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IN THE MOOD FOR NEWS (actualité cinématographique) - Page 88

  • La nouvelle publicité Nespresso avec George Clooney et John Malkovich

    Une fois n'est pas coutume, une petite publicité, puisqu'il s'agit presque de cinéma avec mini-scénario et casting de choix et puisque son acteur principal est actuellement à l'affiche de "The American" dont vous pouvez lire ma critique en cliquant ici. Je vous laisse donc découvrir la nouvelle publicité Nespresso avec George Clooney et John Malkovich ci-dessous...

    ...et la version longue de la précèdente publicité:

  • Programme et jurys du 10ème Festival International du Film de Marrakech

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    Du 3 au 11 décembre, ce sera déjà la 10ème édition du Festival International du Film de Marrakech avec un programme toujours attractif qui montre que ce festival est entré dans la cour des grands.

    John Malkovich sera ainsi le président du jury longs-métrages. Ce dernier sera entouré de  FAOUZI BENSAIDI                       (Acteur, réalisateur et scénariste - Maroc), GABRIEL BYRNE (Acteur, producteur et scénariste - Irlande), MAGGIE CHEUNG(Actrice - Hong Kong), GAEL GARCIA BERNAL (Acteur, producteur et réalisateur - Mexique) , BENOIT JACQUOT                        (Réalisateur, scénariste et metteur en scène - France) , EVA MENDES (Actrice - Etats-Unis), RICCARDO SCAMARCIO(Acteur - Italie), YOUSRA (Actrice - Egypte)

    Sigourney Weaver présidera le jury des courts-métrages. Elle sera entourée de HIAM ABBASS (Actrice et réalisatrice - Palestine); XAVIER BEAUVOIS (Réalisateur et acteur - France), ADIL FADILI (Réalisateur - Maroc), MARJANE SATRAPI (Réalisatrice - Iran), EMMANUELLE SEIGNER (Actrice - France).

     Francis Ford Coppola, Lee Changdong, Jean-Pierre et Luc Dardenne donneront des masterclass.

    Des hommages seront, comme chaque année rendus, cette fois à: JAMES CAAN (Acteur - Etats-Unis), HARVEY KEITEL (Acteur - Etats-Unis), KIYOSHI KUROSAWA (Réalisateur - Japon), MOHAMED ABDERRAHMANE TAZI (Réalisateur - Maroc). Et un hommage posthume à l’acteur marocain LARBI DOGHMI .

    Le film "Henry's crime" de Malcolm Venville fera l'ouverture du festival en présence du réalisateur et des comédiens KEanu Reaves et James Caan.

     Enfin, c'est la cinéma français qui sera à l'honneur.

    Je vous tiendrai bien entendu informés ici de la suite de la programmation et du palmarès du festival que vous pourrez également retrouver sur le site officiel du Festival International du Film de Marrakech.

     

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  • Palmarès du 6ème Festival du Film de La Réunion

    Hier était décerné le palmarès du 6ème Festival du Film de La Réunion.

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    Palmarès du 6ème festival du film de la Réunion :
    Mascarin du meilleur film : Belle épine de Rebecca Zlotkowski
    Meilleure interprétation féminine : Diane Kruger dans Pieds nus sur les limaces
    Meilleure interprétation masculine : Benjamin Siksou dans Toi, moi, les autres
    Prix spécial à Nicolas Mauri dans Belle Epine
    Prix du public : A bout portant de Fred Cavayé
    Prix du jury jeune : Pieds nus sur les limaces de Fabienne Berthaud.
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  • Musique: "Talk to me" de Yodelice pour fêter les 2,8 millions d'entrées des "Petits mouchoirs" de Guillaume Canet

    mouchoirs2.jpgPour fêter les 2, 8 millions d'entrées des "Petits mouchoirs" de Guillaume Canet qui connaît un succès retentissant, je vous propose ci-dessous de réécouter la chanson du film "Talk to me" de Yodelice. Vous pouvez retrouver ma critique des "Petits mouchoirs" de Guillaume Canet en cliquant ici.

  • Critique de "Deux jours à tuer" de Jean Becker: à voir, demain, sur France 2

    Demain soir, sur France 2, à 20H35, sera diffusé "Deux jours à tuer" de Jean Becker, un film que je vous recommande et dont vous pouvez retrouver ma critique publiée lors de la sortie du film, ci-dessous.

