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IN THE MOOD FOR NEWS (actualité cinématographique) - Page 52

  • Critique- Sortie DVD- "I'm still here" de Casey Affleck avec Joaquin Phoenix

    Ce 24 novembre est sorti en DVD "I'm still here" de Casey Affleck avec Joaquin Phoenix. Une bonne occasion de le découvrir si vous l'aviez manqué lors de sa sortie. Retrouvez ma critique ci-dessous.

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    C'est dans le cadre du dernier Festival Paris Cinéma que j'avais découvert en avant-première « I’m still here » de Casey Affleck (dont c’est le premier film en tant que réalisateur, acteur exceptionnel notamment dans « L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford » d’Andrew Dominik ou dans « Gone baby gone » de son frère Ben Affleck) et Tom Blomquist… quelques jours après avoir revu « Two lovers » de James Gray (ma critique en bonus en bas de cet article) dans le cadre de ce même festival.  « I’m still here » a déjà été présenté dans plusieurs festivals et non des moindres puisqu’il figurait en sélection officielle de la Mostra de Venise et du Festival International de Toronto.

    C’est justement après la fin du tournage de « Two lovers » que Joaquin Phoenix a (vraiment) annoncé qu’il voulait arrêter sa carrière pour… se consacrer à la musique. C’est son beau-frère Casey Affleck qui immortalise ces instants, pendant deux ans, de l’explication de ses motivations … à sa descente aux enfers…ou plutôt disons qu’il feint d’immortaliser ces instants puisque tout cela n’est que fiction même si pendant deux ans Joaquin Phoenix a tout fait pour (nous) laisser croire qu’il s’agissait de la réalité.

    Ce style hybride (apparent documentaire mais vraie fiction), ce jeu constant sur les frontières entre fiction et réalité ( il manipule la réalité comme les médias manipulent sa réalité) en font à la fois un film fascinant et agaçant, humble et présomptueux ; en tout cas un objet filmique singulier posant des questions passionnantes sur le statut de l’image (au double sens du terme d’ailleurs : image cinématographique et image de l’artiste).

     « I’m still here » est fascinant en ce qu’il dresse finalement bien moins le portrait d’un homme que celui de la société qui le regarde mais c’est en cela que c’est aussi effrayant d’ailleurs.  Barbe, cheveux hirsutes, tenue vestimentaire improbable et hygiène aléatoire : sa métamorphose physique s’accompagne d’une descente aux enfers mais,  plus que spectacle de sa propre déchéance, nous assistons  finalement davantage au spectacle de ceux qui regardent et se délectent de cette déchéance avec mépris, cynisme, voracité. Voracité médiatique mais aussi voracité du public. Une scène en est particulièrement significative : tandis que sur scène il ânonne tant bien que mal un pseudo rap aux paroles aussi nombrilistes qu’insultantes envers le public, et dramatiquement drôles, une marée de téléphones portables immortalise l’instant sans vergogne... et sans broncher.  Scène édifiante, cynique, dérangeante,  et finalement insultante pour le spectateur, miroir du public carnassier qui assiste à cette scène et se glorifie d’y assister. Parce que ne nous y trompons pas : s’il feint de se ridiculiser, de caricaturer l’artiste en pleine décadence,  c’est finalement lui, Joaquin Phoenix, qui en sort avec le beau rôle, paradoxalement le sien, celui de l’innocent broyé par un système face à notre inertie et notre délectation coupables.

