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  • Critique - "The social network" de David Fincher, ce 3 octobre 2012, à 20H45, sur Ciné + premier

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    Comment rendre cinématographique un sujet qui ne l’est a priori pas ? Telle est la question que je m’étais posée quand, pour la première fois, j’avais entendu parler du sujet de ce film dont j’avoue qu’il m’avait laissée pour le moins sceptique, un scepticisme toutefois amoindri par le nom du cinéaste à la manœuvre : le talentueux David Fincher par lequel, par le passé, j’ai été plus (« L’étrange histoire de Benjamin Button », « Seven», « The game ») ou moins (« Zodiac ») enthousiasmée.

    Le sujet, c’est donc le site communautaire Facebook ou plutôt l’histoire de sa création et de son créateur Mark Zuckerberg (Jesse Eisenberg), un soir d’octobre 2003 bien arrosé, pour cause de déception sentimentale. Ce dernier pirate alors le système informatique de Harvard pour créer une base de données de toutes les filles du campus. Il est alors accusé d’avoir intentionnellement porté atteinte à la sécurité, aux droits de reproduction et au respect de la vie privée. Son exploit retentissant arrive jusqu’aux oreilles de trois autres étudiants qui avaient un projet similaire à ce qui deviendra Facebook. Mark leur apporte son soutien technique mais surtout s’empare de l’idée et la perfectionne évinçant complètement les trois autres du projet. Ce nouveau site prend une ampleur considérable et inattendue, d’abord à Harvard puis dans les autres universités américaines et finalement dans le monde entier.

    Le film est adapté du livre de Ben Mezrich "The accidental Billionaires ( "La revanche d'un solitaire").

    « The social network » est passionnant à plus d’un titre et cela dès la première scène, un dialogue dont la brillante vivacité accroche immédiatement le spectateur et nous donne la clé de la réussite de Mark Zuckerberg, ou plutôt de sa soif de réussite : une quête éperdue de reconnaissance sociale. Un échange à la vitesse de l’éclair avec sa petite amie qui aboutira à leur rupture et dans lequel il fait preuve d’une sorte de fascination obsessionnelle pour les clubs qui pullulent à Harvard, marque d’ascension sociale aux rites souvent puérils. D’une fascinante intelligence, et d’une saisissante arrogance, son esprit et ses motivations deviennent plus palpitants à suivre que bien des thrillers notamment grâce au montage d’une limpidité virtuose qui mêle plusieurs histoires liées à Mark Zuckerberg et plusieurs temporalités: la création de Facebook et les procès suscités par celle-ci.

    C’est pour moi avant tout le montage, ingénieusement elliptique, et le scénario (signé Aaron Zorkin) qui font la grande richesse du film, en ce qu’ils apportent un rythme soutenu mais aussi en ce qu’ils illustrent la création de Mark Zuckerberg : Facebook où les informations fusent et s’entrecroisent. Le film, à l’image du créateur et de sa création, passe d’une idée à une autre à une rythme frénétique. Génération Facebook où tout doit aller vite, une idée ( ou un-e- ami-e-) en remplacer un(e) autre.

    Montage, scénario, interprétation (Jesse Eisenberg mais aussi Justin Timberlake dans le rôle du fondateur de Napster, ou encore Andrew Garfield dans le rôle d’Eduardo, l’ami jalousé-jaloux et trahi) sont la grande réussite de ce film au sujet a priori improbable, un film sur un sujet générationnel dont c’est d’ailleurs peut-être la limite même si les autres thèmes qu’il illustre ( trahison, prix et moteurs de la réussite ) restent universels.

    L’idée brillante est certainement d’avoir réalisé un film à l’image de son sujet (Marck Zuckerberg) et de son objet (Facebook), égocentrique, centré sur lui-même et qui redoute l’ennui, le temps mort, plus que tout et n’en laisse donc aucun plongeant le spectateur dans un flux hypnotisant (plus que captivant, à l’image de Facebook, là encore) d’informations. La forme judicieuse fait apparaître la confusion significative entre le créateur et sa création, Mark Zuckerberg et Facebook. Milliardaire solitaire dont la réussite s’apparente à un échec (qui n’est pas sans rappeler le héros d’un autre film de David Fincher) et qu’illustre parfaitement la redoutable dernière scène. Le créateur est alors à l’image de la création phénomène qu’il a engendrée : l’outil d’une communication à outrance qui finalement isole plus qu’elle ne rassemble et qui n’est qu’un voile flatteur mais illusoire sur une criante solitude.

