César 2013 : le palmarès et la cérémonie en direct
Cette année, j'aurai à nouveau le plaisir de vivre la cérémonie des César en direct du théâtre du Châtelet, cette fois en salle presse, comme il a 3 ans, puisque mes blogs ont été accrédités. C'est là que passent tous les lauréats pour une conférence de presse et pour être interviewés après l'attribution de leurs prix. Je vais essayer de vous raconter la soirée en direct, en espèrant que la technique n'en décidera pas autrement mais, si tout va bien, vous pourrez me suivre sur twitter ( http://twitter.com/moodforcinema ), @moodforcinema (mes tweets apparaissent également sur ce blog, dans la colonne de gauche) et trouverez ici (et sur http://inthemoodlemag.com et http://inthemoodforfilmfestivals.com ) dès ce week end mon compte-rendu détaillé de cette soirée avec mes propres vidéos des lauréats.
Vous pourrez évidemment également suivre la cérémonie sur Canal plus, en direct, demain soir, à partir de 21H. Vous aurez toutes les informations à ce sujet, ici. Ci-dessous, je vous rappelle les nominations, mes pronostics avec, aussi, mes critiques des films en lice.
L’enveloppe cachetée contenant les noms des nommés a été ouverte au Fouquet’s. Ci-dessus et ci-dessous, mes photos de la conférence de presse.
L’affiche représente la sublime Simone Signoret, César de la meilleure actrice en 1978 pour « La vie devant soi », la photo de l’affiche étant celle de « Casque d’or » de Becker.
Cette année, Jamel Debbouze présidera la cérémonie, après Guillaume Canet, l’an passé.
Pour la 20ème année consécutive, la cérémonie sera diffusée sur Canal +, en clair, le 22 février prochain et au Théâtre du Châtelet, également comme chaque année.
C’est « Camille redouble » de Noémie Lvovsky qui est en tête avec 13 nominations. « Amour » de Michael Haneke qui a remporté la Palme d’or suit avec 10 nominations ainsi que « Les Adieux à la Reine », le très beau film de Benoit Jacquot.
Je me réjouis tout particulièrement des nominations de « Louise Wimmer » de Cyril Mennegun dont je vous parle depuis de sa découverte au Festival International des Jeunes Réalisateurs de Saint-Jean-de-Luz 2011, il y a plus d’un an donc, un énorme coup de coeur de même que « Comme des frères » d’Hugo Gélin, également nommé. Ce sont là deux formidables premiers films, très différents, mais qui exhalent la sincérité de leurs auteurs et qui ont aussi permis de découvrir deux remarquables comédiens dans des genres très différents: Pierre Niney (j’en profite pour vous signaler que, le 23 janvier, Canal plus consacrera une journée aux César en diffusant notamment « J’aime regarder les filles » de Frédéric Louf, un film pour lequel le comédien avait déjà été nommé comme meilleur espoir, l’an passé, étonnant également dans « Un chapeau de paille d’Italie » de Labiche à la Comédie Française, fin 2012) et Corinne Masiero, une comédienne magistrale et j’espère que cette nomination (si ce n’est déjà fait) fera décoller sa carrière et lui permettra d’avoir d’autres rôles comme celui-ci à sa (dé)mesure. « Louise Wimmer » est donc nommé comme meilleur premier film et la comédienne Corinne Masiero est nommée comme meilleure actrice (si vous avez vu le film, vous comprendrez à quel point cette nomination était une évidence, elle joue également d’ailleurs dans « De rouille et d’os ») face à Catherine Frot dans Les Saveurs du palais, Marion Cotillard dans De rouille et d’os, Noémie Lvovsky dans Camille redouble, Emmanuelle Riva dans Amour, Léa Seydoux dans Les Adieux à la reine, Hélène Vincent dans Quelques heures de printemps.
Je suis également ravie pour « Les Adieux à la reine », « Dans la maison », et « De rouille et d’os » parmi mes coups de coeur de cette année 2012.
Je n’ai pas encore vu « Quelques heures de printemps » mais je me réjouis également pour Stéphane Brizé, réalisateur des remarquables « Je ne suis pas là pour être aimé » et « Le bleu des villes ».
Les deux grands oubliés de ces nominations, dans des genres différents sont pour moi « Vous n’avez encore rien vu » d’Alain Resnais (selon moi, le film de l’année 2012) et « Une bouteille à la mer » de Thierry Binisti (un autre premier film qui, tout comme « Louise Wimmer » et « Comme des frères » aurait mérité d’être nommé dans cette catégorie, de même que ses acteurs). Ces trois films précités auraient d’ailleurs aussi mérité d’être nommés pour le scénario.
