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  • 23ème Festival du Film Britannique de Dinard 2012 : le palmarès

    Cela fait 13 ans (déjà!) que j’ai eu le bonheur de faire partie du jury du Festival du Film Britannique de Dinard (retrouvez mon article publié dans le livre des 20 ans du festival « Flashback » en cliquant ici et en bas de cet article) et, depuis, à chaque fois que j’ai pu, j’y suis retournée avec grand plaisir (également en bas de cet article des liens vers mes articles sur d’autres éditions du Festival de Dinard) pour découvrir le meilleur du cinéma britannique dans un cadre sublime et convivial, malheureusement cette année, je n’ai pu être présente. Je vous livre néanmoins ci-dessous le palmarès attribué ce soir par le jury présidé par Patrick Bruel.

    Le HITCHCOCK D’OR

     
    qui comprend les prix suivants :
    Le Grand Prix du Jury
    Prix qui se compose d’une aide à la distribution
    et d’un soutien direct au réalisateur
    Le Prix Ciné+
    Ciné+ s’engage à doter le film lauréat d’une promotion sur ses chaînes
    lors de sa sortie en salle

    Shadow Dancer de James Marsh

    ____________

    Prix du Public Studio Ciné Live

    Shadow Dancer de James Marsh

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    Prix du Scénario Allianz

    iLL MANORS de Ben Drew

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    Prix de l’image Technicolor

    Good Vibrations de Lisa Barros D’Sa & Glenn Leyburn

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    Décerné par l’association LA REGLE DU JEU
    Les films concourant pour ce prix ont déjà un distributeur en France
    Distribution du film primé dans 40 salles du Grand Ouest

    iLL MANORS de Ben Drew

    MON ARTICLE PUBLIE DANS FLASHBACK, LE LIVRE DES 20 ANS DU FESTIVAL (pour vous convaincre de venir, au Festival du Film Britannique de Dinard, l’an prochain).

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    Avant 1999, Dinard représentait pour moi ce lieu délicieusement intemporel magnifié par cette incomparable couleur émeraude de la côte éponyme, exhalant un paradoxal parfum d’enfance et d’éternité, et sur lequel veillait, de son œil malicieux, la statue de mon réalisateur favori : le grand Alfred Hitchcock. En septembre 1999, je tombai sur une annonce dans un journal local annonçant un concours qui permettait de devenir membre du jury du Festival du Film Britannique. Je gardais de mon expérience dans le jury jeunes du Festival du Film de Paris, l’année précédente, un souvenir inaltérable et la féroce envie de renouveler cette expérience. Particulièrement passionnée par le cinéma britannique, le défi était d’autant plus passionnant et exaltant. Je rédigeai donc la lettre de motivation, la page exigée me semblant néanmoins bien trop courte pour exprimer mon amour inconditionnel pour le cinéma, et le cinéma britannique en particulier, et pour cette ambivalence qui en constitue la richesse et la particularité, cette influence a priori inconciliable de cinéma européen et américain ; j’exprimai mon admiration pour le réalisme social de Ken Loach ou pour celui du Free cinema, pour le lyrisme épique de David Lean, pour la sensible appréhension des atermoiements et des « ombres du cœur » de Richard Attenborough, et par-dessus tout pour « Les liaisons dangereuses » de Stephen Frears, « Les Virtuoses » de Mark Herman et pour le cinéma saisissant de vérité de Mike Leigh. Cinq jours avant le festival, on m’annonçait la bonne (et déstabilisante !) nouvelle : ma candidature avait été sélectionnée parmi plus de deux cents autres et j’allais intégrer le jury du 10ème Festival du Film Britannique de Dinard, alors présidé par Jane Birkin. Qui n’a jamais fait partie d’un jury ne peut imaginer à quel point une telle expérience est trépidante, enrichissante, singulière, à quel point elle cristallise tant d’émotions, cinématographiques et pas seulement, à quel point elle abolit la fragile frontière entre cinéma et réalité qui s’y défient et entrechoquent, nous emportant dans un troublant et ensorcelant tourbillon, suspendant le vol du temps. Alors jeune étudiante, écartelée entre mes études de cinéma et de sciences politiques, je me retrouvai dans cette réalité titubante et dans un jury avec des artistes que j’admirais (et d’autant plus désormais) comme Jane Birkin, présidente à l’empathie incomparable et à l’excentricité aussi joyeuse que nostalgique et mélancolique, Etienne Daho, Julian Barnes, Daniel Prévost et je faisais la connaissance de Tom Hollander et Mark Addy dont je constatais avec plaisir que, à l’image du festival, ils avaient tous l’humilité, l’affabilité et la simplicité des grands. Je n’ai jamais vraiment eu l’occasion de les remercier, ni le festival et son directeur Hussam Hindi, pour l’accueil chaleureux qui m’a alors été réservé, ce livre me donne l’occasion de le faire aujourd’hui, dix ans après ces quatre jours hors du temps et de la réalité. Non seulement, je découvrais un festival de cinéma sous un angle différent, ses débats exaltés et exaltants mais aussi un cinéma dont je soupçonnais la richesse et l’inventivité et dont cette compétition me fit mesurer l’étendue à l’image des deux films qui partagèrent les suffrages de notre jury cette année-là : le palpitant thriller magnifiquement sombre, premier long métrage d’un certain Christopher Nolan « Following » (qui remporta le Hitchcock d’argent) qui révélait un cinéaste avec un univers d’une originalité sidérante qu’il a confirmé deux ans plus tard avec « Memento » et le déjanté et burlesque « Human Traffic » de Justin Kerrigan qui remporta le Hitchcock d’or. De mémoire de festivaliers, cette dixième édition fut la plus mémorable. En tout cas pour moi qui depuis ai été dix fois jurés dans divers festivals de cinéma et en ai parcouru de nombreux autres de Deauville à Cannes, cela reste sans aucun doute un souvenir indélébile et la cause du caractère incurable d’une triple passion dont deux étaient déjà ardentes : pour le cinéma en général, pour le cinéma britannique en particulier, et pour le Festival du Film Britannique de Dinard. J’eus alors un véritable coup de foudre pour le Festival de Dinard et si je le découvrais dans des conditions étranges et privilégiées, cette impression ne s’est jamais démentie par la suite : celle d’un festival convivial dont les festivaliers et le cinéma, et non ses organisateurs, sont les véritables stars, où la diversité du cinéma britannique s’exprime aussi dans le choix de ses invités, qui deviennent souvent des habitués (et pour cause…), et dans le choix de ceux qu’il a honorés ou révélés, et non des moindres : Danny Boyle, Peter Cattaneo, Stephen Daldry, Paul Greengrass, Peter Webber, Shane Meadows…. ! Retourner à Dinard chaque fois que j’en ai l’occasion signifie toujours pour moi une douce réminiscence de ces instants magiques ( et lorsque je ne peux pas me donne l’impression d’un rendez-vous manqué) qui ont déterminé la voie que je me suis enfin décidée à emprunter, celle de la passion irrépressible ; c’est aussi la perspective de découvrir ou redécouvrir de grands auteurs, une image de la société britannique avec tout ce qu’elle reflète de fantaisie désenchantée et enchanteresse, de pessimisme enchanté, de romantisme sombre, d’élégance triste, d’audace flegmatique et de réjouissants paradoxes et oxymores… et la perspective de jubilatoires frissons cinéphiliques . Dinard a priori si sombre et pourtant si accueillante, auréolée de sa très hitchcockienne et resplendissante noirceur facétieuse, est à l’image de ce cinéma qui possède à la fois le visage tourmenté et attendrissant de Timothy Spall et celui robuste et déterminé de Daniel Craig, un cinéma qui excelle dans les comédies romantiques (de Richard Curtis, de Mike Newell…) mais aussi dans des films ancrés dans la réalité sociale, un cinéma qui, récemment encore, à Dinard, nous a fait chavirer avec la complainte mélancolique de John Carney dans « Once » ou qui nous a ouvert les yeux sur les plaies de la société contemporaine avec le percutant « It’s a free world » de Ken Loach ou le tristement intemporel « Pierrepoint » d’Adrian Shergold, bref un cinéma éclectique qui sait concilier Histoire et contemporanéité, « raisons et sentiments », une fenêtre ouverte sur des mondes, garanties d’un avenir que je souhaite aussi lucide et radieux au Festival du Film Britannique de Dinard, incomparable antre de passions et découvertes cinématographiques qui a fait chavirer le cours de mon destin.

