 4 : L’Âme d’un père, le cœur d’un filsde Buichi Saitô (Kozure Ôkami : Oya no kokoro ko no kokoro, 1972, 1h21) Baby Cart 5 : Le Territoire des démonsde Kenji Misumi (Kozure Ôkami : Meifumadô, 1973, 1h29) Baby Cart 6 : Le Paradis blanc de l’enfer de Yoshiyuki Kuroda (Kozure Ôkami : Jigozu e ikuzo ! Daigorô, 1974, 1h24)
Les films seront projetés en 35mm – distribution Wild Side.
Hommages en leur présence
- Jacqueline Bisset
Bullit de Peter Yates (1968, 1h53)
La Nuit américainede François Truffaut (1973, 1h55)
Le Magnifique de Philippe de Broca (1973, 1h30)
- Max von Sydow (il donnera une leçon d’acteur, présentera des films et recevra la légion d’honneur)
Le Septième sceaud’Ingmar Bergman (Det sjunde inseglet, 1957, 1h36)
La Mort en direct de Bertrand Tavernier (Death Watch, 1980, 2h08)
Documentaire :Max von sydow : Dialogues with « The Renter » in Stephen Daldry’s film de Cedric Brelet von Sydow (2011, 44min)
La Maison de fous d’Andrei Konchalovsky (Dom durakov, 2002, 1h44)
- Tim Roth
Little Odessade James Gray (1994, 1h38)
Les Grandes projections
Les Dents de la mer de Steven Spielberg (Jaws, 1975, 2h04)
Tess de Roman Polanski (1979, 2h51)
Il était une fois en Amérique de Sergio Leone (Once Upon a Time in America, 1984, 4h13, 1ère partie : 2h56, 2e partie : 1h17)
La Porte du paradis de Michael Cimino (Heaven’s Gate, 1980, 3h36)
Moments d’histoire
- Genèse d’un chef-d’oeuvre : La Nuit du chasseur de Charles Laughton
La Nuit du chasseur de Charles Laughton (The Night of the Hunter, 1955, 1h33)
Charles Laughton dirige La Nuit du chasseur : l’histoire d’une épopéede Robert Gitt (Charles Laughton Directs The Night of the Hunter : The Epic That Was, 2002, 2h41)
- Pour revenir sur Renoir
Renoirde Gilles Bourdos (2012, 1h51)
Sur un air de Charleston de Jean Renoir (1927, 17min)
La Règle du jeude Jean Renoir (1939, 1h46)
Le Carrosse d’or de Jean Renoir (1952, 1h43)
- Mario Ruspoli, prince des baleines et autres raretés
Regard sur la folie de Mario Ruspoli (1961, 41min) Les Inconnus de la terre de Mario Ruspoli (1961, 35min) Mario Ruspoli, prince des baleines et autres raretés de Florence Dauman (2011, 1h16)
- Du muet au parlant : Charles Brabin (1883-1957)
Blind Wivesde Charles Brabin (1920, 1h41)
La Vallée des géants de Charles Brabin (The Valley of the Giants, 1927, 1h08)
Sporting Blood de Charles Brabin (1931, 1h21)
The Beast of the City de Charles Brabin (1932, 1h26)
Sublimes moments du muet – Ciné-concerts 2012
- À l’Auditorium de Lyon
Loulou de Georg Wilhelm Pabst (Die Büchse der Pandora, 1929, 2h32), copie restaurée de la Deutsche Kinemathek de Berlin, avec l’Orchestre national de Lyon dirigé par Timothy Brock.
- Rescue the Hitchcock 9
The Pleasure Garden d’Alfred Hitchcock (1925, 1h16), copie restaurée par le British Film Institute Londres. Film extrait de la série en cours de restauration de neuf Hitchcock muets.
- Rétrospective Vittorio De Sica
La compagnia dei matti de Mario Almirante (1928, 2h15), copie restaurée par la Cinémathèque de Bologne/L’Immagine Ritrovata.
- Du muet au parlant : Charles Brabin
Blind Wives de Charles Brabin (1920, 1h41) La Vallée des géants de Charles Brabin (The Valley of the Giants, 1927, 1h08) Les films seront accompagnés en direct par des musiciens.
- Pour revenir sur Renoir
Sur un air de Charleston de Jean Renoir (1927, 17min)
Story of Film : Une histoire du cinéma de Mark Cousins (The Story of Film : An Odyssey, 2011, 15 épisodes de 1h02) – avant-première française avant sortie télé et DVD Final Cut – Mesdames & Messieurs de György Pálfi (Final Cut – Hölgyeim és uraim, 2012, 1h24) – présenté en clôture de Cannes Classics 2012
- Yves Boisset parle de Jean Moulin
Jean Moulin d’Yves Boisset (2002, 3h12, 1ère partie : 1h27, 2e partie : 1h45)
Le temps retrouvé : splendeurs des restaurations 2012
Les Misérables de Raymond Bernard (1934, 4h46, 1ère partie : Tempête sous un crâne, 1h55, 2e partie : Les Thénardier, 1h23, 3e partie : Liberté, liberté chérie, 1h28), restauration Pathé L’Assassin habite au 21 d’Henri-Georges Clouzot (1942, 1h24), restauration Gaumont Voyage en Italie de Roberto Rossellini (Viaggio in Italia, 1954, 1h37), restauration Cinémathèque de Bologne/L’Immagine Ritrovata, dans le cadre du Rossellini Project La Chevauchée des bannis d’André De Toth (Day of the Outlaw, 1959, 1h30), restauration Park Circus et distribution Splendor Films (inédit en salle depuis sa sortie) L’Aventurier du Rio Grande de Robert Parrish (The Wonderful Country, 1959, 1h38) La Dixième victime d’Elio Petri (La decima vittima, 1965, 1h33), restauration Musée National du Cinéma de Turin Les Mariés de l’an II de Jean-Paul Rappeneau (1971, 1h39), restauration Gaumont The Last Picture Show de Peter Bogdanovich (1971, 2h06) Je hais les acteurs de Gérard Krawczyk (1986, 1h30) Le Carrosse d’or de Jean Renoir (1952, 1h43), copie restaurée par TF1 DA, présentée par Les Acacias
Mon festival à moi – le festival pour les enfants
E.T. de Steven Spielberg (1982, 1h55) dans la grande Halle Tony Garnier, copie restaurée par Universal et Steven Spielberg dans le cadre de la célébration des 100 ans du Studio et des 30 ans du film. Frankenweenie de Tim Burton (2012, 1h27) en avant-première nationale (Walt Disney distribution) Programme enfants dans les écoles des communes du Grand Lyon
Nuit Musique et cinéma
Ambiance rock à la Halle ! American Graffiti de George Lucas (1973, 1h52) Quatre garçons dans le vent de Richard Lester (A Hard Day’s Night, 1964, 1h26)
Spinal Tap de Rob Reiner (This is Spinal Tap, 1984, 1h22)
Walk the Linede James Mangold (2005, 2h16) Un dortoir est installé derrière l’écran pour les coups de fatigue pendant la nuit, et un petit-déjeuner est offert après le dernier film aux plus vaillants !
Documentaires sur le cinéma
Comme chaque année un programme de documentaires sur le cinéma montrés dans la salle du Château Lumière.
Me And Me Dad de Katrine Boorman (2011, 1h07) Method To The Madness Of Jerry Lewis de Gregg Barson (2011, 1h55) La Machine folle ou le dinosaure qui avait oublié que les salles de cinéma avaient de la mémoire d’Emilio Maillé (La maquina loca o del dinosaurio que olvidó que las salas de cine tenian memoria, 2012, 1h26) Albert Capellani, des deux côtés de l’Atlantique d’Hubert Niogret (2012, 58min) Il était une fois… Les Trois jours du Condor de Guillaume Moscovitz (2012, 52min) Les Toiles du monde de Stéphane Carrel (2001, 1h30) L’Odyssée de Fantômas ou le centenaire d’un mythe de Jean-Charles Lemeunier, Pascal De Maria, Charles Salignat (2011, 52min)
Séance de clôture
La Porte du paradis de Michael Cimino (Heaven’s Gate, 1980, 3h36)
Les nouvelles formes de la cinéphilie : Hommage à Criterion
Cette célèbre maison d’édition américaine de DVD et Blu-Ray, créée en 1984 et mondialement reconnue, mène un travail remarquable et remarqué sur le cinéma de patrimoine. Après le site internet mondial IMDB que le festival Lumière a consacré l’an dernier, hommage sera rendu à The Criterion Collection (New York), la pléïade des DVD / Blu-ray. En présence de Peter Becker, l’un de ses fondateurs.
Industrie et patrimoine : Hommage à Gaumont
Depuis plusieurs années, Gaumont restaure les films d’un extraordinaire catalogue, se bat pour faire vivre le patrimoine en salle, édite des titres rares et méconnus en DVD. Une « major » pour le cinéma classique. En présence de Nicolas Seydoux (Président du Conseil d’Administration) et Sidonie Dumas (Directrice Générale). Gaumont présentera plusieurs films lors du festival Lumière, animera une masterclass sur la restauration des films. En outre, seront présentés quelques films d’une auteur-maison, Alice Guy (1873-1968), première femme cinéaste, ainsi que des actualités Gaumont sur Lyon.
Les métiers du cinéma : Rencontre-exposition avec Pierre Collier, affichiste.