    632472823.pngC’est toujours difficile de parler d’un film quand on en sort à peine (à peine parce que ce film me hante encore une journée après l’avoir vu), parce que l’émotion l’emporte et anéantit la distance que nécessite l’analyse. Mais quelles que seront mes critiques ultérieures, le résultat est là : je suis ressortie bouleversée de ce film et sa première partie m’a donnée la sensation d’être avec Dupontel, au bord de l’abyme, le souffle coupé, à bout de souffle même, glacée par ses vérités cinglantes et poignantes, en empathie avec son égarement, sa sincérité hurlée, criante, violente, désarmante.  Et à l’image des spectateurs de la salle dans laquelle j’ai vu ce film, j’ai été incapable de partir avant la dernière ligne du générique de fin, avant la dernière note de la chanson de Reggiani, dernières vibrantes, résonantes (raisonnantes aussi) répliques du film : « Le temps qui reste »...

    D’abord, je trouve que la présentation de ce film (qui est une adaptation du roman éponyme de François d’Epenoux) relève du malentendu. Le pitch officiel est le suivant : Antoine Méliot (Albert Dupontel), la quarantaine, a tout pour être heureux : une belle épouse (Marie-José Croze), deux enfants adorables, des amis sur lesquels il peut compter à tout instant, une jolie demeure dans les Yvelines et de l'argent. Mais un jour, il décide de tout saboter en un week-end : son bonheur, sa famille, ses amis (Christiana Réali, Claire Nebout, François Marthouret...). Que s'est-il passé chez cet homme pour qu'il change si étrangement de comportement ? Or, l’intérêt, contrairement à ce que laisse croire ce pitch, ne réside nullement dans les causes du comportement d’Antoine dont la simple question à ce sujet induit la réponse et que le scénario laisse apparaître avec évidence dès ses premières minutes. Non, l’intérêt n’est pas là.  L’intérêt est dans son comportement et ses manifestations et les réactions qu’il engendre, dans la tension qui nous emprisonne, nous renvoie à nos propres vérités, notre propre urgence, notre propre temps à vivre. Ou tuer.

     Le premier plan avec Dupontel nous le montre en ville, à Paris, une ville grouillante, pressée de vivre ou plutôt d’oublier qu’elle existe ou qu’elle existe mal. Sa femme le charge d’aller chercher sa belle-mère à la clinique.  Il est odieux avec cette dernière, ou honnête : c’est selon.  Il faut dire que la belle-mère en question est plutôt capricieuse et n’inspire guère la sympathie. Il agit de même à son travail,  ridiculisant le produit qu’il est censé faire vendre (il est publicitaire). Il faut dire que ses collaborateurs et clients apparaissent aussi stupides que sinistres (et donc nous prenons fait et cause pour Dupontel, déjà) : l’univers de la publicité, et le mercantilisme et le cynisme qu’il sous-tend, n’a pas été choisi par hasard. La caméra vacille légèrement (mais déjà beaucoup pour un film de Becker qui nous a habitués à des plans impeccablement léchés), la caméra est au plus près des visages pour les mettre à nu, les décontenancer, à portée du regard si puissant et déstabilisant de Dupontel. La tension monte  d’un cran lors d’une scène très réussie avec Marie José-Croze, son épouse qui se croit trompée, par leur fébrilité, les non-dits, la violence, le jeu ciselé des deux comédiens. Puis elle culmine lors d’une scène de repas d’anniversaire où Antoine dit tout haut ce qu’on devrait, ou ce que les conventions, le souci du lendemain, veulent qu’on se contente de penser tout bas : il vilipende par des répliques assassines l’hypocrisie sociale, il se moque de la bonne conscience humanitaire, ironise sur les clichés de langage (une convive, Bérengère la bien nommée, ne manque pas de dire que « L’argent ne fait pas le bonheur » et je vous laisse découvrir la réplique d’Antoine savoureusement cruelle), le matérialisme, sans oublier que, au lieu de faire un sourire hypocrite ou sincèrement touché devant les dessins que ses enfants lui ont fait pour son anniversaire, il n’oublie pas de préciser que les avions ne peuvent pas voler avec des ailes en bas comme son fils le lui a dessiné et qu’anniversaire prend deux n et non un seul comme sur le dessin de sa fille. Aussi odieux soit-il, on demeure finalement en empathie avec lui. Sa férocité apparait en effet comme le masque de ses fêlures. (Un peu comme le personnage incarné par Isabelle Adjani dans « L’été meurtrier ») et ses amis apparaissent apathiques, antipathiques, délibérément caricaturaux (la bourgeoise en panthère qui donne à des œuvres de charité pour se donner bonne conscience ou qui se sent soudain concernée par l’immigration parce qu’il s’agit d’une de ses employées).

