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  • Conférence de presse du Festival de Cannes 2016

    La conférence de presse du 69ème Festival de Cannes aura lieu le jeudi 14 avril à 11H. Je vous la ferai vivre en direct, comme chaque année. Retrouvez également mon blog entièrement consacré au Festival de Cannes: http://inthemoodforcannes.com.

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  • Woody Allen en ouverture du Festival de Cannes 2016

     

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    A J-43 de l’ouverture du 69ème Festival de Cannes et quelques jours après qu’ait été dévoilée sa sublime et incandescente affiche de cette édition 2016 (cf mon article, ici), vient d’être annoncé le film qui fera l’ouverture et qui, pour mon plus grand plaisir, sera « Café Society » de Woody Allen.  « Café Society »  sera projeté mercredi 11 mai dans le Grand Théâtre Lumière du Palais des Festivals, en Sélection officielle Hors Compétition. Un record pour le réalisateur new-yorkais qui avait déjà ouvert le Festival en 2002 avec « Hollywood Ending » et en 2011 avec « Midnight in Paris », une ouverture à laquelle j’avais eu le plaisir d’assister et dont je propose de retrouver mon compte rendu, avec le critique du film, ci-dessous, ainsi que mes 9 autres critiques de films de Woody Allen.

    Voici le communiqué de presse officiel du Festival à ce sujet:

    Le film « Café Society » raconte l’histoire d’un jeune homme qui se rend à Hollywood dans les années 1930 dans l’espoir de travailler dans l’industrie du cinéma, tombe amoureux et se retrouve plongé dans l’effervescence de la Café Society qui a marqué cette époque. Deux acteurs de la génération montante à Hollywood, Kristen Stewart et Jesse Eisenberg, sont au cœur de Café Society, porté par un casting prestigieux qui réunit Steve Carell, Parker Posey et Blake Lively. À Cannes, Kristen Stewart a monté les Marches en 2012 pour On the Road (Sur la route) de Walter Salles et en 2014 pour Sils Maria d’Olivier Assayas, film pour lequel elle a obtenu un César. De son côté, Jesse Eisenberg jouait dans Back Home (Louder than Bombs) de Joachim Trier en Compétition l’année dernière.

     Pour ce film, Woody Allen a également collaboré avec le grand directeur de la photographie Vittorio Storaro, membre du Jury des longs métrages en 1991 et trois fois oscarisé pour Apocalypse Now de Francis Ford Coppola en 1980, Reds de Warren Beatty en 1982 et Le Dernier Empereur de Bernardo Bertolucci en 1988.

     De « Manhattan » en 1979 à « L’Homme irrationnel » en 2015, c’est la quatorzième sélection Hors Compétition à Cannes du réalisateur, scénariste, acteur, écrivain et humoriste américain. Prolifique cinéaste de ces quarante dernières années, Woody Allen, né le 1er décembre 1935 à New York, réalise presque un film par an depuis les années 1970. Issu d’une famille juive d’origine russo-autrichienne, il est aussi clarinettiste de jazz. Sa carrière au cinéma s’ouvre en 1965 avec Quoi de neuf, Pussycat ?, qu’il écrit et interprète. Sa première réalisation, Lily la tigresse sort en 1966. Très vite, il joue dans ses films. Oscarisé à quatre reprises (Annie Hall en 1978, « Hannah et ses sœurs » en 1987 et Minuit à Paris en 2012), Woody Allen compte également vingt autres nominations à la célèbre récompense qu’il n’est jamais allé chercher. Manhattan, « Match Point », Prends l’oseille et tire-toi, « Vicky Cristina Barcelona », « La Rose pourpre du Caire » ou Harry dans tous ses états figurent parmi ses autres succès.

     Café Society est produit par Letty Aronson (Gravier Productions), Stephen Tenenbaum et Edward Walson, en coproduction avec Helen Robin (Perdido Productions) et grâce à  la production exécutive de Ronald L. Chez, Adam B. Stern, et Marc I. Stern. Le film est vendu par FilmNation Entertainment et distribué sur le territoire français par Mars Films. 

     En France, sa sortie en salles coïncidera avec l’ouverture du Festival de Cannes, le mercredi 11 mai 2016.

     La cérémonie d’ouverture, présentée par Laurent Lafitte, sera retransmise par Canal +.

     Le 69e Festival International du Film se déroulera du 11 au 22 mai 2016. Le Jury de la Compétition sera présidé par George Miller. La composition de la Sélection officielle sera annoncée le jeudi 14 avril prochain.

