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IN THE MOOD FOR NEWS (actualité cinématographique) - Page 78

  • Critique de "Brothers" de Jim Sheridan (à ne pas manquer, à 20H50, ce soir, sur Canal +)

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    Sam (Tobey Maguire) et Grace (Natalie Portman) et leurs deux filles, Isabelle et Maggie, forment en apparence une famille américaine heureuse. Sam est envoyé à nouveau en mission en Afghanistan après être allé chercher son frère Tommy (Jake Gyllenhaal) tout juste sorti de prison. Grace n'aime pas vraiment Tommy mais elle le reçoit poliment. Lorsque Sam est porté disparu en Afghanistan et présumé mort, Tommy s'occupe de Grace et de ses filles. Plus le temps passe, plus Tommy et Grace se rapprochent.  Seulement, alors que tout le monde le croyait mort, Sam refait surface et revient de l'enfer...

    Avec un tel synopsis, le pire était à craindre : un énième mélodrame larmoyant et moralisateur sur un triangle amoureux avec pour arrière-plan la guerre en Afghanistan. Jim Sheridan s'en sort pourtant magistralement, toujours sur le fil du rasoir, nous étonnant avec ce qui est prévisible par l'intelligence du scénario, de  la réalisation et de l'interprétation. Plutôt que d'insister sur des scènes attendues comme l'annonce du retour de celui que l'on croyait mort qui aurait pu donner lieu à une série de scènes convenues et de dialogues sirupeux, Jim Sheridan  préfère les jeux de regards, les silences et le hors champ. Ainsi, lorsque Grace ouvre sa porte et découvre deux militaires, sans qu'une parole soit échangée, elle sait qu'ils viennent annoncer  la mort de Sam.

    L'essentiel n'est pas là, ni dans la mort de Sam, ni dans sa réapparition puisque nous le savons d'emblée mais dans l'évolution des personnages et dans la complexité de leurs sentiments. Des rapports entre les deux frères (protecteur/ protégé, responsable/irresponsable) à leur place dans la famille qui vont progressivement s'inverser à ceux entre les deux filles de Sam qui reproduisent le schéma parental.

    Jim Sheridan filme au plus près des visages décuplant ainsi l'intensité provoquée par le jeu à fleur de peau des trois protagonistes. De Tobey Maguire que l'on a l'habitude de voir frêle et lisse et que l'on a d'abord du mal à imaginer en militaire et qui incarne pourtant ce capitaine véritablement habité faisant passer le bleu de son regard de la douceur à la folie et où semblent danser ses fantômes de la guerre, à Jake Gyllenhal qui se responsabilise peu à peu et qui, en un regard qui s'attendrit, se voile, ou se durcit, fait passer  sa transformation ou son sentiment d'injustice ou sa révolte silencieuse, à Natalie Portman de qui émane une douceur vigoureuse.

    On ressent la profonde empathie du réalisateur pour chacun de ses personnages dont aucun n'est délaissé, du père de Sam et Tommy (Sam Shepard) qui exprimait par la violence l'indicible traumatisme de la guerre du Vietnam à une des filles de Sam qui, lors d'une scène magistrale d'une intensité inouïe, tente de faire comprendre son malaise tandis que chacun tente de dissimuler le sien. Cette scène fait écho à une scène du début et montre l'inversion des rapports entre les deux frères (celui qui perd son sang-froid étant celui qui tentait de raisonner l'autre au début) et en miroir les rapports entre les deux filles de Sam. Pas un regard, pas une parole qui ne soient superflus. La partition est celle d'un virtuose de la psychologie humaine qui à nouveau explore les thèmes de la famille et du pardon (les similitudes sont nombreuses notamment avec « In America » qui était moins nuancé et plus larmoyant mais néanmoins également très réussi.)

    Et puis il y a la guerre contre laquelle ce film est un vibrant plaidoyer. A l'image d'un film comme le Grand prix du dernier Festival du Cinéma Américain de Deauville « The Messenger » d'Oren Moverman (ou encore l'excellent « American son » de Neil Abramson l'année précédente ), en montrant les plaies béantes d'une guerre qu'on essaie de cacher, le traumatisme de ceux qui en reviennent, l'incompréhension ou l'impuissance des familles qui ne peuvent savoir ce qui s'est réellement passé, Jim Sheridan stigmatise les conséquences tragiques d'une guerre qui accompagnent ceux qui l'ont vécue bien après qu'ils en aient quitté le terrain (dès le début Sam dit ainsi se sentir étrangement chez lui lorsqu'il retourne en Afghanistan).

