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Par Sandra Mézière. Le 7ème art raconté avec passion depuis 2003. 4000 articles. Festivals de cinéma en direct : Deauville, La Baule, Cannes, Dinard...Critiques de films : avant-premières, à l'affiche, classiques. Actualité de romancière. Podcast.
« Winter Sleep » a remporté la Palme d’or de ce 67ème Festival de Cannes, voilà qui complète le (déjà prestigieux) palmarès cannois de Nuri Bilge Ceylan, un habitué du festival, après son Grand Prix en 2003, pour « Uzak », celui de la mise en scène en 2008 pour « Les Trois Singes » et un autre Grand Prix en 2011 pour « Il était une fois en Anatolie ». En 2012, il fut également récompensé d’un Carrosse d’Or, récompense décernée dans le cadre de la Quinzaine des réalisateurs par la Société des Réalisateurs de Films à l’un de leurs pairs. Son premier court-métrage, « Koza », fut par ailleurs repéré par le festival et devint le premier court turc qui y fut sélectionné, en 1995. Il fut par ailleurs membre du jury cannois en 2009, sous la présidence d’Isabelle Huppert. Son film « Les Climats » reçut le prix FIPRESCI de la critique internationale en 2006.
J’essaie de ne jamais manquer les projections cannoises de ses films tant ils sont toujours brillamment mis en scène, écrits, et d’une beauté formelle époustouflante. « Winter sleep » ne déroge pas à la règle…et c’est d’autant plus impressionnant que Nuri Bilge Ceylan est à la fois réalisateur, scénariste (coscénariste avec sa femme), coproducteur et monteur de son film…et qu’il semble pareillement exceller dans tous ces domaines.
Inspiré de 3 nouvelles de Tchekhov, se déroulant dans une petite ville de Cappadoce, en Anatolie centrale, « Winter sleep » raconte l’histoire d’Aydin (Haluk Bilginer), comédien à la retraite, qui y tient un petit hôtel avec son épouse de 20 ans sa cadette, Nihal (Melisa Sözen) dont il s’est éloigné sentimentalement, et de sa sœur Necla (Demet Akbağ ) qui souffre encore de son récent divorce. En hiver, à mesure que la neige recouvre la steppe, l’hôtel devient leur refuge mais aussi le théâtre de leurs déchirements… Et dire que tout avait commencé par la vitre d’une voiture sur laquelle un enfant avait jeté une pierre. La première pierre…
Sans doute la durée du film (3H16) en aura-t-elle découragé plus d’un et pourtant…et pourtant je ne les ai pas vues passer, que ce soit lors de la première projection cannoise ou lors de la seconde puisque le film a été projeté une deuxième fois le lendemain de la soirée du palmarès, très peu de temps après.
La durée, le temps, l’attente sont toujours au centre de ses films sans que jamais cela soit éprouvant pour le spectateur qui, grâce à la subtilité de l’écriture, est d’emblée immergé dans son univers, aussi rugueux puisse-t-il être. Une durée salutaire dans une époque qui voudrait que tout se zappe, se réduise, se consomme et qui nous permet de plonger dans les tréfonds des âmes qu’explore et dissèque le cinéaste. Nuri Bilge Ceylan déshabille en effet les âmes de ses personnages.
Le premier plan se situe en extérieur. Au loin, à peine perceptible, un homme avance sur un chemin. Puis images en intérieur, zoom sur Aydin de dos face à la fenêtre, enfermé dans sa morale, ses certitudes, son sentiment de supériorité, tournant le dos (à la réalité), ou le passage de l’extérieur à l’intérieur (des êtres) dont la caméra va se rapprocher de plus en plus pour mettre à nu leur intériorité. « Pour bien joué, il faut être honnête », avait dit un jour Omar Sharif à Aydin. Aydin va devoir apprendre à bien jouer, à faire preuve d’honnêteté, lui qui se drape dans la morale, la dignité, les illusions pour donner à voir celui qu’il aimerait -ou croit-être.
Homme orgueilleux, riche, cultivé, ancien comédien qui se donne « le beau rôle », Aydin est un personnage terriblement humain, pétri de contradictions, incroyablement crédible, à l’image de tous les autres personnages du film (quelle direction d’acteurs !) si bien que, aujourd’hui encore, je pense à eux comme à des personnes réelles tant Nuri Bilge Ceylan leur donne corps, âme, vie.
Pour Aydin, les autres n’existent pas et, ainsi, à ses yeux comme aux nôtres, puisque Nihal apparaît au bout de 30 minutes de film seulement. Il ne la regarde pas. Et quand il la regarde c’est pour lui demander son avis sur une lettre qui flatte son ego. C’est à la fois drôle et cruel, comme à diverses moments du film, comme lorsqu’il raconte à sa sœur une pièce dans laquelle elle ne se souvient visiblement pas l’avoir vu jouer : « La pièce où je jouais un imam. J’entrais en cherchant les toilettes ».
Que de gravité et d’intensité mélancoliques, fascinantes, dont il est impossible de détacher le regard comme s’il s’était agi de la plus palpitante des courses-poursuites grâce au jeu habité et en retenue des comédiens, au caractère universel et même intemporel de l’intrigue, grâce à la beauté foudroyante et presque inquiétante des paysages de la Cappadoce, presque immobile comme un décor de théâtre. L’hôtel se nomme d’ailleurs « Othello ». Dans le bureau d’Aydin, ancien acteur de théâtre, se trouvent des affiches de « Caligula » de Camus, et de « Antoine et Cléopâtre » de Shakespeare. La vie est un théâtre. Celle d’Aydin, une représentation, une illusion que l’hiver va faire voler en éclats.
« Winter sleep », à l’image de son titre, est un film à la fois rude, rigoureux et poétique. Il est porté par des dialogues d’une finesse exceptionnelle mêlant cruauté, lucidité, humour, regrets (« j’ai voulu être ce grand acteur charismatique dont tu rêvais »), comme ces deux conversations, l’une avec sa sœur, l’autre avec Nihal, qui n’épargnent aucun d’eux et sont absolument passionnantes comme dans une intrigue policière, chacune de ces scènes donnant de nouveaux indices sur les caractères des personnages dont les masques tombent, impitoyablement : « Avant tu faisais notre admiration » », « On croyait que tu ferais de grandes choses », « On avait mis la barre trop haut », « Ce romantisme sirupeux », « Cet habillage lyrique qui pue le sentimentalisme », « Ton altruisme m’émeut aux larmes.», « Ta grande morale te sert à haïr le monde entier ».
Ces scènes sont filmées en simples champs/contre-champs. La pièce est à chaque fois plongée dans la pénombre donnant encore plus de force aux visages, aux expressions, aux paroles ainsi éclairés au propre comme au figuré, notamment grâce au travail de Gökhan Tiryaki, le directeur de la photographie. Nuri Bilge Ceylan revendique l’influence de Bergman particulièrement flagrante lors de ces scènes.
Les temps de silence qui jalonnent le film, rares, n’en sont que plus forts, le plus souvent sur des images de l’extérieur dont la beauté âpre fait alors écho à celle des personnages. Sublime Nihal dont le visage et le jeu portent tant de gravité, de mélancolie, de jeunesse douloureuse. Pas une seconde pourtant l’attention (et la tension ?) ne se relâchent, surtout pas pendant ces éloquents silences sur les images de la nature fascinante, d’une tristesse éblouissante.
Nuri Bilge Ceylan est terriblement lucide sur ses personnages et plus largement sur la nature humaine, mais jamais cynique. Son film résonne comme un long poème mélancolique d’une beauté triste et déchirante porté par une musique parcimonieuse, sublimé par la sonate n°20 de Schubert et des comédiens exceptionnels. Oui, un long poème mélancolique à l’image de ces personnages : lucides, désenchantés, un poème qui nous accompagne longtemps après la projection et qui nous touche au plus profond de notre être et nous conduit, sans jamais être présomptueux, à nous interroger sur la morale, la (bonne) conscience, et les faux-semblants, les petitesses en sommeil recouvertes par l’immaculée blancheur de l’hiver. Un peu les nôtres aussi. Et c’est ce qui est le plus magnifique, et terrible.
En prévision du Festival du Film Britannique de Dinard en direct duquel vous pourrez me retrouver la semaine prochaine (retrouvez mon article détaillé sur le programme complet, ici), je vous propose aujourd'hui quelques bonnes adresses à Dinard et Saint-Malo. Lieu incontournable de mon enfance, la Côte d'Emeraude, depuis 1999, est aussi indissociable pour moi du Festival du Film Britannique dont j'ai, cette année-là, fait partie du jury alors présidé par l'inénarrable et formidable Jane Birkin, inoubliable rencontre... -retrouvez, en cliquant ici, mon article à ce sujet publié dans le livre des 20 ans du festival- (avec un certain Tom Hollander comme collègue de jury notamment, à qui le festival rendra d'ailleurs hommage cette année) et où je suis retournée à maintes reprises ensuite. J'ai choisi de vous parler de trois hôtels que je connais bien pour y avoir séjourné très souvent ( et en plus d'un autre qui a été entièrement rénové depuis mon lointain dernier séjour et d'un nouvel établissement qui a ouvert cette année) et de quatre restaurants où je retourne également régulièrement. Alors en route pour la splendide cité de Surcouf, d'une part, et pour, d'autre part, de l'autre côté de la Rance, les somptueuses villas Belle Epoque de Dinard qui vous procureront la délicieuse sensation de voyager dans le temps.
Ci-dessus, robe et ceinture de la marque POLO de RALPH LAUREN, lunettes BURBERRY, chaussures MINELLI.
Vous avez été nombreux ou plutôt nombreuses à me demander les noms des marques des vêtements que j'ai portés lors du dernier Festival du Cinéma Américain de Deauville (cliquez ici pour lire mon compte rendu cinématographique du festival). C'est donc avec cette thématique que je débute cette rubrique mode sur Inthemoodforcinema.com -même si, rassurez-vous, le cinéma restera prédominant mais la mode est une autre de mes passions dont j'ai trop longtemps hésité à vous parler ici- (qui existait déjà sur mes blogs luxe Inthemoodforluxe.com et Inthemoodforhotelsdeluxe.com) qui sera désormais hebdomadaire. Je vous propose donc ci-dessous quelques looks portés lors du Festival de Deauville (principalement cette année mais aussi les années précédentes). Vous retrouverez mes marques de prédilection: POLO de Ralph Lauren, Max Mara (collections week end et Studio), Armani jeans, Sinequanone...
Ci-dessous et ci-dessus, lunettes BURBERRY, veste POLO de RALPH LAUREN (collection automne hiver 2014/2015), chemisier POLO de RALPH LAUREN, sac ARMANI JEANS, ceinture POLO de RALPH LAUREN, Jeans POLO de RALPH LAUREN, bottes ARMANI JEANS.
Ci-dessous, pull, ceinture et veste POLO de RALPH LAUREN, jeans et sac ARMANI JEANS, chaussures COSMO.
Ci-dessous, robe de la ligne STUDIO de MAX MARA (collection printemps-été 2015) et lunettes BURBERRY
Dix jours après la clôture du Festival du Cinéma Américain de Deauville, le temps nécessaire pour disposer du recul indispensable pour appréhender ces dix journées trépidantes (même si la mode est aux avis tranchés, scandés, exagérés via twitter, à peine le film terminé, comme si le film était une denrée consommable et périssable, comme s’il n’y avait plus de place pour la demi-mesure et la réflexion), voici mon bilan de cette 41ème édition. Sans aucun doute, ce festival et le lieu qui l’accueille possèdent un pouvoir étrange pour que, en y assistant pour la 22ème année consécutive, j’y éprouve toujours le même plaisir, la même curiosité, avec ce sentiment de vivre une douce parenthèse hors des vicissitudes de l’existence même si les films en compétition m’y ramenèrent, comme chaque année. Malgré tout, entre hommages, premières, films en compétition, docs de l’oncle Sam, conférences de presse et soirées au convivial Club Kiehl’s, ce fut à nouveau une radieuse évasion (aidée par une météo qui le fut aussi presque constamment) hors de la réalité…
Photo ci-dessus et photo ci-dessous réalisées par le photographe Dominique Saint que je remercie au passage.
1.LA COMPETITION
Malgré leur diversité de styles, d’époques, de points de vue (14 films étaient ainsi présentés en compétition), des thématiques communes se dégageaient ainsi des films en lice : des personnages avides de liberté, emprisonnés dans un quotidien étouffant, une vie qu’ils n’ont pas choisie à laquelle ils désirent échapper, englués dans les difficultés économiques, marqués par l’absence du père et/ou le deuil comme la métaphore d’un monde en quête de (re)pères et d’un nouveau souffle de liberté. Comme chaque année, cette compétition nous donnait à voir une autre Amérique, l’envers de l’American dream, les failles et blessures qui se cachent derrière l’étincelante bannière étoilée, la réalité souvent crue que le cinéma américain préfère habituellement dissimuler et édulcorer. En cela, ce fut une plongée passionnante dans une autre Amérique.
Le film qui a reçu le Grand prix « 99 homes » de Ramin Bahraniexplore d’ailleurs ces différentes thématiques. Un homme dont la maison vient d’être saisie par sa banque (Andrew Garfield), se retrouve à devoir travailler avec le promoteur immobilier véreux (Michael Shannon) qui est responsable de son malheur.
Cela commence par une image choc. Un homme ensanglanté, mort, chez lui. Dès le début, musique, montage vif, caméra fébrile au plus près des visages contribuent à souligner le sentiment d’urgence, de menace qui plane. Si la situation est manichéenne: les autorités contre les propriétaires expulsés tels les méchants contre les gentils d’un western dont le film emprunte d’ailleurs les codes (à l’image du film qui a reçu le prix d’Ornano Valenti du festival, un de mes coups de cœur de ce festival, « Les Cowboys » de Thomas Bidegain, j’y reviendrai), bien vite le spectateur décèle la complexité de la situation (notamment grâce au jeu plus nuancé qu’il ne semble de Michael Shannon, dont le cynisme se craquèle par instants fugaces), un « far west » des temps modernes dans lequel chacun lutte pour sa survie, au mépris de la morale. C’est l’envers de l’American dream. Dans cette Amérique-là, pour faire partie des « gagnants », tous les coups sont permis. Ramin Bahrani a retranscrit des situations réelles d’expulsion pour enrichir son film, lui apportant un aspect documentaire intéressant qui montre comment la machine (étatique, judiciaire, bancaire) peut broyer les êtres et les âmes. Dommage cependant que, pour appuyer un propos déjà suffisamment fort et qui se suffisait à lui-même, il ait fallu recourir à cette musique dont l’effet d’angoisse produit est certes incontestable mais qui est peut-être superflue. Le drame social devient alors thriller. La fin (sauver sa peau) justifie alors les moyens, tous les moyens. L’homme qui travaille pour le promoteur immobilier (avec lequel une sorte de relation filiale s’établit, l’un et l’autre ayant en commun de ne pas vouloir devenir ce que leurs pères furent, à tout prix), prêt à tout pour sauver sa famille, même faire vivre à d’autres le même enfer que celui qu’il a vécu (en essayant tout de même d’y mettre les formes) deviendra-t-il un parfait cynique ou finira-t-il par recouvrer une conscience, une morale? C’est autour de ce suspense que tient le film. La tension culmine lors de la scène finale, attendue, et qui finalement emprunte là aussi aux codes du western: la morale est sauve. N’est-elle pas un peu facile ? Je vous en laisse juges… « Sa force dramatique intense et son interprétation absolument exceptionnelle » ont convaincu le jury de lui attribuer le Grand prix comme l’a expliqué son président, le cinéaste Benoît Jacquot qui, lors de la clôture, a d’ailleurs précisé que le jury n’avait vu « quasiment que de bons films ». Un thriller social que je vous recommande.
Contre toute attente, mon favori de cette compétition, « Madame Bovary » de Sophie Barthes(oublié du palmarès), présentait des similitudes avec le film précédemment évoqué, le parti pris étant ici d’insister sur les difficultés économiques d’Emma qui dépense sans compter pour échapper à la monotonie de son existence. Comme dans le roman de Flaubert, Emma Rouault (Mia Wasikowska), tout juste sortie du couvent, épouse Charles Bovary (Henry Lloyd-Hughes), un médecin de campagne qui se réjouit d’avoir trouvé en elle la compagne parfaite. Emma occupe ses journées à aménager sa nouvelle demeure, dessine, joue du piano et reçoit avec élégance ses invités. Cette vie monochrome auprès d’un époux dénué de tout raffinement est bien loin des fastes et de la passion auxquels pourtant elle aspire. Ses rencontres avec le marquis d’Andervilliers (Logan Marshall-Green), le jeune clerc de notaire Léon (parfait Ezra Miller), et Monsieur Lheureux (Rhys Ifans, sournois et mielleux à souhait), un habile commerçant vont lui donner, un temps, une nouvelle envie de vivre.