    Retrouvez, ci-dessous, les 10 critiques suivantes:

    1/ Critique de « Minuit à Paris » et article suite à la projection du film en ouverture du Festival de Cannes 2011

    2/ Critique de « Blue Jasmine » de Woody Allen (présenté à Deauville dans le cadre de l’hommage à Cate Blanchett, l’an passé)

    3/Avant-première de « To Rome with love »- Critique du film et rencontre avec Woody Allen, interview (audio)

    /  La trilogie londonienne de Woody Allen

    4/ Critique de « Match point »

    5/ Critique du « Rêve de Cassandre »

    6/ Critique de « Scoop »

    7/ Critique de « Vicky Cristina Barcelona »

    8/ Critique de « Whatever works »

    9/ Critique de « Vous allez rencontre un bel et sombre inconnu » et vidéos de Woody Allen en ouverture du Festival Paris Cinéma

    10/ Critique de « Magic in the moonlight » de Woody Allen

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  • Mon 1er roman publié - Episode 3 : la sortie en librairie!

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    Alors que je commence à m'atteler avec énergie et passion à mon prochain projet (qui, si tout va bien, sera publié avant la fin de l'année, toujours aux Editions du 38), depuis hier mon premier roman peut être commandé en librairie ou en ligne (pour la version papier, pour la version numérique, il faudra encore attendre quelques jours).

    C'est un mélange de satisfaction et de soulagement que d'être arrivée au dénouement du processus qui a débuté il y a plus de deux ans lorsque l'écriture de ce roman m'est apparue comme une nécessité. L'aboutissement de ce projet a suscité d'autres envies: de scénarii, de romans, de nouvelles...bref, d'écriture(s). Une passion plus que jamais vivace et un précieux refuge aussi quand l'actualité est aussi sombre même si la tentation que le refuge devienne un moyen de faire écho à la tristesse et à la colère est aussi grande. Comment la jeune littérature interroge-t-elle le monde? Ce sera d'ailleurs le sujet du débat auquel j'aurai l'honneur de participer, avec Kiko Herrero, Antoine Mouton, François-Henri Désérable et François Bégaudeau, dans le cadre du Festival du Premier Roman de Laval avant une séance de dédicaces (une autre est prévue très bientôt, je vous communiquerai prochainement la date). Je vous parlerai ultérieurement plus longuement de ce festival et de son beau programme.

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    En attendant la suite, je vous rappelle ci-dessous, le premier épisode, sur la genèse de mon roman, publié le 8 mars dernier:

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    Avant, il y a eu des balbutiements, des tentatives d'écriture(s). "L'amor dans l'âme" est mon vrai premier roman. A la fin du mois de mars, il sera disponible en librairie, en papier. Il sera aussi disponible en numérique. Alors, il sera peut-être sous vos yeux et il ne m’appartiendra plus. Petite, mon rêve était déjà de publier un roman. Alors, vous comprenez, c’est un saut dans le vide et un rêve d’enfance. Très tôt, il y a eu des quantités de livres dévorés, et surtout, il y a eu le cinéma. Une autre passion de l’enfance. Qui a changé le cours de ma vie. Qui imprègne d’ailleurs ce roman. Un roman sinueux, labyrinthique, cinématographique. Dans les lieux où il se déroule, les références, la structure. Plus récemment, il y a un peu plus de deux ans, il y a eu le fracas de la réalité. Un fracas assourdissant. La mort. Ineffable. Impensable. La part de rêve que, malgré tout, elle ne sera pas parvenue à annihiler.
     
    L’écriture, la nécessité, viscérale, vitale même, d’écrire a été plus forte. Le chant fougueux des mots pour affronter le silence tétanisant de la disparition. Ecrire pour affronter l’indicible. Un cri de colère au départ.  Des coups au cœur. Des bleus à l’âme. Un élan du cœur, peut-être. Et les mots, rageurs ou langoureux, comme seul rempart, seule issue. Inéluctables.
     
    Ce bonheur-là, rien ne peut le briser : inventer un univers, ciseler une phrase, me laisser être accompagnée par elle, hantée parfois, la tordre, la déchiqueter, la reconstruire, la modeler, se reconstruire, l’effacer, s’effacer devant les mots qui s’imposent. Jusqu’à l’obsession. Jusqu’à l’oubli de soi et de ses blessures. Un pansement. Une parenthèse. Fugaces et enivrants.
     