    Un brillant film générationnel qui est aussi une ingénieuse parabole et qui témoigne une nouvelle fois de l’éclectisme du talent de David Fincher et qui aura même sans doute valeur sociologique mais qui, en revanche, ne mérite pas l’appellation de « film de l’année » qui me laisse perplexe… sans doute l’aspect très narcissique qui flatte l’ego d’une génération qui se reconnait dans cet entrepreneur certes brillant mais effroyablement, cyniquement et sinistrement avide de reconnaissance.

    Précisons enfin que Mark Zuckerberg a désavoué le film qui, s’il nuit au créateur de Facebook, devrait encore davantage populariser sa création.

    Ci-dessous, le vrai Mark Zuckerberg évoque "The social network".



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  • Critique - "This must be the place" de Paolo Sorrentino , ce 2 octobre 2012, à 22H45, sur Canal plus

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    Ce soir, à 22H45, sur Canal plus, ne manquez pas "This must be the place" de Paolo Sorrentino. Critique:

     « This must be the place » de Paolo Sorrentino était reparti bredouille de la compétition du Festival de Cannes 2011, enfin presque puisqu’il avait reçu le prix du jury œcuménique. Avec son premier film en Anglais, le cinéaste italien était ainsi pour la quatrième fois en compétition à Cannes, trois ans après avoir obtenu un prix du jury pour « Il divo ». Avec « Melancholia », « Minuit à Paris » et « The Artist », c’était un de mes coups de cœur de cette édition 2011 qui a souvent fasciné autant qu’il a agacé les festivaliers. Des réactions aussi extrêmes sont souvent signes d’un univers fort, ce que possède incontestablement Paolo Sorrentino.

    Sean Penn y interprète Cheyenne, 50 ans, une ancienne star du rock. Il vit de ses rentes à Dublin où il traine sa mélancolie et son ennui. La mort de son père avec qui il a coupé les ponts depuis des années le décide à partir pour New York. Là, il découvre que son père pourchassait un ancien criminel de guerre nazi, un bourreau d’Auschwitz qui l’avait humilié. Cheyenne va poursuivre la vengeance de son père et, pour l’accomplir, va traverser les Etats-Unis…

    En revoyant « This must be the place », j’ai pensé à l’écriture de Françoise Sagan. A sa fameuse petite musique des mots qui fait que, au-delà de l’histoire qu’elle nous raconte, le caractère jubilatoire de la forme happe notre attention et nous donne envie de dévorer notre lecture. C’est le cas aussi de la mise en scène de Sorrentino qui nous ensorcelle avec sa « petite musique » des images (des mots d’ailleurs aussi avec, en voix off, parfois le texte du père de Cheyenne). La comparaison n’est d’ailleurs pas aussi absurde, Cheyenne aurait ainsi pu dire telle la Cécile de « Bonjour tristesse » : « Sur ce sentiment inconnu dont l’ennui, la douceur m’obsèdent, j’hésite à apposer le nom, le beau nom grave de tristesse. »

    Cheyenne, c’est donc Sean Penn, allure gothique et dégingandée, dos courbé, démarche lente et irrésolue, voix traînante, visage maquillé à la Robert Smith et rire triste et improbable. Pour entrer dans le film, il faut évidemment adhérer à son personnage d’enfant capricieux sur les épaules duquel semblent peser tous les malheurs du monde (en tout cas ceux de son histoire et de l’Histoire, rien que ça). Contrairement à ce qu’il a déclaré récemment à propos d’un autre film (indice : ce film a obtenu la palme d’or), il semble vraiment savoir ce qu’il est venu faire là. Ses gestes, son regard, son phrasé : tout nous fait oublier l’acteur pour construire ce personnage de grand enfant innocent, malicieux, capricieux, ce chanteur de rock déchu, à la fois pathétique, touchant, ridicule, flamboyant, décalé. Face à lui, Jane (Frances McDormand), sa femme, aussi forte, présente, décidé qu’il est faible, absent, velléitaire. Leur couple est d’ailleurs symbolique de ce film tout en contradictions et judicieux décalages.