    Before 1999, Dinard for me was a deliciously timeless place magnified by the wonderful emerald colour of its coastline, and a paradoxical odour of childhood and eternity watched over maliciously by the statue of my favourite director, the great Alfred Hitchcock.

    In September 1999 I noticed a call for candidates in a local newspaper, to enter a competition which could lead to being a member of the jury of the British Film Festival. I already had wonderful memories of being one of the young jury members of the Paris Film Festival the previous year and was very keen to renew the experience. Since I am particularly interested in British cinema the challenge was even greater. So I applied thinking that the single page requested seemed far too short a space in which to express my absolute passion for film and for British films in particular as they represent a bridgehead between American and European cinema. I described my admiration for Ken Loach’s style of realism and its origins in Free Cinema. I also referred to the poetry to be found in David Lean’s films, to the prevariactions in Richard Attenborough’s « Shadowlands » but above all « Dangerous Liasions » by Stephen Frears, Mark Herman’s « Brassed Off » and for the remarkable truthfulness in Mike Leigh’s films. Five days before the festival started I received the good (and scary) news that I had been chosen out of some two hundred other applicants and was to become a member of the jury of the 10th British Film Festival of Dinard presided by Jane Birkin.

    Impossible for someone who has never sat on a jury to imagine what an exciting, rewarding, exceptional experience it is and the extent to which so many emotions can be encompassed in such activity somehow banishing the fragile barrier between film and real life takiing us into a strange and betwitching whirlwind while time stood still. At the time I was torn between studying cinema and political sciences and I was staggered to find myself a part of a jury of artists I admired (even more so now) starting with the president, Jane Birkin, a person of incomparable sympathy yet full of joyful excentricity mixed with nostalgia and sadness, then there were Etienne Daho, Julian Barnes, Daniel Prévost. I came to know Tom Hollander and Mark Addy. I also discovered with pleasure that in common with all great people and like the festival itself, they shared the qualities of modesty, simplicity and friendliness. I have never really had the chance to thank either them or the Festival Director, Hussam Hindi, for the warm welcome I received. Thanks to this book, published ten years later, I am now given the opportunity to do so. Not only did I discover a film festival from a different angle with high minded and exhilarating discussions but I also discovered wider aspects to British cinema than I had expected through the films selected in competition. This is characterised by the two films singled out by the jury. « Following » a magnificient dark thriller by a certain Christopher Nolan (which was awarded the silver Hitchcock) first feature from a film maker who was soon to make his mark two years later with « Memento » and the crazy burlesque « Human Traffic » by Justin Kerrigan which was awarded the Golden Hitchcock.. This tenth edition was the most memorable one so far to the minds of regular festival goers. Since then I have served as a jury member in ten other festivals and have attended many others from Deauville to Cannes, but my special memory of Dinard will never fade because of my triple passion for cinema in general, British cinema in particular and for the Dinard Festival itself. I fell in love with this festival, which I discovered under strange and privileged conditions, and this impression has not changed since: a user-friendly festival where guests and festival goers are the real stars – not tthe organisers. The diversity of British cinema is also made apparent through the choice of the guests, many of whom, subsequently and understandably, become regulars. Also must be mentioned the judicious choices of people receiving tributes and new talents soon to become well known names: Danny Boyle, Peter Cattaneo, Stephen Daldry, Paul Greengrass, Peter Webber, Shane Meadows…. ! Going back to Dinard whenever I can always brings back the sweet memories of those magic moments (and the years I can’t attend it always seems to me that I have missed something important) and which led me to follow the course I am on today following a real passion. It is also the occasion to discover or rediscover established ‘auteurs’, a vision of British society with all it projects in the way of disenchanted yet enchanting fantasy, of pessimism, dark romanticism, sad elegance, phlegmatic daring and joyful pardoxes and oxymorons with the prospect of enjoyable film loving shivers. Dinard seems so sober yet is so welcoming, under the star of supreme film-maker Hitchcock , reflecting this cinema which has both the features of Timothy Spall (tormented and moving) and those of Daniel Craig, (rugged and determined). A cinema that excells in romantic comedies (by Richard Curtis or Mike Newell) but also in films anchored in social reality as was the case recently in Dinard with John Carney’s film « Once » or Ken Loach’s « It’s a Free World » which opened our eyes to the wounds of contemporary society.