     Certes, avant le spectateur, c’est le flux dévorant d’images médiatiques qui se nourrit sans recul de ses excès (drogue, sexe, humiliations : rien ne nous est épargné), qui absorbe sans s’interroger ou se remettre en questions, que stigmatise cette fiction aux airs trompeurs de documentaire mais c’est aussi le spectateur ou le citoyen lambda avec son téléphone portable qui en devient le complice ou l’instigateur. C’est alors faire preuve d’une certaine condescendance à l’égard du public : un public aveugle, crédule, manipulateur (d’images) manipulé et doublement manipulé. Manipulé dans le spectacle que Joaquin Phoenix lui a donné à voir pendant deux ans mais aussi manipulé dans celui qui se déroule sur l’écran. Seulement, si pour la première manipulation la supercherie a parfaitement fonctionné, la seconde (même pour un spectateur ignorant de l’histoire et du caractère fallacieux du documentaire) laisse trop souvent entrevoir son dispositif (rôle trop écrit de Puff Daddy et présence préalable de la caméra alors que celui-ci feint la surprise devant la présence de Joaquin Phoenix) pour que la manipulation fonctionne parfaitement puisque volonté de manipulation il y a bel et bien, le film étant qualifié de « documentaire ».   Il fallait en tout cas beaucoup d’audace, de détermination, de folie (ou plutôt au contraire de raison) pour continuer à jouer le jeu même pendant la promotion d’un sublime film comme « Two lovers » dont on ne peut s’empêcher de penser que ce buzz médiatique lui a nui.

     N’en demeure pas moins un film très malin dont le début fait intelligemment écho à la fin mais aussi au dernier rôle Joaquin Phoenix (de Leonard dans « Two lovers » qui au début du film se jette à l’eau) qui se jette aussi à l’eau (là aussi dans les deux sens du terme), accentuant les résonances entre fiction et (semblant de) réalité. Et si dans la fiction « Two lovers » cela a fait revenir  son personnage à la réalité, ici cela lui permet de tuer ce personnage qu’il a endossé pendant deux ans lors d’une très belle scène finale. D’ailleurs « I’m still here » contient plusieurs très beaux plans de cinéma qui signent la naissance d’un vrai cinéaste.

     Le scénario est finalement très habile, et même cyniquement drôle, parfois au détriment de ceux qui en sont les complices plus ou moins volontaires Malgré son narcissisme, sa condescendance, « I’m still here » est une œuvre passionnante, audacieuse, un saut dans le vide , une mascarade, une manipulation, une « performance artistique », un pied-de-nez à un afflux abêtissant d’images qu’il interroge intelligemment d’autant plus à une période où une affaire dont on ne sait plus très bien si elle est fiction ou réalité se déroule là aussi sur les yeux lunatiques, dévorants, carnassiers des médias et de citoyens devenus public.   Un film aussi malin que le « Pater » d’Alain Cavalier (même si je préfère et de loin celui de Casey Affleck), l’un et l’autre mettant en scène la réalité, un simulacre de réalité dont le réalisateur est le manipulateur et le spectateur la marionnette, victime d’images dont il est d’habitude le coupable, vorace et impitoyable filmeur. Une brillante inversion des rôles. Une démonstration implacable. A voir.

    Sachez enfin que Joaquin Phoenix (est-il besoin de l’ajouter, ici, remarquable) sera prochainement à l’affiche des films de James Franco, Steven Shainberg, Paul Thomas Anderson.

     Sortie en salles : le 13 juillet.

    Critique de "Two lovers" de James Gray

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     « Two lovers » sera également projeté au mk2 bibliothèque, vendredi 8  juillet, à 14H45.

     Direction New York, ville fétiche du cinéma de James Gray, où, après avoir tenté de se suicider,  un homme hésite entre suivre son destin et épouser la femme que ses parents ont choisie pour lui, ou se rebeller et écouter ses sentiments pour sa nouvelle voisine, belle, fragile et inconstante, dont il est tombé éperdument amoureux, un amour dévastateur et irrépressible.

    L’intérêt de « Two lovers » provient avant tout des personnages, de leurs contradictions, de leurs faiblesses. Si James Gray est avant tout associé au polar, il règne ici une atmosphère de film noir et une tension palpable liée au désir qui s’empare du personnage principal magistralement interprété par Joaquin Phoenix avec son regard mélancolique, fiévreux, enfiévré de passion, ses gestes maladroits, son corps même qui semble  crouler sous le poids de son existence, sa gaucherie adolescente.

