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Festival - Page 7

  • Mes livres dans les médias - Episode 2

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    Après le très bel article que le magazine Normandie Passion avait consacré à mon recueil de nouvelles en septembre dernier (photo ci-dessous), me voici à nouveau à l'honneur en Normandie avec cet article du célèbre magazine deauvillais, Le 21ème (numéro de décembre 2016), -photo ci-dessus-. La photo est signée Dominique Saint, également auteur des quatrièmes de couverture de mes deux livres et de cette séance photos sur les planches (photos ci-dessous).

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  • Mes livres dans les médias - épisode 1

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    Régulièrement, désormais, je rapporterai ici les articles consacrés à mes livres dans les médias. Un immense merci à  l'excellent blog littéraire "Une femme et des livres" pour cette belle chronique qui est aujourd'hui consacrée  à mon recueil de nouvelles "Les illusions parallèles". Ce qu'elle dit sur mes personnages, les émotions, mais aussi les chutes de chaque nouvelle est exactement le résultat auquel j'aspirais et cela me touche donc tout particulièrement.

    Pour lire la chronique du blog "Une femme et des livres" consacrée au recueil "Les illusions parallèles", cliquez ici.

  • En dédicace et en direct du Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule 2016

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    J-3 avant l'ouverture du Festival Cinéma et Musique de Film de La Baule où j'aurai le grand plaisir de dédicacer mes deux livres "L'amor dans l'âme" et "Les illusions parallèles", dimanche 13 novembre à 15H30 au Palais des Congrès Atlantia ( en partenariat avec la Librairie Lajarrige), une rencontre dédicace d'autant plus symbolique pour moi qu'une des nouvelles de mon recueil "Les illusions parallèles" se déroule dans le cadre du Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule. Un an après jour pour jour, dédicacer à La Baule, ville qui m'est si chère, est donc  particulièrement émouvant pour moi.

    Je serai à La Baule dès ce mardi 8 novembre pour couvrir le festival avec exhaustivité à partir de mercredi matin. En trois ans d'existence seulement, ce festival s'impose déjà comme un évènement cinématographique incontournable et je peux d'autant mieux vous l'affirmer que j'ai assisté aux deux premières éditions du festival qui furent remarquables. Cette programmation 2016 s'annonce en effet exceptionnelle.

    Créé par Sam Bobino et Christophe Barratier qui le défendent avec enthousiasme et passion, ce festival est convivial, festif et surtout accessible à tous. Au programme cette année: un hommage en sa présence, au grand compositeur d’origine argentine, Lalo Schifrin (avec un concert hommage qui lui sera dédié le samedi soir), une compétition de longs-métrages qui s'annonce palpitante ("Carole Matthieu", "Tour de France", "Tanna", "La tortue rouge"," Paterson"...), une compétition de courts-métrages, une liste impressionnante et alléchante de films en avant-première hors compétition ("Demain tout commence" d'Hugo Gélin, "Born to be blue" de Robert Budreau, "Gimme danger" de Jim Jarmusch, "Ouvert la nuit" d'Edouard Baer, "A jamais" de Benoît Jacquot...), des classiques du cinéma ("Mission impossible", "Bullitt", "Itinéraire d'un enfant gâté", "Manon des Sources"...), la rencontre avec le public sur le Marché de La Baule, le village du festival au Palais des Congrès Atlantia (une nouveauté cette année), une exposition de photos spécialement dédiée à Steve McQueen.

    Le jury sera présidé par Richard Berry et composé de Richard Anconina, Maïtena Biraben, Pierre Adenot et Inna Modja. Preuve de la qualité de la sélection: l'édition 2015 avait couronné le bouleversant, électrique, percutant "A peine j'ouvre les yeux " de Leyla Bouzid.

    En complément:

    -Mon article détaillé sur la programmation complète du festival avec des critiques des films projetés dans le cadre du festival et toutes les informations pratiques: http://inthemoodforfilmfestivals.com/festival-du-cinema-et…/

    -Mes bonnes adresses à La Baule: https://inthemoodforhotelsdeluxe.com/…/mes-bonnes-adresses…/

    -Le site officiel du festival: http://www.festival-labaule.com/

    -Le site de l'office de tourisme de La Baule: http://www.labaule.fr/office-de-tourisme

    -La page du site internet de mon éditeur Les éditions du 38 consacrée à mon recueil de nouvelles "Les illusions parallèles" - vous verrez qu'il y est question de La Baule, une des 16 nouvelles du recueil ayant pour cadre le Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule 2015- (http://www.editionsdu38.com/…/litt%C3%A9rature-page-38/les-…) et celle consacrée à mon roman "L'amor dans l'âme" ( http://www.editionsdu38.com/…/littératur…/l-amor-dans-l-âme/), les deux livres que je dédicacerai dans le cadre du festival, le 13 novembre.

    -Mes articles sur le groupe Barrière, partenaire officiel du festival:
    -sur l' Hôtel Barrière Le Royal La Baule: https://inthemoodforhotelsdeluxe.com/…/mon-avis-sur-lhotel…/
    -sur le Castel Marie-Louise: https://inthemoodforhotelsdeluxe.com/…/mon-avis-sur-lhotel…/

    -Pour me suivre en direct de La Baule dès mardi soir: sur mon compte twitter principal @moodforcinema et sur Instagram @sandra_meziere en attendant le compte rendu détaillé sur mes sites In the Mood for Cinema ( Inthemoodforcinema.com) et Inthemoodforfilmfestivals.com sur lesquels vous pouvez d'ores et déjà trouver le programme de cette édition et mes articles sur les éditions précédentes.

  • Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule 2016 : programme complet et détaillé

     

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    Cet article sera régulièrement mis à jour au fur et à mesure des annonces sur la programmation.

    Retrouvez ce même article sur http://inthemoodforcinema.com.

    Lors des deux premières éditions du Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule (créé par Sam Bobino -qui  a aussi notamment à son actif  d’être délégué général de la Semaine du Cinéma Positif et auparavant des Prix des Lumières dont je vous ai souvent parlé ici- et Christophe Barratier dont je vous recommande au passage l’excellent film « L’Outsider« , un des meilleurs films de l’année dont vous pouvez retrouver ma critique en bonus ci-dessous et qui sort en DVD/Blu-ray ce 26 octobre 2016 , Christophe Barratier qui est bien sûr aussi le réalisateur notamment du film aux 8 millions d’entrées « Les Choristes »), je vous avais fait part de mon enthousiasme pour ce nouvel évènement cinématographique, convivial et passionnant, qui a lieu dans le cadre idyllique de  la sereine et somptueuse ville de La Baule, un festival pour lequel j’ai eu un coup de cœur tel que l’une des nouvelles de mon recueil de 16 nouvelles sur les festivals de cinéma « Les illusions parallèles », publié en septembre 2016, aux Editions du 38, se déroule dans le cadre de celui-ci et de son édition 2015. J’aurai d’ailleurs le plaisir de dédicacer ce recueil et mon premier roman « L’amor dans l’âme » (roman sur un deuil et un amour impossibles au cœur du Festival de Cannes) au Palais des Congrès Atlantia de La Baule qui tiendra cette année lieu de village du festival (une des belles innovations de cette 3ème édition sur laquelle je reviens plus bas), le dimanche 13 novembre de 15H30 à 16H30, ce dont je me réjouis d’autant plus que, en plus d’être le cadre d’une de mes nouvelles et désormais d’un formidable festival de cinéma, La Baule est une station balnéaire que je fréquente depuis l’enfance et dont j’aime passionnément la douce mélancolie, en particulier à cette saison.  A la même heure, Bertrand Teissier (ancien rédacteur en chef du magazine Gala et réalisateur du documentaire « Vivre et danser » sur Gene Kelly) dédicacera ses livres « Belmondo l’incorrigible », « Delon-Romy, un amour impossible » et « Bernard Giraudeau, le baroudeur romantique».

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    Retrouvez mon compte rendu du Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule 2014 et mon compte rendu du Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule 2015 qui devraient vous donner envie de découvrir ce festival si jamais l’enthousiasmant programme de cette édition 2016 que je vous détaille ci-dessous n’y suffit pas. J’avoue que j’ai longtemps rêvé d’un festival de cinéma dans cette ville qui m’est chère et qui est l’écrin parfait pour cette manifestation qui met le cinéma et la musique à l’honneur. Ainsi, « depuis la dernière édition, en 2008, du Festival International de Musique et Cinéma d’Auxerre, aucun autre festival d’importance n’avait remis à l’honneur le mariage entre musique et cinéma en France.  Le Festival du Cinéma et Musique de Film de la Baule s’inscrit dans le prolongement de ce festival et des festivals audacieux et créatifs, notamment autour de l’art musical plébiscité depuis de nombreuses années par le public Baulois et les amoureux de la musique de film en général. »

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    Une parenthèse pour vous indiquer mon article avec mes bonnes adresses à La Baule et Pornichet ici -hôtels et restaurants- (et notamment du Groupe Barrière, partenaire officiel du festival). Vous n’aurez ainsi plus aucune excuse pour ne pas venir au festival.

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    Je ne manquerai donc évidemment pas l’édition 2016 que je couvrirai de l’ouverture à la clôture et je vous la recommande vivement dès à présent, d’autant plus que la programmation est vraiment alléchante et même impressionnante pour un festival qui en est seulement à sa troisième édition. Un festival à l’ambiance familiale et festive par ailleurs très accessible (comme vous le verrez en bas de cet article dans les informations pratiques) et ouvert à tous. Alors, qu’attendez-vous pour venir à La Baule du 9 au 13 novembre?

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    Le festival 2016 aura en effet lieu du mercredi 9 au dimanche 13 novembre au Cinéma Le Gulf Stream (pour les séances) mais aussi au palais des Congrès Atlantia (pour les concerts, émissions, dédiaces, expositions…).

    Le jury sera présidé par le comédien, scénariste et réalisateur Richard Berry. Il sera accompagné de l’acteur Richard Anconina, de la présentatrice et productrice TV Maïtena Biraben, de l’auteur/compositeur et actrice Inna Modja et du compositeur arrangeur Pierre Adenot (qui a composé les musiques originales de nombreux films, récemment du formidable « Nos futurs » de Rémi Bezançon (ma critique, ici), et qui a été récompensé, entre autres, par le Grand Prix de la SACEM pour la musique du film « Les aveux de l’innocent » de Jean-Pierre Améris, il a aussi collaboré avec de nombreux artistes de variété dont Calogero (« Face à la mer »), Florent Pagny (« Vieillir avec toi ») ou encore Sinclair (« Supernova Superstar »)…

    Le jury remettra notamment l’Ibis d’or, trophée attribué l’an passé au bouleversant « A peine j’ouvre les yeux » de Leyla Bouzid dont vous pouvez retrouver ma critique, ici.

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    « A l’image du cinéma et de la musique, qui sont des arts qui voyagent librement d’un continent à un autre et que l’on retrouve partout dans le monde, l’Ibis est un oiseau migrateur que l’on trouve autant en Afrique, en Amérique, en Asie et depuis peu aussi dans l’estuaire de la Loire et les marais de Guérande, aux portes de La Baule, où il a élu domicile (l’Ibis sacré). L’Ibis d’Or est dessiné et modelé par Joëlle Bellet, artiste spécialisée dans la sculpture bestiaire à qui l’on doit déjà les panthères des « prix des Lumières ». L’Ibis d’Or récompense, chaque année le meilleur film inscrit en compétition officielle. 6 autres Ibis d’Or sont aussi décernés. »

    –          Ibis d’Or du Meilleur Film

    –          Ibis d’Or de la Meilleure Musique de Film

    –          Ibis d’Or du Meilleur Scénario

    –          Ibis d’Or du Meilleur Acteur

    –          Ibis d’Or de la Meilleure Actrice

    –          Ibis d’Or du Meilleur Court Métrage

    –          Ibis d’Or Prix du Public

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    HOMMAGE A LALO SCHIFRIN

    Le grand évènement du festival sera cette année l’hommage rendu, en sa présence, au grand compositeur d’origine argentine, Lalo Schifrin, compositeur, notamment, des bandes originales des films « Les Félins », « Bullitt »,   « L’inspecteur Harry » ou encore « Rush hour » plus récemment mais aussi de séries comme « Mannix », « Starsky et Hutch » sans oublier évidemment « Mission Impossible » ( la musique que vous retrouvez dans la bande annonce du festival ci-dessus).

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     A cette occasion, un grand ciné-concert « Hommage à Lalo Schifrin » sera donné en sa présence au Palais des Congrès, Atlantia, (vous pouvez d’ailleurs d’ores et déjà réserver vos places, en cliquant ici) et une rétrospective en partenariat avec la Cinémathèque Française, lui sera consacrée.

    Un Ciné-Concert hommage lui sera dédié, le soir de la cérémonie de remise des Prix du 3ème Festival du Cinéma et Musique de film au Palais des Congrès Atlantia, le samedi 12 novembre 2016. L’occasion de (re)découvrir les compositions du maître les plus célèbres, grâce à la complicité de Jean-Michel Bernard (qui dirigera le concert et qui sera au piano), Pierre Boussaguet (contrebasse, guitare basse), François Laizeau (batterie), Eric Giausserand (trompette), Charles Papasoff (saxophone, clarienette, flûte), Daniel Ciampolini (percussions) six de nos plus grands musiciens ainsi que Kimiko Ono au chant (qui interprètera la chanson de « The Fox »).

    La Cinémathèque Française, en partenariat avec le Festival, rendra aussi hommage à Lalo Schifrin en lui consacrant  une grande rétrospective. L’inauguration de cet évènement aura lieu le Mercredi 9 novembre à 20h à La Cinémathèque à Paris, en présence de Lalo Schifrin et fera l’objet d’un dialogue avec le grand compositeur, suivi d’une surprise musicale et de la projection de « L’Inspecteur Harry » de Don Siegel, avec Clint Eastwood. Animée par Stéphane Lerouge et Bernard Benoliel, cette rencontre avec le public  sera précédée, à 19h, d’une Signature par Lalo Schifrin du coffret Universal Music France.

    Lalo Schifrin succédera ainsi aux compositeurs Francis Lai (à qui le Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule avait rendu hommage en 2014) et Michel Legrand (à qui le festival avait rendu hommage en 2015).

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    Une exposition de photos spécialement dédiée à Steve McQueen, en partenariat avec « la Galerie de l’Instant », sera aussi à découvrir à l’espace culturel de la Chapelle Sainte-Anne du 27 octobre au 13 novembre 2016.

     

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    A travers ces deux grands artistes, c’est donc le cinéma policier américain de la fin des années 60 et début 70 qui sera mis à l’honneur cette année.  Autant de raisons qui expliquent le choix de l’affiche de cette 3e édition, représentant la mythique voiture de « Bullitt », qui après de nombreuses (més)aventures cinématographiques et après avoir bourlinguée sur le bitume des rues de San Francisco, termine enfin sa poursuite, non pas face à l’océan au bout de la mythique « Route 66 », mais face à l’océan dans la belle Baie de La Baule, véritable havre de paix où il fait bon vivre.

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    LE VILLAGE DU FESTIVAL

    Ne s’endormant pas sur ses acquis, le festival proposera aussi cette année, un village du Festival au palais des congrès Atlantia…

    Un « Village du Festival » sera  en effet créé cette année au coeur même du Palais des Congrès de La Baule Atlantia et proposera au public de rencontrer les professionnels du cinéma et de la musique de film mais aussi de découvrir les coulisses du 7ème art avec des stands et ateliers dédiés. De nombreuses animations seront aussi proposées : mini-concerts, débats, expositions, séances de dédicaces… Une librairie proposera également tous les ouvrages indispensables sur la musique de film.  France Bleu y installera son studio radio et réalisera ses émissions en direct, en présence de nombreuses personnalités, tout comme « la TV du Festival »…

    LA COMPETITION

    Cette année encore, la compétition s’annonce passionnante et palpitante. Pour avoir déjà vu deux films en lice (« Tanna » -au Festival du Film de Cabourg où il était en compétition- et « Paterson » – au Festival de Cannes où il était là aussi en compétition-) et pour avoir entendu dire beaucoup de bien de certains autres et notamment  de « Carole Matthieu » de Louis Julien Petit, je peux vous le garantir. En ouverture, les festivaliers auront également le plaisir de découvrir « Tour de France », la comédie dramatique de Rachid Djaïdani avec Gérard Depardieu, également très attendue.

    1/ En ouverture du festival, « Tour de France », comédie dramatique de Rachid Djaïdani, avec Gérard Depardieu et Sadek, musique de Clément Dumoulin (France) – Date de sortie 16 novembre –

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    Far’Hook est un jeune rappeur de 20 ans. Suite à un règlement de compte, il est obligé de quitter Paris pour quelques temps. Son producteur, Bilal, lui propose alors de prendre sa place et d’accompagner son père Serge faire le tour des ports de France sur les traces du peintre Joseph Vernet. Malgré le choc des générations et des cultures, une amitié improbable va se nouer entre ce rappeur plein de promesses et ce maçon du Nord de la France au cours d’un périple qui les mènera à Marseille pour un concert final.2/

    2/ « A Serious Game », drame de Pernilla August, avec Sverrir Gudnason, Karin Franz Körlof, musique de Matti Bye (Suède / Danemark / Norvège) -Pas de date de sortie –

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    Dans la Suède du début du XXe siècle, Arvid Stjärnblom, un jeune journaliste, et Lydia Stille, fille d’un artiste peintre, tombent éperdument amoureux. Mais leur idéal d’une passion pure et inconditionnelle se heurte à la réalité de l’époque…

    3/« Paterson » de Jim Jarmush, musique de Sqürl (USA) – Date de sortie 21 décembre –

    Paterson vit à Paterson, New Jersey, cette ville des poètes – de William Carlos Williams à Allan Ginsberg aujourd’hui en décrépitude. Chauffeur de bus d’une trentaine d’années, il mène une vie réglée aux côtés de Laura, qui multiplie projets et expériences avec enthousiasme et de Marvin, bouledogue anglais. Chaque jour, Paterson écrit des poèmes sur un carnet secret qui ne le quitte pas…

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    4/« Go Home », drame de Jihane Chouaib, avec Golshifte Farahani, musique de Bachar Khalifé & Béatrice Wick (France / Suisse / Belgique / Liban) – Date de sortie 7 décembre –

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    Quand Nada revient au Liban, elle est devenue une étrangère dans son propre pays. Elle se réfugie dans sa maison de famille en ruines, hantée par son grand-père mystérieusement disparu pendant la guerre civile. Quelque chose est arrivé dans cette maison. Quelque chose de violent. Nada part à la recherche de la vérité.

    5/« Tanna », drame / romance de Martin Butler & Bentley Dean, avec Mungau Dain, Marie Wawa, musique de Anthony Partos (Australie / Ni-Vanuatu) – Date de sortie 16 novembre –

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    Dans l’une des dernières tribus traditionnelles du monde, une jeune fille rompt son mariage arrangé pour s’enfuir avec l’homme qu’elle aime. Les amoureux déclenchent ainsi une guerre qui menace leur clan. Tanna est l’histoire vraie qui bouleversa la vie des habitants d’une petite île du Pacifique et fit réviser la constitution d’un pays.

    Mon avis: « Tanna » nous emmène en plein Pacifique, sur une petite île recouverte d’une luxuriante jungle et dominée par un volcan en activité. La tribu des Yakel y rejoue une histoire vraie venue de leur passé, une histoire faite d’amour, de fidélité et de renoncement. La justesse des interprètes est sidérante. Les images sont d’une beauté à couper le souffle. La musique procure un souffle épique à l’ensemble. L’histoire, celle d’un amour impossible, est tragique et bouleversante. Hymne à la liberté, à la nature, ce film aux accents de Roméo et Juliette, plus qu’un coup de cœur est un coup au cœur.