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     Dès les premières minutes, nous sommes embarqués avec Dupontel qui semble diriger le film (autant que Jean Becker) avec son regard puissant, glacial et chaleureux à la fois qui, tel un gouffre obscur et mystérieux, capte notre attention avec une force et même une virulence inouïe ne nous laissant pas une seconde, nous captivant, nous hypnotisant et désarçonnant à la fois. Cette violence, essentiellement verbale, mais pas seulement, nous déroute, d’autant plus que c’est très inattendu chez Jean Becker, cinéaste habituellement très classique dans le fond comme dans la forme… et non moins talentueux. (A moins qu’on ne considère le classicisme comme un défaut).

    La seconde partie très « Et au milieu coule une rivière » (en Irlande, dans la région des lacs du Connemara) contraste avec la première avec la lumière presque onirique des paysages irlandais, l’hymne à la nature ( je décompte pas moins de trois chiens, je n’ai pas eu le temps de compter les moutons:-) ), au plus près de la vérité, où il se retrouve seul avec son père (Pierre Vaneck), ou presque : aussi avec les démons, les blessures du passé, malgré le silence qui ne fait pas tomber la tension. Là, on retrouve les thèmes de prédilection de Jean Becker : la pêche (« Les Enfants du marais »), les souvenirs d’enfance, la figure paternelle ("Elisa")... et on se dit que la fin (morale) justifiera sans doute les moyens (en apparence immoraux ou du moins amoraux), comme toujours chez Jean Becker.

    1914391729.jpg Dupontel a dit plusieurs fois que « Deux jours à tuer » était un « Sautet qui dérape ». Je ne suis pas tout à fait d’accord, je crois même que dans Sautet il y a toujours un personnage qui dérape (Nelly-Emmanuelle Béart- lorsqu’elle dit ses 4 vérités à M.Arnaud dans « Nelly et M.Arnaud », Camille -Emmanuelle Béart- qui folle de passion  se jette au cou de Stéphane-Daniel Auteuil- dans « Un cœur en hiver », ou François-Michel Piccoli- dans « Vincent, François, Paul et les autres »,  qui explose dans une autre mémorable scène de repas etc )et surtout que Becker ne dérape  pas tant que ça ou alors  pour mieux revenir dans le rang.  

    Si j’analyse objectivement en essayant de mettre de côté l’émotion qu’il a provoqué, ce film a un défaut majeur : son dénouement trop didactique (le plan prémonitoire de Dupontel dans l’herbe me paraît intéressant dans sa singularité et perdre son intérêt, si ce n’est celui d’accroître son aspect mélodramatique, dans la répétition) qui rend ce film très politiquement correct en quelques secondes annihilant tout l’aspect aussi violent, jubilatoire, décalé de ce qui précède. Ainsi, chaque acte se trouve finalement justifié : il est désagréable avec les enfants (cruauté et tabou suprêmes semble-t-il) mais ensuite il vient s’excuser. Et toutes les personnes avec lesquelles il est odieux ne sont pas éminemment sympathiques ni éminemment intelligentes, à l’exception de sa femme (d’ailleurs interprétée avec beaucoup de justesse par Marie-José Croze dont la douceur du regard accentue encore l’obscurité de celui d’Antoine) mais il a là aussi la meilleure des raisons, très noble, l’antihéros devenant alors un héros sacrificiel.

    Nous nous souvenons alors que nous ne sommes pas chez François Ozon , Claude Chabrol ou Dominique Moll  (même si nous avons pu le croire une longue et jubilatoire partie du film), Becker a préféré faire d’Antoine un héros, signer une histoire d’amour qu’une pure chronique sociale désenchantée et cynique : le film acerbe se révèle alors acidulé.   Passée ce qui n'est pas une surprise mais pourrait être une déception (En est-ce finalement une ? Becker est juste resté fidèle à lui-même, à son univers, tout en sachant faire un dérapage contrôlé et une incursion dans un ton plus inhabituel qui sonne néanmoins juste, la caricature de certains personnages étant ici assumée et même justifiée), reste surtout l’émotion qui nous cueille, nous saisit, nous secoue -à moins d’être léthargiques et/ou blasés et/ou cyniques- malgré les fils blancs, restent des scènes d’une force incontestable, un rôle principal saisissant magistralement habité par Albert Dupontel : une histoire de temps à vivre et de temps à tuer, une histoire d’amour poignante malgré (et grâce à ) ses contradictions.

