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IN THE MOOD FOR NEWS (actualité cinématographique) - Page 47

  • Google met Truffaut à l'honneur pour son 80ème anniversaire: critiques de 3 films de Truffaut

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    François Truffaut aurait eu 80 ans aujourd'hui. Pour l'occasion, Google lui a rendu hommage  et je ne pouvais pas ne pas vous en parler, ce cinéaste étant un de ceux à l'origine de ma passion pour le cinéma. Pour l'occasion, je vous propose trois critiques de films: "Baisers volés", "La Femme d'à côté", "La Sirène du Mississipi". Impossible pour moi de choisir, j'adore quasiment tous les films de Truffaut. Je poursuivrai prochainement ce cycle Truffaut avec d'autres critiques de films de ce dernier.

    Critique de "Baisers volés" (1968)

    baisersvolés.jpgRéformé de son service militaire (dans une scène dont la drôlerie à elle seule mérite de voir ce film), Antoine Doinel (Jean-Pierre Léaud) s'empresse d'aller revoir Christine Darbon (Claude Jade), dont il était amoureux.  Comme tout ce qui lui arrive, presque par hasard, alors qu’il commence tout juste à chercher du travail, le père de Christine (Daniel Ceccaldi) lui trouve un emploi de veilleur de nuit dans un hôtel mais  il se fait renvoyer pour n'avoir su empêcher un détective privé de faire un constat d'adultère…et même pour l’avoir aidé malgré lui ! Monsieur Blady (André Falcon), le détective privé, lui propose alors de travailler dans son agence.

    Un riche marchand de chaussures, Monsieur Tabard, (Michael Lonsdale, extraordinaire en misanthrope irascible !) demande à l'agence de faire une enquête afin de savoir pourquoi sa femme et ses employés le détestent. Antoine se voit confier cette délicate mission. Il s'éprend de Fabienne Tabard (Delphine Seyrig), l’épouse inaccessible (à la voix inimitable !) du marchand de chaussures qui accepte de se donner à lui à condition qu'il ne cherche jamais à la revoir. Antoine doit alors quitter l’agence  et  devient réparateur de postes de télévision. Par hasard, il percute le véhicule du père de Christine.  Christine casse délibérément son téléviseur... Ils passeront enfin leur première nuit ensemble. Puis ils se marièrent et … :la suite dans « Domicile conjugal » et « L’amour en fuite ».

    « Baisers volés » est sans aucun doute de tous les films de Truffaut, celui qui allie le plus tendresse et drôlerie, légèreté et mélancolie, très différent donc du très sombre « La femme d’à côté ». « Baisers volés » est en effet le plus léger des films de Truffaut. Il le doit essentiellement au contexte qui, lui, ne l’était pas. En témoigne le générique qui se déroule sur l’image des portes de la Cinémathèque fermées par des grilles. Le 9 février 1968, Langlois avait en effet été limogé  de la Cinémathèque (à laquelle le film est d’ailleurs dédié) dont il était alors fondateur et directeur alors que Truffaut souhaitait son maintien et comme il le disait lui-même il tourna alors le film en menant une « double vie de cinéaste et de militant », le tout trois mois avant mai 1968. (Langlois sera d’ailleurs réintégré, le 22 avril 1968). Le film est alors « devenu un jeu que l’on jouait quand on en avait le temps» d’après son réalisateur. De ces conditions particulières de tournage résulte cette impression d’insouciance, d’imprévisibilité,  de légèreté, les séquences ayant été tournées comme autant de sketchs et surtout improvisées, ce qui explique aussi que le film soit aussi découpé. Il compterait ainsi environ 700 plans ! Le scénario signé François Truffaut, Claude de Givray,  Bernard Revon n’en est pas moins le résultat d’une enquête minutieuse. Ces derniers menèrent diverses enquêtes, un peu comme des journalistes passant ainsi beaucoup de temps dans une agence de détectives privés.

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    baisersvoles4.jpg Neuf ans après « Les 400 coups », nous retrouvons avec plaisir Antoine Doinel, (il réapparaît entre temps dans le sketch de « L’amour à 20 ans », un peu à part) alors âgé de 24 ans, sa démarche dégingandée, son air d’éternel adolescent rêveur, lunaire, parfois même absent, d’autant plus attachant. Antoine a grandi, du moins physiquement, mais ses gestes et ses actions sont plus que jamais empreints de maladresse. Si Antoine est un personnage anachronique et romantique, le film l’est aussi. Ce film est aussi un récit initiatique qui le voit passer d’inadapté pour qui tout est incertain et provisoire qui vit au gré de ses désirs à un être socialisé.

    L’incertitude et l’instabilité concernent ainsi autant son travail que sa vie amoureuse : Antoine hésite entre la sage Christine et la sublime « apparition » Fabienne Tabard. Doinel n’est en effet pas un révolutionnaire mais un inadapté à la société dans laquelle il a dû mal à s’installer, ce qui le rend d’autant plus touchant et sympathique. Le « surjeu » de Jean-Pïerre Léaud s’accorde ( dans ce film plus que dans tout autre) parfaitement  à Antoine qui se compose alors un personnage. Il faut le voir répéter un nombre incalculable de fois, devant son miroir, son nom, et celui de Fabienne Tabard et Christine Darbon. Sans doute une des scènes les plus célèbres et significatives du film, Doinel y scandant le refrain de sa vie, celui de son incertitude obsessionnelle, portant en elle les germes de la folie qui s’emparera de nombre des personnages de Truffaut dans ses autres films, scène qui nous fait passer du rire, à l’étonnement, de l’attendrissement à la perplexité à l’inquiétude peut-être même. Truffaut dira lui-même que la seule raison initiale de ce film était de tourner  à nouveau avec Jean-Pierre Léaud alors qu’en général un film était pour lui la concordance d’un livre, une ambiance, un acteur.

    L’improvisation contribue pour beaucoup à la fraîcheur et au caractère burlesque du film : beaucoup de scènes sont ainsi muettes et nous comprenons souvent les dialogues par la gestuelle. Les dialogues sont donc eux aussi souvent improvisés (comme cette scène où Claude Jade cherche le métier d’Antoine) et les acteurs avouent eux-mêmes qu’ils jouaient quand ils avaient le temps !

    Si ce film est très drôle, il est aussi nostalgique.  Il doit ainsi son titre au refrain de la chanson de Charles Trenet « Que reste-t-il de nos amours » (« Bonheur fané, cheveux au vent, Baisers volés, rêves mouvants) qui sert de générique. C’est une éducation sentimentale aussi comique que mélancolique.