On ne connaît pas son nom mais, à notre insu, on connaît son travail : Pierre Collier est l’un des affichistes les plus actifs du cinéma français et mondial. Issu de l’Ecole des Beaux-Arts de Roubaix et Lille, il a commencé à faire des affiches en 1986, et depuis en a réalisé près de 500 pour le cinéma d’auteur international. Son site : www.pierrecollier.fr
Exposition, rencontres, en présence de Pierre Collier
Les conférences et les master class
Pour sa quatrième année, le festival Lumière innove en organisant plusieurs séries de conférences et de rencontres autour de thèmes liés au patrimoine du cinéma, à sa présence dans les festivals et à ses nouveaux environnements économiques. « Les nouvelles politiques du patrimoine en France », conférence de Eric Garandeau, Président du CNC Tentative d’invention d’un Marché du cinéma classique : rencontre avec les diffuseurs, éditeurs, distributeurs, animateurs de sites VOD, restaurateurs et organisateurs de festival autou du cinéma classique. Cinéphilie et numérique : l’avenir de la diffusion, l’avenir des spectateursLe déjeuner du patrimoine (après Cannes, 2e réunion des cinémathèques européennes) Congrès annuel de Europa Distribution (tous les distributeurs de cinéma d’art et essai d’Europe) à Lyon Par ailleurs, le festival Lumière systématise trois séries de conférences-rencontres-masterclass. 1. Les master class d’artistes, avec les invités du festival Les expériences d’actrice de Jacqueline Bisset, faire du cinéma en Russie par Andrei Konchalovsky, l’amour du cinéma de Clotilde Courau ou le cinéma de Ken Loach : des rencontres exceptionnelles pour un moment intime sur le cinéma mondial contemporain. Tous les jours, à la Villa Lumière / Entrée libre (sur inscription) 2. Les master class cinéphiles Au sujet de Vittorio De Sica, de la restauration de films, l’enquête autour de La Nuit du chasseur : pour accompagner les découvertes du festival. Tous les jours, à la Villa Lumière / Entrée libre (sur inscription) 3. Les master class professionnelles ou masterclasspro De nombreux professionnels du cinéma et de l’image vivent en région Rhône-Alpes. Le festival Lumière propose des rencontres avec des personnalités qui viendront évoquer leur métier. Master class organisées en collaboration avec Rhône-Alpes Cinéma et Imaginove.
Le Prix Bernard Chardère
Remis à un journaliste-critique.
Le Prix Raymond Chirat
Remis à un historien du cinéma (rappelons que c’est Pascal Mérigeau qui l’avait obtenu en 2010 pour ses recherches sur Jean Renoir et dont le livre publié début octobre 2012 fait l’objet d’un vernissage au festival.)
Cinéma Monplaisir : Bourse Cinéma et Photo de Lyon
Samedi 20 octobre 14h-19h et dimanche 21 octobre 9h-19h / Entrée libre Le rendez-vous des passionnés d’objets de cinéma et de photographie, pour dénicher appareils photos, caméras, matériel de projection, affiches, livres, photos, objets insolites… Plus de 60 exposants venus de toute la France installés rue du Premier-Film dans deux nouveaux lieux : l’école primaire Lumière et le lycée du Premier Film. Organisé dans le cadre du festival Lumière par Lyon Brocante Ciné Photo et l’Espace Commercial Monplaisir, avec le soutien du Grand Lyon.
En pré-ouverture du festival Lumière : Les Cinébals de la Biennale de la Danse
Au Transbordeur : Samedi 29/09 à 15h et à 21h – Dimanche 30/09 à 15h / 10 E – Gratuit pour les «ambassadeurs»
Des danses simples, drôles, quelquefois loufoques, adaptées à tous les publics et à tous les âges. Venez partager en famille ou entre amis un moment unique de danse à l’unisson ! Dresscode : Il n’est pas interdit d’emprunter à tel ou tel film le code vestimentaire qui vous inspire. Sélection des films disponible sur www.biennaledeladanse.com
Des projections pour tous !
Le cinéma à la rencontre de ceux qui ne peuvent y aller : les enfants hospitalisés, avec l’association Les Toiles enchantées ; les détenus de la Maison d’arrêt de Lyon-Corbas… Et aussi, une séance pour les malvoyants (le samedi au Zola avec La Nuit américaine). Dans Lyon, à la tombée de la nuit, découvrez au détour des rues, des projections de photos et d’extraits de films de l’histoire du cinéma sur les façades d’immeubles lyonnais.
Festival Lumière de Lyon 2011, la cinéphilie, internet et la passion du cinéma à l’honneur : compte-rendu
Alors que, en cette première semaine d’octobre, chaque année depuis ma participation à son jury, en 1999, mes pérégrinations festivalières me mènent habituellement vers la Côte d’Emeraude, au Festival du Film Britannique de Dinard, c’est cette année vers Lyon qu’elles m’ont conduite, à l’invitation du Festival Lumière dont il s’agissait de la troisième édition qui, outre les classiques du septième art, mettaient aussi la cinéphilie et internet à l’honneur. Un festival qui, en trois ans, a réussi à s’imposer en un rendez-vous incontournable (avec un casting d’acteurs qui ferait pâlir d’envie les plus grands cinéastes et un panel de cinéastes impressionnant) , autant des cinéphiles que des professionnels de la profession…et des professionnels de la profession cinéphiles. Et comme je les comprends !
« Les films sont plus harmonieux que la vie, il n’y a pas d’embouteillages, pas de temps mort dans les films » d’après Truffaut…qui aurait certainement été enchanté par le festival Lumière de Lyon où il n’y a en effet pas de temps morts, le festival étant une immersion et une continuité cinéphiliques nous amenant parfois à une douce confusion entre l’harmonie cinématographique et celle qui règne dans le festival. Il faut dire que ce festival ayant pour parents Bertrand Tavernier et Thierry Frémaux, respectivement Président et Directeur de l’Institut Lumière, pouvait difficilement mieux partir dans la vie, le cinéaste et le délégué général du Festival de Cannes partageant cinéphilie, passion, enthousiasme communicatifs (et don d’ubiquité…mais comment font-ils donc pour être partout en même temps ?) qui imprègnent ce festival qui, en plus, se distingue par une décontraction et une convivialité rares.
A Lyon, pas d’attachés de presse survoltés, pas de spectateurs ou journalistes aigris (ou alors ils se font discrets), pas de hiérarchie potentiellement (ou par définition ?) inique, pas de barrières ni de frontières entre les prestigieux invités du festival et les festivaliers qui se croisent au village du festival, le seul où vous pouvez aussi bien croiser Benicio de Toro que Stephen Frears au détour d’une allée ; on ne vient pas pour faire son cinéma, mais pour le célébrer, seul roi du festival, d’autant plus maître du royaume à Lyon qu’il y naquit un (très beau) jour de 1895. Le 19 mars très exactement. « La Sortie de l’usine Lumière à Lyon », la célèbre scène de 45 secondes y a en effet été tournée par les frères Lumière au 21-23 rue Saint-Victor (aujourd’hui, rue du Premier-Film), dans le quartier de Monplaisir, le bien nommé, dans le 8e arrondissement. Et c’est justement là, à l’Institut Lumière, que se trouve le village du festival et où sont projetés un grand nombre de films. Quelle émotion et quel bonheur et quelle judicieuse idée pour un festival qui célèbre ses classiques ! L’Institut Lumière n’est d’ailleurs pas le seul lieu du festival puisque ses 190 séances sont réparties sur 40 salles mais « Lyon est si petit pour ceux qui sont animés d’un aussi si grand amour du cinéma » pourrions-nous dire pour détourner la citation d’un classique mit à l’honneur cette année, « Les Enfants du Paradis » de Marcel Carné. (« Paris est tout petit pour ceux qui s’aiment d’un aussi grand amour. »)
Lyon devient donc à son tour la « ville Lumière » qui fait étinceler le cinéma, briller les yeux des spectateurs, amoureux éblouis, me rappelant les raisons pour lesquelles j’aime éperdument le cinéma et ses festivals, pour ces instants de débat, de partage, où le temps semble suspendu, cette impression de vivre au rythme de 24 images par seconde, cette impression que la barrière entre le cinéma et la réalité est si étanche, quelque chose qui a à voir avec les réminiscences de l’enfance sans doute, ou en tout cas de l’enfance de ma cinéphilie (que j’ai d’ailleurs toujours du mal à nommer comme telle, ayant longtemps associé ce terme à une certaine condescendance ou exhaustivité de connaissances, et j’échappe bienheureusement -enfin, j’espère !- à la première et malheureusement à la seconde).
Ce n’est sans doute pas un hasard si « The Artist » de Michel Hazanavicius a fait l’ouverture du festival car rarement un film aura aussi bien su concentrer la beauté simple et magique, poignante et foudroyante du septième art. Oui, foudroyante comme la découverte de ce plaisir immense et intense que connaissent les amoureux du cinéma lorsqu’ils voient un film pour la première fois, et découvrent son pouvoir d’une magie ineffable, omniprésente dans ce film. Michel Hazanavicius évite tous les écueils et signe là un hommage au cinéma, à sa magie étincelante, à son histoire, mais aussi et avant tout aux artistes, à leur orgueil doublé de solitude, parfois destructrice. Des artistes qu’il sublime, mais dont il montre aussi les troublantes fêlures et la noble fragilité. Ce film m’a éblouie, amusée, émue. Parce qu’il convoque de nombreux souvenirs de cinéma. Parce qu’il est une déclaration d’amour follement belle au cinéma. Parce qu’il ressemble à tant de films du passé et à aucun autre film contemporain. Parce qu’il m’a fait ressentir cette même émotion que ces films des années 20 et 30 auxquels il rend un vibrant hommage. Parce que la réalisation est étonnamment inspirée (dans les deux sens du terme d’ailleurs puisque, en conférence de presse, à Cannes, Michel Hazanavicius a revendiqué son inspiration et même avoir « volé » certains cinéastes). Parce qu’il est burlesque, inventif, malin, poétique, et touchant. Parce qu’il montre les artistes dans leurs belles et poignantes contradictions et fêlures.
Mais revenons à Lyon, pas tout à fait à la réalité, et avant d’en venir à la raison de l’invitation du festival et de ma présence, laissez-moi vous parler encore des quelques séances et débats auxquels j’ai eu le plaisir d’assister.