    En dehors de ma maison d’édition, personne n’a encore lu ce roman. Un roman c’est une confiance, celle d’un éditeur, en l’occurrence une éditrice. Une confiance sans laquelle je ne pourrais et n’oserais vous le livrer. Grâce à son regard aiguisé, son empathie, sa confiance. Merci à elle à nouveau car écrire c’est aussi sans cesse repousser les doutes qui vous murmurent et vous assènent inlassablement que c’est une folie, une inconscience, une vanité. Et les miens savent être vindicatifs et bruyants.
     
    Il faut une dose de folie sans doute aussi pour livrer une part de soi. Parce que si ce sont des personnages, si c’est une fiction, un roman, c’est toujours une part de soi. Une vérité légèrement mensongère. Un espace de liberté. De vérité. D’audace peut-être. Mais sûrement pas de courage. Le vrai courage, il a dicté l’envie et la rage et la nécessité d’écrire ce roman, et il lui est dédié.
     
    J’ai hâte d’avoir le plaisir d’échanger avec vous sur ce livre et sur le sujet qui en a dicté l’écriture. Vos avis et commentaires seront toujours les bienvenus.
     
    Son titre est donc « L’amor dans l’âme ». La mort dans l’âme, au départ. "L’amor" l’emporte sur la mort, peut-être, finalement. A vous de voir.
     
    Ce roman, je l’ai aussi écrit pour des bienveillants. Il vous appartient désormais. Il va prendre son envol. Vivre sa vie. Je partagerai ici ses aventures, et celles qu’il me fera vivre. Un débat dans un festival de premier roman auquel j’ai le plaisir d’être conviée et une séance de dédicaces dans une librairie sont déjà prévus, je vous en dirai bientôt plus.
     
    En attendant, je vous en dévoile aujourd’hui le titre et la couverture. A suivre, très bientôt, le deuxième épisode, avec la quatrième de couverture qui vous en dira plus sur le sujet du roman.
     
    Pour en savoir plus sur Les éditions du 38 par lesquelles je suis ravie et fière d’être publiée (en papier ET en numérique donc) : http://www.editionsdu38.com/
  • Mon premier roman publié - Episode 2 : la quatrième de couverture

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    Mon roman sera très prochainement disponible, d'abord dans sa version papier (dans toutes les librairies, à la commande, et  sur la majorité des sites de vente en ligne comme Amazon ou la Fnac) et peu de temps après également en numérique, publié aux Editions du 38.

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    Après le 1er épisode sur la genèse du roman et sa couverture (à lire, ici), je vous révèle ici en avant-première sa quatrième de couverture (en basse résolution, il s'agit de la maquette, la véritable version sera évidemment de meilleure qualité). De beaux événements sont d'ores et déjà prévus autour de la sortie. Je vous en informerai bien sûr ici. Je vous dirai  également quand il sera disponible.

  • Festival de Cannes 2016 : nouveau blog et président du jury

    A l'occasion de la première annonce concernant l'édition 2016 du Festival de Cannes, à savoir celle de son président du jury qui sera l'Australien George Miller, je vous invite à découvrir la nouvelle version de mon blog http://inthemoodforcannes.com entièrement consacré à ce festival et sur lequel vous pourrez lire mon article à ce sujet.

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  • Mon année 2015 en 6 festivals de cinéma et 2 cérémonies: Beaune, Cannes, Cabourg, Deauville, Dinard, La Baule, César et prix Lumières

     

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    En ce qui concerne les festivals de cinéma, cette année 2015 a été pour moi très enrichissante : un début en fanfare avec le Festival International du Film Policier de Beaune que j’ai eu le plaisir de couvrir pour la première fois, dans des conditions exceptionnelles (avec en prime la découverte du film que je place en premier dans mon classement 2015 que je vous livrerai demain), un festival de Cannes jalonné de moments cinématographiques (et accessoirement gastronomiques pour mon blog Inthemoodforhotelsdeluxe.com) inoubliables et de pépites cinématographiques (là aussi, plusieurs figurent dans mon top de l’année), le Festival de Cabourg où je suis retournée après quelques années d’absence suivi du Festival du Cinéma Américain de Deauville, véritable parenthèse enchantée pour moi cette année, un retour au Festival du Film Britannique de Dinard là aussi après quelques années d’absence et enfin le Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule qui, en deux ans d’existence, a pris une véritable ampleur avec deux concerts inoubliables et une sélection particulièrement diversifiée et de grande qualité. J'ajoute à ces festivals les deux cérémonies incontournables pour moi chaque année: les prix Lumières et les César. Ci-dessous, retrouvez les liens vers mes bilans très détaillés de ces différents festivals et événements. Demain, je vous livrerai mon top 2015.  L'année à venir sera sans doute pour moi aussi littéraire (voire plus littéraire) que cinématographique avec la sortie de mon premier roman en papier au printemps prochain, un projet que j'ai hâte de partager ici avec vous...

