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Cinéma - Page 131

  • Robert De Niro président du jury du Festival de Cannes 2011

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    Il y a quelques jours, j'émettais quelques hypothèses sur le nom du président du jury du Festival de Cannes 2011 qui vient d'être annoncé...mais je l'avoue, je n'avais pas pensé à celui-ci. Il s'agira de Robert De Niro! Celui dont certains disent qu'il est le plus grand acteur au monde ...pour le plus grand festival de cinéma au monde. Voilà une excellente nouvelle et un signe fort pour cette édition 2011 après une année 2010 à laquelle beaucoup ont reproché son absence (cependant très relative) de "stars" en partie en raison d'un contexte (écoonomique, écologique -volcan...-) peu propice.

    Je vous rappelle que je serai sur la Croisette pour la 11ème année consécutive depuis ma sélection au prix de la jeunesse en 2001 et que vous pourrez m'y suivre en direct pendant tout le festival qui se déroulera cette année du 11 au 22 mai. Vous pourrez d'ici là retrouver ici et sur In the mood for Cannes (mon blog entièrement consacré au Festival de Cannes, lauréat du concours de blogs L'Oréal du Festival de Cannes 2008 et prix off Cannes du Festival de Cannes 2010) toutes les informations sur le Festival de Cannes 2011.

    J'en profite pour vous rappeler que je viens de créer une page Facebook In the mood for Cannes 2011 sur laquelle je vous engage à vous inscrire pour recevoir des informations inédites sur le Festival de Cannes 2011 ainsi que sur le compte twitter d'inthemoodforcannes : http://twitter.com/moodforcannes entièrement dédié au festival.

    Ce sera la 9ème venue de Robert De Niro à Cannes et deux fois pour des films qui ont obtenu la palme d'or "Taxi driver" et "Mission".

    En acceptant l’invitation, Robert de Niro a déclaré : « Le Festival de Cannes représente pour moi une occasion rare, car c’est un des plus anciens et des meilleurs festivals au monde. »

    De leur côté, Gilles Jacob et Thierry Frémaux, Président et Délégué général du Festival de Cannes, ont déclaré : « Robert De Niro est entré dans l’histoire du Festival de Cannes dès sa première apparition, avec Taxi Driver qui remporte la Palme d’Or. Son nom restera associé à celui de Martin Scorsese, comme Mastroianni le fut à Fellini. Doté d’une plasticité de caméléon, il compose ses personnages sans qu’on sache s’il prend la mesure du rôle ou si le rôle s’adapte à ses mesures. Ses interprétations précises et nuancées, plus vraies que nature, invitent à l’identification : il est pour toujours le dernier nabab, Vito Corleone, Jack la Motta, Sam “Ace” Rothstein… »

    Je vous en reparle bientôt.