    6/« La Tortue Rouge », film d’animation de Michaël Dudok de Wit, musique de Laurent Perez Del Mar (France / Belgique / Japon) – Date de sortie 29 juin 2016 –

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    À travers l’histoire d’un naufragé sur une île déserte tropicale peuplée de tortues, de crabes et d’oiseaux, La Tortue rouge raconte les grandes étapes de la vie d’un être humain.

    7/« Carole Matthieu » téléfilm dramatique de Louis Julien Petit, avec Isabelle Adjani, Lyes Salem, musique de Laurent Perez Del Mar (Fr.) – Diffusion sur Arte le 18 novembre –

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    Médecin du travail dans une entreprise aux techniques managériales écrasantes, Carole Matthieu tente en vain d’alerter sa hiérarchie des conséquences de telles pratiques sur les employés. Lorsque l’un d’eux la supplie de l’aider à en finir, Carole réalise que c’est peut-être son seul moyen de forcer les dirigeants à revoir leurs méthodes.

    LES AVANT-PREMIERES HORS COMPETITION

    Là aussi, le programme est impressionnant. Je vous recommande d’ores et déjà « Born to be blue », un film nimbé d’une mélancolie envoûtante et foudroyante de beauté…comme un air de jazz joué par Chet Baker. Comme les derniers soupirs d’un artiste. Les plus intenses et émouvants. Retrouvez ma critique complète ci-dessous. Parmi les films en avant-première, vous pourrez également découvrir le nouveau film très attendu d’Hugo Gélin, « Demain tout commence », après le formidable « Comme des frères » (dont je vous avais dit tout le bien que j’en pensais dans ma critique, ici), mais aussi le dernier film de Benoît Jacquot que j’attends avec impatience, comme chacun des films de ce cinéaste ( cliquez ici pour retrouver ma critique d’un de ses derniers films « 3 cœurs ») ou encore la comédie dramatique d’Edouard Baer « Ouvert la nuit ». Drames, comédies, film d’animation, documentaires…il y en aura pour tous les goûts dans cette riche sélection d’avant-premières.

    1/ « The Music Of Strangers » documentaire musical, de Morgan Neville (USA)

    – Date de sortie 16 décembre –

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    Pour recréer du lien entre les cultures, après le 11 septembre, Yo-Yo Ma, star mondiale du violoncelle, part sur les routes avec le Silk Road Ensemble, groupe de musiciens composé d’artistes originaires des pays de la Route de la Soie (Chine, Iran, Syrie, Turquie, Espagne…). Pour chaque musicien, une histoire qui se confond avec la grande Histoire des peuples. Et surtout un regard empreint d’humour et de poésie.

    2/ « Wulu «  thriller, drame de Daouda Coulibaly avec Inna Modja, musique de Eric Neveux (Mali/Fr./Sénégal)

    – Pas encore de date de sortie –

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    Ladji, un jeune chauffeur de bus cherchant à s’en sortir va parvenir à ses fins en entrant dans le crime organisé.

    3/« Demain tout commence », comédie dramatique de Hugo Gélin avec Omar Sy, Clémence Poésy, musique de Rob Simonsen, musique superviseur : Raphaël Hamburger (Fr.)  – Date de sortie 7 décembre –

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    Samuel vit sa vie sans attaches ni responsabilités, au bord de la mer sous le soleil du sud de la France, près des gens qu’il aime et avec qui il travaille sans trop se fatiguer. Jusqu’à ce qu’une de ses anciennes conquêtes lui laisse sur les bras un bébé de quelques mois, Gloria : sa fille ! Incapable de s’occuper d’un bébé et bien décidé à rendre l’enfant à sa mère, Samuel se précipite à Londres pour tenter de la retrouver, sans succès. 8 ans plus tard, alors que Samuel et Gloria ont fait leur vie à Londres et sont devenus inséparables, la mère de Gloria revient dans leur vie pour récupérer sa fille…

    4/« Beyond Flamenco » documentaire musical, de Carlos Saura avec Sara Baras, Ara Malikian, Giovanni Sollima (Espagne)

    – Date de sortie 4 janvier 2017 –

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    « Beyond Flamenco » est un documentaire musical consacré à une danse traditionnelle, très connue en Espagne : la Jota. Semblable au fandango, elle date du XIIe siècle. Après « Sevillanas », « Flamenco » et « Fados », consacrés au flamenco, le cinéaste Carlos Saura revient une nouvelle fois pour explorer la culture de son pays et plus particulièrement celle de sa région natale, située au nord, Aragon. Un voyage qui permet de rencontrer ceux et celles qui pratiquent la Jota et des spécialistes qui donnent leur avis sur l’avenir de ce chant folklorique. Le réalisateur entend ainsi laisser un témoignage historique pour les générations futures.

    5/« Born to be blue », drame, musical, biopic de Robert Budreau, avec Ethan Hawke (USA)

    – Date de sortie 11 Janvier 2017 –

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    L’histoire vraie, et tragique, du trompettiste de jazz Chet Baker, depuis son comeback dans les années 70 jusqu’à sa disparition brutale…

    Mon avis:

    Ethan Hawke et Robert Budreau, le réalisateur de ce biopic (qu’il serait d’ailleurs réducteur et même inexact de qualifier ainsi) ont en commun une véritable passion pour le trompettiste et chanteur de jazz Chet Baker. L’acteur américain avait en effet déjà travaillé sur le scénario d’une journée dans la vie de Chet Baker, le James Dean du jazz, un film qui qui n’a jamais été tourné. Le film alterne les temporalités, la couleur, souvent magnétique et crépusculaire, et le noir et blanc nostalgique, la fiction dans la fiction (Chet Baker devait tourner un film sur sa vie) et la fiction qui raconte la vie de Chet Baker. Une structure dichotomique à l’image de cet être écartelé entre sa passion viscérale et ses démons. Un être multiple qu’un flashback fait passer d’une cellule d’une prison italienne à ses débuts devant Miles Davis et Dizzy Gillespie à une scène du film dans le film (s’inspirant du projet du producteur Dino de Laurentiis de 1966) dans laquelle Baker, qui joue son propre rôle, prend de l’héroïne pour la première fois, incité par une admiratrice.

    Au-delà du portrait du grand artiste, « Born to Be Blue » est un film sur les affres de la création, sur les revers du succès et de la vie d’artiste, sur la versatilité du destin. Le portrait d’un homme, seul blanc trompettiste de l’époque, qui place l’amour de son art, vital, au-dessus de tout et prêt à tous les sacrifices et douleurs pour effectuer son retour, épaulé seulement par sa compagne Jane quand même son propre père ne croit plus en lui. Le titre se réfère d’ailleurs à une chanson que lui jouait son père. Ethan Hawke, à fleur de peau, EST Chet Baker et porte ce rôle, cette personnalité aussi séduisante que fragile, sur ses épaules et lorsque, lors d’une ultime chance,  cet écorché vif chante « My Funny Valentine » devant des professionnels, c’est poignant et nous retenons notre souffle à sa voix brisée. Ce film judicieusement construit et mis en abyme, enfiévré de la musique, de l’amour et des excès qui portaient et détruisaient l’artiste est une enivrante et bouleversante mélodie du malheur et finalement le plus beau des hommages que l’on pouvait consacrer à l’artiste, et aux artistes qui se consument pour leur art. Un film nimbé d’une mélancolie envoûtante et foudroyante de beauté…comme un air de jazz joué par Chet Baker. Comme les derniers soupirs d’un artiste. Les plus intenses et émouvants.

    6/« Vivre et danser » documentaire de Bertrand Teissier (Fr)

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    Le parcours extraordinaire d’un des rois de la comédie musicale américaine Gene Kelly…

    7/« Gimme Danger » doc. de Jim Jarmush sur Iggy Pop (USA)

    – Date de sortie 1 février 2017 –

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    Apparu pour la première fois à Ann Arbor (Michigan) en pleine révolution contre-culturelle, le style de rock’n’roll puissant et agressif des Stooges a fait l’effet d’une bombe dans le paysage musical de la fin des années 60. Soufflant le public avec un mélange de rock, de blues, de R&B et de free jazz, le groupe – au sein duquel débute Iggy Pop – posa les fondations de ce que l’on appellera plus tard le punk et le rock alternatif. GIMME DANGER retrace l’épopée des Stooges et présente le contexte dans lequel l’un des plus grands groupes de rock de tous les temps a émergé musicalement, culturellement, politiquement et historiquement. Jim Jarmusch retrace leurs aventures et leurs mésaventures en montrant leurs inspirations et les motivations de leurs premiers défis commerciaux, jusqu’à leur arrivée au Panthéon du rock.

     8/« Ouvert la Nuit », comédie dramatique de Edouard Baer, avec Audrey Tautou, Sabrina Ouazani, Gregory Gadebois, musique superviseur : Raphaël Hamburger (Fr.)

    – Date de sortie 11 janvier 2017 –

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    Luigi a une nuit pour sauver son théâtre. Une nuit pour trouver un singe capable de monter sur les planches et récupérer l’estime de son metteur en scène japonais ; une nuit pour regagner la confiance de son équipe et le respect de sa meilleure amie – qui est aussi sa plus proche collaboratrice… et pour démontrer à la jeune stagiaire de Sciences Po, tellement pétrie de certitudes, qu’il existe aussi d’autres façons dans la vie d’appréhender les obstacles…

     9/« A Jamais », drame de Benoit Jacquot avec Julia Roy, Mathieu Amalric, Jeanne Balibar, musique de Bruno Coulais (Fr.)

    – Date de sortie 7 décembre –

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    Laura et Rey vivent dans une maison au bord de la mer. Il est cinéaste, elle crée des « performances » dont elle est l’actrice. Rey meurt —accident, suicide ?—, la laissant seule dans cette maison. Mais bientôt, seule, elle ne l’est plus. Quelqu’un est là, c’est Rey, par et pour elle, comme un rêve plus long que la nuit, pour qu’elle survive.

    10/« La fine équipe », comédie de Magaly Richard-Serrano, avec Annabelle Lengronne, William Lebghil, musique de Oxmo Puccino (Fr.) – Date de sortie 30 novembre –

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    Omen est un inconditionnel de Stan, chanteuse black au flow ravageur. Sans doute l’un des derniers fans, vu comment le groupe galère ! Le jour où il croise son idole par hasard, Omen lui propose ses services : « chauffeur polyvalent à tout faire ». Contre l’avis général de l’équipe, Stan embarque ce petit blanc pas toujours réveillé, limite bordélique, dont elle semble être la seule à entrevoir les talents… très bien cachés.

     11/« La Mécanique de l’Ombre », thriller, espionnage de Thomas Kruithof avec François Cluzet, Denis Podalydes, Sami Bouajila, Simon Abkarian, musique de Gregoire Auger (Fr./Belgique)

    – Date de sortie 18 janvier 2017 –

    mecanique

    Deux ans après un « burn-out », Duval, au chômage, se voit contacter par un mystérieux employeur pour retranscrire des écoutes téléphoniques. Sans se poser de questions sur la finalité de cette organisation, Duval, aux abois financièrement, accepte. Ce travail simple, s’il lui permet de reprendre pied dans sa vie, va néanmoins le placer très vite au cœur d’un complot politique, plongé malgré lui dans la brutalité et l’étrangeté du monde souterrain des services secrets.

     12/« Al Jarreau l’enchanteur » documentaire de Thierry Guedj (Fr.)

    – Pas de date de sortie –

    Al Jarreau occupe une place à part dans la musique afro-américaine. L’artiste a l’habitude de jongler entre les genres et sa discographie balance entre jazz, pop ou encore R&B. Apparu sur scène dans les années 1970, ce fils de pasteur et d’une pianiste de l’Eglise adventiste du septième jour n’a pas mis longtemps avant d’être considéré comme l’un des plus vocalistes les plus originaux de son temps. Ce documentaire dresse son portrait et revient sur son parcours.

     13/« Les Chroniques de Zorro » dessin animé de Olivier Lelardoux (Fr.) – Diffusion tv été 2016 –

    zorro

    Le plus célèbre des héros masqués nous ramène au début de sa carrière, aussi haletant que divertissant. Adolescent déjà, le jeune don Diego de la Vega, alias Zorro, n’a de cesse de livrer bataille à des tyrans injustes et sans scrupules. Tandis que ses ennemis jurés complotent, don Diego tient sa lame toujours prête pour des combats épiques !

    14/« L’Invitation » de Michaël Cohen avec Nicolas Bedos, Camille Chamoux, Gustave Kerven, musique de Alexis Rault  (Fr.) – Date de sortie 9 novembre –

    linvitation

     En plein milieu de la nuit, Léo réveille son meilleur pote, Raphaël. Sa voiture est en panne, à une heure de Paris. Hors de question pour Raphaël d’y aller… jusqu’à ce que la femme de sa vie le pousse hors du lit. Arrivé sur place, il découvre qu’il n’y a aucune panne mais du champagne, des amis et une fête improvisée… Léo a fait un test à l’amitié. Et si une amitié, une existence entière ne dépendait que de cette seule question : « Tu te serais levé, toi, pour aller dépanner un pote à 3h du matin ? »

    + Rediffusion le dimanche du film qui aura gagné l’Ibis d’Or du Meilleur film la veille le samedi

    LES CLASSIQUES DU CINEMA (catégorie films « classics »)

    Là aussi, cette section nous promet de beaux moments de cinéma: revoir « Itinéraire d’un enfant gâté » et notamment la fameuse scène du bonjour dans laquelle Richard Anconina (membre du jury du festival) est remarquable et forme un irrésistible duo avec Jean-Paul Belmondo, revoir les divertissements de haute voltige que sont les « Mission impossible », revoir le bouleversant « Manon des sources » de Claude Berri dont ce sera le 30ème anniversaire (et sans aucun doute un des plus beaux films de l’Histoire du cinéma français) et, pour ma part, voir enfin « Tout, tout de suite » du président du jury Richard Berry.

    « Bullitt » de Peter Yates, avec Steve Mc Queen, Jacqueline Bisset (USA)

    « Le Kid de Cincinnati » de Norman Jewison, avec Steve McQueen (USA)

    « Opération Dragon » de Robert Clouse avec Bruce Lee (USA)

     « L’Inspecteur Harry » de Don Siegel avec Clint Eastwood (USA)

    « Mission Impossible » de Brian de Palma avec Tom Cruise (USA) – 20e anniversaire –

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    « Mission Impossible II » de John Woo avec Tom Cruise (USA)

    « 15 Août » de Patrick Alessandrin, avec Richard Berry (Fr.)

    « Tout, tout de suite » de Richard Berry (Fr.)

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    « Itinéraire d’un enfant gaté » de Claude Lelouch avec Jean-Paul Belmondo et Richard Anconina (Fr.)

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    « Manon des sources » de Claude Berri avec Emmanuelle Béart (Fr.) – 30e anniversaire –

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    « In the Tracks of Lalo Schifrin » documentaire de Pascale Cuenot (Fr.)

    « Une Saison Blanche et sèche » de Euzhan Palcy, avec Donald Sutherland, Susanne Sarandon, Marlon Brandon (USA)  -25e anniversaire – FILM DE CLOTURE —

    LES COURTS-METRAGES EN COMPETITION

    Le festival a également la bonne idée de proposer une compétition de courts-métrages, à ne pas manquer.

    –         « La renommée trompette » de Célia Marolleau

    –           « The Fall of Men » de Yohan Faure

    –           « Les courgettes de la resistance » de Mélissa Idri, Benoit Lecailtel, Ivana Ngamou, Côme Balguerie

    –           « Que la mort vous separe » de Fabien Luszezyszyn

    –           « Dryad » de Thomas Vernay

    –           « En Famille » de Jérôme Waquet

    –           « Je suis en resonnace… » de Alexis Loukakis

    –       « Une vie ordinaire » de Sonia Rolland

    –           « White Spirit » de Julie Voisin

    –           « 14 Juillet » de Michael Bacoras

     LES MASTER CLASS

    Chaque année, le festival propose de passionnantes Master Class. Celles de Claude Lelouch et Francis Lai ou de Michel Legrand lors des éditions précédentes furent ainsi des moments rares. 3 Master Class autour sur le travail du compositeur et sur le thème du rapport de la musique à l’image, seront organisées durant le Festival, toutes animées par Stephane Lerouge. L’une sera donnée par Lalo Schifrin et les deux autres par Philippe Rombi, le compositeur des musiques des films de François Ozon (et notamment de son dernier chef-d’œuvre « Frantz » dont vous pouvez retrouver ma critique en cliquant ici) et aussi de « L’Outsider » le dernier film de Christophe Barratier (ma critique en bas de cette page) et l’autre par Jean-Michel Bernard compositeur des plus importantes musiques de films de Michel Gondry.

    LA RENCONTRE AVEC LE PUBLIC SUR LE MARCHE DE LA BAULE

    aout

    Cette année encore, les commerçants de la Halle du Marché de La Baule donneront rendez-vous au Baulois pour une dégustation de leurs meilleurs produits en compagnie de l’ensemble des personnalités présentes au Festival (un moment là aussi chaque année très convivial et que je vous recommande!). Cette démarche s’inscrit dans la volonté des organisateurs du Festival d’aller à la rencontre du public en dehors des salles de cinémas et de concerts. Après l’anniversaire des 10 ans du film « Les Choristes » en 2014 et des 25 ans de « La Baule les pins », cette année ce sera au tour d’un autre film emblématique de la région, « 15 Août », réalisé par le Baulois Pierre Alessandrin, dont on fêtera les 15 ans !

    LE FESTIVAL SUR LES RESEAUX SOCIAUX

    Pour en savoir plus, vous pouvez vous abonner à la page Facebook du festival, ici, mais aussi le retrouver sur twitter (@FestivalLaBaule), sur Instagram (@festivallabaule) et sur son site internet.