Tout me semblait avoir été dit sur le roman de Flaubert, qui en plus des nombreuses adaptations auxquelles il a déjà donné lieu (Renoir, Minnelli, Chabrol pour les plus remarquables) ne cesse d’inspirer des personnages de films qui empruntent à la mélancolie ou au bovarysme, affliction que ce chef d’œuvre littéraire a inventée et fait entrer dans le langage commun (défini par Flaubert comme « la rencontre des idéaux romantiques face à la petitesse des choses de la réalité » en général suscité par des lectures romanesques). Et pourtant… dès les premiers plans qui placent d’emblée le film sous le sceau de la tragédie, cette course effrénée d’Emma, bouleversée, dans la manière de mettre en scène (la nature, les costumes), cette Madame Bovary semble exhaler le parfum des mots de Flaubert, chaque plan en retranscrivant ainsi la subtilité, la sensibilité, la mélancolie tragique, nous donnant des informations supplémentaires sur les états d’âme d’Emma, les images si soignées et signifiantes rendant hommage aux mots scrupuleusement choisis de Flaubert auxquels le film est parfois infidèle dans les événements mais fidèle dans l’esprit (Emma n’a pas d’enfant ici, la petite Berthe est ainsi absente du scénario). Sophie Barthes met ainsi en lumière la modernité du roman de Flaubert et des aspirations d’Emma : se sentir libre de vivre sa vie, ses passions, croyant les trouver dans les apparences et la consommation à outrance. Le paysage et les costumes vibrent à l’unisson avec les variations psychologiques d’Emma, cette femme emmurée dans les conventions, dans sa vie trop paisible et routinière de provinciale qui par les dépenses et la passion (ou plutôt son illusion) va croire y échapper. L’élégance de la réalisation et son intelligence (dans l’utilisation des couleurs, de la lumière, des décors, des costumes) sont d’une beauté triste à couper le souffle et rendent un sublime hommage au roman de Flaubert et, plus encore qu’à sa modernité, à son intemporalité. Dans le rôle d’Emma Bovary, Mia Wasikowska est parfaite, moins revêche que l’était Isabelle Huppert (non moins parfaite) dans l’adaptation de Chabrol. Sophie Barthes semble ainsi regarder Emma Bovary avec plus d’indulgence que ne le faisait Chabrol et lui apporter une douceur et une fragilité qu’elle n’avait pas dans l’adaptation chabrolienne. A découvrir en salles en France le 4 novembre 2015.
Laney Brooks, l’anti-héroïne de « I smile back » d’Adam Salky, elle aussi, étouffe dans son existence. C’est une femme séduisante et intelligente qui s’occupe avec dévouement de ses deux adorables enfants. Elle est mariée à l’homme dit idéal et tout ce petit monde vit dans une maison parfaitement entretenue d’une banlieue résidentielle… Mais, derrière ce bonheur de façade, elle cache tant bien que mal sa dépression et ses désillusions qui l’entraînent vers des territoires secrets peu avouables. Et Laney peut aller jusqu’à se mettre en danger pour lutter contre ses démons intérieurs, éviter que sa vie de famille ne vole en éclats… Radiographie implacable de la dépression (des plaisirs vains ou artificiels dans lesquels se jette Laney à son refus d’avoir un chien parce que, dix ans plus tard, il mourra)-là aussi expliquée par l’absence du père, terrible scène de retrouvailles- et de l’incompréhension, du rejet, de l’indifférence qu’elle suscite, « I smile back » ne nous épargne rien de l’enfer que vit son héroïne. L’élégance de la mise en scène contraste avec l’âpreté de ce que vit Laney, à l’image du vernis qui entoure son existence et son mal-être, judicieux écho entre le fond et la forme. Sarah Silverman est impressionnante dans ce rôle et le fait que le film soit l’adaptation par son auteur de son propre livre (apparemment inspiré de sa propre histoire) n’est certainement pas pour rien dans la justesse qui en émane. Une fin terrible de froideur, logique et glaçante. Un autre oublié du palmarès.
Dans « Day out of days », Zoe Cassavetes nous propose aussi un portrait de femme qui, au contraire de Laney dans « I smile back » va reprendre sa vie en main, ce qui n’est pourtant pas gagné d’avance. Mia Roarke incarnée par Alexia Landeau est en effet ici une actrice qui connut jadis son heure de gloire, mais qui lutte pour garder raison et dignité dans le monde cruel qu’est devenu Hollywood. À quarante ans, elle tente de revenir sous les feux de la rampe, de retrouver un rôle, un vrai… Mais la route s’avère longue et difficile. Une opportunité semble se présenter à la suite d’une rencontre tout à la fois étrange et humiliante. Jusqu’où alors Mia sera-t-elle prête à aller ? « Je souhaitais faire un film autour d’Alexia Landeau, elle a été ma muse » a déclaré Zoe Cassavetes lors de la conférence de presse du film. Elle est en effet l’atout indubitable de ce film. Plus intéressant de ce qu’il dit du regard que pose la société d’aujourd’hui sur une femme de plus de 40 ans que sur l’univers du cinéma (malheureusement, là, aucun cliché ne nous est épargné), ce « day out of days » manque cruellement de point de vue et de sève, et ressemble plus à une suite de sketchs plus ou moins réussis qu’à un film scénarisé même si existe une réelle progression qui va conduire Mia à prendre son envol. A signaler également la présence et le rôle improbables de Mélanie Griffith. L’actrice Patricia Clarkson à qui ce 41ème Festival du Cinéma Américain rendait hommage, lors de sa conférence de presse, a tenu des propos qui faisaient tristement écho à cette réalité : « Hollywood est une industrie dominée par les hommes où être une femme est pénalisant. C’est un fait (…) Il est important que les actrices ne soient pas cantonnées au petit écran passé 40 ans ».
Beaucoup plus fragile mais plus touchant et incarné, le film de Chloé Zhao, « Les chansons que mes frères m’ont apprises »dans lequel Johnny vient de terminer ses études. Lui et sa petite amie s’apprêtent à quitter la réserve indienne de Pine Ridge pour chercher du travail à Los Angeles. La disparition soudaine du père de Johnny vient bousculer ses projets. Il hésite également à laisser derrière lui Jashaun, sa petite sœur de treize ans dont il est particulièrement proche. C’est tout simplement son avenir que Johnny doit maintenant reconsidérer… Les failles et les fêlures des personnages sont ici (aussi, encore!) expliquées par une figure paternelle défaillante. Porté par une voix off (au début principalement) qu’affectionne le cinéma indépendant américain et qui, toujours, produit son effet, créant d’emblée lyrisme et empathie, par des acteurs pour la plupart non professionnels et issus véritablement de la réserve indienne, le film de Chloé Zhao dépeint avec beaucoup de délicatesse ce territoire d’une beauté à couper le souffle, paradoxalement un univers clos qui devient comme une prison étouffante pour ceux qui y (sur)vivent. Une plongée passionnante dans un univers méconnu servie par des personnages (et acteurs) attachants et une réalisatrice, au contraire du film précédemment évoqué, visiblement viscéralement attachée à son sujet.
Plus étouffante encore est la réalité de « James White »dans le film éponyme de Josh Mond. Âgé d’une vingtaine d’années, James White mène une vie dissolue à New York, le jour comme la nuit. Lorsque sa mère tombe gravement malade, il doit accepter d’affronter la réalité et trouver l’énergie nécessaire pour faire face aux nouvelles responsabilités qui sont désormais les siennes. « Le meilleur moyen que j’ai trouvé de comprendre ce qui m’arrivait a été de faire ce film » a déclaré le réalisateur (dont c’est le premier long-métrage) en conférence de presse.
Depuis deux ans, j’ai tendance à penser que le monde se divise en deux parties, ceux qui ont vécu cette effroyable réalité de l’accompagnement d’un proche en fin de vie (même s’il n’y a pas une seule réalité, cela impliquant autant de réalités que d’histoires), et ceux qui ferment les yeux et ignorent cette réalité. Les premiers seront soit choqués soit reconnaissants que cette dramatique réalité soit ainsi retranscrite à l’écran ainsi que l’indifférence, la solitude, l’incompréhension auxquelles cette situation donne lieu. Les seconds seront soit gênés soit indifférents (les réflexions entendues à la sortie me glacent encore le sang). Faisant partie de la première catégorie, il m’a été impossible d’affronter ce film jusqu’à la fin, néanmoins je ne l’en considère pas moins réussi, nécessaire pour mettre les seconds face à une réalité qu’ils préfèrent ignorer ou nier et qui considèrent cela d’une révoltante indécence autant au cinéma que dans la réalité. C’est aussi et surtout le portrait bouleversant d’un jeune homme qui, d’aveugle et sourd à ce qui l’entoure (significative scène du début où, casque sur les oreilles, il s’étourdit dans la musique et la fête) va prendre ses responsabilités et se confronter à la réalité. Ce film a d’ailleurs reçu le prix Kiehl’s (du nom de la marque de cosmétiques éponymes cette année partenaire du festival) de la révélation, un paradoxe pour un film qui témoigne d’une réalité sans fards que notre époque égocentrique cherche habituellement à maquiller.
Tout aussi symptomatique de cette époque « zappeuse » est le succès rencontré par « Dope » (double sens, synonyme ici de la drogue et signifiant « cool ») de Rick Famuyiwa, le film produit par Forest Whitaker et Pharrell Williams présenté à la Quinzaine des Réalisateurs qui a remporté le prix du public de ce 41ème Festival du Cinéma Américain de Deauville. L’histoire d’un brillant, timide et malicieux lycéen noir confronté à la violence des quartiers chauds de Los Angeles mais aussi à la corruption et qui va devoir affronter de rocambolesques péripéties (avec son sac de « dope » dont il se retrouve chargé bien malgré lui) pour pouvoir réaliser son rêve : intégrer Harvard. Musique, utilisation des réseaux sociaux, montage clipesque, stéréotypes du film pour ado, paradoxalement ce film qui dénonce les stéréotypes dont sont victimes les noirs-américains ne nous épargne aucun cliché pour y parvenir. Porté par un jeune comédien indéniablement talentueux (Shameik Moore campe le jeune geek anachronique marqué par les années 90) et une énergie incontestable, ce film censément positif nous montre qu’écrire un scénario comme entrer à Harvard est aussi simple qu’envoyer un email ou vendre de la drogue…
Le prix du jury a été décerné « Tangerine » de Sean Bakerqui sortira en France le 30 décembre dont le synopsis est le suivant : « Vingt-quatre heures dans la vie d’une drôle de Cendrillon, qui traverse la Cité des anges à la recherche de sa rivale. » Ce film qui présente la particularité d’avoir été filmé avec un smartphone, raconte l’histoire de deux amis transgenres. Son réalisateur a expliqué s’être « inspiré du rythme des réseaux sociaux » pour réaliser ce film qui leur emprunte leur rythme lapidaire, un film bourré d’énergie mais aussi épuisant qu’une conversation expéditive sur les réseaux sociaux, qui vaut avant tout pour sa prouesse technique et ses attachants et flamboyants interprètes.
Egalement en compétition, « Baby sitter » de Morgan Krantz et « Emelie » de Michael Thelin qui mettent tous deux en scène des babys sitters bien éloignées de leur sage apparence et « Dixieland » de Hank Bedfordavec à nouveau au programme maladie de la mère, absence du père et rédemption impossible sans oublier « Cop car » de Jon Wattsdans lequel, au fin fond des États-Unis, le shérif véreux d’une toute petite ville se lance à la poursuite des deux enfants de dix ans qui lui ont volé sa voiture, une réalisation soignée et un départ sur les chapeaux de roue pour un film qui s’essouffle dans le grandguignolesque. J’ai malheureusement manqué « Krisha »,le film qui a obtenu le prix de la critique, je le rattraperai dès que possible.
Vous l’aurez compris : une compétition diversifiée et inégale, jamais inintéressante avec cinq films que je vous recommande : « Madame Bovary », « 99 homes », « I smile back », « Les chansons que mes frères m’ont apprises », « James White ».
2.LES DOCS DE L’ONCLE SAM
Depuis quelques années, le festival propose également une belle sélection de documentaires réunis sous l’intitulé « Les Docs de l’Oncle Sam ». Cette année figuraient au programme : « Altman », « By Sidney Lumet », « Hitchcock Truffaut », « Janis », « Steve McQueen : the man and Le Mans », « This is Orson Welles », « Wolfpack. » Même si j’aurais aimé tous les découvrir, il fallait bien faire des choix parmi les différentes sections du festival, le mien, pour les documentaires, s’est orienté vers « Janis » d’Amy Berg(à découvrir en salles en France le 6 janvier 2016) et il s’est avéré judicieux tant ce documentaire est passionnant.
Janis que son prénom suffit à désigner, c’est donc Janis Joplin, l’une des plus mythiques chanteuses de rock et de blues de tous les temps mais aussi une écorchée vive, forte et vulnérable, aussi sensible que sa voix était puissante. L’histoire de la courte vie d’une femme passionnée qui changea le cours de l’histoire de la musique, qui a enfreint tous les codes dans sa vie comme dans la musique, se jetant à corps perdu dans l’une comme dans l’autre. Elle décéda ainsi en 1970 à l’âge de 27 ans (le fameux « Club des 27″, l’âge auquel décédèrent les autres légendes du rock : Jim Morrison, Jimmy Hendrix, Kurt Cobain et Amy Winehouse). Peut-être, dans son dispositif un peu classique pour une femme aussi libre et iconoclaste, « Janis » repose néanmoins sur une belle idée. Celle d’une voix off qui lit des lettres que Janis avait adressées à sa famille créant ainsi une proximité avec le spectateur qui a l’impression de recueillir ses confidences, d’entendre sa voix intérieure aussi fragile que sa musique était puissante. Ce dispositif épistolaire permet d’esquisser un portrait plus nuancé et nous donne à voir, derrière les images enfiévrées, fascinantes, explosives, électriques, des concerts, la femme blessée, avide d’amour, à jamais complexée et surtout fragilisée par les humiliations qu’elle a subies dans son enfance. Bouleversante est la scène où, devenue une star, elle revient dans son ancien lycée et, où dans sa voix et son regard perdus, à fleur de peau, subsistent les bleus à l’âme de l’enfant blessée qu’elle semble alors être à nouveau et à jamais. Se dessine ainsi, derrière l’artiste hors normes, au talent qui transpire l’écran et nous fait frissonner d’émotion, le portrait d’une femme terriblement attachante, sensible, empathique, pétrie d’incertitudes, de manque d’amour et de confiance qu’elle tentait de noyer dans des plaisirs artificiels. La fin du documentaire, ce rendez-vous manqué que n’aurait osé inventer le plus audacieux des scénaristes, est absolument bouleversante et nous laissent ko avec une seule envie, entendre à nouveau sa voix immortelle, fiévreuse et incandescente.
3.LES PREMIERES
Ce sont les premières et les hommages qui, à ses débuts, ont fait la réputation du Festival du Cinéma Américain de Deauville. Comme chaque année, il y en avait pour tous les goûts et sensibilités avec, néanmoins, beaucoup de films inspirés d’histoires vraies avec bandeau le spécifiant de rigueur au début du film, gage de véracité et de dramatisation soulignées par des titres percutants, courts, rivalisant de superlatifs : « Everest », « Life », « Le Prodige », « Experimenter » sans compter le film « qui s’inspire vaguement d’une histoire qui pourrait être vraie », « Danny Collins ».