    Malgré son caractère improvisé, « Baisers volés » n’en paraît pas moins maitrisé, notamment par la limpidité des mouvements de caméra comme dans la scène frénétique où Antoine s’enfuit de chez Fabienne Tabard après l’avoir appelée « Monsieur » (scène pour laquelle Truffaut dit avoir retenu les leçons d’Hitchcock, le plus difficile ne consistant pas à créer la tension mais la maintenir).

    baisersvolés5.jpgDe ce caractère improvisé émane un charme ensorcelant, à la fois suranné et intemporel, contribuant à un film inclassable mêlant admirablement les genres, ne cessant jamais de nous dérouter comme cette scène qui fait référence au « Lys dans la vallée » de Balzac. Lorsqu’il écrit à Fabienne, Antoine compare ainsi son histoire avec Fabienne Tabard à celle entre Mme de Mortsauf et Félix de Vendenesse, ce à quoi Fabienne répondra, dans une scène à la fois sublime, drôle, touchante que « Mme de Mortsauf aimait Félix de Vendenesse. C’est une histoire lamentable. Elle est morte de n’avoir pu partager cet amour avec lui. Je ne suis pas une apparition ».

    Le dénouement  de « Baisers volés » est annonciateur de thèmes chers à Truffaut (que l’on retrouve notamment dans « La femme d’à côté » mais aussi « L’histoire d’Adèle H…) : la folie et la passion. Un homme énigmatique que l’on entrevoit au cours du film, et qui suit régulièrement Christine, lui fait une déclaration alors qu’elle est aux côtés d’Antoine, une déclaration à l’image de l’ensemble du film : drôle, touchante, surprenante, agrémentée d’une dose de suspense, voire d’absurde : « Je hais le provisoire. Tout le monde trahit tout le monde.[…]Moi, je suis définitif ». Truffaut disait lui-même « Avec les années qui passent, je crois que cette dernière scène de « Baisers volés », qui a été faite avec beaucoup d’innocence sans savoir moi-même ce qu’elle voulait dire, devient presque une clef pour toutes les histoires que je raconte. »

    Pour moi, impossible donc de choisir entre « La femme d’à côté » et « Baisers volés », deux chefs d’œuvre de Truffaut, très différents, mais portant chacun la marque inimitable et si reconnaissable du talent et des thèmes chers au cinéaste.  Je crois néanmoins que je leur préfère encore le film dont je vous parlerai la fois prochaine dans le cadre de ce cycle consacré à Truffaut. A vous de deviner celui dont il s’agit…

    « Baisers volés a reçu : le Grand prix du cinéma français, le Prix Méliès, le Prix Louis-Delluc 1969, le Prix femina belge 1969, le Prix de l’Academy Motion Picture Arts and Sciences, le prix du British Film Institute, le prix de la Hollywood Foreign Association, et enfin il a été sélectionné pour représenter la France aux Oscars.

    Critique de "Le Femme d'à côté" de François Truffaut (1981)

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    François Truffaut, avec Alain Resnais, Claude Sautet,  Woody Allen, Alfred Hitchcock fait partie de ces cinéastes dont j’aime tous les films sans exceptions. J’ai d’abord découvert « Le Dernier Métro », « La Femme d’à côté », « L’Histoire d’Adèle.H »,  « La Mariée était en noir » avant la série des Antoine Doinel, puis « La Peau douce »  et je me souviens encore à quel point « La Femme d’à côté » m’avait marquée la première fois. Je l’ai revu bien souvent depuis et notamment avant-hier, à l’occasion de sa rediffusion sur Arte. Cette critique est la première d’une série que je consacrerai au cinéaste.

    Bernard Coudray (Gérard Depardieu) et Mathilde Bauchard (Fanny Ardant) se sont connus et aimés follement, passionnément, douloureusement, et séparés violemment, sept ans plus tôt. L’ironie tragique du destin va les remettre en présence lorsque le mari de Mathilde, Philippe Bauchard (Henri Garcin), qu’elle a récemment épousé, lui fait la surprise d’acheter une maison dans un hameau isolé, non loin de Grenoble, dans la maison voisine de celle qu’occupent Bernard, son épouse Arlette (Michèle Baumgartner), et leur jeune fils. (Une fenêtre sur cour que l’admirateur et grand connaisseur d’Hitchcock qu’était Truffaut n’a d’ailleurs certainement pas choisie innocemment.) Bernard et Mathilde taisent leur  passé commun à leurs époux respectifs et vont bientôt renouer avec leur ancienne passion.

    A mon sens,  personne d’autre que Truffaut n’a su aussi bien transcrire les ravages de la passion, sa cruauté sublime et sa beauté douloureuse, cette « joie » et cette « souffrance » entremêlées. Si : dans un autre domaine, Balzac peut-être, dont Truffaut s’est d’ailleurs inspiré, notamment pour « Baisers volés » (« Le Lys dans la vallée ») ou « La Peau douce » (Pierre Lachenay y donne ainsi une conférence sur Balzac). L’amour chez Truffaut est en effet presque toujours destructeur et fatal.

    La femme d’à côté est cette étrange étrangère au prénom d’héroïne de Stendhal, magnifiquement incarnée par la classe, l’élégance, le mystère, la voix ensorcelante et inimitable de Fanny Ardant, ici impétueuse et fragile, incandescente, ardente Fanny.

    Truffaut dira ainsi : "J'ai volontairement gardé les conjoints à l'arrière-plan, choisissant d'avantager un personnage de confidente qui lance l'histoire et lui donne sa conclusion : "Ni avec toi, ni sans toi ".  De quoi s'agit-il dans la "La Femme d'à côté" ? D'amour et, bien entendu, d'amour contrarié sans quoi il n'y aurait pas d'histoire. L'obstacle, ici, entre les deux amants, ce n'est pas le poids de la société, ce n'est pas la présence d'autrui, ce n'est pas non plus la disparité des deux tempéraments mais bien au contraire leurs ressemblances. Ils sont encore tous deux dans l'exaltation du "tout ou rien" qui les a déjà séparés huit ans plus tôt. Lorsque le hasard du voisinage les remet en présence, dans un premier temps Mathilde se montre raisonnable, tandis que Bernard ne parvient pas à l'être. Puis la situation, comme le cylindre de verre d'un sablier, se renverse et c'est le drame."

    Le rapport entre les deux  va en effet se renverser à deux reprises. Bernard va peu à peu se laisser emporter par la passion, à en perdre ses repères sociaux, professionnels et familiaux, à en perdre même la raison, toute notion de convenance sociale alors bien dérisoire. Le tourbillon vertigineux de la passion, leurs caractères exaltés, leurs sentiments dans lesquels amour et haine s’entremêlent, se confondent et s’entrechoquent vont rendre le dénouement fatal inévitable.  Chaque geste, chaque regard, chaque parole qu’ils échangent sont ainsi empreints de douceur et de douleur, de joie et de souffrance, de sensualité et de violence.