    I wish the British Film Festival of Dinard a radiant future and thank it for having dictated my destiny.

     

    LIENS:

    -mon compte-rendu du Festival du Film Britannique de Dinard 2010

    -mon compte-rendu du Festival du Film Britannique de Dinard 2009

    -mon compte-rendu du Festival du Film Britannique de Dinard 2007

    -mon compte-rendu du Festival du Film Britannique de Dinard 2005

    Site officiel du Festival: http://www.festivaldufilm-dinard.com/

    Le Festival de Dinard sur Facebook: https://www.facebook.com/#!/pages/Festival-du-Film-Britan…

    Programme du Festival du Film Britannique de Dinard 2012

  • Golden Blog awards 2012 : votez aussi pour les blogs Inthemood sur Facebook

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    Comment voter directement sur le blog ET par Facebook en parallèle:

    Je vous en ai déjà parlé ici: vous pouvez voter une fois par jour, jusqu'au 22 octobre pour les blogs inthemood qui participent à la sélection des Golden Blog Awards. Les organisateurs viennent de mettre en place un nouveau moyen de voter. En plus des votes sur le blog (ci-dessous), vous pouvez aussi voter sur Facebook:

    Cliquez ici pour accéder à l'application Facebook permettant de voter pour Inthemoodforcinema.com et Inthemoodforfilmfestivals.com

    Cliquez là pour accéder à l'application Facebook permettant de voter pour Inthemoodlemag.com

    Pour voter sur le blog, il vous suffit toujours de cliquer sur les 2 boutons de vote en haut à gauche de ce blog et le tour sera joué ou bien vous pouvez voter en cliquant sur les vignettes en bas de cet article. Vous pouvez voter 1 fois par jour par adresse ip ou en bas de cet article.

    Présentation des Golden Blog Awards:

    Les Golden Blog Awards dont ce sera cette année la 3ème édition récompensent les blogs dans divers domaines. Tous mes blogs sont inscrits : dans la rubrique "cinéma" (pour Inthemoodforcinema.com , Inthemoodforcannes.com , Inthemoodfordeauville.com, Inthemoodforfilmfestivals.com  ), dans la rubrique "culture généraliste" (pour Inthemoodlemag.com ), dans la rubrique "voyage" (pour Inthemoodforluxe.com ).

    Bien entendu, je n'ai pas créé ces blogs pour avoir des prix et leur qualité ou absence de qualité ne dépend pas d'un quelconque prix (comment aurais-je d'ailleurs pu imaginer il y a 9 ans, lorsque j'ai créé mon 1er blog pour partager mes singulières expériences de jurée dans des festivals de cinéma et pour donner libre cours à mes passions viscérales-toujours et plus que jamais vivaces- pour le cinéma et l'écriture, que de tels prix existeraient?) mais il est toujours agréable de voir son travail reconnu, en particulier par vous qui me lisez chaque jour ou ponctuellement, et par ce prix qui chaque année prend de l'ampleur.

    Pour en savoir plus sur mes blogs et mon parcours :

    Mon premier blog a été créé il y a 9 ans pour partager mes singulières et palpitantes expériences de jurée dans des festivals de cinéma (j'ai ainsi été 14 fois jurée dont 10 fois sélectionnée sur concours d'écriture et la première fois en 1998), mes 19 ans de pérégrinations dans les festivals de cinéma, et mes passions viscérales pour le cinéma et l'écriture.

    Si les blogs inthemood ont souvent été à l'honneur (cf rubrique "Dans les médias en cliquant ici"), il ne dépend aujourd'hui que de vous qu'ils le soient à nouveau !

    Pour en savoir plus sur la genèse de mes différents blogs, la raison d'être de chacun d'entre eux et mon parcours atypique auquel mes passions m'ont menée, rendez-vous dans la rubrique "A propos" de mon dernier blog Inthemoodforfilmfestivals.com en cliquant ici .

    Retrouvez les 6 blogs inthemood ci-dessous - Vous pouvez aussi voter directement pour l'un d'entre eux ou chacun d'entre eux, ci-dessous, 1 fois par jour par adresse ip :

    In the mood Le Magazine

    In the mood for cinema

    In the mood for film festivals

    In the mood for Deauville

    In the mood for Cannes

    In the mood for luxe

     

    Lien permanent Imprimer Catégories : IN THE MOOD FOR NEWS (actualité cinématographique) Pin it! 0 commentaire
  • Critique de "The Artist" de Michel Hazanavicius, ce 5 octobre 2012, à 20H55, sur Canal +

     

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    Photo ci-dessus : crédits inthemoodforcinema.com . Conférence de presse des lauréats du Festival de Cannes 2011.

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    Photo ci-dessus : crédits inthemoodforcinema.com . Conférence de presse des lauréats du Festival de Cannes 2011.

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    Photo ci-dessus : crédits inthemoodforcinema.com . Conférence de presse du Festival de Cannes 2011 du film "The Artist".

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    Photo ci-dessus : crédits inthemoodforcinema.com . Conférence de presse du Festival de Cannes 2011 du film "The Artist".