    Vous ne ferez pas que tuer le temps en allant voir ce film qui prend aux trippes, vous en gagnerez, vous prendrez conscience du poids de chaque seconde, incités au "carpe diem", c’est certes un lieu commun et un cliché cinématographique mais quand c’est fait avec autant d’application, de sincérité,  j’assume que mes émotions l’emportent sur des critiques et réserves objectives et je vous recommande vivement de voir ce film. Alors, à bout de souffle, certes. Mais un magistral souffle de vie. Et on n’en a jamais trop…

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  • A voir ce week end: the 48 hour film project

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    C'est avec regret que j'ai dû décliner l'invitation à faire partie du jury de The 48 hour film project dont le concept, plutôt stimulant pour la créativité (mais sans doute très stressant pour les équipes de films) consiste à réaliser des films en 48H.

    Ces films sont projetés les 5, 6 et 7 novembre au cinéma Action Christine (4 rue Christine- 75006 Paris) Horaires des projections: 18h-20h-22h le 05/11, 16-16h-18h-20h les 06 et 07/11, séance supplémentaire le 05/11 à 22h.

    Une excellente idée de sortie pour ce week end...

    Rendez-vous sur le site du 48 hour film project. Vous pouvez également suivre le blog du 48 hour film project.

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  • Centenaire Jean-Louis Barrault : projection de "Drôle de drame" de Marcel Carné à la Cinémathèque

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    Avant de vous reparler de la passionnante ouverture du cycle Melville, hier soir à la Cinémathèque, sachez  qu'à l'occasion du centenaire Jean-Louis Barrault, le 15 novembre à 20H, y sera proposée une soirée hommage avec la projection de "Drôle de drame" de Marcel Carné dont je vous propose de retrouver ma courte présentation ci-dessous. Cliquez ici pour plus de renseignements sur cette séance.