    Truffaut y démontre une nouvelle fois une grande maîtrise scénaristique et de mise en scène. Après « Le Dernier Métro » , la fresque sur l’Occupation avec ses nombreux personnages, il a choisi ce film plus intimiste au centre duquel se situe un couple, sans pour autant négliger les personnages secondaires, au premier rang desquels Madame Jouve (Véronique Silver), la narratrice, sorte de double de Mathilde, dont le corps comme celui de Mathilde porte les stigmates d’une passion destructrice. Elle donne un ton apparemment neutre au récit, en retrait, narrant comme un fait divers cette histoire qui se déroule dans une ville comme il y en a tant, entre deux personnes aux existences en apparence banales, loin de la grandiloquence d’Adèle.H, mais qui n’ en a alors que plus d’impact, de même que ces plans séquences dans lesquels le tragique se révèle d’autant plus dans leur caractère apparemment anodin et aérien. A l’image des deux personnages, la sagesse de la mise en scène dissimule la folie fiévreuse de la passion, et ce qui aurait pu être un vaudeville se révèle une chronique sensible d’une passion fatale. D’ailleurs, ici les portes ne claquent pas: elles résonnent dans la nuit comme un appel à l’aide, à l’amour et à la mort.

     Deux personnages inoubliables, troublants et attachants, interprétés par deux acteurs magnifiques. Truffaut aurait songé à eux pour incarner cette histoire, en les voyant côte-à-côte lors du dîner après les César lors desquels  « Le Dernier Métro » avait été largement récompensé.

    Il fallait un talent démesuré pour raconter avec autant de simplicité cette histoire d’amour fou, de passion dévastatrice, qui nous emporte dans sa fièvre, son vertige étourdissant et bouleversant, comme elle emporte toute notion d'ordre social et la raison de ses protagonistes. Un film qui a la simplicité bouleversante d’une chanson d’amour, de ces chansons qui « plus elles sont bêtes plus, elles disent la vérité ».

    Ce film sorti le 30 septembre 1981 est l’avant-dernier de Truffaut, juste avant « Vivement Dimanche » dans lequel Fanny Ardant aura également le rôle féminin principal.

    Un chef d’œuvre d’un maître du septième art : à voir et à revoir.

    Critique de "La Sirène du Mississipi" de François Truffaut (1969)

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    Après « Baisers volés » (1969) et « La Femme d’à côté » (1981), je poursuis ce cycle consacré à François Truffaut  en remontant un peu dans le temps, avec « La Sirène du Mississippi », un film sorti en 1969. Dédié à Jean Renoir, adapté, scénarisé et dialogué par Truffaut d’après un roman de William Irish intitulé « Waltz into Darkness » (pour acquérir les droits François Truffaut dut emprunter à Jeanne Moreau, Claude Lelouch et Claude Berri), c’est davantage vers le cinéma d’Alfred Hitchcock, que lorgne pourtant ce film-ci, lequel Hitchcock s’était d’ailleurs lui-même inspiré d’une nouvelle de William Irish pour « Fenêtre sur cour ». Truffaut avait lui-même  aussi déjà adapté William Irish pour « La mariée était en noir », en 1968.

     

    Synopsis : Louis Mahé (Jean-Paul Belmondo) est fabriquant de cigarettes à La Réunion.  Il doit épouser Julie Roussel qu’il a rencontrée par petite annonce et dont il doit faire la connaissance le jour du mariage. Lorsqu’elle débarque  à La Réunion, d’une beauté aussi froide que ravageuse, elle ressemble peu à la photo qu’il possédait d’elle. Elle lui affirme ainsi lui avoir envoyé un faux portrait, par méfiance.  Peu de temps après le mariage, l’énigmatique Julie s’enfuit avec la fortune de Louis. Louis engage alors le solitaire et pointilleux détective Comolli (Michel Bouquet) pour la rechercher, et il rentre en France. Après une cure de sommeil à Nice, il retrouve Julie qui se nomme en réalité Marion (Catherine Deneuve) par hasard, elle travaille désormais comme hôtesse dans une discothèque. Il est déterminé à la tuer mais elle l’apitoie en évoquant son enfance malheureuse et ses sentiments pour lui qui l’aime d’ailleurs toujours… Commence alors une vie clandestine pour ce singulier couple.

     

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    Ce film connut un échec public et critique à sa sortie. Truffaut expliqua ainsi cet échec : « Il est aisé d’imaginer ce qui a choqué le monde occidental. La Sirène du Mississippi montre un homme faible (en dépit de son allure), envoûté par une femme forte (en dépit de ses apparences) ». Voir ainsi  Belmondo ravagé par la passion qui lui sacrifie tout explique pour Truffaut l’échec du film. C’est vrai que ce film peut dérouter après « Baisers volés », quintessence du style Nouvelle Vague.  Son romantisme échevelé, sombre, voire désespéré (même si Doinel était déjà un personnage romantique) mais aussi son mélange des genres (comédie, drame, film d’aventures, film noir, policier) ont également pu dérouter ceux qui voyaient avant tout en Truffaut un des éminents représentants de la Nouvelle Vague.

     

     Comme chacun de ses films « La Sirène du Mississippi » n’en révèle pas moins une maîtrise impressionnante de la réalisation et du sens de la narration, des scènes et des dialogues marquants, des références (cinématographiques mais aussi littéraires) intelligemment distillées et le touchant témoignage d’un triple amour fou : de Louis pour Marion, de Truffaut pour Catherine Deneuve, de Truffaut pour le cinéma d’Hitchcock.

                           

     Truffaut traite ainsi de nouveau d’un de ses thèmes de prédilections : l’amour fou, dévastateur, destructeur. Malgré la trahison de la femme qu’il aime, Louis tue pour elle et la suit au péril de sa propre existence… Après les premières scènes, véritable ode à l’île de La Réunion qui nous laisse penser que Truffaut va signer là son premier film d’aventures, exotique, le film se recentre sur leur couple, la troublante et trouble Marion, et l’amour aveugle qu’elle inspire à Louis. Truffaut traitera ce thème de manière plus tragique, plus subtile, plus précise encore dans « L’Histoire d’Adèle.H », dans « La Peau douce » (réalisé avant « La Sirène du Mississippi)  notamment ou, comme nous l’avons vu, dans « La Femme d’à côté », où, là aussi, Bernard (Gérard Depardieu) emporté par la passion perd ses repères sociaux, professionnels, aime à en perdre la raison avec un mélange détonant de douceur et de douleur, de sensualité et de violence, de joie et de souffrance dont « La sirène du Mississippi » porte déjà les prémisses.

     

    Bien qu’imprégné du style inimitable de Truffaut, ce film est donc aussi une déclaration d’amour au cinéma d’Hitchcock, leurs entretiens restant le livre de référence sur le cinéma hitchcockien (si vous ne l’avez pas encore, je vous le conseille vivement, il se lit et relit indéfiniment, et c’est sans doute une des meilleures leçons de cinéma qui soit). « Les Oiseaux », « Pas de printemps pour Marnie », « Sueurs froides», « Psychose », autant de films du maître du suspense auxquels se réfère « La Sirène du Mississippi ». Et puis évidemment le personnage même de Marion interprétée par Catherine Deneuve, femme fatale ambivalente, d’une beauté troublante et mystérieuse, d’une blondeur et d’une froideur implacables, tantôt cruelle, tantôt fragile, empreinte beaucoup aux héroïnes hitchcockiennes, à la fois à Tippie Hedren dans « Pas de printemps pour Marnie » ou à Kim Novak dans « Sueurs froides » notamment pour la double identité du personnage  dont les deux prénoms (Marion et Julie) commencent d’ailleurs comme ceux de Kim Novak dans le film d’Hitchcock- Madeleine et Judy-.