     

    LE film à ne pas manquer ce soir, c'est "The Artist" de Michel Hazanavicius pour lequel Jean Dujardin a reçu le prix d'interprétation à Cannes et l'Oscar du meilleur acteur parmi une pluie de récompenses entièrement méritées. Retrouvez, ci-dessous, ma critique publiée suite à la projection dans le cadre du Festival de Cannes 2011.

    C’était un dimanche matin de mai 2011, le début du Festival de Cannes encore, en projection presse. Pas encore vraiment l’effervescence mais un joli bruissement d’impatience parmi les regards déjà las, ou obstinément sceptiques. 1H40 plus tard, la salle résonnait d’applaudissements, pendant dix minutes, fait rare en projection presse. Le soir même, je suis retournée le voir en projection officielle. L’émotion fut la même, redoublée par la présence de l’équipe du film, terriblement émue elle aussi par les réactions enthousiastes du public, par les rires tendres, par cette cavalcade d’applaudissements qui a commencé lors de la dernière scène et ne s’est plus arrêtée pour continuer pendant un temps qui m’a paru délicieusement long. Un beau, rare et grand moment du Festival de Cannes.

    Le pari était pourtant loin d’être gagné d’avance. Un film muet (ou quasiment puisqu’il y a quelques bruitages). En noir et blanc. Tourné à Hollywood. En 35 jours. Par un réalisateur qui jusque là avait excellé dans son genre, celui de la brillante reconstitution parodique, mais très éloigné de l’univers dans lequel ce film nous plonge. Il fallait beaucoup d’audace, de détermination, de patience, de passion, de confiance, et un peu de chance sans doute aussi, sans oublier le courage -et l’intuition- d’un producteur (Thomas Langmann) pour arriver à bout d’un tel projet. Le pari était déjà gagné quand le Festival de Cannes l’a sélectionné d’abord hors compétition pour le faire passer ensuite en compétition, là encore fait exceptionnel.

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    Le film débute à Hollywood, en 1927, date fatidique pour le cinéma puisque c’est celle de l’arrivée du parlant. George Valentin (Jean Dujardin) est une vedette du cinéma muet qui connait un succès retentissant…mais l’arrivée des films parlants va le faire passer de la lumière à l’ombre et le plonger dans l’oubli. Pendant ce temps, une jeune figurante, Peppy Miller (Bérénice Béjo) qu’il aura au départ involontairement placée dans la lumière, va voir sa carrière débuter de manière éblouissante. Le film raconte l’histoire de leurs destins croisés.

    Qui aime sincèrement le cinéma ne peut pas ne pas aimer ce film qui y est un hommage permanent et éclatant. Hommage à ceux qui ont jalonné et construit son histoire, d’abord, évidemment. De Murnau à Welles, en passant par Borzage, Hazanavicius cite brillamment ceux qui l’ont ostensiblement inspiré. Hommage au burlesque aussi, avec son mélange de tendresse et de gravité, et évidemment, même s’il s’en défend, à Chaplin qui, lui aussi, lui surtout, dans « Les feux de la rampe », avait réalisé un hymne à l'art qui porte ou détruit, élève ou ravage, lorsque le public, si versatile, devient amnésique, lorsque le talent se tarit, lorsqu’il faut passer de la lumière éblouissante à l’ombre dévastatrice. Le personnage de Jean Dujardin est aussi un hommage au cinéma d’hier : un mélange de Douglas Fairbanks, Clark Gable, Rudolph Valentino, et du personnage de Charles Foster Kane (magnifiques citations de « Citizen Kane ») et Bérénice Béjo, avec le personnage de Peppy Miller est, quant à elle, un mélange de Louise Brooks, Marlène Dietrich, Joan Crawford…et nombreuses autres inoubliables stars du muet.

    Le cinéma a souvent parlé de lui-même… ce qui a d’ailleurs souvent produit des chefs d’œuvre. Il y a évidemment « La comtesse aux pieds nus » de Mankiewicz, « La Nuit américaine de Truffaut », « Sunset Boulevard » de Billy Wilder, enfin « Une étoile est née » de George Cukor et encore « Chantons sous la pluie » de Stanley Donen et Gene Kelly auxquels « The Artist », de par son sujet, fait évidemment penser. Désormais, parmi ces classiques, il faudra citer « The Artist » de Michel Hazanavicius. Ses précèdents films étaient d'ailleurs déjà des hommages au cinéma. On se souvient ainsi des références à "Sueurs froides" ou "La Mort aux trousses" d'Hitchcock dans "OSS 117 : Rio ne répond plus".

    Hazanavicius joue ainsi constamment et doublement la mise en abyme : un film muet en noir et blanc qui nous parle du cinéma muet en noir et blanc mais aussi qui est un écho à une autre révolution que connaît actuellement le cinéma, celle du numérique.

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    Le mot jubilatoire semble avoir été inventé pour ce film, constamment réjouissant, vous faisant passer du rire aux larmes, ou parfois vous faisant rire et pleurer en même temps. Le scénario et la réalisation y sont pour beaucoup mais aussi la photographie (formidable travail du chef opérateur Guillaume Schiffman qui, par des nuances de gris, traduit les états d’âme de Georges Valentin), la musique envoûtante (signée Ludovic Bource, qui porte l’émotion à son paroxysme, avec quelques emprunts assumés là aussi, notamment à Bernard Herrmann) et évidemment les acteurs au premier rang desquels Jean Dujardin qui méritait amplement son prix d’interprétation (même si Sean Penn l’aurait également mérité pour « This must be the place »).

    Flamboyant puis sombre et poignant, parfois les trois en même temps, il fait passer dans son regard (et par conséquent dans celui du spectateur), une foule d’émotions, de la fierté aux regrets, de l’orgueil à la tendresse, de la gaieté à la cruelle amertume de la déchéance. Il faut sans doute beaucoup de sensibilité, de recul, de lucidité et évidemment de travail et de talent pour parvenir à autant de nuances dans un même personnage (sans compter qu’il incarne aussi George Valentin à l’écran, un George Valentin volubile, excessif, démontrant le pathétique et non moins émouvant enthousiasme d’un monde qui se meurt). Il avait déjà prouvé dans « Un balcon sur la mer » de Nicole Garcia qu’il pouvait nous faire pleurer. Il confirme ici l’impressionnant éclectisme de sa palette de jeu et d'expressions de son visage.