    • Lors de sa sortie en 1937,  Drôle de drame  est un échec, le public étant désorienté par son ton acéré et par son synopsis rocambolesque que la précision de son écriture rend néanmoins parfaitement compréhensible.
    •  L’intrigue se déroule ainsi à Londres en 1900. Elle met en scène le professeur de botanique Molyneux (Michel Simon) qui écrit en cachette des romans policiers sous le pseudonyme de  Félix Chapel. Son cousin Soper, évêque de Bedford (interprété par Louis Jouvet) qui a lancé une véritable croisade contre ces livres « impies » s’invite à dîner chez Molyneux ignorant qu’il s’agit aussi de Felix Chapel.  La cuisinière ayant déserté le domicile, les Molyneux préfèrent eux aussi quitter le domicile en le laissant seul plutôt que d’avouer que c’est Mme Margaret Molyneux(Françoise Rosay) qui a fait la cuisine. Persuadé que Molyneux a tué sa femme, l’évêque alerte alors la police. Déguisé en Chapel, arborant une fausse barbe Molyneux est contraint de revenir sur les lieux « du crime » pour effectuer un reportage, lieux alors occupés par la presse et encerclés par une foule furibonde. Pendant ce temps William Kramps (Jean Louis Barrault) l’assassin de boucher décide de tuer Chapel et tombe amoureux de Mme Molyneux tout en sympathisant avec Mr Molyneux...ignorant qu’il s’agit aussi de Chapel. Tout dégénère dans la folie  générale et dans la loufoquerie. Le boucher avoue finalement le meurtre qu’il n’a pas commis et Molyneux est contraint d’être Chapel à vie, sacrifiant ainsi sa véritable identité et assumant jusqu’à la fin de ses jours sa fonction d’escroc littéraire. 
    • Carné et Prévert qui désiraient à nouveau collaborer ensemble avaient d’abord songé à s’inspirer d’un fait divers sur un bagne d’enfants de Belle-île-en mer. La censure s’y opposa et le producteur prévu, le commandant d’aviation Coriglion Molinier, ami d’André Malraux, leur propose alors deux sujets dont il avait acquis les droits  dont le roman de J. Storer-Clouston  The lunatic at large or his first offence  paru en France sous le titre de  La mémorable et tragique aventure de Mr Irwyn Molyneux.  Carné, Prévert et l’équipe technique s’étaient tant amusés à réaliser le film qu’ils étaient persuadés qu’il en irait de même pour le spectateur. Ce film qui se voulait avant tout ludique ne séduisit pourtant pas du tout le public qui le jugea aussi « bizarre, bizarre » que la réplique qui l’a immortalisé.  Le film a même été accueilli par des sifflets et un véritable chahut et au Colisée où il passait en exclusivité il fut accueilli par des « Idiot », « On se fout de nous » particulièrement encourageants…  En province il fut même présenté  avec le slogan « le film le plus idiot de l’année. »   Le public  d’Outre-Manche sera beaucoup plus sensible au film présenté au nom de « Bizarre…bizarre ! » Son caractère théâtral lui fut également reproché  faisant dire à certains que le véritable « réalisateur » n’était pas Carné mais son scénariste Jacques Prévert , Carné n’ayant alors fait, selon ses détracteurs,  que transcrire le texte en film. Certaines critiques furent alors aussi acerbes que les propos du film : « Marcel Carné a essayé, c’est visible, de transposer dans le style français cette loufoquerie arbitraire et clownesque, qui nous ravit tant dans les films américains. Il n’est parvenu qu’à une sorte de violent vaudeville théâtral, au dessin caricaturalement stylisé(…) »  (Les Beaux Arts du 29.10.1937)[1]ou encore dans  Candide , du 28 octobre 1937 Jean Fayard écrivit : « tout cela est trop compliqué, trop verbeux, trop appuyé, trop voulu » même si d’autres reconnaissaient déjà  qu’il n’y avait « pas une faute à relever dans cette comédie échevelée. »[2] 
    • Ce qui déconcerte peut-être davantage encore le public ce sont probablement les personnages, aucun n’étant véritablement innocent à commencer par les traditionnels amoureux des films de Prévert ici inspirateurs des romans infâmes de Chapel et qui reçoivent « la première pierre de celui qui n’a jamais pêché », probablement le seul personnage véritablement innocent du film. Le balayeur n’est pas plus innocent (« C’est justement les affaires des autres qui m’intéressent ») que le gardien de prison qui n’hésite pas, moyennant finance, à fermer les yeux sur le baiser échangé par les amoureux à travers les grilles de la cellule. Les personnages sont même parfois d’un véritable cynisme comme ce curieux noceur interprété par Marcel Duhamel qui prend le deuil des morts qu’il ne connaît pas afin de se sentir « moins seul dans la vie. » 
    • Drôle de drame  est en effet une véritable critique sociale où le paraître prime sur l’être et engendre cette folie et ce quiproquo généralisé entre petits mimosas carnivores et évêque gastronome. Personne n’échappe à la critique ou à l’ironie cinglante : pas plus la bourgeoisie et ses mensonges sociaux qui préfère passer pour criminelle plutôt que pour « des imbéciles » en manquant aux usages. Ce sont aussi les délires d’une vieille tante qui n’a jamais pu supporter sa famille, l’exagération de la presse à sensation, les délires moralisateurs d’un homme d’Eglise finalement ridiculisé d’un kilt et même accusé du meurtre qu’il avait dénoncé, l’incompétence de la police qui se laisse entraîner dans cette histoire rocambolesque sans vraiment se poser de questions etc.
    •  Le peuple n’a d’ailleurs probablement pas apprécié l’image que le film lui renvoyait. Il est en effet dépeint  comme versatile. Ainsi, après avoir réclamé la tête de Molyneux puis celle de sa femme et celle de l’évêque, il exige finalement celle de William Kramps. La bourgeoisie n’a pas plus apprécié cet humour ravageur qui souligne  son souci des convenances. Cette critique passe également par des dialogues avec des expressions du langage courant qui prennent ici un tout autre sens comme l’inspecteur qui dit à Molyneux déguisé en Chapel et revenant sur les lieux du crime : « Considérez-vous ici comme chez vous. » Ces dialogues furent aussi jugés trop travaillés : « Là où il y a contrepoison il y a poison »  ou encore le célèbre « mimétisme du mimosa » de Michel Simon. On y retrouve pourtant les décors de Trauner, les images de Schufftan qui avaient contribué au succès des films du réalisme poétique.
    • Il semble donc qu’on ne puisse pas rire de tout en 1937, que par un drôle de drame on ne puisse faire oublier qu’une drôle de guerre se profile. Le film connaîtra néanmoins un véritable triomphe lors de sa reprise nationale en 1952, peut-être le public avait-il alors davantage le goût de rire de tout...