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IN THE MOOD FOR NEWS (actualité cinématographique) - Page 63

  • Critique de "Les Noces rebelles" de Sam Mendes avec Kate Winslet et Leonardo DiCaprio (ce soir sur TPS star)

    J'emploie le terme chef d'oeuvre avec parcimonie mais je n'hésite pas pour ce film à ne manquer sous aucun prétexte, ce soir, à 20H40, sur TPS Star.

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    Lorsqu’ils se rencontrent, April (Kate Winslet) et Frank Wheeler (Leonardo Di Caprio) en sont persuadés : ils sont différents, exceptionnels même. Certes ils ont emménagé sur Revolutionary road,  dans une banlieue tranquille comme il y en a tant d’autres, où les conventions sociales et la vie routinière règnent mais ils en sont certains : ils ne se laisseront pas piéger. Oui, ils sont différents et le prouveront.

    Actrice sans talent, April consacre  pourtant bientôt tout son temps à sa maison et ses enfants, en rêvant d’une vie trépidante loin de Revolutionary road.  Frank, quant à lui, fait un travail sans intérêt dans un bureau dans la même entreprise que celle où son père travaillait, et finit par tromper sa femme avec une secrétaire terriblement insignifiante et stupide.

    Un jour, celui-là même ou Frank commence à la tromper, en fouillant dans sa boîte à souvenirs, April trouve une photo de Frank à Paris et se souvient de leurs aspirations.  Elle reprend brusquement goût à la vie, surtout espoir en la vie et en l’avenir. C’est décidé : leur avenir est à Paris, elle convainc Franck de partir y vivre quelques mois plus tard. Ils l’annoncent alors à leurs proches avec l’insolence du bonheur.

    L’intrigue se déroule dans le Connecticut, dans les années 50 mais ce n’est finalement qu’un détail… tant ce film a une portée intemporelle et universelle.

    Si ces « Noces rebelles » font l’effet d’un coup de poignard dont il faudra un temps certain pour se remettre, c’est autant pour son dénouement terriblement fort et magnifiquement cruel que pour les questionnements que ce film suscite et auxquels chacun a forcément été confronté, un jour ou l’autre. Le schisme potentiel entre ce que l’on est, ce que l’on voudrait devenir ou ce que l’on a rêvé de devenir. Les idéaux de jeunesse face à la réalité de la vie familiale. Le courage d’échapper à une vie médiocre, confortable et conformiste ou la  facilité, la lâcheté même, de s’y conformer. La facilité de suivre une existence tracée ou le courage de se rebeller contre celle-ci.

    Revolutionary Road, le nom de leur rue : voilà bien tout ce que leur vie a finalement de révolutionnaire tant ils vont se faire enfermer par cette vie si éloignée pourtant de celle à laquelle ils aspiraient, tant ils vont devenir semblables aux autres, malgré tout, tant ils vont être happés par ce « vide désespérant » de l’existence qu’ils méprisent par-dessus tout.

     Avec son costume et son chapeau grisâtres, chaque matin, sur le quai de la gare Frank est anonyme et perdu dans une foule indifférenciée d’hommes vêtus de la même manière, sinistrement semblables. Son bureau est carré, gris, terne comme la cellule d’une prison. Et chaque matin April le regarde partir derrière une vitre aux lignes carcérales. Cette prison d’uniformité, de médiocrité va bientôt se refermer sur eux … jusqu’au point de non retour.

    La rencontre n’occupe qu’une très petite partie du film : le pré-générique au cours duquel April jette son dévolu sur Frank, parce qu’il porte en lui toutes les espérances d’une vie exceptionnelle, parce qu’il a l’arrogance et la beauté prometteuses, prometteuses d’un futur différent de celui des autres, d’une vie où on « ressent » les choses et où on ne les subit pas. Puis, on les retrouve mariés, se disputant suite à une représentation théâtrale dans laquelle jouait April et où son manque de talent a éclaté. Générique. Le temps du bonheur est terminé. Le reste n’en sera que le vain  espoir.