    Compte rendu du Festival International du Film Policier de Beaune 2015

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    Compte rendu du Festival de Cannes 2015

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    Compte rendu du Festival du Film de Cabourg 2015

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    Compte rendu du Festival du Cinéma Américain de Deauville 2015

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     Compte rendu du Festival du Film Britannique de Dinard 2015

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    Compte rendu du Cinéma et Musique de Film de La Baule 2015

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    Compte rendu des Prix Lumières 2015

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    Compte rendu de la Cérémonie des César 2015

     

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  • Critique de WINTER SLEEP de Nuri Bilge Ceylan à voir à 20H50 sur Canal plus cinéma

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    « Winter Sleep » a remporté la Palme d’or de ce 67ème Festival de Cannes, voilà qui complète le (déjà prestigieux) palmarès cannois de Nuri Bilge Ceylan, un habitué du festival, après son Grand Prix en 2003, pour « Uzak »,  celui de la mise en scène en 2008 pour « Les Trois Singes » et un autre Grand Prix en 2011 pour « Il était une fois en Anatolie ». En 2012, il fut  également récompensé d’un Carrosse d’Or, récompense décernée dans le cadre de la Quinzaine des réalisateurs par la Société des Réalisateurs de Films à l’un de leurs pairs. Son premier court-métrage, « Koza », fut par ailleurs repéré par le festival et devint le premier court turc qui y fut sélectionné, en 1995.  Il fut par ailleurs membre du jury cannois en 2009, sous la présidence d’Isabelle Huppert. Son film « Les Climats » reçut   le prix FIPRESCI de la critique internationale en 2006.

    J’essaie de ne jamais manquer les projections cannoises de ses films tant ils sont toujours brillamment mis en scène, écrits, et d’une beauté formelle époustouflante. « Winter sleep » ne déroge pas à la règle…et c’est d’autant plus impressionnant que Nuri Bilge Ceylan est à la fois réalisateur, scénariste (coscénariste avec sa femme), coproducteur et monteur de son film…et qu’il semble pareillement exceller dans tous ces domaines.

    Inspiré de 3 nouvelles de Tchekhov, se déroulant dans une petite ville de Cappadoce, en Anatolie centrale, « Winter sleep » raconte l’histoire d’Aydin (Haluk Bilginer), comédien à la retraite, qui y tient un petit hôtel avec son épouse de 20 ans sa cadette, Nihal (Melisa Sözen) dont il s’est éloigné sentimentalement, et de sa sœur Necla (Demet Akbağ ) qui souffre encore de son récent divorce. En hiver, à mesure que la neige recouvre la steppe, l’hôtel devient leur refuge mais aussi le théâtre de leurs déchirements… Et dire que tout avait commencé par la vitre d’une voiture sur laquelle un enfant avait jeté une pierre. La première pierre…

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    Sans doute la durée du film (3H16) en aura-t-elle découragé plus d’un et pourtant…et pourtant je ne les ai pas vues passer, que ce soit lors de la première projection cannoise ou lors de la seconde puisque le film a été projeté une deuxième fois le lendemain de la soirée du palmarès, très peu de temps après.

    La durée, le temps, l’attente sont toujours au centre de ses films sans que jamais cela soit éprouvant pour le spectateur qui, grâce à la subtilité de l’écriture, est d’emblée immergé dans son univers, aussi rugueux puisse-t-il être. Une durée salutaire dans une époque qui voudrait que tout se zappe, se réduise, se consomme et qui nous permet de plonger dans les tréfonds des âmes qu’explore et dissèque le cinéaste. Nuri Bilge Ceylan déshabille en effet les âmes de ses personnages.