     

     A Deneuve, qui vient d'accepter le film, Truffaut écrivit : « Avec La Sirène, je compte bien montrer un nouveau tandem prestigieux et fort : Jean-Paul, aussi vivant et fragile qu'un héros stendhalien, et vous, la sirène blonde dont le chant aurait inspiré Giraudoux. » Et il est vrai qu’émane de ce couple, une beauté ambivalente et tragique, un charme tantôt léger tantôt empreint de gravité. On retrouve Catherine Deneuve et Jean-Paul Belmondo dans des contre-emplois dans lesquels ils ne sont pas moins remarquables. Elle en femme fatale, vénale, manipulatrice, sirène envoûtante mais néanmoins touchante dont on ne sait jamais vraiment si elle aime ou agit par intérêt. Lui en homme réservé, follement amoureux, prêt à tout par amour, même à tuer.

     

     A l’image de l’Antiquaire qui avait prévenu Raphaël de Valentin dans « La Peau de chagrin » à laquelle Truffaut se réfère d’ailleurs, Louis tombant par hasard sur le roman en question dans une cabane où ils se réfugient ( faisant donc de nouveau référence à Balzac après cette scène mémorable se référant au « Lys dans la vallée » dans « Baisers volés »), et alors que la fortune se réduit comme une peau de chagrin,  Marion aurait pu dire à Louis : «  Si tu me possèdes, tu possèderas tout, mais ta vie m'appartiendra ».

     

    Enfin  ce film est une déclaration d’amour de Louis à Marion mais aussi et surtout, à travers eux, de Truffaut  à Catherine Deneuve comme dans cette scène au coin du feu où Louis décrit son visage comme un paysage, où l’acteur semble alors être le porte-parole du cinéaste. Le personnage insaisissable, mystérieux de Catherine Deneuve contribue largement à l’intérêt du film, si bien qu’on imagine difficilement quelqu’un d’autre interprétant son rôle.

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    Comme souvent, Truffaut manie l’ellipse avec brio, joue de nouveau avec les temporalités pour imposer un rythme soutenu. Il cultive de nouveau le hasard comme dans « Baisers volés » où il était le principal allié de Doinel, pour accélérer l’intrigue.

     

    Alors, même si ce film n’est pas cité comme l’un des meilleurs de Truffaut, il n’en demeure pas moins fiévreux, rythmé, marqué par cette passion, joliment douloureuse, qui fait l’éloge des grands silences et que symbolise si bien le magnifique couple incarné par Deneuve et Belmondo. Avec « La Sirène du Mississippi » qui passe brillamment de la légèreté au drame et qui dissèque cet amour qui fait mal, à la fois joie et souffrance, Truffaut signe le film d’un cinéaste et d’un cinéphile comme récemment Pedro Almodovar avec « Les Etreintes brisées ».

     

     « La Sirène du Mississippi » s’achève par un plan dans la neige immaculée qui laisse ce couple troublant partir vers son destin, un nouveau départ, et nous avec le souvenir ému de cet amour fou dont Truffaut est sans doute le meilleur cinéaste.

     

    Dix ans plus tard, Catherine Deneuve interprétera de nouveau une Marion dans un film de Truffaut « Le dernier métro », et sera de nouveau la destinataire d’ une des plus célèbres et des plus belles répliques de Truffaut, et du cinéma, que Belmondo lui adresse déjà dans « La Sirène du Mississippi »:

     

     « - Quand je te regarde, c'est une souffrance.

    - Pourtant hier, tu disais que c'était une joie.

    - C'est une joie et une souffrance.''

     

    Sans doute une des meilleures définitions de l’amour, en tout cas de l’amour dans le cinéma de Truffaut… que nous continuerons à analyser prochainement avec « L’Histoire d’Adèle.H ». En attendant je vous laisse méditer sur cette citation et sur le chant ensorcelant et parfois déroutant de cette insaisissable « Sirène du Mississippi ». 

     
    Pour ceux qui souhaitent en savoir plus en peu de temps sur Truffaut:

     

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  • Conférence de presse des Deauville Green Awards: un nouveau festival de cinéma à Deauville, consacré au développement durable

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    Avant-hier, à la Société Civile Des Auteurs Multimédias, à Paris, avait lieu la conférence de presse des Deauville Green Awards, troisième festival de cinéma deauvillais (après le Festival du Cinéma Américain dont ce sera cette année la 38ème édition et après le Festival du Film Asiatique dont ce sera cette année la 14ème édition, deux festivals que je vous ferai par ailleurs suivre ici et sur In the mood for Deauville, en direct comme chaque année), ce qui tombe d'autant mieux que la thématique 2012 de Deauville, comme je vous l'annonçais avant-hier, sera le cinéma.

    Jean-Charles Pentecouteau, président des Deauville Green Awards, Georges Pessis, son délégué général, François Morgant, son vice-président et enfin, Philippe Augier, le Maire de Deauville ont ainsi présenté cette nouvelle belle manifestation, qui verra le jour à Deauville les 11 et 12 avril prochains, dont l'ambition est de valoriser les bonnes pratiques dans le domaine du développement durable mais aussi les échanges professionnels. Ce sera ainsi le premier festival international du film corporate pour l'écologie et le développement durable avec une compétition professionnelle tournée vers l'international mais aussi un véritable forum de rencontres et de débats pour les professionnels de la communication audiovisuelle.

    Philippe Augier a ainsi expliqué les raisons pour lesquelles le soutien de la ville de Deauville était naturel:

    -d'abord parce que Deauville est une ville de festivals, de rencontres, de partages

    -ensuite, parce que Deauville a mis en place une charte du développement durable avec des mesures telles que le renouvellement progressif du parc automobile mais aussi des actions de sensibilisation auprès des populations.

    -enfin parce que Deauville est la ville du cinéma, a  fortiori cette année puisque ce sera la thématique de cette année 2012, Deauville "renforçant ainsi sa capacité évènementielle avec une thématique par année". Deauville est par ailleurs une ville de tournage.

    Près de 40% des films présentés viendront de l'étranger: Belgique, Suède, Allemagne, Suisse, Australie, Arabie Saoudite... Ils ne se cantonneront pas à l'environnement puisque le développement durable concerne aussi les problèmes sociétaux ou économiques.