    INFORMATIONS PRATIQUES

    PASS FESTIVAL donnant accès à l’ensemble du Festival du 9 au 13 novembre (à l’exception de la soirée de remise des prix et du ciné-concert) disponible à partir du 20 octobre directement auprès du cinéma de La Baule Le Gulf Stream (Tél : 02 51 75 15 41). Tarifs: 30€ adulte, 15€ -25 ans, 15€ Pass journée (tarif unique), gratuit -14 ans (toutes les projections auront lieu au cinéma de La Baule le Gulf Stream)

    BILLET CINE-CONCERT Hommage à Lalo Schifrin et Soirée de remise des prix du Festival le 12 novembre à 20h30 à Atlantia: Tarif: 49€ adulte, 24€ -25 ans (Réservation Palais des congrès Atlantia au 02 40 11 51 51 ou http://billetterie.atlantia-labaule.com)

    LES MASTER CLASS

    – Philippe Rombi : Vendredi 11 novembre à 12h au cinéma de la Baule le  Gulf Stream – accès Pass festival –

    – Jean-Michel Bernard : Samedi 12 novembre à 12h au cinéma le Gulf Stream –accès Pass festival –

    – Lalo Schifrin : Dimanche 13 novembre à 14h au « Village du Festival » Palais des congrès Atlantia + suivi d’une séance de dédicaces –accès libre-

    L’EXPOSITION « STEVE MCQUEEN FOREVER »  du 27 octobre au 13 novembre, tous les jours 11h-13h et 15h-19h à la Chapelle Sainte-Anne (Place du Maréchal Leclerc, 44500 La Baule) – Entrée libre –

    «  LE VILLAGE DU FESTIVAL » sera installé au Palais des Congrès Atlantia (119, avenue du Maréchal de Lattre de Tassigny, 44500 La Baule). Ouvert du Mercredi 10 novembre au Dimanche 13 novembre de 14h à 20h – Entrée libre –

    L’EXPOSITION « L’HISTOIRE DE LA MUSIQUE DE FILM », dans le cadre du « Village du Festival » (voir horaires et jours d’ouverture) -Entrée libre-

    L’EXPOSITION « LES CHRONIQUES DE ZORRO », dans le cadre du « Village du Festival » (voir horaires et jours d’ouverture)  -Entrée libre-

    LA RENCONTRE AVEC LES SCOLAIRES aura lieu au « Village du Festival » à Atlantia le Jeudi 10 novembre de 14h à 15h (visite privée pour les élèves et leurs parents et la presse sur demande uniquement)

    FRANCE BLEU réalisera ses émissions en direct du « Village du Festival » au Palais des congrès Atlantia, le Vendredi 11 novembre de 16h à 20h – Entrée Libre –

    LA TV DU FESTIVAL réalisera ses émissions en direct du « Village du Festival » au Palais des congrès Atlantia, tous les jours (voir horaires et jours d’ouverture) – Entrée Libre –

    LA RENCONTRE AVEC LES ARTISTES à la Halle du Marché de La Baule aura lieu le Dimanche 13 novembre 2016 de 12h à 13h – Accès libre –

    GRILLE DE PROGRAMMATION

    MERCREDI 9 NOVEMBRE

    12h : Projection « LE KID DE CINCINNATI » de Norman Jewison avec Steve McQueen 14h : Projection « OPERATION DRAGON » de Robert Clouse avec Bruce Lee 16h : Projection « BULLITT » de Peter Yates avec Steve McQueen 18h : Projection « L’INSPECTEUR HARRY » de Don Siegel avec Clint Eastwood 20h30 : Film d’ouverture en présence du Jury : Avant-Première « TOUR DE FRANCE» de Rachid Djaïdani avec Gérard Depardieu (en compétition)  22h30 : Avant-Première « TANNA » de Martin Butler & Bentley Dean (en compétition)

    JEUDI 10 NOVEMBRE

    10h00 : Projection des Courts-Métrages (en compétition)  12h30 : Avant-Première « THE MUSIC OF STRANGERS» doc de Morgan Neville  14h30 : Avant-Première « A SERIOUS GAME» de Pernilla August (en compétition)  16h30 : Avant-Première « WULU » de Daouda Coulibaly avec Inna Modja 18h30 : Avant-Première « BEYOND FLAMENCO » doc de Carlos Saura  20h30 : Avant-Première « OUVERT LA NUIT » d’Edouard Baer, avec Audrey Tautou  22h30 : Avant-Première « BORN TO BE BLUE» (biopic sur Chet Baker) de Robert Budreau avec Ethan Hawke

    VENDREDI 11 NOVEMBRE

    10h : Avant-Première « PATERSON » de Jim Jarmusch (en compétition)  12h : Master Class PHILIPPE ROMBI (compositeur des musiques des films de François Ozon) & CHRISTOPHE BARRATIER (animée par Stéphane Lerouge)  13h : Avant-Première « VIVRE ET DANSER » (doc. sur G. Kelly) de Bertrand Teissier  14h30 : Avant-Première « GO HOME » de Jihane Chouaib avec Golshifteh Farahani (en compétition)  16h30 : Avant-Première « A JAMAIS » de Benoit Jacquot avec Mathieu Amalric  18h30 : Avant-Première « GIMME DANGER » (doc. sur Iggy Pop) de Jim Jarmusch  20h30 : Avant-Première « DEMAIN TOUT COMMENCE » de Hugo Gélin avec Omar Sy  22h30 : Projection « TOUT, TOUT DE SUITE » de Richard Berry

    SAMEDI 12 NOVEMBRE

    10h : Projection « LA TORTUE ROUGE » film d’animation de Michael Dudok de Wit (en compétition)  12h : Master Class JEAN-MICHEL BERNARD (compositeur des musiques des films de Michel Gondry), animée par Stéphane Lerouge  14h : Avant-Première « LA MECANIQUE DE L’OMBRE» de Thomas Kruithof avec François Cluzet, Denis Podalydès, Sami Bouajila, Simon Abkarian  16h : Avant-Première « CAROLE MATTHIEU » de Louis Julien Petit avec Isabelle Adjani (en compétition)  18h00 : Projection « MANON DES SOURCES » de Claude Berri, avec Emmanuelle Béart, Daniel Auteuil, Yves Montant -version restaurée- (30e anniversaire) 20h30 : Projection « MISSION IMPOSSIBLE » de Brian de Palma (20e anniversaire) 22h30 : Projection « MISSION IMPOSSIBLE II » de John Woo, avec Tom Cruise

    DIMANCHE 13 NOVEMBRE

    10h : Projection « LES CHRONIQUES DE ZORRO » film d’animation d‘Olivier Lelardoux  10h30 : Projection courts-métrages (en compétition) 12h : Avant-Première « AL JARREAU L’ENCHANTEUR » doc de Thierry Guedj  14h : Projection « 15 AOUT» de Patrick Alessandrin avec Richard Berry 16h : Avant-Première Ibis d’Or du Meilleur Film 2016 – Film lauréat (Rediffusion) 16h : Avant-Première « LA FINE EQUIPE » de Magaly Richard-Serrano 18h : Avant-Première « L’INVITATION » de Michael Cohen avec Nicolas Bedos, Camille Chamoux, Gustave Kerven 20h : Projection « UNE SAISON BLANCHE ET SECHE » de Euzhan Palcy (35e anniversaire)

    Ce programme est donné sous réserve de modifications.  Infos et mises a jour du programme sur : WWW.FESTIVAL-LABAULE.COM

    PROGRAMME DU « VILLAGE DU FESTIVAL »

    Du Mercredi 9 au Dimanche 13 Novembre 2016 De 14h à 18h (le vendredi jusqu’à 20h)  – Entrée libre – (Palais des congrès Atlantia)

    MERCREDI 9 NOVEMBRE
    14h : Ouverture du Village et Inauguration de l’exposition d’affiches « LA GRANDE HISTOIRE DE LA MUSIQUE DE FILM »

     JEUDI 10 NOVEMBRE
    14h : inauguration de l’exposition « LES CHRONIQUES DE ZORRO » 16h-17h : enregistrement émission « LA TV DU FESTIVAL » (en présence des acteurs)

    VENDREDI 11 NOVEMBRE
    14-15h : Concert  « JUSTIN ST PIERRE » (guitare) 15h-16h : enregistrement émission « LA TV DU FESTIVAL » (en présence des acteurs) 16h – 19h : Enregistrement émission « FRANCE BLEU Region » (direct) 19h – 20h : Enregistrement émission « FRANCE BLEU Grand Soir » (direct / national)

    SAMEDI 12 NOVEMBRE
    15h-16h : Concert « Les Musiques de film » par FRÉDÉRIC LA VERDE et son « PIANO ROUGE »  (+ séance de dédicaces de ses albums) 16h-17h : enregistrement émission « LA TV DU FESTIVAL » (en présence des acteurs)

    DIMANCHE 13 NOVEMBRE
    14h : Projection « IN THE TRACKS OF LALO SCHIFRIN» doc de Pascale Cuenot  15h : Master Class LALO SCHIFRIN animée par Stéphane Lerouge + séance dédicaces (en partenariat avec Universal Music France)  15h30 – 16h30 : Séance de dédicaces de BERTRAND TEISSIER (ancien rédacteur en chef du magazine Gala et réalisateur du documentaire « Vive et danser » sur Gene Kelly), livres : « Belmondo l’incorrigible », « Delon-Romy, un amour impossible », « Bernard Giraudeau, le baroudeur romantique » ;  et de  SANDRA MEZIERE (journaliste cinéma), livres : « Les illusions parallèles, 16 rencontres comme au cinéma » et « L’amor dans l’âme ») 16h-17h : enregistrement émission « LA TV DU FESTIVAL » (en présence des acteurs)

    Critique de L’OUTSIDER de Christophe Barratier:

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    Après quelques réussites en tant que producteur délégué et en tant que réalisateur de courts-métrages, Christophe Barratier, en 2004, connaissait un succès retentissant avec Les Choristes et ses 8, 5 millions d’entrées puis ses deux César et ses deux nominations aux Oscars (meilleur film en langue étrangère et meilleure chanson pour Vois sur ton chemin). Vinrent ensuite Faubourg 36 en 2008 et La Nouvelle guerre des boutons en 2011, des films nostalgiques dont l’action se déroulait dans les années 30, un cinéma populaire (au sens noble du terme) et de beaux hommages au cinéma d’hier.

    Faubourg 36 notamment regorgeait ainsi de réjouissantes références au cinéma des années 30. Ainsi, Clovis Cornillac y ressemblait à s’y méprendre à Jean Gabin dans les films d’avant-guerre, Nora Arnezeder (la découverte du film comme Jean-Baptiste Maunier l’avait été auparavant dans Les Choristes) à Michèle Morgan : tous deux y faisaient penser au couple mythique Nelly et Jean du Quai des Brumes de Marcel Carné auquel un plan se référait d’ailleurs explicitement. Bernard-Pierre Donnadieu, quant à lui,  faisait songer à Pierre Brasseur (Frédérick Lemaître) dans Les enfants du paradis de Carné et à  Jules Berry (Valentin) dans Le jour se lève  du même Carné  dont j’avais même cru reconnaître le célèbre immeuble dessiné par Alexandre Trauner dans le premier plan du film… Les décors du film entier  semblaient d’ailleurs rendre hommage à ceux de Trauner, avec cette photographie hypnotique et exagérément lumineuse entre projecteurs de théâtre et réverbères sous lesquels Paris et les regards scintillent de mille feux incandescents et mélancoliques. Et l’amitié qui unissait les protagonistes de ce Faubourg 36 résonnait comme un clin d’œil à celle qui unissait les personnages de La belle équipe de Duvivier.  Bref, Christophe Barratier est un cinéaste cinéphile qui a par ailleurs à cœur de partager sa passion du cinéma puisqu’il est le cofondateur (avec Sam Bobino) du Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule (que je vous recommande vivement au passage : mon compte rendu de la première édition, en 2014, ici et mon compte rendu de l’édition 2015, à lire là).

    Mais sans doute Christophe Barratier n’était-il pas attendu aux manettes d’un film tel que L’Outsider, thriller financier se déroulant à notre époque et donc très différent des films précités. Alors, ce film (dont on imagine quel défi cela a dû être étant donné l’actualité et le caractère sensible du sujet) est-il aussi une réussite ?

    D’abord, L’Outsider, en plus d’être tiré de l’histoire vraie de Jérôme Kerviel, trader condamné pour avoir fait perdre des milliards d’euros à la Société Générale, est une adaptation du livre écrit par Kerviel lui-même et publié en 2010, L’Engrenage : mémoires d’un trader. A priori le personnage et le sujet n’étaient pas d’emblée sympathiques même si la déchéance du trader pris dans cet engrenage après son ascension fulgurante était éminemment romanesque.

    Plutôt que de se concentrer sur les suites judiciaires, Christophe Barratier a fait débuter son scénario (coécrit avec Laurent Turner, sur une idée de Jérôme Corcos) lors de l’entrée de Kerviel à la Société Générale en 2000 pour le faire s’achever lorsque l’affaire éclate, 8 ans plus tard. Le nom de Kerviel est ainsi connu de tous pour, en 2008, avoir fait les titres de tous les journaux. L’opérateur de marchés de 31 ans, par ses prises de risque, aurait alors pu, en 2008, faire basculer la Société Générale, voire le système financier mondial… Kerviel est condamné deux ans plus tard à cinq ans de prison dont trois ferme et aux plus lourds dommages-intérêts jamais vus pour un particulier: 4,9 milliards d’euros ! Mais Kerviel, c’est aussi Jérôme, un jeune homme ambitieux et fasciné par le monde de la finance entré dans la banque par la petite porte en 2000. Personne n’aurait alors pu prédire que le jeune Breton parviendrait à devenir trader 5 ans plus tard. Seulement Jérôme apprend vite, très vite…peut-être trop. C’est le portrait de cet homme-là incarné par Arthur Dupont que nous dresse Christophe Barratier au-delà de « l’histoire la plus extraordinaire de la finance ». L’Outsider n’est pas un film sur la finance mais un film qui dissèque les mécanismes (avant tout humains et psychologiques) d’une addiction et d’une obsession (pour cette finance) qui ont mené au chaos.

    Levons d’emblée tout suspense quant à la réussite du projet. Elle est indéniable. Je ne m’attendais pas à être ainsi captivée pendant les 1H57 que dure le film et cela dès les premiers plans. Avant même le générique. Le décor glacial et les tons grisâtres plantent le décor. La tension est palpable. Un homme en costume qu’on ne voit que de dos est accompagné manu militari vers la sortie de la Société Générale, avec ses cartons. Comme une marche funèbre, il avance jusqu’à un tas d’ordures depuis lequel les tours invincibles et vertigineuses de la société semblent le défier et le menacer. Et il saute dans le vide. Nous voilà prévenus: la chute est inéluctable. Et la suite est placée sous le sceau de cette menace sans jamais que la tension ne retombe jusqu’au générique de fin.

    J’ai lu qu’on reprochait à Christophe Barratier d’essayer de singer la réalisation d’Oliver Stone (Wall Street) et celle de Martin Scorsese (Le Loup de Wall Street) et que le résultat n’en étant qu’une pâle copie. Je ne suis pas d’accord. D’abord Paris n’est pas New York et surtout sa caméra très intelligemment dirigée épouse judicieusement la fièvre qui s’empare de Kerviel, la frénésie des tradeurs et du marché, comme un ballet étourdissant et grisant ou bien sa caméra cadre Kerviel au plus près lorsque l’étau se resserre nous enfermant avec lui dans le cadre, suffocant, dans son engrenage sans échappatoire, dans sa tour carcérale. Les scènes à l’extérieur n’existent quasiment pas (le monde « réel » n’est d’ailleurs jamais filmé) comme le monde extérieur n’existe plus pour Kerviel qui perd le sens des réalités, pour qui ne comptent plus que les millions et les milliards avec lesquels il jongle sans en mesurer la valeur réelle ni les conséquences. Tout cela n’est plus que chiffres et ordres scandés, vociférés avec lesquels il semble entretenir une relation presque sensuelle, en tout cas addictive. Ses acolytes sont présentés comme des Dieux tout puissants (les dalles de la Défense en forme de croix lorsque Keller récite Les Evangiles, le dîner qui se réfère à la Cène) et ridicules (la Cène certes mais avec des boites de thon pour dîner dans un appartement dans lequel il faut prendre l’ascenseur pour se rendre à la cuisine) bien souvent quand leur cynisme, leur absence totale de morale, leurs méthodes et manières de mafieux, leur perte de valeurs n’est pas totalement effrayante. Ils n’ont aucune limite, plus de règles…à l’exception de celles que ces grands enfants irresponsables édictent. Celles d’un monde impitoyable et individualiste.

    La clairvoyance n’empêche pas l’empathie et Barratier contrairement à ce qu’on aurait pu penser, sans réaliser un plaidoyer pour Kerviel (les « amitiés » contestables et les choix parfois égoïstes de ce drogué de la finance ne sont pas éludés ni édulcorés) et bien que le film soit adapté de son livre, arrive malgré tout à nous en faire éprouver pour son anti-héros pris dans une spirale infernale, dans l’ivresse de cette puissance qui le grise et l’égare, et dans laquelle il se jette comme d’autres se seraient jetés dans la drogue ou l’alcool. Son addiction redouble d’ailleurs après la mort de son père (scène bouleversante). Il devient dépendant à cette adrénaline. Si le film n’est pas un plaidoyer, quelques phrases sybillines nous laissent juges du possible aveuglement plus ou moins volontaire de la Société Générale : « -Comment expliquer qu’ils n’aient rien dit. -Je ne me l’explique pas. », « On réglera ça sans faire de vagues. » , « Ils sont aveugles ET incompétents. », « On m’a laissé faire, c’est pas suffisant comme preuve? »

    Pour incarner Kerviel, Barratier, une fois de plus, après Jean-Baptise Maunier et Nora Arzeneder, a choisi un acteur dont il fait éclater le charisme et le talent. Arthur Dupont crève littéralement l’écran et arrive d’abord à nous faire oublier qu’il n’est pas Kerviel et à devenir Jérôme, et en une même scène et parfois en un quart de seconde à nous faire passer de l’agacement (mais pourquoi donc n’ouvre-t-il pas les yeux ?) à l’empathie malgré son obstination, son aveuglement, sa descente aux Enfers bien qu’il surplombe Paris et pense dominer le monde. L’évolution du personnage se ressent dans le regard même de l’acteur qui semble s’assombrir. Même si Arthur Dupont a déjà pas mal de films à son actif, sans aucun doute ce rôle va-t-il lui ouvrir une voie royale. Face à lui l’obséquieux Keller est interprété par François-Xavier Demaison volubile à souhait et savoureusement détestable (même s’il se rachète en une scène), d’un cynisme redoutable comme lors des attentats de Londres salués par des hourras : « Je n’ai jamais gagné autant que le 11 septembre », « Pense à envoyer un mot aux familles des victimes que leurs proches sachent qu’ils ne sont pas morts pour rien. » , « La seule chose qui me fasse flipper c’est qu’on abolisse l’argent. » L’ironie est à son comble quand on sait que Demaison a arrêté sa carrière de trader après avoir vécu le 11 septembre à New York. De même que dans l’attention portée à la photographie, le goût de Barratier pour le cinéma des années 30 (qui savait tant les sublimer) se retrouve aussi dans ses choix avisés de seconds rôles comme Stéphane Bak, Benjamin Ramon ou Sören Prévost (notamment).

    Un mélomane et musicien comme Barratier ne pouvait non plus ignorer la musique ( de Philippe Rombi à qui l’on doit notamment la musique de Joyeux Noël ou celles des films de François Ozon) qui, ici, accentue le sentiment d’angoisse ou l’émotion qui surgit et nous saisit. C’est prenant comme un film d’Hitchcock, ces histoires d’hommes ordinaires à qui il arrive des choses extraordinaires. Et le McGuffin, ce sont ici ces fameux milliards qui d’un moment à l’autre vont exploser à la face du monde. La photographie (de Jérôme Alméras, après celle également magnifique signée Tom Stern dans Faubourg 36) qui nous immerge dans un univers grisâtre, froid, déshumanisé et faussement aseptisé (ce à quoi font exception les scènes filmées en Bretagne ou les quelques scènes à La Baule, lors du consternant séminaire de la Société Générale -qui l’est d’autant plus qu’il est inspiré de faits réels qui avaient d’ailleurs défrayé la chronique-), ou qui plonge dans l’ombre la commission d’enquête contribue aussi à ce climat d’angoisse.