    La suite est à la fois d’une déchirante cruauté mais aussi d’une déchirante beauté : la beauté du regard aiguisé d’un cinéaste au service de ses acteurs, au service du scénario, au service de cet enfermement progressif. La justesse des dialogues, ciselés et incisifs, auxquels notre attention est suspendue. La beauté de certains plans, de certaines scènes, brefs moments de bonheur qui portent déjà en eux son impossibilité et qui les rend d’autant plus éblouissants : April lumineuse, irréelle et déjà évanescente, dans l’embrasure d’une porte  ou une danse sensuelle exprimant autant la vie que la douleur de son renoncement… Et cette scène qui succède à une dispute où tout semble devenu irrévocable et irrémédiable. Cette scène (que je ne vous décrirai pas pour vous la laisser découvrir) à la fois d’une atroce banalité et d’une rare intensité où le contraste avec la précédente et où les enjeux sont tels que notre souffle est suspendu comme lors du plus palpitant des thrillers. Quel(s) talent(s) faut-il avoir pour faire passer dans une scène en apparence aussi insignifiante autant de complexité, de possibles, d’espoir, d’horreur ? Cette scène est magistrale.

    Alors, non…la route ne les mènera nulle part. Si : en enfer peut-être.  Au grand soulagement des voisins qui raillaient hypocritement leur départ, qui redoutaient en réalité qu’ils échappent à cette vie qu’ils se sont condamnés à accepter et à suivre sans rechigner.  Le piège va se refermer sur eux. La rébellion sera étouffée. La médiocrité remportera la bataille contre la vie rêvée et idéalisée.

    La musique de Thomas Newman est parfois douloureusement douce et ne fait qu’exacerber ce sentiment de regret, de bonheur à jamais insaisissable, de même que la photographie qui, tantôt (plus rarement) d’une lumière éclatante, tantôt d’une obscurité presque inquiétante épouse les espoirs et les déchirements, les désillusions du couple.

    Onze ans après « Titanic » le couple Di Caprio / Winslet se reforme (de nouveau accompagnés de Kathy Bates) donc pour ce film qui en est l’antithèse, une adaptation du roman « Revolutionnary Road » (La Fenêtre panoramique) de Richard Yates publié en 1961. Ce choix de casting est judicieux  et très malin, non seulement parce qu’ils auraient pu choisir un blockbuster beaucoup plus « facile » et qu’avec ce sujet ce n’était pas gagné d’avance (au contraire des protagonistes du film, ils ont donc  fait preuve d’audace) mais aussi parce qu’ils représentaient alors le couple romantique par excellence, les voir ainsi se déchirer n’en est d’ailleurs que plus fort. Kate Winslet, par son jeu trouble et troublant, n’a ainsi pas son pareil pour faire passer la complexité et la douleur de ses tourments, l’ambivalence de cette femme que le conformisme étouffe progressivement et pour que chacune de ses expressions contienne une infinitude de possibles, contribuant à ce suspense et cette sensation de suffocation intolérable.  On étouffe, subit, souffre avec elle. C’est à la fois jubilatoire et insoutenable. Avec son air d’éternel adolescent maladroit, ne sachant prendre sa vie en mains, Leonardo Di Caprio, quant à lui, trouve là un de ses meilleurs rôles et prouve une nouvelle fois l’étendue de son jeu.