    Ce dernier interprète le personnage attachant et vulnérable de Leonard Kraditor (à travers le regard duquel nous suivons l’histoire : il ne quitte jamais l’écran), un homme, atteint d'un trouble bipolaire (mais ce n'est pas là le sujet du film, juste là pour témoigner de sa fragilité) qui, après une traumatisante déception sentimentale, revient vivre dans sa famille et fait la rencontre de deux femmes : Michelle, sa nouvelle voisine incarnée par Gwyneth Paltrow, et Sandra, la fille d’amis de ses parents campée par l’actrice Vinessa Shaw. Entre ces deux femmes, le cœur de Leonard va balancer…

    Il éprouve ainsi un amour obsessionnel, irrationnel, passionnel pour Michelle. Ces « Two lovers » comme le titre nous l’annonce et le revendique d’emblée ausculte  la complexité du sentiment amoureux, la difficulté d’aimer et de l’être en retour, mais il ausculte aussi les fragilités de trois êtres qui s’accrochent les uns aux autres, comme des enfants égarés dans un monde d’adultes qui n’acceptent pas les écorchés vifs. Michelle et Leonard ont, parfois, « l’impression d’être morts », de vivre sans se sentir exister, de ne pas trouver « la mélodie du bonheur ».

    Par des gestes, des regards, des paroles esquissés ou éludés, James Gray  dépeint de manière subtile la maladresse touchante d’un amour vain mais surtout la cruauté cinglante de l’amour sans retour qui emprisonne ( plan de Michelle derrière des barreaux de son appartement, les appartements de Leonard et Michelle donnant sur la même cour rappelant ainsi « Fenêtre sur cour » d’Hitchcock de même que la blondeur toute hitchcockienne de Michelle), et qui exalte et détruit.

    James Gray a délibérément choisi une réalisation élégamment discrète et maîtrisée et un scénario pudique et  la magnifique photographie crépusculaire de Joaquin Baca-Asay qui procurent des accents lyriques à cette histoire qui aurait pu être banale,  mais dont il met ainsi en valeur les personnages d’une complexité, d’une richesse, d’une humanité bouleversantes.  James Gray n’a pas non plus délaissé son sujet fétiche, à savoir la famille qui symbolise la force et la fragilité de chacun des personnages (Leonard cherche à s’émanciper, Michelle est victime de la folie de son père etc).

     Un film d’une tendre cruauté, d’une amère beauté, et parfois même d'une drôlerie désenchantée,  un thriller intime d’une vertigineuse sensibilité à l’image des sentiments qui s’emparent des personnages principaux, et de l’émotion qui s’empare du spectateur. Irrépressiblement. Ajoutez à cela la bo entre jazz et opéra ( même influence du jazz et même extrait de l’opéra de Donizetti, L’elisir d’amore, « Una furtiva lagrima » que dans  le chef d’œuvre de Woody Allen « Match point » dans lequel on retrouve la même élégance dans la mise en scène et la même "opposition" entre la femme brune et la femme blonde sans oublier également la référence commune à Dostoïevski… : les ressemblances entre les deux films sont trop nombreuses pour être le fruit du hasard ), et James Gray parvient à faire d’une histoire a priori simple un très grand film d’une mélancolie d’une beauté déchirante qui nous étreint longtemps encore après le générique de fin. Trois ans après sa sortie : d’ores et déjà un classique du cinéma romantique.

     
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  • Dernier week end pour profiter des expositions "Planche(s) contact" à Deauville

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    Ci-dessus, quelques unes de mes photos prises à Deauville le 29 octobre dernier...

    Rappelez-vous: fin octobre j'avais été invitée à Deauville pour le très beau nouveau festival de la photographie "Planche(s) contact". Ce week end est le dernier pour profiter des expositions, je vous engage à en profiter! Retrouvez mon compte-rendu complet à ce sujet: "Compte-rendu du Festival Planche(s) contact 2011: les 1000 visages d'une beauté versatile et mélancolique."

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  • Bande-annonce de "Titanic" de James Cameron en salles et en 3D le 4 avril 2012

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    Il est rare que je vous présente ici des bandes-annonces mais... je ne résiste pas à celle-ci qui vous rappellera sans doute des souvenirs puisqu'il s'agit de celle d'un film qui a battu tous les records en 1998.

