Critiques des films de la semaine: "Avatar" de James Cameron et "Le Père de mes enfants" de Mia Hansen-Love
Les deux films de la semaine dont vous pouvez lire les critiques en avant-premières sur inthemoodforcinema.com :
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Les deux films de la semaine dont vous pouvez lire les critiques en avant-premières sur inthemoodforcinema.com :
Comme aujourd'hui je dispose de très peu de temps et que j'ai vraiment très envie de défendre le magnifique film « Le Père de mes enfants » de Mia Hansen-Love (dont vous pouvez lire ma critique en cliquant ici) qui, mercredi prochain, va probablement être écrasé par le mastodonte « Avatar » de James Cameron, pour achever de vous convaincre, je vous en propose la bande annonce ci-dessous. Ces films sont très différents donc je vous recommanderais les deux en vous conseillant d'aller d'abord voir "Le Père de mes enfants" qui restera probablement moins longtemps à l'affiche... !
Le Jury de la 9ème édition du Festival International du Film de Marrakech, présidé par Abbas Kiarostami et entouré de Fanny Ardant, Nandita Das, Isabella Ferrari, Mike Figgis, Christophe Honore, Marisa Paredes, Elia Suleiman, Pablo Trapero et Lahcen Zinoun, vient de décerner les prix suivants parmi les 15 longs métrages internationaux en compétition:
Etoile d'Or / Grand Prix
Northless de Rigoberto Perezcano - Mexique
Prix du jury
Les barons de Nabil Ben Yadir - Belgique
My daughter de Charlotte Lim Lay Kuen - Malaisie
Prix d'interprétation féminine
Lotte Verbeek pour le film "Nothing personal", de Urszula Antoniak - Pays-Bas et Irlande
Prix d'interprétation masculine
Cyron Melville pour le film "Love and Rage" Morten Giese - Danemark
Après le prix Louis Delluc qui lui a été décerné cette semaine, la pluie de récompenses se poursuit (et promet de continuer) pour "Un Prophète" de Jacques Audiard, Tahar Rahim venant de recevoir le prix du meilleur acteur européen.
C'est également une nouvelle reconnaissance pour la palme d'or 2009, "Le Ruban blanc" recevant notamment ainsi le European award du meilleur film et permettant à son réalisateur de recevoir celui du meilleur réalisateur.
Meilleur film européen
LE RUBAN BLANC de Michael Haneke
Meilleur réalisateur européen
Michael Haneke pour LE RUBAN BLANC
Meilleure Actrice Européenne
Kate Winslet pour "Le liseur"
Meilleur Acteur Européen
Tahar Rahim pour UN PROPHÈTE
Meilleur Scénariste Européen
Michael Haneke pour "Le Ruban blanc"
Meilleur directeur de la photographie
Anthony Dod Mantle
ANTICHRIST
Anthony Dod Mantle
SLUMDOG MILLIONAIRE
Meilleur Compositeur Européen
Alberto Iglesias
European Discovery
Katalin Varga de Peter Strickland
European Film Academy Prix d'Excellence
VINCERE
European Film Academy film d'animation
Mia et le Migou de Jacques-Rémy Girerd
European Film Academy Lifetime Achievement Award
Ken Loach
Récompense de la carrière d'une personnalité européenne dans le cinéma mondial
Isabelle Huppert
Prix de la meilleure coproduction européenne - Prix Eurimages
Diana Elbaum & Jani Thiltges
Meilleur Film Documentaire Européen - Prix Arte
Summen DER INSEKTEN, DAS - Bericht einer Mumie / bruit des insectes, THE - Records d'une momie
Suisse de Peter Liechti
Meilleur court-métrage européen
POSTE RESTANTE de Marcel Lozinski
People's Choice Award du meilleur film européen
SLUMDOG MILLIONAIRE de Danny Boyle
L'univers carcéral est mis au centre du prix Louis Delluc 2009 puisque c'est le cadre des deux films récompensés cette année: "Un Prophète" de Jacques Audiard (prix Louis Delluc 2009) et "Qu'un seul tienne et les autres suivront" de Léa Fehner (prix Louis Delluc 2009 du premier film). "Un Prophète" succède ainsi à "La vie moderne" de Raymond Depardon. Avec déjà 1,2 millions de spectateurs "Un Prophète" était un des films à ne pas manquer cette année. Il est préselectionné pour représenter la France aux Oscars et il serait plus qu'étonnant que Tahar Rahim ne reçoive pas le César du meilleur espoir pour lequel il est prénommé. Ce prix est décerné par un jury de 13 critiques, présidé par Gilles Jacob, président du Festival de Cannes où "Un Prophète" avait déjà obtenu le grand prix.