     Jim Sheridan, avec ce remake du film éponyme danois réalisé en 2006 par Susanne Bier, nous livre à la fois un plaidoyer pacifiste tout en retenue et sa vision pudique et sensible, singulière mais universelle de la fratrie et de la complexité des rapports familiaux  dont  chaque regard ou chaque réplique sonnent incroyablement juste.

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  • Festival d'avant-premières du 12 au 18 janvier dans les cinémas Gaumont Pathé

     

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    Du mercredi 12 au mardi18 janvier, les cinémas Gaumont Pathé organisent toute une semaine d’avant-premières pour découvrir des nouveautés que vous réservent l’année 2011 ! Des films à découvrir en VO ou VF, en avant-premières jusqu’à 2 mois avant leur sortie nationale dans les cinémas Gaumont Pathé de toute la France. Vous pouvez d'ores et déjà retrouver ma critique de "Black swan" de Darren Aronofsky que vous pourrez voir en avant-première, le 14 janvier.

    -Le mercredi 12 janvier, la comédie musicale « Toi, moi, les autres » de Audrey Estrougo (Regarde moi) avec Leïla Bekhti, Cécile Cassel et Benjamin Siksou.  Sortie nationale le 23 février 2011.

    -Le jeudi 13 janvier, « Last Night  de Massy Tadjedin avec Guillaume Canet, Keira Knightley, Eva Mendes et Sam Worthington, Sortie nationale le 16 février 2011.

    -Le vendredi 14 janvier, « Black Sawn » de Darren Aronofsky avec Natalie Portman et Vincent Cassel. Sortie nationale le 9 février 2011.

    -Le samedi 15 janvier, « Le Discours d’un roi » film historique de Tom Hooper avec Colin Firth, Helena Bonham Carter, Geoffrey Rush Sortie nationale le 2 février 2011.

    -Le dimanche 16 janvier, « Je n’ai rien oublié» comédie dramatique de Bruno Chiche avec Niels Arestrup,Nathalie Baye, Gérard Depardieu, Françoise Fabian, Alexandra Maria Lara. Sortie nationale le 30 mars 20 11.

    -Le lundi 17 janvier, film d’action « L’Assaut» de Julien Leclercq avec Mélanie Bernier, Vincent Elbaz, Gregori Dérangère, Jalil Lespert. Sortie nationale le 30 mars 20 11.

    -Le mardi 18 janvier : 127 heures de Danny Boyle Avec James Franco, Lizzy Caplan, Amber Tamblyn. Sortie nationale le 23 février 20 11.

    Liste des cinémas participants

    Ile-de-France

    Paris 08 - Gaumont Champs-Elysées

    Paris 14 - Gaumont Parnasse

    Paris 18 - Pathé Wepler

    Paris RP - Gaumont Carré Sénart

    Paris RP - Gaumont Disney Village

    Paris RP - Pathé Belle Epine

    Paris RP - Pathé Boulogne

    Paris RP - Pathé Conflans

    Paris RP - Pathé Quai d'Ivry

    Province

    Amiens - Gaumont Amiens

    Angers - Gaumont Multiplexe

    Archamps - Gaumont Archamps (réservation ouverte à partir du 12 janvier)

    Avignon - Pathé Cap Sud

    Belfort - Pathé Belfort

    Besançon - Pathé Beaux-Arts

    Bordeaux - Gaumont Talence Universités

    Evreux - Pathé Evreux

    Grenoble - Pathé Chavant

    Le Havre - Gaumont Docks Vauban

    Liévin - Pathé Liévin

    Lyon - Pathé Bellecour

    Lyon - Pathé Vaise

    Lyon (Vaulx-en-Velin) - Pathé Carré de Soie

    Marseille - Pathé Madeleine

    Marseille - Pathé Plan de Campagne

    Montataire - Pathé Montataire

    Montpellier - Gaumont Multiplexe

    Nantes - Gaumont Nantes

    Nice - Pathé Lingostière

    Nice - Pathé Masséna

    Orléans - Pathé Orléans

    Reims - Gaumont Parc Millésime

    Rennes - Gaumont Rennes

    Rouen - Pathé Docks 76

    Saint-Etienne - Gaumont Saint-Etienne

    Strasbourg - Pathé Brumath

    Toulon - Pathé Liberté

    Toulouse - Gaumont Labège (réservation ouverte à partir du 12 janvier)