     Un film romantique et mélodramatique qui s'assume pleinement doublé d'un grand spectacle. La quintessence du genre. En attendant ma critique prochaine et de le (rerere)voir en salles à l'occasion de sa ressortie en 3D, le 4 Avril 2012 (rerere)découvrez la bande-annonce.

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  • "Les Adoptés" de Mélanie Laurent: prix du jury et prix du public du Festival de Saint Jean de Luz

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    Photos ci-dessus et ci-dessous prises par Inthemoodforcinema.com lors du Festival de Saint Jean de Luz

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    C'est à Saint Jean de Luz, au Festival International des Jeunes Réalisateurs( http://www.inthemoodforcinema.com/archive/2011/10/18/festival-international-des-jeunes-realisateurs-de-saint-jean.html ) que j'ai découvert le premier film réalisé par Mélanie Laurent "Les Adoptés" qui sortira en salles, le 23 novembre prochain.

    C’est en adoptes.jpgeffet Mélanie Laurent qui a fait l’ouverture du festival avec « Les Adoptés », également en compétition, qui a reçu le prix du jury et le prix du public, 10 ans après avoir été elle-même membre du jury du festival. 

    "Les Adoptés", c'est l’histoire d’une famille de femmes unies par un bel et fragile équilibre qui se rompra quand l’une d’entre elles tombera amoureuse. Elles n’auront pas le temps de le reconstruire, un drame frappant l’une d’elles qui se retrouve dans le coma.

    Il faudra alors vivre avec l’absence et le manque, s’adopter (il s’agit bien évidemment ici d’une adoption symbolique), tisser des liens nouveaux, un nouvel équilibre peut-être encore plus fort car soudé par le drame…

     Mélanie Laurent a "le malheur" d’être polyvalente : elle chante (avec talent), joue, réalise, et a même présenté la cérémonie d’ouverture du Festival de Cannes, ce qui est forcément mal vu dans un pays où on souhaite mettre dans  des cases y compris les personnes joliment inclassables mais ce qui montre surtout qu’elle est une artiste à part entière, guidée par le désir de créer (elle avait d'ailleurs même été sélectionnée à Cannes avec son court-métrage "De moins en moins"). Je suis d'ailleurs assez consternée par les commentaires de ceux qui n'ont pas vu le film, ne daigneront pas aller le voir mais qui sont déjà persuadés qu'il est mauvais (il faudra d'ailleurs qu'ils m'en expliquent la raison: le film d'un réalisateur inconnu provenant d'une contrée éloignée et méconnue bénéficie forcément de plus d'indulgence que celui d'une actrice connue censée visiblement n'être là que grâce à son nom mais pourquoi ne pourrait-on pas lui laisser le bénéfice du doute, au moins?),  confirmant ainsi la justesse de sa récente mise en cause de la critique (comme si critiquer négativement et avec cynisme était synonyme d'esprit critique). Critiquer sera de toutes façons toujours plus facile et vain que créer...

     Elle dit que ce sont avant tout les idées de mise en scène qui l’ont conduite à réaliser ce film, et c’est ce qui en fait la grande qualité et la faiblesse. La réalisation est sensible, inspirée, et témoigne d’un vrai regard de cinéaste, très influencée par le cinéma indépendant américain. Elle revendique par ailleurs trois références: la comédie dramatique "Garden State" de Zach Braff, "Punch-drunk love" de Paul Thomas Anderson et "Morse" de Tomas Alfredson.

     Elle fait alterner humour et larmes avec sensibilité, et sa réalisation est lumineuse, portée par des comédiens de talent malheureusement encore peu connus (Marie Denarnaud et Denis Ménochet) à tel point que Mélanie Laurent qui ne souhaitait pas jouer au préalable à dû s’y résoudre pour que le film puisse être monté, une réalisation lumineuse qui vient contrebalancer la dureté du sujet, le tout porté par la douceur des Nocturnes de Chopin.