    Le talent d’un grand cinéaste comme celui d’un grand chef est de faire aimer ce qui a priori vous rebute. Je n’avais pas d’intérêt particulier pour le monde de la finance et y étais même plutôt réfractaire, mais Barratier a réussi non seulement à vulgariser cet univers mais aussi à me le rendre aussi passionnant et palpitant qu’un trépidant thriller. Son film pourrait d’ailleurs illustrer un cours de scénario : ellipses à-propos (Kerviel sous le feu des blagues méprisantes qui deux ans plus tard en est l’auteur  et répond avec aplomb aux sarcasmes), dialogues percutants, répliques et expressions mémorables (« CDH »), touche sentimentale (très bon choix de Sabrina Ouazani) sans qu’elles fassent tomber le film dans le mélo, caractérisation des personnages en quelques plans et répliques (le père, pas dupe), rythme haletant et personnage victime d’un système et d’une obsession et une addiction qui le dépassent… et donc attachant… malgré tout.

    Un film fiévreux, intense, palpitant, captivant, et même émouvant, et très ancré dans son époque et dans le cinéma contemporain tout en s’emparant du meilleur des films d’hier qui ont forgé la culture cinématographique du réalisateur. J’en suis ressortie étourdie comme après un tour de manège et surtout désireuse de suivre désormais de près cette « affaire Kerviel » que je n’écoutais que d’une oreille distraite et derrière laquelle je verrai désormais Jérôme, ce jeune breton pris dans un engrenage infernal. Plutôt que d’aller voir le dernier et énième blockbuster américain, pour la fête du cinéma, courez voir L’Outsider qui allie l’énergie que l’on prête plutôt aux films américains (d’ailleurs parfois à tort, certains reprochant d’ailleurs au film de Barratier et avec une évidente mauvaise foi ce dont ils feraient l’éloge si son nom et le film étaient américains, ces préjugés envers le cinéma français toujours prétendument moins ceci ou cela que les films venant d’ailleurs et a fortiori des Etats-Unis me lasse et m’exaspère)  à la sensibilité d’un film français et dont le succès futur Outre-Atlantique ne me surprendrait pas et ne serait pas usurpé. Un « Outsider » qui, à l’image de celui dont il conte l’histoire, pourrait bien créer la surprise au box office, mais contrairement à son protagoniste, une très bonne surprise…

  • Compte rendu du Festival International du Film de Saint-Jean-de-Luz 2016

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     Sur scène lors de la cérémonie de clôture avec Cédric Klapisch pour présenter le court-métrage lauréat.

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    Annonce de la dédicace lors de la cérémonie d'ouverture du festival.

    Toutes les photos de cet article dont celles figurant ci-dessus sont à retrouver sur mon compte Instagram @sandra_meziere.

    Un festival ressemble à s’y méprendre à un film : un concentré d’émotions exacerbées, de rencontres parfois insolites, sur les écrans et en dehors, un début, une fin, des rebondissements, le tout dans un court laps de temps. Les héros, comme dans « La rose pourpre du Caire » sortent et rentrent dans l’écran (dans votre réalité donc), si bien qu’il est parfois difficile de distinguer la réalité de la fiction. Si le Festival de Saint-Jean-de-Luz était un film, ce serait le mélange détonant entre le cinéma de Claude Sautet et celui de Federico Fellini, une célébration amicale du cinéma dans une atmosphère joyeusement surréaliste, bien sûr dans un décor de cinéma, celui de la belle ville de Saint-Jean-de-Luz, entre océan parfois tumultueux et montagne stoïque, à quelques pas de l’Espagne, si bien que vous entendez plus souvent la langue de Cervantès que celle de Molière, si bien que vous avez l’impression que, là-bas, dans ce doux ailleurs, l’actualité et ses innommables tragédies marquent une pause même si les films braquent parfois un projecteur sur celles-ci. Ce serait aussi un road movie qui cette année nous a emmenés au Cambodge,  au Chili, en Finlande, au Liban,  en Algérie, à Paris, en Bretagne ou encore dans une contrée imaginaire, cruelle et fascinante. Ce serait un film utopique où tout le monde est bienveillant, là pour l’amour du cinéma, un cinéma ouvert sur le monde et sur les autres. Ce serait un film dont on aimerait retarder le dénouement.

    Rares sont les festivals à proposer  une compétition de cette qualité (premiers et deuxièmes longs-métrages uniquement, mais aussi courts-métrages), à être un tel découvreur de talents, et cette année à nouveau ce furent de beaux films porteurs de messages forts, mettant en scènes des personnages en quête d’amour, d’émancipation, de bienveillance. Des cris de colère et d’amour. Une douleur sourde qui finit toujours par exploser en départ ou en renoncement. Des parcours initiatiques. Des adultes mais surtout des adolescents en proie à la violence de la vie. Des êtres qui prennent leur envol, qui empoignent leur destin. Des identités masquées qui ôtent leur masque. Et c’est bouleversant, souvent.

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    C’est le cas du film qui a reçu le prix du jury jeunes et le prix d’interprétation masculine (attribué par le jury présidé par le cinéaste Cédric Klapisch qui était entouré des personnalités suivantes: le réalisateur Louis-Julien Petit, l’actrice Alice Isaaz, le comédien et musicien Marco Prince, l’actrice et chanteuse Stéfi Celma,le producteur Maxime Delaunay et la comédienne Sophie Verbeeck.)  Il s’agit de « Compte tes blessures » de Morgan Simon.

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    Vincent (Kevin Azaïs) n’est pas arrivé au tiers de sa vie qu’il a déjà tatoué la moitié de son corps et endurci sa voix avec son groupe de post-hardcore. Depuis la mort de sa mère, il partage son existence entre Bastille et Porte de Clignancourt, entre un boulot de perceur qui ne l’enchante guère et un père poissonnier (Nathan Willcocks) qui tente de refaire sa vie avec une femme plus jeune (Monia Chokri). Et ça le rend malade.

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    Du premier au dernier plan (et quel dernier plan, sublime, poignant, d’une force bouleversante !), le spectateur retient son souffle et ne quitte pas Vincent que la caméra suit, enferme, ne lui et nous laissant pas de répit.  Tout semble pouvoir basculer d’un instant à l’autre dans la tragédie, la violence. Le film doit beaucoup à ses trois personnages principaux, riches de leurs contradictions, de leurs fêlures, de leurs blessures masquées. Lors du débat après le film (il faut en effet savoir que, à Saint-Jean-de-Luz, après chaque film, le directeur artistique du festival, Patrick Fabre échange avec les équipes de films et permet aux spectateurs de poser des questions), Morgan Simon a déclaré « Ce qui m’a intéressé : ce sont les liens complexes qui unissent les personnages ». Ce sont en effet ces liens, troubles et chargés de non dits, qui rendent ce film plus palpitant qu’un thriller.  Le personnage de Vincent (interprété par Kevin Azaïs, magistral) est riche de ses touchantes contradictions : il crie et exulte sur scène, il proclame ses blessures sur son corps et dans sa musique mais il est incapable d’affronter son père (Nathan Willcocks qui en impose) et de les lui livrer. C’est un enfant en quête désespéré d’amour qui joue aux adultes face à des adultes eux-mêmes en perte de repères. L’affrontement entre le père et le fils se réalisera de manière totalement  inattendue, lors d’une scène qui aurait pu être glauque ou totalement absurde. Morgan Simon, par son talent, indéniable, en fait un moment d’une force rare. Un film d’une douceur brute et sensuelle,  d’une intensité unique, dans lequel la caméra épouse la douleur sourde des personnages et dont chaque plan est un coup au cœur. Tout simplement brillant. Et poignant. Et au dénouement le plus beau plan de ce festival qui symbolise aussi parfaitement ce qu’est ce festival. A voir aussi pour la lumineuse Monia Chokri qui parachève cet impressionnant trio d’acteurs, toujours sur le fil, mais d’une justesse rare. Sélectionné à l’Atelier de la Cinéfondation à Cannes, à Emergence et au Jerusalem International Film Lab, « Compte tes blessures » est le premier long-métrage de Morgan Simon et, espérons-le, le premier d’une longue série. En salles le 1er février 2017.

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    « Olli Mäki », le personnage éponyme du film finlandais de Juho Kuosmanen, lui aussi, aimerait bien être entendu.

    Été 1962, Olli Mäki tente de décrocher le titre de champion du monde de boxe poids plumes. De la campagne finlandaise aux lumières d’Helsinki, tout est prêt pour sa gloire et sa fortune. Olli n’a plus qu’à perdre du poids et à se concentrer. Mais il y a un problème, il est tombé amoureux de Raija…

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    A l’exception des films d’Aki Kaurismäki, le cinéma finlandais est malheureusement méconnu. Avec ce premier long- métrage, Juho Kuosmanen (dont le cinéma n’est pas dénué de points communs avec son illustre compatriote) pourrait bien changer la donne.  Ses courts-métrages étaient déjà abonnés aux récompenses, notamment de la Cinéfondation à Cannes, décidément un vivier de grands cinéastes. Après avoir reçu le prix Un Certain Regard, il a donc reçu le grand prix du Festival de Saint-Jean-de-Luz. Avec ce premier long-métrage, Juho Kuosmanen ne réalise pas un film traditionnel sur la boxe (même si cela reste la meilleure métaphore du combat qu’est la vie) mais un film universel sur la manière de trouver sa liberté et la voie du bonheur. Le film est inspiré de l’histoire vraie du boxeur finlandais Olli Mäki. Avec beaucoup d’empathie, le cinéaste filme son boxeur comme un enfant instrumentalisé (plusieurs scènes sont particulièrement significatives comme celle lors de laquelle il attend à l’arrière de la voiture avec les enfants et que son « entraineur » s’adresse à lui comme s’il était l’un d’eux ou encore cette scène d’une beauté folle lorsqu’il joue avec un cerf-volant comme s’il empoignait son destin et sa liberté). Le noir et blanc renforce le sentiment d’universalité, de douceur presque paradoxale, de mélancolie qui se dégage de ce film ensorcelant. Jarkko Lahti se donne corps et âme à son rôle. Un film d’une douceur romantique et envoûtante sur l’éternel combat entre l’amour et la gloire, le bonheur et la vanité qui n’en est bien souvent que le simulacre…Entre le noir et le blanc. Magnifique !

    Le grand prix attribué par le jury à ce film a été remis par le directeur de la société Blue Efficience qui parraine ce prix et qui permet de lutter contre le piratage et que je vous recommande de découvrir, ici.

    En salles le 19 octobre 2016.

    Au contraire d’Olli dont la brutalité du métier dissimule la douceur, « Fleur de Tonnerre » de Stéphanie Pillonca masque derrière sa douceur apparente une « activité » pour le moins…brutale.

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    En 1800, la Bretagne est à genoux, accablée par le régime en place et par le clergé omnipotent. Elle se meurt dans un marasme économique qui n’en finit pas et au milieu de cela, une fillette en souffrance pousse, tant bien que mal. Cette fillette c’est « Fleur de Tonnerre », une enfant isolée, malmenée par la vie et bercée par le morbide. Elle en deviendra la plus grande « serial killer » que la terre ait jamais porté et sèmera la mort, peut être juste pour être regardée et aimée.

    La réalisatrice, Stéphanie Pillonca est documentariste et comédienne de formation, et cela se ressent. Après le Conservatoire d’Art dramatique de Toulon, elle a ainsi suivi la formation de La Classe Libre du Cours Florent, ainsi que celle du studio VO-VF dirigée par Andrzej Zulawski, John Berry et Bob Swaim. Sa caméra filme ses comédiens au plus près, ne les lâche pas, (et non, Monsieur qui êtes intervenu après la projection et qui avez qualifié cela d’erreur de mise en scène, il ne s’agit pas d’une « erreur » mais  au contraire c’est là que réside l’intelligence de la réalisation), guette le moindre sursaut d’humanité.  « Mon souci était d’être dans la justesse de l’émotion », « J’ai osé imaginer l’enfance chaotique, l’isolement, la douleur, la solitude . J’avais envie d’imaginer que des mains n’avaient pas été tendues. » a-t-elle ainsi déclaré, en citant notamment comme référence « Jeanne d’Arc » de Dreyer, Pialat n’est pas bien loin non plus. «J’avais peur de justifier les actes, ce ne sont pas parce que les gens ont des raisons qu’ils ont des excuses » a précisé la comédienne Déborah François. Le résultat est d’autant plus étonnant que la réalisatrice n’a disposé que de « 5 petites semaines pour faire le film » et  1,2 millions d’euros (avec l’aide d’un mécène nommé Dany Boon qui a mis son propre argent pour que le film puisse exister.).  Ce choix (et non erreur) de mise en scène donne un sentiment d’intemporalité à cette histoire qui dissèque les mécanismes de la violence sans jamais la justifier. Cette adaptation du roman éponyme de Jean Teulé sur la plus grande tueuse en série française dans le Bretagne du 19ème siècle se distingue par ses partis pris : gros plans au plus près de la chair, des frémissements, et décors minimalistes, sans fioritures, pour aller à l’essentiel. Des images nous accompagnent longtemps après la projection comme celle la silhouette de Deborah François qui erre au milieu de la campagne bretonne, grande faucheuse menaçante. Son interprétation habitée,  inquiétante, captive et même capture notre attention. Face à elle, Benjamin Biolay est parfait en sombre dandy. Sans oublier Jonathan Zaccaï et Miossec (en curé !).

    « La jeune fille sans mains » de Sébastien Laudenbach elle aussi est confrontée à la violence dès son jeune âge mais plutôt que de s’en emparer à son tour elle choisit de tracer sa propre route.

    En des temps difficiles, un meunier vend sa fille au Diable. Protégée par sa pureté, elle lui échappe mais est privée de ses mains. Cheminant loin de sa famille, elle rencontre la déesse de l’eau, un doux jardinier et le prince en son château. Un long périple vers la lumière…

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    Son réalisateur a expliqué porter ce projet depuis 15 ans. : « Ce qui me touchait c’était la trajectoire de cette jeune fille qui doit apprendre à s’isoler pour exister pleinement pour être entière. » Rarement un film aura accordé autant de confiance au spectateur et cela fait un bien fou à l’heure où, y compris dans les émissions (pseudo)politiques, règne la dictature de l’émotion pour attirer les spectateurs (petite parenthèse pour évoquer cette émission larmoyante et complaisante « Une ambition intime » qui me semble être le comble de l’indécence). Sébastien Laudenbach a fait le choix inverse : esquisser plutôt que de dessiner ou imposer, faire confiance à l’intelligence et à l’imaginaire du spectateur, accorder une large place au son, aussi. Et le résultat est d’une beauté inouïe et renversante. « Je n’ai pas écrit de scénario ni de story board. J’ai improvisé en faisant 10 à 15 secondes par jour. En le faisant, je me rendais compte que c’était singulier et peut-être novateur. », « Je suis allé sur Allociné en collant les voix des bandes annonces sur les dessins. » a-t-il également raconté pour expliquer le choix d’Anaïs Demoustier dont la voix douce, ensorcelante et déterminée colle parfaitement au personnage. « On ne doit pas faire des films adaptés aux enfants c’est aux enfants de s’adapter au monde. J’aime l’idée qui il y a des trous, des incertitudes, du mystère » a également déclaré le réalisateur  et c’est ce mystère et ces incertitudes que le film exalte également qui contribuent aussi à en faire un moment d’une grâce ensorcelante mais aussi à édulcorer la cruauté ou à l’intensifier, selon la force de l’imaginaire du spectateur. Ce conte à la fois sombre et lumineux est un moment de poésie et de magie rare dont le trait aérien possède la grâce d’un tableau de Matisse. Une non voyante est ainsi intervenue à la fin de la séance pour déclarer : « par des sons vous avez réussi à faire parler les couleurs ».

    Sortie en salles : le 1er décembre 2016

    L’univers dans lequel évoluent les jeunes héros de « Diamond island » de Davy Chou pourrait être celui d’un film d’animation.

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    Diamond Island est en effet une île sur les rives de Phnom Penh transformée par des promoteurs immobiliers pour en faire le symbole du Cambodge du futur, un paradis ultra-moderne pour les riches. Bora a 18 ans et, comme de nombreux jeunes originaires des campagnes, il quitte son village natal pour travailler sur ce vaste chantier. C’est là qu’il se lie d’amitié avec d’autres ouvriers de son âge, jusqu’à ce qu’il retrouve son frère aîné, le charismatique Solei, disparu cinq ans plus tôt. Solei lui ouvre alors les portes d’un monde excitant, celui d’une jeunesse urbaine et favorisée, ses filles, ses nuits et ses illusions.

    Davy Chou filme ainsi avec grâce (lui aussi) l’adolescence dans un décor à l’image de celle-ci: mélancolique, fascinant, entre 2 époques. En résulte un film au charme lancinant, hypnotique. Présenté à la Semaine de la Critique, ce premier long-métrage fait d’abord de son décor un personnage à part entière entre les immeubles de luxe en construction et les décors de fêtes foraines qui semblent emprisonner les personnages dans leurs griffes de bétons et métalliques où ils évoluent, leurs déambulations semblent chorégraphiées comme une  danse triste à la lueur des néons, aussi factices que l’insouciance de l’adolescence qui finira par s’éclipser. « Diamond island », aussi contradictoire que son titre, est un beau portrait de l’adolescence cambodgienne, un judicieux  écho entre ce pays en friche, fascinant et douloureux (ce diamant n’éblouit guère longtemps et ne cache pas le labeur qu’il nécessite à sa construction) et cette époque de la vie, où, un jour le décor s’écroule et les lumières éblouissantes s’éteignent pour laisser place à la réalité, souvent cruelle ou en tout cas médiocre, dans laquelle le véritable amour n’a plus sa place.

    Dans «Souffler plus fort que la mer » de Marine Place (prix du public), c’est aussi un univers et un personnage en pleine mutation qui nous est dépeint. Un univers plus proche  puisque Julie et ses parents, Loïc et Louison, vivent de la pêche sur une petite île au large de la Bretagne. Afin d’échapper aux dettes, ils sont obligés de se séparer de leur bateau contre une prime à la casse. La famille peine à faire face à cette nouvelle vie sans bateau et Julie se réfugie dans sa passion pour le saxophone pour dépasser l’étrange sentiment de submersion qui l’envahit peu à peu…

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    « J’avais envie de faire un film sur une sensation » a ainsi expliqué la réalisatrice qui a également raconté aux festivaliers luziens que le titre provenait d’une chanson intitulée «  chanter plus fort que la mer ». Avant ce premier long-métrage, la réalisatrice Marine Place a réalisé plusieurs documentaires. En résulte un souci d’authenticité et une volonté de nous présenter cet univers, celui des marins pêcheurs, sans le trahir, en restant fidèle à la réalité. Progressivement, le film gagne en gravité, en profondeur tout en s’auréolant de fantastique et de mythologie. Ce bateau qui symbolisait la passion et les liens familiaux, en étant condamné à la destruction va  désagréger cette famille et sa solidité. C’est beau et âpre comme un paysage breton et une scène de musique, à son image, nous serre le cœur et nous foudroie. La mer, l’amie d’hier devient l’ennemie, menaçante et tueuse.  Là encore, un trio d’acteurs épatant porte le film sur ses épaules : Aurélien Recoing et Corinne Masiero en tête (découverte à Saint- Jean-de-Luz dans le formidable « Louise Wimmer » de Cyril Mennegin) et une découverte, Olivia Ross.

    L’héroïne de « Paris la Blanche » de Lidia Leber Terki (France / Algérie), elle aussi empoigne son destin.

    Sans nouvelles de son mari parti travailler en France dans les années 70, Rekia (Tassadit Mandi), quitte le village de Kabylie où elle vit. Elle traverse l’Algérie, la France et les banlieues parisiennes pour ramener Nour (Zahir Bouzerar) au village. Mais l’homme qu’elle finit par retrouver dans un foyer d’anciens travailleurs immigrés à la retraite a changé. Son héros, l’ancien combattant des maquis, celui qui était revenu au village pour la dernière fois il y a quatre ans, est devenu un étranger.