     Le film leur doit beaucoup tant ils rendent ce couple à la fois unique et universel et extrêmement crédible. Dommage que les seules nominations pour les Oscars ( même si Kate Winslet a obtenu le Golden Globe pour ce rôle ) soient pour Michael Shannon comme meilleur acteur dans un second rôle (qui le mérite néanmoins, qui interprète un fou de la bouche duquel sortira pourtant la vérité , rassurant finalement les voisins hypocrites qui préfèrent ne pas entendre-au sens propre comme au sens figuré, cf le mari de Kathy Bates au dénouement- qui refusent de l’admettre puisque n’étant pas sain d’esprit il aurait donc tort et eux auraient raison d’avoir choisi, plutôt suivi cette vie. C’est aussi le seul à être d’accord et à comprendre réellement les Wheeler), pour le meilleur costume et pour le meilleur décor (Kristi Zea, la chef décoratrice dit s’être inspirée des œuvres du peintre Edward Hopper donc ce film porte la beauté laconique et mélancolique).

     Un film intemporel et universel, d’une force et d’une cruauté aussi redoutables qu’admirables, servi par deux comédiens exceptionnels et une réalisation virtuose. Un film palpitant qui est aussi une réflexion sur le mensonge, l’espoir, les idéaux de jeunesse, la cruauté de la réalité, la médiocrité, l’hypocrisie et le conformisme de la société. Les vingt dernières minutes sont d’une intensité rare et font atteindre des sommets de perspicacité, de complexité à ce film dont on ressort touchés en plein cœur avec cette envie aussi de le faire battre encore plus vite et plus fort. Le pouvoir des grands films dont « Les Noces rebelles » fait indéniablement partie. Je vous invite vivement à faire un tour sur cette « revolutionary road », autre "sentier de la perdition". Vous n’en reviendrez pas indemnes… et je vous le garantis : cette rue-là vous bousculera, vous portera et vous hantera bien après l’avoir quittée. 

  • Ouverture du 12ème Festival du Film Francophone de Grèce par Catherine Deneuve et programme du festival

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    Si vous suivez cet autre blog, vous connaissez sans doute mon amour immodéré pour la Grèce, et pour le cinéma français, si vous suivez celui-ci; je ne pouvais donc pas ne pas vous parler de ce festival du film francophone qui se déroule à Athènes (31 mars au 8 avril) puis à Thessalonique (du 7 au 12 avril). Ce festival est organisé par l'Institut Français d'Athènes. En 2010, 25500 spectateurs étaient présents au festival.

    Catherine Deneuve (actuellement à l'affiche des "Yeux de sa mère" de Thierry Klifa, retrouvez ici mon récit de ma rencontre avec l'actrice à l'occasion de la sortie du film) a ouvert le festival par une véritable déclaration d'amour à la Grèce: « J'aime la Grèce", a-t-elle déclaré. "Quand il y a une crise, je pense que malheureusement tout le monde est touché, mais d'une certaine façon cette crise sera peut-être l'occasion de se rendre compte que l'Europe c'est ça, la solidarité qui doit jouer pour subvenir aux difficultés des uns et des autres". "J'espère que la Grèce pourra s'en sortir avec l'aide de ses voisins" a-t-elle ajouté. Elle a aussi parlé de ses « deux heures éblouissantes » au musée de l’Acropole d’Athènes, un musée magnifique que je vous recommande  en effet (cliquez ici pour lire le compte rendu de ma visite du musée de l'Acropole à Athènes).

     Cette année, outre un hommage à Claude Chabrol, le rendez-vous a donné carte blanche à Anna Mouglalis, marraine du Festival, qui présentera ses films coups de coeur au public grec.

    Voici les temps forts du programme :

    -Un hommage sera rendu à Claude Chabrol avec la projection d’une quinzaine de films dont »la Route de Corinthe », tourné en Grèce en 1967 et celle de son dernier film « Bellamy », avec Gérard Depardieu. L’hommage sera inauguré le 1er avril à la Cinémathèque de Grèce par Costa Gavras, président de la Cinémathèque française en présence d’Anna Mouglalis, protagoniste de « Merci pour le Chocolat », qui sera projeté ce soir-là. Anna Mouglalis présentera ses films « coup de coeur » et dévoilera au public grec son dernier film « Chez Gino », de Samuel Benchetrit.