    L'impressionnante filmographie de Robert De Niro

    1965 Trois Chambres à Manhattan 

    1968 Greetings  Brian De Palma

    1969 Sam's Song  John Broderick

    The Wedding Party  Brian De Palma l

    1970 Bloody Mama  Roger Corman

    Hi, Mom! (Les Nuits De New York)  Brian De Palma

    1971 Jennifer on My Mind  Noel Black

    Né pour vaincre Born to Win Ivan Passer

    The Gang That Couldn't Shoot Straight  James Goldstone

    1973 Le Dernier Match Bang the Drum Slowly John D. Hancock

    Mean Streets  Martin Scorsese

    1974 Le Parrain 2 The Godfather: Part II Francis Ford Coppola

    1976 Taxi Driver  Martin Scorsese

    1900 Novecento Bernardo Bertolucci

    Le Dernier Nabab The Last Tycoon Elia Kazan

    1977 The Godfather : A Novel for Television (TV)  Francis Ford Coppola

    New York, New York  Martin Scorsese

    1978 Voyage au bout de l'enfer The Deer Hunter Michael Cimino

    1980 Raging Bull  Martin Scorsese

    1981 Sanglantes confessions True Confessions Ulu Grosbard

    1983 La Valse des pantins The King of Comedy Martin Scorsese

    1984 Il était une fois en Amérique Once Upon a Time in America Sergio Leone

    Aaronson

    Falling in Love  Ulu Grosbard

    1985 Brazil  Terry Gilliam

    1986 Mission The Mission Roland Joffé

    1987 Angel Heart - Aux Portes de l'enfer Angel Heart Alan Parker

    Les Incorruptibles The Untouchables Brian De Palma

    1988 Midnight Run  Martin Brest

    1989 Jacknife  David Jones

    Nous ne sommes pas des anges We're No Angels Neil Jordan

    1990 Stanley & Iris  Martin Ritt

    Les Affranchis Goodfellas Martin Scorsese

    L'Éveil Awakenings Penny Marshall

    1991 La Liste noire Guilty by Suspicion Irwin Winkler

    Backdraft  Ron Howard Donald

    Les Nerfs à vif Cape Fear Martin Scorsese

    1992 The Godfather Trilogy: 1901-1980 (vidéo)  Francis Ford Coppola

    La Loi de la nuit Night and the City Irwin Winkler

    1993 Mad Dog and Glory  John McNaughton

    Blessures secrètes

    (Québec : Tu seras un homme) This Boy's Life Michael Caton-Jones

    Il était une fois le Bronx A Bronx Tale Robert De Niro

    1994 Frankenstein  Kenneth Branagh

    1995 Les Cent et Une Nuits de Simon Cinéma  Agnès Varda

    Casino  Martin Scorsese

    Heat  Michael Mann

    1996 Le Fan The Fan Tony Scott

    Sleepers (La Correction au Québec)  Barry Levinson

    Simples Secrets Marvin's Room Jerry Zaks

    1997 Cop Land (Détectives au Québec)  James Mangold

    Des hommes d'influence Wag the Dog Barry Levinson

    Jackie Brown  Quentin Tarantino

    1998 De grandes espérances Great Expectations Alfonso Cuarón

    Ronin  John Frankenheimer  

    1999 Mafia Blues Analyze This Harold Ramis

    Personne n'est parfait(e) Flawless Joel Schumacher

    2000 Les Aventures de Rocky & Bullwinkle The Adventures of Rocky & Bullwinkle Des McAnuff

    Les Chemins de la dignité Men of Honor George Tillman Sunday

    Mon beau-père et moi Meet the Parents Jay Roach

    2001 15 minutes  John Herzfeld

    The Score  Frank Oz

    2002 Showtime  Tom Dey

    Père et flic City by the Sea Michael Caton-Jones

    Mafia Blues 2 : la Rechute ! Analyze That Harold Ramis

    2004 Godsend, expérience interdite Godsend Nick Hamm

    Gang de requins Shark Tale Éric Bergeron

    Mon beau-père, mes parents et moi Meet the Fockers Jay Roach

    Le Pont du roi Saint-Louis The Bridge of San Luis Rey Mary McGuckian  

    2005 Trouble Jeu Hide and Seek John Polson

    2006 Raisons d'État The Good Shepherd Robert de Niro

    Arthur et les Minimoys  Luc Besson voix anglaise du Roi des Minimoys

    2007 Stardust  Matthew Vaughn

    2008 La Loi et l'Ordre Righteous Kill Jon Avnet

    Panique à Hollywood What Just Happened? Barry Levinson

    2010 Everybody's Fine  Kirk Jones

    Mon beau-père et nous Little Fockers Paul Weitz

    Machete  Robert Rodriguez et Ethan Maniquis

    2011 The Killer Unite  Gary McKendry Hunter

    Manuale d'amore 3  Giovanni Veronesi

    Limitless  Neil Burger Carl

    Oscars et Golden Globes

    Oscar

    1974 : Oscar du meilleur acteur dans un second rôle - Le Parrain 2

    1977 : Nomination à l'Oscar du meilleur acteur - Taxi Driver

    1979 : Nomination à l'Oscar du meilleur acteur - Voyage au bout de l'enfer

    1981 : Oscar du meilleur acteur - Raging Bull

    1991 : Nomination à l'Oscar du meilleur acteur - L'Éveil

    1992 : Nomination à l'Oscar du meilleur acteur - Les Nerfs à vif

     Golden Globes

    1977 : nommé pour le Golden Globe du meilleur acteur dans un film dramatique - Taxi Driver