Quel plaisir de revoir « Loulou » de Pialat (dans le cadre de la rétrospective Depardieu qui a reçu le prix Lumière 2011, succédant à Clint Eastwood et Milos Forman), magnifique histoire de désir et de liberté mais aussi peinture réaliste de la société filmée avec l’exigence inspirée de Pialat qui plaçait la recherche de vérité au cœur de son cinéma (qui n’en manquait pas, malgré l’intransigeance bien connue du cinéaste), et qui saisissait celle de la vie, dans toutes ses fragilités, avec une force bouleversante, faisant oublier sa caméra d’une précision pourtant remarquable !
Il est d’ailleurs amusant d’effectuer des passerelles entre les films projetés à Lyon, l’histoire se répète et se répond. Ainsi, dans « le Quai des brumes » de Carné, c’est d’une autre Nelly (Michèle Morgan) qu’il est question (Isabelle Huppert incarne Nelly dans « Loulou »), et encore de la liberté, cette fois comme un regret, comme une aspiration car si la fatalité de la guerre semble planer comme la tragédie au-dessus des têtes des protagonistes, elle se confond avec le regret de 1936 : « C’est beau d’être libre. Oui, c’est beau, l’indépendance, la liberté. » Mais je m’arrête là à propos de ce film dont je pourrais vous parler des heures ayant effectué un mémoire sur « La vision de la société française dans le cinéma de 1936-1939 » au cœur duquel se trouvait notamment « Le Quai des Brumes ». Je vous renvoie donc à mon analyse du film, ici: « Le Quai des Brumes, la poésie désenchantée de Marcel Carné ».
De liberté aussi il est question dans « Rendez-vous de juillet » de Jacques Becker que j’ai également eu le plaisir de revoir, dans le cadre de la rétrospective consacrée au cinéaste. « Rendez-vous de juillet » raconte en effet « les amours, les amitiés, les aspirations professionnelles, les réactions familiales d’une bande de jeunes gens fréquentant Saint-Germain-des-Prés dans le Paris de l’après-guerre. » Imprégné de la vitalité de la jeunesse qui y prend son envol (au propre comme au figuré), « Rendez-vous de juillet » est très inspiré du néo-réalisme italien. Rendez-vous de juillet a obtenu le Prix Louis Delluc 1949 et le Prix de la critique du meilleur film 1951, décerné par Le Syndicat Français de la Critique de Cinéma.
J’aurais aimé revoir « Falbalas » (mon Becker préféré) mais aussi évidemment « Casque d’or » et « Touchez pas au grisbi » qui influença deux de mes cinéastes fétiches : Sautet et Melville. Le temps m’a malheureusement manqué (un festival se constitue de choix cornéliens), mais j’ai tout de même eu le temps de découvrir « Les Forçats de la gloire » de Wellman dont la présentation fut au moins aussi mémorable que le film en lui-même car telle est la particularité de Lyon : donner la parole à des cinéastes ou acteurs ou autres artistes cinéphiles ou théoriciens du cinéma qui, hors de toute promotion, viennent présenter des classiques du cinéma. Cela rend au festival toutes ses lettres de noblesse faisant de chaque moment de vie festivalière un vrai moment de cinéma, un instant gravé.
Pour cette projection, c’est donc Bertrand Tavernier qui a effectué la présentation rejoint par Claude Lelouch. Dans ce film de 1945, « Ernie Pyle est correspondant de guerre. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il va suivre un petit groupe de fantassins américains impliqués dans deux moments clés de la guerre : la campagne d’Afrique du Nord et celle d’Italie. Il va centrer ses articles sur le métier de soldat certes, mais aussi et surtout sur la vie quotidienne de ces hommes de l’infanterie américaine, tiraillés entre leur devoir, leurs relations amicales et sentimentales ». La sobriété de la mise en scène fait écho à la simplicité et au réalisme du style du journaliste. Ce ne sont pas ici des soldats héroïques, presque inhumains, mais au contraire des « forçats » pétris de doute, de peurs, d’humanité filmés avec réalisme mais aussi une certaine distance comme celle d’un reportage même si le film est jalonné de moments de folie presque irréelle (mais n’y a-t-il pas folie plus irréelle que la guerre ?).
Bien sûr, il faudra consacrer ultérieurement une critique entière à « Portrait d’une enfant déchue » de Jerry Schatzberg (dont était tirée la très belle affiche du Festival de Cannes 2011). Un film troublant, morcelé, comme l’âme de sa protagoniste aux frontières de l’abstraction. Un film d’une beauté cruelle, triste et lucide ( une définition qui d’ailleurs pourrait s’appliquer à « Falbalas » de Becker dont il est certes très éloigné dans la forme mais pas tant que ça dans le fond, quand je vous disais que l’histoire du cinéma…et de Lyon, se répète et se répond). Faye Dunaway (époustouflante de beauté, de fragilité) y incarne Lou Andreas Sand, un ancien mannequin. « Brisée par le milieu de la mode, elle s’est réfugiée dans une maison au bord de l’Atlantique, où elle consacre sa vie à la peinture et à la sculpture. Lorsqu’elle cherche à reconstituer le puzzle de sa jeunesse, son ami Aaron Reinhardt (Barry Primus) la pousse à se livrer sur un magnétophone. Il en résulte une mosaïque de souvenirs où la réalité est soumise aux caprices de l’imagination et de la mythomanie… ».
Parmi les grands moments de cette édition, figure sans aucun doute la master class de Kevin Brownlow animée par Bertrand Tavernier (en présence de Stephen Frears). Réalisateur et producteur, Kevin Brownlow est un amoureux fou et fougueux du cinéma muet. Il est l’auteur de La Parade est passée, un grand livre d’entretiens avec les stars du muet ainsi que de nombreux documentaires consacrés au cinéma. Il est aussi le fondateur de Photoplay, une société à qui l’ont doit la restauration de nombreux films, dont « Les Quatre cavaliers de l’Apocalypse ». Bertrand Tavernier, par son érudition, son enthousiasme, (à tel point qu’il en oubliait parfois de traduire…et surtout de s’arrêter emporté par ce dialogue captivant) a rendu cette rencontre particulièrement passionnante et instructive.
Pour accompagner l’hommage fait à Kevin Brownlow, le festival a projeté une série sur le cinéma muet européen (six épisodes de 52 minutes) dont il est l’auteur (avec David Gill) : « Loin de Hollywood : l’art européen du cinéma muet ». Pour cause de débat se déroulant en partie au même moment, je n’ai pu assister qu’au premier épisode, littéralement fascinée. Cette enquête foisonne d’extraits (dont certains témoignent de plus de modernité, d’inventivité et même d’audace que bien des films d’actuels) des premiers temps du cinéma mais aussi d’interviews de pionniers du cinéma. Parmi ces sublimes moments du muet, « Le Voyage dans la lune » de Méliès (1902) que le Festival de Lyon projetait également et qui fut aussi projeté en ouverture du dernier Festival de Cannes. Moment magique concentrant toute la beauté, la richesse, la modernité, la puissance du cinéma, porté par la formidable musique du groupe Air.
Il y a tant d’autres films projetés à Lyon que j’aurais aimé voir ou revoir comme « La Femme d’à côté » de François Truffaut projeté le soir de la remise du prix Lumière à Gérard Depardieu, et dont vous pouvez retrouver ma critique ici. Il fallait un talent démesuré, celui de Truffaut, pour raconter avec autant de simplicité cette histoire d’amour fou, de passion dévastatrice, qui nous emporte dans sa fièvre, son vertige étourdissant et bouleversant, comme elle emporte toute notion d’ordre social et la raison de ses protagonistes. Un film qui a la simplicité bouleversante d’une chanson d’amour, de ces chansons qui « plus elles sont bêtes plus, elles disent la vérité ».
« C’est une joie et une souffrance », autre célèbre citation de Truffaut que nous retrouvons dans « La femme d’à côté » mais aussi dans « Le dernier métro »…et que j’aurais pu appliquer à la raison de ma venue à Lyon : les débats auxquels j’étais invitée à participer. Rassurez-vous, j’ai changé d’avis, une fois le débat achevé…même si parler de cinéma, partager ma passion, est toujours pour moi une joie, en débattre, notamment avec des journalistes me semblait néanmoins devoir être une souffrance…redoutant une certaine hostilité et une relative condescendance vis-à-vis des blogueurs non journalistes que nous sommes, mais il n’en fut rien.
L’objet de l’invitation du festival était ainsi d’interroger les nouvelles formes de cinéphilie et d’internet, désormais aussi indissociables que parfois opposées tant internet malmène parfois la cinéphilie mais l’enrichit aussi, il est vrai, de temps en temps. Trois évènements étaient organisés autour de cette thématique : une rencontre avec le très cinéphile self made man Col Needham, le fondateur d’IMDB, un débat entre blogueurs, et un débat entre blogueurs « amateurs » (Cinema is not dead, Laterna Magica, L’Ouvreuse,Grand Ecart et moi-même pour inthemoodforcinema.com) et journalistes blogueurs (Edouard Waintrop, anciennement journaliste à Libération, récemment nommé directeur de la Quinzaine des Réalisateurs, Thomas Sotinel, du Monde et Aurélien Ferenczi, critique cinéma à Télérama).