    Une des plus belles et significatives scènes est sans doute celle où il croise Peppy Miller dans un escalier, le jour du Krach de 1929. Elle monte, lui descend. A l’image de leurs carrières. Lui masque son désarroi. Elle, sa conscience de celui-ci, sans pour autant dissimuler son enthousiasme lié à sa propre réussite. Dujardin y est d’une fierté, d’une mélancolie, et d’une gaieté feinte bouleversantes, comme à bien d’autres moments du film. Et je ne prends guère de risques en lui prédisant un Oscar pour son interprétation, ou en tout cas un Oscar du meilleur film étranger pour Hazanavicius. Bérénice Béjo ne démérite pas non plus dans ce nouveau rôle de « meilleur espoir féminin » à la personnalité étincelante et généreuse, malgré un bref sursaut de vanité de son personnage. Il ne faudrait pas non plus oublier les comédiens anglo-saxons : John Goodman, Malcolm McDowell et John Cromwell (formidablement touchant dans le rôle du fidèle Clifton).

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    Il y aura bien quelques cyniques pour dire que ce mélodrame est plein de bons sentiments, mais Hazanicius assume justement ce mélodrame. « The Artist » est en effet aussi une très belle histoire d’amour simple et émouvante, entre Peppy et Georges mais aussi entre Georges et son cabot-in Uggy : leur duo donne lieu à des scènes tantôt drôles, tantôt poétiques, tantôt touchantes, et là encore parfois au trois en même temps. Hommage aussi à ce pouvoir magique du cinéma que de susciter des émotions si diverses et parfois contradictoires.

    Michel Hazanavicius évite tous les écueils et signe là un hommage au cinéma, à sa magie étincelante, à son histoire, mais aussi et avant tout aux artistes, à leur orgueil doublé de solitude, parfois destructrice. Des artistes qu’il sublime, mais dont il montre aussi les troublantes fêlures et la noble fragilité.

    Ce film m’a éblouie, amusée, émue. Parce qu’il convoque de nombreux souvenirs de cinéma. Parce qu’il est une déclaration d’amour follement belle au cinéma. Parce qu’il ressemble à tant de films du passé et à aucun autre film contemporain. Parce qu’il m’a fait ressentir cette même émotion que ces films des années 20 et 30 auxquels il rend un vibrant hommage. Parce que la réalisation est étonnamment inspirée (dans les deux sens du terme d’ailleurs puisque, en conférence de presse, Michel Hazanavicius a revendiqué son inspiration et même avoir « volé » certains cinéastes). Parce qu’il est burlesque, inventif, malin, poétique, et touchant. Parce qu’il montre les artistes dans leurs belles et poignantes contradictions et fêlures.

    Il ne se rapproche d’aucun autre film primé jusqu’à présent à Cannes…et en sélectionnant cet hymne au cinéma en compétition puis en le primant, le Festival de Cannes a prouvé qu’il était avant tout le festival qui aime le cinéma, tous les cinémas, loin de la caricature d’une compétition de films d’auteurs représentant toujours le même petit cercle d’habitués dans laquelle on tend parfois à l’enfermer.

    « The Artist » fait partie de ces films qui ont fait de cette édition cannoise 2011 une des meilleures de celles auxquelles j’ai assisté, pour ne pas dire la meilleure…avec des films aussi différents et marquants que « This must be the place » de Paolo Sorrentino, « Melancholia » de Lars von Trier, « La piel que habito » de Pedro Almodovar.

    Un film à ne manquer sous aucun prétexte si, comme moi, vous aimez passionnément et même à la folie, le cinéma. Rarement un film aura aussi bien su en concentrer la beauté simple et magique, poignante et foudroyante. Oui, foudroyante comme la découverte de ce plaisir immense et intense que connaissent les amoureux du cinéma lorsqu’ils voient un film pour la première fois, et découvrent son pouvoir d’une magie ineffable, omniprésente ici.

    Sortie en salles : le 12 octobre 2011. Vous pourrez également découvrir ce film lors de la soirée du palmarès du Festival du Cinéma Américain de Deauville, le 10 septembre…et si j’en ai la possibilité, je ne manquerai certainement pas d’y retourner une troisième fois, pour vous en livrer une critique plus précise (celle-ci étant basée sur mes souvenirs « vieux » d’il y a 4 mois).

    Un dernier petit conseil : ne regardez pas la bande-annonce (dont je n’ai pas peur de dire qu’elle m’a émue, comme le film), pour conserver le plaisir de la découverte.

    En bonus :

    - Ma critique de « La Comtesse aux pieds nus » de Mankiewicz

    -Ma critique de « OSS 117 : Rio ne répond plus » de Michel Hazanavicius

    -Ma critique d’ « Un balcon sur la mer » de Nicole Garcia

    -Ma critique des « Feux de la rampe » de Charlie Chaplin

    Lien permanent Imprimer Catégories : A VOIR A LA TELEVISION : CRITIQUES DE FILMS Pin it! 1 commentaire
  • Le Festival International des Jeunes Réalisateurs de Saint-Jean-de-Luz 2012 en direct bientôt ici: programme détaillé, jury ...!

    Encore un festival, me direz-vous. Oui, certes, mais celui-ci vaut vraiment le déplacement car, s'il a gagné en notoriété au fil des ans (ce sera déjà la 17ème édition!), il n'a rien perdu en convivialité (ce qui arrive malheureusement à un grand nombre de festivals qui prennent de l'ampleur). Accessible à tous, ce festival permet de découvrir des talents (le festival ne sélectionne que des premiers et deuxièmes longs-métrages, et propose également une compétition de courts-métrages) tout en étant un lieu d'échanges, le plus souvent au cinéma Le Sélect où se déroulent toutes les projections.