Après Pascale Ferran en 2009, Robert Guédiguian sera l'invité d'honneur du 13e Festival International des Scénaristes qui se déroulera à Bourges du 24 au 28 mars 2010, après avoir présidé le jury de ce même festival.
Cliquez ici pour lire ma critique de "L'armée du crime" le dernier film de Robert Guédiguian
A l'occasion du sommet de Copenhague et à la suite d'une émission "Un soir pour la Terre" consacrée à l'environnement, "Home" de Yann Arthus-Bertrand sera à nouveau diffusé ce soir, à 23H, sur France 2. Retrouvez ci-dessous ma critique.
Ce qui m'a d'abord interloquée, ce sont les noms des marques qui apparaissent en guise de générique puis le ton de la voix off à la fois familière et pédagogique, lente et emphatique qui débute par un très grandiloquent « Toi homo-sapiens, homme qui pense ». Cela commence comme une fable que l’on raconterait pour assagir des enfants indisciplinés, les habitants de cette gigantesque maison sans frontières que représente la terre.
Puis, évidemment on ne peut rester insensibles devant ces étendues gigantesques et époustouflantes, ces images aériennes, spectaculaires, d’une beauté à couper le souffle ou parfois d’une terrifiante beauté, qui font parfois ressembler ces images pourtant réelles à une peinture abstraite dont le mélange subtil des couleurs, l’assemblage des formes, la juxtaposition des matières leur feraient atteindre la perfection. En remontant aux origines de la terre, en traversant la planète, grâce à des images filmées dans 54 pays, nous voyageons à travers la terre vue du ciel, chaque image nous faisant prendre conscience de sa beauté infinie, de sa richesse, de sa diversité, de ses disparités criantes. Aussi. Surtout.
On ne peut non plus rester insensibles devant cet hymne à la terre qui nous explique qu’en 200 000 ans d'existence, l'Homme a rompu un équilibre fait de près de 4 milliards d'années d'évolution. On ne peut rester insensibles devant la fragilité et la subtilité de cet équilibre qui se rompt. On ne peut rester insensibles devant ces tours insolentes et dévastatrices qui conquièrent le ciel de Shanghai : 3000 tours érigées en 20 ans. On ne peut rester insensibles devant ces villes tentaculaires qui se gorgent d’eau face à ces étendues asséchées, dans d’autres endroits de la planète, où elle est une quête quotidienne et vitale (500 millions d’Hommes habitent ainsi des contrées désertiques !). On ne peut rester insensibles devant cette sidérante standardisation, jusqu’aux pavillons de Pékin qui ressemblent à s’y méprendre à ceux de Palm Springs. On ne peut rester insensibles devant la construction à outrance, la monstruosité bétonnée, vulgaire et sophistiquée de Dubaï qui contraste tellement avec l'image sublimement simple et rare qui lui succède, celle d’une baleine qui nage dans la mer. Ni devant ces fleuves qui n’atteignent plus la mer. Ni devant ces mégapoles comme Lagos qui croissent à une vitesse spectaculairement inquiétante. L’exemple de l’île de Pâques où la civilisation n’a pas survécu après avoir été exploitée jusqu’au bout, autrefois une des plus brillantes, est également très parlant. Certains chiffres dont il use et abuse ne peuvent non plus laisser indifférents comme la banquise du pôle nord qui a perdu 30% de sa surface en 30 ans, comme les 80% des glaces du Kilimandjaro qui ont disparu, ou ces 20% des Hommes qui consomment 80% des ressources de la planète.
Yann Arthus- Bertrand, parfois avec un peu trop de manichéisme, s’inscrit donc dans un débat philosophique de longue date opposant la culture dévastatrice à la nature bienveillante, avec une musique angoissante lorsque sont montrées des mégalopoles ou une musique lénifiante et rassurante quand ce sont des paysages vierges de toute habitation ou du moins de toute modernité.