    Un film lumineux et tendre sur un sujet grave, qui n’échappe pas à quelques longueurs mais en tout cas très prometteur pour la suite. Peut-être le fait que le sujet ne soit pas personnel (mais c'était là une volonté de sa part que de traiter d'un sujet qui ne soit pas personnel) explique-t-il que ce petit plus  qui rende un film marquant et poignant lui fasse défaut.

     Mélanie Laurent a également eu la bonne idée de tourner à Lyon sans que le lieu soit pour autant clairement identifiable, sa caméra étant principalement centrée sur ses acteurs principaux, leurs émotions. « On fait des films pour soi avec des équipes, avec des acteurs mais aussi pour le public. Et pour moi donc c’est le plus beau des prix » a-t-elle déclaré en recevant son prix du public. Un conte solaire, d'une gravité joliment et lumineusement mélancolique, que je vous recommande.

    Retrouvez ci-dessous mes vidéos prises au Festival de Saint Jean de Luz, lors de la présentation du film par Mélanie Laurent et lors de la remise des prix et en bonus, le clip de sa chanson "En t'attendant" qui me trotte dans la tête depuis un moment.

     

     

     

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  • Plus de 2 millions de spectateurs pour "Polisse" de Maïwenn et plus de 5 millions pour "Intouchables"

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    Je vous parle ici rarement du nombre d'entrées des films, la qualité cinématographique n'en étant malheureusement pas toujours synonyme contrairement à "Polisse" dont je vous avais déjà parlé lors du Festival de Cannes où je l'ai découvert, en compétition, puis lors du Festival Paris Cinéma dont il a fait l'ouverture. Je vous l'avais alors vivement recommandé (vous retrouverez, ainsi, ci-dessous, ma critique et les photos et vidéos prises lors du Festival Paris Cinéma et de la conférence de presse du Festival de Cannes).

    "Polisse" vient ainsi de dépasser les 2 millions d'entrées et "Intouchables" les 5, 6 millions en deux semaines seulement. Si le premier m'a particulièrement enthousiasmée, j'avoue que je reste assez perplexe devant l'engouement critique pour le second (même si je comprends que le public se soit déplacé en grand nombre pour un film qui est extrêmement drôle, sans doute salutaire dans une période de morosité) qui, malgré sa drôlerie, malgré le jeu  des comédiens, par un tour de passe-passe qui a consisté à mettre l'accent sur le message du film (auquel on ne peut qu'adhérer, la leçon d'espoir, de tolérance, l'histoire d'amitié improbable et d'autant plus touchante, l'absence d'apitoiement) pour faire oublier les lacunes cinématographiques de ce conte des temps modernes (une mise en scène qui n'a rien d'exceptionnel, des personnages secondaires tout de même très caricaturaux, et un scénario qui s'apparente à une suite de sketchs, certes très réussis). "The Artist" de Michel Hazanavicius aurait pour moi davantage mérité ce succès phénomènal, lequel n'avoisine "que" les 1 500000 spectateurs, un succès néanmoins parait-il exemplaire pour un film muet en noir et blanc...et surtout Jean Dujardin mériterait 100 fois plus un César (et un Oscar d'ailleurs) qu'Omar Sy qui est certes irrésistible dans "Intouchables" mais ne livre pas une performance aussi exceptionnelle que le premier.

    J'entends ici et là que nous avons "enfin" du bon cinéma français. C'est oublier un peu vite que Resnais et Téchiné (malgré son décevant dernier film), parmi d'autres, sont encore bien vivants et que le cinéma français compte les plus grands chefs d'oeuvre dans son Histoire... Des succès néanmoins réjouissants pour la création et pour le cinéma français...