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    La réalisatrice qui a monté son film en 4 ans après de nombreuses difficultés était « intéressée par la mythologie à l’envers », « le voyage de Pénélope à l’envers », « Pour moi c’était plus un film sur le sacrifice que sur l’immigration », « J’avais envie de parler de ceux qui restent qui attendent », « J’ai voulu faire une utopie ». Pour nous faire éprouver l’importance cruciale de ce périple, la réalisatrice suit son héroïne depuis son départ de l’Algérie jusqu’à ses retrouvailles avec son mari, sa caméra ne la quittant presque jamais et elle aurait d’ailleurs eu tort de nous en priver tant la comédienne (qui a reçu le prix d’interprétation féminine qu’elle mérite amplement, le film a également reçu le prix France Bleu du long-métrage) crève littéralement l’écran et a fait fondre le cœur des festivaliers lors de la remise des prix où elle a lu un beau poème sur le déracinement. L’humanité qui se dégage de ces personnages, la tendre empathie avec laquelle les filme la réalisatrice procurent à ce film d’une belle utopie une douceur salutaire et un idéalisme revigorant. C’est avant tout un sublime portrait de femme amoureuse, déterminée, mais aussi le portrait de déracinés, celui de son mari, et ceux qui jalonnent la route de l’héroïne dans un Paris solidaire (très beau personnage de Karole Rocher). Et surtout ce film recèle le plus beau des témoignages d’amour : laisser la personne qu’on aime libre de ses proches choix. Face à la volcanique Tassadit Mendi, Zahir Bouzerar impose sa placide mélancolie. Un duo attachant plein d’émotion contenue qui saisit le spectateur au dénouement de ce film pudique et tendre. Lors de la clôture, en recevant son prix, Tassadit Mendi a magnifiquement parlé de son rôle, elle « qui ne devait pas faire ce film et qui a remplacé une comédienne qui s’est désistée 10 jours avant le début du tournage » et qui a été « émue par l’abnégation, le sacrifice, l’amour inconditionnel pour son mari et la sagesse » de son personnage.

    Sortie en salles : printemps 2017

     Le protagoniste de « You’ll never be alone » d’Alex Anwandter lui aussi est en pleine crise identitaire et subit une autre forme de déracinement. C’est en effet son identité profonde qu’il doit masquer. « You’ll never be alone » de Alex Anwandter (Chili), c’est l’autre coup de/au cœur de festival.

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    Santiago du Chili. Pablo, un jeune lycéen se découvre une passion pour le cabaret. Mais un jour il est victime d’une violente agression homophobe qui le laisse dans le coma. Désespéré Juan, son père, met tout en œuvre pour trouver les coupables…

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    A vrai dire, le pitch ne reflète pas toute la subtilité de ce film d’une âpreté déchirante qui met en scène une triste réalité. La mise en scène, entre les corps désincarnés des mannequins que le père répare dans le cadre de son travail (tandis qu’il ne soigne pas les bleus à l’âme de son propre fils), l’obscurité qui nimbe la plupart des scènes (le film est majoritairement  filmé de nuit ou en intérieurs) comme Pablo doit masquer son identité, sa vérité, font intelligemment résonner la forme et le fond. Les scènes d’une beauté flamboyante sur une musique envoûtante comme de courtes incursions dans l’univers d’Almodovar contrastent avec l’univers grisâtre qui imprègne le reste du film et qui en renforce encore  la beauté saisissante,  ces scènes étant alors des instants de respiration où le jeune Pablo peut enfin être lui-même,  justifiant aussi amplement le prix du meilleur réalisateur attribué à Alex Anwandter par Cédric Klapisch et son jury. Comme une résonnance avec « Compte tes blessures » dans lequel le personnage de Vincent exprimait son (mal)être à travers son art. Le titre illustre l’inverse de la réalité, Pablo étant condamné à la solitude par la lâcheté de ceux qui l’entourent, une lâcheté tristement ordinaire. Le plus percutant des plaidoyers contre la bêtise et une de ses formes, l’homophobie. Et un film bouleversant porté par un jeune acteur éclatant de justesse et sidérant de beauté. Et une fin qui nous balafre l’âme par sa  tristesse ravageuse.

    C’est aussi d’un amour impossible dont il est question dans le décalé « Drôles d’oiseaux » de Elise Girard, son deuxième film après « Belleville Tokyo ».

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    Deux personnages. Georges et Mavie. Mavie et ses 27 ans. Pleine de doutes et d’inquiétude, qui se cherche. Georges et ses 76 ans. Misanthrope, comme caché dans sa librairie, exaspéré par le monde, qui n’attend plus rien de la vie. A eux deux, ils forment le plus beau et le plus improbable des couples. Il ne veut rien, elle veut tout. Et pourtant grâce à lui, elle se trouve. Et grâce à elle, il renoue avec la vie. L’amour qu’ils ne feront jamais ensemble est le plus beau et le plus émouvant. Mais bientôt Georges doit fuir et ce qui doit arriver, arrive…

    « Dans « Drôle d’oiseaux », l’idée était de de parler d’amour vraiment impossible et de l’idée que l’âge qu’on a n’est pas l’âge réel. « J’aime les longs plans », «  Je filme les gens souvent d’assez loin en les laissant faire, j’aime plus le cinéma classique  que le cinéma contemporain. », a ainsi déclaré la réalisatrice. Ces drôles d’oiseaux désignent bien entendu autant ceux qui tombent mystérieusement du ciel que les deux personnages principaux, entre le mystérieux septuagénaire misanthrope qui (décidément) lui aussi cache son identité et tient une librairie où personne n’entre jamais rien acheter (tout importun qui tente de faire une intrusion le dérangeant au plus haut point) et la jeune femme qui l’aime d’un amour platonique. Lolita Chammah (remarquable déjà notamment dans « Copacabana de Marc Fitoussi) et Jean Sorel jouent comme Jean-Pierre Léaud et semblent aussi décalés dans la vie que l’était Antoine Doinel. On retrouve avec plaisir la première et plus encore le second qui promène toujours son élégance digne, insidieusement dédaigneuse et aristocratique. La légèreté mélancolique  et l’humour absurde finissent par nous emporter et nous faire aimer ces êtres qui, là aussi, derrière des masques, de misanthropie pour l’un, de gravité pour l’autre, dissimulent une séduisante folie et singularité.

    Pour ouvrir et clore ce festival avec une compétition de haute voltige, il fallait deux films à la hauteur, en l’occurrence deux comédies sur l’adoption portées par des comédiens exceptionnels.

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    Dans le film d’ouverture, « Il a déjà tes yeux » de Lucien Jean-Baptiste, Paul est marié à Sali. Tout irait pour le mieux s’ils arrivaient à avoir un enfant. Jusqu’au jour où Sali reçoit l’appel qu’ils attendent depuis si longtemps : leur dossier d’adoption est approuvé.  Il est adorable, il a 6 mois, il s’appelle Benjamin, il est blond aux yeux bleus. Et il est blanc,  eux sont noirs. Par le truchement de cette comédie, Lucien Jean-Baptiste démonte les mécanismes du racisme dit ordinaire et que cette qualification conduit d’ailleurs à banaliser (comme cette fameuse manie de dire « black » qui a le don de m’horripiler) et les préjugés qui encore aujourd’hui sont trop souvent répandus. Le film vaut aussi et avant tout le déplacement pour ses numéros d’acteurs, parfois attendrissants, souvent hilarants. En tête, Vincent Elbaz (dont le personnage  n’est pas sans rappeler l’ami envahissant de « Coup de foudre à Notting Hill ») irrésistiblement drôle en ami attachant, collant et qui ne craint pas du ridicule. Comme toujours, Zabou Breitman, est parfaite, ici  dans un rôle d’assistante sociale suspicieuse, prête à tout pour prouver qu’elle a raison, surtout quelques manigances et beaucoup de mauvaise foi. Chaque apparition de l’actrice qui incarne la mère de la pétillante Aïssa Maïga est aussi d’une drôlerie irrésistible. Le film est produit par Nolita Cinema (avec à sa tête Maxime Delauney, membre du jury de ce Festival de Saint-Jean-de-Luz 2016) déjà à l’origine du savoureusement déjanté et décalé « Comment c’est loin » d’Orelsan.

    En salles : le 18 janvier 2017

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    Le film de clôture résonnait évidemment avec celui de l’ouverture. En effet, dans « Comment j’ai rencontré mon père » de Maxime Motte, c’est la rentrée et dans la famille d’Enguerrand, petit garçon adopté d’origine africaine, l’ambiance est déjà assez tendue. L’arrivée de Kwabéna, un clandestin qu’Enguerrand prend pour son père biologique, ne va pas arranger les choses. Cet intrus va finalement se révéler être un formidable catalyseur et les multiples péripéties autour de sa présence vont enfin permettre à cette famille de se retrouver unie… Belle idée de terminer le Festival avec ce film qui comme « Il a déjà tes yeux » de Lucien Jean-Baptiste reflète la bienveillance  et la générosité à l’honneur dans ce festival. Isabelle Carré et François-Xavier Demaison (en librairie immature et père aimant qui, comme Jean Sorel, dans « Drôles d’oiseaux » ne vend pas de livres et cherche l’amour de son père) forment un couple qui fonctionne parfaitement à l’écran et nous interroge tout en douceur, humour et émotion sur la nécessité de franchir les frontières de la loi, lorsque humanité et générosité sont en jeu. Et ce film plein de tendresse a judicieusement  clos le festival en beauté.

    Sortie en salles : janvier 2017

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    Lors de la rencontre avec les membres du jury en début de festival (une vidéo à retrouver sur le site officiel du festival), Alice Isaaz a ainsi noté que participer à un jury « rééduque notre regard de spectateur », pour Stefi Celma, cela permet de « découvrir de nouvelles cultures et voyager » quand pour Maxime Delauney « les festivals permettent d’être moins paresseux dans sa démarche culturelle », ce à quoi Marco Prince a ajouté  « Ce que j’aime, c’est que ce festival soit familial, et d’avoir une vision de ce que sera le cinéma de demain. » Patrick Fabre, le directeur artistique du festival a complété en précisant : « Ce qu’on essaie aussi de provoquer dans un festival ce sont des rencontres », et les critères de choix du jury : « prendre des gens sympathiques, il faut que j’aime ce que font les gens et ce qu’ils sont. »

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    En bref, le festival projetait aussi en avant-première « Souvenir », de Bavo Defurne, un objet filmique non identifié jalonné de maladresses mais malgré tout attachant grâce à Isabelle Huppert toujours irrésistible (mais cela devient un pléonasme) et toujours là où on ne l’attend pas (un autre pléonasme), ici dans le rôle d’une chanteuse oubliée (bloquée dans les années 70) qui a autrefois participé à l’Eurovision, et qui rencontre un jeune boxeur qui va la convaincre de tenter un come-back. Un feel good movie qui se regarde sans déplaisir, ne serait-ce que pour voir la chorégraphie improbable d’Isabelle Huppert sur son titre tout aussi improbable et délicieusement suranné « je dis oui ».

    Sortie en salles : le 21 décembre 2016

    Au programme également, un forum du court-métrage, l’occasion de découvrir deux formidables courts et de recevoir plein de bons conseils pour ceux, comme moi, que la réalisation titille. Le forum était précédé en illustration de deux remarquables courts-métrages : « Pas de cadeau » de Marie Vernalde et « Maman(s) » de Maïmouna Doucouré. Le festival propose également chaque année une compétition de courts-métrages, un moment là aussi toujours synonyme de belles découvertes et d’univers forts et singuliers.

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    J’en ai retenu 4, à commencer par  « Goliath » de Loïc Barché dans lequel Nicolas est follement amoureux de Charlotte, une fille qu’il connait à peine et qu’il fantasme à travers les photos qu’elle publie sur Facebook. Accompagné d’un ami, il décide de lui prouver son amour en accomplissant un exploit. La scène d’ouverture pourrait en rebuter plus d’un mais justement est un judicieux contrepoids et contrepied à cette dictature de l’immédiateté et de l’émotion qu’exigent aujourd’hui les réseaux sociaux et que le film démontre par l’excès finalement tristement réaliste. A voir aussi pour le toujours trop rare et si juste et talentueux Swann Arlaud.

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    Le deuxième court-métrage que j’ai choisi de retenir, c’est  celui qui a reçu le prix du public, « Le bleu blanc rouge de mes cheveux » de Josza Anjembe. À dix-sept ans, Seyna, une adolescente d’origine camerounaise se passionne pour l’histoire de la France, le pays qui l’a vue naître et dont elle est profondément amoureuse. Son baccalauréat en poche et sa majorité approchant, Seyna n’aspire qu’à une chose : acquérir la nationalité française. Mais son père Amidou s’y oppose farouchement. Une démonstration bouleversante et implacable de l’importance et la force symbolique que représente cette nationalité pour l’héroïne interprétée par Grace Seri investie corps et âme dans son rôle auquel elle apporte toute sa force, sa détermination et sa douceur.

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    Le troisième court que j’ai voulu mettre en lumière est « Une vie ordinaire » de Sonia Rolland. Les mauvaises langues diront certainement que la sélection de ce film doit beaucoup à la notoriété celle qui le porte et ils auraient tort car elle témoigne ici d’un véritable engagement et talent de cinéaste en mettant en scène cette histoire en grande partie inspirée de sa propre vie. Nadia, 15 ans,   doit s’occuper seule de l’éducation de son frère de 11 ans, de l’entretien de la maison et de ses études, sa mère étant en formation à l’autre bout de la France. Elle est totalement livrée à elle-même, aussi, lorsqu’un de ses camarades la provoque, Nadia explose ; résultat, elle est exclue de l’école… Cette fois-ci, pas d’échappatoire possible : elle va devoir affronter sa mère et faire des choix…

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    J’ai également eu un énorme coup de cœur pour « Pa Fuera » de Vica Zagreba (mention spéciale du jury) dans lequel la jeune Stella et ses fillettes vivent chez Corto, isolées. Elles s’ennuient et passent le temps en chantant, en dansant. Eddy, un ancien amoureux de Stella débarque. Il les invite à son concert. Stella ne peut y résister. De ce film se dégagent une véracité, une énergie, une émotion, qui jamais ne quittent l’écran et finissent par nous bouleverser.

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    Enfin, « Monsieur Hernst » de Vincent Cappello  dans lequel un docteur poursuit monsieur Hernst dans les souvenirs de sa vie pour le guider à l’incident traumatique qui lui a fait oublier jusqu’à sa propre identité… Sans doute le film le plus maîtrisé de cette compétition, le scénario (en apparence tortueux) le plus maîtrisé également pour une démonstration là encore aussi implacable que bouleversante des mécanismes de la mémoire et de la force dévastatrice des traumatismes aussi anciens soient-ils sans oublier l’interprétation toujours impressionnante de Grégory Gadebois, a fortiori ici, dans un rôle aux multiples facettes et à différents âges de la vie auxquels son talent nous fait adhérer.

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    Le festival proposait également une master class sur l’animation, l’occasion de découvrir  « L’espace d’un instant », réalisé dessiné et animé par Alexandre Athané (aussi auteur de génériques comme « Aimer, boire et chanter » de Resnais, « Max » de Stéphanie Murat ou « Compte tes blessures » et « Monsieur Ernst », en compétition à Saint-Jean-de-Luz) et écrit par Vincent Cappello (le réalisateur de « Monsieur Hernst » précédemment évoqué). Un sublime film d’animation qui montre comment l’imaginaire peut panser les blessures de la vie (et ainsi une métaphore des pouvoirs inestimables du cinéma), également un très beau film sur la transmission dans lequel la douceur des images et de la voix de Pierre Richard nous bercent comme un conte, sans oublier de très beaux dialogues : « C’est comme cela que le monde avance, d’abord il y a les rêveurs, une fois qu’une image les a traversés ils la révèlent à l’humanité et elle se met au travail », « Rien ne peut empêcher l’homme de prendre l’univers en flagrant délit de désobéissance ». Une ode au rêve, à l’imaginaire, un moment de poésie dont la musique d’Alex Beaupain exacerbe la force et la beauté. Une forêt enchanteresse que l’on quitte avec regrets et émotions.

    Le festival proposait aussi une master class d’Ivan Calbérac sur l’adaptation que vous pouvez retrouver sur le site officiel du festival et dont sont extraites ces quelques phrases :

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    « L’écriture romanesque donne une grande place au dialogue intérieure » , « Ce qui est littéraire n’est souvent pas adaptable », « Adapter : en tirer la sève et la matière cinématographique », « On a un désir de réalisme très fort au cinéma, ce qui a une incidence sur l’écriture », «  La salle ne représente que 25 à 30 % de l’amortissement d’un film »(pour expliquer l’exigence des chaînes de télévision quand il est question du casting), l’occasion aussi pour lui de revenir sur le formidable succès de « L’étudiante et M.Henri » en Allemagne avec 530000 entrées France et autant en Allemagne alors que, habituellement les entrées en Allemagne ne représentent que  10% de celles engrangées en France.

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    A l’image de son affiche (qui fait l’éloge d’un cinéma d’avenir avec, pour égérie, le comédien Amir El Kacem,  devant l’objectif de Chris Huby) , ce festival met l’audace et la liberté à l’honneur et permet la rencontre entre un lieu et des acteurs du cinéma (au sens large) et parfois ces rencontres donnent naissance à de nouveaux projets à l’image de ce clip extraordinaire de David Cairol (« Crazy lazy ») réalisé par Sylvain Chomet et projeté lors de la clôture, David Cairol dont je vous invite vraiment à découvrir le travail, notamment sur sa page Facebook, ici.

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    Je quitte ce festival avec une multitude d’images de films, des images indélébiles, au premier rang desquelles : Deux mains qui se tendent et s’accrochent l’une à l’autre. Une danse enfiévrée et flamboyante. Un noir et blanc d’une douceur mélancolique et envoûtante. Des odes à la poésie, à l’imaginaire. Des gros plans sur des visages qui résonnent comme des reproches. La grande faucheuse, menaçante et esseulée, qui erre dans la campagne bretonne. Des déambulations à la lueur des néons. Hypnotiques. Une esquisse à la Matisse empreinte de noirceur et de luminosité, de la beauté et de la cruauté de la vie. Des voix, des musiques, dans un café en Bretagne, ou de Pierre Richard, d’Anaïs Demoustier, d’Alex Beaupain. Les interprétations saisissantes de Kevin Azaïs, Grégory Gdebois, Déborah François, Jarkko Lathi, Grace Seri, Sergio Hernandez, Jean Sorel, Aurélien Recoing, Corinne Masiero, Monia Chokri,  Swann Arlaud, Nathan Willcocks, Vincent Elbaz, Zabon Breitman, Isabelle Carré, François-Xavier Demaison, Isabellle Huppert. Et bien sûr l’interprétation et la  joie communicative de Tassadit Mendi. Et tant d’autres…Et Saint-Jean-de-Luz, sa beauté mélancolique, et de beaux souvenirs que j’emporte avec moi.