    "Paolo réalise des films rapides sur des gens lents et des films drôles sur des gens tristes", a déclaré Sean Penn lors du dernier Festival de Cannes. Sorrentino recourt en effet à la légèreté pour évoquer le poids de l’existence que Cheyenne semble porter, mais aussi le poids de la tragédie. Contradictions encore avec ce père absent et omniprésent. Entre ce personnage enfantin, sa fragilité apparente et sa terrible, et souvent irrésistible, lucidité (Au départ on se dit « Ce sera ça ma vie » puis « C’est ça la vie » déclare-t-il ainsi). Entre la gravité du sujet et la tendresse loufoque pour l’aborder. Entre les grands espaces américains et la mélancolie irlandaise. Entre le visage fardé et ce qu’il dissimule. Entre la mort omniprésente et la vie absente d’un Cheyenne qui s’ennuie. Contradictions entre la fantaisie parfois dérisoire et son objectif qui est tout sauf dérisoire. Entre l’inoffensivité apparente d’un homme et les crimes qu’il a commis.

    Sorrentino semble prendre autant de plaisir à sublimer cette Amérique que Cheyenne traverse qu’à en souligner les ridicules excès, entre les images d’Epinal de l’American dream, les paysages qui ressemblent à des peintures de Hopper avec ses motels, ses stations service, ses vastes étendues d’une beauté vertigineuse et ses excès (ou contradictions à nouveau) qu’il tourne en dérision : d’un armurier à la plus grande pistache du monde, en passant par une bouteille géante qui entrave sa route. Il nous en montre aussi la diversité des visages et des paysages comme un enfant curieux, celui qu’est encore Cheyenne, qui découvre Le Nouveau Monde, un nouveau monde, un enfant qui s’émerveille et croise des personnages (un Indien silencieux, une oie, un bison…) qui semblent tout droit sortie d’un conte. Les moments de fantaisie poétique sont encore sublimés par la musique comme dans cette scène avec cette chanson interprétée par David Byrne, le chanteur des Talking heads qui a composé la musique du film (pas une première puisqu’il a reçu l’Oscar de la meilleure musique pour la BO du Dernier Empereur de Bertolucci).

    « This must be the place », c’est un parcours initiatique: l’histoire d’un masque qui tombe, d’un enfant qui grandit, d’un homme qui se relève. D’un artiste enfantin qui devient un homme et fume sa première cigarette. Un film inclassable qui mélange habilement les genres, un road movie qui déroute et enchante, ou nous glace par sa lucidité. Un film envoûtant grâce à la musique de David Byrne, la virtuosité de la mise en scène de Sorrentino et de l’interprétation de Sean Penn qui nous plongent dans une atmosphère poétique, onirique et fantaisiste qui dissimule un visage grave et lucide. Un bel hommage à « Paris, Texas » de Wim Wenders, et à « Into the wild » de Sean Penn, aussi. Un personnage et un film qui vous restent dans la tête comme une petite musique. Celle des mots de Sagan. Ou une grande. Celle des Talkings Heads. « Il faut choisir, dans l'existence, un moment, un seul, où la peur disparaît » nous dit-on dans le film. Ce périple en fait partie. Un périple réjouissant et bouleversant, grave et léger, mélancolique et enchanteur, fardé et sincère. Qui donne envie de regarder la vérité derrière le masque. Celle de l’abjection (le bourreau nazi) ou de l’humanité (Cheyenne) qui se mettent à nu (au propre comme au figuré ici). Leur rencontre improbable donne ce grand film construit sur de brillants contrastes.