    -Le réalisateur Antony Cordier et la comédienne Élodie Bouchez seront présents pour la projection de « Happy few ».

    - Projection de « Donoma », suivie d’un master class de son réalisateur Djinn Carrenard. Film auto-produit par un collectif d’artistes, film « guérilla », « Donoma » fait écho aux aspirations du jeune cinéma grec qui s’affranchit actuellement des anciens modèles économiques de production en Grèce.

    -Le Festival accueillera par ailleurs Pierre Bergé, qui accompagnera la projection de Yves Saint-Laurent- Pierre Bergé, « l’amour fou », Catherine Deneuve pour « Potiche »

    - Nicole Garcia et Marie-José Croze qui présenteront « Un balcon sur la mer » et Fabienne Berthaud, Diane Krüger et Ludivine Sagnier seront également du voyage pour « Pieds nus sur les limaces. »

     -Claudia Cardinale se verra remettre le prix d’honneur.

    -Le Festival se conclura sur la projection de « Nicostratos » d’Olivier Horlait, en présence d’Emir Kusturica. Tourné dans les cyclades sur l’île de Sifnos, le film donne le coup d’envoi à la réforme de l’accueil de tournages en Grèce dont l’annonce sera faite par le ministre de la Culture grecque.

     Le Festival du Film francophone de Grèce est une production de l’Institut français d’Athènes avec le soutien d’Unifrance.

    Pour en savoir plus, rendez-vous sur le site officiel du Festival du Film Francophone de Grèce 2011.

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  • Classement wikio : top cinéma d'avril 2011

    Après une semaine loin de Paris et d'internet, retour aujourd'hui à l'actualité sur les 4 blogs inthemood avec, à venir, de nombreuses informations festivalières, la reprise des articles quotidiens sur In the mood for cinema (des critiques de films à l'affiche et en avant-première mais aussi des critiques de classiques du 7ème art un peu délaissées ces derniers temps et bien entendu toujours de nombreux évènements cinématographiques) mais aussi des articles quotidiens désormais sur In the mood for Cannes, a fortiori après l'annonce officielle du programme de ce 64ème Festival de Cannes, le 14 avril, puis en direct de Cannes, du 11 au 23 mai. En attendant le Festival du Cinéma Américain de Deauville et le premiers éléments concernant son programme, je continuerai également à m'intéresser à l'actualité deauvillaise sur In the mood for Deauville et dès aujourd'hui vous pourrez retrouver des articles inédits sur In the mood for luxe.

    En attendant, pour ceux que cela intéresse, la météo bloguesque avec le top wikio cinéma d'avril qui, comme toute météo qui se respecte, est aléatoire, changeante...et forcément contestée :

    1 Filmosphère
    2 Lyricis Interactive
    3 IN THE MOOD FOR CINEMA
    4 Rob Gordon a toujours raison
    5 FilmGeek
    6 CinéBlogywood
    7 Sur la route du cinema
    8 CloneWeb
    9 Twilight-Belgium
    10 Le blog de Dasola
    11 Cinefeed
    12 CineHeroes
    13 Journal de Vance
    14 Cinéma is not dead
    15 Critiques cinémas d'hier et d'aujourd'hui
    16 IN THE MOOD FOR DEAUVILLE
    17 IN THE MOOD FOR CANNES
    18 Blog d'une ciné-Geekette
    19 MyScreens
    20 Le blog de Nicolinux

    Classement réalisé par Wikio

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  • Petite pause...

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    Comme je vais m’octroyer une courte pause de quelques jours en dehors des blogs et d’internet avant de revenir vous parler de cinéma avec enthousiasme et passion, vous trouverez, ci-dessous, quelques articles à lire et quelques films à voir en attendant mon retour et en attendant le retour des articles quotidiens sur inthemoodforcinema mais aussi sur inthemoodforcannes.com dont la publication sera également quotidienne à partir de mon retour sur ces blogs et jusqu’au Festival de Cannes (et a fortiori pendant puisque je vous le commenterai en direct de la Croisette du 11 au 23 mai) avec de nombreuses informations sur l’édition 2011 mais également avec des rétrospectives et de multiples informations pratiques.