    Les jurés  (le jury est composé d'experts de la communication et du développement durable) jugeront les films à domicile selon 5 critères:

    1. La réalisation

    2. L'image/ Les effets visuels

    3.La musique/ Le son

    4.La pertinence de l'information

    5. L'efficacité du message

    Une séance publique permettra aux Deauvillais de voir les films primés, la contrepartie demandée par la ville, même si ce festival sera avant tout destiné aux professionnels.

    Si cela vous intéresse, si vous avez réalisé un film d'entreprise sur le développement durable, vous avez jusqu'au 1er mars pour l'inscrire (avec un surcoût pour l'inscription après le 15 février). Tout film est accepté y compris venant de la publicité. Le film doit traiter de l'entreprise mais ne doit pas forcément venir de l'entreprise. 22 catégories et 11 thématiques sont prévus.

    Le trophée du festival sera une Asteria, une étoile de mer, symbole de l'eau, de l'air, du feu, de la terre, du temps des Grecs. Dans la mythologie grecque, Astéria est la fille du Titan Coéos et de sa sœur Phébé et que, selon Hésiode, Astéria est la mère d'Hécate, qu'elle conçut avec Persès le Titan. Elle fut aimée et poursuivie par Zeus. Pour lui échapper, elle se transforma en caille et plongea dans la mer et à cet endroit apparut l'île d'Astérie plus tard nommée Délos.

    Pour en savoir plus sur ce festival, pour inscrire vos films: http://www.deauvillegreenawards.com / contact@deauvillegreenawards.com /

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  • Critique de "Sur la planche" de Leila Kilani (mention spéciale du jury du Festival Paris Cinéma 2011)

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    Il y a trois films que vous ne devez pas manquer cette semaine, trois films "indépendants" que j'ai découverts dans des festivals, les deux premiers au Festival du Cinéma Américain de Deauville 2011 et le troisième au Festival Paris Cinéma: "Another happy day" de Sam Levinson fils d’un certain Barry-  (avec Ellen Barkin, Ezra Miller, Kate Bosworth, Demi Moore, Thomas Haden Church, George Kennedy, Ellen Burstyn) est ainsi une comédie acide et parfois tendrement cruelle (tendrement parce que Sam Levinson porte un regard finalement plein de compréhension sur ses personnages sans toutefois les épargner) dans laquelle un mariage devient le révélateur des rancœurs et des fêlures des différents membres d’une famille, puis "Detachment" de Tony Kaye (je vous recommande vraiment de regarder mes vidéos du réalisateur Tony Kaye au dernier Festival du Cinéma Américain de Deauville, grand moment d'émotion du festival, en cliquant ici).  Dans ce film, Adrien Brody incarne Henry Barthes, un professeur remplaçant, remplaçant afin de ne pas s’investir avec ses élèves tout comme il s’évertue à ne pas s’investir avec les femmes. Il se rêve en homme désincarné dans une salle vide ; lui qui incarnera pourtant le visage de l’espoir. Avec une poésie sombre, Tony Kaye, dans le fond comme dans la forme, rend hommage à l’art, ici salvateur, et à ces êtres qui ne se comprennent pas mais finalement si proches dans leurs fêlures, leur solitude, leur besoin d’écoute. Adrien Brody lui ne fuit pas son rôle (qui parle justement de fuite) mais est au contraire d’une présence époustouflante, assumant les contradictions de son personnage, bouleversant.

    Mais revenons-en à "Sur les planches" qui débute dans la zone portuaire de Tanger où Badia et son amie Inane travaillent comme « filles crevettes » (dans une usine où elles trient des crevettes) tout en rêvant de devenir « filles textiles », en tout cas d’échapper à leur condition.  Badia est écorchée vive et même enragée, obsédée par la propreté de son corps qui, pour elle, porte constamment l’odeur de sa condition qu’elle juge dégradante. Elles vont rencontrer deux autres jeunes filles qui comme elles, le soir venu, séduisent des hommes que Badia et Inane ont pour habitude de voler ensuite. Le quatuor va alors faire équipe…

     Ex-journaliste indépendante, et réalisatrice de documentaires, Leila Kilani réalise ici son premier long-métrage de fiction, déjà présenté à la Quinzaine des Réalisateurs (mais alors qu’il avait déjà été sélectionné par Paris Cinéma).

     Sa caméra traque, débusque, encercle la rage, la détresse folle, la détermination furieuse de Badia, épousant sa révolte, son combat contre la résignation, et sa folie désespérée.

     La jeune actrice (débutante !) qui interprète Badia est impressionnante et révèle autant une actrice qu’une réalisatrice remarquables dont le cinéma qui donne le sentiment d’être pris sur le vif, profondément humain mais aussi sans concession, la vivacité, la nervosité de la réalisation, cette fatalité ( pente irrémédiablement glissante : « sur la planche »), le sentiment d’urgence qui s’en dégage et la qualité de la direction d’acteurs rappellent les Dardenne. Un cinéma pareillement centré sur ses personnages, fragiles et déterminés, écorchés vifs.

     Autre personnage du film : Tanger dont elle occulte la blancheur pour en révéler la noirceur (la seule blancheur est celle clinique, carcérale et redoutable de l’usine où travaillent Badia et son amie), Tanger filmée non pas sous un soleil éclatant mais constamment sous des pluies diluviennes, horizon obscurcie comme celui de ces jeunes filles.

     Un film d’autant plus troublant, que sa rage, sa révolte sont en résonance avec les récentes révolutions arabes qu’il précède pourtant. Un film coup de poing qui, après cette course contre une âpre réalité, nous laisse « à bout de souffle » comme son écriture hachée, faussement désordonnée qui résonne comme un cri de colère et de douleur. Un film que j'avais préfèré à "La guerre est déclarée", grand vainqueur du dernier Festival Paris Cinéma.

    Regardez ma vidéo de la réalisatrice au dernier Festival Paris Cinéma.

    Cliquez ici pour retrouver tous mes articles consacrés au Festival Paris Cinéma 2011.

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  • Le cinéma, thème de l'année 2012 pour la ville de Deauville: Deauville made in cinema

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    Deauville est une ville indissociable du cinéma dans l'esprit de beaucoup ... et dans le mien a fortiori puisque c'est là que naquit ma passion pour le cinéma, il y a plus de 18 ans, lorsque je découvris Deauville...et par la même occasion le Festival du Cinéma Américain où chaque année, quoiqu'il arrive, je suis retournée depuis. Deux passions indissociables au point d'y consacrer un blog entier http://www.inthemoodfordeauville.com ...(et même plusieurs des 13 nouvelles d'un recueil que vous pouvez au passage soutenir en vous inscrivant comme "éditeur"(gratuit et rapide) sur My Major Company Books en cliquant ICI puis en vous inscrivant comme "fan" de ma page My Major Company Books( en cliquant sur le coeur sur ma page), page à laquelle vous pouvez accéder en cliquant ICI , puis en notant et éventuellement commentant..)