Paradoxe que de participer à ce débat pour moi qui ne me considère pas comme une critique mais avant tout comme quelqu’un qui souhaite partager sa passion du cinéma, comme une fenêtre ouverte sur cette « fenêtre ouverte sur le monde » (je ne mets ainsi jamais d’étoiles aux films, et j’y tiens). Si la passion pour le cinéma m’anime depuis l’enfance, et que j’ai commencé les festivals très jeune, il y 18 ans (hé oui…), ce sont mes dix sélections sur concours d’écriture dans des jurys de cinéphiles qui m’ont donnée envie de partager ces pérégrinations festivalières et mes découvertes pour des pépites cinématographiques qui parfois même ne sortaient pas en salles , et donc de créer une première page (wanadoo !) internet très artisanale, il y a 10 ans, puis un premier blog, il y a 8 ans (inthemoodforcinema qui s’appelait alors « Mon Festival du cinéma ») puis « In the mood for Cannes » et « In the mood for Deauville », il y a 4 ans, pour partager ma passion pour ces deux festivals que je fréquente depuis 11 ans pour le premier, depuis 18 ans (depuis ma participation au prix de la jeunesse), pour le second. L’envie aussi sans doute de m’évader d’études très sérieuses où le cinéma n’était pas même considéré « par ailleurs comme une industrie », pour reprendre la citation de Malraux. C’était aussi l’envie de raconter ces moments de vie et de cinéma entremêlés si intenses que sont les festivals de cinéma, et de donner ainsi libre cours à mes passions viscérales pour le cinéma et l’écriture….et désormais pour les festivals.
Comme l’a titré Aurélien Ferenczi dans son article consacré au débat en question, « la guerre des blogs n’aura pas lieu ». A ma grande surprise, et alors que cette rencontre avait été annoncée (et beaucoup annoncée, merci au festival pour cette belle mise en avant) comme une confrontation, il s’est en réalité avéré qu’il y avait effectivement une vraie convergence d’opinions et un constat sur l’absence de réponses de la presse aujourd’hui à cette nouvelle forme médiatique (et que la réponse serait de vrais articles de fond, un vrai travail d’enquête). Je suis d’ailleurs la première à être révoltée parfois de ce que je lis sur internet avec cette culture du buzz (aussi horrible que le mot qui la définit) qui semble inspirée de celle des plateaux télévisés (où il faut exagérer sa pensée, la réduisant d’ailleurs bien souvent à une absence de pensée) et qui nuit forcément à la qualité. Le blog n’en reste pas moins un formidable moyen de partager sa passion en interactivité et d’ailleurs je commence à m’y sentir à l’étroit et songe fortement à créer un blog ou site plus « pro » sous wordpress (les avis et conseils sont d’ailleurs les bienvenus) qui regrouperait mes différents blogs.
Internet a en tout cas sans aucun doute changé la manière d’appréhender le cinéma, ou du moins de s’exprimer à son sujet, mais je ne sais pas si nous pouvons parler de nouvelles formes de cinéphilie. Cela a permis à chacun d’exprimer publiquement son avis, d’échanger sur ses goûts cinématographiques, et à une multiplicité d’avis distincts de trouver un espace d’expression mais non à un courant d’émerger comme ont pu en susciter Positif ou les Cahiers dans les années 50. Je pense ainsi à certains forums sur lesquels les critiques sont particulièrement manichéennes pour ne pas dire qu’elles se résument à « j’aime, je n’aime pas » et sur lesquels malheureusement le cinéma semble bien souvent commencer en 1990. Cela me rappelle la citation de Truffaut : »Tout le monde a deux métiers: le sien et critique de cinéma ». Aujourd’hui, chacun peut donc se prétendre critique de cinéma…mais si la cinéphilie consiste à considérer le cinéma comme un art, et à l’analyser come tel, je pense que, comme tout art, une analyse ou une critique du cinéma doit s’accompagner d’une connaissance de son histoire et le « chacun » dont parlait Truffaut émet plus souvent une critique plus « sentimentale » que basée sur une connaissance, ce qui n’est néanmoins pas toujours forcément une mauvaise chose, surtout que l’influence de la critique en question reste sans doute relative. Il n’y a donc sans doute pas plus de cinéphiles qu’avant, ni réellement de nouvelles formes de cinéphilie, mais chacun peut désormais exprimer publiquement son avis…et s’autoproclamer et se revendiquer cinéphile. Les réseaux sociaux, et particulièrement twitter, ont encore exacerbé ce phénomène, étant donné qu’un avis sur un film se résume à quelques caractères, poussant à la surenchère, souvent d’ailleurs une surenchère dans le cynisme…qui n’a plus vraiment à voir avec la cinéphilie ou la critique cinématographique mais qui a plus souvent pour objectif de mettre en avant son auteur que le film dont il est question, devenu prétexte. Je suis assez souvent abasourdie devant ce que j’y lis, les débats s’y transformant souvent en dialogues de sourds…mais comment peut-on décemment défendre et développer une idée en 140 caractères ? Symptomatique d’une époque où tout doit aller vite, au détriment du fond, du sens, de la réflexion, de la nuance.
Internet a néanmoins indubitablement changé la donne et est d’ailleurs désormais intégré dans les logiques de la quasi-totalité des distributeurs (sur le même sujet, je vous recommande le documentaire « Tous critiques » de Jean-Jacques Bernard et Julien Sauvadon). Peut-être à l’avenir faudra-t-il veiller à ne pas recréer le même microcosme que celui des journalistes ou à ne pas totalement s’y intégrer mais à garder sa liberté, celle de dire, par exemple, qu’on émet de très nombreuses réserves sur « Drive », en ne le recommandant pas forcément, contrairement à la quasi-totalité des blogs actuels. Celle de dire qu’on aime passionnément le cinéma français quand il est tant décrié par certains, oubliant sans doute qu’il a donné naissance au cinéma lui-même mais aussi à certains de ses plus grands chefs d’œuvre.
En tout cas, moi qui m’attendais à un débat acharné, j’ai été surprise de constater que les objectifs entre journalistes blogueurs et blogueurs qui ne le sont pas dits « amateurs », sont finalement les mêmes (en tout cas entre les journalistes que nous avons rencontrés qui tiennent tous un blog, ceci expliquant sans doute cela) : s’affranchir des contraintes, écrire ce qui n’intéresse pas forcément une rédaction, trouver ou retrouver un plaisir d’écriture et une liberté, et partager une passion du cinéma. Tout comme il existe des journalistes malhonnêtes ou blasés (arrivant en retard aux projections presse ou repartant avant la fin, et critiquant ou louant systématiquement certains cinéastes parfois pour des raisons autres que cinématographiques, réduisant le travail de plusieurs années à une phrase assassine pour témoigner d’une pseudo supériorité intellectuelle ou d’une pseudo influence ou pour le plaisir vain d’un bon mot), il existe des blogueurs qui ignorent, ou le feignent, que le cinéma est constitué d’une histoire longue de plus d’un siècle, et pas seulement de blockbusters américains des années 1990/2000, et qui écrivent guidés avant tout par l’envie d’être invités ou de donner écho à leurs frustrations créatrices par une parole vindicative, pour prouver, que sais-je, leur autonomie ou une maturité dont c’est sans doute l’antithèse, en tout cas, tout sauf la passion du cinéma, sans parler de ceux qui revendiquent des privilèges ou considérés comme tels appartenant aux journalistes que nous ne sommes pas.
J’ignore quel sera l’avenir de la cinéphilie et d’internet, j’espère en tout cas qu’il ne passera pas par twitter. Le mien, quoiqu’il arrive, continuera toujours à passer par l’écriture, sous une forme ou une autre, par une nécessité viscérale d’écrire et de partager cette passion que des festivals comme Lyon ne font qu’aviver en me donnant envie de remercier, évidemment ce festival, mais plus encore ceux qui lui ont donné son nom, et qui, en 1895, furent à l’origine de la plus belle des inventions, invitation au rêve et à la réflexion qui ne cessera jamais de m’enthousiasmer, un enthousiasme que, plus que tout, j’espère parvenir et continuer à partager ici. Tant pis si le cynisme est à la mode, je revendique l’enthousiasme et la passion (et de citer de multiples fois Truffaut dans un article:-)) qui guident mes blogs, dussent-ils passer pour de la naïveté que je trouverai toujours préférable à l’aigreur …
Cette semaine, je vous donne rendez-vous au Festival des Jeunes Réalisateurs de Saint-Jean de Luz et au Festival du Cinéma des Antipodes de Saint-Tropez pour de nouvelles découvertes cinématographiques…et d’ores et déjà au Festival Lumière de Lyon 2012 où j’ai prévu de retourner tant ce premier aperçu m’a enchantée.
A Lyon, on mage cinéma. Littéralement. Et on ne touche pas au grisbi…
La webradio du festival qui a reçu grand nombre d’invités du festival…
Ci-dessous, la plateforme, la péniche en accès libre où, chaque soir, se retrouvent les invités célèvres et anonymes du festival.
La librairie et la boutique de DVDs du festival, particulièrement prolifique en classiques du cinéma (avec notamment un grand nombre de ceux projetés au festival).
Chaque jour, des dédicaces au village du festival
Classé au patrimoine, le hangar où fut tourné « La sortie de l’usine Lumière »
Le catalogue du festival, une vraie bible sur le cinéma
Rue du Premier Film, le quotidien du festival
A Lyon, pas de badges prioritaires, un simple ticket permet d’accéder aux projections.
Analyse de « La Règle du jeu » de Jean Renoir – Festival Lumière de Lyon 2012
La Règle du jeu: le clairvoyant « drame gai » de Jean Renoir (1939)
Souvent classé comme le meilleur film de tous les temps, c’est en tout cas incontestablement un chef d’œuvre de l’Histoire du cinéma…
La règle du jeu : le constat désespéré et la métaphore cynique d’une société en crise
Au premier rang de ces nombreux films qui, avant-guerre, dépeignaient une société en crise se trouve La règle du jeu, qui, derrière son apparente légèreté, établit un constat cynique et désespéré de la décomposition morale de la France et qui en fit un chef d’œuvre annonciateur d’un avenir inéluctable. Le dernier film d’avant-guerre de Renoir est aussi le film annonciateur de la guerre. Les successions de styles auxquels recourt Renoir, entre vaudeville, satire et tragédie ne sont pas utilisées gratuitement mais contribuent à créer une véritable peinture sociale.