     Vous trouverez également prochainement de nombreux bons plans sur inthemoodforluxe à Cannes, et évidemment toujours ailleurs.

     Ce sera aussi le retour des critiques de classiques du 7ème art un peu délaissées ces derniers temps sans oublier évidemment les critiques en avant-première et récits de divers évènements de la vie cinématographique…

    Quelques articles, en attendant donc :

    Critique de « Green zone » de Paul Greengrass, à ne pas manquer ce soir, à 20H50, sur Canal plus

    Ne manquez pas non plus "La Règle du jeu" de Jean Renoir, à 20H40, sur Arte, lundi et retrouvez mon analyse du film en cliquant ici.

    Comment être accrédité au Festival de Cannes ? Tous les bons plans (concours, procédures…) pour être accrédité et profiter au mieux de votre accréditation et même pour profiter du festival sans accréditation.

    Critique en avant-première du documentaire « D’un film à l’autre, une histoire de Claude Lelouch »

    Critique du film « Les yeux de sa mère » de Thierry Klifa et récit de ma rencontre avec Catherine Deneuve, Nicolas Duvauchelle, Marisa Paredes, Marina Foïs, Géraldine Pailhas, Jean-Baptiste Lafarge, Thierry Klifa

    Compte rendu du Festival du Film Asiatique de Deauville 2011

    En hommage à Annie Girardot, le classique de la semaine : « Rocco et ses frères » de Luchino Visconti

    Critique de la pièce de théâtre "Une journée ordinaire" avec Anouchka et Alain Delon dont la dernière aura lieu le 9 avril

    Et si vous avez envie d’une petite escapade festivalière, rendez-vous au Festival du film Policier de Beaune (du 30 mars au 3 avril)  ou au Festival des Scénaristes de Bourges (du 30 mars au 2 avril) …et si vous avez envie d’une escapade luxueuse, partez découvrir le Corinthia hotel London qui ouvre le 2 avril.

    Et n’oubliez pas : pour tout savoir sur le Festival de Cannes 2011, rejoignez la nouvelle page Fan Facebook  d’inthemoodforcannes et son compte twitter et suivez également la page Fan d’Inthemoodforcinema.com et son compte twitter.

    A très bientôt... et surtout n'oubliez pas l'essentiel: plonger sans modération "in the mood for cinema"!

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  • Dernières de "Une journée ordinaire" de Eric Assous, avec Anoucka Delon, Alain Delon et Elisa Servier, au Théâtre des Bouffes Parisiens

    der.jpgVous avez pu lire ici mon récit et ma critique de la Première d' "Une journée ordinaire" (que vous pouvez retrouver ci-dessous), la pièce de théâtre d'Eric Assous avec Alain Delon, Anouchka Delon, Christophe de Choisy et Elisa Servier.

     La dernière aura lieu le 9 avril, au théâtre des Bouffes Parisiens. J'en profite pour vous recommander à nouveau vivement cette pièce...

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    Ce soir, au théâtre des Bouffes Parisiens (ce n’est pas un hasard, ce théâtre appartenait à Jean-Claude Brialy, grand ami d’Alain Delon) a eu lieu la première de la pièce « Une journée ordinaire ».  Une pièce qui met en scène Alain Delon n’a de toute façon rien d’ordinaire et le titre, déjà, est d’une délicate dérision. Cela n’a rien d’ordinaire parce que Tancrède, Roch Siffredi, Jeff Costello, Corey, Robert Klein, Roger Sartet, Gino…, tout un pan de l’histoire du cinéma accompagne celui qui les a immortalisés. Cela n’a rien d’ordinaire parce que Delon est seulement pour la septième fois au théâtre. Cela n’a rien d’ordinaire parce que cette pièce a été écrite par Eric Assous à la demande de Delon pour sa fille Anouchka.