    Pour terminer, un immense merci à Patrick Fabre pour son accueil chaleureux, sa bienveillance constante et rare envers les films et ceux qui les font, et l’enthousiasme et la passion  communicatifs qui transpirent de chaque échange avec les équipes de films et qui contribuent beaucoup à l’exceptionnelle convivialité de ce festival et qui prouvent qu’ambiance familiale et professionnalisme peuvent se conjuguer. Chaque année, c’est là que le meilleur des premiers et deuxième films de l’année à venir se dévoile et cette année ne dérogeait pas à la règle, mêlant à nouveau films d’auteurs populaires et films populaires exigeants et respectueux du spectateur (c’est-à-dire des films qui ne se réduisent pas à de simples pitchs) mais aussi de vraies avant-premières (ce qui devient rare en festivals, les films sortant désormais souvent la semaine de leurs projections en festivals ou peu de temps après). J’espère vraiment que ce festival, indispensable, perdurera. Un grand merci aussi à Eric Soreau pour son accueil et la mise en avant de mon premier roman « L’amor dans l’âme » (ici, ci-dessous, à la cérémonie d’ouverture) et de mon recueil « Les illusions parallèles » (qui comprend 16 nouvelles sur les festivals de cinéma dont une qui se déroule intégralement dans le cadre du Festival International du Film de Saint-Jean-de-Luz, ces deux livres sont disponibles à la librairie Louis XIV de Saint-Jean-de-Luz), à Isabelle et l’équipe de l’office de tourisme pour leur accueil chaleureux. Et merci à l’hôtel Ohartzia également pour le sourire constant.

     

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    Au Loreamar…:

    Ci-dessous, retrouvez également mes photos de l’hôtel Loreamar. En début de semaine prochaine, en partenariat avec l’hôtel, sur mon site Inthemoodforhotelsdeluxe.com, je vous ferai ainsi gagner (pour 2) un massage bien-être de 50 minutes dans le splendide Spa de l’hôtel, ainsi qu’un accès à l’espace thalasso et au spa-piscine d’eau de mer chauffée, sauna, hamman, douche expérience, fitness, salle de relaxation et un cocktail détox au bar.

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    Palmarès

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    Prix du Jury

    Prix du meilleur film : Olli Mäki de Juho Kuosmanen

    Prix du meilleur réalisateur : Alex Anwandter pour You’ll never be alone

    Prix de la meilleure interprétation féminine : Tassadit Mandi dans Paris la blanche de Lidia Leber Terki

    Prix de la meilleur interprétation masculine : Kévin Azaïs dans Compte tes blessures de Morgan Simon

    Prix du court-métrage : La tortue de Thomas Blumenthal et Roman Dopouridis

    Prix France Bleu

    Jury présidé par Frédérique Albrecht

    Long-métrage : Paris la Blanche de Lidia Leber Terki

    Prix du Public

    Long-métrage : Souffler plus fort que la mer de Marine Place

    Court-métrage : Le bleu blanc rouge de mes cheveux de Josza Anjembe

    Prix du jury jeune

    Long-métrage : Compte tes blessures de Morgan Simon

    Court-métrage : La tortue de Thomas Blumenthal et Roman Dopouridis

    N’hésitez pas non plus à consulter l’excellent site internet du festival: une mine d’informations avec, notamment, de nombreuses vidéos du festival, et notamment celle de la cérémonie de clôture.

    Vous pouvez également retrouver le festival sur les réseaux sociaux: Facebook, instagram (@fifsaintjeandeluz), twitter (@fifsaintjeandeluz).

    Retrouvez ce même article sur mon blog http://inthemoodforcinema.com.

  • Critique de A PEINE J'OUVRE LES YEUX de Leyla Bouzid à 20H50 sur Canal + Cinéma

    Grand lauréat du Festival International du Film de Saint-Jeand-de-Luz 2015 mais aussi du Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule 2015 -mes vidéos ci-dessous- (dont je vous ferai bientôt suivre en direct la 3ème édition), "A peine j'ouvre les yeux" de Leyla Bouzid sera ce soir diffusé sur Canal + Cinéma. A voir absolument.

     

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    C’est le portrait d’une femme libre que nous dresse Leyla Bouzid dans ce film qui a remporté l’Ibis d’or du meilleur film, de la meilleure musique et de la meilleure actrice ex-aequo au dernier Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule (dont vous pouvez retrouver ma compte rendu, ici) après avoir également déjà reçu trois prix au dernier Festival International du Film de Saint-Jean-de-Luz, des prix amplement mérités pour ce film magistral.

    La Tunisie, dont les représentants du dialogue national ont cette année reçu le Prix Nobel de la Paix, a aussi été victime du terrorisme avec les attentats du Bardo à Tunis et de Sousse et récemment à nouveau à Tunis, un cauchemar qui a succédé à un autre, celui de la Tunisie de Ben Ali dans laquelle la corruption gangrénait la société et dans laquelle les libertés étaient restreintes et réprimées. Je n’oublierai jamais ce 14 janvier 2011, jour où Ben Ali a été chassé du pouvoir. Jour historique.

    Tunis, été 2010, quelques mois avant la Révolution, Farah, (Baya Medhaffar), 18 ans passe son bac et sa famille l’imagine déjà médecin… mais elle ne voit pas les choses de la même manière. Elle chante au sein d’un groupe de rock engagé. Elle vibre, s’enivre, découvre l’amour et sa ville de nuit contre la volonté d’Hayet (Ghalia Benali), sa mère, qui connaît la Tunisie et ses interdits.

    Dès les premières minutes, j’ai été captivée, estomaquée par la beauté furieuse de ce film. Par la vitalité, la force, la fougue de la mise en scène et de la jeune Farah (et de son interprète principale d’une maturité, d’une justesse sidérantes) qui dévore la vie et qui doit lutter pour exercer sa passion : chanter. Les textes qu’elle chante sont ouvertement opposés au régime et malgré sa volonté et son désir forcenés, progressivement le piège va se refermer sur elle jusqu’à ce que sa voix soit étouffée. Littéralement.

    Non seulement la manière dont la réalisatrice démontre les restrictions imposées par le régime est aussi passionnante qu’édifiante, mais elle raconte avec autant de précision et sensibilité la relation amoureuse (Farah va aussi découvrir l’amour et la trahison) et la relation mère/fille. Ghalia Benali qui interprète la mère de Farah est elle aussi bouleversante, et sa dureté ne dissimule que sa lucidité et ses craintes pour sa fille qui lui ressemble finalement tant. La scène lors de laquelle la mère pousse sur l’accélérateur de sa voiture pour effrayer sa fille et lui faire promettre de ne pas sortir chanter est d’une force rare, poignante et redoutable, à la hauteur de la peur ressentie par la mère pour sa fille.

    Ces yeux qui s’ouvrent du titre, ce sont à la fois ceux de Farah sur la vie, la réalité du monde qui l’entoure, mais aussi ceux de sa mère sur ce que veut et doit faire sa fille mais aussi l’éveil d’une Tunisie trop longtemps réprimée et condamnée à la soumission et au silence par vingt années de dictature. Farah représente finalement la Tunisie et cette jeunesse qui crie sa colère, sa révolte et son désir de se délivrer de ses chaînes malgré les risques encourus. La musique, fiévreuse, transcrit les élans de la jeunesse et devient un opposant incontrôlable, une arme de liberté et de paix.

    Un film engagé, fiévreux, fougueux, poétique, porté par deux actrices exceptionnelles, une réalisation d’une force et d’une intensité rares, des textes et des musiques remarquables et qui montrent la puissance de liberté de la musique, plus que jamais vitale. C’est aussi une histoire d’amour. L’amour d’un pays. L’amour de la musique et de son pouvoir. L’amour de la liberté. L’amour d’une mère pour sa fille qui explose dans ce dernier plan d’une douceur et d’une émotion ravageuses. (Le jury du Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule ne s’y est pas trompé en primant, ex-aequo, les deux actrices). Un grand film. Un chant de liberté. Un film à l’image de sa jeune actrice : incandescent et brûlant de vie.

     Lors de la clôture du Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule, Baya a lu un message de la réalisatrice Leyla Bouzid. Elle a rappelé les attentats qui ont touché Tunis et Sousse avant Paris (la clôture du festival a eu lieu aux lendemains des effroyables attentats de Paris et quelques jours avant ceux de Tunis)  :

    « Un triste lien de mort unit la France et la Tunisie. Il s’agit d’un film d’un élan de vie vif et inaliénable. C’est bien d’être ici pour cet élan de vie malgré ce qui s’est produit. J’ai envie de vous dire que notre élan de vie est inaliénable. Vive la vie, la musique, et la liberté. Personne n’arrivera à les tuer. »

     

     

     

     

     

  • Compte rendu du Festival du Cinéma Américain de Deauville 2016

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    1518 Ci-dessous et ci-dessus, vue sur Deauville depuis l’Hôtel Royal Barrière.

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    « Cette année, plus que jamais, nous avons besoin du cinéma pour découvrir et comprendre d’autres cultures » a déclaré le Maire de Deauville, Philippe Augier, lors de l’ouverture de cette 42ème édition du Festival du Cinéma Américain.  Le lendemain, le comédien Stanley Tucci, à qui le festival rendait hommage ce soir-là a, à son tour, évoqué ces « temps difficiles pour la France » et le pouvoir du cinéma de nous « rassembler de manière positive ».

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     A Deauville, cette année, bien sûr, comme toujours, il y avait la beauté incendiaire et ravageuse du lever et du coucher de soleil sur les planches et cette luminosité si particulière et changeante qui contribue à ce que, bien que 23 années se soient écoulées depuis mon premier festival du cinéma américain et mon véritable coup de foudre pour Deauville et ce festival,  chaque promenade y demeure pour moi un moment de quiétude salutaire, bien sûr il y avait la délectation de parler de cinéma à toute heure de la journée (et de la nuit) et de retrouver les amis et habitués du festival, bien sûr il y avait la joie de se lover dans l’incomparable salle du CID et de savourer des films dans cet écrin majestueux, bien sûr il y avait le plaisir de découvrir le meilleur du cinéma indépendant américain à travers la compétition, comme chaque année, bien sûr, il y avait les soirées joyeuses, chics et conviviales au club Kiehl’s, bien sûr…mais les blessures infligées à notre pays au cours de l’année écoulée avaient forcément et subrepticement changé quelque chose dans l’air et dans les esprits. En raison notamment de la sécurité aux abords du CID (indispensable bien entendu) et la circulation bloquée autour de la salle, un silence légèrement inquiet avait remplacé le joyeux brouhaha qui régnait habituellement à la sortie des projections, renforçant aussi notre conscience du plaisir de vivre cette belle parenthèse cinématographique. En 23 ans et malgré les vicissitudes de l’existence, jamais je n’ai dérogé à ce rendez-vous immuable, qui me donne l’impression de reprendre un film qui s’écrit d’années en années et que je peux le reprendre l’année suivante là où je l’avais laissé, comme une existence parallèle, un conte enchanteur, un doux mensonge qui endort les blessures de l’âme et de la réalité. Alors laissez-moi vous conter mon Festival du Cinéma Américain de Deauville 2016. Once upon a time…

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    Ce 42ème Festival du Cinéma Américain de Deauville n’en a pas moins réservé de beaux moments de cinéma et d’émotion notamment grâce au président du jury de ce Festival 2016, Frédéric Mitterrand, qui, de sa si célèbre voix grave et lyrique, a partagé son enthousiasme pour son rôle et les films…et a même rangé la moquette à la fin de la cérémonie de clôture mais aussi grâce à la bonne humeur communicative d’un autre membre du jury Radu Mihaileanu qui a également présenté son nouveau film en avant-première, le sublime et bouleversant « L’Histoire de l’amour ».

    Et il est plutôt rassurant que, parmi les 14 films en lice, Frédéric Mitterrand et son jury aient choisi de couronner du Grand Prix le film le plus bienveillant et le plus délicat de cette sélection, le sensible « Brooklyn village » (actuellement en salles et à voir absolument) réalisé par un habitué de Deauville et de sa compétition, Ira Sachs. Ainsi le président du jury a-t-il justifié ce choix : « Parce qu’il analyse les fractures de l’Amérique avec un regard sans concession mais plein d’humanité, parce qu’il décrit une amitié merveilleuse entre deux adolescents confrontés aux rigueurs de l’existence, parce que sa mise en scène, toute de douceur et d’efficacité, est une formidable leçon de cinéma.»

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    Cette année, mes coups de cœur furent « Born to be blue », « In dubious Battle », « L’Histoire de l’amour », « Mean dreams », « Captain Fantastic » et bien sûr « Brooklyn village ». L’émotion fut aussi au rendez-vous lors des hommages, principalement ceux rendus à Stanley Tucci, Chloe Grace Moretz -prix du Nouvel Hollywood-, James Franco qui a également donné une passionnante conférence de presse, et Daniel Radcliffe qui a également reçu le prix du Nouvel Hollywood permettant à Deauville, le temps de sa venue, de retrouver sa joyeuse effervescence et qui a charmé les festivaliers par sa modestie et son plaisir ostensible d’être là comme lors de sa conférence de presse (cf ma vidéo extraite de celle-ci ci-dessous).

    Le Festival de Deauville plus que jamais se revendique et se différencie comme le révélateur et l’éclaireur du cinéma indépendant et des jeunes artistes, nous donnant à voir une autre Amérique, moins flamboyante que ce que laissaient autrefois voir les blockbusters qui y étaient projetés, avec la bannière étoilée flottant fièrement dans l’air au dénouement. Elle fut cette fois souvent écornée…

    Les Premières n’en étaient ainsi cette année pas moins critiques que les films en compétition se penchant sur les pages sombres et les ombres de l’Amérique contemporaine et de son Histoire, sur ses luttes sociales, aussi, interrogeant souvent les compromis et les concessions à la morale, nécessaires parfois, pour accéder à la liberté.

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    Quant à la compétition, comme chaque année, elle mettait en exergue et peut-être plus que jamais les fêlures de l’Amérique dont les citoyens peinent à communiquer, souvent à propos de leurs souffrances, et qui bien souvent essaient d’exorciser cette incommunicabilité dans la violence…ou le cynisme (« Le Teckel »). Une Amérique, à nouveau et plus que jamais, en manque de (re)pères. Les films en lice mettaient ainsi souvent en scène des enfants ou des adolescents (et parfois des adultes) esseulés, livrés à eux-mêmes et  confrontés aux responsabilités et difficultés qui sont normalement celles dévolues aux adultes, des enfants confrontés à la dureté du monde. Ces films soulignaient le hiatus entre leurs rêves d’enfant et la réalité qui souvent les heurtaient de plein fouet, comme le revers de l’American dream. Pour faire face, certains préféraient prendre la tangente, s’inventaient un personnage ou même  décidaient de renoncer à la vie.  La musique était aussi à l’honneur cette année notamment avec le feel good movie signé John Carney « Sing street ». Et si des valeurs sûres confirmaient leur talent (de James Franco à Matthew McConaughey  en passant par Viggo Mortensen), ce sont souvent de jeunes acteurs inconnus dont le talent crevait l’écran qui ont enchanté les festivaliers, que ce soient les jeunes interprètes de « Captain Fantastic » ou ceux de « Brooklyn village » ou encore de « Mean dreams. »

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    Quatre films parmi les 14 en compétition ont récolté tous les prix. « Tous ces films nous ont fait aimer l’Amérique qui se regarde sans complaisance, ce qui fait qu’elle est grande. Je ne suis pas capable de faire un discours aussi passionné que celui de la présidente du jury Révélation, donc je vais être bref. Nous avons décidé de remettre deux Prix : l’un au « Teckel » pour son extrême originalité, son humour, la proposition de cinéma remarquable, l’autre au « Captain fantastic », pour son souffle formidable, pour son originalité profonde, pour la qualité de son interprétation, pour son lyrisme et ce qu’il nous dit sur l’Amérique d’aujourd’hui » a ainsi déclaré le Président du jury, Frédéric Mitterrand.

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    Ce festival a été aussi pour moi l’occasion d’évoquer mon recueil de nouvelles « Les illusions parallèles » (publié fin août 2016 aux Editions du 38, pour en savoir plus ou le commander, c’est ici) et de faire se rejoindre la réalité et la fiction dans une sorte de mise en abyme puisque ce recueil comprend deux nouvelles qui se déroulent dans le cadre du Festival du Cinéma Américain de Deauville et évoque lui-même les relations entre la réalité et la fiction…

    Avant de revenir sur cette sélection 2016, en préambule quelques remerciements:

    -Un grand merci à la librairie de Deauville « Jusqu’aux lueurs de l’aube » pour avoir mis mon recueil de nouvelles sur les festivals de cinéma « Les illusions parallèles » à l’honneur avec les livres de ce festival (ll y est toujours disponible),

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    -un immense merci à France Bleu Basse-Normandie pour m’avoir permis d’évoquer ma passion pour ce festival et la sortie du recueil,

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    -un gigantesque merci à  la charmante Hélène pour avoir consacré une page enthousiaste au recueil sur un coup de cœur et à la dernière minute dans son très beau magazine « Normandie Passion » ,

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    -à Michèle Laroque (pour cet échange passionnant, pour m’avoir mise en avant sur Périscope ainsi que le recueil et mon roman « L’amor dans l’âme » dont une scène clef se déroule également à Deauville, toutes les infos ici)  et merci à Renault pour notre collaboration et pour m’avoir fait confiance pour partager ma passion pour ce festival auprès de ses gagnants,  merci également à Marie Astrid Jamois pour les photos de la rencontre (ci-dessous),

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    -un merci renouvelé à Dominique Saint pour sa séance photos ( c’est toujours un plaisir de poser pour lui  qui arrive à me décrisper- et c’est un défi-, quelques extraits de la séance ci-dessous, je vous parlerai aussi prochainement du très beau livre de photos auquel il a participé ),

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    -merci également à toute l’équipe de Kiehl’s pour l’accueil chaleureux, à Laurent Guyot, Philippine, Thomas et les autres (demain, retrouvez mon article complet sur la marque Kiehl’s sur mon site http://inthemoodforhotelsdeluxe.com), et pour ces soirées qui toujours faisaient rimer classe et convivialité et sans lesquelles le festival n’aurait pas été ce qu’il a été et où il était chaque soir si agréable de passer …et même d’y croiser l’immense Catherine Deneuve au cœur de la nuit, le dernier soir du festival. Définitivement « the place to be »,

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    -à l’hôtel Royal Barrière et toute son équipe et à son directeur M.Casabo pour l’accueil toujours aussi agréable et souriant (la semaine prochaine, retrouvez également mon nouvel article sur l’hôtel Royal Barrière de Deauville sur mon site http://inthemoodforhotelsdeluxe.com et sur mon blog deauvillais http://inthemoodfordeauville.com ),

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    -à Paris Normandie pour le bel article,

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    -et bien sûr à l’équipe du CID, Katia et Marie-Anne en tête, là aussi pour le professionnalisme et l’accueil chaleureux et pour ces 36 pass et invitations pour la clôture qui ont permis de faire des heureux parmi les lecteurs de mes blogs,

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    -sans oublier le restaurant La Cantine de Deauville -suivez leur page Facebook, ici, pour découvrir quotidiennement leurs menus du jour qui défient toute concurrence-, définitivement mon restaurant préféré (accueil et qualité irréprochables et rares) qui a servi de camp de base et de décor à des débats enflammés et des dégustations toujours exquises et inventives (pour mes bonnes adresses à Deauville version 2016, c’est ici, l’article sera également prochainement complété par mes nouvelles adresses testées),

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    et L.L pour cette photo ci-dessus et sa joyeuse présence et bienveillante amitié.

    Films en compétition

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    Mais revenons au cinéma…Vous l’aurez compris, mon coup de cœur de cette 42ème édition s’intitule « Brooklyn village » et a été réalisé par le cinéphile Ira Sach. Il est sorti en France le 21 septembre 2016 donc ne tardez pas trop si vous souhaitez le découvrir.