    1978 : nommé pour le Golden Globe du meilleur acteur dans un film musical ou une comédie - New York, New York

    1979 : nommé pour le Golden Globe du meilleur acteur dans un film dramatique - Voyage au bout de l'enfer

    1981 : Golden Globe du meilleur acteur dans un film dramatique - Raging Bull

    1989 : nommé pour le Golden Globe du meilleur acteur dans un film musical ou une comédie - Midnight Run

    1992 : nommé pour le Golden Globe du meilleur acteur dans un film dramatique - Les Nerfs à vif

    2000 : nommé pour le Golden Globe du meilleur acteur dans un film musical ou une comédie - Mafia Blues

    2001 : nommé pour le Golden Globe du meilleur acteur dans un film musical ou une comédie - Mon beau-père et moi

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  • Critique- "La nuit nous appartient" de James Gray (ce soir, sur Paris Première)

    Ce soir, à 20H35 , sur Paris Première, ne manquez pas "La nuit nous appartient" de James Gray. Retrouvez ci-dessous ma critique publiée suite à sa projection au Festival de Cannes 2007.

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    La nuit nous appartient. Voilà un titre très à-propos pour un film projeté en compétition officielle au dernier Festival de Cannes.  Cannes : là où les nuits semblent ne jamais vouloir finir, là où les nuits sont aussi belles et plus tonitruantes que les jours et là où les nuits  s’égarent, délicieusement ou douloureusement, dans une profusion de bruits assourdissants, de lumières éblouissantes, de rumeurs incessantes. Parmi ces rumeurs certaines devaient bien  concerner ce film de James Gray et lui attribuer virtuellement plusieurs récompenses qu’il aurait amplement méritées (scénario, interprétation, mise en scène...) au même titre que « My blueberry nights », mon grand favori, ou plutôt un autre de mes grands favoris du festival, l’un et l’autre sont pourtant repartis sans obtenir la moindre récompense…

    Ce titre poétique (« We own the night » en vo, ça sonne encore mieux en Anglais non ?)  a pourtant une source plus prosaïque qu’il ne le laisserait entendre puisque c’est la devise de l’unité criminelle de la police de New York chargée des crimes sur la voie publique. Ce n’est pas un hasard puisque, dans ce troisième film de James Gray ( « The Yards » son précèdent film avait déjà été projeté en compétition au Festival de Cannes 2000)  qui se déroule à New York, à la fin des années 80,  la police en est un personnage à part entière.  C’est le lien qui désunit puis réunit trois membres d’une même famille :  Bobby Green (Joaquin Phoenix), patron d’une boîte de nuit appartenant à des Russes, à qui la nuit appartient aussi, surtout,  et qui représentent pour lui une deuxième et vraie famille qui ignore tout de la première, celle du sang, celle de la police puisque son père Burt (Robert Duvall) et son frère Joseph (Mark Walhberg) en sont tous deux des membres respectés et même exemplaires. Seule sa petite amie Amada (Eva Mendes), une sud américaine d’une force fragile,  vulgaire et touchante, est au courant. Un trafic de drogue  oriente la police vers la boîte détenue par Bob, lequel va devoir faire un choix cornélien : sa famille d’adoption ou sa famille de sang, trahir la première  en les dénonçant et espionnant ou trahir la seconde en se taisant ou en consentant tacitement à leurs trafics. Mais lorsque son frère Joseph échappe de justesse à une tentative d’assassinat orchestrée par les Russes, le choix s’impose comme une évidence, une nécessité, la voie de la rédemption pour Bobby alors rongé par la culpabilité.