Alors évidemment je ne vais pas tomber dans le travers cynique à la mode qui consiste à voir derrière chaque bonne action un intérêt fallacieux ou une mauvaise intention. C’est vrai que c’est finalement plus facile de ne rien faire, de ne rien dire. Et rien que l’initiative déjà est louable et nécessaire. Mais tout de même quelques aspects m’ont dérangée…
D’abord les noms des marques partenaires (au début et à la fin) quand, dans le même temps, il dénonce « la croissance qui exige toujours plus de combustible » , certaines d’entre elles étant par ailleurs des marques de cosmétiques alors que dans le documentaire même il nous interpelle sur les demandes croissantes en cosmétiques et leurs conséquences écologiques désastreuses ! Ne démontre-t-il pas là malgré lui les limites de son manichéisme?
Ensuite, la date de diffusion, dont je suppose qu’elle est indépendante des souhaits du réalisateur, à la veille des élections européennes, me semble avoir un côté opportuniste alors que justement il aurait été passionnant et plus constructif qu’elle donne lieu à un débat entre les différents partis et candidats, ce qui aurait peut-être épargné celui, affligeant d’hier soir (l’Europe mérite mieux que ça non ?).
Peut-être aussi les accusations sont-elles trop tournées vers l’industrie pétrochimique, oubliant le nucléaire, oubliant (ou le feignant, sans doute pour des raisons légitimes de faisabilité du projet) les responsabilités de certains Etats.
En revanche, je ne lui reprocherai pas l’utilisation de l’hélicoptère qui a fait l’objet de commentaires, d'abord, parce que, comme dirait Machiavel « la fin justifie les moyens »,(même si le réalisateur récuserait cette justification, ou alors il serait en contradiction avec son propos) et ensuite parce que toutes les émissions de gaz carbonique engendrées par le film sont calculées et compensées par des sommes d’argent qui servent à donner de l’énergie propre à ceux qui n’en ont pas. Les bénéfices du film iront ainsi à l'ONG de Yann Arthus-Bertrand, GoodPlanet , et la pollution générée par le tournage sera « compensée carbone “.
Si vraiment je voulais chipoter je vous parlerais d’une faute de français que je n’ai pas pu m’empêcher de remarquer, un peu dérangeante néanmoins quand tout se veut aussi lisse… (« les éléments sur lequel il repose sont perturbés » au lieu de lesquels).
Et puis je me suis aussi souvenue de la condamnation du producteur du film en question à démolir une partie de sa propriété dans le Var construite illégalement et de ça (la marque étant une de celles citées)…, sans vouloir stigmatiser qui que ce soit mais simplement pour dire que rien n'est aussi simple, voire simpliste...
De plus, les vérités sont assénées, c’est vrai révoltantes, sans peut-être la révolte qui s’impose même si, sans doute, la réalisation du projet, les autorisations qu’il impliquait et sa large diffusion ont forcément imposé des concessions, et une certaine sagesse diplomatique.
Je suis cependant mille fois plus sensible à un projet comme celui-ci ("Women are heroes" de JR) dont je vous ai parlé lors de ma rencontre avec sa productrice au Festival de Cannes et dont je vous reparlerai. Les moyens déployés ici, le ton parfois à la limite du blockbuster avec musique et catastrophisme de rigueur me paraissant finalement en contradiction avec le sujet.
A trop survoler le problème (dans tous les sens du terme), peut-être ne fait-on finalement aussi que le surplomber sans vraiment lui donner un visage humain, aussi imparfait soit-il (et finalement le documentaire de Davis Guggenheim « Un vérité qui dérange » avec toutes ses imperfections étaient peut-être plus parlant).
Le côté anxiogène est heureusement compensé par l’éveil actuel des consciences qu’il met en avant à la fin du documentaire tout en mettant l'accent sur la nécessité d’agir face à cette emprise croissante de l’Homme sur l’environnement.
Au final un documentaire visuellement époustouflant, pédagogique mais qui est loin d’être exempt de contradictions, prouvant qu’il serait simpliste d’opposer simplement nature et culture, mais qui aura le mérite, et non des moindres (!), -espérons-le- d'éveiller ou de réveiller les consciences, individuelles, politiques, étatiques. A vous de juger …