    Une famille de Manhattan y hérite d’une maison à Brooklyn, dont le rez-de-chaussée est occupé par la boutique de Leonor, une couturière latino-américaine. Les relations sont d’abord très cordiales entre les deux familles, notamment grâce à l’insouciante amitié qui se noue entre Tony et Jake, les enfants des deux foyers qui ont le même âge. Mais le loyer de la boutique (fixé par un arrangement amical par le grand-père de Jake, son père venant d’en hériter à la mort de celui-ci) s’avère bien inférieur aux besoins des nouveaux arrivants. Les discussions d’adultes vont bientôt perturber la complicité entre voisins.

    Alors que beaucoup de films cette année réglaient ou exorcisaient les conflits par la violence ou l’excès, Ira Sachs fait ici preuve d’une rare bienveillance envers ses personnages qui y  gagnent en profondeur, en intérêt, en crédibilité, en émotion. La seule violence est une grève de la parole que les deux enfants mettent en place pour protester contre les décisions d’adultes qu’ils réprouvent. Plutôt que d’opposer la pauvre couturière authentique aux voraces propriétaires qui ne cherchent qu’à s’enrichir et plutôt que de stigmatiser les seconds, Ira Sachs porte un regard plein d’humanité, de compréhension et d’indulgence sur chaque partie, les propriétaires ne vivant que sur un seul salaire, le père étant un comédien de théâtre désargenté.

    En vo le film s’intitule Little Men, et s’il désigne les enfants, ces « petits hommes » peuvent aussi désigner les adultes, tels qu’ils sont dans le regard de leurs enfants, ou tels que chaque adulte reste finalement à jamais, portant simplement le masque de l’adulte mais demeurant aussi perdu, écartelé, et parfois démuni devant les difficultés de l’existence. Sans doute s’agit-il des deux.

    Ajoutez à cela Theo Taplitz et Michael Barbieri, deux jeunes comédiens exceptionnels (magnifique scène ou l’un des deux s’exerce à la comédie pendant laquelle on retient son souffle) et vous obtiendrez un film pudique, délicat, sensible avec des personnages humains, pas des super-héros mais des êtres faillibles et attachants écrits avec une extrême délicatesse, nuancés comme la vie.

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    « Captain Fantastic » de Matt Ross qui, contrairement, à ce que son titre pourrait laisser entendre n’est pas non plus un film de super héros, couronné du prix du jury ex-aequo, du prix du public et d’une des deux standing ovations de ce festival ( sortie en salles en France le 12 octobre) confronte également des enfants à des réalités d’adultes.

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    Dans les forêts reculées du nord-ouest des Etats-Unis, vivant isolé de la société, un père dévoué a consacré sa vie toute entière à l’éducation de ses six jeunes enfants pour qu’ils deviennent des adultes hors du commun.
    Quand le destin les frappe, ils sont contraints d’abandonner le paradis que leur père avait créé pour eux. La découverte du monde extérieur va l’obliger à remettre en question ses méthodes d’éducation et tout ce qu’il avait choisi d’apprendre à ses enfants qui portent les prénoms iconoclastes à l’image de leur éducation : Bodevan, Nai, Rellian, Zaja, Kielyr et Vespyr.

    Là où  « Brooklyn village » confrontait deux réalités mais aussi l’utopie des enfants à la réalité des adultes, évitant aussi tout manichéisme, « Captain Fantastic » confronte l’utopie d’un adulte aux règles sociales et à la réalité du monde, celui de la consommation loin  de la forêt protectrice, sorte d’Eden coupé du monde, où  la famille vit. Le film de Matt Ross a fait souffler un vent d’utopie et d’intelligence salutaires sur cette compétition parfois bien pessimiste.

    Primé au dernier Festival de Cannes 2016 dans la section Un Certain Regard pour sa mise en scène, le film de Matt Ross aurait aussi pu l’être pour sa photographie (signée Stéphane Fontaine). Au lieu d’imposer un point de vue péremptoire sur l’éducation, à travers cette histoire et ses personnages à l’intelligence jubilatoire, Matt Ross questionne le mode d’éducation, montrant des enfants érudits (qui lisent Rousseau, Marx et Nabokov en opposition à leurs cousins, totalement incultes, d’ailleurs peut-être trop, moins de manichéisme en l’espèce aurait été moins efficace certes) et particulièrement résistants à l’effort, aptes à réfléchir mieux que la plupart des adultes mais en décalage avec le monde réel soudain bipolaire (ou du moins dichotomique) comme leur mère ( dont l’absence si présente éclaire le film d’une aura plus sombre) et les enfants de leur âge (ce qui donne lieu à des scènes irrésistibles). Le film est  un parcours initiatique autant pour les enfants que pour le Captain Fantastic dont l’adjectif fantastique désigne davantage sa capacité à se remettre en question que des pouvoirs extraordinaires dont il serait doté même si la fin peut aussi s’apparenter à un renoncement pour celui qui, en guise de père Noël, célèbre le linguiste, philosophe et anarchiste Noam Chomsky (Noël étant remplacé par le Noam Chomsky’s day) en offrant des armes blanches à ses enfants. Des dialogues savoureux (le film est finalement une ode à la communication), une BO jubilatoire, un Viggo Mortensen plus charismatique que jamais et éperdu d’amour pour ses enfants, font de ce « Captain Fantastic » un personnage aussi attachant que le fut une certaine « little Miss Sunshine » primée à Deauville il y a quelques années.

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    L’adolescent de « Transfiguration » de Michael O’Shea n’a lui, en revanche, pas eu la chance d’avoir un « Captain Fantastic » à ses côtés.  A 14 ans, il vit à New York, dans le Queens. Il est orphelin, ignoré par ses camarades de classe et malmené par les élèves plus âgés. Son seul refuge est l’appartement qu’il partage avec son grand frère. Solitaire, il passe son temps à regarder des films de vampire et cache un lourd secret. L’arrivée d’une nouvelle voisine, Sophie (aussi malmenée par la vie), fait naitre en lui des sentiments inédits.

    Premier long-métrage de son réalisateur, « Transfiguration » aurait pu être un une réflexion intéressante sur les ravages du chagrin, d’une douleur sourde si, pour exutoire à sa colère et son traumatisme d’enfance, le jeune Milo  qui préfère « les films de vampire réalistes » (et pour cause !) n’avait pour fâcheuse tendance à tuer et boire le sang de ses proies, se prenant pour un vampire, scènes qui ne sont pas toujours tournées avec subtilité. Reste l’excellente interprétation des jeunes comédiens Chloe Levine et Eric Ruffin et la volonté louable de détourner les codes à la fois du film social et du film de vampire  (« Nosferatu », « Twillight », « Dracula », « Morse » explicitement cités).

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    Les films en compétition cette année nous dépeignaient souvent des personnages confrontés à la solitude, des enfants et des adolescents mais aussi des adultes comme dans «  Certain women », septième long-métrage de Kelly Reichardt, dans lequel les destins de trois femmes se croisent dans une petite ville au cœur du Montana, celui d’une avocate qui intervient lors d’une prise d’otage orchestrée par l’un de ses clients, un homme mécontent persuadé d’avoir été lésé par une décision judiciaire, celui d’une femme qui s’installe avec son mari dans une nouvelle maison et prend conscience du différend qui les sépare quand ils cherchent à persuader un vieil homme de vendre son stock de pierres et enfin d’une ouvrière agricole qui se lie d’amitié avec une jeune avocate, laquelle se retrouve à devoir animer des ateliers d’aide juridique pour adultes, deux fois par semaine, à plus de quatre heures de son domicile.

    Là aussi, sans atteindre la perfection de « Brooklyn village », la réalisatrice regarde ses personnages, avec beaucoup de bienveillance et de délicatesse avec, au service de son histoire (en réalité l’adaptation de trois nouvelles du recueil «Both Ways is the Only Way I Want It» de Maile Meloy), un casting de choix : Laura Dern, Michelle Williams, Kristen Stewart. Elle bannit l’emphase et les effets, ce qui pourra éloigner certains spectateurs mais a le mérite de faire coïncider le fond (des personnages ordinaires que l’on ne remarque pas forcément, et prisonniers de leur solitude) et la forme : la beauté glaciale, presque aride, des paysages du Montana.

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    Autre femme confrontée à la solitude « Christine » dans le film éponyme de Antonio Campos. 1974, Sarasota, Floride. Christine est une journaliste ambitieuse, âgée de 29 ans, sûre de ses compétences et persuadée de réussir dans le métier. Mais le parcours d’une femme déterminée à faire carrière dans les années 1970 n’est pas sans obstacles. La concurrence pour obtenir une promotion est féroce et la crise identitaire n’est jamais loin, surtout si l’on nourrit, comme Christine, un amour non partagé pour un collègue de travail, et que l’on mène une vie familiale tumultueuse. Lorsque la chaîne de télévision WZRB change de ligne éditoriale en décidant de passer davantage de « sensationnel » à l’antenne – en rupture totale avec l’implication journalistique de la jeune femme dans des sujets plus « sérieux » – Christine réussit pourtant à ne pas perdre de vue les objectifs qui sont les siens, tout en surmontant ses doutes et en donnant à voir ce que les gens attendent…

     A l’image du film précédemment évoqué, « Christine » est un beau portrait de femme qui, si elle exerce un métier de l’image, et donc est moins « transparente » que les héroïnes de « Certain women » n’en dissimule pas moins ses blessures et sa solitude. A travers ce beau portrait de femme dans les années 70, en apparence combattante et sûre d’elle, et en réalité déprimée et pétrie de doutes,  c’est aussi une critique du sensationnalisme des médias qui éludent d’ailleurs le vrai sujet (le Watergate), sujet éminemment contemporain pour une actualité plus démagogique et moins brûlante. Rebecca Hall (Christine) aurait presque mérité que soit créé pour elle un prix d’interprétation à Deauville tant elle incarne brillamment ce personnage qui sombre peu à peu tout en étant dans la lumière.

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    Avec  « Complete unknown » de Joshua Marston (que les festivaliers deauvillais connaissent bien puisqu’il avait obtenu le grand prix et le prix de la critique en 2004 avec « Maria, pleine de grâce »), il s’agit à nouveau d’un portrait de femme confronté à la solitude et l’incompréhension et à nouveau, l’accent est mis sur la difficulté à communiquer. Chez lui, à Brooklyn (encore Brooklyn…), Tom (Michael Shannon) fête son anniversaire avec son épouse et ses plus proches amis. L’un d’entre eux vient accompagné d’une jeune femme prénommée Alice (Rachel Weisz), que Tom semble avoir connue par le passé. Alice nie le connaître, mais au cours de la soirée, elle va lui révéler un secret qui pourrait bien changer sa vie tranquille d’homme rangé.

    « Complete Unknown » a également été présenté à Sundance en 2016.  Un film, à l’image de ses deux personnages principaux, auréolés d’un séduisant (et parfois déroutant) mystère qui confère beaucoup de charme et d’élégance à ce film subtilement écrit et interprété. Le film interroge les choix auxquels nous confronte l’existence, les routes entre lesquelles il nous faut choisir. La protagoniste et ses vies multiples est aussi une belle métaphore du cinéma, mensonge sans cesse réitéré mettant en scène des identités multiples. Notamment lors d’une promenade nocturne, entre passé et présent, le temps suspend son vol dans ce joli film qui n’atteint pas la force émotionnelle de « Maria pleine de grâce » mais qui nous charme insidieusement.

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    Dans une sélection plutôt pessimiste, les membres des jurys (critique et révélation) ont été très sensibles à « The Fits » de Anna Rose Holmer, film onirique, abstrait, poétique et plein d’espoir.  Ce film relate l’histoire de Toni, âgée de onze ans, qui s’entraîne dans la salle de boxe de son grand frère. Elle découvre qu’à l’étage au-dessus, un groupe de filles apprend une variante très physique du hip hop, le drill. Attirée par leur énergie, leur force et leur assurance, Toni abandonne peu à peu la boxe pour la danse…

    A l’image des autres jeunes interprètes des films en lice, la jeune Royalty Hightower dont c’est ici le premier film, est remarquable.  C’est aussi le premier long-métrage de fiction d’Anna Rose Holmer qui fut également réalisatrice de documentaire, directrice de la photographie et productrice.   Aux frontières de l’abstraction et du fantastique, riche de symboles et à nouveau rite initiatique, « The Fits » a séduit le jury critique. Ainsi, la Présidente du jury de la Critique, Danielle Heymann en a-t-elle fait l’éloge  avant de lui décerner son prix avant que la présidente du jury Révélation, Audrey Pulvar, en fasse à son tour l’éloge  pour finalement remettre son prix à un autre film (vous suivez ?), “Le Teckel” : ”une plongée hypnotique au cœur et au corps de l’enfance. Le film allie la force et la grâce, la boxe et la danse, le silence et la transe, et capture magnifiquement les troubles de l’adolescence : la jeune Toni qui danse, Toni qui boxe, Toni qui tombe et qui s’élève. Et c’est beau. » « The Fits » sortira en France le 11 janvier 2017.

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    C’est à une a toute autre forme de rite initiatique que sont confrontés les personnages de l’éprouvant « Goat » de Andrew Neel. Après une terrible agression dont il a été victime pendant l’été, Brad Land, âgé de dix-neuf ans, entre à l’université dans l’espoir de reprendre une vie normale. Brett, son frère aîné, est déjà, depuis plusieurs années, sur ce même campus où il appartient à un groupe d’étudiants qui semble offrir aux membres de leur confrérie protection, popularité et amitiés indéfectibles. Brad veut à tout prix faire partie de cette communauté malgré les réserves émises par son frère. S’ensuivent des séances de bizutage de plus en plus cruelles et de plus en plus dégradantes, qui doivent permettre à Brad de devenir enfin un homme, un vrai. Mais ces jeux initiatiques brutaux ne seront pas sans conséquences pour lui et pour ses camarades…

    Le scénario brinquebalant fait une (trop) large place aux scènes du bizutage humiliantes dont on finit par avoir l’impression qu’elles sont filmées avec complaisance (malgré la morale finale qui dénote avec le reste du film et lui fait perdre toute crédibilité) et qui en suscitent un profond malaise. Documentariste, Andrew Neel  signe ici son deuxième long-métrage après avoir produit « Stand clear of the closing doors » de Sam Fleischner, prix du jury au Festival de Deauville 2013, l’histoire de  Ricky, un jeune autiste qui s’enfuyait dans le métro après avoir passé une journée particulièrement difficile à l’école. « Goat » est l’adaptation des mémoires écrites par un ancien étudiant américain, devenu souffre-douleur de sa fraternité. L’occasion aussi de voir James Franco dans un rôle aussi fort qu’antipathique, éloigné de ses idées humanistes, James Franco à qui le Festival du Cinéma Américain de Deauville rendait cette année hommage.

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    Dans « Mean dreams » de Nathan Morlando, à nouveau ce sont des enfants confrontés à des problèmes (et c’est un euphémisme !) d’adultes qui décident de prendre leur destin en mains.  Ce film sortira en salles en France le 4 janvier 2017. Sans doute le seul film dont je regrette qu’il ne figure pas au palmarès. Certes abracadabrantesque, il parvient malgré tout à nous captiver notamment grâce à une réalisation d’une rare précision et intelligence dont  nombreux sont les plans à me rester encore en mémoire.   Quand Jonas, le fils d’un fermier local âgé de quinze ans, rencontre Casey, sa nouvelle voisine du même âge, il en tombe immédiatement amoureux. Au fil de leur idylle, Jonas découvre les dangers et la violence du milieu familial dans lequel vit Casey. Il prend alors l’initiative de s’enfuir avec elle, après avoir volé un sac rempli de billets provenant du trafic de drogue orchestré par le père de Casey, un flic local corrompu. Quand celui-ci se lance à leur poursuite, les deux adolescents vont être confrontés à la dure réalité qui est désormais la leur : comment réussir à survivre et comment faire un choix qui, sans aucun retour en arrière possible, changera leur vie à jamais…

    « Mean Dreams » est à la frontière des genres : thriller, histoire d’amour, road movie, parcours initiatique. Le père (Bill Paxton) incarne le diable personnifié, et il faut y voir là non le signe d’un scénario manichéen et défaillant mais le choix délibérer de conter cette histoire comme une sombre fable, avec les bons et les méchants, le père alcoolique et violent et les enfants qui luttent pour leur survie : plongée brusque dans l’âge adulte signifiant la fin anticipée de l’innocence.

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     « Sing street » de John Carney, a également enthousiasmé les festivaliers qui l’ont couronné, comme « Captain Fantastic », d’une standing ovation, à défaut de lui attribuer le prix du public (décerné au premier). « Sing street »  sortira en salles le 26 octobre 2016, et nous dépeint aussi des adolescents qui prennent leur envol, cette fois par le biais de la musique. Dublin, années 80. La pop, le rock, le métal, la new wave passent en boucle sur les lecteurs K7, vibrent dans les écouteurs des walkmans et le rendez-vous hebdomadaire devant  « Top of the Pops » est incontournable.
    Conor, un lycéen dont les parents sont au bord du divorce, est obligé à contrecœur de rejoindre les bancs de l’école publique dont les règles d’éducation diffèrent de celles de l’école privée qu’il avait l’habitude de fréquenter.
    Il se retrouve au milieu d’élèves turbulents qui le malmènent et de professeurs exigeants qui lui font rapidement comprendre qu’en tant que petit nouveau, il va devoir filer doux. Afin de s’échapper de cet univers violent, il n’a qu’un objectif : impressionner la plus jolie fille du quartier, la mystérieuse Raphina. Il décide alors de monter un groupe et de se lancer dans la musique, univers dans lequel il ne connait rien ni personne, à part les vinyles de sa chambre d’adolescent. Afin de la conquérir,  il lui propose de jouer dans son futur clip.

    Après les ensorcelants « Once » en 2007 et « New York Melody » en 2014, John Carney s’oriente à nouveau vers le style qui lui sied le mieux : le film musical. « Je ne voulais pas tourner un film musical sans raison valable. Je voulais raconter un épisode de ma vie suffisamment intéressant pour que j’aie envie d’en parler. Et je souhaitais que cette histoire soit sincère et personnelle » a spécifié le cinéaste. Ferdia Walsh-Peel qui incarne le protagoniste impressionne par sa maitrise et sa justesse dans ce qui est son premier rôle. « Sing street » est indéniablement le feel good movie par excellence, le genre de film qui vous donne envie d’empoigner la vie, votre destin, et qui vous insuffle une bouffée d’optimisme vous faisant quitter la salle avec plein de  nouvelles résolutions et en fredonnant. Mais ce n’est pas uniquement cela. En toile de fond, l’Irlande des années 80 et ses problèmes sociaux (divorce encore interdit contraignant les parents qui ne s’aiment plus à vivre ensemble) et économiques donnent de l’épaisseur au film même si ses personnages secondaires en manquent justement parfois. Le mode de filmage (à l’épaule) contribue aussi à l’énergie communicative qui se dégage du film. La romance entre Conor et Raphina certes convenue suscite indéniablement l’émotion, Plus intéressant est le personnage du frère, mentor  passé à côté de sa vocation. Evidemment la bande originale et les références musicales sont remarquables et achèvent de nous séduire.