    L'édition 2012 du Festival International des Jeunes Réalisateurs aura ainsi lieu du 9 au 13 octobre dans ce qui est pour moi le plus beau port du Pays Basque, à Saint-Jean-de-Luz donc. (retrouvez mon article détaillé avec le compte-rendu complet de la 16ème édition du Festival International des Jeunes Réalisateurs de Saint-Jean-de-Luz 2011 en cliquant ici) .

    J'ai vu tous les films l'an passé (une sélection éclectique et forte) et j'essaierai de faire de même cette année pour vous livrer ici un compte-rendu exhaustif. Je me réjouis ainsi d'avance de découvrir les pépites cinématographiques de l'année à venir, et les grands cinéastes de demain, et de vous faire partager ces découvertes, raison d'être de la création de ce blog, il y a 9 ans déjà.

     Je vous le ferai également vivre sur twitter en direct de l'ouverture à la clôture (sur mon compte principal @moodforcinema ainsi que sur celui consacré aux festivals de cinéma @moodforfilmfest).

    Vous pouvez aussi suivre le festival sur sa page Facebook officielle et sur son compte twitter officiel ( @JeunesReals).

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    C'est là que j'avais notamment découvert ce qui est pour moi un des films de l'année 2012: "Une bouteille à la mer" de Thierry Binisti (retrouvez ma critique ici),  un film ensorcelant, poignant comme un poème entremêlant tragédie et espoir, et les réunissant par la beauté lumineuse et clairvoyante des mots; ou enore un autre coup de coeur de cette année "Louise Wimmer" de Cyril Mennegun, (membre du jury cette année) qui m'avait permis de  découvrir un cinéaste qui me rappelle les plus grands cinéastes du réalisme social britannique et une comédienne qui porte ce film magnifiquement bouleversant et tristement universel qui s’achève sur une note d’espoir d’une beauté aussi simple que ravageuse.

    C'est un grand nom de la bande dessinée qui a réalisé la très belle affiche de cette année: Vincent Paronnaud, aussi connu des cinéphiles pour avoir réalisé plusieurs courts-métrages, un moyen-métrage, avoir coréalisé « Persépolis » et avoir réalisé « Poulet aux prunes » d’ailleurs présenté à Saint-Jean-de-Luz, en compétition, l’an passé.

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    A nouveau, cette année, le festival proposera 5 jours de projections: une compétition de 1ers et deuxièmes films, courts et longs-métrages, des avant-premières nationales…

    Je vous laisse découvrir la (très belle) programmation en images ci-dessous avec, notamment, « J’enrage de son absence » de Sandrine Bonnaire, un de mes coups de coeur du dernier Festival de Cannes dont je vous propose la critique en bonus ci-dessous. Retrouvez également les horaires des projections ci-dessous et la bande-annonce des courts-métrages (je vous les recommande également).

    Mardi 9 octobre

    19h30 Cérémonie d'ouverture suivie du film "Rue Mandar" d'Idit CEBULA
    22h30 "Rue Mandar" d'Idit CEBULA

    Mercredi 10 octobre

    11h "Le voyage de Monsieur Crulic" d'Anca DAMIAN
    15h "Syngue Sabour" d'Atiq RAHIMI
    17h15 "Vole comme un papillon" de Jérôme MALHDE (hors compétition)
    20h "Ouf" de Yann CORIDIAN
    22H "Syngue Sabour" d'Atiq RAHIMI (rediffusion)

    Jeudi 11 octobre

    11h "Now is good" d'Ol PARKER
    15h "Soongava" de Subarna THAPA
    17h15 "Le voyage de Monsieur Crulic" d'Anca DAMIAN (rediffusion)
    17h15 "Ouf" de Yann CORIDIAN (rediffusion)
    20h "Dead man talking" de Patrick RIDREMONT
    22h "Soongava" de Subarna THAPA (rediffusion)

    Vendredi 12 octobre

    11h "Les voisins de Dieu" de Meni YAESH
    15h "Une estonienne à Paris" d'Ilmar RAAG
    17h15 "Now is good" d'Ol PARKER (rediffusion)
    17h15 "Dead man talking" de Patrick RIDREMONT (rediffusion)
    20h "J'enrage de son absence" de Sandrine BONNAIRE
    22h "Une estonienne à Paris" d'Ilmar RAAG (rediffusion)

    Samedi 13 octobre

    10h30 Projection des courts métrages
    11h "Les voisins de Dieu" de Meni YAESH (rediffusion)
    11h "J'enrage de son absence" de Sandrine BONNAIRE (rediffusion)
    14h30 Film pour enfants "Ernest et Célestine"
    19h30 Cérémonie de clôture suivie du film "Mais qui a re-tué Pamela Rose ?" d'Olivier BAROUX et de Kad MERARD

     

    Quant au jury, il sera présidé par Audrey Fleurot avec, à ses côtés, Julien Courbey, Pauline Etienne, Thierry Neuvic, Audrey Fleurot, Michaël Cohen, Elodie Navarre et Cyril Mennegun ( donc réalisateur du très beau « Louise Wimmer » qui avait bouleversé les festivaliers de SAint-Jean-de-Luz l’an passé et dont vous pouvez retrouver ma critique en cliquant ici).

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    Enfin, avant de vous laisser avec la critique de "J'enrage de son absence" ( une projection à ne manquer sous aucun prétexte, vendredi à 20H), signalons une innovation du festival pour cette année: la mise en place d'un "filmaton" à votre disposition au cinéma Le Sélect pour laisser vos impressions sur les films et le festival.

    Critique de « J’enrage de son absence » de Sandrine Bonnaire

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    Sandrine Bonnaire nous avait déjà bouleversés avec son documentaire consacré à sa sœur autiste « Elle s’appelait Sabine » (alors présenté à la Quinzaine des Réalisateurs), un documentaire ni larmoyant ni complaisant, deux écueils dans lesquels il aurait été si facile de tomber. Véritable plaidoyer pour la mise en place de structures d’accueil pour les handicapés, hommage à ceux qui les encadrent, c’est aussi une véritable déclaration d’amour de Sandrine Bonnaire à sa sœur, un cri du cœur déchirant pour celle que 5 années d’hôpital psychiatrique ont changé à jamais mais qui joue un prélude de Bach avec la même facilité sidérante que des années auparavant. Elle parvient à nouveau, magistralement, à nous bouleverser avec son premier long-métrage, inspiré d’une histoire vraie.