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  • Critique - « La Désintégration » de Philippe Faucon

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    Si vous cherchez un bon film à voir parmi les sorties cinema DVD, je vous recommande "La Désintégration" de Philippe Faucon.

    C’est avec un peu de retard que je vous parle de ce film sorti le 15 février dernier et qu’il faut absolument que vous découvriez. Je l’avoue humblement, je ne connaissais pas le travail de Philippe Faucon mais, sans aucun doute, je m’y intéresserai à l’avenir tant ce film choc traite avec simplicité, nuance, humanité, intelligence, d’un sujet complexe et dense.

    L’intrigue se déroule dans une cité dans l’agglomération Lilloise, aujourd’hui.
    Ali, Nasser et Hamza, âgés d’une vingtaine d’années, font la connaissance de Djamel qui dix ans de plus qu'eux.
    Aux yeux d'Ali et ses amis, Djamel apparaît comme un aîné aux propos acérés et au charisme certain. Habile manipulateur, il endoctrine peu à peu les trois garçons, connaissant mieux que quiconque leurs déceptions, leurs failles et leurs révoltes face à une société dans laquelle ils sont nés, mais dont aucun des trois ne pense plus désormais faire partie.

    Ce film, certes très court (1H18) n’en est pas moins intense. Les ellipses accroissent la force du message et, avec subtilité, Philippe Faucon (dé)montre comment les souffrances sociales, le sentiment de se sentir nié, voire rejeté, aboutissent aux replis communautaires et parfois à des actes radicaux. Toute l’intelligence de l’écriture réside dans le fait d’éviter le manichéisme (Philippe Faucon montre ainsi qu’à côté de l’Islam radical, minoritaire, existe un Islam éclairé). Son film est une implacable démonstration qui montre comment des éléments apparemment mineurs, une suite de rejets et de frustrations vont aboutir à la violence extrême comme une issue inévitable.

    Plutôt que de construire un film spectaculaire, Philippe Faucon a choisi de filmer au plus près de ces hommes égarés qui basculent dans l’horreur plus par « désintégration » et parce qu’ils trouvent là une forme d’intégration que par conviction ou idéologie.

    Sans artifices, sans sensationnalisme, Philippe Faucon passe par la fiction pour montrer une réalité d’une manière plus convaincante que bien des articles ou reportages, auscultant ainsi les plaies béantes d’une République qui, parfois, désintègre plus qu’elle n’intègre mais sans non plus nier les progrès –et donc l’intégration- qu’elle permet (ainsi la comparaison entre la génération des parents et celle des enfants).

    Les dernières minutes du film sont d’une saisissante douleur et criantes de vérité. Les scènes qui les précèdent, au plus près du désarroi, de la folie, montrant le contraste entre la vie, là, si simple, ensoleillée, derrière la vitre, et ce dénouement effroyable qui semble inextricable, cette atmosphère cloisonnée, carcérale, dans l’habitacle de la voiture à laquelle l’un d’entre eux même, si symboliquement, s’enchaîne sont aussi simples que magistrales. Un film d’une simplicité aussi radicale et saisissante que son propos.

    Je ne pouvais pas terminer sans évoquer ce qui est l’autre grande force du film, ses incroyables interprètes dont l’époustouflante Zahra Addioui qui joue la mère, et dont j’ai encore du mal à croire que c’est sa première expérience de tournage tant elle est juste mais aussi Rashid Debbouze qui se fait ici plus qu’un prénom et qui crève littéralement l’écran, sidérant de justesse et d’intensité (et qui a d'autant plus de mérite qu'il n'a jamais utilisé sa célèbre parenté mais a fait son propre chemin, jouant son spectacle dans des salles parfois quasiment vides, un bel exemple d'opiniâtreté), sans oublier Yassine Azzouz, Ymanol Perset et Mohamed Nachit également remarquables. Des acteurs à suivre et un film à découvrir !

    LA DESINTEGRATION, un film de Philippe Faucon.
    Disponible en DVD – Editeur Pyramide Vidéo.
    En bonus : Entretiens avec Philippe Faucon et Rashid Debbouze.