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    « Polisse » est le troisième long métrage de Maïwenn  après « Pardonnez-moi » (2006) et « Le bal des actrices » (2009).  J’étais restée particulièrement sceptique devant «Le  Bal des actrices » , film sur les masques et  les mensonges des actrices  dans lequel Maïwenn nous impose sa propre vérité, un bal dont elle est la reine et la manipulatrice, un bal dans lequel le cinéma est montré comme un théâtre masqué, un monde de faux-semblants dans lequel les actrices sont toutes malheureuses, narcissiques, prétentieuses et pour se dédouaner de s'être attribuée le beau rôle, Maïwenn lors d'une scène finale (lors de laquelle toutes les actrices sont réunies pour voir son documentaire) devance toutes les critiques, ses actrices lui adressant les reproches que pourrait lui faire la critique. Bref, je craignais le pire avec le sujet ô combien sensible de ce troisième long métrage.

     Connaissant l’intrigue et le dénouement, j’étais curieuse de voir si je serais à nouveau embarquée, touchée, parfois agacée… et je dois avouer qu’à cette deuxième vision l’émotion, surtout, était tout autant au rendez-vous qu’à la première.

    Synopsis : « Polisse » suit le quotidien des policiers de la BPM (Brigade de Protection des Mineurs) : gardes à vue de pédophiles,  arrestations de pickpockets mineurs, auditions de parents maltraitants, dépositions des enfants, les dérives de la sexualité chez les adolescents, mais aussi la solidarité entre collègues et les fous rires incontrôlables dans les moments les plus impensables. En parallèle, Maïwenn montre les répercussions sur la vie privée de chacun de ces policiers et l’équilibre précaire entre leur vie professionnelle et leur vie privée. Mélissa ( Maïwenn) est mandatée par le Ministère de l’Intérieur pour réaliser un livre de photos sur la brigade. Ce regard va révéler les fêlures de Fred (Joeystarr), le plus écorché vif de la brigade.

    Les premières minutes nous montrent une petite fille décrivant avec sa candeur enfantine les attouchements que son père lui a ou aurait fait subir (nous ne saurons pas vraiment). Quelques scènes plus tard, nous retrouvons les policiers de la BPM qui, à la cantine, racontent leurs histoires de couples, avec une certaine crudité, à la fois pour désamorcer la violence de ce qu’ils entendent au quotidien, mais aussi parce que cette violence a des répercussions inévitables sur leur vie privée.

      C’est avant tout eux que la caméra de Maïwenn va suivre, nous immergeant dans leur douloureux quotidien. Douloureux parce que difficile d’entendre des horreurs toute la journée et de ne pas en ressortir écorché, voire blessé, ou même meurtri. Douloureux parce que la vie privée devient chaotique quand la vie professionnelle est aussi rude et vorace, et exige un tel dévouement dont il est impossible de ressortir indemne. Douloureux parce que les blessures des autres ravivent les leur.

    Lors de la première projection à Cannes, je vous avais dit avoir été partagée entre émotion et scepticisme, agacement et admiration mais j’avoue que cette fois l’émotion et l’admiration ont dominé. Emotion parce que la caméra de Maïwenn capte et esquisse admirablement des portraits de pères, de mères, d’hommes, de femmes, d’enfants, désemparés face à la douleur indicible mais aussi la glaçante épouvante de ceux qui avouent les pires horreurs avec le sourire et une terrible « innocence », inconscients de celle qu’ils ont bafouée (Terrifiante déclaration du personnage d’Audrey Lamy inspirée comme tous les autres faits de ce film, de faits réels). Emotion parce qu’il est impossible de rester insensible devant, par exemple, cette scène douloureusement réaliste de cet enfant arraché à sa mère parce qu’il est impossible de leur trouver un foyer à tous deux. Emotion lorsque par un frôlement de main, une danse d’abandon, surgit une tendresse si longtemps contenue. Emotion parce que la scène finale d’une logique tragiquement implacable vous saisit d’effroi.

    Admiration parce que Maïwenn en quelques plans, parfois juste le temps d’une déclaration à la police, nous raconte toute une histoire, un passé sombre et un avenir compromis. Admiration parce qu’elle tire des acteurs et surtout actrices, le meilleur d’eux-mêmes : Sandrine Kiberlain bouleversante,  Karin Viard insaisissable, touchante puis presque effrayante,  et que dire de Marina Foïs, remarquable dans le rôle de ce personnage de policier, le plus intéressant, abimé, fragile, désorienté. Même Joeystarr dont la prestation dans « Le bal des actrices » ne m’avait pas convaincue, est ici particulièrement touchant dans son rôle de flic bourru au cœur tendre qui s’implique émotionnellement dans chaque « cas ».