    Le film commence vraiment dans la boîte de nuit de Bobby, là où il est filmé comme un dieu, dominant et regardant l’assemblée en plongée, colorée, bruyante, gesticulante, là où il est un dieu, un dieu de la nuit. Un peu plus tard, il se rend à la remise de médaille à son père, au milieu de la police de New York, là où ce dernier et son frère sont des dieux à leur tour, là où il est méprisé,  considéré comme la honte de la famille, là où son frère en est la fierté, laquelle fierté se reflète dans le regard de leur père alors que Bobby n’y lit que du mépris à son égard. C’est avec cette même fierté que le « parrain » (les similitudes sont nombreuses avec le film éponyme ou en tout cas entre les deux mafias et notamment dans le rapport à la famille) de la mafia russe, son père d’adoption, regarde et s’adresse à Bobby. Le  décor est planté : celui d’un New York dichotomique, mais plongé dans la même nuit opaque et pluvieuse, qu’elle soit grisâtre ou colorée. Les bases de la tragédie grecque et shakespearienne, rien que ça, sont aussi plantées et même assumées voire revendiquées par le cinéaste, de même que son aspect mélodramatique (le seul bémol serait d’ailleurs les mots que les deux frères s’adressent lors de la dernière scène, là où des regards auraient pu suffire...)

    Les bons et les méchants.  L’ordre et le désordre. La loi et l’illégalité. C’est très manichéen  me direz-vous. Oui et non. Oui, parce que ce manichéisme participe de la structure du film et du plaisir du spectateur. Non, parce que Bobby va être écartelé,  va évoluer,  va passer de l’ombre à la lumière, ou plutôt d’un univers obscur où régnait la lumière à un univers normalement plus lumineux dominé par des couleurs sombres. Il va passer d’un univers où la nuit lui appartenait à un autre où il aura tout à prouver. Une nuit où la tension est constante, du début et la fin, une nuit où nous sommes entraînés, immergés dans cette noirceur à la fois terrifiante et sublime, oubliant à notre tour que la lumière reviendra un jour, encerclés par cette nuit insoluble et palpitante, guidés par le regard lunatique (fier puis désarçonné, puis déterminé puis dévasté de Joaquin Phoenix, magistral écorché vif, dont le jeu est d’ailleurs un élément essentiel de l’atmosphère claustrophobique du film). James Gray a signé là un film d’une intensité dramatique rare qui culmine lors d’une course poursuite d’anthologie, sous une pluie anxiogène  qui tombe impitoyablement, menace divine et symbolique d’un film qui raconte aussi l’histoire d’une faute et d’une rédemption et donc non dénué de références bibliques. La scène du laboratoire (que je vous laisse découvrir) où notre souffle est suspendu à la respiration haletante et au regard de Bob est aussi d’une intensité dramatique remarquable.

     « La nuit nous appartient », davantage qu’un film manichéen est donc un film poignant constitué de parallèles et de contrastes (entre les deux familles, entre l’austérité de la police et l’opulence des Russes,-le personnage d’Amada aussi écartelé est d’ailleurs une sorte d’être hybride, entre les deux univers, dont les formes voluptueuses rappellent l’un, dont la mélancolie rappelle l’autre- entre la scène du début et celle de la fin dont le contraste témoigne de la quête identitaire et de l’évolution, pour ne pas dire du changement radical mais intelligemment argumenté tout au long du film, de Bob) savamment dosés, même si la nuit brouille les repères, donne des reflets changeants aux attitudes et aux visages.  Un film noir sur lequel plane la fatalité :  fatalité du destin, femme fatale, ambiance pluvieuse. James Gray dissèque aussi les liens familiaux, plus forts que tout : la mort, la morale, le destin, la loi.

     Un film lyrique et parfois poétique, aussi : lorsque Eva Mendes déambule nonchalamment dans les brumes de fumées de cigarette dans un ralenti langoureux, on se dit que Wong Kar-Wai n’est pas si loin... même si ici les nuits ne sont pas couleur myrtille mais bleutées et grisâtres. La brume d’une des scènes finales rappellera d’ailleurs cette brume artificielle comme un écho à la fois ironique et tragique du destin.