Une alliance subtile de vaudeville, satire et tragédie
Dès le départ le cadre est planté, Renoir sous-titrant son film « fantaisie dramatique » et en définissant ainsi l’atmosphère. Tout comme son synopsis le film échappe à toute définition, Renoir prenant néanmoins soin de nous préciser au préalable que « ce divertissement dont l’action se passe à la veille de la guerre de 1939 n’a pas la prétention d’être une étude de moeurs. Les personnages qu’il présente sont purement imaginaires. » Ces personnages ce sont d’abord André Jurieux (Roland Toutain), le film débutant par l’atterrissage de son avion au Bourget. Celui-ci vient en effet de battre un record après avoir traversé l’Atlantique. Ovationné il ne pense qu’à Christine de La Chesnaye ( Nora Grégor), une femme du monde avec qui il avait une eu liaison platonique et qu’il s’attendait à voir à son retour. Il crie son désespoir à la radio puis tente de se suicider en voiture. Afin d’arranger les choses son ami Octave (Jean Renoir), également ami des La Chesnaye, le fait inviter à une partie de chasse que ceux-ci donnent dans leur propriété en Sologne, à La Colinière. Les terres sont surveillées par l’ombrageux Schumacher, qui surprend en flagrant délit de braconnage Marceau (Carette). Amusé le marquis le prend alors à son service. Christine découvre par hasard la liaison de son mari avec une de leurs amies Geneviève de Marras (Mila Parély). Par dépit elle répond aux avances du fade Saint-Aubin (Pierre Nay)…mais Octave aussi est amoureux d’elle. Une fête costumée va alors devenir le cadre d’un véritable vaudeville où maîtres et valets vont s’entrecroiser, Jurieux se battant avec Saint-Aubin, puis le marquis avec Jurieux, Schumacher courant après Marceau l’ayant surpris dans les bras de sa femme, Lisette (Paulette Dubost). Alors que tout s’apprêtait à rentrer dans l’ordre, Schumacher (Gaston Modot) se méprend en croyant Lisette dans les bras d’Octave alors qu’il s’agissait de Christine et abusé par un échange de costumes, il tue Jurieux d’un coup de carabine. Les Chesnaye après ce « déplorable accident » vont sauver la face après le salut final… Comme au théâtre tout le monde revient saluer à la fin. On passe du vaudeville à la satire. Les personnages paraissent en effet de prime abord fantasques, au début le film s’apparente à un vaudeville même s’il commence avec un ton tragique et la tentative de suicide d’André Jurieu. Le vaudeville est d’ailleurs annoncé dès l’exergue avec la citation de Beaumarchais : « Si l’amour porte des ailes, n’est-ce pas pour voltiger ».Dans ce vaudeville les couples s’échangent et les portes claquent. Renoir avait d’ailleurs songé à appeler son film Les caprices de Marianne. C’est même le burlesque qui succède au vaudeville lorsqu’Octave ne parvient pas à enlever sa peau d’ours et lorsque tout le monde passe devant lui sans prendre le temps de la lui enlever. On repasse ensuite à la tragédie : les personnages sincères, comme Octave ou Jurieu, sont écartés du jeu. Mais c’est la satire qui prédomine : les personnages deviennent alors odieux. Tous les styles de récit se mêlent sans que cela jamais ne paraisse incohérent. Le ton est annoncé dès le début par La Chesnaye : « nous jouerons la comédie, nous nous déguiserons », mais ce déguisement là n’est pas seulement vestimentaire c’est aussi celui derrière lequel se dissimule l’hypocrisie des personnages.
La volonté satirique de Renoir
Renoir annonce donc ambitionner de faire « une description exacte des bourgeois de notre époque ». Le jeu annoncé par le titre est pourtant le jeu social et dans ce jeu-là Renoir n’épargne personne qu’il s’agisse des riches ou des pauvres… et les deux seuls personnages qui échappent à ce règlement de comptes se retrouveront hors du jeu, qu’il s’agisse de l’aviateur André Jurieu qui sera assassiné ou Octave, évincé, après avoir rêvé un moment de pouvoir partir avec Christine. Les femmes ne sont pas épargnées, elles y sont aussi cyniques. Tel Beaumarchais, Renoir raille les manèges mondains, La Règle du jeu étant empreinte de l’esprit du 18ème siècle, ne serait-ce que l’exergue empruntée au Mariage de Figaro. La volonté satirique est par ailleurs flagrante comme à travers cette réplique dont la censure exigea la suppression : « On est à une époque où tout le monde ment : les prospectus des pharmaciens, les gouvernements, le cinéma, la radio, les journaux…Alors pourquoi veux-tu que nous autres les simples particuliers, on ne mente pas aussi ? ». Le monde dépeint par Renoir est un spectacle dans lequel chacun a ses raisons d’endosser un rôle. C’est avant tout la violence de la société que dénonce Renoir, une société pour qui tout peut rentrer dans l’ordre après une mort comme tout rentre dans l’ordre après la mort de Jurieu, une société qui vient saluer comme si de rien n’était après ce « déplorable accident ». Les personnages ne sont pas spontanés et malgré les sentiments qu’il éprouve pour Christine, Jurieu veut avoir une conversation avec La Chesnaye : «Christine tout de même il y a des règles. » Chacun affecte le respect des convenances sociales et le respect d’autrui. Ainsi La Chesnaye fait l’éloge de la liberté : « Sur cette terre il y a quelquechose d’effroyable, c’est que chacun a ses raisons. » « D’ailleurs je suis pour que chacun les expose librement (…) contre les barrières. » Quant aux domestiques ils ne sont pas épargnés : ils réinventent une société à l’image de celle des maîtres qu’ils critiquent. Les employés singent leurs maîtres comme lors de cette scène de repas. Ils semblent libres mais sont en réalité totalement assujettis, La Chesnaye signifiant ainsi à Schumacher qu’il n’a pas le droit d’être dans le château, que ce n’est pas son domaine, qu’il doit se cantonner à l’extérieur. Le mépris des uns pour les autres est également fustigé : « Au contraire, il faut bien que ces gens-là s’amusent comme les autres. » Les différentes classes font donc preuve de la même hypocrisie et ont les mêmes défauts, les mêmes faiblesses.
Un chef d’œuvre-testament : le film annonciateur d’un avenir inéluctable
Dans La règle du jeu, Renoir fait preuve d’une réelle virtuosité technique qui presque 70 ans après, reste encore un véritable modèle. Cette virtuosité n’est pas une simple démonstration ostentatoire et gratuite mais elle est au service d’un véritable propos dont l’acuité est, aujourd’hui encore, sidérante.
La virtuosité technique de l’œuvre
La règle du jeu est ainsi d’une force plastique saisissante. Ce qui apparaît d’abord, c’est le goût du théâtre ou plutôt de la théâtralité à travers les déguisements, les chassés croisés. Le final est d’ailleurs très théâtral et annoncé par la citation de Beaumarchais du début. Mais si les références au théâtre sont multiples La règle du jeu est loin d’être une pièce filmée. La caméra semble voguer au hasard et dissimule en réalité un brio inégalé grâce à une profondeur et une largeur de champ si signifiantes. Les dialogues semblent être improvisés, les situations semblent se chevaucher. On a l’impression de voir la rapidité et la confusion d’images réelles même si pour Bazin « toute image cinématographique est réaliste par essence. » Le travail sur le son est admirable provenant tantôt de la TSF, du phono, de la poupée mécanique, des instruments etc. La musique n’est pas non plus anodine, elle révèle la fausseté des sentiments comme ces grenouilles qui coassent à la fin du film. La virtuosité technique de l’œuvre notamment grâce à la profondeur de champ ajoute encore à la complexité de l’œuvre et à celle du propos qui, derrière le vaudeville, dissimule la gravité.
La virtuosité observatrice de l’œuvre : un regard clairvoyant sur une société aveugle et aveuglée
Cette virtuosité technique n’est donc pas innocente mais au contraire utilisée au service d’un propos. Ce qui pourrait n’être qu’une comédie virevoltante est en réalité un des films qui observent et décryptent le mieux sa société et les causes de la guerre. Renoir dépeint en effet la fin d’un monde dont l’aveuglément permet l’émergence du fascisme. La tension est d’ailleurs à son comble pendant le tournage, Hitler ayant envahi la Tchécoslovaquie au mois de Mars. Le marquis, qui est d’origine juive, se fait ainsi traiter dans son dos de « métèque » par un des domestiques, ce à quoi le cuisinier réagit vivement : « A propos de juif, La Chesnaye, tout métèque qu’il est… » L’antisémitisme et le racisme y sont latents, les domestiques insistent ainsi sur le fait que « La mère de La Chesnaye avait un père qui s’appelait Rosenthal et qui arrivait tout droit de Francfort ». On y parle « des histoires de nègres » et il est question de « parasites ». Le film n’est pas prémonitoire mais révélateur de la dégradation de la société que Renoir a minutieusement observée. Les réactions que suscita le film à ce sujet furent d’ailleurs tout aussi révélatrices d’un état d’esprit comme celui de Brasillach qui estima que c’était inquiétant « d’oser montrer pour la première fois un juif sympathique », estimant que « de La Chesnaye est plus juif que jamais…Une autre odeur monte de lui du fond des âges, une autre race qui ne chasse pas, qui n’a pas de château, pour qui la Sologne n’est rien… Jamais peut-être l’étrangeté du juif n’avait été aussi fortement, aussi brutalement montrée. » C’est pourtant le film que sera fustigé et non ces propos outrageants. La scène de la chasse est par ailleurs particulièrement révélatrice du climat de l’époque. Les tireurs, hommes ou femmes, tuent avec froideur. La mort est d’ailleurs omniprésente comme lorsque les personnages sont déguisés en squelettes : la mort danse, les fantômes rodent autour d’eux. C’est le spectre de la guerre qui rôde. C’est une époque où « c’est assommant les gens sincères. » Etre sincère c’est voir la réalité, et dans la réalité le monde est à la veille de la guerre. Et même derrière les lieux communs, on perçoit la crainte de l’avenir, et la noirceur du présent. Ainsi pour Marceau : « Dans notre partie, c’est comme dans tout y a la crise. » Rien n’est laissé au hasard. Ainsi Marceau justement est le nom du plus grand général républicain de la Révolution Française. La véritable terreur pour La Chesnaye et ses invités c’est le Front Populaire. Dans La Marseillaise, La Chesnaye est d’ailleurs un défenseur ultraroyaliste… L’œuvre de Renoir devient en quelque sorte une véritable Comédie humaine où les mêmes personnages ou du moins les mêmes noms et caractéristiques se retrouvent de films en films. Quand la société se donne en spectacle les tenues ne sont pas innocentes : ils sont déguisés en tyroliens et chantent une chanson ultranationaliste, un hymne boulangiste à la gloire de l’armée française. Les idéaux d’avant sont tournés en dérision et ceux qui sont mis en avant laissent présager un avenir inquiétant. Comme la société qu’il retranscrit le film oscille constamment entre le drame et la tragédie… et cette audace à une période où on ne pouvait plus rire de tout fut certainement une des causes de l’échec commercial que connut La règle du jeu. Qu’il s’agisse d’un « drame gai » ou d’une « fantaisie dramatique », la qualification demeure antithétique à l’image de cette société de paradoxes que Renoir décrit. Si le film se présente comme une comédie frivole en dehors de l’actualité, c’est en donc réalité une comédie grinçante qui en démontre subtilement les travers. « On sait jamais, y a rien d’impossible. » dit Marceau à de La Chesnaye, oui rien semble vouloir nous dire Renoir : pas même l’horreur qui se profile aux portes de la France…, pas même l’aveuglement de la société face au danger imminent qui la menace.