    Toulouse - Gaumont Wilson (réservation ouverte à partir du 12 janvier)

    Valence - Pathé Valence

    Valenciennes - Gaumont Valenciennes

     

    Horaires et informations sur cinemagaumont.com ou cinemapathe.com rubrique Offres

     

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  • Programme des incontournables UGC : du 12 au 18 janvier

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    Je vous parlais avant-hier du Festival Télérama vous permettant de revoir les films de l'année 2010 que vous auriez manqués. Voilà une autre occasion de vous rattraper avec els incontournables UGC.

    Du 12 au 18 janvier 2011, « Les Incontournables UGC », permettent à tous de voir ou revoir les films qui ont marqué l’année 2010 dans les salles de cinéma UGC, partout en France, au tarif exceptionnel de 3€.

    Les 26 Incontournables UGC de l’année 2010 sélectionnés en partenariat avec Le Figaro reflètent la diversité telle que le groupe UGC la met en avant toute l’année dans ses salles : du cinéma grand public au cinéma d’Art et Essai, des succès populaires aux films d’auteur, des talents français et internationaux.

    Vous trouverez mes critiques de la plupart de ces films en cliquant sur leurs titres, et profitez-en pour découvrir le très beau "Amore" ou pour (re) voir " "The Ghost writer", "Inception", "Tout ce qui brille", "Tournée", "Des hommes et des dieux...".

     INVICTUS de Clint Eastwood   

    OCEANS de Jacques Perrin et Jacques Cluzaud 

      IN THE AIR de Jason Reitman 

      THE GHOST WRITER de Roman Polanski   

      PRECIOUS de Lee Daniels (Oscar meilleur second rôle et Oscar meilleur scénario  )

      LA RAFLE de Roselyne Bosch   

      L'ARNACOEUR de Pascal Chaumeil   

      TOUT CE QUI BRILLE de Géraldine Nakache et Hervé Mimran   

      AJAMI de Scandar Copti, Yaron Shani 

      GREEN ZONE de Paul Greengrass  

      DANS SES YEUX de Juan José Campanella (Oscar du meilleur film étranger)

      LA TETE EN FRICHE de Jean Becker  

      LES PETITS RUISSEAUX de Pascal Rabaté

    (en présence de l'équipe du film à l'UGC Montparnasse le 12 janvier )

      TOURNEE de Mathieu Amalric

    (en présence de l'équipe du film à l'UGC Ciné Cité les Halles le 12 janvier )

    (Prix de la mise en scène Festival de Cannes)

      TAMARA DREWE de Stephen Frears  

      TOY STORY 3 de Lee Unkrich  

      INCEPTION de Christopher Nolan   

      LE BRUIT DES GLACONS de Bertrand Blier   

      POETRY de Lee Chang-Dong

    (Prix du scénario Festival de Cannes ) 

      DES HOMMES ET DES DIEUX de Xavier Beauvois

    (en présence de l'équipe du film à l'UGC Ciné Cité Les Halles le 17 janvier)

    (Grand prix festival de Cannes  )

      AMORE (IO SONO L'AMORE) de Luca Guadagnino  

      THE SOCIAL NETWORK de David Fincher  

     LES PETITS MOUCHOIRS de Guillaume Canet

    (en présence de Guillaume Canet à l'UGC Ciné Cité Bercy le 16 janvier )

      BURIED de Rodrigo Cortés  

      POTICHE de François Ozon

    (en présence de François Ozon à l'UGC Ciné Cité Les Halles le 13 janvier ) 

      LE NOM DES GENS de Michel Leclerc

    (en présence de l'équipe du film à l'UGC George V le 17 janvier )

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  • Critique- "La nuit nous appartient" de James Gray (ce soir, sur Paris Première)

    Ce soir, à 20H35 , sur Paris Première, ne manquez pas "La nuit nous appartient" de James Gray. Retrouvez ci-dessous ma critique publiée suite à sa projection au Festival de Cannes 2007.