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     « Le Teckel » d’Ira Sachs se situe aux antipodes de la bienveillance joyeuse du film précité mais aussi du film qui a obtenu le grand prix, « Brooklyn village ». Frédéric Mitterrand a salué « son extraordinaire originalité, son humour et son inventivité » avant de lui attribuer le prix du jury ex-aequo (avec « Captain Fantastic »). Audrey Pulvar, présidente du jury Révélation, après avoir donc longuement fait l’éloge de « The Fits » d’Anna Rose Holmer, a elle aussi annoncé que le prix de la Révélation Kiehl’s était attribué au « Teckel » « pour la truculence, la pertinence du propos, le brio de sa mise en scène et la forme anticonformiste comme son metteur en scène sait l’être. » « Le Teckel » sortira en salles en France le 19 octobre 2016.

    « C’est une comédie triste avec du drame. Vous pouvez rire si vous voulez, ou ne pas rire», a expliqué le réalisateur avant la projection du film au CID.  A travers les personnes à qui le teckel appartient successivement, c’est, à nouveau un portrait de l’Amérique qui se dessine. Cela commençait plutôt pas mal avec des parents d’origine bourgeoise (la mère de famille incarnée par Julie Delpy) qui achètent un teckel pour distraire leur fils atteint d’un cancer. La mère, pour expliquer la mort à son jeune fils curieux d’en savoir plus alors que le chien va se faire piquer, fait un parallèle maladroit (pour le moins) avec sa maladie pour répondre à sa question. Le ton est donné. Celui de l’humour macabre. Pas toujours dans la subtilité. Entre le chien Mohammed qui viole les caniches, le travelling sur les crottes de chien sur du Debussy et le chien qui finalement sera nommé cancer par sa dernière propriétaire, Todd Solondz, par cette suite de saynètes qui manquent parfois de liens entre elles (alors que c’était LA bonne idée du film), semble s’évertuer à choquer et provoquer, oubliant le fil de son histoire et parfois son teckel en cours de route, si bien que cette volonté laborieuse et revendiquée de cynisme finit par être lassante alors que les scènes plus burlesques sont réussies comme celle, sorte d’interlude publicitaire, lors de laquelle le teckel marche devant des images d’arrière-plan grotesques. Cette « comédie du désespoir » met à nouveau en scène des personnages esseulés peu bavards auprès desquels l’animal devient un véhicule des espoirs et des attentes  mais il ne suffit pas de filmer des crottes en travelling sur du Debussy dans un caniveau, ni de porter un regard cynique (sinistre) sur les êtres et la vie pour devenir un génie ou un poète maudit ou pour défier la mortalité, l’absurdité et la vulnérabilité de la vie, et donc la mort, ni de faire preuve d’insolence et de vulgarité pour se transformer en philosophe. Ce qui est aussi excessif en devient insignifiant et vain. Dommage, l’idée était formidable, les dialogues sont parfois savoureusement caustiques, et la photographie d’Ed Lachman est remarquable sans oublier un casting de choix qui semble s’en donner à cœur joie. La forme est donc plus que respectable et nous rappelle le talent incontestable de metteur en scène de Todd Solondz (déjà primé à Deauville il y a quelques années).

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    Plus divertissant était « War dogs » judicieusement choisi pour la clôture.

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    Plutôt que de vous parler du film de clôture, « War dogs » (photos ci-dessus), je préfère évoquer  l’envoûtant et magnétique « Born to be blue », premier long-métrage de Robert Budreau sur la tragique histoire du trompettiste de jazz Chet Baker, depuis son comeback dans les années 70 jusqu’à sa disparition brutale…

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    Ethan Hawke et Robert Budreau, le réalisateur de ce biopic (qu’il serait d’ailleurs réducteur et même inexact de qualifier ainsi) ont en commun une véritable passion pour le trompettiste et chanteur de jazz Chet Baker. L’acteur américain avait en effet déjà travaillé sur le scénario d’une journée dans la vie de Chet Baker, le James Dean du jazz, un film qui qui n’a jamais été tourné. Le film alterne les temporalités, la couleur, souvent magnétique et crépusculaire, et le noir et blanc nostalgique, la fiction dans la fiction (Chet Baker devait tourner un film sur sa vie) et la fiction qui raconte la vie de Chet Baker. Une structure dichotomique à l’image de cet être écartelé entre sa passion viscérale et ses démons. Un être multiple qu’un flashback fait passer d’une cellule d’une prison italienne à ses débuts devant Miles Davis et Dizzy Gillespie à une scène du film dans le film (s’inspirant du projet du producteur Dino de Laurentiis de 1966) dans laquelle Baker, qui joue son propre rôle, prend de l’héroïne pour la première fois, incité par une admiratrice.

    Au-delà du portrait du grand artiste, « Born to Be Blue » est un film sur les affres de la création, sur les revers du succès et de la vie d’artiste, sur la versatilité du destin. Le portrait d’un homme, seul blanc trompettiste de l’époque, qui place l’amour de son art, vital, au-dessus de tout et prêt à tous les sacrifices et douleurs pour effectuer son retour, épaulé seulement par sa compagne Jane quand même son propre père ne croit plus en lui. Le titre se réfère d’ailleurs à une chanson que lui jouait son père. Ethan Hawke, à fleur de peau, EST Chet Baker et porte ce rôle, cette personnalité aussi séduisante que fragile, sur ses épaules et lorsque, lors d’une ultime chance,  cet écorché vif chante « My Funny Valentine » devant des professionnels, c’est poignant et nous retenons notre souffle à sa voix brisée. Ce film judicieusement construit et mis en abyme, enfiévré de la musique, de l’amour et des excès qui portaient et détruisaient l’artiste est une enivrante et bouleversante mélodie du malheur et finalement le plus beau des hommages que l’on pouvait consacrer à l’artiste, et aux artistes qui se consument pour leur art. Un film nimbé d’une mélancolie envoûtante et foudroyante de beauté…comme un air de jazz joué par Chet Baker. Comme les derniers soupirs d’un artiste. Les plus intenses et émouvants.

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    Changement d’époque avec « Free state of Jones » de Gary Ross (« Hunger games ») qui se déroule en pleine guerre de Sécession. Newton Knight, courageux fermier du Mississippi, prend la tête d’un groupe de modestes paysans blancs et d’esclaves en fuite pour se battre contre les États confédérés. Formant un régiment de rebelles indomptables, Knight et ses hommes ont l’avantage stratégique de connaître le terrain, même si leurs ennemis sont bien plus nombreux et beaucoup mieux armés… Résolument engagé contre l’injustice et l’exploitation humaine, l’intrépide fermier fonde le premier État d’hommes libres où Noirs et Blancs sont à égalité.

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    Le premier atout de ce film est de nous faire connaître et de réhabiliter son héros dont le souvenir a été broyé dans le galimatias de l’Histoire même si cette période a souvent inspiré les cinéastes à commencer par le « maître » Spielberg avec le formidable « Lincoln » ou encore des chefs-d’œuvre de l’Histoire du cinéma comme « Autant en emporte le vent ». Cette période de la Guerre de Sécession qui s’étend de 1861 à 1865 de par les conflits et les injustices qu’elle recèle est bien évidemment éminemment cinématographique, tout comme la période qui lui succède et qui est le cadre de ce film. L’approche du directeur de la photographie Benoît Delhomme qui consistait à utiliser au maximum les éclairages naturels donne aux marécages de Louisiane une véracité intemporelle et une sombre et menaçante beauté. Matthew McConaughey incarne à la perfection le vaillant héros humaniste, enfiévré d’absolu, porté par son juste combat contre une injustice barbare devenue la  révoltante norme.  Ce film possède un indéniable souffle épique au-delà de son intérêt historique.  Dommage qu’il souffre d’une construction appuyée et artificielle et que le flash-forward sur le combat d’un descendant de Newton dans le Mississippi ségrégationniste des années 50, destiné à montrer que le racisme n’a pas disparu avec le temps, manque de subtilité. Un simple plan métaphorique aurait suffi à nous faire comprendre ce que ces inutiles flash-forwards qui coupent le rythme du film nous explicitent de manière beaucoup trop démonstrative et factice.

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    « In dubious battle » de James Franco (à qui le festival rendait hommage cette année et qui a donné une passionnante conférence de presse) raconte aussi un combat humaniste contre l’injustice.

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    En Californie, dans la vallée de Salinas plantée de vergers, neuf cents ouvriers migrants se soulèvent « en un combat douteux » contre les propriétaires terriens. Tirant sa force de chacun des individus qui le composent, le groupe a pour meneur un certain Jim Nolan dont l’idéalisme tragique conduit les grévistes à avoir désormais le courage de « ne plus jamais se soumettre, de ne plus jamais céder ».

    « En un combat douteux » (« In Dubious Battle »), est une nouvelle adaptation littéraire pour James Franco (adepte du genre et amoureux fou de la littérature) une adaptation d’un roman de John Steinbeck paru en 1936, autant dire un véritable défi même si les romans de Steinbeck ont souvent donné lieu à des chefs d’œuvre (« Les raisins de la colère » de John Ford, « A l’Est d’Eden » d’Elia Kazan), la richesse et la complexité de son œuvre rendent son adaptation particulièrement périlleuse et ardue. Pour gravir cette montagne, James Franco (lui-même au casting) s’est entouré d’acteurs de premier plan : Robert Duvall, Ed Harris, Bryan Cranston, Sam Shepard…  Le film nous immerge à ses côtés dans ce combat. Sans concessions aux facilités hollywoodiennes, porté par les mots captivants et admirables de Steinbeck le film de Franco interroge les limites que doit franchir un combat aussi juste soit-il, interroge les mensonges qu’il faut proférer pour que l’humanité soit victorieuse, les sacrifices, compromis et compromissions qu’il faut accomplir pour qu’aboutisse un combat au risque même, pour  parvenir à ses fins aussi nobles soient-elles, de bafouer les principes défendus. La musique, l’interprétation, la photographie sombre et crépusculaire, les mots savoureux contribuent à faire de ce film un long et fascinant poème désenchanté si bien que les mots de Steinbeck semblent prendre forme sous nos yeux tant chaque plan en possède la richesse, la force, la profondeur, la fièvre. Un magnifique hommage au livre dont il est l’adaptation et à ces combattants sacrifiés.

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    Autre avant-première. Autre hommage. « Where to invade next », le documentaire présenté dans le cadre de l’hommage à Michael Moore (qui a annulé sa venue trois jours avant  la projection) était donc présenté en avant-première à Deauville après Toronto et Berlin.

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    Michael Moore n’avait pas tourné depuis « Capitalism: A Love Story ». Le voilà parti avec sa caméra pour envahir et voler le meilleur de notre continent au profit des Etats-Unis. Pour filmer facilement, sans autorisation, le réalisateur était accompagné d’une équipe restreinte et le voilà parti, caméra au poing et armé de sa bannière étoilée qu’il plante fièrement dans chacun de ses territoires envahis. Bien sûr, Michael Moore conserve son sens indéniable de la formule, de la mise en scène, (de sa propre mise en scène, aussi, surtout) avec musique emphatique et voix péremptoire et solennelle de rigueur, et incontestable sens de la provocation (dire à des policiers portugais dans un pays où a été dépénalisé l’usage de la drogue qu’il a de la cocaïne dans sa poche, pour démontrer les « vertus » de cette dépénalisation sur laquelle il ne tarit pas d’éloges). Sa mauvaise foi  et sa démagogie n’ont jamais été aussi flagrants que dans ce film qui présente l’Europe comme une sorte d’Eden si bien que, au lieu de servir son propos, ses outrances finissent par lui nuire et l’agacement l’emporte. Alors, « cueillir les fleurs, pas les mauvaises herbes », certes, mais les premières finissent à en perdre leur parfum et à exhaler l’odeur nauséabonde des secondes à force de mépris pour ces dernières.  Idylliques sont les cantines françaises (Moore a trouvé LA cantine normande où on mange des coquilles Saint-Jacques le midi, ce qui est montré comme une généralité), les prisons norvégiennes et le pardon qui semble être une religion nationale (témoignage et pardon du père d’une des victimes d’ Anders Behring Breivik à l’appui, là aussi présenté comme une généralité), les congés payés en Italie, les usines allemandes et leurs conditions de travail, s’extasiant parce qu’il y a des fenêtres, l’université gratuite en Slovénie, l’école finlandaise (sans devoirs pour faciliter l’épanouissement). Plutôt que de défendre un point de vue, Moore nous l’assène et manipule l’image à son service. Son film finit par ressembler à ces films manichéens américains contre lesquels il s’insurge probablement et à l’apparenter aux extrémistes du bord opposé. Naïf au mieux, malhonnête au pire et surtout caricatural recourant aux pires clichés, son film manque de contrepoids qui aurait donné davantage de force et de crédibilité à son propos. Si le film de Franco évoque la manipulation nécessaire pour servir un idéal, le film de Moore illustre parfaitement l’inverse, comment desservir un idéal, aussi noble soit-il, en manipulant les idées et l’image. Tout cela pour finir par déclarer son amour éperdu pour son pays.

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    Autre déception avec « Imperium » de Daniel Ragussis dans lequel Daniel Radcliffe incarne Nate Foster, un jeune agent de renseignements qui travaille pour le FBI. Surdiplômé et parlant couramment l’arabe après avoir servi en Irak pour le compte du ministère des Affaires étrangères, il a rejoint le Bureau afin d’éviter qu’un nouvel 11-Septembre ne se produise. Lorsque le FBI découvre une cargaison illégale de Cesium-137 – le principal composant servant à la fabrication d’une bombe –, le jeune homme se range à l’avis de l’agent en charge de cette affaire, Angela Zampino, elle-même persuadée que ce projet d’attentat n’est pas l’œuvre d’extrémistes musulmans mais de suprémacistes blancs. Nate Foster décide alors d’infiltrer ce groupe et d’assumer une nouvelle identité, pourtant contraire à ses principes…

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    Si Daniel Radcliffe a, à juste titre, séduit les festivaliers deauvillais par son humilité et son implication,  ce rôle n’est certainement pas celui qui lui convient le mieux, et sa bonne volonté ne parvient pas à combler le hiatus entre son physique et la fonction du personnage qui infiltre le groupe avec beaucoup trop de facilités sans compter des failles scénaristiques béantes qui font que le film perd notre intérêt et notre croyance en l’histoire en cours de route. Dommage, Daniel Radcliffe a au moins le mérite de ne pas aller vers des rôles attendus conforme à l’image de petit sorcier qui a forgé sa notoriété.

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    Dans le film d’ouverture, « Infiltrator », quatrième long-métrage de Brad Furman, beaucoup plus palpitant, il était aussi question d’infiltrer un groupe peu affable (c’est évidemment un euphémisme).  Au casting : Bryan Cranston, Diane Kruger, John Leguizamo, Benjamin Bratt, Yul Vasquez …  Ce film raconte l’histoire (vraie) de l’agent fédéral Bob Mazur (s’inspirant de son autobiographie) qui a pour mission d’infiltrer le cartel de drogue de Pablo Escobar sous la couverture de Bob Musella, homme d’affaires spécialisé dans le blanchiment d’argent à hauteur de millions. Son but : faire tomber 85 barons et une banque internationale. Son plan : s’inventer un passé, une identité, une fiancée.

    infiltrator

     Là aussi (décidément) la morale est confrontée au devoir, la mission à accomplir nécessitant de bafouer certains principes, la frontière devenant de plus en plus floue entre la légalité et l’illégalité, Bob Musella se rapprochant de l’ennemi au point de se lier d’amitié avec lui. Certaines scènes sont  d’une efficacité redoutable. Dommage que le personnage féminin ne serve que de faire-valoir et soit aussi peu crédible, malgré l’engagement de Diane Krüger (qui incarne ici la « fausse » fiancée, scène d’ailleurs très réussie quand l’infiltré est surpris au restaurant avec sa vraie femme). Certaines scènes clefs et notamment le dénouement qui recèlent pourtant tous les ingrédients du thriller haletant manquent d’ampleur.

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     history

    Je termine, à dessein, par  l’histoire d’amour de cette 42ème édition, réalisée par un des membres du jury du festival, Radu Mihaileanu, un film immodestement appelé « L’Histoire de l’Amour » New York, de nos jours, Léo, un vieux juif polonais immigré, espiègle et drôle, vit dans le souvenir de « la femme la plus aimée au monde », le grand amour de sa vie. A l’autre bout de la ville, Alma, dans la fougue d’une adolescence pleine de passion, découvre l’amour pour la première fois. Rien ne semble lier Leo à Alma. Et pourtant… De la Pologne des années 30 à Central Park aujourd’hui, le manuscrit d’un livre, « L’Histoire de l’Amour », va voyager à travers le temps et les continents pour unir leurs destinées.

    Avant la projection, le cinéaste a prévenu les festivaliers : « J’espère que vous avez fait une bonne sieste car le début du film est difficile ». Il a eu bien tort de sous-estimer la limpidité de son travail (et l’état d’éveil du spectateur) car si la structure du film est labyrinthique son écriture brillante (un modèle de scénario) la rend aisément compréhensible.  Cette adaptation du roman desont à l’origine de ce projet d’adaptation auquel le cinéaste a adhéré avec enthousiasme.

    « Il me semble qu’aujourd’hui la plus grave et profonde crise que l’humanité traverse – qui engendre toutes les autres – est l’incapacité d’aimer l’autre. Nous vivons une époque où l’amour de soi triomphe sur le projet de vie d’avoir la joie et la satisfaction de faire du bien à l’autre, de croire en l’autre. Parfois l’amour semble désuet, dégradant, ringard, « conservateur ». J’ai adoré défendre ces dinosaures utopistes qui se battent pour le sentiment amoureux, pour l’amour qui aide à survivre à tout », a-t-il ainsi déclaré. Si le film peut sembler au début désuet, voire suranné, la force du propos, de la mise en scène, de l’interprétation, de l’Histoire nous emportent rapidement dans leur tourbillon d’émotions et dans cette histoire romanesque comme il en existe désormais si peu. La complexité de la narration au lieu de perdre le spectateur et de dissoudre son émotion et son attention ne contribuent qu’à l’accroître pour le bouleverser au dénouement lorsque toutes les pièces du puzzle se reconstituent. Avec ce film, Radu Mihaileanu milite d’une autre manière, pour la croyance dans le romanesque de l’existence, dans la capacité de l’amour à transcender la mort et les épreuves de la vie, et à réunir les êtres. La musique d’Armand Amar avec lequel le cinéaste travaille depuis « Va, vis et deviens » en 2005 exacerbe encore le souffle romantique du film entre  la clarinette, le violon et les cuivres qui nous fendent le cœur. Un film universel. Un conte d’une sensibilité rare qui est une déclaration d’amour aux pouvoirs des mots et de l’écrit qui transcendent la mort. (Je vous en parlerai plus longuement et comme il se doit lors de sa sortie en salles le 9 novembre 2016). Alors laissez-vous embarquer et terminons comme nous avons commencé : « once upon a time »…

    Palmarès du festival

    Grand Prix

    Brooklyn Village

    Brooklyn Village

    DE Ira Sachs
     

    Prix du jury

    CAPTAIN FANTASTIC

    CAPTAIN FANTASTIC

    DE Matt Ross
    LE TECKEL

    LE TECKEL

    DE Todd Solondz
     

    Prix de la critique

    THE FITS

    THE FITS

    DE Anna Rose Holmer
     

    PRIX DU PUBLIC DE LA VILLE DE DEAUVILLE

    CAPTAIN FANTASTIC

    CAPTAIN FANTASTIC

    DE Matt Ross
     

    PRIX D’ORNANO VALENTI

    WILLY 1er

    WILLY 1er

    DE
      Ludovic Boukherma, Zoran Boukherma, Marielle Gautier

                                                                      PRIX KIEHL’S DE LA RÉVÉLATION

    LE TECKEL

    LE TECKEL

    DE Todd Solondz
     
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