Un échec commercial : une société qui refuse de se reconnaître
Tout comme la réalité et le destin échappent au déserteur du Quai des brumes, il échappe au bourgeois et à l’aristocrate de La règle du jeu, pourtant la réussite du premier fut tout aussi retentissant que l’échec du second. Même après que Renoir ait réduit son film de 23 minutes, La règle du jeu suscite un rejet unanime de la part du public. On cassait même les fauteuils dans certaines salles. Il provoqua également le rejet de la critique même s’il fut moins unanime, Georges Sadoul le qualifiant ainsi « d’incohérence ». Renoir songea même à abandonner le cinéma, il se résolut finalement à l’exil. A la veille de la seconde guerre mondiale on ne peut en effet applaudir une telle fantaisie, aussi dramatique soit-elle, ou peut-être justement parce-qu’elle fut aussi dramatique. On ne supporta pas la dénonciation de l’hypocrisie sociale de ce petit monde « dansant sur un volcan. » Renoir disait en effet avoir voulu « peindre une société qui danse sur un volcan » . Est-ce là l’origine du mal qui progresse et menace l’Europe ? Renoir semble le sous-entendre. On ne pardonna pas non plus à Renoir d’avoir utilisé un juif pour manifester un semblant d’humanité. L’amitié même n’y est qu’un leurre…et « c’est la fatalité qui a voulu qu’André Jurieu soit victime de cette erreur. »« Au contraire, il faut bien que ces gens-là s’amusent comme les autres. » La caricature y est plus visible que dans les autres films de Renoir et le public ne l’admet pas tout comme ce drame gai aux portes d’un drame, un drame imminent rappelé par les danses macabres : spectres armés de lanternes précédant le squelette de la mort au son de la Danse macabre de Saint-Saens. La fête permet d’oublier que l’on est aux portes d’une catastrophe et on ne pardonnera pas à Renoir de l’avoir interrompue. Les remous suscités par la première projection furent tels que Renoir se hâta de préciser qu’il n’avait pas eu la prétention de faire une étude de mœurs ; les personnages étant « purement imaginaires. » Quand le film ressortit en copie complète dans les ciné-clubs en 1960 il fut pourtant reconnu comme un chef-d’œuvre incontesté…
Critique de « Tess » de Roman Polanski – Festival Lumière de Lyon 2012
Cette année, Pathé présente ainsi « Tess », le film de Roman Polanski sorti en 1979 ( durée de 171 minutes), dans une restauration qu’il a lui-même supervisée, il s’est dit « épaté » par le travail des laboratoires. Cette projection se déroulera en présence de Roman Polanski et de Nastassja Kinski. Une restauration Pathé, exécutée par Éclair Group pour la partie image et Le Diapason pour la partie sonore.
Photographie Bernard Prim – Collection Fondation Jérôme Seydoux-Pathé
Dans l’Angleterre du XIXème siècle, un paysan du Dorset, John Durbeyfield (John Collin) apprend par le vaniteux pasteur Tringham qu’il est le dernier descendant d’une grande famille d’aristocrates. Songeant au profit qu’il pourrait tirer de cette noblesse perdue, Durbeyfield envoie sa fille aînée, Tess (Nastassja Kinski), se réclamer de cette parenté chez la riche famille d’Urberville. C’est le jeune et arrogant Alec d’Urberville (Leigh Lawson) qui la reçoit. Immédiatement charmée par « sa délicieuse cousine » et par sa beauté, il propose de l’employer, s’obstinant ensuite à la séduire. Il finit par abuser d’elle. Enceinte, elle retourne chez ses parents. L’enfant meurt peu de temps après sa naissance. Pour fuir son destin et sa réputation, Tess s’enfuit de son village. Elle trouve un emploi dans une ferme où personne ne connaît son histoire. C’est là qu’elle rencontre le fils du pasteur : Angel Clare (Peter Firth). Il tombe éperdument amoureux d’elle mais le destin va continuer à s’acharner et le bonheur pour Tess à jamais être impossible.
Photographie Bernard Prim – Collection Fondation Jérôme Seydoux-Pathé
Roman Polanski étant, à l’époque du tournage, accusé de viol sur mineur aux États-Unis et étant alors menacé d’extradition depuis l’Angleterre, bien que le film se déroule en Angleterre, il a été tourné en France : en Normandie, (Cap de la Hague, près de Cherbourg), mais aussi en Bretagne, à Locronan (Finistère), au Leslay (Côtes-d’Armor), au Château de Beaumanoir, et enfin à Condette , dans le Pas-de-Calais). Quant au site mégalithique de Stonehenge, il été reconstitué dans une campagne en Seine-et-Marne.
Le film est dédié à Sharon Tate. La mention « To Sharon » figure ainsi au début du film. Celle-ci, avant d’être assassinée en 1969 par Charles Manson avec l’enfant qu’elle portait, avait ainsi laissé sur son chevet un exemplaire du roman de Thomas Hardy « Tess d’Urberville», dont le film est l’adaptation, avec un mot disant qu’il ferait un bon film.
« Tess d’Urberville » dont le sous-titre est « Une femme pure, fidèlement présentée par Thomas Hardy » est un roman publié par épisodes à partir de 1891, dans divers journaux et revues. Son adaptation était donc un véritable défi d’autant que jusqu’alors Roman Polanski n’avait pas encore signé de film d’amour.
Deux adaptations cinématographiques, toutes deux intitulées « Tess Of d’Urbervilles » avaient déjà été tournées, l’une mise en scène en 1913 par J. Searle Dawley et l’autre par Marshall Neilan en 1924. David O. Selznik en racheta les droits mais il fallut attendre Claude Berri qui racheta les droits à son tour avant que l’œuvre ne tombe dans le domaine public, pour que le film puisse enfin voir le jour.
Polanski a entièrement réussi ce défi et nous le comprenons dès le début qui nous plonge d’emblée dans l’atmosphère du XIXème siècle, un impressionnant plan séquence qui semble déjà faire peser le sceau de la fatalité sur la tête de la jeune Tess. Tandis qu’arrive un cortège de jeunes filles au sein duquel elle se trouve, tandis qu’est planté le décor mélancolique sous un soleil d’été, tandis qu’est présentée l’innocence de la jeune Tess, le pasteur vaniteux croise son père et lui annonce la nouvelle (celle de son ascendance noble) qui fera basculer son destin. C’est aussi là qu’elle verra Angel pour la première fois. Toute sa destinée est contenue dans ce premier plan séquence qui, par une cruelle ironie, fait se croiser ces routes. Les personnages se rencontrent à un carrefour qui est aussi, symboliquement, celui de leurs existences.
Si la scène est lumineuse, dans ces deux routes qui se croisent, ces destins qui se rencontrent, la fatalité de celui de Tess et son ironie tragique semble ainsi déjà nous être annoncée. Tout le film sera à l’image de cette première scène magistrale. Aucun didactisme, aucune outrance mélodramatique alors que le sujet aurait pu s’y prêter. Polanski manie l’ellipse temporelle avec virtuosité renforçant encore la mélancolie de son sujet et sa beauté tragique. Comme cet insert sur le couteau et ces deux plans sur cette tache de sang au plafond qui s’étend qui suffisent à nous faire comprendre qu’un drame est survenu, mais aussi sa violence. Le talent se loge dans les détails, dans la retenue, jamais dans la démonstration ou l’outrance. Par exemple, les costumes de Tess en disent beaucoup plus long que de longues tirades comme cette robe rouge, couleur passion qu’elle porte dans la dernière partie du film et qui contraste avec les vêtements qu’elle portait au début. Un rouge qui rappelle celui de cette fraise que lui fera manger Alec, combattant ses réticences qui en annoncent d’autres, avant de l’initier (la forcer) à d’autres gourmandises. Subtilement encore, en un plan qui laisse entrevoir un vitrail représentant une scène inspirée de Roméo et Juliette, Polanski, comme il l’avait fait dans le plan séquence initial nous rappelle que l’issue ne peut être tragique. Un dénouement aussi magnifique que tragique, la frontière étant toujours très fragile chez Polanski entre le réalisme et une forme de fantastique ou de mysticisme, Tess apparait alors au milieu de ce site mégalithique de Stonehenge, au décor presque irréel, aux formes géométriques et inquiétantes, comme surgies de nulle part, comme sacrifiée sur un autel.