Pas de polémique cette année concernant l’absence de comédies ou de films populaires bel et bien présents à commencer par le film éponyme de Régis Roinsard , mais aussi « Le Prénom » (qui, il est vrai, repose essentiellement sur l’excellente interprétation de ses comédiens, notamment Patrick Bruel et Valérie Benguigui, tous deux nommés).
Je trouve d’ailleurs que ces nominations 2013 reflètent la diversité du cinéma français mettant autant à l’honneur des premiers films que des films de cinéastes confirmés, mais aussi des genres très différents. Voilà qui nous promet une belle cérémonie, en tout cas une réjouissante affiche.
Je vous invite à découvrir ci-dessous les nominations avec, soulignés en rouge, mes propres choix, en vert mes pronostics et en noir lorsque les deux coïncident. Rendez-vous le 22 février pour vivre la cérémonie en direct.
Retrouvez également ci-dessous, mes critiques des films nommés en cliquant sur leurs titres et, plus bas, la liste complète des nominations commentées:
« Dans la maison » de François Ozon
« Comme des frères » de Hugo Gélin
« De rouille et d’os » de Jacques Audiard
« Louise Wimmer » de Cyril Mennegun
« A perdre la raison » de Joachim Lafosse
« Une bouteille à la mer » de Thierry Binisti
« Les Adieux à la Reine » de Benoit Jacquot
« Cloclo » de Florent-Emilio Siri
« Le Prénom » de Matthieu Delaporte et Alexandre De la Patellière
NOMINATIONS/ PRONOSTICS/ CHOIX
En rouge, mes propres choix, en vert mes pronostics et en noir lorsque les deux coïncident.
Meilleur film:
Difficile pour moi de choisir entre « Les Adieux à la Reine », « De rouille et d’os », « Dans la maison » et « Amour », 4 films qui font partie de mes coups de coeur de cette année 2012 qui ont d’ailleurs en commun de mettre en scène des personnages enfermés dans une réalité étouffante et d’éprouver un désir d’ailleurs ou de fuite (quelle qu’elle soit). Il y a de fortes chances qu ‘ « Amour » soit une nouvelle fois le lauréat même si je voterais pour « Les Adieux à la Reine ».
Le Prénom de Matthieu Delaporte et Alexandre De la Patellière
Holy Motors de Léos Carax
De rouille et d’os de Jacques Audiard
Les Adieux à la reine de Benoît Jacquot
Dans la maison de François Ozon
Camille redouble de Noémie Lvovsky
Amour de Michael Haneke
Meilleur réalisateur:
Je pense que je voterais pour Jacques Audiard et je pense d’ailleurs qu’il obtiendra ce prix pour ce film âpre et plein d’espoir. De rouille et d’os. De chair et de sang. De rudesse et de délicatesse. De douceur et de violence. De troublants paradoxes pour un troublant film. Des contrastes à l’image de ceux de l’esthétique du film.
Benoît Jacquot pour Les Adieux à la reine
Michael Haneke pour Amour
Noémie Lvovsky pour Camille redouble
François Ozon pour Dans la maison
Jacques Audiard pour De rouille et d’os
Leos Carax pour Holy Motors
Stéphane Brizé pour Quelques heures de printemps
Meilleur film étranger:
Je voterais pour « A perdre la raison » même si j’ai eu un énorme coup de coeur pour le film de Xavier Dolan dont la maturité étonnante, la compréhension des tourments de l’âme humaine, l’humour, la poésie, la maitrise, l’originalité m’épatent et me chavirent. Mais « A perdre la raison » m’a bouleversée, hantée, terrassée par cette plongée étouffante, palpitante et brillante dans cette cellule familiale (la bien nommée, ici).
Argo de Ben Affleck
Bullhead de Michael R. Roskam
Laurence Anyways de Xavier Dolan
Oslo, 31 août de Joachim Trier
La Part des Anges de Ken Loach
Royal Affair de Nikolaj Arcel
À perdre la raison de Joachim Lafosse
Meilleure actrice:
Sans hésiter, je voterais pour Corinne Masiero (même si je doute forte qu’elle obtienne ce César qui reviendra plus probablement à Emmanuelle Riva, Marion Cotillard ou même Hélène Vincent) qui incarne magistralement Louise Wimmer dont le visage âpre marqué par la vie en devient beau tant Cyril Mennegun la filme avec justesse, empathie, et dignité. Elle dévore l’écran, nous happe, tant elle donne corps et âme à cette femme qui ressemble à la fois à tant d’autres et aucune autre.