    Emportée par le doux tourbillon de la vie parisienne, je réalise que la dernière pièce de théâtre à laquelle j’ai assisté c’était aussi une pièce avec Alain Delon, "Love letters" et auparavant « Sur la route de Madison », pourtant les premières années à Paris, j’allais très souvent au théâtre pour voir des pièces classiques, plus avant-gardistes ou populaires, ou les trois. Et pourtant j’ai toujours tant aimé ce frémissement, ce murmure, ce frisson avant le lever de rideau, avant cette rencontre palpitante qui nous plonge à la fois hors de la réalité et pleinement dans l’instant présent qui se joue face à nous. J’ai toujours aimé, aussi, observer le spectacle qui se joue dans la salle, intemporel ballet de la vie parisienne,  réminiscence de mes lectures balzaciennes favorites et qui fait que lors d’une première comme celle-ci se croisent un chanteur aux allures de poète d’un autre temps, un écrivain aux allures de chanteur lui aussi –décidément, le décalage était à la mode- d’un autre temps, un présentateur de jeux télévisés, un mythe du cinéma, une actrice qui aurait aimé l’être, sans doute, ce mythe,  et tant d’autres qui se croisent, s’observent et souvent feignent de s’ignorer ou s’adorer avec la même application. Fascinant ballet dont chacun est à la fois danseur, chorégraphe et spectateur. Mais là n’était pas l’essentiel, juste ce qui permettait de se distraire en l’attendant.

    L’essentiel a eu lieu quand le rideau s’est levé et que j’ai oublié tout le reste, alors insignifiant. Quand le rideau s’est levé sur Anoucka Delon/Julie allongée dans un canapé et Alain Delon/Julien de dos. De dos pour que les premiers regards, sans doute, ne soient pas dirigés vers lui mais vers celle que cette pièce est destinée à mettre en lumière. Ce qui m’a marquée d’abord, c’est la justesse éclatante d’Anouchka Delon (tout comme cela m’avait déjà marquée dans « Le Lion »). Sa voix parfaitement posée. Sa prestance. Son assurance (pas une seule fois elle ne trébuchera). Et puis Delon, dans ce costume trop petit pour lui.

    « Une journée ordinaire », c’est l’histoire d’une fille de vingt ans qui n’ose pas annoncer à son père avec qui elle vit seule qu’elle va le quitter pour vivre avec son amoureux mais Une journée ordinaire c’est surtout l’histoire d’un homme qui aime profondément, follement sa fille, qui s’éclipse pour la laisser vivre sa vie. Un duo, presque un couple comme en témoigne la gémellité de leurs prénoms (qui n’est pas sans rappeler celle de ceux des interprètes).  Un homme fier, nostalgique, mélancolique, d’une malice parfois enfantine, d’une dureté fugace et finalement attendrissante. Un personnage qui se confond avec son interprète. Certains diront que Delon devrait plutôt jouer de grands textes d’auteurs classiques mais quand on est soi-même un « personnage shakespearien » pour reprendre les termes de Pascal Jardin, quand on promène avec soi une telle mythologie, nul besoin de jouer Shakespeare pour toucher ou émouvoir.

    Alors bien sûr n’importe quel costume serait trop petit pour Delon qui a eu les plus beaux rôles qu’un acteur puisse désirer (pour ceux qui douteraient –si, il paraît qu’il y en a- de la diversité et de la -dé-mesure de son talent, regardez -notamment- « Monsieur Klein », « Le Professeur », « Le Guépard », « Plein soleil », « Le cercle rouge », "La Piscine", et dîtes-moi quel acteur pourrait interpréter avec la même apparente facilité des rôles si différents et si magistraux ) si bien qu’au début de la pièce il m’est apparu presque effacé mais au fur et à mesure que la pièce avançait le costume gagnait en élégance, en taille (au propre comme au figuré) pour finalement nous le laisser voir presque à nu, à vif, pour que la fiction rejoigne le mythe et la réalité.