Photographie Bernard Prim – Collection Fondation Jérôme Seydoux-Pathé
Le spectateur éprouve immédiatement de l’empathie pour Tess, personnage vulnérable et fier malmené par le destin qui semble s’y résigner jusqu’à la révolte finale fatale. Le film doit aussi beaucoup au choix de la trop rare Nastassja Kinski (fille de l’acteur Klaus Kinski), à la fois rayonnante et sombre, naturelle et gracieuse, si triste malgré sa beauté lumineuse et surtout d’une justesse constante et admirable. Elle porte en elle les contraires et les contrastes de ce film dans lequel le destin ne cesse de se jouer d’elle. Contraste entre la tranquillité apparente des paysages (magistralement filmés et mis en lumière, rappelant les peintures du XIXème comme notamment « Des Glaneuses » de Millet ou certains paysages de Courbet, la nature emblème romantique par excellence, le passage des saisons, des paysages symbolisant les variations des âmes ) et les passions qui s’y déchaînent, contraste entre la bonté apparente d’Angel (à dessein sans doute ainsi nommé) qui a « Le Capital » de Marx pour livre de chevet mais qui agit avec un égoïsme diabolique finalement presque plus condamnable que le cynisme et l’arrogance d’Alec. Même lorsqu’elle apparait en haut de cet escalier, transformée, sa tenue et sa coiffure suffisant à nous faire comprendre qu’elle est devenue la maitresse d’Alec, Tess garde cette candeur et cette fragilité si émouvantes.
Photographie Bernard Prim – Collection Fondation Jérôme Seydoux-Pathé
Nommé six fois aux Oscars (pour 3 récompenses), récompensé d’un Golden Globe et par trois César dont celui du meilleur film et du meilleur réalisateur, « Tess » est un très grand film empreint de mélancolie poétique, d’une beauté formelle envoûtante, un film tout en retenue grâce à des ellipses judicieuses. Le film nous captive avec toute la douceur de son personnage principal, lentement mais sûrement, par une mise en scène sobre. L’impact dramatique n’en est que plus fort et bouleversant. On y retrouve le thème de l’enfermement (ici dans les conventions) si cher à Polanski, un thème également dans les deux films dont je vous livre les critiques en bonus après celle de « Tess », ci-dessous.
Ce mélange d’imprégnation de la peinture du XIXème, ce romantisme tragique qui rappelle les plus grands écrivains russes et cette fresque lente et majestueuse sur la déchéance d’un monde qui rappelle Visconti (dont le cinéma était aussi très imprégné de peinture), sans oublier cette photographie sublime, l’interprétation magistrale de Nastassja Kinski et sa grâce juvénile, lumineuse et sombre, et la musique de Philippe Sarde, en font un film inoubliable. Au-delà de la peinture du poids des conventions (morales et religieuses) et d’une critique des injustices sociales, « Tess » est un film universel d’une poésie mélancolique sur l’innocence pervertie, sur les caprices cruels du destin, sur la passion tragique d’une héroïne intègre, fier et candide, un personnage qui vous accompagne longtemps après le générique de fin.
« J’ai toujours voulu tourner une grande histoire d’amour. Ce qui m’attirait également dans ce roman, c’était le thème de la fatalité : belle physiquement autant que spirituellement, l’héroïne a tout pour être heureuse. Pourtant le climat social dans lequel elle vit et les pressions inexorables qui s’exercent sur elle l’enferment dans une chaîne de circonstances qui la conduisent à un destin tragique. » Roman Polanski
Je vous donnais ici récemment ainsi que sur http://inthemoodforfilmfestivals.com le programme des Rencontres Internationales du Cinéma des Antipodes de Saint-Tropez 2012 (retrouvez mon article précèdent publié sur mon autre blog inthemoodforfilmfestivals.com, ci-dessous), nous en connaissons désormais le jury. Il sera composé de: Paul Cleave, Caterina Murino, Mareva Galanter, Catherine Delmas et présidé par Andrew Mason!
PROGRAMME:
Ce blog a bien sûr vocation à vous relater et à relayer les grands festivals ou réputés comme tels mais aussi à vous faire découvrir de plus petits festivals à la programmation non moins attrayante à l’image de celle des Rencontres Internationales du Cinéma des Antipodes de Saint-Tropez dont ce sera cette année la 14ème édition, du 15 au 21 octobre, un délicieux et exaltant marathon cinématographique de 7 jours place des Lices dont voici le programme avec le meilleur du cinéma australien et néo-zélandais et un large choix de films parmi lesquels « The Orator » primé à Venise en 2011 ou encore « The eye of the storm » avec Charlotte Rampling mais aussi: des longs-métrages, des documentaires, une compétition, la section Antipodes juniors, des courts-métrages et une exposition de l’artiste calédonienne Marie Claudel. Un voyage au bout du monde, reflet de ses colères, de ses blessures mais aussi de sa beauté universels. Vous pourrez bien entendu retrouver prochainement ici les noms des membres du jury et le reste de la programmation.
Longs-métrages (en cliquant sur leurs titres, vous accéderez à leurs fiches sur le site officiel du festival):
Cela fait 13 ans (déjà!) que j’ai eu le bonheur de faire partie du jury du Festival du Film Britannique de Dinard (retrouvez mon article publié dans le livre des 20 ans du festival « Flashback » en cliquant ici et en bas de cet article) et, depuis, à chaque fois que j’ai pu, j’y suis retournée avec grand plaisir (également en bas de cet article des liens vers mes articles sur d’autres éditions du Festival de Dinard) pour découvrir le meilleur du cinéma britannique dans un cadre sublime et convivial, malheureusement cette année, je n’ai pu être présente. Je vous livre néanmoins ci-dessous le palmarès attribué ce soir par le jury présidé par Patrick Bruel.
Le HITCHCOCK D’OR
qui comprend les prix suivants :
Le Grand Prix du Jury
Prix qui se compose d’une aide à la distribution
et d’un soutien direct au réalisateur
Le Prix Ciné+
Ciné+ s’engage à doter le film lauréat d’une promotion sur ses chaînes
lors de sa sortie en salle
Shadow Dancer de James Marsh
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Prix du Public Studio Ciné Live
Shadow Dancer de James Marsh
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Prix du Scénario Allianz
iLL MANORS de Ben Drew
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Prix de l’imageTechnicolor
Good Vibrations de Lisa Barros D’Sa & Glenn Leyburn
Les films concourant pour ce prix ont déjà un distributeur en France
Distribution du film primé dans 40 salles du Grand Ouest
iLL MANORS de Ben Drew
MON ARTICLE PUBLIE DANS FLASHBACK, LE LIVRE DES 20 ANS DU FESTIVAL (pour vous convaincre de venir, au Festival du Film Britannique de Dinard, l’an prochain).