     Quelques années plus tard, je découvrais aussi le Festival du Film Asiatique de Deauville où je retourne également chaque année, quoiqu'il arrive. Mais bien avant de déambuler sur les célèbres planches, je les avais admirées dans le film de Claude Lelouch, "Un homme et une femme" aussi pour beaucoup dans la réputation de ville cinématographique de Deauville. C'est ainsi là que, le 13 septembre 1965, Claude Lelouch arrive et change le destin de Deauville...et réciproquement. Après l'échec de son dernier film, il prend alors sa voiture, roule jusqu'à épuisement en allant vers Deauville où il s'arrête à 2 heures du matin en dormant dans sa voiture. Réveillé le matin par le soleil, il voit une femme depuis sa voiture, étonné de la voir marcher avec un enfant et un chien. Sa « curiosité est alors plus grande que la tristesse ». Il commence à imaginer ce que peut faire cette femme sur cette plage, avec son enfant, à cette heure matinale. Cela donnera « Un homme et une femme ».

    Avec « Un homme et une femme » Claude Lelouch a signé une histoire intemporelle, universelle avec un ton très personnel et poétique. La plus simple du monde et la plus difficile à raconter. Celle de la rencontre d'un homme et une femme, de la rencontre de deux solitudes blessées. Il prouve que les plus belles histoires sont les plus simples et que la marque du talent est de les rendre singulières et extraordinaires. Et surtout il a ainsi immortalisé Deauville, l'inscrivant comme ville romantique et cinématographique dans la mémoire collective.

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    D'ailleurs, je ne connais pas ou très peu d'endroits dont la réjouissante mélancolie, la beauté lunatique, la lumière éblouissante soient de telles sources d'inspiration.
     

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    En 2010, à l'occasion des 150 ans de la ville de Deauville, le Maire Philippe Augier avait eu l'idée de la célèbrer par un évènement par jour. En 2011, Deauville fêtait l'anniversaire de la Normandie. Et ainsi, désormais, chaque année, la ville de Deauville aura une thématique différente. Pour mon plus grand bonheur, la thématique 2012 sera ainsi le cinéma avec, d'abord, la création d'un nouveau festival, les Deauville Green Awards (dont la conférence de presse a eu lieu ce matin, je vous en parle dans l'article suivant), un festival du film corporate pour l'écologie et le développement durable. Encore un nouveau festival à Deauville me direz-vous après "Planche(s) contact", le festival de photographie dont vous aviez pu lire mon compte-rendu ici et dont c'était la deuxième édition, en 2011 mais, après tout, le cadre de Deauville leur sied si bien que nous aurions tort de nous en priver.

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    Deauville, avant d'être une ville de festivals, est néanmoins une ville de tournages parmi lesquels, "Bob le Flambeur", le premier film de Jean-Pierre Melville, "le Baron de l'Ecluse" de Jean Delannoy et beaucoup d'autres (j'y reviendrai) sans oublier les nombreuses stars du septième art qui y séjournèrent ou même y vécurent.

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    Parmi les évènements de cette année du cinéma, en voici quelques uns (auxquels d'autres seront prochainement ajoutés, je vous en informerai bien entendu):

    -Le 12 février, un hommage à "Jules et Jim", avec une deuxième édition de "L'amour en toutes lettres", sur la scène du Théâtre du Casino, un spectacle musical qui explore l'univers des passions amoureuses qui ont inspirées François Truffaut, à l'occasion des 50 ans de "Jules et Jim"

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    -Le récit de l'histoire du cinéma Le Morny et la visite de la cabine par la famille Lechanteur qui l'exploite depuis 1949 (date de l'évènement encore inconnue)

    -Le 28 Avril: Dans le cadre du Salon "Livres et Musiques" projection d'un documentaire sur Michel Petrucciani en présence du biographe Benjamin Halay et de Roger Taillot qui le rencontra lors de ses passages à Deauville dans le cadre du festival "Swing in Deauville".

    -Le 29 Avril également, Deauville rendra hommage à Sacha Guitry avec la projection de son avant-dernier film "Assassins et voleurs" qui y fut tourné en 1955.

    -Le 29 avril, en présence de l'auteur et réalisateur David Foenkinos, sera projeté "La Délicatesse". La projection du film sera suivie d'une rencontre entre David Foenkinos et Asa Mader, un cinéaste américain en résidence à Deauville, sur l'adaptation littéraire. Vous pourrez retrouver ma critique de ce film que je vous recommande vivement, en cliquant ici.

    - Le mois de septembre sera consacré aux monstres sacrés du septième art avec : un hommage à Jean-Pierre Melville, un hommage à Jean Gabin (A l'occasion  des Journées Européennes du patrimoine, la ville pourra ainsi se visiter suivant l'itinéraire de légende de l'acteur).

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    -Une nuit de la vidéo pour mettre en lumière des vidéos amateurs tournées à ou sur Deauville. L'ensemble des vidéos fera l'objet d'une projection de nuit cet été, des vidéos soumises au vote du public. Le film primé pourrait être projeté lors du prochain Festival du Cinéma Américain de deauville.

    -Trois expositions et visites mettront le septième art à l'honneur avec d'abord, éparpillés en ville des cubes géants servant de supports, de mars à mi-octobre pour exposer les liens de Deauville avec le 7ème art, ensuite une exposition Yul Brynner du 13 juillet au 30 novembre (l'acteur américain était aussi photographe, et a notamment photographié le Pays d'Auge où se situait sa résidence secondaire),  enfin  du 31 août au 9 septembre, une exposition des affiches du Festival du Cinéma Américain, place Morny. Des visites guidées "Deauville et le cinéma" sont également prévues à partir du 7 Avril.

    -Bien évidemment le Festival du Film Asiatique du 7 au 11 mars et le Festival du Cinéma Américain, du 31 août au 9 septembre, 2 festivals que vous pourrez suivre comme chaque année sur ce blog ainsi que sur mon nouveau magazine en ligne http://inthemoodlemag.com et bien sûr sur http://www.inthemoodfordeauville.com

    -La Saison culturelle célèbre Joseph Kessel, écrivain, familier de Deauville, dont 6 romans ont été adaptés au cinéma. 

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    -En septembre, Deauville accueillera l’équipe du Masque et la plume de France Inter, pour un enregistrement public depuis le théâtre du Casino, animé par Jérôme Garcin

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    -1 mardi par mois, à 21H,  au Cinéma du Casino, sera projeté gratuitement un film révèlé à Deauville:

    -6 mars: "Blind shaft " de Li Yang

    -27 mars: "La faute à Fidel" de Julie Gavras

    -10 avril: "Dans la peau de John Malkovich" de Spike Jonze

    -15 mai: "Voyageurs et musiciens de Khyentse Norbu

    29 mai: "Brodeuses" de Eléonore Faucher

    -19 juin: "The Visitor" de Thomas McCarthy

    -25 septembre : "Photo Obsession" de Mark Romanek

    -23 octobre: "Depuis qu'Otar est parti" de Julie Bertuccelli

    -27 novembre: "Sur la trace du serpent" de Lee Myung-se

    -18 décembre: "Little miss sunshine" de Jonathan Dayton

    -Au mois d'octobre, dans le cadre des Equi'days, sera projeté le film "Sport de filles" de Patricia Mazuy.