Catherine Frot dans Les Saveurs du palais
Marion Cotillard dans De rouille et d’os
Noémie Lvovsky dans Camille redouble
Corinne Masiero dans Louise Wimmer
Emmanuelle Riva dans Amour
Léa Seydoux dans Les Adieux à la reine
Hélène Vincent dans Quelques heures de printemps
Meilleur acteur:
Là, sans hésiter, je voterais pour Jean-Louis Trintignant, injustement écarté des récompenses reçues par « Amour » jusqu’à présent. Dans ce film, qu’il raconte une anecdote sur son enfance, ou s’occupe du personnage d’Emmanuelle Riva dans ses derniers instants avec une tendresse infinie (comment ne pas être bouleversé quand il lui raconte une histoire, lui caressant doucement la main, pour faire taire sa douleur, qu’elle hurle), il est constamment juste, là, par un jeu d’une douce intensité. Ses gestes, sa voix, son regard, tout traduit et trahit son émotion mais aussi la digne beauté de son personnage qu’il dit être son dernier, ce qui rend ce rôle encore plus troublant et tragique.
Jean-Pierre Bacri dans Cherchez Hortense
Patrick Bruel dans Le Prénom
Denis Lavant dans Holy Motors
Vincent Lindon dans Quelques heures de printemps
Fabrice Lucchini dans Dans la maison
Jean-Louis Trintignant dans Amour
Jérémie Renier dans Cloclo
Meilleur second rôle féminin:
Je pense qu’il reviendra à Edith Scob ou Yolande Moreau et je voterais pour Valérie Benguigui dans « Le Prénom », irrésistible dans ce très bon divertissement, gentiment cruel, d’une ironie finalement tendre.
Valérie Benguigui dans Le Prénom
Judith Chemla dans Camille redouble
Isabelle Huppert dans Amour
Yolande Moreau dans Camille redouble
Edith Scob dans Holy Motors
Meilleur second rôle masculin:
J’ai trouvé Guillaume de Tonquedec remarquable dans le prénom, et je n’ai vu ni « Cherchez Hortense » ni » Camille redouble » même si je pense que Michel Vuillermoz l’obtiendra.
Guillaume de Tonquedec dans Le Prénom
Samir Guesmi dans Camille redouble
Benoît Magimel dans Cloclo
Claude Rich dans Cherchez Hortense
Michel Vuillermoz dans Camille redouble
Meilleur premier film:
C’est un vrai dilemme pour moi que de choisir entre « Comme des frères » et « Louise Wimmer » mais, comme j’ai voté pour « Corinne Masiero », j’espère que « Comme des frères » obtiendra cette récompense, film d’une gravité légère à la fois tendre et drôle, pudique et espiègle: en tout cas, charmant et qui prouve qu’une comédie peut sonner juste et actuelle sans recourir systématiquement au trash ou au cynisme. Avec un casting impeccable, un scénario et des dialogues réjouissants, une photographie et musique ensorcelantes -du groupe Revolver- , c’est un road movie attachant et riche d’espoirs, un hymne à l’amitié et, finalement, pour moi, la comédie tendrement mélancolique de l’année.
Augustine d’Alice Winocour
Comme des frères d’Hugo Gélin
Louise Wimmer de Cyril Mennegun
Populaire de Régis Roinsard
Rengaine de Rachid Djaïdani
Meilleur documentaire:
Bovines ou la vraie vie des vaches d’Emmanuel Gras
Duch, le maître des forges de l’enfer de Rithy Panh
Les Invisibles de Sébastien Lifshitz
Journal de France de Claudine Nougaret et Raymond Depardon
Les Nouveaux chiens de garde de Gilles Balbastre et Yannick Kergoat
Meilleur film d’animation:
Edmond était un âne de Franck Dion
Ernest et Célestine de Benjamin Rennet, Vincent Patar et Stéphane Aubier
Kirikou et les hommes et les femmes de Michel Ocelot
Oh Willy… d’Emma de Swaef et Marc Roels
Zarafa de Rémi Bezançon et Jean-Christophe Lie
Meilleur espoir masculin:
Je vote sans hésiter pour Pierre Niney qui, dans ce film, est à la fois grave, immature et obstiné, autodestructeur et volontaire, audacieux et inconscient. Il est aussi lunaire, burlesque même, attachant, pour incarner ce personnage qui, derrière sa maladresse, cache une blessure. La concurrence est néanmoins rude dans cette catégorie et je pense qu’il y a aussi de fortes chances qu’Ernst Umhauer et Matthias Schoenaerts l’emportent.