Cela a débuté avec « Everest » de Baltasar Kormakur. Comme s’en enorgueillit son affiche, le film projeté en 3 D en ouverture du festival a été écrit « d’après une histoire vraie », voilà qui récuse d’emblée toute accusation éventuelle d’invraisemblance. Le film de Baltasar Kormákur est en effet une adaptation du livre autobiographique « Tragédie à l’Everest » écrit par l’écrivain, journaliste et alpiniste Jon Krakauer. Le livre raconte, comment, en 1996, huit alpinistes réputés ont péri dans une redoutable tempête alors qu’ils effectuaient l’ascension de l’Everest. Krakauer avait ainsi été envoyé par le magazine « Outside' » pour participer à cette expédition. Inspiré d’une désastreuse tentative d’ascension de la plus haute montagne du monde, Everest suit deux expéditions distinctes confrontées aux plus violentes tempêtes de neige que l’homme ait connues. Luttant contre l’extrême sévérité des éléments, le courage des grimpeurs est mis à l’épreuve par des obstacles toujours plus difficiles à surmonter alors que leur rêve de toute une vie se transforme en un combat acharné pour leur salut. Si l’effet est indéniablement réussi au point de nous faire éprouver le vertige et une véritable sensation de peur et la conscience de notre petitesse face à la force redoutable, irréfragable, destructrice des éléments, si le film est incontestablement spectaculaire, il souffre en revanche d’un scénario conventionnel et convenu et/ou d’un montage qui sacrifie les personnages les plus intéressants et qui, surtout, en oublie certains en cours de route à commencer par Krakauer lui-même qui pose la question la plus intéressante aux alpinistes (pourquoi faites-vous cela?) à laquelle le film, ne voulant pas heurter la sensibilité des familles des victimes et des survivants, ne répond jamais vraiment. C’est pourtant l’aspect le plus intéressant du film: pourquoi ces hommes et ces femmes ont-ils besoin d’affronter et même de défier la mort? Eprouver leurs limites? Se sentir vivants? Il passe aussi à côté d’une réflexion sur l’exploitation de la nature par l’homme (à ce propos, ne manquez pas « La glace et le ciel » de Luc Jacquet et « Human » de Yan Arthus-Bertrand) que laissait d’ailleurs présager ce choix symptomatique de la 3D (tout comme les alpinistes veulent éprouver toujours plus de sensation, le spectateur devient un consommateur à qui il en faut toujours plus pour ressentir des émotions que les mots et les images devraient suffire à susciter). Un bon divertissement, idéal pour l’ouverture, qui passe néanmoins à côté de la passionnante réflexion à laquelle il aurait pu donner lieu, en raison d’une volonté délibérée d’absence de point de vue. Mais si vous voulez faire un voyage éprouvant et vertigineux sur le plus haut sommet du monde alors ce voyage est fait pour vous…
Dans « Life » de Anton Corbijn, comme toujours chez le cinéaste, la sobriété était au rendez- vous (et c’est pour moi une grande qualité). Le film était présenté en avant-première, en présence du réalisateur Anton Corbijn (dont l’excellent précédent film « Un homme très recherché » était en compétition l’an passé à Deauville) et de son comédien principal Dane DeHaan. Robert Pattinson à qui le festival devait cette année remettre le prix du Nouvel Hollywood était finalement absent, retenu sur le tournage du dernier film de James Gray depuis lequel il a laissé un message vidéo aux festivaliers. « Life », c’est l’histoire d’un jeune photographe (Robert Pattinson) qui cherche à se faire un nom et qui croise un acteur débutant, un certain… James Dean (Dane DeHaan) et décide de lui consacrer un reportage. Cette série de photos iconiques rendit célèbre le photographe Dennis Stock et immortalisa celui qui allait devenir une star. Anton Corbijn a été photographe avant d’être réalisateur et cela se ressent dans chacun de ses films à la mise en scène et photographie d’une élégance remarquable. « Life » est ainsi son 4ème long-métrage après « Control » (2007), « The American » (2010), « Un homme très recherché » (2014). Peu à peu, il dessine ainsi les contours de son univers et de ses personnages, des (anti?)héros solitaires, tel George Clooney dans « The American », esseulé dans ce petit village des Abruzzes aux paysages rugueux, d’une beauté inquiétante et âpre avec un personnage qui n’était pas sans rappeler « Le Samouraï » de Melville. Le photographe et James Dean sont aussi à leurs manières des incarnations de ce Samouraï. Si Dane DeHaan ne possède pas ce charisme et la séduction implacables que dégageait l’acteur de « A l’Est d’Eden », « La Fureur de vivre » et « Géant », son jeu n’en est pas moins d’une réelle intensité. A l’image de ce que fuyait James Dean, les tapis rouges, les flashs, les mondanités, Anton Corbijn a délaissé l’image de papier glacé pour privilégier la « dimension humaine » du personnage, des personnages même que le film met en parallèle car, comme l’a souligné le réalisateur en conférence de presse, le film n’est pas un biopic mais le portrait de la relation entre ces deux hommes. Il est en effet bien plus intéressant qu’un biopic. Il n’en demeure pas moins qu’il passionnera ceux qui, comme moi, aiment ce cinéma des années cinquante et les trois chefs d’œuvre dans lesquels cet écorché vif irremplaçable, cet acteur hors du commun, a tournés. Si le titre se réfère à celui du magazine dans lequel ont été publiées les célèbres photos de James Dean, il se réfère peut-être aussi à la passionnante réflexion sur la vie (en général et celle de l’acteur) que le film porte en filigrane. Cette vie basée un peu trop sur le passé, pas assez dans le présent, et réfutant l’avenir, cette vie que James Dean a vécue à cent à l’heure, pour oublier le passé, défier le présent et cet avenir qu’il semblait redouter et narguer. Un film mélancolique et ensorcelant, à la lenteur et la sobriété judicieuses, en accord avec le propos mais jamais ennuyeuses, porté par une réalisation particulièrement élégante et deux acteurs remarquables : si Dane DeHaan ne peut de toute façon « être » James Dean, il donne incontestablement une âme à son personnage et face à lui, Robert Pattinson confirme ce que Cronenberg a su si bien souligner, le potentiel immense d’un acteur qui n’a certainement pas fini de nous surprendre.
« Le Prodige » de Edward Zwick(actuellement en salles) se penche aussi sur un destin hors du commun, celui de Bobby Fischer (Tobey Maguire), le prodige américain des échecs, qui fut opposé au Russe Boris Spassky lors du « Match du siècle » considéré, en pleine période de Guerre froide entre les deux superpuissances, comme un véritable défi lancé par l’Amérique à l’empire soviétique. L’obsession qu’a Bobby Fischer de gagner se transformera peu à peu, aux yeux du monde entier, en une véritable lutte que doit mener cet homme génial et fou contre ses propres démons intérieurs. Passionnante est l’histoire de cet homme paranoïaque qui sombre peu à peu dans la folie qui, en plus de ses adversaires, devait combattre ses propres démons et dont la lucidité diminuait au fur et à mesure que ses succès s’accumulaient. Tobey Maguire est fascinant dans cette course haletante contre lui-même, contre la folie, contre l’adversité mais, malheureusement, à trop simplifier les échecs et à édulcorer les zones d’ombre de son héros, dans un souci un peu trop flagrant de plaire au plus grand nombre, le film perd en intensité et profondeur. Il n’en demeure pas moins divertissant eu égard à son passionnant sujet même si un documentaire sur le sujet aurait sans doute été beaucoup plus intéressant.
« Experimenter » de Michael Almereyda(qui sortira en salles le 18 novembre 2015) est là aussi basé sur des faits réels qui le rendent d’autant plus effarant. Université de Yale, en 1961. Stanley Milgram conduit une expérience de psychologie – considérée comme d’une importance majeure encore aujourd’hui – dans laquelle des volontaires croient qu’ils administrent des décharges électriques douloureuses à un parfait inconnu, attaché à une chaise dans une autre pièce. La victime a beau leur demander d’arrêter, la majorité des volontaires poursuivent l’expérience, en infligeant ce qu’ils croient être des décharges pourtant presque mortelles, simplement parce qu’on leur dit de le faire. Par cette expérience, Milgram souligne la propension qu’a tout homme à se soumettre à l’autorité, au moment précis où le procès du nazi Adolf Eichmann est diffusé à la télévision à travers toute l’Amérique. L’opinion populaire comme la communauté scientifique en sont bouleversées. Célébré dans certains cercles ou accusé d’être un monstre manipulateur dans certains autres, Milgram parvient pourtant à traverser les épreuves grâce au soutien de son épouse Sasha.
A l’image du « Prodige », là aussi le film se révèle passionnant davantage eu égard à son sujet (notamment l’effet du groupe sur la distorsion du jugement que Milgram met en exergue…comme un écho à mon introduction de cet article, non?) qu’à son dispositif cinématographique même si le réalisateur use et abuse des effets pour impliquer le spectateur, l’interpeller notamment par le truchement d’adresses à la caméra récurrentes. L’idée n’est pas dénuée d’intérêt pour un film qui démontre justement comment l’homme, soumis à l’autorité et aux ordres, se déresponsabilise au point de devenir une marionnette entre les mains des pires dictateurs. La démonstration est aussi glaçante que passionnante, et interroge évidemment notre propre esprit de soumission ou de résistance.
Changement radical d’univers avec « Danny Collins » (« Imagine ») de Dan Fogelman, LE film tendrement drôle dont les spectateurs sont ressortis avec le sourire. Grâce aux tubes qui continuent à faire sa gloire, le chanteur de rock Danny Collins (Al Pacino) semble aujourd’hui avoir tout pour lui : l’argent, la célébrité, une nouvelle fiancée et des stades remplis de fans en transe. Mais des années d’excès, de relations sans lendemain et de concerts à devoir chanter, soir après soir, les mêmes refrains, commencent sérieusement à entamer la joie de vivre du rocker. Lorsque son manager lui remet une lettre que lui avait adressée en son temps John Lennon, mais qui ne lui était jamais parvenue, Danny décide de suivre – avec quarante ans de retard – les conseils que lui donnait alors son idole, et d’écouter son cœur. Il annule la tournée à guichets fermés qui était prévue et il prend une chambre dans un petit hôtel au fin fond du New Jersey, espérant ainsi réussir à retrouver la passion pour la musique et la famille qu’en route vers la gloire, il avait abandonnée.
Steve Carell devait initialement tenir le rôle principal…et cela aurait été bien dommage tant Al Pacino apporte au personnage une profondeur, une flamboyance et une (auto)dérision remarquables. Il faut le voir chanter le sirupeux « Baby doll » devant un public qui en trépigne (sur ses déambulateurs) et en arracherait ses perruques. Scénariste pour la télévision mais aussi pour le cinéma (Cars, Raiponce, Crazy Stupid Love), Dan Fogelman réalise ici premier long-métrage. Le sujet n’est pas nouveau et sans Al Pacino dans le rôle de ce chanteur pour maisons de retraite fantasque et attendrissant qui croit que l’argent peut racheter toutes les fautes sans doute le film n’aurait-il pas eu ce charme fou et ravageur. Dans les scènes avec Anette Benning, l’alchimie opère et nous conquiert. Une comédie sentimentale qui n’évite pas les écueils du genre pour lesquels, après tout, nous avons tant de plaisir à y plonger et une réflexion sur ce que nous avons fait de nos rêves et un espoir, celui d’une deuxième vie, à tout âge… A voir pour cela et ce Danny Collins que le génialissime Al Pacino rend si irrésistible et attendrissant, me donnant envie de revoir ce grand film »Looking for Richard », projeté lors de l’hommage que lui avait rendu le Festival du Cinéma Américain de Deauville il y a quelques années. Je me souviens encore de ce petit homme, gigantesque acteur, au charisme fou, en larmes sur la scène du CID, bouleversé et bouleversant.
Le Festival rendait hommage à Terrence Malick(en son absence, c’est son producteur qui le remplaçait), l’occasion de découvrir en avant-première « Knight of cups » qui sortira en salles le 25 novembre 2015 avec un pitch cosmico-lyrico-ésotérique tel que le cinéaste les affectionne désormais. « Il était une fois un jeune prince que son père, le souverain du royaume d’Orient, avait envoyé en Égypte afin qu’il y trouve une perle. Lorsque le prince arriva, le peuple lui offrit une coupe pour étancher sa soif. En buvant, le prince oublia qu’il était fils de roi, il oublia sa quête et il sombra dans un profond sommeil… » Le père de Rick lui lisait cette histoire lorsqu’il était enfant. Aujourd’hui, Rick (Christian Bale) vit à Santa Monica et il est devenu auteur de comédies. Il aspire à autre chose, sans savoir réellement quoi. Il se demande quel chemin prendre.
Terrence Malick (palme d’or en 2011 avec « The Tree of life ») se plait à nous égarer dans les méandres du conscient, de l’inconscient et des velléités de Rick en entremêlant les déconstructions narratives (visuelles et sonores), prenant le risque de ressembler à ces publicités glaciales que sa caméra immortalise. Certaines images d’une beauté sidérante et indéniable, effleurent notre cœur sans l’atteindre jamais tout à fait comme si nous étions condamnés à errer dans cette mélancolie distanciée, ce monde déshumanisé aux voix et aux souvenirs déstructurés et lointains. A force de vouloir dénoncer la vacuité et la vanité de nos existences, Terrence Malick les singent un peu trop. Difficile alors de trancher : le montage est-il brillant ou ridicule, fascinant ou agaçant ? La voix off présomptueuse porte ou au contraire annihile des fulgurances visuelles poétiques qui rendent ce voyage, certes jamais ennuyeux, toujours curieux mais trop souvent redondant et prétentieux. Difficile aussi de croire en la noblesse de l’ensemble quand on prétend stigmatiser un univers tout en employant autant de ses figures emblématiques (le film regorge de têtes d’affiche condamnées à errer, minauder, éthérées, sans doute subjuguées par l’univers du maître dont il était exclu d’emblée de remettre en cause les intentions : en plus de Christian Bale, Natalie Portman, Cate Blanchett, Antonio Banderas, …). A voir néanmoins parce que ce film possède, en plus des images éblouissantes qui le parsèment, une vertu: celle de rendre le spectateur acteur, de mettre à l’épreuve son attention (ailleurs guidée) et c’est suffisamment rare pour être souligné.
A nouveau changement radical d’univers avec « Mr Holmes » de Bill Condonqui met en scène l’élégant et charismatique Ian McKellen à qui le festival rendait également hommage cette année. Il incarne ici Sherlock Holmes, désormais à la retraite, vivant paisiblement dans le Sussex avec sa gouvernante et le fils de celle-ci, un jeune détective débutant. Avec l’aide du garçon, et bien que sa mémoire et son légendaire pouvoir de déduction ne soient plus désormais ce qu’ils étaient, Holmes se lance dans une ultime enquête, se remémorant les circonstances du cas non résolu qui l’obligea à mettre un terme à sa carrière, tout en cherchant des réponses aux mystères de la vie et à ceux de l’amour…
Le personnage de Sherlock Holmes a donné lieu à une multitude de films mais cette fois c’est un rôle un peu différent qui est attribué au célèbre détective. A 93 ans, Holmes mène en quelques sorte sa dernière enquête en fouillant dans ses souvenirs épars et incertains, au milieu de ses abeilles, de ses souvenirs, ses regrets et le héros de Sir Conan Doyle, à l’esprit toujours alerte, malgré une mémoire et une santé défaillantes, prend un malin plaisir à déconstruire sa figure mythique préférant le cigare à la pipe et affirmant n’avoir jamais porté sa célèbre casquette, et avoir été caricaturé par Watson. Toute l’intelligence du scénario réside dans la déconstruction du mythe tout en le renforçant puisque Holmes est représenté comme une personne ayant réellement existé. Célèbre pour son rôle de Gandalf dans « Le Seigneur des anneaux », Ian McKellen est avant tout un acteur de théâtre qui, comme il l’a dit lors de la conférence de presse, aime donner corps à ses personnages (« Venant du théâtre, j’ai un goût pour la dimension physique des personnages »). Il apporte beaucoup de profondeur à ce Holmes. Le film est nimbé d’une splendide lumière mélancolique. Son scénario, très malin, qui alterne entre passé et présent, rêve et réalité, mythe et vérité nous amène à réfléchir sur le vrai visage des héros et des légendes, l’ingratitude de la vieillesse, la transmission et nous embarque dans une mise en abyme, dans laquelle, après avoir dénoncé la légende mensongère qui l’a enfermé, Holmes se met à inventer des histoires pour édulcorer la dureté de la réalité. Finalement un bel hommage au pouvoir salvateur des doux mensonges que sont les romans et la fiction, et à Holmes lui-même. « Mr Holmes » sera également présenté au prochain Festival du Film Britannique de Dinard.