     Eric Assous (sur une mise en scène de Jean-Luc Moreau)  joue intelligemment du parallèle entre ce personnage dont la fille est "l’ambition", qui porte son "deuil comme une légion d’honneur" et Delon, l’homme qui se définit comme nostalgique, passéiste et dont l’ambition est de faire des Delon une « dynastie d’acteurs ». Je n’ai pu m’empêcher de repenser à cet instant à la fois magique et mélancolique, en mai dernier, au Festival de Cannes, lorsque devant moi Claudia Cardinale et Alain Delon se voyaient sur l’écran dans « Le Guépard », cet écran qui racontait la déliquescence d’un monde et  le renouveau d’un autre tandis qu’eux-mêmes revoyaient une époque révolue sans doute avec douleur et bonheur.  Ce soir le prince de Salina, le « Guépard » c’était Delon et Tancrède c’était Anouchka.

    On rit beaucoup, aussi, du décalage entre cette fille et ce père qui refuse de la voir grandir. De la crainte qu’il inspire. La crainte qu’inspire le personnage du père comme le mythe Delon mais l’un comme l’autre laissent affleurer par instants leurs failles, et même un soupçon d’enfance dont le surgissement, soudain, n’en est que plus bouleversant. Cette pièce qui se qualifie de « comédie moderne » vaut pour moi davantage pour les moments d’émotions qui la traversent même si certains qui l’ignorent encore seront sans doute étonnés que Delon les fasse rire autant (et la salle riait, beaucoup, moi la première, à tel point qu'il était parfois impossible d'entendre certaines répliques) comme ce fut le cas dans « Les montagnes russes » (une pièce également signée Eric Assous) où il déployait déjà sa force comique. Et puis lui qui aimait tant Gabin célèbre pour ses scènes de colère est aussi tellement impressionnant quand il se met en colère, mais aussi quand sa voix se fait plus posée, fragile. La virtuosité avec laquelle il fait passer le public du rire aux larmes est sidérante, de même que celle avec laquelle il passe de la tristesse à la colère en passant par la dérision.

     Ce que j’ai préféré ce sont néanmoins ces trop rares instants où Delon s’exprime face à la salle où, en un quart de seconde, il parvient à nous bouleverser, où la solitude de ce père face à nous fait écho à celle de l’acteur. Delon dit que « le comédien joue, l’acteur vit » et c’était aussi sans doute ce qui était si bouleversant cette impression qu’il donnait la sensation de vivre devant nous. C’était ce qui était beau, troublant et qui suspendait le souffle de la salle. Une salle debout à la fin de cette pièce trop courte qui se confondait étrangement avec la réalité quand Delon, l’acteur, le père enlaçait sa fille et la poussait au devant de la scène pour qu’elle récolte les applaudissements. Amplement mérités.  Quel bonheur pour lui sans doute qui rêvait de jouer avec sa fille de voir son nom sur l’affiche, à côté du sien, tout en haut. Quel bonheur de voir qu’au milieu de la pièce c’était son apparition à elle qui était applaudie. A signaler également la présence d’Elisa Servier (dans le rôle de l’amie de Julien,  juste et émouvante)  et Christophe de Choisy (très drôle en petit ami terrorisé): deux rôles trop courts mais dans lesquels l'un et l'autre excellent.

    Cette fin de journée a été pour moi tout sauf ordinaire. Un beau moment. L’émotion d’un acteur extraordinaire. L'émotion d'une salle debout. L’éclosion d’une actrice.  La complicité d’un père et sa fille. Un troublant écho entre la réalité et la fiction. Entre l’homme et le mythe. Il m’a fallu pas mal de temps après pour retrouver le chemin de la réalité, pour faire retomber  l’émotion de cette dernière « image », poignante,  et puis je me suis mise à rêver que cette lettre transmise à la fin de la pièce dans laquelle j’évoquais mon scénario arrive à son destinataire et qu’un jour il incarne ce rôle écrit pour lui et que cette journée décidément soit extraordinaire.  