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    -Tout au long de l'année, seront organisés des ateliers jeune public avec, pendant les vacances scolaires,  une programmation particulière à l'attention des plus jeunes composée de projections et d'ateliers et de ciné-concerts.

    Plus d'infos bientôt ici et évidemment sur http://www.deauville.fr et http://www.deauville.org   .

    Retrouvez également cet article prochainement sur http://www.inthemoodfordeauville.com  et http://inthemoodlemag.com .

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  • Palmarès du Festival Premies Plans d'Angers 2012

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    Retrouvez ci-dessous le palmarès du Festival Premiers Plans d'Angers 2012 dans lequel vous retrouverez "Alexis Ivanovitch, vous êtes mon héros" de Guillaume Gouix, un court-métrage pour lequel j'avais eu un coup de coeur au dernier Festival du Film de Cabourg. Guillaume Gouix arrive à rendre particulièrement touchant ce personnage radieux et joyeusement désinvolte interprété par Swann Arlaud qui, en une fraction seconde, blessé dans son orgueil, va tout remettre en question, découvrant ne pas être le héros qu’il aurait aimé être aux yeux de son amoureuse. Ce film recèle de ces instants de vérité dont parle si souvent Lelouch ( même si ce court-métrage n’a rien d’un Lelouch) qui auraient à eux seuls justifient les récompenses accordées à ce film très juste et sensible.

    GRAND PRIX DU JURY

    LONG METRAGE EUROPEEN

     OSLO, 31 AOUT de Joachim Trier- Norvège

    PRIX DU PUBLIC

    LONG METRAGE EUROPEEN

    LA TERRE OUTRAGEE de Michale Boganim- France - Allemagne – Pologne

    GRAND PRIX DU JURY

    LONG METRAGE FRANCAIS

    L’AGE ATOMIQUE de Helena Klotz- France

    PRIX DU PUBLIC

    LONG METRAGE FRANCAIS

    LE PARADIS DES BETES de Estelle Larrivaz- France

    PRIX D’INTERPRETATION FEMININE ≪PRIX MADEMOISELLE LADUBAY≫

     Maria Canale, Ailin Salas et Martina Juncadella dans ABRIR PUERTAS Y VENTANAS de Milagros Mumenthaler

    Suisse - Argentine

    LONG METRAGE EUROPEEN OU FRANCAIS

    ABRIR PUERTAS Y VENTANAS de Milagros Mumenthaler Suisse – Argentine

    PRIX D’INTERPRETATION MASCULINE ≪PRIX JEAN CARMET≫

    LONG METRAGE EUROPEEN OU FRANCAIS

    Anders Danielsen Lie dans OSLO, 31 AOUT de Joachim Trier- Norvège

    GRAND PRIX DU JURY

    BORA BORA de Bogdan Mirica- Roumanie

    PRIX DU PUBLIC

    APELE TAC de Anca Miruna Lăzărescu- Allemagne

    GRAND PRIX DU JURY

    COURTS METRAGES FRANCAIS

    VILAINE FILLE MAUVAIS GARCON de Justine Triet- France

    PRIX DU PUBLIC

    COURTS METRAGES FRANCAIS

    JUNIOR de Julia Ducournau- France

    PRIX CCAS

    COURTS METRAGES FRANCAIS

    FAIS CROQUER de Yassine Qnia- France

     PRIX DES BIBLIOTHECAIRES

    COURTS METRAGES FRANCAIS

    ALEXIS IVANOVITCH, VOUS ETES MON HEROS de Guillaume Gouix- France

    PRIX DES BIBLIOTHECAIRES COURTS METRAGES FRANCAIS Mention spéciale

    JUNIOR de Julia Ducournau - France

    PRIX D’INTERPRETATION FEMININE- COURTS METRAGES FRANCAIS

    Garance Marillier dans JUNIOR de Julia Ducournau- France

    PRIX D’INTERPRETATION MASCULINE

    COURTS METRAGES FRANCAIS

    Swann Arlaud ALEXIS IVANOVITCH, VOUS ETES MON HEROS de Guillaume Gouix- France

    GRAND PRIX DU JURY PLANS ANIMES MALOU OU L’HOSTILITE

    MECANIQUE (EN UT MAJEUR) de Evelien Deroeck- Belgique

    GRAND PRIX DU JURY FILMS D’ECOLES EUROPEENS

    MKHOBBI FI KOBBA (Soubresauts) de Leyla Bouzi- France

    GRAND PRIX DU JURY

    FILMS D’ECOLES EUROPEENS Mention spéciale EFA

    L’AMBASSADEUR ET MOI de Jan Czarlewski Suisse

    PRIX DU PUBLIC FILMS D’ECOLES EUROPEENS

    HEIMKOMMEN de Micah Magee- Allemagne

    PRIX CINECOURTS / CINE +

    FILMS D’ECOLES EUROPEENS

    AMAN de Ali Jaberansari- Royaume-Uni

    PRIX DES ETUDIANTS D’ANGERS

    FILMS D’ECOLES EUROPEENS

    FIREWORKS de Giacomo Abbruzzese- France

    PRIX DES ETUDIANTS D’ANGERS

    FILMS D’ECOLES EUROPEENS

    Mention spéciale

    REACHING OUT TO MAMA de Olga Tomenko- Russie

    GRAND PRIX DU JURY

    COURTS METRAGES EN 3D-RELIEF

    J’ADORE CA de Sophie Blanvillain- France

    PRIX ARTE

    COURTS METRAGES EN 3D-RELIEF

    MISS DAISY CUTTER de Laen Sanches- France / Pays-Bas

    PRIX DE LA CREATION MUSICALE

    COURTS METRAGES ET FILMS D’ECOLES

    Felizol pour O BABAS MOU, O LENIN KAI O FREDDY de Irene Dragasaki- Grèce

    PRIX DU PUBLIC A UN SCENARIO DE LONG METRAGE

    LECTURES DE SCENARIOS

    LES NAUFRAGES de Boris Lojkine- France Lu par Rachida Brakni

    PRIX DU PUBLIC A UN SCENARIO DE COURT METRAGE

    LECTURES DE SCENARIOS

    LE LOCATAIRE de Nadège Loiseau- France Lu par Céline Sallette, Nadège Loiseau et Christophe Gravouil

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  • Palmarès du Festival International du Film Fantastique de Gérardmer 2012

     

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    Le Jury Longs métrages de la 19e édition du Festival International du Film Fantastique de Gérardmer, présidé par Enki Bilal et composé de Christine Citti, Vincent Desagnat, Dinara Drukarova, Tonie Marshall, Agnès Merlet, Joann Sfar et Tomer Sisley a remis les prix suivants :

     

    GRAND PRIX - Soutenu par La Région Lorraine

    BABYCALL de Pål SLETAUNE (Norvège )