    Ce film nous raconte l’histoire d’un couple, Jacques (William Hurt) et Mado (Alexandra Lamy), dont le fils est décédé accidentellement il y a une dizaine d’années. Lorsqu’ils se retrouvent, le père devient obsédé par le petit garçon de 7 ans qu’elle a eu d’une autre union. Entre cet homme et ce petit garçon, un lien fort et inquiétant se crée dans le secret d’une cave.

    Sandrine Bonnaire pour son premier film, dès la première seconde, fait preuve d’une maitrise étonnante, d’une manière de nous « impliquer » dans son drame, avec intensité et empathie. La tension est croissante. Le regard à la fois doux et perdu, un peu fou mais surtout fou d’amour et de la rage de l’absence de William Hurt auquel sa caméra s’accroche souvent, y est pour beaucoup. Sa prestation est une des plus magistrales qu’il m’ait été donné de voir. Son personnage un des plus bouleversants de tendresse, de détresse, d’humanité, aux portes de la folie. Il va peu à peu s’enterrer, se recroqueviller au propre comme au figuré, pour aller au bout de cette détresse. Jamais Sandrine Bonnaire ne tombe dans le pathos, toujours à hauteur de ses personnages, de leur cauchemar dans lequel elle nous enferme peu à peu, créant une tension croissante, bientôt suffocante. Elle ne juge jamais ses personnages mais les comprend, les suit pas à pas dans cette descente aux enfers. Deux appréhensions du deuil. L’un tait et l’autre fait exploser sa douleur, descend jusqu’au plus profond de celle-ci. Deux personnages abîmés par les terribles vicissitudes de l’existence et d’autant plus humains et touchants.

    Sandrine Bonnaire, si elle a certainement appris beaucoup avec tous les grands cinéastes avec lesquels elle a tournés (le prénom de Mado fait ainsi songer à Claude Sautet, d’ailleurs ce mélange des genres peut aussi faire penser à « Quelques jours avec moi » de ce même cinéaste dans lequel Sandrine Bonnaire était d’ailleurs magistral), elle impose, dès son premier film, un style bien à elle, et surtout un regard et un univers propres aux grands cinéastes. En plus d’être une grande comédienne, Sandrine Bonnaire s’affirme ici comme une grande cinéaste en devenir. Elle filme la violence de la couleur avec une rage à la fois douce et âpre, sans jamais lâcher ses personnages tout comme cette douleur absolue ne les lâche jamais. Paradoxalement, un film qui fera du bien à tous ceux qui ont connu ou connaissent la douleur ineffable, étouffante et destructrice du deuil.

    Avec ce film dramatique, absolument bouleversant, entre drame familial et thriller, Sandrine Bonnaire met des images sur l’indicible douleur et donne à William Hurt et Alexandra Lamy leurs meilleurs rôles (un premier rôle et une nouvelle fois un beau personnage de mère qui montre une nouvelle fois toute l’étendue de l’immense talent de cette dernière) et signe une première fiction palpitante, poignante, d’une maîtrise étonnante qui vous fera chavirer d’émotion pour ces beaux personnages enragés de douleur.

    Sortie en salles : le 31 octobre 2012

    Pour plus d’infos, rendez-vous sur le site officiel du Festival International des Jeunes Réalisateurs de SAint-Jean-de-Luz: http://www.jeunes-realisateurs.com/

    Réservation au Cinéma Le Sélect, 29 Bd Victor Hugo à Saint-Jean-de-Luz du lundi au vendredi de 14h à 19h

    Découvrez les autres blogs inthemood: http://inthemoodforfilmfest , http://inthemoodlemag.comhttp://www.inthemoodforcannes.com , http://www.inthemoodfordeauville.com , http://www.inthemoodfrorluxe.com  (avec, notamment, un article sur l'hôtel Loreamar de Saint-Jean-de-Luz, ici).

    Retrouvez-moi en direct de Saint-Jean-de-Luz dès mardi prochain!

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    Lien permanent Imprimer Catégories : FESTIVAL DE SAINT-JEAN-DE-LUZ 2012 Pin it! 2 commentaires
  • Critique de "Rapt" de Lucas Belvaux, ce 4 octobre 2012, à 20H45, sur France 3

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    Stanislas Graff est un homme d'industrie à qui, en apparence, tout réussit jusqu'à ce qu'il soit enlevé par un groupe de truands sans scrupules. Débute alors pour lui un calvaire qui va durer plusieurs semaines. Pour persuader son entourage de payer, ses ravisseurs lui coupent un doigt qu'ils envoient à ses proches. Pendant qu'il est coupé du monde et humilié, la presse fait de nombreuses révélations sur ses pertes au jeu, sur ses nombreuses maîtresses, sur sa double vie. Sa femme (Anne Consigny), sa mère (Françoise Fabian) et ses deux filles découvrent par la même occasion sa face cachée...

    A certains égards, « Rapt » me rappelle le film dont je vous parle souvent, « Monsieur Klein » de Joseph Losey, dans sa négation de l'humanité et de l'identité d'un homme, dans son analyse de la barbarie, de l'inhumanité, d'un fascisme latent.