     C’est épuisés que nous ressortons de cette tragédie, heureux de retrouver la lumière du jour, sublimée par cette plongée nocturne. « La nuit nous appartient » ne fait pas  partie de ces films que vous oubliez sitôt le générique de fin passé (comme celui que je viens de voir dont je tairai le nom) mais au contraire de ces films qui vous hantent, dont les lumières crépusculaires ne parviennent pas à être effacées par les lumières éblouissantes et incontestables, de la Croisette ou d’ailleurs…

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  • L'Académie Lumières rend un hommage exceptionnel à Roman Polanski

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    Je vous ai déjà parlé des prix Lumières décernés par la presse étrangère au cinéma français et dont la 16ème cérémonie aura lieu le 14 janvier prochain, à la mairie de Paris. L’Académie Lumières rendra ainsi un hommage exceptionnel à l’un des plus grands cinéastes contemporains, Roman Polanski, lors de sa 16e Cérémonie des Prix Lumières vendredi 14 janvier. Elle souhaite ainsi célébrer ses cinquante années de carrière marquées entre autres par Le Pianiste, Oliver Twist, La Jeune fille et la mort, Lunes de fiel, Frantic, Pirates, Tess, Le Locataire, Chinatown, Rosemary’s Baby, Le Bal des vampires, Cul de sac ou Répulsion. L’hommage sera rendu par le directeur général de la Cinémathèque française, Serge Toubiana.
     
    Rappelons que The Ghost Writer, son dernier film, est en lice pour le Meilleur film, Meilleur réalisateur et Meilleur scénario des Prix Lumières décernés par les correspondants étrangers aux meilleurs talents du cinéma français et francophone.

    A cette occasion retrouvez ma critique de "The Ghost Writer", ci-dessous:

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    Un « écrivain-nègre » britannique (beaucoup plus poétiquement appelé un « Ghost-Writer » dans les pays anglo-saxons) à succès (Ewan Mc Gregor) -dont on ne connaîtra d'ailleurs jamais le nom- est engagé pour terminer les mémoires de l'ancien Premier Ministre britannique Adam Lang (Pierce Brosnan), le précèdent rédacteur, ancien bras droit de Lang, étant décédé dans d'étranges circonstances. C'est sur une île isolée au large de Boston que l'écrivain part à la rencontre de son nouveau sujet...

    Répulsion. Chinatown. Tess. Le Pianiste... Et tant d'autres films de genres si différents auxquels, à chaque fois, Polanski a su imprimer son inimitable style. Qu'allait-il en être cette fois de ce thriller? Avec cette adaptation cinématographique de L'Homme de l'ombre, thriller contemporain du romancier et journaliste anglais Robert Harris, Roman Polanski se rapproche davantage de « Frantic » même si ce film ne ressemble à aucun autre.

    Par une manière admirable à la fois d'aller à l'essentiel et de capter les détails avec une acuité remarquable, Roman Polanski nous plonge d'emblée dans son intrigue pour ne plus nous lâcher jusqu'à la dernière seconde. Combien de réalisateurs sont capables d'en dire tellement en deux ou trois plans et cela dès le début : une voiture abandonnée dans la cale d'un ferry, la police qui tourne autour de la voiture sur un quai et le film est lancé. Et nous voilà plongés dans l'atmosphère unique et inquiétante de « The Ghost-Writer ».

     La caméra de Roman Polanski ne quitte jamais son (anti)héros auquel le spectateur s'identifie rapidement (Ewan Mc Gregor tout en sobriété, parfait pour le rôle), cet « homme ordinaire plongé dans une histoire extraordinaire » comme Hitchcock aimait à résumer ses propres histoires. D'ailleurs, il y a beaucoup du maître du suspense dans ce nouveau Polanski, à commencer par ce huis-clos sur cette île inhospitalière à l'abandon balayée par le vent et la monotonie, et ce blockhaus posé au milieu d'une nature rebelle où un jardinier fantomatique œuvre en vain au milieu d'un tourbillon de feuilles. L'inquiétude et le sentiment d'inconfort  nous saisissent immédiatement dans cette demeure élégante mais déshumanisée dont l'ouverture sur l'extérieure donne des plans d'une redoutable beauté glaciale aux frontières de l'absurde, sorte de monde désormais désertique devant lequel, tel un démiurge, apparaît l'ancien premier ministre qui jadis dirigeait tout un peuple. Tout est à la fois familier et étrange, envoûtant et angoissant.