    C’était la cinquième fois que je voyais Delon au théâtre après « Variations énigmatiques », «  Les Montagnes russes », « Sur la route de Madison », « Love letters » et je n’espère vraiment pas la dernière. En tout cas pas la dernière fois qu’un(e) Delon montait sur scène. La dynastie des acteurs Delon n’est pas prête de s’éteindre. Une nouvelle étoile est née, lors d’une journée faussement ordinaire. Un moment de théâtre mais surtout de vie extraordinaire et à ne pas manquer mais dépêchez-vous car ne sont (pour l'instant) prévues que 100 représentations exceptionnelles, jusqu'au 12 mars 2011.

    Il est (très) tard. Ce sont mes premières réactions, un peu désordonnées et imprécises, encore sous le coup de l’émotion de la pièce et de l’instant  mais j’y reviendrai. En tout cas, je crois que vous l’aurez compris, je vous recommande cette pièce qui vous fera passer du rire aux larmes, du mythe à la réalité (et inversement) et un excellent moment, je vous le garantis.

     En attendant, cliquez ici pour retrouver tous mes articles du cycle Delon publié sur ce blog.

    Renseignements: Théâtre des Bouffes Parisiens/ 4 rue Monsigny/75002 Paris.

     

     

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  • Ouverture du 14ème Festival international des scénaristes de Bourges, le 30 mars

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    Hasard du calendrier cinématographique: le Festival des scénaristes ouvre le même jour que le Festival International du Film Policier de Beaune, à savoir le 30 mars et s'achèvera un jour plus tôt: le 2 avril. La cérémonie d'ouverture aura donc lieu ce 30 mars à 20H en présence de Gilles Marchand (président du jury de cette édition 2011) et avec la projection du film "Les yeux sans visage"  en présence de la comédienne principale du film Edith Scob. Comme chaque année le festival a pour vocation d'exposer et défendre l'écriture cinématographique que ce soit par le marathon d'écriture, la criée au scénario, le forum des auteurs, les leçons et ateliers... Je vous invite à découvrir le programme complet sur le site officiel du festival.

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  • Ouverture du 3ème Festival International du Film Policier de Beaune le 30 mars: programme et jurys

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    Ce n'est pas encore cette année que j'irai faire un tour au Festival International du Beaune dont ce sera la 3ème édition, un festival qui succède au Festival du Film Policier de Cognac (auquel j'avais eu la chance de participer en tant que jurée cinéphiles en 2002) avec une programmation chaque année particulièrement allèchante avec notamment cette année: un hommage à Claude Chabrol (ancien président du jury du festival), un hommage à Mireille Darc, une section "Lelouch polars" , une section Hong Kong polars, une compétition de longs-métrages départagés par un jury présidé par Régis Wargnier (accompagné de Mireille Darc, Stephano Accorsi, Fred Cavayé, Clovis Cornillac, Thierry Frémont, Gael Morel, Florence Pernel, Linh Dan Pham), une compétition sang neuf (jury présidé par Frédéric Schoendoerffer et composé de Valérie Expert, Léa Fazer, Jean-Christophe Grangé, Florence Thomassin), une leçon de cinéma de Frédéric Schoendoerffer, une conférence débat sur Hitchcock et l'amour... bref, tout ce que j'aime au cinéma! Vous pourrez également y découvrir le documentaire sur le cinéma de Claude Lelouch "D'un film à l'autre" (retrouver ma critique en avant-première en cliquant ici). Le festival s'achèvera le 3 avril.

    Pour en savoir plus, rendez-vous sur le site officiel du Festival du Film Policier de Beaune.

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