Avec «Agents très spéciaux : code U.N.C.L.E » de Guy Ritchie (qui lui aussi avait mis en scène le héros de Sir Conan Doyle, dans une vision aux antipodes de celle de Bill Condon), le festival tenait son film d’espionnage parodique, jubilatoire et ludique. Au début des années 1960, en pleine Guerre froide, l’agent de la CIA Napoleon Solo et celui du KGB Illya Kuryakin sont contraints de laisser de côté leur antagonisme ancestral pour s’engager dans une mission conjointe : mettre hors d’état de nuire une organisation criminelle internationale déterminée à ébranler le fragile équilibre mondial en favorisant la prolifération de la technologie et des armes nucléaires. L’unique piste qu’ont Solo et Kuryakin est celle de la seule personne apparemment capable d’infiltrer l’organisation criminelle : la fille d’un scientifique allemand aujourd’hui porté disparu. Ils se lancent alors dans une course contre la montre pour retrouver sa trace et empêcher ainsi un cataclysme planétaire.
Avec cette adaptation d’une série télé culte des années 1960, les spectateurs du CID ont eu leur dose d’adrénaline. Le scénario abracadabrantesque tient en une ligne (c’est toujours finalement un peu le même : sauver le monde) mais la confrontation réjouissante de ces deux agents nous l’a bien vite fait oublier (ou, dociles, nous avons feint avec plaisir de l’oublier), ainsi que le recours aux artifices vintage du montage et de la mise en scène (split-screens etc) et aux costumes très sixties. Guy Ritchie n’est certes pas le roi de la subtilité néanmoins il possède un talent incontestable pour habiller le vide et lui donner la plus chic des apparences, pour rendre un film trépidant (pour ne pas dire épuisant) aidé en cela par une BO diaboliquement efficace, parfois intelligemment décalée. Un peu l’anti-Malick, l’un étant aussi didactique que l’autre est énigmatique, les deux ayant en commun d’aller au bout de leur folie et de la singularité de leurs univers.
C’est avec beaucoup d’impatience que j’attendais de découvrir « Les Cowboys » de Thomas Bidegain(sortie en salles le 25 novembre 2015), présenté à la Quinzaine des Réalisateurs et lauréat du prix d’Ornano Valenti du Festival du Cinéma Américain de Deauville 2015, toujours un gage de qualité. Cette récompense créée en 1991 décernée au scénario d’un premier long-métrage français compte ainsi parmi ses lauréats Stéphane Brizé, Alix Delaporte, Guillaume Gallienne, Karin Albou…
Cela commence dans une grande prairie, lieu de rassemblement country western quelque part dans l’est de la France, cadre intemporel. Alain (François Damiens), un des piliers de cette communauté, danse avec Kelly, sa fille de 16 ans sous l’oeil attendri de sa femme et de leur jeune fils Kid. Mais ce jour-là Kelly disparaît. La vie de la famille et la belle harmonie de cette splendide première scène s’effondrent. Alain n’aura alors de cesse que de chercher sa fille, au prix de l’amour des siens et de tout ce qu’il possédait. Le voilà projeté dans le fracas du monde. Un monde en plein bouleversement où son seul soutien sera désormais Kid (formidable Finnegan Oldfield), son fils, qui lui a sacrifié sa jeunesse, et qu’il traîne avec lui dans cette quête sans fin.
C’est en 1994, six ans avant les attentats du World Trade Center, le basculement du monde, que bascule la vie d’Alain. François Damiens est aussi convaincant que bouleversant dans le rôle de ce père obstiné qui recherche sa fille contre vents et marées, aux quatre coins du monde, abandonnant tout le reste pour cette quête obsessionnelle et dévorante, guidé par cette douleur indicible de l’absence. Les ellipses, les ruptures scénaristiques (dont une, audacieuse ) nous emmènent sur des chemins inattendus. Les attentats qui se succèdent par le prisme de la télévision, le 11 septembre 2001 à New York, le 11 mars 2004 à Madrid, le 7 juillet 2005 à Londres, marquent judicieusement l’écoulement du temps. Rien de surprenant de la part du talentueux coscénariste de Jacques Audiard ( dans notamment « Un Prophète » , « De rouille et d’os », « Dheepan ») qui, à travers ce drame familial, dresse le portrait d’un monde qui bascule sans jamais forcer l’émotion, avec toute la pudeur qui seyait à ce sujet sensible, jusqu’à la scène finale qui en est le paroxysme, d’un silence, lourd de sens, magistralement interprété et d’une force redoutable et poignante.
La délicatesse était beaucoup moins au rendez-vous avec le film de clôture, « Sicario » de Denis Villeneuve(Sortie en salles : le 7 octobre 2015), que j’avais déjà vu à Cannes où il figurait en compétition officielle. Direction cette fois la zone frontalière entre les Etats-Unis et le Mexique devenue un territoire de non-droit. Kate (Emily Blunt), une jeune recrue idéaliste du FBI, y est enrôlée pour aider un groupe d’intervention d’élite dirigé par un agent du gouvernement dans la lutte contre le trafic de drogues. Menée par un consultant énigmatique, l’équipe se lance dans un périple clandestin, obligeant Kate à remettre en question ses convictions pour pouvoir survivre. Préparez-vous à entrer dans un gouffre inextricable et suffocant, au propre comme au figuré. A l’image de Kate (jeune agent du FBI qui participe à l’opération comme caution morale et qui, habituellement, ne fait rien sans l’autorisation express de ses supérieurs), finalement le double du spectateur, au regard innocent qui plonge dans cet abyme de violence, votre sens de la morale sera mis à rude épreuve. « Sicario » revendique visiblement son manichéisme, recourant délibérément aux contrastes visuels (noir des véhicules, des costumes et ocre du désert écrasé de soleil) même si le personnage de Benicio Del Toro témoigne de la complexité de la situation, de la fragile frontière entre le bien et le mal. Ancien procureur , suite à l’assassinat de toute sa famille par des cartels, il devient ainsi lui-même un tueur dans le but de traquer les trafiquants pour le compte du gouvernement américain, et il évolue désormais dans un monde glauque, un monde de sang qui l’a semble-t-il déshumanisé. Certaines scènes dont d’une intensité incontestable comme celle de la fusillade en plein milieu des embouteillages. Pour un budget de 32 millions de dollars, cette énième plongée dans l’enfer des cartels mexicains est d’un réalisme foudroyant entre crimes sanglants et tortures barbares, et pose des questions intéressantes, dommage que, pour y parvenir, il faille tomber dans cette surenchère, cette débauche de violence et de moyens qui s’avère finalement plus ennuyeuse que palpitante.
4.LES HOMMAGES
Indissociables du Festival du Cinéma Américain de Deauville : les hommages aux figures emblématiques du cinéma américain. J’en ai vu tant foulé les planches (Al Pacino, James Coburn, Cyd Charisse, Clint Eastwood, Tom Cruise, Jack Nicholson, Steven Spielberg, Tom Hanks, Lauren Bacall, George Clooney…) et pourtant chaque année de nouveaux noms fleurissent devant les célèbres cabines. Cette année Keanu Reeves, Ian McKellen, Orlando Bloom, Patricia Clarkson, Lawrence Bender, Terrence Malick, Michael Bay ont été célébrés par le festival. Je vous propose de retrouver ci-dessous quelques clichés et vidéos ainsi que quelques citations de ces hommages.
C’est Keanu Reevesqui a ouvert le bal lors de l’ouverture avant que, (comme le veut la tradition du festival, lorsqu’il est rendu hommage à un artiste) soient projetées des images de ses rôles les plus emblématiques: dans « My own private Idaho », « Dracula », « Matrix » et bien sûr dans le chef d’œuvre de Stephen Frears dont il est pour moi indissociable, l’acteur étant à jamais pour moi Danceny dans « Les Liaisons dangereuses » (1988). Keanu Reeves a ensuite descendu l’imposant escalier du CID sur la musique de « Matrix ». Dans un discours professionnel, teinté d’humour, il est revenu sur ses débuts, saluant avec émotion quelques personnes qui ont jalonné sa carrière. Retrouvez également mes vidéos de Keanu Reeves prises du Festival Lumière de Lyon 2014, ici.
Le festival rendait également hommage à l’actrice Patricia Clarkson qui a ainsi cité Jeanne Moreau : « L’âge de nous protègera pas de l’amour mais l’amour nous protègera de l’âge ». « Je veux jouer des femmes passionnées et romantiques, c’est l’aspect le plus important dans mes prises de decision. » a-t-elle également déclaré. Cliquez ici pour retrouver ma critique de « Shutter island » de Scorsese projeté dans le cadre du festival, à l’occasion de cet hommage.
Le festival a également rendu hommage à Lawrence Bender, producteur notamment de Quentin Tarantino qui a déclaré, lors de son hommage : «Il y a trois ingrédients à la réussite : trouver sa passion, ne pas avoir peur d’échouer et avoir de la ténacité », « Trouver sa passion, c’est comme tomber amoureux. Je suis tombé amoureux de la danse, puis de la comédie. » Cet hommage a aussi été l’occasion de revoir « Inglourious basterds » de Quentin Tarantino qu’il a produit. Cliquez ici pour retrouvez ma critique.
Bouleversant fut Ian MCKellen lors de sa conférence de presse, notamment lorsqu’il a déclaré, une infinie mélancolie dans le regard : « La mort est toujours au coin de la rue. J’y pense souvent, je viens d’y penser maintenant. »
Orlando Bloom à qui le festival rendait également hommage, quant à lui, a cité le petit prince « On ne voit bien qu’avec le coeur, l’essentiel est invisible pour les yeux ». « Je vais faire une annonce publique : je veux être dans le prochain film de Jacques Audiard. Je suis un très grand fan.» a-t-il également déclaré. « J’étais un enfant très rêveur, très vite je m’inventais des rôles pour moi-même. »
Elisabeth Olsen a, quant à elle, reçu le prix du nouvel Hollywood, l’occasion pour Vincent Lindon (auréolé de son prix d’interprétation cannois pour « La loi du marché » de Stéphane Brizé dans lequel il est exceptionnel) de nous faire la surprise de sa visite (avec un discours tinté d’ironie qui a ravi les festivaliers) et d’être acclamé par les festivaliers.
Un hommage a également été rendu au réalisateur Michael Bay.
L’hommage à Orson Welles a également été l’occasion de revoir « Citizen Kane », dans sa splendide version restaurée 4K réalisée chez Warner Bros. Le CID était l’écrin idéal pour revoir ce chef d’œuvre du 7ème art considéré comme le meilleur film de tous les temps et qui reçut l’ Oscar du meilleur scénario original en 1941. Difficile d’ajouter quelque chose sur ce film sans tomber dans la banalité ou la redondance tant tout a été écrit, néanmoins, la maestria scénaristique, stylistique, sans oublier la musique d’Herrmann m’ont une nouvelle fois happée, fascinée, comme si je découvrais le film pour la première fois, l’histoire de cet homme qui, toute sa vie, a couru après l’enfance et l’enfant qu’il aurait aimé ne jamais cesser d’être et après ses rares instants de bonheur enterrés avant qu’ils ne fussent, à la fin de sa vie, brûlés, faisant de lui à jamais un inconnu pour tous ceux qui le côtoyèrent.
5.LE CLUB KIEHL’S
Cette année, le Festival du Cinéma Américain avait un nouveau partenaire, la marque américaine Kiehl’s qui remplaçait ainsi Cartier, la villa Cartier, lieu phare des soirées du festival et des interviews en journées devenant le club Kiehl’s, toujours dans la magnifique villa qui jouxte l’hôtel Royal face au CID et à la mer.
Kiehl’s est une marque qui a vu le jour à New York en 1851 dans une pharmacie traditionnelle. Son expertise unique repose sur des connaissances acquises et transmises au fil des générations dans les domaines de la cosmétique, de la pharmacie, de l’herboristerie et de la médecine. Depuis plus de 160 ans, Khiels propose des formules efficaces pour la peau et les cheveux, issues de technologies avancées et concentrées en ingrédients naturels de grande qualité. Où que vous soyez dans le monde, la marque s’engage ainsi à vous « offrir des produits de haute qualité et un service personnalisé d’exception » proposant depuis plus de 160 ans des formules pour la peau et les cheveux, vous proposant des « consultations expertes et personnalisées » et d’être « satisfait ou remboursé ». Je vous recommande notamment la boutique de la nouvelle rue de Sèvres, dans le 6ème, à Paris.
Ce fut aussi l’occasion pour les invités du festival de se voir présenter la marque, de réaliser un diagnostic de peau, dans un décor entièrement et magnifiquement remodelé par la marque à ses couleurs pour l’occasion.
Kiehl’s a par ailleurs développé en édition limitée deux de ses produit star aux couleurs du Festival disponibles tout le mois de septembre (photos ci-dessus), dont tous les bénéfices des ventes seront versés à l’association « Enfance et Partage » :
-La crème ULTRA FACIAL CREAM (une crème hydratante pour le visage qui maintient une hydratation optimale pendant 24H)
-et La CREME DE CORPS (le soin de corps le plus hydratant de la marque Kiehl’s ).
Ces deux produits sont disponibles dans l’ensemble des points de vente Kiehl’s et sur www.Kiehls.fr. Tous les bénéfices des ventes de ces deux produits seront reversés à Enfance et Partage ( http://www.enfance-et-partage.org/) .
Pour ma part, je suis repartie avec quelques cadeaux de la marque -photo ci-dessus- (véritable coup de cœur pour le gel douche et la body lotion Patchouli and fresh rose).
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Plus conviviale que la villa Cartier, le club Kiehl’s a enchanté les invités du festival, en journée et en soirée. Un grand merci à Laurent Guyot pour son accueil toujours souriant et chaleureux et aux équipes de Kiehl’s dont Philippine mais aussi Thomas pour son professionnalisme lors de sa présentation des produits de la marque. Si vous voulez en savoir plus sur la marque et sa présence à Deauville, retrouvez le très bon article de mon amie Pascale B sur son blog Beauty clap, ici.
6.LA BO DU FESTIVAL
Chaque année, elle est aussi remarquable et permet de joyeuses réminiscences et de ne pas trop céder à la nostalgie une fois le festival terminé, c’est pourquoi j’avais envie de partager avec vous la BO de cette édition.
7.EN COMPLEMENT : MES BONNES ADRESSES DEAUVILLAISES
Pour terminer cette parenthèse gastronomique, le menu du dîner de clôture (signé Barrière):
En attendant le 42ème Festival du Cinéma Américain de Deauville, retrouvez-moi la semaine prochaine en direct du Festival du Film Britannique de Dinard. Un grand merci au CID pour les pass aux couleurs d’in the mood dont vous, lecteurs, avez pu profiter suite aux concours organisés sur mes blogs (36 pass journaliers furent ainsi mis en jeu) et à toutes celles et ceux avec qui j’ai eu le plaisir de partager ce festival et qui en ont fait une joyeuse et trépidante édition.
Pour me suivre en direct de mes pérégrinations festivalières, suivez-moi sur twitter (@moodforcinema) et instagram -la majeure partie des photos de cet article provient des photos de mon compte instagram- ( @sandra_meziere) et pour tout ce qui concerne Deauville ( @moodfdeauville sur twitter et http://facebook.com/inthemoodfordeauville.com sur Facebook et mon blog entièrement consacré à Deauville http://inthemoodfordeauville.com ) et pour tout savoir sur le festival, retrouvez son site officiel http://festival-deauville.com ).
L’an passé, le Festival International des Jeunes Réalisateurs est devenu le Festival International du Film de Saint-Jean-de-Luz dont ce sera donc cette année la deuxième édition, un changement dans la continuité puisque ce sont toujours la passion, la cinéphilie, la liberté, l’audace (« un cinéma d’avenir » comme l’indique sa très belle affiche 2015) qui l’animent mais aussi un nouveau souffle pour ce festival qui n’en manquait pourtant déjà pas! Le festival a changé de nom mais l’essence reste : les premiers et deuxièmes films en compétition, la compétition de courts métrages, la convivialité sereine, le cadre idyllique et indiciblement mélancolique de Saint-Jean-de-Luz, la passion du cinéma comme credo et les débats avec le public après les projections menés par l’enthousiaste et passionné directeur artistique du festival, Patrick Fabre.