    C'est moins le suspense qui importe que la manière dont Polanski conduit son intrigue (même s'il réussit à nous étonner avec un dénouement pourtant attendu et prévisible), capte et retient notre attention. Pas par des course-poursuites ou des explosions, non, par des scènes où notre souffle est suspendu à un mot (comme ce formidable face-à-face avec Tom Wilkinson ) ou aux glaçantes et cinglantes répliques de la femme d'Adam Lang ( remarquable Olivia Williams) qui, avec Kim Cattrall,  réinventent les femmes fatales hitchcockiennes.

    Une austérité étrangement séduisante, une lenteur savamment captivante, une beauté froide et surtout une atmosphère à la fois inquiétante et envoûtante émanent de ce nouveau Polanski qui nous donne une magnifique leçon de cinéma, jusqu'au dernier plan, effroyablement magnifique. Un film agréablement inclassable quand on essaie de plus en plus de réduire les films à un concept voire à un slogan. Ce « Ghost-Writer » n'est pas sans rappeler un autre film qui lui aussi parle de manipulation ( et nous manipule) et se déroule  en huis-clos sur une île également au large de Boston comme si pour définir un pays aussi gigantesque que les Etats-Unis, la claustrophobie d'une terre insulaire était la plus parlante des métaphores...

    Difficile de dissocier l'histoire du film de celle de son auteur tant les similitudes son présentes ( à commencer par l'exil d'Adam Lang dans un pays où il est assigné à résidence, à cette exception près que c'est justement dans ce pays que ne peut retourner Polanski) . Difficile aussi de dissocier l'Histoire contemporaine de l'histoire de the Ghost-Writer qui évoque les tortures pendant la guerre en Irak et stigmatise le rôle trouble des Etats-Unis (là où justement ne peut retourner Polanski qui d'une certaine manière règle quelques comptes) Harris étant par ailleurs un ancien journaliste proche de Tony Blair à qui Adam Lang fait évidemment penser. Mais ce serait dommage aussi de réduire ce grand film inclassable et passionnant à cela...  Laissez-vous guider par « l'écrivain fantôme » et manipuler dans les coulisses du pouvoir. Je vous promets que vous ne le regretterez pas!

    Roman Polanski a reçu l'Ours d'argent du meilleur réalisateur pour ce film au dernier Festival de Berlin.

  • Programme du Festival Cinéma Télérama 2011 (du 19 au 25 janvier)

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    Chaque année, le Festival Télérama est l'occasion de voir les films manqués au cours de l'année précèdente. Pour moi ce sera "Dans ses yeux" et "Mystères de Lisbonne". Je pense aussi retourner voir "Bright star" à côté duquel je suis peut-être passée en raison des circonstances un peu exceptionnelles dans lesquelles je l'ai vu. Vous trouverez le programme ci-dessous avec les liens vers mes critiques.

    La place de cinéma vous coûtera 3€ avec le pass Télérama dans les journaux du 12 et 19 janvier. Le festival commence le 19 janvier et s'achève le 25. 15 films ont ainsi été sélectionnés par la rédaction de Télérama et les internautes. 210 salles y participent dont 19 à Paris.

    Parmi ces films, je vous recommande tout particulièrement "The Ghost Writer", "Tournée", " Des hommes et des dieux" et "Vous allez rencontrer un bel et sombre inconnu".