Félix Moati dans Télé Gaucho
Kacey Mottet Klein dans L’Enfant d’en haut
Pierre Niney dans Comme des frères
Matthias Schoenaerts dans De rouille et d’os
Ernst Umhaeur dans Dans la maison
Meilleur espoir féminin
Alice de Lencquesaing dans Au galop
Lola Dewaere dans Mince alors
Julia Faure dans Camille redouble
India Hair dans Camille redouble
Izia Higelin dans Mauvaise fille
Meilleur scénario original:
« Amour » pour moi, sans aucun doute. Un film tragique, bouleversant, universel qui nous ravage, un film lucide, d’une justesse et d’une simplicité remarquables, tout en retenue. «Je ne me souviens plus du film, mais je me souviens des sentiments» dit Jean-Louis Trintignant en racontant une anecdote à son épouse. C’est aussi ce qu’il nous reste de ce film, l’essentiel, l’Amour avec un grand A, pas le vain, le futile, l’éphémère mais l’absolu, l’infini. Et cela, grâce à un scénario ciselé.
Adieu Berthe
Amour
Camille redouble
Holy Motors
Quelques heures de printemps
Meilleure adaptation:
Ces 5 scénarii sont de grande qualité … Mon coeur balance entre « De rouille et d’os », « Les Adieux à la Reine » et « Dans la maison » mais je choisis le dernier pour la ludique et jubilatoire leçon d’écriture et manipulation qu’est le film de François Ozon. Un film particulièrement bien écrit (sans l’être trop, écueil particulièrement difficile à éviter avec un film sur l’écriture), brillant et ludique, un labyrinthe (avec et sans minotaure) joyeusement immoral, drôle et cruel, une comédie grinçante et un jeu délicieusement pervers, qui ne pourra que plaire aux amoureux de la littérature et de l’écriture qui sortiront de la salle heureux de voir que, toujours, le cinéma et l’écriture illuminent (ou, certes, dramatisent) l’existence et, en tout cas, sortent vainqueur, et peut-être sortiront-ils aussi en ressassant cette phrase : « Même pieds nus la pluie n’irait pas danser ». A suivre…
Luca Belvaux pour 38 témoins
Gilles Taurand et Benoît Jacquot pour Les Adieux à la reine
François Ozon pour Dans la maison
Jacques Audiard et Thomas Bidegain pour De rouille et d’os
Matthieu Delaporte et Alexandre de la Patellière pour Le Prénom
Meilleure musique originale:
Bruno Coulais pour Les Adieux à la reine
Gaëtan Roussel et Joseph Dahan pour Camille redouble
Philippe Rombi pour Dans la maison
Alexandre Desplat pour De rouille et d’os
Rob et Emmanuel d’Orlando pour Populaire
Meilleur montage:
J’attribuerais ce César à « De rouille et d’os » même si je pense qu’il reviendra à « Holy motors » qui est avant tout un travail de montage tout comme le (magnifique montage) de « De rouille et d’os » qui met en exergue et oppose les sons, les silences, les corps, le contrôle, l’abandon.
Luc Barnier pour Les Adieux à la reine
Monika Willi pour Amour
Annette Dutertre et Michel Klochendler pour Camille redouble
Juliette Welfling pour De rouille et d’os
Nelly Quettier pour Holy Motors
Meilleur son:
Les Adieux à la reine
Amour
Cloclo
De rouille et d’os
Holy Motors
Meilleure photographie:
J’hésite entre « De rouille et d’os » et « Les Adieux à la reine » mais je dirais « Les Adieux à la Reine » avec le souvenir, notamment, de cette scène lorsque la reine trône, terriblement seule et majestueuse, dans cette pièce soudain tristement luxueuse, illuminée par le feu d’une cheminée, déchirant des lettres, tandis que les vautours rôdent déjà. Symbole d’une époque et d’un monde qui chancèlent, image bouleversante de beauté, de mélancolie, de cruauté mêlées.
Romain Winding pour Les Adieux à la reine
Darius Khondji pour Amour
Stéphane Fontaine pour De rouille et d’os
Caroline CHampetier pour Holy Motors
Guillaume Schiffman pour Populaire
Meilleurs costumes:
Christian Gasc pour Les Adieux à la reine
Pascaline Chavanne pour Augustine
Madeline Fontaine pour Camille redouble
Mimi Lepicka pour Cloclo
Charlotte David pour Populaire
Meilleurs décors:
Katya Wyszkop pour Les Adieux à la reine
Jean-Vincent Puzos pour Amour
Philippe Chiffre pour Cloclo
Florian Sanson pour Holy Motors
Sylvie Olivé pour Populaire
Meilleur court-métrage:
Ce n’est pas un film de cow-boys de Benjamin Parent
Ce qu’il restera de nous de Vincent Macaigne
Le Cri du homard de Nicolas Guiot
Les Meutes de Manuel Schapira
La vie parisienne de Vincent Dietschy