    Alors pourquoi étais-je aussi sceptique et agacée suite à la projection cannoise ? Sceptique parce que le personnage qu’incarne Maïwenn qui se cache derrière ses grandes lunettes, son chignon, qui passe des beaux quartiers aux quartiers plus populaires, semble une nouvelle fois une manière de se dédouaner, de se donner le beau rôle, de se mettre en scène sans que cela soit forcément nécessaire. Il faut avouer que, suite à cette deuxième projection, j’ai trouvé que son personnage qui certes parfois sourit un peu trop béatement, apporte une certaine fraîcheur, un regard extérieur et est une vraie trouvaille scénaristique pour permettre au personnage de Joeystarr d’évoluer et de révéler une autre facette de sa personnalité. C’est aussi un moyen d’explorer à nouveau la mise en abyme.  C'est d’ailleurs après avoir vu un documentaire à la télévision sur le travail des policiers chargés de protéger les mineurs, qu'elle a eu l'idée d'en faire un film.

     Agacée par ce style faussement réaliste (Lors de la conférence de presse des lauréats à Cannes, Maïwenn s’est énervée suite à la question d’un journaliste qui, à propos de son film, parlait de style semi-documentaire) qui recrée une réalité et forcément l’édulcore pour faire surgir une réalité qui forcément n’en est pas totalement une. Agacée parce que Maïwenn par moments semble nous refaire « Le bal des actrices » et plus soucieuse de leurs performances que du réalisme (peut-être aurait-il été plus judicieux d’utiliser uniquement des comédiens inconnus) mais après cette deuxième projection, je reconnais que tous les acteurs sans exception, sont absolument remarquables et que Maïwenn est incontestablement douée pour la direction d’acteurs sachant tirer ici le meilleur de chacun (les « témoignages » d’anonymes sont saisissants).

    Agacée parce que parfois la caméra s’attarde un peu trop, et nous prend en otage, ou parce que parfois elle semble privilégier ou du moins hésiter entre l’effet de style ou l’émotion et le réalisme (comme la scène des enfants qui dansent dans le bus). Agacée parce que, à l’image de son titre, cela frôle alors l’artificiel. Polisse écrit par un enfant. Polisse mais surtout pas « policé ». Polisse parce qu’il y avait déjà le PoliCe de Pialat.

    Avec ce troisième film, Maïwenn veut à nouveau faire surgir la vérité, « peindre les choses cachées derrière les choses » pour reprendre une célèbre réplique d’un non moins célèbre film de Marcel Carné. En voulant parfois trop mettre en valeur ses actrices (ou elle-même), elle nuit justement à cette vérité nous rappelant trop souvent que « c’est du cinéma », alors qu’elle retranscrit malheureusement surtout une sombre réalité. Il n’en demeure pas moins que c’est un bel hommage à ces policiers de la BPM, à leur dévorant métier et leur dévouement,  un constat effroyable sur la noirceur humaine, et il n’en demeure pas moins que la fin est bouleversante de beauté tragique et de lyrisme dramatique : ces deux corps qui s’élancent, et font éclater ou taire la vérité, inadmissible, et éclater ou taire l’espoir. Un film agaçant, intense, marquant, bouleversant, parfois même (sombrement) drôle.

    A cette deuxième vision, la qualité de la réalisation (caméra nerveuse qui épouse la tension palpable), et surtout l’écriture m’ont particulièrement marquée, sans doute la raison pour laquelle Maïwenn condamnait cette définition de semi-documentaire. Le film est extrêmement construit, les dialogues sont particulièrement efficaces et sans doute certains les trouveront trop écrits, en contradiction avec l’impression de réalisme auquel ils ne nuisent néanmoins pas. Chaque scène de chaque personnage, qu’il soit au premier ou au second plan, dit quelque chose du dénouement concernant ce personnage et il faut dire que Maïwenn et sa coscénariste Emmanuelle Bercot manient brillamment le film choral aidées par un brillant montage qui fait alterner scènes de la vie privée et scènes de la vie professionnelle, les secondes révélant toujours quelque chose sur les premières, ces deux familles se confondant parfois. Pialat, Tavernier, Beauvois, Marchal avaient chacun à leur manière éclairer une facette parfois sombre de la police. Il faudra désormais compter avec le « Polisse » de Maïwenn dont le prix du jury cannois était en tout cas entièrement justifié.