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    La nuit nous appartient. Voilà un titre très à-propos pour un film projeté en compétition officielle au dernier Festival de Cannes.  Cannes : là où les nuits semblent ne jamais vouloir finir, là où les nuits sont aussi belles et plus tonitruantes que les jours et là où les nuits  s’égarent, délicieusement ou douloureusement, dans une profusion de bruits assourdissants, de lumières éblouissantes, de rumeurs incessantes. Parmi ces rumeurs certaines devaient bien  concerner ce film de James Gray et lui attribuer virtuellement plusieurs récompenses qu’il aurait amplement méritées (scénario, interprétation, mise en scène...) au même titre que « My blueberry nights », mon grand favori, ou plutôt un autre de mes grands favoris du festival, l’un et l’autre sont pourtant repartis sans obtenir la moindre récompense…

    Ce titre poétique (« We own the night » en vo, ça sonne encore mieux en Anglais non ?)  a pourtant une source plus prosaïque qu’il ne le laisserait entendre puisque c’est la devise de l’unité criminelle de la police de New York chargée des crimes sur la voie publique. Ce n’est pas un hasard puisque, dans ce troisième film de James Gray ( « The Yards » son précèdent film avait déjà été projeté en compétition au Festival de Cannes 2000)  qui se déroule à New York, à la fin des années 80,  la police en est un personnage à part entière.  C’est le lien qui désunit puis réunit trois membres d’une même famille :  Bobby Green (Joaquin Phoenix), patron d’une boîte de nuit appartenant à des Russes, à qui la nuit appartient aussi, surtout,  et qui représentent pour lui une deuxième et vraie famille qui ignore tout de la première, celle du sang, celle de la police puisque son père Burt (Robert Duvall) et son frère Joseph (Mark Walhberg) en sont tous deux des membres respectés et même exemplaires. Seule sa petite amie Amada (Eva Mendes), une sud américaine d’une force fragile,  vulgaire et touchante, est au courant. Un trafic de drogue  oriente la police vers la boîte détenue par Bob, lequel va devoir faire un choix cornélien : sa famille d’adoption ou sa famille de sang, trahir la première  en les dénonçant et espionnant ou trahir la seconde en se taisant ou en consentant tacitement à leurs trafics. Mais lorsque son frère Joseph échappe de justesse à une tentative d’assassinat orchestrée par les Russes, le choix s’impose comme une évidence, une nécessité, la voie de la rédemption pour Bobby alors rongé par la culpabilité.

    Le film commence vraiment dans la boîte de nuit de Bobby, là où il est filmé comme un dieu, dominant et regardant l’assemblée en plongée, colorée, bruyante, gesticulante, là où il est un dieu, un dieu de la nuit. Un peu plus tard, il se rend à la remise de médaille à son père, au milieu de la police de New York, là où ce dernier et son frère sont des dieux à leur tour, là où il est méprisé,  considéré comme la honte de la famille, là où son frère en est la fierté, laquelle fierté se reflète dans le regard de leur père alors que Bobby n’y lit que du mépris à son égard. C’est avec cette même fierté que le « parrain » (les similitudes sont nombreuses avec le film éponyme ou en tout cas entre les deux mafias et notamment dans le rapport à la famille) de la mafia russe, son père d’adoption, regarde et s’adresse à Bobby. Le  décor est planté : celui d’un New York dichotomique, mais plongé dans la même nuit opaque et pluvieuse, qu’elle soit grisâtre ou colorée. Les bases de la tragédie grecque et shakespearienne, rien que ça, sont aussi plantées et même assumées voire revendiquées par le cinéaste, de même que son aspect mélodramatique (le seul bémol serait d’ailleurs les mots que les deux frères s’adressent lors de la dernière scène, là où des regards auraient pu suffire...)

    Les bons et les méchants.  L’ordre et le désordre. La loi et l’illégalité. C’est très manichéen  me direz-vous. Oui et non. Oui, parce que ce manichéisme participe de la structure du film et du plaisir du spectateur. Non, parce que Bobby va être écartelé,  va évoluer,  va passer de l’ombre à la lumière, ou plutôt d’un univers obscur où régnait la lumière à un univers normalement plus lumineux dominé par des couleurs sombres. Il va passer d’un univers où la nuit lui appartenait à un autre où il aura tout à prouver. Une nuit où la tension est constante, du début et la fin, une nuit où nous sommes entraînés, immergés dans cette noirceur à la fois terrifiante et sublime, oubliant à notre tour que la lumière reviendra un jour, encerclés par cette nuit insoluble et palpitante, guidés par le regard lunatique (fier puis désarçonné, puis déterminé puis dévasté de Joaquin Phoenix, magistral écorché vif, dont le jeu est d’ailleurs un élément essentiel de l’atmosphère claustrophobique du film). James Gray a signé là un film d’une intensité dramatique rare qui culmine lors d’une course poursuite d’anthologie, sous une pluie anxiogène  qui tombe impitoyablement, menace divine et symbolique d’un film qui raconte aussi l’histoire d’une faute et d’une rédemption et donc non dénué de références bibliques. La scène du laboratoire (que je vous laisse découvrir) où notre souffle est suspendu à la respiration haletante et au regard de Bob est aussi d’une intensité dramatique remarquable.