    Programme:

    The Social Network
    Bright Star
    Mystères de Lisbonne
    The Ghost Writer
    Another Year
    Poetry
    Des hommes et des dieux
    Tournée
    Fantastic Mr Fox
    White Material
    Mammuth
    Illusionniste (L’)
    Vous allez rencontre un bel et sombre inconnu
    Police, adjectif
    Dans ses yeux

     

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  • Aux auditeurs de France Bleu Mayenne qui...

    france6.jpg...découvriraient ce blog suite aux émissions de cette semaine, je souhaite la bienvenue (vous pourrez encore m'entendre demain et après-demain à 10H50). Si vous voulez en savoir plus sur ce blog (en direct de Paris quand ce n'est pas d'un festival ailleurs, mais d'une Lavalloise d'origine) rendez-vous sur cette page (origines, objectifs, présence des blogs sur les réseaux sociaux et dans les médias...)  ou encore sur celle-ci (avec mon bilan de l'année 2010 et mes voeux pour 2011) et n'hésitez pas à laisser un commentaire. Je serais curieuse de savoir si des Mayennais suivent (régulièrement ou pas) ce blog ou mes autres blogs. Et merci à France Bleu Mayenne pour ce sympathique troisième clin d'oeil de l'année (après notamment un direct de Cannes au milieu du brouhaha, juste avant le palmarès, pour livrer mes impressions et pronostics).

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  • Dario Argento: président du jury longs métrages du Festival International du Film Fantastique de Gérardmer 2011

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    En 2011, je continuerai à vous tenir informés de l'actualité des festivals, même de celle de ceux auxquels je n'assisterai pas. Nous venons ainsi de l'apprendre : pour la 18ème édition du Festival International du Film Fantastique de Gérardmer, le président du jury sera le producteur, réalisateur, scénariste italien Dario Argento.

    Filmographie de Dario Argento:

    Réalisateur

    1970 L'UCCELLO DALLE PIUME DI CRISTALLO (L’oiseau au plumage de cristal)

    1971 IL GATTO A NOVE CODE (Le chat à neuf queues)

    4 MOSCHE DI VELLUTO GRIGIO (Quatre mouches de velours gris)

    1973 LE CINQUE GIORNATE (Cinq jours de révolution)

    1975 PROFONDO ROSSO (Les frissons de l’angoisse)

    1977 SUSPIRIA

    1980 INFERNO

    1982 TENEBRE (Ténèbres)

    1985 PHENOMENA

    1987 OPERA (Terreur à l’opéra)

    1990 DUE OCCHI DIABOLICI (Deux yeux maléfiques) - segment « Le chat noir »

    1993 TRAUMA

    1996 LA SINDROME DI STENDHAL (Le syndrome de Stendhal)

    1998 IL FANTASMA DELL’OPERA (Le fantôme de l’opéra)

    2001 NON HO SONNO (Le sang des innocents)

    2004 IL CARTAIO (The Card Player)

    2005 TI PIACE HITCHCOCK? (Aimez-vous Hitchcock?) - télévision

    JENIFER (série Masters of Horror: épisode 4 - 1ère saison)

    2006 J’AURAI LEUR PEAU (série Masters of Horror: épisode 2 - 2ème saison)

    2007 LA TERZA MADRE (La troisième mère)

    2009 GIALLO

     

    Producteur

    1978 DAWN OF THE DEAD (Zombie) de George A. Romero

    1985 PHENOMENA de Dario Argento

    1986 DEMONI (Démons) de Lamberto Bava

    1987 DEMONI 2 (Démons 2) de Lamberto Bava

    OPERA de Dario Argento

    1989 LA CHIESA (Sanctuaire) de Michele Soavi

    1990 LA SETTA (La secte) de Michele Soavi

    1993 TRAUMA de Dario Argento

    1996 LA SINDROME DI STENDHAL (Le syndrome de Stendhal) de Dario Argento

    2000 SCARLET DIVA de Asia Argento

    2001 NON HO SONNO (Le sang des innocents) de Dario Argento

    2004 IL CARTAIO (The Card Player) de Dario Argento

    2007 LA TERZA MADRE (La troisième mère) de Dario Argento

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  • Critique de « Les yeux noirs » de Nikita Mikhalkov (disponible en dvd )

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    Avec « Les yeux noirs » Nikita Mikhalkov tournait pour la première fois hors des frontières russes avec cette adaptation d’un auteur, russe néanmoins, puisqu’il s’agissait  de trois nouvelles de Tchekhov (dont toute l’œuvre de Mikhalkov est d’ailleurs imprégnée) : « La Dame au petit chien », « Ma Femme » et « L’Ordre d’Anna ».