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  • Découvrez Cinémur.fr : votre nouvel allié cinéma pratique et efficace

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    Encore une application Facebook connect me direz-vous.  Certes. Certes. Certes. Si j'ai choisi de vous parler de celle-ci, Cinémur, c'est néanmoins qu'elle diffère des autres et possède une réelle valeur ajoutée pour les cinéphiles, cinéphages du au moins amoureux du cinéma que vous êtes indéniablement en tant que (plus ou moins) fidèles de ce blog. La valeur ajoutée concerne essentiellement ses aspects simples, ludiques, pratiques comme vous allez le constater dans mon test ci-dessous.

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    Le site Cinémur est en effet d'une simplicité et rapidité enfantines sans compter que les fiches des films sont plutôt attractives et bien faîtes. 

    Vous pourrez ainsi choisir entre les films actuellement au cinéma (films à l'affiche ou prochaines sorties) et les films à la télévision.

    Exemple avec mon ENORME coup de coeur du moment: "Vous n'avez encore rien vu" d'Alain Resnais, une des plus belles déclarations d’amour au théâtre et aux acteurs, un des plus beaux hommages au cinéma qu’il m’ait été donné de voir et de ressentir.

    Vous vous connectez d'abord via Facebook Connect puis vous choisissez le film qui vous intéresse, en l'espèce "Vous n'avez encore rien vu" donc. Vous retrouverez alors les notes de la presse (dommage, en revanche, que les critiques ne soient pas répertoriées) et des spectateurs, la bande-annonce en VO et VF (pour les films concernés), le synopsis, le casting, vous pourrez aussi dire si vous avez aimé, adoré, si vous avez envie de le voir si ce n'est déjà fait; vous pourrez encore commenter et partager sur votre mur Facebook  et bien entendu retrouver toutes les salles qui le diffusent.

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    Où que vous soyez sur le site, vous pourrez d'ailleurs accéder aux séances et aux salles. Exemple ci-dessous avec mon cinéma fétiche, l'Arlequin qui, heureux hasard, propose justement "Vous n'avez encore rien vu".

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    Alors, prêts à tenter l'expérience Cinémur, à la partager avec vos amis ? Aurez-vous aussi le nouveau réflexe cinéma avec Cinémur qui contribue à renforcer l'aspect expérience participative du cinéma ? Ferez-vous, comme moi, partie des nouveaux utilisateurs? Je vous encourage en tout cas à tester le site, je pense que, rapidement, il deviendra l'outil indispensable de vos sorties cinéma.

     

     

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  • Critique - "Elle s'appelle Ruby" de Jonathan Dayton et Valérie Faris et hommage du Festival de Deauville à Paul Dano

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    Deux films à ne pas manquer cette semaine: "Elle s'appelle Ruby" (mon grand coup de coeur du Festival du Cinéma Américain de Deauville 2012, ci-dessous, mon article publié à cette occasion) et "Reality" de Matteo Garrone sur lequel je reviendrai prochainement.

    Malgré tant d’années de festivals, à Deauville et ailleurs, je crois que j’avais oublié à quel point un festival, et celui-ci en particulier, vous éloigne du tumulte de l’existence et du monde, et vous plonge dans un doux cocon d’irréalité qui vous donne l’impression que tout devient possible, y compris que rêves et réalité se confondent, que cinéma et existence s’entrelacent et vous plongent dans un exquis chaos. Cela tombe bien : le film projeté hier après-midi évoquait les « rêves qui deviennent réalité» et cette danse troublante et périlleuse entre le créateur et sa création, le rêve et la réalité.

    L’acteur Paul Dano est triplement à l’honneur cette année à Deauville. Il figure ainsi dans deux films en sélection : « For Ellen » de So Yong Kim, film en compétition, dans lequel il interprète un père-rocker au cœur tendre (un film qui repose sur son interprétation magistrale, tout en finesse), et « Elle s’appelle Ruby » présenté en avant-première hier soir, dans un rôle radicalement différent qui prouve une nouvelle fois son étonnante capacité à se métamorphoser. L’an passé, le festival a institué un nouveau trophée le « Nouvel Hollywood » récompensant une valeur montante du cinéma américain. Ce prix a, l’an dernier, été attribué à Ryan Gossling. Paul Dano lui succède cette année recevant son trophée des mains de la comédienne Isild Le Besco avec laquelle il avait joué dans "The good heart".