     « La nuit nous appartient », davantage qu’un film manichéen est donc un film poignant constitué de parallèles et de contrastes (entre les deux familles, entre l’austérité de la police et l’opulence des Russes,-le personnage d’Amada aussi écartelé est d’ailleurs une sorte d’être hybride, entre les deux univers, dont les formes voluptueuses rappellent l’un, dont la mélancolie rappelle l’autre- entre la scène du début et celle de la fin dont le contraste témoigne de la quête identitaire et de l’évolution, pour ne pas dire du changement radical mais intelligemment argumenté tout au long du film, de Bob) savamment dosés, même si la nuit brouille les repères, donne des reflets changeants aux attitudes et aux visages.  Un film noir sur lequel plane la fatalité :  fatalité du destin, femme fatale, ambiance pluvieuse. James Gray dissèque aussi les liens familiaux, plus forts que tout : la mort, la morale, le destin, la loi.

     Un film lyrique et parfois poétique, aussi : lorsque Eva Mendes déambule nonchalamment dans les brumes de fumées de cigarette dans un ralenti langoureux, on se dit que Wong Kar-Wai n’est pas si loin... même si ici les nuits ne sont pas couleur myrtille mais bleutées et grisâtres. La brume d’une des scènes finales rappellera d’ailleurs cette brume artificielle comme un écho à la fois ironique et tragique du destin.

     C’est épuisés que nous ressortons de cette tragédie, heureux de retrouver la lumière du jour, sublimée par cette plongée nocturne. « La nuit nous appartient » ne fait pas  partie de ces films que vous oubliez sitôt le générique de fin passé (comme celui que je viens de voir dont je tairai le nom) mais au contraire de ces films qui vous hantent, dont les lumières crépusculaires ne parviennent pas à être effacées par les lumières éblouissantes et incontestables, de la Croisette ou d’ailleurs…

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  • L'Académie Lumières rend un hommage exceptionnel à Roman Polanski

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    Je vous ai déjà parlé des prix Lumières décernés par la presse étrangère au cinéma français et dont la 16ème cérémonie aura lieu le 14 janvier prochain, à la mairie de Paris. L’Académie Lumières rendra ainsi un hommage exceptionnel à l’un des plus grands cinéastes contemporains, Roman Polanski, lors de sa 16e Cérémonie des Prix Lumières vendredi 14 janvier. Elle souhaite ainsi célébrer ses cinquante années de carrière marquées entre autres par Le Pianiste, Oliver Twist, La Jeune fille et la mort, Lunes de fiel, Frantic, Pirates, Tess, Le Locataire, Chinatown, Rosemary’s Baby, Le Bal des vampires, Cul de sac ou Répulsion. L’hommage sera rendu par le directeur général de la Cinémathèque française, Serge Toubiana.
     
    Rappelons que The Ghost Writer, son dernier film, est en lice pour le Meilleur film, Meilleur réalisateur et Meilleur scénario des Prix Lumières décernés par les correspondants étrangers aux meilleurs talents du cinéma français et francophone.

    A cette occasion retrouvez ma critique de "The Ghost Writer", ci-dessous:

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    Un « écrivain-nègre » britannique (beaucoup plus poétiquement appelé un « Ghost-Writer » dans les pays anglo-saxons) à succès (Ewan Mc Gregor) -dont on ne connaîtra d'ailleurs jamais le nom- est engagé pour terminer les mémoires de l'ancien Premier Ministre britannique Adam Lang (Pierce Brosnan), le précèdent rédacteur, ancien bras droit de Lang, étant décédé dans d'étranges circonstances. C'est sur une île isolée au large de Boston que l'écrivain part à la rencontre de son nouveau sujet...