Ce qui ne change pas non plus et constitue la vraie force de ce festival, c’est la qualité et souvent l’originalité des films en sélection comme Louise Wimmer, Syngue Sabour, J’enrage de son absence, The selfish giant etc sans oublier « Respire » de Mélanie Laurent, l’an passé, que je vous recommande vivement à nouveau (retrouvez ma critique en bas de cet article avec la vidéo de sa présentation lors du festival, l’an passé). Cette édition ne devrait pas déroger à la règle et le jury présidé par Josiane Balasko sera sans aucun doute confronté à des choix cornéliens au regard de la sélection une nouvelle fois singulière et réjouissante.
J’ai en effet déjà eu le plaisir de découvrir trois films figurant en compétition officielle, indubitablement parmi les meilleurs de cette année 2015:
- « Les Cowboys » de Thomas Bidegain : c’est en 1994, six ans avant les attentats du World Trade Center, le basculement du monde, que bascule la vie d’Alain. François Damiens est aussi convaincant que bouleversant dans le rôle de ce père obstiné qui recherche sa fille contre vents et marées, aux quatre coins du monde, abandonnant tout le reste pour cette quête obsessionnelle et dévorante, guidé par cette douleur indicible de l’absence. Les ellipses, les ruptures scénaristiques -dont une, audacieuse – nous emmènent sur des chemins inattendus. Les attentats qui se succèdent par le prisme de la télévision, le 11 septembre 2001 à New York, le 11 mars 2004 à Madrid, le 7 juillet 2005 à Londres, marquent judicieusement l’écoulement du temps. Rien de surprenant de la part du talentueux coscénariste de Jacques Audiard – dans notamment « Un Prophète » , « De rouille et d’os », « Dheepan »- qui, à travers ce drame familial, dresse le portrait d’un monde qui bascule sans jamais forcer l’émotion, avec toute la pudeur qui seyait à ce sujet sensible, jusqu’à la scène finale qui en est le paroxysme, d’un silence, lourd de sens, magistralement interprété et d’une force redoutable et poignante.
- « Je suis un soldat » de Laurent Larivière avec Louise Bourgoin, magistrale (critique à suivre)
-et Béliers » de Grímur Hákonarson, prix Un Certain Regard du Festival de Cannes 2015 avec un plan, à son dénouement qui est un des plus poignants et inattendus qu’il m’ait été donné de voir au cinéma.
Et puis il y a Saint-Jean-de-Luz: un lieu qui crée une symbiose d’une étourdissante beauté entre la rudesse majestueuse de la montagne et les scintillements éblouissants de la mer (les beaux jours et les autres Saint-Jean-de-Luz se teinte de couleurs tout aussi fascinantes) dans laquelle elle se jette, l’écrin idéal pour un festival qui est une « fenêtre ouverte sur le monde. » Des mondes même, au regard de l’éclectisme la programmation, diversifiée aussi bien dans les genres que dans les nationalités des films en lice.
Vous l’aurez compris: j’ai une tendresse particulière pour ce festival destiné autant aux cinéphiles qu’aux « simples » amateurs de cinéma, et je vous encourage vivement à le découvrir, ce festival étant par ailleurs très accessible…
Le festival aura toujours lieu au cinéma Le Sélect, la garantie d’un accueil souriant à l’image de celui des Luziens (je n’ai pas le souvenir d’avoir croisé un seul Luzien désagréable mais je ne pousse pas la naïveté et l’optimisme à croire qu’il n’en existe pas). Le festival de Saint-Jean-de-Luz continuera donc à faire rimer convivialité et amour du cinéma (et de ceux qui le font). C’est cela la marque de fabrique de ce festival qui le distingue et que je vous encourage vivement à découvrir du 6 au 10 octobre 2015 .
Vous pouvez également retrouver le festival sur les réseaux sociaux: Facebook, instagram (@fifsaintjeandeluz), twitter (@fifsaintjeandeluz).
Les tarifs sont par ailleurs inférieurs à ceux d’une projection classique, une raison de plus de ne pas vous en priver (5 euros la séance pour les adultes -hors ouverture et clôture- et 40 euros l’abonnement pour 10 projections, hors ouverture et clôture.)
Après avoir été présenté au siège des Nations Unies à New York, à la Mostra de Venise (hors compétition) et à la Fête de l’humanité, le même jour et dans sa version cinématographique, ainsi que dans 500 cinémas en France, « Human », le documentaire de Yann Arthus-Bertrand sera diffusé le 29 septembre, à 20H55, sur France 2. C’est cette version (plus courte que la version cinématographique mais non moins intense) que j’ai visionnée pour vous et dont je tenais absolument à vous parler aujourd’hui. Cette soirée événement s’achèvera à 4h00 du matin. En plus du documentaire, vous pourrez en effet ainsi découvrir un ensemble de programmes auxquels le projet a donné lieu qui seront tous en replay sur Pluzz pendant 30 jours.
« Home », le précédent film de Yann Arthus-Bertrand sorti en 2009 était un hymne à la terre qui nous expliquait que, en 200 000 ans d’existence, l’Homme avait rompu un équilibre fait de près de 4 milliards d’années d’évolution. Certaines images restent encore gravées dans ma mémoire : ces tours insolentes et dévastatrices qui conquièrent le ciel de Shanghai (3000 tours érigées en 20 ans), ces villes tentaculaires qui se gorgent d’eau face à ces étendues asséchées, dans d’autres endroits de la planète, où elle est une quête quotidienne et vitale (500 millions d’Hommes habitent ainsi des contrées désertiques !), cette sidérante standardisation, jusqu’aux pavillons de Pékin qui ressemblent à s’y méprendre à ceux de Palm Springs, autant de témoignages de la construction à outrance, comme encore la monstruosité bétonnée de Dubaï qui contraste tellement avec l’image sublimement simple et rare qui lui succède, celle d’une baleine qui nage dans la mer. Je me souviens aussi de l’exemple très parlant de l’île de Pâques où la civilisation n’a pas survécu après avoir été exploitée jusqu’au bout, autrefois une des plus brillantes. Plus manichéen que « Human », « Home » opposait ainsi la culture dévastatrice à la nature bienveillante, une opposition alors appuyée par une musique angoissante lorsqu’étaient montrées des mégalopoles ou une musique lénifiante et rassurante quand il s’agissait des paysages vierges de toute habitation.
Six ans plus tard sort donc « Human », un projet salutairement fou, incroyablement ambitieux, utopiste, (planétaire !), dont la réalisation a nécessité 3 ans, 110 tournages dans 65 pays, pour recueillir 2020 récits de vie dans pas moins de 63 langues grâce à une équipe de 16 journalistes, 20 chefs-opérateurs, 5 monteuses et 12 personnes pour la production.
Quels que soient le pays, les cultures, l’âge ou les religions, les personnes qui ont recueilli les témoignages ont soumis aux participants les mêmes questions essentielles autour de la condition humaine, ces questions que nous préférons en général ne pas nous poser car elles nous mettent face à la vanité, peut-être la vacuité, en tout cas la finitude de nos existences :
Vous sentez-vous libre ? Quel est le sens de la vie ? Quelle est l’épreuve la plus difficile que vous avez dû affronter et qu’en avez-vous appris ? Quel est votre message pour les habitants de la planète ?…
Ces témoignages sont entrecoupés d’images aériennes inédites d’une beauté vertigineuse, fulgurante, étourdissante qui subliment la planète ou parfois mettent l’accent sur ses drames écologiques.
D’abord, d’emblée, se succèdent des visages sur fond noir face caméra que cette sobriété met en relief. Autant de regards. D’histoires. D’expressions. Des parcours de vie. Un visage sur lequel coule une larme. Des yeux qui se ferment. Qui ouvrent sur un paysage désertique d’une beauté époustouflante. Tel un rêve. Des hommes gravissent ensuite cette montagne désertique sur laquelle apparaît le titre « Human » comme une parabole de toutes ces destinées éprouvées mais combattives qui vous nous happer dans leurs récits et face auxquelles, cette fois, nous ne pourrons détourner le regard. Une musique qui fend l’âme parachève l’ensemble.
Puis cela commence réellement par le témoignage bouleversant d’un homme qui fut battu par son père : « Je me souviens… ». « Pendant de nombreuses années j’ai cru que l’amour devait faire mal. » Je vous laisse découvrir son poignant témoignage comme le seront tous ceux qui vont lui succéder exacerbés par ce dispositif qui donne l’impression que chacun d’entre eux s’adresse directement à nous, qui renforce la résonance de certains drames ou bonheurs, qui renforce la force des mots, des visages, des regards, des silences, annihilant les différences pour souligner les peurs, les révoltes, les aspirations communes. Comme un miroir des nôtres. Des moments de vérité face auxquels il est impossible de rester insensible qui nous bousculent, nous heurtent, pansent -un peu- ou avivent nos plaies par l’écho ou la prise de conscience qu’ils provoquent.
Ce dispositif singulier nous contraint judicieusement à regarder, à affronter le regard de l’autre alors que notre attention est sans cesse sollicitée, dispersée, aveuglée nous faisant éluder les questions essentielles auxquelles ces témoignages nous confrontent. Pendant les témoignages, d’autres visages défilent sur l’écran, soulignant ainsi l’universalité des propos.
Les images aériennes inédites sublimées par une musique ensorcelante signée Armand Amar créent une respiration entre les témoignages et soulignent la beauté sidérante et hétérogène du monde. Le reflet du ciel dans les rizières. Le soleil qui se réverbère dans le bleu azuré de la mer. La spectaculaire et terrifiante fureur des océans. Les méandres improbables et fascinants du salar d’Uyuni en Bolivie. Ces enfants qui chevauchent dans les steppes mongoles. Des images poétiques, envoûtantes, lyriques qui ressemblent parfois à des tableaux abstraits comme un contrepied au réalisme et à la sobriété des témoignages.
Ces images sont aussi parfois tristement absurdes quand l’humanité et la singularité s’égarent dans l’uniformité que ce soit celle de cette vague humaine de Chinois à Chengdu avec leurs bouées colorées ou celle qui lui succède de cette multitude de mariés en noir et blanc. Comme un écho à ce building avec tous ces bureaux uniformes. Derrière une vitre y apparaît ainsi un homme seul au téléphone. Lui succède l’image d’un homme lui aussi seul sur une montagne dans le désert. Des multitudes. Des solitudes. Par-delà les océans et les frontières. Les disparités et les paradoxes du monde sont alors flagrants et parfois dans un même pays comme le souligne le témoignage de cet homme qui raconte comment, en Inde, ceux qui ont fui à cause de la crise de l’eau se retrouvent, dans le même pays, à construire des buildings avec des piscines à chaque étage rivalisant de gigantisme et de luxe ostentatoires.
Tant d’images, de visages mais de mots aussi qui vous bousculeront longtemps après la projection comme ceux de cet enfant, « Je n’ai pas peur de la mort si c’est pour la Syrie », Comme cette femme qui crie « on est train de mourir. Mais personne ne nous écoute. » Et tant d’autres : « Tout cela a fait naître en moi l’amour de la haine, l’amour de la vengeance. L’homme ne nait pas avec ces sentiments-là, ils s’installent avec le temps, avec ce qu’on vit. » A hauteur d’hommes, les témoignages soulignent l’absurdité des conflits récurrents qui déchirent la planète à l’image du conflit israélo-palestinien lorsqu’un Palestinien puis un Israélien témoignent de la mort de leurs filles qu’il a provoquée et appellent pareillement au pardon et à la paix.
« Human » possède la vertu inestimable de donner du temps à la parole et aux silences quand le fonctionnement médiatique actuel, dans l’urgence et dans l’immédiateté, condamne la première à être si souvent résumée, caricaturée, interrompue et le second à être banni alors qu’il peut être, comme il l’est parfois dans ce documentaire, si bavard et riche de sens.
Bien plus qu’un documentaire et un projet salutairement naïf et pharaonique, « Human » est un voyage émotionnel d’une force redoutable, une démonstration implacable de la réitération des erreurs de l’humanité, une radiographie saisissante du monde actuel, un plaidoyer pour la paix, pour l’écoute des blessures de la planète et de l’être humain dans toutes leurs richesses et leurs complexités, une confrontation clairvoyante, poignante au monde contemporain et à ceux qui le composent.
Si je ne devais retenir que deux phrases, ce seraient sans doute celles-ci, un appel à l’humanité et aux réminiscences d’enfance, que nous portons tous en nous :
-« N’oubliez pas qui vous êtes et souriez toujours car sourire est le seul langage universel. »
-« La vie c’est comme porter un message de l’enfant que tu as été au vieillard que tu seras. Il faut faire en sorte que ce message ne se perde pas en route. »
Un documentaire nécessaire, d’une bienveillance, d’une empathie et d’une utopie salutaires quand le cynisme ou l’indifférence sont trop souvent glorifiés, et parfois aussi la cause des tourments et les ombres du monde que « Human » met si bien en lumière. Préparez-vous à être emportés par ce torrent d’émotions. A voir absolument !
A voir en complément : « La glace et le ciel » de Luc Jacquet qui sortira en salles le 21 octobre 2015 et dans lequel le réalisateur de « La Marche de l’Empereur » (Oscar du meilleur documentaire en 2006), braque de nouveau sa caméra sur la fragile beauté de la nature avec ce portrait de Claude Lorius, glaciologue, l’homme qui a scientifiquement prouvé l’inexorable réchauffement climatique. Le cinéaste capte la beauté fragile et éblouissante d’une nature en péril pour souligner la nécessité impérieuse de prendre conscience de l’urgence de la situation. La phrase finale du film, bouleversante, est un appel à l’action et la résistance résumant le message de ce film fort et là aussi indispensable. A voir, a fortiori, en amont de Conférence des Nations unies sur les changements climatiques (à Paris du 30 novembre au 11 décembre 2015.)
France 2 propose une semaine dédiée à HUMAN, en commençant par une soirée événement mardi 29 septembre 2015 à partir de 20h55 jusqu’à 4h00 du matin.
Vous pouvez aussi partager l’expérience sur les réseaux sociaux avec les hashtags : #WhatMakesUsHUMAN #HUMAN ou voir le film et de nombreux témoignages sur Youtube (de personnes connues ou surtout inconnues, je vous recommande là aussi d’y faire un tour).
L’an dernier, j’avais eu le plaisir d’assister à la première édition du Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule (dont vous pouvez retrouver mon compte rendu ci-dessous).
Au-delà de sa convivialité et de sa belle programmation, ce festival avait été une réussite en nombre d’entrées avec plus de 7.000 spectateurs en 4 jours!
La seconde édition du Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule, aura lieu pendant cinq jours -au lieu de 4 l’an passé-, du 11 au 15 novembre prochain (week-end du 11 novembre). Elle s’annonce au moins aussi réussie que l’an passé avec de premières informations pour le moins enthousiasmantes.
La nouvelle affiche de ce deuxième Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule est déjà un bon présage. Des parapluies joyeusement multicolores s’y envolent pour laisser la place au soleil, une référence au film « Les Parapluies de Cherbourg », réalisé par Jacques Demy en 1964 avec dans le rôle principal Catherine Deneuve et dont la musique a été composé par Michel Legrand à qui le festival rendra hommage cette année.
L’ouverture promet déjà de créer l’événement puisqu’il s’agit du très attendu » Spectre » de Sam Mendes, toujours avec le charismatique Daniel Craig et dont voici le synopsis: Un message cryptique venu tout droit de son passé pousse Bond à enquêter sur une sinistre organisation. Alors que M affronte une tempête politique pour que les services secrets puissent continuer à opérer, Bond s’échine à révéler la terrible vérité derrière… le Spectre. Egalement au casting: Christoph Waltz, Monica Bellucci, Léa Seydoux, Ralph Fiennes, Ben Wishaw. Le script du prochain James Bond a été réécrit après le piratage du système informatique de Sony, avec un changement drastique dans le dénouement de l’intrigue de ce James Bond le plus cher de la franchise : budget estimé entre 300 et 350 millions de dollars pour un tournage entre Tanger, le Maroc, Londres et l’Autriche. En attendant ma critique suite à la projection dans le cadre du festival, retrouvez, en cliquant ici, ma critique de SKYFALL de Sam Mendes.