    Dans la salle de restaurant d’un paquebot de croisière, Pavel, un négociant russe rencontre le mélancolique et fantasque Romano (Marcello Mastroianni) qui lui raconte alors ses souvenirs. En 1903, sept années plus tôt Romano, le jour de l’anniversaire de sa femme, apprend qu’il est ruiné et s’enfuit en cure dans une ville d’eau italienne. Là, il rencontre la timide et naïve Anna (Elena Safonova), une jeune Russe mariée dont il tombe éperdument amoureux.

    En sélection officielle du Festival de Cannes 1987, Mikhalkov se vit ravir la palme d’or par Pialat et « Sous le soleil de Satan », un ennemi du cinéaste figurant dans le jury (le réalisateur russe Elem Klimov). Le président du jury Yves Montand était pourtant tombé sous le charme du film de Mikhalkov mais Klimov ayant menacé de démissionner, la raison l’emporta, ce qui n’empêcha pas le film de recevoir les louanges du public et de la critique et Marcello Mastroianni de recevoir un prix d’interprétation et une nomination aux Oscars. Mikhalkov est d’ailleurs un habitué de la Croisette puisqu’il a notamment obtenu le Grand prix du Festival pour « Soleil trompeur » (par ailleurs Oscar du meilleur film étranger) en 1994,  et puisqu’il a présenté « Le Barbier de Sibérie » hors compétition en 1999.

    Le film est à l’image, contrastée et progressivement ensorcelante,  de son acteur principal qui le porte sur ses épaules : tendre, touchant, fantasque, léger, mélancolique, agaçant. Il n’est ainsi pas sympathique ou séduisant d’emblée non plus. Il faut s’habituer à son visage usé d’abord puis rajeuni (le film se déroule en flashback). Il faut aussi s’habituer à la lenteur puis à la folie, à sa beauté qui n’est pas forcément évidente et fracassante mais plus insidieuse et finalement touchante et profonde. Comme pour certains êtres, il y a des films qui se méritent, qui méritent qu’on aille à la rencontre de leur univers, pas forcément lisses mais riches au contraire de leurs acuités.

    « Les yeux noirs »  s’enrichit ainsi des saisissants contrastes de deux pays : l’Italie et la Russie. Pays de Tchekhov ou de Fellini à qui il emprunte aussi beaucoup. Etrange et envoûtante  (més)alliance qui donne au film cette saveur inimitable, cette couleur joliment contrastée, drôle et cruelle, tendre et amère.

    Les yeux noirs est à la fois une histoire d’amour amère, désespérée, cruelle, naïve, inattendue mais aussi une satire judicieuse : des cures grotesques ou de l’absurdité de la bureaucratie que Mikhalkov met en scène avec une folie insolente, réjouissante et absurde en hommage à Fellini et qui contrebalance la structure classique en flashback. Une structure là aussi néanmoins judicieuse pour imprégner le film d’une nostalgie douce et amère. Nostalgie d’un amour et d’un pays perdus. Nostalgie d’une époque puisque Mikhalkov dresse aussi le portrait d’une bourgeoise en déliquescence (sujet phare d’un autre  réalisateur italien).

    Et puis il y a Mastroianni, monstre sacré du cinéma ici dans toute sa splendeur et bien qu’incarnant un personnage lâche, faible, naïf, cruel, désinvolte, nostalgique (successivement ou en même temps) reste constamment attachant.

    « Les yeux noirs » est un film romanesque qui ressemble à ces rêves doux et tristes, absurdes et mélancoliques dont on émerge avec regret et avec le sentiment d’avoir fait un voyage beau et rare dont la poésie chantante et nostalgique d’un mot (em)porte toute la grâce :  Sabatchka dont je vous laisse découvrir la signification.

    Un dvd à vous procurer de toute urgence !

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