Avant 1999, Dinard représentait pour moi ce lieu délicieusement intemporel magnifié par cette incomparable couleur émeraude de la côte éponyme, exhalant un paradoxal parfum d’enfance et d’éternité, et sur lequel veillait, de son œil malicieux, la statue de mon réalisateur favori : le grand Alfred Hitchcock. En septembre 1999, je tombai sur une annonce dans un journal local annonçant un concours qui permettait de devenir membre du jury du Festival du Film Britannique. Je gardais de mon expérience dans le jury jeunes du Festival du Film de Paris, l’année précédente, un souvenir inaltérable et la féroce envie de renouveler cette expérience. Particulièrement passionnée par le cinéma britannique, le défi était d’autant plus passionnant et exaltant. Je rédigeai donc la lettre de motivation, la page exigée me semblant néanmoins bien trop courte pour exprimer mon amour inconditionnel pour le cinéma, et le cinéma britannique en particulier, et pour cette ambivalence qui en constitue la richesse et la particularité, cette influence a priori inconciliable de cinéma européen et américain ; j’exprimai mon admiration pour le réalisme social de Ken Loach ou pour celui du Free cinema, pour le lyrisme épique de David Lean, pour la sensible appréhension des atermoiements et des « ombres du cœur » de Richard Attenborough, et par-dessus tout pour « Les liaisons dangereuses » de Stephen Frears, « Les Virtuoses » de Mark Herman et pour le cinéma saisissant de vérité de Mike Leigh. Cinq jours avant le festival, on m’annonçait la bonne (et déstabilisante !) nouvelle : ma candidature avait été sélectionnée parmi plus de deux cents autres et j’allais intégrer le jury du 10ème Festival du Film Britannique de Dinard, alors présidé par Jane Birkin. Qui n’a jamais fait partie d’un jury ne peut imaginer à quel point une telle expérience est trépidante, enrichissante, singulière, à quel point elle cristallise tant d’émotions, cinématographiques et pas seulement, à quel point elle abolit la fragile frontière entre cinéma et réalité qui s’y défient et entrechoquent, nous emportant dans un troublant et ensorcelant tourbillon, suspendant le vol du temps. Alors jeune étudiante, écartelée entre mes études de cinéma et de sciences politiques, je me retrouvai dans cette réalité titubante et dans un jury avec des artistes que j’admirais (et d’autant plus désormais) comme Jane Birkin, présidente à l’empathie incomparable et à l’excentricité aussi joyeuse que nostalgique et mélancolique, Etienne Daho, Julian Barnes, Daniel Prévost et je faisais la connaissance de Tom Hollander et Mark Addy dont je constatais avec plaisir que, à l’image du festival, ils avaient tous l’humilité, l’affabilité et la simplicité des grands. Je n’ai jamais vraiment eu l’occasion de les remercier, ni le festival et son directeur Hussam Hindi, pour l’accueil chaleureux qui m’a alors été réservé, ce livre me donne l’occasion de le faire aujourd’hui, dix ans après ces quatre jours hors du temps et de la réalité. Non seulement, je découvrais un festival de cinéma sous un angle différent, ses débats exaltés et exaltants mais aussi un cinéma dont je soupçonnais la richesse et l’inventivité et dont cette compétition me fit mesurer l’étendue à l’image des deux films qui partagèrent les suffrages de notre jury cette année-là : le palpitant thriller magnifiquement sombre, premier long métrage d’un certain Christopher Nolan « Following » (qui remporta le Hitchcock d’argent) qui révélait un cinéaste avec un univers d’une originalité sidérante qu’il a confirmé deux ans plus tard avec « Memento » et le déjanté et burlesque « Human Traffic » de Justin Kerrigan qui remporta le Hitchcock d’or. De mémoire de festivaliers, cette dixième édition fut la plus mémorable. En tout cas pour moi qui depuis ai été dix fois jurés dans divers festivals de cinéma et en ai parcouru de nombreux autres de Deauville à Cannes, cela reste sans aucun doute un souvenir indélébile et la cause du caractère incurable d’une triple passion dont deux étaient déjà ardentes : pour le cinéma en général, pour le cinéma britannique en particulier, et pour le Festival du Film Britannique de Dinard. J’eus alors un véritable coup de foudre pour le Festival de Dinard et si je le découvrais dans des conditions étranges et privilégiées, cette impression ne s’est jamais démentie par la suite : celle d’un festival convivial dont les festivaliers et le cinéma, et non ses organisateurs, sont les véritables stars, où la diversité du cinéma britannique s’exprime aussi dans le choix de ses invités, qui deviennent souvent des habitués (et pour cause…), et dans le choix de ceux qu’il a honorés ou révélés, et non des moindres : Danny Boyle, Peter Cattaneo, Stephen Daldry, Paul Greengrass, Peter Webber, Shane Meadows…. ! Retourner à Dinard chaque fois que j’en ai l’occasion signifie toujours pour moi une douce réminiscence de ces instants magiques ( et lorsque je ne peux pas me donne l’impression d’un rendez-vous manqué) qui ont déterminé la voie que je me suis enfin décidée à emprunter, celle de la passion irrépressible ; c’est aussi la perspective de découvrir ou redécouvrir de grands auteurs, une image de la société britannique avec tout ce qu’elle reflète de fantaisie désenchantée et enchanteresse, de pessimisme enchanté, de romantisme sombre, d’élégance triste, d’audace flegmatique et de réjouissants paradoxes et oxymores… et la perspective de jubilatoires frissons cinéphiliques . Dinard a priori si sombre et pourtant si accueillante, auréolée de sa très hitchcockienne et resplendissante noirceur facétieuse, est à l’image de ce cinéma qui possède à la fois le visage tourmenté et attendrissant de Timothy Spall et celui robuste et déterminé de Daniel Craig, un cinéma qui excelle dans les comédies romantiques (de Richard Curtis, de Mike Newell…) mais aussi dans des films ancrés dans la réalité sociale, un cinéma qui, récemment encore, à Dinard, nous a fait chavirer avec la complainte mélancolique de John Carney dans « Once » ou qui nous a ouvert les yeux sur les plaies de la société contemporaine avec le percutant « It’s a free world » de Ken Loach ou le tristement intemporel « Pierrepoint » d’Adrian Shergold, bref un cinéma éclectique qui sait concilier Histoire et contemporanéité, « raisons et sentiments », une fenêtre ouverte sur des mondes, garanties d’un avenir que je souhaite aussi lucide et radieux au Festival du Film Britannique de Dinard, incomparable antre de passions et découvertes cinématographiques qui a fait chavirer le cours de mon destin.
Before 1999, Dinard for me was a deliciously timeless place magnified by the wonderful emerald colour of its coastline, and a paradoxical odour of childhood and eternity watched over maliciously by the statue of my favourite director, the great Alfred Hitchcock.
In September 1999 I noticed a call for candidates in a local newspaper, to enter a competition which could lead to being a member of the jury of the British Film Festival. I already had wonderful memories of being one of the young jury members of the Paris Film Festival the previous year and was very keen to renew the experience. Since I am particularly interested in British cinema the challenge was even greater. So I applied thinking that the single page requested seemed far too short a space in which to express my absolute passion for film and for British films in particular as they represent a bridgehead between American and European cinema. I described my admiration for Ken Loach’s style of realism and its origins in Free Cinema. I also referred to the poetry to be found in David Lean’s films, to the prevariactions in Richard Attenborough’s « Shadowlands » but above all « Dangerous Liasions » by Stephen Frears, Mark Herman’s « Brassed Off » and for the remarkable truthfulness in Mike Leigh’s films. Five days before the festival started I received the good (and scary) news that I had been chosen out of some two hundred other applicants and was to become a member of the jury of the 10th British Film Festival of Dinard presided by Jane Birkin.
Impossible for someone who has never sat on a jury to imagine what an exciting, rewarding, exceptional experience it is and the extent to which so many emotions can be encompassed in such activity somehow banishing the fragile barrier between film and real life takiing us into a strange and betwitching whirlwind while time stood still. At the time I was torn between studying cinema and political sciences and I was staggered to find myself a part of a jury of artists I admired (even more so now) starting with the president, Jane Birkin, a person of incomparable sympathy yet full of joyful excentricity mixed with nostalgia and sadness, then there were Etienne Daho, Julian Barnes, Daniel Prévost. I came to know Tom Hollander and Mark Addy. I also discovered with pleasure that in common with all great people and like the festival itself, they shared the qualities of modesty, simplicity and friendliness. I have never really had the chance to thank either them or the Festival Director, Hussam Hindi, for the warm welcome I received. Thanks to this book, published ten years later, I am now given the opportunity to do so. Not only did I discover a film festival from a different angle with high minded and exhilarating discussions but I also discovered wider aspects to British cinema than I had expected through the films selected in competition. This is characterised by the two films singled out by the jury. « Following » a magnificient dark thriller by a certain Christopher Nolan (which was awarded the silver Hitchcock) first feature from a film maker who was soon to make his mark two years later with « Memento » and the crazy burlesque « Human Traffic » by Justin Kerrigan which was awarded the Golden Hitchcock.. This tenth edition was the most memorable one so far to the minds of regular festival goers. Since then I have served as a jury member in ten other festivals and have attended many others from Deauville to Cannes, but my special memory of Dinard will never fade because of my triple passion for cinema in general, British cinema in particular and for the Dinard Festival itself. I fell in love with this festival, which I discovered under strange and privileged conditions, and this impression has not changed since: a user-friendly festival where guests and festival goers are the real stars – not tthe organisers. The diversity of British cinema is also made apparent through the choice of the guests, many of whom, subsequently and understandably, become regulars. Also must be mentioned the judicious choices of people receiving tributes and new talents soon to become well known names: Danny Boyle, Peter Cattaneo, Stephen Daldry, Paul Greengrass, Peter Webber, Shane Meadows…. ! Going back to Dinard whenever I can always brings back the sweet memories of those magic moments (and the years I can’t attend it always seems to me that I have missed something important) and which led me to follow the course I am on today following a real passion. It is also the occasion to discover or rediscover established ‘auteurs’, a vision of British society with all it projects in the way of disenchanted yet enchanting fantasy, of pessimism, dark romanticism, sad elegance, phlegmatic daring and joyful pardoxes and oxymorons with the prospect of enjoyable film loving shivers. Dinard seems so sober yet is so welcoming, under the star of supreme film-maker Hitchcock , reflecting this cinema which has both the features of Timothy Spall (tormented and moving) and those of Daniel Craig, (rugged and determined). A cinema that excells in romantic comedies (by Richard Curtis or Mike Newell) but also in films anchored in social reality as was the case recently in Dinard with John Carney’s film « Once » or Ken Loach’s « It’s a Free World » which opened our eyes to the wounds of contemporary society.
I wish the British Film Festival of Dinard a radiant future and thank it for having dictated my destiny.
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Je vous en ai déjà parlé ici: vous pouvez voter une fois par jour, jusqu'au 22 octobre pour les blogs inthemood qui participent à la sélection des Golden Blog Awards. Les organisateurs viennent de mettre en place un nouveau moyen de voter. En plus des votes sur le blog (ci-dessous), vous pouvez aussi voter sur Facebook:
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Présentation des Golden Blog Awards:
Les Golden Blog Awards dont ce sera cette année la 3ème édition récompensent les blogs dans divers domaines. Tous mes blogs sont inscrits : dans la rubrique "cinéma" (pour Inthemoodforcinema.com , Inthemoodforcannes.com , Inthemoodfordeauville.com, Inthemoodforfilmfestivals.com ), dans la rubrique "culture généraliste" (pour Inthemoodlemag.com ), dans la rubrique "voyage" (pour Inthemoodforluxe.com ).
Bien entendu, je n'ai pas créé ces blogs pour avoir des prix et leur qualité ou absence de qualité ne dépend pas d'un quelconque prix (comment aurais-je d'ailleurs pu imaginer il y a 9 ans, lorsque j'ai créé mon 1er blog pour partager mes singulières expériences de jurée dans des festivals de cinéma et pour donner libre cours à mes passions viscérales-toujours et plus que jamais vivaces- pour le cinéma et l'écriture, que de tels prix existeraient?) mais il est toujours agréable de voir son travail reconnu, en particulier par vous qui me lisez chaque jour ou ponctuellement, et par ce prix qui chaque année prend de l'ampleur.
Pour en savoir plus sur mes blogs et mon parcours :
Mon premier blog a été créé il y a 9 ans pour partager mes singulières et palpitantes expériences de jurée dans des festivals de cinéma (j'ai ainsi été 14 fois jurée dont 10 fois sélectionnée sur concours d'écriture et la première fois en 1998), mes 19 ans de pérégrinations dans les festivals de cinéma, et mes passions viscérales pour le cinéma et l'écriture.
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