    Répulsion. Chinatown. Tess. Le Pianiste... Et tant d'autres films de genres si différents auxquels, à chaque fois, Polanski a su imprimer son inimitable style. Qu'allait-il en être cette fois de ce thriller? Avec cette adaptation cinématographique de L'Homme de l'ombre, thriller contemporain du romancier et journaliste anglais Robert Harris, Roman Polanski se rapproche davantage de « Frantic » même si ce film ne ressemble à aucun autre.

    Par une manière admirable à la fois d'aller à l'essentiel et de capter les détails avec une acuité remarquable, Roman Polanski nous plonge d'emblée dans son intrigue pour ne plus nous lâcher jusqu'à la dernière seconde. Combien de réalisateurs sont capables d'en dire tellement en deux ou trois plans et cela dès le début : une voiture abandonnée dans la cale d'un ferry, la police qui tourne autour de la voiture sur un quai et le film est lancé. Et nous voilà plongés dans l'atmosphère unique et inquiétante de « The Ghost-Writer ».

     La caméra de Roman Polanski ne quitte jamais son (anti)héros auquel le spectateur s'identifie rapidement (Ewan Mc Gregor tout en sobriété, parfait pour le rôle), cet « homme ordinaire plongé dans une histoire extraordinaire » comme Hitchcock aimait à résumer ses propres histoires. D'ailleurs, il y a beaucoup du maître du suspense dans ce nouveau Polanski, à commencer par ce huis-clos sur cette île inhospitalière à l'abandon balayée par le vent et la monotonie, et ce blockhaus posé au milieu d'une nature rebelle où un jardinier fantomatique œuvre en vain au milieu d'un tourbillon de feuilles. L'inquiétude et le sentiment d'inconfort  nous saisissent immédiatement dans cette demeure élégante mais déshumanisée dont l'ouverture sur l'extérieure donne des plans d'une redoutable beauté glaciale aux frontières de l'absurde, sorte de monde désormais désertique devant lequel, tel un démiurge, apparaît l'ancien premier ministre qui jadis dirigeait tout un peuple. Tout est à la fois familier et étrange, envoûtant et angoissant.

    C'est moins le suspense qui importe que la manière dont Polanski conduit son intrigue (même s'il réussit à nous étonner avec un dénouement pourtant attendu et prévisible), capte et retient notre attention. Pas par des course-poursuites ou des explosions, non, par des scènes où notre souffle est suspendu à un mot (comme ce formidable face-à-face avec Tom Wilkinson ) ou aux glaçantes et cinglantes répliques de la femme d'Adam Lang ( remarquable Olivia Williams) qui, avec Kim Cattrall,  réinventent les femmes fatales hitchcockiennes.

    Une austérité étrangement séduisante, une lenteur savamment captivante, une beauté froide et surtout une atmosphère à la fois inquiétante et envoûtante émanent de ce nouveau Polanski qui nous donne une magnifique leçon de cinéma, jusqu'au dernier plan, effroyablement magnifique. Un film agréablement inclassable quand on essaie de plus en plus de réduire les films à un concept voire à un slogan. Ce « Ghost-Writer » n'est pas sans rappeler un autre film qui lui aussi parle de manipulation ( et nous manipule) et se déroule  en huis-clos sur une île également au large de Boston comme si pour définir un pays aussi gigantesque que les Etats-Unis, la claustrophobie d'une terre insulaire était la plus parlante des métaphores...

    Difficile de dissocier l'histoire du film de celle de son auteur tant les similitudes son présentes ( à commencer par l'exil d'Adam Lang dans un pays où il est assigné à résidence, à cette exception près que c'est justement dans ce pays que ne peut retourner Polanski) . Difficile aussi de dissocier l'Histoire contemporaine de l'histoire de the Ghost-Writer qui évoque les tortures pendant la guerre en Irak et stigmatise le rôle trouble des Etats-Unis (là où justement ne peut retourner Polanski qui d'une certaine manière règle quelques comptes) Harris étant par ailleurs un ancien journaliste proche de Tony Blair à qui Adam Lang fait évidemment penser. Mais ce serait dommage aussi de réduire ce grand film inclassable et passionnant à cela...  Laissez-vous guider par « l'écrivain fantôme » et manipuler dans les coulisses du pouvoir. Je vous promets que vous ne le regretterez pas!