    PRIX DU JURY - EX-AEQUO

    BEAST de Christoffer BOE (Danemark)
    LA MAISON DES OMBRES de Nick MURPHY (Royaume-Uni)

    PRIX DU PUBLIC  soutenu par La ville de Gérardmer

    EVA deKike MAÍLLO (Espagne & France)

    PRIX DE LA CRITIQUE -

    BABYCALL de Pål SLETAUNE (Norvège)

    Décerné par le Jury de la Critique composé de six journalistes/

    PRIX DU JURY JEUNES DE LA REGION LORRAINE -

    LA MAISON DES OMBRES de Nick MURPHY (Royaume-Uni)
    Décerné par le Jury jeunes, composé de lycéens de la Région Lorraine

    PRIX DU JURY SYFY -

    LA MAISON DES OMBRES de Nick MURPHY (Royaume-Uni)

     

    Syfy a rassemblé 5 inconditionnels du genre fantastique via un jeu concours pour composer le Jury Syfy

    Le Jury Courts-métrages de la 19 e édition du Festival International du Film Fantastique de Gérardmer, présidé par Jean-François Rauger et composé de Joséphine de Meaux, Arthur Dupont, Louise Monot et Yannick Rénier a décerné son prix à:

    GRAND PRIX DU COURT-MÉTRAGE -

    LE CRI de Raphaël MATHIÉ (France)

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  • Critique- "In the Air" de Jason Reitman avec George Clooney, ce soir, à 20H40, sur TPS Star

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    Quoi de mieux pour s'évader en cette période hivernale que d'aller voir un film intitulé « in the air » ? Détrompez-vous pourtant, il vous ramènera au contraire à la réalité de notre époque, à l'image de « Thank you for smoking » et « Juno », les deux premiers longs métrages de Jason Reitman qui se penchaient déjà sur des maux de notre société. Ce film n'en est pas moins réussi et divertissant mais pas seulement car surtout d'une nuance salutairement audacieuse contrairement à « Thank you for smoking » que j'avais trouvé finalement très conventionnel, démagogique et politiquement correct à force de revendiquer si ostensiblement ne pas vouloir l'être. Pour cette troisième réalisation, Jason Reitman a donc choisi d'adapter le roman de Walter Kirn « Up in the air ».

    Le protagoniste d' « In the air », Ryan Bingham est un professionnel du licenciement, il est ainsi chargé par des sociétés d'annoncer à leurs employés qu'ils vont être licenciés. Sa profession l'amène à parcourir les Etats-Unis et à passer beaucoup de temps dans les airs, dans les aéroports, les hôtels des aéroports, les bars des aéroports. Il collectionne les miles et atteindre les 10 millions de miles est son rêve le plus cher. Cette vie lui permet de fuir tout engagement : mariage, propriété, famille mais lorsque, lors d'un de ses nombreux voyages,  il rencontre son double féminin Alex (Vera Farmiga), tout se complique d'autant plus que, dans le même temps, son patron (Jason Bateman) l'incite à faire évoluer ses méthodes. Sur les conseils d'une jeune collaboratrice ambitieuse Natalie Keener (Anna Kendrick), il décide ainsi de faire désormais les licenciements par vidéo conférence, ce qui l'amènera à limiter ses voyages. Dans un premier temps Natalie l'accompagne...

    A lire ce synopsis, probablement vous attendez-vous à voir une énième comédie romantique dont le cynique protagoniste ouvre subitement les yeux sur le monde qui l'entoure et termine son existence  heureux et avec plein d'enfants de celle dont il est tombé amoureux, évidemment au premier regard. Alors, pour la deuxième fois, détrompez-vous et c'est là le grand atout d' « In the air » que celui de jouer avec les codes. Les codes d'un genre cinématographique d'un côté, les codes de notre société de l'autre.

    « In the air » est en effet une parfaite métaphore d'une société mondialisée qui n'a jamais communiqué si rapidement avec autant de moyens pour y parvenir. Nous n'avons jamais eu autant de moyens et de facilités à communiquer et voyager mais ces communications et ces voyages restent souvent illusoires et superficiels. Ne restent bien souvent que des images parcellaires des lieux et des personnes croisés telles ce que nous voyons du haut d'un avion. Un survol plus qu'un vol. A l'image de tous ces lieux que parcourt Ryan : uniformisés, froids, sans âme où il arrive et repart, sans attache.  Même l'amour se calcule par critères et en termes de rapidité comme dans cette scène où Natalie énumère les critères de son homme idéal tel un produit de consommation.

    Et puis il joue avec les codes du genre cinématographique, « in the air » mêlant habilement documentaire (les témoignages sont, pour la plupart, ceux de vrais licenciés ancrant ainsi l'intrigue dans une vraie réalité économique et lui donnant judicieusement cette humanité dont le film dénonce l'absence dans notre société actuelle qui veut aller toujours plus vite quitte à annoncer des licenciements par ordinateur) répondant aux codes de la comédie romantique pour mieux nous dérouter, et, en un plan magistral, nous montrer la violence fracassante du retour sur terre lorsqu'on a pour habitude de survoler et fuir la réalité. Et c'est pour cela que je parle d'audace... Quand je vois les films d'une société de production française que je ne citerai pas mais que vous reconnaîtrez tous qui construit toutes ses productions sur le même modèle (un pitch accrocheur, un scénario qui ne l'est pas forcément, des têtes d'affiche et  des personnalités venant de l'univers télévisuel, des décors exotiques ...), écrire et produire des scénarii nuancés relève de l'audace. Le film y gagne, à l'image de son personnage principal, en profondeur et en lucidité sur le monde qui l'entoure et nous entoure.

    « In the air » n'en est a pour autant un film démoralisant. Certes lucide sur notre société matérialiste, uniformisée et individualiste, il n'en est pas moins par moments (peut-être justement de par cette lucidité) irrésistible, le scénario regorgeant de bonnes idées, d'instants jubilatoires et les trois acteurs principaux étant parfaits dans leurs rôles respectifs avec une mention spéciale pour George Clooney qui, de par ses  choix de rôles, se construit une carrière des plus cohérentes, et est ici parfait en homme a priori cynique (mais pas tant que ça pour ne pas forcer le trait et rester dans la nuance) qui voit ses certitudes et son style de vie être ébranlés. Les décors et la lumière épousent intelligemment ce passage du contrôle au chaos, de la frénésie de son existence à davantage de calme, de réflexion, d'un univers déshumanisé à l'humanisation. Si la prise de conscience reste assez prévisible, les chemins pour y parvenir sont traités avec une nuance réjouissante pour le spectateur,  le cinéaste ayant par ailleurs l'intelligence de ne pas faire un discours moralisateur et  de ne pas nous dicter un choix de vie plutôt qu'un autre.   Ajoutez à cela une bande originale particulièrement réussie, des dialogues délectables et vous serez forcément ravis de ce voyage dans les airs.

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