L’an passé, le compositeur Francis Lai avait reçu un Ibis d’Or pour l’ensemble de sa carrière ( et ses 50 ans de collaboration avec Claude Lelouch) –retrouvez mon compte rendu de leur mémorable et passionnante master class commune ci-dessous-. Cette année, ce sera au tour d’un autre très grand compositeur de musiques de films, Michel Legrand, d’être honoré par le Festival (avec un concert unique et exceptionnel lors de la clôture), voilà qui annonce de beaux moments, de cinéma, de musique, d’émotion. L’occasion aussi pour moi de vous recommander l’excellent « Cinq jours en juin » si vous ne l’avez pas déjà vu. Un film de 1988 qu’il a réalisé. Le film est certes de facture classique mais la réalisation est loin d’être inintéressante ou banale et, en plus d’être un musicien génial, Michel Legrand se révèle être un cinéaste doué, pudique et inspiré. Dans ce film, il raconte une histoire fortement inspiré de la sienne: Michel, âgé de quinze ans, (Matthieu Rozé) remporte son prix de piano au conservatoire de Paris le jour où les alliés débarquent sur les plages de Normandie. Les trains sont réquisitionnés, lui et sa mère (Annie Girardot) ne peuvent plus rentrer en Normandie. Avec Yvette ( Sabine Azéma), une jeune femme délurée, ils volent des bicyclettes et partent pour Saint-Lô. Sur leur chemin, ils échappent à des bombardements et à des combats, assistent à la débâcle des troupes allemandes et rencontrent des soldats américains. Michel tombe amoureux d’Yvette. Ce film exhale un parfum entêtant et enivrant qui doit s’appeler le charme qui doit beaucoup au trio de comédiens avec une Sabine Azéma, rayonnante, mutine, malicieuse, éclatante de vie et une Annie Girardot, à la fois grave et sereine et bienveillante, comme toujours d’une justesse remarquable. Un film plein de vitalité et d’émotions, de celle qui nous envahit quand on écrit pour les êtres chers disparus, de celle qui vient du cœur, qui transparait dans chacun des plans de ce film qui mérité d’être vu.
Le Festival du Cinéma et Musique de Film de la Baule est organisé et présidé par deux passionnés, Christophe Barratier (le réalisateur –notamment !- du film « Les Choristes ») et Sam Bobino (ancien Délégué général des « Prix Lumières »).
Selon le communiqué de presse du festival « Il est spécialement dédié à la rencontre magique entre la musique et le 7e art. Cet événement autour d’instants culturels et artistiques est unique et donne l’occasion au public d’être à la fois acteurs et spectateurs du rayonnement culturel. Avec une sélection de films inédits et de grands classiques, à destination de tous les publics, le festival a été créé pour faire vibrer au diapason de la réunion de deux arts, en compagnie de ceux qui la font naître. » Voilà qui promet le meilleur pour cette deuxième édition à suivre sur son site officiel (http://www.festival-labaule.com/), son compte twitter (@FestivalLaBaule), sa page Facebook (https://www.facebook.com/Festival-Cinéma-Musique-de-Film-de-La-Baule-434566903387755/timeline/) et son compte instagram (@festivalLaBaule).
Retrouvez ci-dessous mon compte rendu de l’an passé.
Au fur et à mesure des annonces, je vous tiendrai informés du programme du festival.
Le Groupe Barrière est partenaire du festival. Retrouvez ci-dessous mon article détaillé sur le Royal Thalasso Barrière de La Baule entièrement rénové ainsi que sur son restaurant Le Fouquet’s où vous pourrez vous restaurer entre deux projections. Retrouvez également cet article sur mon site consacré aux hôtels de luxe Inthemoodforhotelsdeluxe.com.
Voilà plus de trois années que je n’étais pas revenue en ce lieu qui m’est cher dont chaque recoin suscite tant de réminiscences. Entre-temps, l’hôtel a subi une rénovation et un embellissement impressionnants (décoration signée Chantal Peyrat comme à l’hôtel du Golf Barrière de Deauville dont je vous disais récemment tout le bien que j’en pense et comme au Gray d’Albion Barrière de Cannes) et particulièrement réussis sans que l’hôtel (toujours 5 étoiles qu’il mérite amplement) ne perde ce supplément d’âme qui le caractérise. Pas moins de cinq mois de travaux ont ainsi été nécessaires pour donner une nouvelle jeunesse à l’Hôtel Barrière Le Royal (le si bien nommé!) et à la Thalasso & Spa Barrière Le Royal by Thalgo. La réouverture a en effet eu lieu le 3 avril 2015.
Loin du luxe souvent plus tapageur de la Côte d’Azur, à La Baule, la bien nommée Côte d’Amour, la discrétion est de mise. Immortalisée par le film de Diane Kurys « La Baule-Les Pins », la célèbre cité balnéaire s’enorgueillit de son élégance décontractée que symbolise si bien le Royal Barrière. Situé face à la célèbre plage de 8 kilomètres de La Baule, entre Pornichet et Le Pouliguen, l’hôtel Royal Thalasso Barrière, trône sur le front de mer à la fois avec le charme intemporel des palaces d’antan et tout le confort moderne et élégant des hôtels récents. Juste à côté, se situe la galerie marchande et le casino. Le Centre de La Baule est facilement accessible à pied.
Après son voisin l’Hermitage Barrière, c’était ainsi au tour de l’hôtel Royal-Thalasso Barrière de La Baule de fermer pour une remise en beauté. C’est sans nul doute l’hôtel dont je vous ai le plus souvent parlé, celui aussi où je suis le plus souvent allée, en appréciant tout particulièrement le cadre et le service dont cette rénovation a encore exacerbé les atouts.
Toujours dirigé avec professionnalisme et passion par Emmanuel Béquet, l’établissement s’est modernisé, paré de nouveaux atouts, de nouvelles couleurs, de nouvelles prestations, sans perdre l’atmosphère chaleureuse et le service irréprochable qui le distinguent.
Dès la conciergerie (entièrement rénovée, avec beaucoup de goût), c’est avec plaisir que j’ai retrouvé Stéphane, le concierge qui, depuis mon dernier séjour, a obtenu les clefs d’or (l’hôtel a deux concierges clefs d’or) là aussi amplement méritées avec cette douce impression que, malgré les vicissitudes de l’existence, tout a changé et que, en même temps, rien de ce qui contribue à la magie et à la singularité du lieu n’a réellement changé.
Là, le luxe, pourtant omniprésent, n’est pas clinquant ou ostentatoire mais se dégage du lieu une élégante quiétude. Construit en 1896, l’Hôtel Barrière Le Royal La Baule, avec son architecture néo-romane, évocatrice de la Belle Epoque, plus qu’un hôtel, est un splendide édifice sur lequel votre regard d’esthète s’arrêtera forcément si vous vous promenez sur le front de mer. Devant la grande et imposante bâtisse, vous ne pourrez qu’admirer le somptueux parc où sont disséminés les pins caractéristiques de La Baule et au centre duquel, à l’abri des regards indiscrets, se trouve la splendide piscine extérieure. Depuis les chambres côté mer, vous pourrez ainsi profiter d’une vue à couper le souffle sur le parc et sur l’impressionnante baie de La Baule.
Les beaux jours, vous pourrez aussi y déjeuner ou y dîner dans ce qui est une autre grande nouveauté de l’établissement : le Fouquet’s Barrière qui, après Paris et Cannes, s’est donc aussi désormais installé à La Baule (et temporairement à l’hôtel Royal de Deauville, comme je vous le racontais ici) remplaçant le restaurant « La Rotonde ». L’installation est ici définitive et les habitués de l’établissement cannois et parisien y retrouveront le décor « brasserie chic » chaleureux et élégant, caractéristique des établissements Fouquet’s, à l’atmosphère si cinématographique. Vous y retrouverez l’accueil affable et les produits de qualité et une carte signée Pierre Gagnaire qui vaut vraiment le détour, par exemple la sole meunière et la tarte au citron remarquables que j’ai eu le plaisir de déguster. La carte diffère légèrement le midi et le soir, de quoi satisfaire les papilles les plus versatiles et exigeantes dans un cadre particulièrement propice à la dégustation et à la détente avec vue sur le parc et sur la mer que les grandes baies vitrées vous permettront d’admirer allègrement.
La piscine extérieure n’est pas la seule puisque l’hôtel bénéficie de 3 piscines (d’eau de mer chauffée !) dont 1 intérieure(particulièrement agréable et chaleureuse) et un parcours Aquaminceur®. Vous y trouverez aussi un jacuzzi, des saunas, hammams et une salle de fitness. Egalement à votre disposition : 10 cabines de massage avec douche , 6 cabines beauté avec douche , 2 cabines VIP de 35 m2 équipées de 2 tables de soins, d’une baignoire balnéo et d’une douche offrant la liberté de créer différents rituels Visage et Corps, à vivre en duo ou en solo, des services sur mesure au centre Thalgo, et la mise à disposition de vélos pour arpenter la baie à loisir.
Après avoir gravi quelques marches depuis l’extérieur, vous vous retrouverez dans le lobby, véritable puits de lumière qui ouvre sur le parc, de même que le bar « so british » propice à une pause détente que vous soyez de l’hôtel ou clients de l’extérieur.
L’hôtel dispose aujourd’hui de 72 chambres et 15 suites. Aux couleurs rouges de la décoration autrefois signée Jacques Garcia succèdent aujourd’hui des tonalités plus douces, véritable invitation au repos et à l’évasion, en harmonie avec la nature, à l’image de la nouvelle décoration très inspirée des espaces communs.
Désormais, les plus exigeants y trouveront aussi une somptueuse suite royale de 75m2 avec son impressionnante terrasse plein sud de 140 m2 face à la mer qui n’ont rien à envier aux plus beaux palaces de la Côte d’Azur (à partir de 1520 euros la nuit).
Comme dans tous les établissements du Groupe Barrière, l’hôtel vous propose un Pass Evasion pour parfaire votre séjour. Celui-ci vous permet de bénéficier de réductions et/ou d’accès gratuits à de nombreux loisirs chez les partenaires de l’hôtel (tennis, planche à voile, golf, discothèque…).
Je vous le garantis, là-bas, vous prendrez le temps de vivre tout en ne voyant pas le temps passer entre promenades le long du front de mer ou dans le centre La Baule (tout proche), la galerie du Casino et la casino (qui jouxtent l’hôtel), les baignades dans les splendides piscines de l’hôtel ou dans l’océan juste en face, la thalasso, les déjeuners au Ponton (sans aucun doute le meilleur restaurant de plage de La Baie de La Baule) ou dîners au Fouquet’s ou à l’Eden Beach (restaurant de l’Hermitage situé tout près).
Avec ses rénovations, son nouveau restaurant, l’hôtel est à mon sens désormais ce qui se fait de mieux sur la Côte Atlantique. Que ce soit pour un séjour entre amis, en famille, en amoureux ou même en solo, c’est l’endroit idéal où vous serez comme chez vous notamment grâce à un service particulièrement personnalisé (avec un service bien supérieur à celui, bien chaotique, d’un nouvel établissement comme le Château des Tourelles dont je vous parlerai ultérieurement). Cet hôtel est une véritable ode au bien-être dont il est la quintessence. Croyez-moi. Allez-y les yeux fermés. Vous y passerez un séjour hors du temps et du stress du quotidien dans un cadre idyllique.
Retrouvez, ci-dessous, ma notation détaillée de l’établissement avec de nombreux conseils.
Nom de l’hôtel: Hôtel Le Royal Barrière
Situation de l’hôtel: La Baule – Loire-Atlantique – Pays de la Loire – France
Classification officielle de l’hôtel: 5 étoiles
Classification de l’hôtel par Inthemoodforhotelsdeluxe.com : Label in the mood for luxe (classification maximale)
Nombre de chambres : 72 chambres et 15 suites
Equipements/services de l’hôtel:
-3 piscines d’eau de mer chauffée dont 1 intérieure et un parcours Aquaminceur®
– Jacuzzi, saunas, hammams et une salle de fitness.
– Accès direct au Centre de Thalassothérapie Thalgo.
-Deux restaurants dont un sur la plage
-Un bar
-Conciergerie Clefs d’or…
Chaînes hôtelières auxquelles appartient l’hôtel: Groupe Lucien Barrière
Adresse de l’hôtel:
Royal-Thalasso Barrière 6, avenue Pierre Loti 44504 La Baule France
NOTATION DE L’HÔTEL PAR INTHEMOODFORHOTELSDELUXE.COM :
-Service (1M à 5M):
5M. Irréprochable, particulièrement personnalisé, des femmes de chambre à la direction.
-Amabilité (1M à 5M):
5M. Grand atout du groupe Barrière et de cet hôtel en particulier.
-Propreté (1M à 5M):
5M
-Loisirs/Animations (1M à 5M):
5M. L’été, vous pourrez profiter du magnifique parc et de la piscine extérieure. L’hiver, l’hôtel se transforme en cocon douillet entre ses piscines intérieures dont celle de la Thalasso également accessible sans sortir de l’hôtel, ses deux restaurants (l’un à l’intérieur, l’autre sur la plage) et son bar avec ses animations musicales en week-end ou en périodes de vacances scolaires.
Les amoureux des loisirs balnéaires seront ravis et les enfants choyés.
-Gastronomie (1M à 5M):
5M. Situé directement sur la plage, en face de l’hôtel, le restaurant Le Ponton propose des produits de la mer et autres spécialités dans une ambiance décontractée où se mêlent des acteurs qui ont bien souvent leurs résidences secondaires à La Baule, bourgeoisie locale, Parisiens, et familles en vacances. L’accueil est toujours extrêmement chaleureux, la cuisine fraîche et si vous souhaitez une modification à la carte, à moins que votre demande soit vraiment extravagante, il est peu probable qu’on vous opposera un refus. Renseignez-vous avant d’y aller. Il arrive que, en basse saison, le restaurant soit fermé le soir, même le week-end. Et préférez Le Ponton à certains établissements à la mode du centre de La Baule (fuyez les autres établissements de plage, type « La Signature du sunset », dont je vous parlerai ultérieurement dans un nouvel article consacré à mes bonnes adresses –et celles à éviter- à La Baule, si vous voulez dîner dans le centre de La Baule, je vous recommande « La Cucina des Evens »-dont, là aussi, je vous reparlerai, pour l’accueil irréprochable et sa cuisine italienne maison qui attirent de nombreux habitués) dont l’accueil et la qualité de la nourriture sont, pour certains, inqualifiables… . Les beaux jours, vous pourrez également profiter de la terrasse face à un cadre idyllique. Le Ponton réussit la subtile alliance de la gastronomie et du panorama donc, auxquels il faut ajouter un accueil aussi chaleureux, professionnel que décontracté (sans -et heureusement- jamais être flagorneur) qui vous donnera rapidement la sensation d’être « à la maison » que vous y alliez deux ou trois fois ou depuis une dizaine d’années comme moi. La carte est très abordable avec tous les jours un menu du jour ou des semaines thématiques « coquilles saint-jacques », « bar » etc… Je vous recommande évidemment les poissons et crustacés et les desserts, un régal. Je vous garantis que, même si vous séjournez une semaine à La Baule, et y allez tous les jours, vous ne vous en lasserez pas. Les enfants sont également les bienvenus avec un menu enfant bien garni. La carte change également régulièrement même si certains mets sont souvent à l’honneur comme la coquille saint-jacques.
Au Fouquet’s, que vous soyez amateurs de viandes ou de poissons, vous trouverez votre bonheur parmi une carte de produits de qualité dont les plats ont été élaborés par Pierre Gagnaire.
A tenter également : le restaurant Eden Beach, de l’Hermitage Barrière, juste à côté (plus « gastronomique » et plus onéreux).
–Situation (1M à 5M):
5M. Loin du luxe souvent plus tapageur de la Côte d’Azur, à La Baule, la bien nommée Côte d’Amour, la discrétion est de mise. Immortalisée par le film de Diane Kurys « La Baule-Les Pins », la célèbre cité balnéaire s’enorgueillit de son élégance décontractée que symbolise si bien le Royal Barrière. Situé face à la célèbre plage de 8 kilomètres de La Baule, entre Pornichet et Le Pouliguen, l’hôtel Royal Thalasso Barrière, trône sur le front de mer à la fois avec le charme intemporel des palaces d’antan et tout le confort moderne et élégant des hôtels récents. Juste à côté, se situe la galerie marchande et le casino. Le Centre de La Baule est facilement accessible à pieds, de même que Le Pouliguen et les autres restaurants et hôtels du Groupe Barrière. Vous pourrez aussi bien aller faire du shopping que de longues promenades sur la plage ou même jusqu’au Pouliguen par le petit chemin en front de mer.
-Décoration (1M à 5M):
5M. L’hôtel a été magnifiquement rénové par Chantal Peyrat. Elégance, sobriété, harmonie avec la nature sont de mise dans un cadre particulièrement propice à la détente.