    Lucas Belvaux, en quelques plans frénétiques et vertigineux, nous présente d'abord Stanislas Graff dans son statut d'homme d'industrie, homme de pouvoir, sûr de lui, pressé, respecté, ami des puissants, quelque peu arrogant même. Rien qui ne nous le rende éminemment sympathique ni totalement antipathique. Et puis c'est l'enlèvement, la descente aux enfers. L'homme est condamné à être enchaîné, à genoux, pire qu'un animal, amputé, humilié. Lui qui surplombait Paris de son appartement et le regardait de sa hauteur d'homme de pouvoir devant lequel on se courbe est courbé à son tour et n'a même plus le droit de lever les yeux condamné à l'obscurité et au silence. Ses bourreaux n'ont aucune pitié, uniquement guidés par l'appât du gain et la haine envers cet homme qui représente un statut auquel ils souhaitent accéder. Par tous les moyens. Même les plus vils et barbares. Lucas Belvaux a eu l'intelligence de ne jamais les rendre sympathiques, mais de stigmatiser au contraire leur goût du pouvoir et de la violence. Et lorsque la conversation de l'un de ses bourreaux se fait sur un ton presque léger avec un accent marseillais chantant, la cruauté n'en est que plus insidieuse quand, en parlant sur un ton faussement badin et d'autant plus exaspérant, il lui remet les chaînes autour du cou.

    La réalisation, intelligemment elliptique, glaciale et glaçante, accompagne aussi bien les scènes de Stanislas avec ses ravisseurs que celles de sa famille, des avocats, de la police plus soucieux de préserver leurs intérêts que de réellement le sauver. Stanislas va devenir l'objet d'une lutte de pouvoirs acharnée. Entre la police et son avocat. Entre son entreprise et sa famille. Entre son épouse et sa mère.

    Là où le film était intéressant dans ses trois premiers quarts, il se révèle brillant et d'une cruauté ineffable dans ses dernières minutes. Libéré, Stanislas se heurte à un mur de froideur et d'incompréhension. Pas une marque d'affection ou de tendresse si ce n'est de la part de son chien à qui son apparence est bien égale ( ironie du sort pour lui qui a été réduit à l'animalité) sinon des reproches sur sa vie passée comme si cela justifiait, voire excusait, la barbarie dont il a été victime dans le regard des médias, de ses collaborateurs, et même de sa famille pour qui il n'a finalement été qu'un enjeu d'argent.

    L'image l'emporte sur la réalité des faits. Celle que les médias ont forgé confondant fonds propres et chiffres d'affaires, confondant vie dissolue d'un homme et barbarie dont il est victime, comme si la première justifiait la seconde. Ces médias qui passent d'un sujet à l'autre, lunatiques, amnésiques, un drame en chassant un autre. La dignité avec laquelle il fait face alors qu'il a tout perdu et que sa libération s'avère être une autre forme de captivité (prisonnier de son image) le rend encore plus bouleversant, piétiné alors qu'il est à terre.

    Yvan Attal est ainsi absolument parfait du début à la fin mais encore plus dans les dernières minutes, visages émacié, méconnaissable mais digne et faisant face.

    Cette histoire inspirée de l'affaire du Baron Empain qui eut lieu en 1978 a été transposée de nos jours avec évocation de stock options et de parachutes dorées de rigueur, ce qui renforce le sentiment de malaise et de vraisemblance.

    Le dernier plan, d'une austérité angoissante, montre l'homme dans toute sa solitude, sans même une lueur d'espoir, plongé dans un cauchemar inextricable. Un film d'une noirceur et d'une froideur rares mais judicieuses qui, du premier plan au dernier, nous tient en haleine malgré sa noirceur et sa violence psychologique suffocantes (mais toujours au service du propos). Le jeu irréprochable et subtilement froid des acteurs secondaires (délibérément hiératiques) contribue aussi à cette réussite. Un (excellent) film particulièrement intense dont on ressort avec une forte impression qui nous accompagne bien longtemps après le générique, tout comme nous compagne longtemps ce regard d'Yvan Attal, blessé mais debout, seul mais digne. Poignant.

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  • Dates du 39ème Festival du Cinéma Américain de Deauville

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    Après cette très belle édition 2012 du Festival du Cinéma Américain de Deauville (sur laquelle je reviendrai d'ailleurs à nouveau prochainement), il va de soi que vous pourrez suivre ici en direct cette 39ème édition (qui sera aussi pour moi la 20ème) évidemment sur mon blog dédié à Deauville http://www.inthemoodfordeauville.com  mais aussi sur mes autres blogs : http://www.inthemoodforcinema.com , http://inthemoodforfilmfestivals.com , http://inthemoodlemag.com .

    Rendez-vous ici pour connaître prochainement les premières informations sur cette édition 2013 du Festival du Cinéma Américain de Deauville qui aura donc lieu du 30 août au 8 septembre. En attendant, vous pourrez évidemment suivre le Festival du Film Asiatique de Deauville sur lequel vous retrouverez ici prochainement de nombreuses informations.

    Vous pouvez aussi rejoindre la page Facebook de ce blog http://facebook.com/inthemoodfordeauville et son compte twitter (@moodfdeauville )

    Retrouvez également ma critique du grand lauréat du Festival du Cinéma Américain de Deauville 2012: "Les bêtes du sud sauvage" en cliquant ici.

    Lien permanent Imprimer Catégories : IN THE MOOD FOR NEWS (actualité cinématographique) Pin it! 0 commentaire
  • Dates du 66ème Festival de Cannes

    Le Festival de Cannes 2013 aura lieu du 15 au 26 Mai 2013.

    Vous pourrez bien entendu retrouver ici toutes les informations sur cette 66èmr édition que j’espère pouvoir vous faire vivre en direct sur mes différents blogs (ici bien sûr mais aussi sur http://www.inthemoodforcinema.com, http://inthemoodlemag.com, et évidemment sur http://www.inthemoodforcannes.com , mon blog consacré au Festival de Cannes) pour ce qui sera mon 13ème Festival de Cannes.

    Je vous rappelle que sort aujourd’hui en salles « Reality » de Matteo Garrone, Grand prix du dernier Festival de Cannes dont je vous parlerai à nouveau ici prochainement.

    En attendant les premières informations sur l’édition 2013 du Festival de Cannes, retrouvez mon bilan de l’édition 2012 en cliquant ici.

    Lien permanent Imprimer Catégories : IN THE MOOD FOR NEWS (actualité cinématographique) Pin it! 0 commentaire