     

    Avec « Little miss sunshine » (dans lequel jouait d’ailleurs également le comédien Paul Dano aussi très marquant dans « There will be blood »), les réalisateurs Jonathan Dayton et Valérie Faris avaient obtenu le Grand Prix du Festival du Cinéma Américain de Deauville 2006. Six ans plus tard est présenté à Deauville « Elle s’appelle Ruby », un film écrit par Zoe Kazan (petite-fille d’Elia) qui interprète ici le rôle féminin principal.

    Calvin (Paul Dano) est un romancier à succès, qui peine à trouver un second souffle et se trouve confronté à la terrible angoisse de la page blanche. Encouragé par son psychiatre à écrire sur la fille de ses rêves, Calvin voit son univers bouleversé par l’apparition littérale de Ruby (Zoe Kazan) dans sa vie, amoureuse de lui et exactement comme il l’a écrite et imaginée.

    Comme dans le mythe de Pygmalion et Galathée, dans lequel le sculpteur tombe amoureux de sa statue d’ivoire, Calvin va tomber amoureux de Ruby, l’étonnamment vivante création de son esprit.

    « Little miss sunshine » possédait déjà ce supplément d’âme et ce ton particulier qui avaient fait d’une histoire a priori simple un film séduisant, enthousiasmant, duquel vous sortiez le sourire aux lèvres. Ces films sont rares et « Elle s’appelle Ruby » en fait également partie, d’abord parce que c’est presque une leçon d’écriture et par là une sorte de mise en abyme puisque le film tout entier est une métaphore de la création, Ruby étant la création de l’imagination débordante de Calvin, créature qu’il façonne selon ses rêves, qui prend vie puis lui échappe pour, peut-être, ne plus lui appartenir.

    Un personnage qui aime Scott Fitzgerald, qui possède autant d’accents « Woodyalleniens » (Calvin consulte un psy, est plutôt maladroit avec l’existence et va trouver refuge dans ses rêves qui vont devenir réalité comme dans « La Rose pourpre du Caire » ou « Minuit à Paris ») était condamné à me plaire. Quant au personnage féminin, soigneusement écrit par Zoe Kazan, il ne se contente pas d’être une potiche mièvre (comme trop souvent dans les comédies romantiques) mais une jeune femme terriblement vivante.

    « Elle s’appelle Ruby » n’est pas seulement une splendide métaphore de l’écriture, des vicissitudes des artistes et des rapports entre le créateur et sa création (Zoe est en effet une forme de projection de Calvin, une vision idéalisée et l’amour qu’elle lui inspire fait écho à l’état extatique dans lequel peut plonger l’écriture) c’est aussi un film magnifiquement écrit, qui vous emporte, vous déroute, assimile la magie de l’amour et de l’écriture qui possèdent ce pareil pouvoir de vous emmener ailleurs, de vous transporter, une magie que possède aussi ce film.

    Tour à tour bouleversant ( comme dans cette scène où Calvin « dicte » ses actes à sa créature, dans un tourbillon violent et déchainé, presque cruel, une sorte de danse endiablée), irrésistible ( la scène avec la mère et le beau-père de Calvin dont je vous laisse découvrir les interprètes), plein de fantaisie (dans les dialogues, les situations mais aussi la bo avec notamment « ça plane pour moi » de Plastic Bertrand), « Elle s’appelle Ruby » est un feel-good movie qui entrelace avec subtilité tragédie et comédie. Une comédie romantique atypique pleine de charme, de délicatesse, d’intelligence qui vous rappelle que aimer c’est laisser libre (comme créer consiste à libérer sa création) et que rêver, inventer est sans doute le plus magique des pouvoirs même s’il n’est pas sans périls. Un hymne poétique et sensible à la magie délicieusement périlleuse de l’amour et de l’écriture à découvrir absolument en salles le 3 octobre 2012.

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