–Confort de la chambre (1M à 5M):
5M. Les 72 chambres et 15 suites de l’hôtel ont été décorées par Chantal Peyrat avec beaucoup de goût et possèdent une vue sur la baie de La Baule, sur le parc arboré de l’hôtel, ou sur l’intérieur de La Baule.
-Equipements de l’hôtel (1M à 5M):
5M. Rien ne manque !
–Originalité- Le(s) plus qui fait/font de cet hôtel un établissement « in the mood for luxe » (1M à 5M):
5M. Les très agréables piscines intérieures et extérieure. La proximité de La Baule. L’accueil, chaleureux, avec l’impression d’être chez soi. Le magnifique parc arboré avec sa piscine extérieure, la très belle piscine intérieure pour ceux qui ne font pas la thalasso, l’impression de quiétude qui se dégage du lieu, le restaurant de plage le Ponton, les vélos gratuits en libre service, l’emplacement et désormais Le Fouquet’s, nouvelle adresse incontournable des gastronomes.
Enfin, une spécificité du Groupe Barrière, le pass Evasion qui, lors d’un séjour dans l’un des hôtels Barrière, en l’espèce à La Baule, vous permet de bénéficier de nombreux avantages dans les établissements Barrière et chez leurs partenaires.
-Rapport qualité/prix (1M à 5M) :
4M. A certaines périodes, vous pourrez obtenir des tarifs très avantageux, en particulier si vous êtes membres Infiniment Barrière. Actuellement, vous trouverez une offre de séjour à partir de 175 euros.
-Inconvénient(s) de cet hôtel :
Avec la rénovation récente, le seul bémol (qui concernait la vétusté de certaines chambres et de certains espaces communs), je n’en vois plus…
-Recommanderiez-vous cet hôtel (Oui ou Non):
Oui.
-Conseil(s) aux futurs clients :
-Le week end ou en période de vacances scolaires, il est indispensable de réserver au restaurant Le Ponton.
-Si vous n’avez pas d’impératifs de dates, le groupe Lucien Barrière propose des ventes flash qui vous permettront d’y séjourner à des tarifs très attractifs.
-Evitez, si vous le pouvez, les chambres côté rue (parfois bruyantes le week-end à cause de la proximité d’une discothèque)
– Bilan et appréciation globale (1M à Label intemoodforluxe):
Label In the mood for luxe. Le Royal Barrière de La Baule possède à la fois le charme intemporel des palaces d’antan et tout le confort moderne et l’élégance des hôtels récents, a fortiori depuis sa rénovation qui lui procure un cadre plus moderne sans que rien ne soit renié de l’Histoire et de ce qui fait l’âme singulière de l’établissement. L’endroit est nimbé d’une luminosité chaleureuse qui dégage une sorte de mélancolie rassurante, le lieu vraiment idéal pour se ressourcer et pour avoir l’impression d’être ailleurs à moins de 400 kms de Paris. Un hôtel chaleureux, élégant, qui est un véritable hymne au bien-être, idéalement situé, avec de nombreuses activités dans l’hôtel ou à proximité et des restaurants de qualité, aussi beaux que les produits qui y sont proposés sont bons. L’endroit idéal, aussi bien pour les familles avec enfants que pour les couples ou pour les personnes seules, pour se ressourcer en plein hiver ou pour profiter des plaisirs balnéaires l’été. Le Royal, grâce à ses multiples atouts, et notamment son cadre exceptionnel et son accueil personnalisés et exemplaire, fait partie de ces rares hôtels où vous pouvez retourner 50 fois sans jamais être déçu avec une seule envie: y revenir.
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Alors que, à quelques jours d’intervalle, ont été annoncées la fin du Festival Paris Cinéma « faute de subventions » et l’interruption du Festival du Film Asiatique de Deauville en 2015, pour des raisons similaires, pendant ce temps, à La Baule, était donné le coup d’envoi d’un nouveau festival de cinéma avec, pour thème fédérateur, la musique de Film. Un cinéma qui palpite, vibre, populaire au sens noble du terme. Une réussite et un bel évènement auquel je souhaite de nombreuses éditions futures et d’autres moments d’émotion communicative comme celle qui s’est emparée de la salle lors de la remise de l’Ibis d’honneur à Francis Lai et Claude Lelouch (vidéo ci-dessous).
Photo ci-dessus prise à l’occasion des 10 ans des Choristes au Marché de La Baule.
Le cofondateur du 1er Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule (avec Sam Bobino), Christophe Barratier, lors de l’ouverture, avait ainsi insisté sur la volonté de faire de ce nouvel évènement cinématographique un festival « de rencontres » et « sans barrières » comme en témoignait l’ouverture en présence du président du jury Jean Becker et de ses jurés Alain Chamfort, Zoé Félix, Natacha Régnier (Marco Prince arrivé le lendemain complétait le jury). Une convivialité qui seyait parfaitement à l’élégante quiétude bauloise et qui a caractérisé ce festival du début à la fin et qui lui a valu une belle affluence, méritée: plus de 7000 spectateurs en 4 jours ont assisté à la vingtaine de films projetés (dont 7 figuraient en compétition).
Le président du jury de cette première édition, Jean Becker, et ses quatre jurés, Alain Chamfort, Zoé Félix, Natacha Régnier et Marco Prince ont décerné trois prix parmi une sélection de très haut niveau, là encore un défi relevé pour cette première édition. Les films primés de cette édition avaient en commun d’évoquer les rêves, leur concrétisation ou leur abandon, les compromis, les renoncements, la détermination qu’ils impliquent, des films profondément ancrés dans la petite ou grande musique de leur époque.
C’est le musicien (et désormais cinéaste) Abd Al Malik qui a reçu l’Ibis d’or pour son film « Qu’Allah bénisse la France ».
Synopsis: Enfant surdoué, Régis grandit dans un quartier populaire de Strasbourg en compagnie de ses six frères et soeurs. Elevé par une mère catholique, monoparentale et pauvre, cet enfant d’immigrés fait jours après jour l’expérience de la délinquance des cités. Les vols et trafics en tout genre forment le quotidien rythmé par les blessures par balles, les overdoses et les plongées dans le fanatisme religieux. Entré dans la danse, Régis s’égare. Jusqu’à ce qu’il découvre le rap et l’islam, et – ultimement – l’amour. Abd Al Malik qui adapte sa propre autobiographie, ou le parcours d’un enfant d’immigrés, noir, surdoué et élevé dans une cité de Strasbourg. Un film constat autant qu’un état des lieux personnel entre délinquance, rap et islam.
Adapté du roman autobiographique éponyme d’Abd Al Malik par son auteur , tourné dans une cité au Neuhof, à Strasbourg, ville où l’auteur a grandi, « Qu’Allah bénisse la France » pose un voile noir et blanc nostalgique, universel et intrinsèquement cinématographique sur les réalités protéiformes de la banlieue, sans misérabilisme, sans angélisme non plus (une scène qui fait froid dans le dos évoque avec beaucoup de pudeur la courte durée de vie de ceux qui y vivent). Derrière ce noir et blanc, toute une mythologie cinématographique qui imprègne d’ailleurs la vie de ces quartiers, notamment « Scarface », référence parfois destructrice pour ceux pour qui ledit film est un modèle. C’est bien sûr à « La Haine » que fait penser ce noir et blanc même si Abd Al Malik évoque aussi Visconti (« Rocco et ses frères ») et Carné. Le noir et blanc permet aussi de créer une distance sur une réalité parfois âpre, de même que la voix off, douce et lancinante. Le jeu parfois maladroit de certains rôles secondaires n’entache pas ce beau chant de tolérance, empreint d’espoir et de la personnalité lumineuse de son auteur, artiste talentueux et pluriel : musicien, poète et écrivain. « Qu’Allah bénisse la France » avait déjà reçu le Prix de la critique internationale au Festival du film de Toronto.
La réalisatrice Mia Hansen-Løve a remporté l’Ibis de la meilleure musique de film pour « Eden ».
Synopsis: Dans les années 90, Paul fait ses premiers pas dans le milieu de la nuit parisienne. Passionné de musique, il crée avec son meilleur ami le duo de DJ’s « Cheers ». Ils trouveront rapidement leur public et vivront une ascension vertigineuse, euphorique, dangereuse et éphémère. Aspiré par sa passion, Paul en oubliera de construire sa vie.. J’avais été particulièrement marquée par « Le père de mes enfants », un film lumineux sur le secret et le deuil, le portrait d’un homme solaire qui finira par se suicider, à la fois robuste et vulnérable, fort et fragile. Un film d’une belle clarté malgré le deuil, un film qui a l’ambivalence et les nuances de la vie : à la fois lumineux et mélancolique, tragique et plein d’espoir, mystérieux et séduisant. Un film qui m’a bouleversée comme je ne l’avais pas été depuis longtemps au cinéma.
« Eden » est le quatrième long métrage de Mia Hansen-Løve, coécrit avec son frère Sven Løve, dont l’histoire a inspiré celle du personnage principal du film, un film à la fois personnel et universel mais aussi le portrait d’une génération désenchantée, désillusionnée. Un film ambitieux qui, à travers le récit du parcours romancé du frère de la réalisatrice, dresse le portrait d’une génération qui passe de l’hédonisme à la fin de l’insouciance, de la jeunesse de l’âge adulte. Un long cheminement mélancolique, intelligemment éprouvant pour amener une fin d’une logique terrible, implacable, cruellement prosaïque. Dommage qu’il souffre d’une interprétation parfois trop appliquée dans les seconds rôles, un petit air de nouvelle nouvelle vague un peu trop artificiel qui ne nuit heureusement pas à ce film qui vous laisse une empreinte tendrement mélancolique pour une musique qui tient à cœur et au cœur, celle d’un passé récent, trop rapidement révolu.
L’Ibis du public a été attribué à Lola Bessis et Ruben Amar pour leur premier long-métrage, mon coup de cœur de cette édition « Swim Little Fish Swim ».
Synopsis: « Swim little fish swim », raconte l’histoire de Leeward, musicien talentueux et atpyique qui, dans son petit appartement new-yorkais où il vit avec sa femme, compose des morceaux à l’aide de jouets de sa fille de trois ans, Rainbow. Lilas, jeune vidéaste, traîne sa valise de squats d’artistes underground en galeries branchées, en espérant percer dans le milieu fermé de l’art contemporain. Leur rencontre va les aider à accomplir leurs rêves.
Ce film possède une magie indicible qui s’appelle le supplément d’âme, la grâce, tout ce que vous voulez mais toujours est-il qu’il vous envoûte subrepticement par la douceur, la tendre émotion, la fantaisie et la sincérité qui en émanent. Ce film réalisé avec un budget minime est impressionnant de maîtrise et de vérité touchantes. Ruben Amar avait auparavant réalisé plusieurs courts-métrages récompensés dans de nombreux festivals. Il est étonnant (et injuste) que ce long-métrage n’ait pas eu davantage d’échos lors de sa sortie. Un regard ironique mais jamais méprisant sur l’art contemporain. Des personnages attachants en révolte contre la société de consommation, qui interrogent les compromis de la vie d’artiste, portés par leurs rêves. Un film qui vous accompagne longtemps après le générique de fin, vous laissant l’empreinte de sa fantaisie poétique, rare et communicative. Un petit bijou du cinéma indépendant, tendre, singulier et attachant comme ses personnages principaux. A voir absolument.
Parmi les grands moments de cette édition la master class de Christophe Barratier et Bruno Coulais mais aussi celle de Francis Lai et Claude Lelouch, absolument passionnante, dont vous pourrez retrouver mes vidéos ci-dessous ainsi que quelques citations. Le compositeur et le cinéaste ont également reçu un ibis d’or d’honneur pour leurs 50 ans de collaboration commune, un moment émouvant de la clôture à l’occasion de laquelle les deux artistes ont reçu une standing ovation pour leur longue et impressionnante carrière commune. Claude Lelouch et Francis Lai ont ainsi travaillé sur 32 films ensemble au cours des 50 dernières années.
Quelques citations extraites de la Master class de Claude Lelouch et Francis Lai:
« Mon prochain film (avec Jean Dujardin) « Un plus une » raconte l’histoire d’un compositeur de film. Ma manière de rendre hommage à Francis Lai » a ainsi raconté Claude Lelouch.
« Si je devais faire comme Hollande, attendre l’avis de tout le monde avant de décider, je ne ferais pas de film »a-t-il également déclaré.
« Le seul critique qui compte est le temps qui passe », selon Claude Lelouch.
« Lelouch utilise la musique au même titre qu’un acteur. Elle joue son propre rôle » selon Francis Lai.
« Je ne suis pas un metteur en scène. Je suis un metteur en vie .Le plus grand scénariste, le meilleur dialoguiste, c’est la vie », a également déclaré Claude Lelouch.
« J’ai toujours privilégié l’émotion à la technique. L’émotion, c’est la vérité »a-t-il également ajouté.
« C’est l’irrationnel qui invente notre vie. La musique est ce qui parle le mieux à notre irrationnel », pour Claude Lelouch. « La musique c’est ce qui parle le mieux à notre instinct, qui interpelle notre cœur. » a-t-il résumé.
Critique de « SALAUD, ON T’AIME » de Claude Lelouch (projeté dans le cadre du festival)
Lelouch. Prononcez ce nom et vous verrez immédiatement l’assistance se diviser en deux. D’un côté, les adorateurs du cinéaste qui aiment : ses fragments de vérité, ses histoires d’amour éblouissantes, sa vision romanesque de l’existence, sa sincérité, son amour inconditionnel du cinéma, ses phrases récurrentes, ses aphorismes, une musique et des sentiments grandiloquents, la beauté parfois terrible des hasards et coïncidences. De l’autre, ses détracteurs qui lui reprochent son sentimentalisme et tout ce que les premiers apprécient, et sans doute de vouloir raconter une histoire avant tout, que la forme soit au service du fond et non l’inverse. Avec « Roman de gare », les seconds s’étaient rapprochés des premiers, mais pour cela il aura auparavant fallu que le film soit au préalable signé d’un autre nom que le sien. Je fais partie de la première catégorie et tant pis si pour cela je dois subir la condescendance des seconds. Le cinéma est pour moi avant tout affaire de passion, de sincérité, d’audace, de liberté et quoiqu’en disent ses détracteurs, le cinéma de Claude Lelouch se caractérise par ces quatre éléments comme le démontre magnifiquement le documentaire « D’un film à l’autre » réalisé à l’occasion des 50 ans des films 13. Un documentaire qui résume un demi-siècle de cinéma du « Propre de l’homme » à « Ces amours-là ».
La plus flamboyante de ses réussites fut bien sûr « Un homme et une femme », palme d’or à Cannes en 1966, Oscar du meilleur film étranger et du meilleur scénario parmi 42 récompenses … à 29 ans seulement ! L’histoire de la rencontre de deux solitudes blessées qui prouve que les plus belles histoires sont les plus simples et que la marque du talent est de les rendre singulières et extraordinaires. A chaque fois que je le revois (et je ne les compte plus !), je suis frappée par son étonnante modernité, notamment dans le montage avec les alternances de noir et blanc et de couleurs qui jouent alors habilement avec les méandres du temps et de la mémoire émotive, entre le présent et le bonheur passé qui ressurgit sans cesse. Je suis aussi toujours frappée par cette photographie aux accents picturaux qui sublime Deauville (et qui n’est certainement pas étrangère à mon coup de foudre pour le lieu en question) filmée avec une lumière nimbée de mélancolie, des paysages qui cristallisent les sentiments de Jean-Louis et d’Anne, fragile et paradoxalement impériale, magistralement (dirigée et) interprétée par Anouk Aimée. Rares sont les films qui procurent cette impression de spontanéité, de vérité presque. Les fameux « instants de vérité » de Lelouch. Et puis le célèbre « Montmartre 1540 » prononcé par la voix inimitable de Jean-Louis Trintignant. Mais, je m’égare…
Avec sa dernière fiction, « Ces amours-là », Lelouch signait une fresque nostalgique, une symphonie qui s’achevait sur une note d’espoir, la bande originale de son existence cinématographique (qui évitait l’écueil du narcissisme) en guise de remerciements au cinéma, à la musique, à son public, à ses acteurs. Un film qui mettait en exergue les possibles romanesques de l’existence. Un film jalonné de moments de grâce, celle des acteurs avant tout à qui ce film était une déclaration d’amour émouvante et passionnée.