    Cliquez ici pour lire le compte rendu de la conférence de presse cannoise de « Polisse ».

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  • HIMYB : le rendez-vous des blogueurs passionnés de cinéma

    HIMYB. Peut-être ces initiales ne vous diront-elles rien ou vous rappelleront-elles simplement vaguement celles d'une série télévisée bien connue. Peut-être donc ne connaissez-vous pas encore "How I met your blogger", le rendez-vous des blogueurs cinéma passionnés de cinéma qui fêtera déjà sa 5ème édition.  "Des blogueurs cinéma passionnés de cinéma" : un pléonasme, me direz-vous...Pas du tout! Mais c'est là un autre débat (sur lequel je me suis largement exprimée dans cette note) que celui de ces blogs qui se créent plus par opportunisme que par passion et ceux pour qui le cynisme vindicatif est devenu le credo pour se démarquer dans une époque où il est glorifié au détriment de la passion plus discrète.

     En général, ceux qui viennent à HIMYB sont heureusement là pour partager leur passion et parler cinéma jusqu'au bout de la nuit, et même la blogueuse que je suis qui, en général, n'affectionne pas particulièrement les réunions de plus de 3 personnes est toujours ravie d'y venir et de retrouver des connaissances forgées au gré de mes 8 années de blog(s) et avec lesquelles le cadre convivial permet d'échanger plus longuement que dans celui de projections presse.  J'y retrouve ce que j'ai apprécié au début du blog: la possibilité de partager sa passion.

    Si vous aussi avez envie de découvrir quels êtres étranges et non moins sympathiques se dissimulent derrière de mystérieux pseudonymes alors vous êtes les bienvenus le vendredi 2 décembre à partir de 19h30 chez Foncier Home (43 Boulevard des Capucines, 75002 Paris, face à l'Olympia, metro Madeleine M8-12-14).
    Pour vous inscrire, c'est ici.
    Et n'oubliez pas de devenir fan sur Facebook et de suivre l'équipe HIMYB sur Twitter pour tout savoir.

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  • Ouverture du Festival du Film de Sarlat 2011 avec "La Délicatesse" de David et Stéphane Foenkinos

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    Non, je ne suis pas encore partie dans de nouvelles pérégrinations festivalières, cette fois à Sarlat, mais je tenais néanmoins à vous parler de ce festival qui présente dans sa sélection de nombreux films récemment recommandés par inthemoodforcinema.com parmi ses 29 avant-premières, à commencer par le film d'ouverture, "La Délicatesse" de David et Stéphane Foenkinos-dont vous pourrez retrouver ma critique, ici-, projeté ce soir à 19H, un de mes grands coups de coeur de cette année.

     Parmi les films en sélection, d'autres grands coups de coeur de cette année comme "Une bouteille à la mer" de Thierry Binisti (primé à Saint Jean de Luz mais aussi récemment au Festival de La Réunion)  ou "Louise Wimmer" de Cyril Mennegun découverts au Festival de Saint Jean de Luz (retrouvez mon compte-rendu du festival, ici) mais aussi "17 filles" de Muriel et Delphine Coulin, prix Michel d'Ornano du dernier Festival du Cinéma Américain de Deauville ou "Elena" d'Andrei Zvianguintsev qui fait par ailleurs l'ouverture de la semaine du cinéma russe à Paris, également ce soir.

     Vous pourrez également y découvrir d'autres films très attendus comme "Les Lyonnais" d'Olivier Marchal ou encore "L'ordre et la morale" de Mathieu Kassovitz.

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