    Roman Polanski a reçu l'Ours d'argent du meilleur réalisateur pour ce film au dernier Festival de Berlin.

  • Programme du Festival Cinéma Télérama 2011 (du 19 au 25 janvier)

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    Chaque année, le Festival Télérama est l'occasion de voir les films manqués au cours de l'année précèdente. Pour moi ce sera "Dans ses yeux" et "Mystères de Lisbonne". Je pense aussi retourner voir "Bright star" à côté duquel je suis peut-être passée en raison des circonstances un peu exceptionnelles dans lesquelles je l'ai vu. Vous trouverez le programme ci-dessous avec les liens vers mes critiques.

    La place de cinéma vous coûtera 3€ avec le pass Télérama dans les journaux du 12 et 19 janvier. Le festival commence le 19 janvier et s'achève le 25. 15 films ont ainsi été sélectionnés par la rédaction de Télérama et les internautes. 210 salles y participent dont 19 à Paris.

    Parmi ces films, je vous recommande tout particulièrement "The Ghost Writer", "Tournée", " Des hommes et des dieux" et "Vous allez rencontrer un bel et sombre inconnu".

    Programme:

    The Social Network
    Bright Star
    Mystères de Lisbonne
    The Ghost Writer
    Another Year
    Poetry
    Des hommes et des dieux
    Tournée
    Fantastic Mr Fox
    White Material
    Mammuth
    Illusionniste (L’)
    Vous allez rencontre un bel et sombre inconnu
    Police, adjectif
    Dans ses yeux

     

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  • Dario Argento: président du jury longs métrages du Festival International du Film Fantastique de Gérardmer 2011

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    En 2011, je continuerai à vous tenir informés de l'actualité des festivals, même de celle de ceux auxquels je n'assisterai pas. Nous venons ainsi de l'apprendre : pour la 18ème édition du Festival International du Film Fantastique de Gérardmer, le président du jury sera le producteur, réalisateur, scénariste italien Dario Argento.

    Filmographie de Dario Argento:

    Réalisateur

    1970 L'UCCELLO DALLE PIUME DI CRISTALLO (L’oiseau au plumage de cristal)

    1971 IL GATTO A NOVE CODE (Le chat à neuf queues)

    4 MOSCHE DI VELLUTO GRIGIO (Quatre mouches de velours gris)

    1973 LE CINQUE GIORNATE (Cinq jours de révolution)

    1975 PROFONDO ROSSO (Les frissons de l’angoisse)

    1977 SUSPIRIA

    1980 INFERNO

    1982 TENEBRE (Ténèbres)

    1985 PHENOMENA

    1987 OPERA (Terreur à l’opéra)

    1990 DUE OCCHI DIABOLICI (Deux yeux maléfiques) - segment « Le chat noir »

    1993 TRAUMA

    1996 LA SINDROME DI STENDHAL (Le syndrome de Stendhal)

    1998 IL FANTASMA DELL’OPERA (Le fantôme de l’opéra)

    2001 NON HO SONNO (Le sang des innocents)

    2004 IL CARTAIO (The Card Player)

    2005 TI PIACE HITCHCOCK? (Aimez-vous Hitchcock?) - télévision

    JENIFER (série Masters of Horror: épisode 4 - 1ère saison)

    2006 J’AURAI LEUR PEAU (série Masters of Horror: épisode 2 - 2ème saison)

    2007 LA TERZA MADRE (La troisième mère)

    2009 GIALLO

     

    Producteur

    1978 DAWN OF THE DEAD (Zombie) de George A. Romero

    1985 PHENOMENA de Dario Argento

    1986 DEMONI (Démons) de Lamberto Bava

    1987 DEMONI 2 (Démons 2) de Lamberto Bava

    OPERA de Dario Argento

    1989 LA CHIESA (Sanctuaire) de Michele Soavi

    1990 LA SETTA (La secte) de Michele Soavi

    1993 TRAUMA de Dario Argento

    1996 LA SINDROME DI STENDHAL (Le syndrome de Stendhal) de Dario Argento

    2000 SCARLET DIVA de Asia Argento

    2001 NON HO SONNO (Le sang des innocents) de Dario Argento

    2004 IL CARTAIO (The Card Player) de Dario Argento

    2007 LA TERZA MADRE (La troisième mère) de Dario Argento

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