Cette dernière réalisation qu’est « Salaud, on t’aime » se rapproche peut-être davantage de « Itinéraire d’un enfant gâté », du moins en ce qu’elle raconte l’histoire d’un homme à l’automne de sa vie, un autre « enfant gâté » qui est peut-être passé à côté de l’essentiel et qui, contrairement au film précité, ne va pas fuir sa famille, mais au contraire tenter de la réunir.
Jacques Kaminsky (Johnny Hallyday) est ainsi un photographe de guerre et père absent, qui s’est plus occupé de son appareil photo (enfin plutôt de son impressionnante collection d’appareils photos) que de ses 4 filles (de 4 mères différentes) nommées Printemps (Irène Jacob), Eté (Pauline Lefèvre), Automne (Sarah Kazemy –révélée par le magnifique « En secret » de Maryam Keshavarz ) et Hiver (Jenna Thiam). Avec l’espoir de les réunir, il décide d’acquérir une maison dans les Alpes dont il tombe amoureux en même temps que de celle qui la lui fait visiter, Nathalie Béranger (Sandrine Bonnaire). Tout va se compliquer encore un peu plus quand son meilleur ami, Frédéric Selman (Eddy Mitchell) va tenter de le réconcilier avec sa famille en leur racontant un terrible mensonge.
Avec « Salaud, on t’aime », Claude Lelouch signe son 44ème film. Les réalisations et les années n’ont pourtant pas entamé la jeunesse et la modernité de son cinéma. Ni la curiosité, l’admiration, la fascination avec lesquelles il regarde et révèle les acteurs. Les acteurs et la vie qu’il scrute et sublime. Dès ce premier plan avec le beau visage buriné de Johnny Hallyday et derrière lui les pages d’un livre (écrit par sa fille) qui se consume, j’étais déjà happée. Et les pages de cet autre livre qui se tournent et montrent et rendent hommage au photographe de guerre qu’est Kaminsky, à tous les photographes de guerre et aux horreurs (et quelques bonheurs) de l’Histoire qu’ils ont immortalisées, souvent au péril de leur vie. Deux livres. Deux faces d’un même homme. Peut-être un peu le double de Claude Lelouch qui fut lui-même photographe de guerre à ses débuts. Dès les premiers plans du film règne à la fois une atmosphère tranquille et inquiétante à l’image de celle de cette maison gardée par un aigle majestueux, sublime, clairvoyant, là comme une douce menace, comme si tout pouvait basculer d’un instant à l’autre dans le drame ou le thriller. Le cinéma de Claude Lelouch ne rentre dans aucune case, situé à la frontière des genres. Ou si: il rentre dans un genre, celui d’un film de Lelouch, tout simplement. Et c’est ce que j’aime par-dessus tout : celle liberté, cet atypisme que j’ai retrouvés dans ce film. Claude Lelouch est né avec la Nouvelle Vague qui ne l’a jamais reconnu sans doute parce que lui-même n’avait « pas supporté que les auteurs de la Nouvelle Vague aient massacré Clouzot, Morgan, Decoin, Gabin », tous ceux qui lui ont fait aimer le cinéma alors qu’il trouvait le cinéma de la Nouvelle Vague « ennuyeux ». Et tous ceux qui M’ont fait aimer le cinéma.
A l’image de ses autres films, sans doute celui-ci agacera-t-il ses détracteurs pour les mêmes raisons que celles pour lesquelles il m’a enchantée. Ses citations sur la vie, la mort, l’amour, l’amitié : – « Un ami c’est quelqu’un qui te connait très bien et qui t’aime quand même », -« Qu’est-ce que vous préférez le plus au monde, à part votre appareil photo ? Le juste milieu. L’équilibre. Vous savez comme ces types qui viennent de traverser le Grand Canyon sur un fil. » C’est d’ailleurs ce qui pourrait définir le cinéma de Lelouch. Et ce film. La vie aussi. Et ce qui les rend si singuliers, palpitants et attachants. Cette impression d’être sur un fil, sur le fil, au bord du précipice. Comme toujours chez Claude Lelouch, la musique est judicieusement choisie entre le sublime jazz d’Ella Fitzgerald et Louis Armstrong, la chanson « Les eaux de mars » de Georges Moustaki, ou encore les « Quatre saisons » de Vivaldi repris par les compositeurs du film, le fidèle Francis Lai et Christian Gaubert. Et puis il y a les acteurs. Ces acteurs que la caméra de Lelouch aime, scrute, sublime, magnifie, révèle, caresse presque. D’abord, Johnny Hallyday qui n’a pas besoin d’en faire des tonnes pour être ce personnage. Son visage et sa prestance racontent déjà une histoire. Il n’a pas besoin d’en faire ou dire beaucoup pour imposer son personnage grâce à sa forte personnalité, un mélange de douceur, de douleur, de force, de fragilité, de liberté, d’humanité, de rudesse et de tendresse. Et pour l’avoir vu (et revu) sur scène, que ce rôle lui ait été attribué me semble une évidence tant il est et joue sur scène et sait capter et captiver l’attention d’un regard. Leconte dans « L’homme du train » (à mon avis le meilleur film avec Johnny Hallyday) avait déjà compris cet énorme potentiel. Johnny Hallyday avait d’ailleurs déjà tourné sous la direction de Claude Lelouch en 1972 pour « L’Aventure c’est l’Aventure » où il jouait son propre rôle aux côtés de Lino Ventura et Jacques Brel. Ce rôle de Kaminsky semble avoir été écrit pour lui et pourtant il n’était initialement pas pressenti pour jouer le rôle principal de « Salaud, on t’aime ». Le plus sidérant est que Lelouch a dû l’imposer: « Aucune chaîne de télévision ne voulait faire un film avec Johnny et moi, aucune assurance n’a voulu nous suivre, les coproducteurs, les distributeurs, tout le monde s’est montré frileux. » Il y a eu Annie Girardot dans « Les Misérables », Jean-Paul Belmondo dans « Itinéraire d’une enfant gâté » Tant d’autres… Il y aura désormais Johnny Hallyday dans « Salaud, on t’aime ». De fortes personnalités qui, plus que d’incarner des rôles, les imprègnent et les révèlent. Les réveillent même. A ses côtés, il y a Sandrine Bonnaire avec qui il forme un couple évident. Solaire Sandrine Bonnaire avec son sourire lumineux et empathique et dont on comprend qu’il en tombe immédiatement amoureux.
Et puis les 4 « saisons » dont la photographie reflète judicieusement les caractères au premier rang desquelles Jenna Thiam (Hiver Kaminsky), révélation du film à qui sont dévolues les plus belles partitions. Le temps d’un dialogue dans une voiture qui pourrait constituer à elle seule un court-métrage, Lelouch nous montre quel directeur d’acteurs et quel conteur d’histoire il est. Les « seconds » rôles ne sont pas en reste : Isabelle de Hertogh, Rufus, Agnès Soral, Valérie Kaprisky, Jacky Ido, Antoine Duléry… Enfin, dernier personnage ici (et non des moindres !): la nature, sublime et sublimée elle aussi, à laquelle ce film est aussi un véritable hymne et qui varie subtilement au gré des saisons.
« Chaque nouvelle invention modifie l’écriture cinématographique. Mes gros plans c’est ma dictature, et les plans larges c’est ma démocratie, et pas de plan moyen. » avait-il dit lors du débat succédant à la projection du documentaire « D’un film à l’autre ». Ce nouveau film ne déroge pas à la règle. Une scène de repas est ainsi particulièrement réussie me faisant songer à celles qu’affectionnait Claude Sautet qui lui aussi aimait tant ces scènes mais aussi, comme Lelouch, raconter la vie. Notre vie. Ce film comme chaque film de Lelouch comporte quelques scènes d’anthologie. Celle pendant laquelle les deux amis Kaminsky/Johnny et Selman/ Eddy refont « Rio Bravo » est un régal. Mais aussi, à l’opposé, ce brusque basculement du film (que je ne vous révélerai évidemment pas) qui m’a bouleversée. Il n’y a que lui pour oser. De même qu’il n’y a que lui pour oser appeler les 4 filles d’un personnage Printemps, Eté, Automne et Hiver. Et ce sont cette liberté presque irrévérencieuse, cette audace, qui me ravissent. Dans la vie. Au cinéma. Dans le cinéma de Lelouch qui en est la quintessence. La quintessence des deux. Lelouch, dans ce nouveau film coécrit avec Valérie Perrin, raconte la vie, avec tout ce qu’elle comporte de beauté tragique ou de belle cruauté, de douleurs ineffables aussi, ses paradoxes qui la rendent si fragile et précieuse. En quelques plans, ou même en un plan d’une silhouette, il exprime la douleur indicible de l’absence. Mais c’est aussi et avant tout un film magnifique sur l’amitié et ses mensonges parfois nécessaires, sur le le pardon aussi…sans oublier ces « hasards et coïncidences » qu’affectionne le cinéaste. Ce hasard qui « a du talent » à l’image de celui qui en a fait un de ses thèmes de prédilection. Malgré son titre, peut-être son film le plus tendre, aussi. Je ne sais pas si le cinéma comme « le bonheur, c’est mieux que la vie » mais en tout cas Claude Lelouch fait partie de ceux dont les films nous la font voir en gros plans majestueux, parfois sans fards, avec une redoutablement sublime vérité, et qui nous la font aimer ardemment. Et ce nouveau film porté par des acteurs solaires, un montage ingénieux, une musique judicieuse, une photographie émouvante ne déroge par à la règle. Le juste milieu entre légèreté et gravité. Les fragments de vérité et les fragments de mensonges. La vie et le cinéma.
Le festival avait débuté avec le film qui a été couronné lors du dernier Festival du Cinéma Américain de Deauville et qui a cependant été choisi pour le Festival de La Baule, par ses organisateurs, avant le Festival de Deauville : « Whiplash » de Damien Chazelle.
Critique de WHIPLASH de Damien Chazelle
WHIPLASH », deuxième film de Damien Chazelle, avant même le Festival du Cinéma Américain de Deauville avait déjà été remarqué à la Quinzaine des Réalisateurs 2014. Interprété magistralement par Miles Teller et J.K. Simmons, le premier interprétant Andrew, un jeune élève du Conservatoire de dix-neuf ans qui rêve de devenir l’un des meilleurs batteurs de jazz de sa génération et l’autre, son professeur Terence Fletcher, qui dirige le meilleur orchestre de l’établissement, « Whiplash » a été tourné en 19 jours. Le film n’en est pas moins remarquable dans la précision et l’exigence à l’image de la musique qu’il exalte et sublime.
Andrew Nieman. A une lettre près, (Niemand) personne en Allemand. Et Andrew semble avoir une seule obsession, devenir quelqu’un par la musique. Assouvir sa soif de réussite tout comme le personnage interprété par J.K Simmons souhaite assouvir sa soif d’autorité. Une confrontation explosive entre deux desseins, deux ambitions irrépressibles, deux folies. L’objet rêvé pour le manipulateur machiavélique qui sous le fallacieux prétexte que « la fin justifie les moyens » use et abuse de sa force et son pouvoir pour obtenir le résultat qu’il souhaite mais surtout asseoir son emprise. J.K Simmons donne corps et froideur d’âme à ce personnage tyrannique et irascible qui sait se montrer mielleux pour atteindre son objectif.
La réalisation s’empare du rythme fougueux, fiévreux, animal de la musique, grisante et grisée par la folie du rythme et de l’ambition, dévastatrice, et joue judicieusement et avec manichéisme sur les couleurs sombres, jusque dans les vêtements: Fletcher habillé en noir comme s’il s’agissait d’un costume de scène à l’exception du moment où il donne l’impression de se mettre à nu et de baisser la garde, Andrew habillé de blanc quand il incarne encore l’innocence puis de noir à son tour et omniprésence du rouge (du sang, de la viande, du tshirt d’un des « adversaires » d’Andrew) et des gros plans lorsque l’étau se resserre, lorsque le duel devient un combat impitoyable, suffocant. Les rires sur l’humiliation et sur les ruses et sentences de dictateur (qu’est finalement le professeur) étaient finalement plus dérangeants que le film lui-même, le public étant d’une certaine manière manipulée à son tour, se laissant fasciner par ce personnage tyrannique. Prêt à tout pour réussir, Andrew poussera l’ambition à son paroxysme, au bord du précipice, jusqu’à l’oubli, des autres, de la dignité, aux frontières de la folie.
Le face à face final est un véritable combat de boxe (et filmé comme tel) où l’immoralité sortira gagnante : la dictature et l’autorité permettent à l’homme de se surpasser… La scène n’en est pas moins magnifiquement filmée transcendée par le jeu enfiévré et exalté des deux combattants.
Bien que batteur depuis ses quinze ans, et ayant pris des cours trois jours par semaine pendant quatre heures pour parfaire sa technique et ne faisant « que » 70% des prestations du film, Miles Teller est impressionnant dans l’énergie, la détermination, la folie, la maîtrise, la précision. En conférence de presse, à Deauville, Damien Chazelle a raconté s’être inspiré de son expérience personnelle pour écrire et réaliser « Whiplash », ayant appris par le passé la batterie avec un professeur tyrannique, ce qui l’a conduit à emprunter une autre voie : celle du cinéma. Une décision sans aucun doute judicieuse même si j’espère qu’il continuera à allier cinéma et musique dans ses prochains films, son amour de la musique transparaissant, transpirant même dans chaque plan du film.
Egalement en compétition, le film qui a valu à son interprète principal, le prix d’interprétation du dernier Festival de Cannes, « Mr. TURNER » de Mike Leigh.
Critique de « Mr. Turner » de Mike Leigh
Ici, Timothy Spall interprète le peintre Turner. Sans doute certains trouveront-ils qu’il cabotine ou que son jeu est maniéré, sans doute des intimes du peintre Turner qui savent mieux que quiconque qu’il ne se comportait pas ainsi, lequel, rappelons-le, est décédé en 1851. Simplement Timothy Spall a-t-il décidé d’esquisser, de composer un personnage tout comme, pour esquisser le portrait de Turner, Mike Leigh a dessiné une suite de saynètes/toiles d’une beauté renversante, éblouissante, captivante malgré la longueur du film, recourant à une lenteur finalement judicieuse pour nous faire apprécier cet artiste comme un tableau qui n’offre pas d’emblée toutes ses richesses au regard mais se dévoile peu à peu, à l’image de cet éléphant à peine visible au premier regard sur cette toile de Turner. Le film et le personnage se construisent de paradoxes : entre l’extrême sensibilité que cet homme met dans son art et la rudesse de ses manières, entre les tourments qu’il exprime dans ses toiles et ceux qu’il ne parvient pas à exprimer autrement, réussissant à peindre les tempêtes qui s’agitent sur les océans et dans son crane mais jamais à les expliciter. Mike Leigh s’est concentré sur les dernières années de l’existence du peintre britannique qui fut un artiste reconnu, membre apprécié quoique dissipé de la Royal Academy of Arts, vivant entouré de son père (qui fut aussi son assistant), et de sa dévouée (c’est un euphémisme) gouvernante (fantastique Dorothy Atkinson). Un tableau d’autant plus intéressant que, au-delà de sa saisissante beauté picturale, le parallèle est évident entre l’artiste peintre et l’artiste cinéaste, en particulier lorsque celui-ci subit les sarcasmes de l’establishment. Toute relation avec la réalité serait évidemment purement fortuite. Mike Leigh nous éclaire sur le travail de Turner tout en ne cherchant pas à rendre sympathique cet homme sombre et parfois même repoussant et glacial ou en tout cas incapable de s’exprimer autrement qu’au travers de ses toiles ou par des borborygmes « inhumains ». Ce film nous laisse avec le souvenir de peintures et de plans qui se confondent, en tout cas d’une beauté à couper le souffle, et le souvenir de ce premier plan étincelant avec ce soleil prometteur, ce moulin, ces deux paysannes qui marchent en parlant flamand tandis que seul et/ou isolé (Turner fait lui-même la distinction entre la solitude et l’isolement, sans doute ressent-il la première sans être victime du second), en marge de la toile/de l’écran le peintre s’adonne à son art, comme un miroir de celui qui le portraiture pour le cinéma (des « Ménines » de Velasquez version 21ème siècle, finalement). Un film et un personnages à la fois âpres, rudes et sublimes d’une belle exigence dans les nuances des âmes autant que dans celles des teintes et des peintures.