     Le premier plan se situe en extérieur. Au loin, à peine perceptible, un homme avance sur un chemin. Puis images en intérieur, zoom sur Aydin de dos face à la fenêtre, enfermé dans sa morale, ses certitudes, son sentiment de supériorité, tournant le dos (à la réalité), ou le passage de l’extérieur à l’intérieur (des êtres) dont la caméra va se rapprocher de plus en plus pour  mettre à nu leur intériorité. « Pour bien joué, il faut être honnête », avait dit un jour Omar Sharif à Aydin. Aydin va devoir apprendre à bien jouer, à faire preuve d’honnêteté, lui qui se drape dans la morale, la dignité, les illusions pour donner à voir celui qu’il aimerait -ou croit-être.

    Homme orgueilleux, riche, cultivé, ancien comédien qui se donne « le beau rôle », Aydin est un personnage terriblement humain, pétri de contradictions, incroyablement crédible, à l’image de tous les autres personnages du film (quelle direction d’acteurs !) si bien que, aujourd’hui encore, je pense à eux comme à des personnes réelles tant Nuri Bilge Ceylan leur donne corps, âme, vie.

    Pour Aydin, les autres n’existent pas et, ainsi, à ses yeux comme aux nôtres, puisque Nihal apparaît au bout de 30 minutes de film seulement. Il ne la regarde pas. Et quand il la regarde c’est pour lui demander son avis sur une lettre qui flatte son ego. C’est à la fois drôle et cruel, comme à diverses moments du film, comme lorsqu’il raconte à sa sœur une pièce dans laquelle elle ne se souvient visiblement pas l’avoir vu jouer :  « La pièce où je jouais un imam. J’entrais en cherchant les toilettes ».

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    Que de gravité et d’intensité mélancoliques, fascinantes, dont il est impossible de détacher le regard comme s’il s’était agi de la plus palpitante des courses-poursuites grâce au jeu habité et en retenue des comédiens, au caractère universel et même intemporel de l’intrigue, grâce à la beauté foudroyante et presque inquiétante des paysages de la Cappadoce, presque immobile comme un décor de théâtre. L’hôtel se nomme d’ailleurs « Othello ».  Dans le bureau d’Aydin, ancien acteur de théâtre, se trouvent des affiches de « Caligula » de Camus, et de « Antoine et Cléopâtre » de Shakespeare. La vie est un théâtre. Celle d’Aydin, une représentation, une illusion que l’hiver va faire voler en éclats.

    « Winter sleep », à l’image de son titre, est un film à la fois rude, rigoureux et poétique. Il est porté par des dialogues d’une finesse exceptionnelle mêlant cruauté, lucidité, humour, regrets (« j’ai voulu être ce grand acteur charismatique dont tu rêvais »), comme ces deux conversations, l’une avec sa sœur, l’autre avec Nihal, qui n’épargnent aucun d’eux et sont absolument passionnantes comme dans une intrigue policière, chacune de ces scènes donnant de nouveaux indices sur les caractères des personnages dont les masques tombent, impitoyablement : « Avant tu faisais notre admiration » », « On croyait que tu ferais de grandes choses », « On avait mis la barre trop haut », « Ce romantisme sirupeux », « Cet habillage lyrique qui pue le sentimentalisme », « Ton altruisme m’émeut aux larmes.», « Ta grande morale te sert à haïr le monde entier ».

     Ces scènes sont filmées en simples champs/contre-champs. La pièce est à chaque fois plongée dans la pénombre donnant encore plus de force aux visages, aux expressions, aux paroles ainsi éclairés au propre comme au figuré, notamment grâce au travail de Gökhan Tiryaki, le directeur de la photographie. Nuri Bilge Ceylan revendique l’influence de Bergman particulièrement flagrante lors de ces scènes.

    Les temps de silence qui jalonnent le film, rares, n’en sont que plus forts, le plus souvent sur des images de l’extérieur dont la beauté âpre fait alors écho à celle des personnages. Sublime Nihal dont le visage et le jeu portent tant de gravité, de mélancolie, de jeunesse douloureuse. Pas une seconde pourtant l’attention (et la tension ?) ne se relâchent, surtout pas pendant ces éloquents silences sur les images de la nature fascinante, d’une tristesse éblouissante.

    Nuri Bilge Ceylan est terriblement lucide sur ses personnages et plus largement sur la nature humaine, mais jamais cynique. Son film résonne comme un long poème mélancolique d’une beauté triste et déchirante porté par une musique parcimonieuse, sublimé par la sonate n°20 de Schubert et des comédiens exceptionnels. Oui, un long poème mélancolique à l’image de ces personnages : lucides, désenchantés, un poème qui nous accompagne longtemps après la projection et qui nous touche au plus profond de notre être et nous conduit, sans jamais être présomptueux, à nous interroger sur la morale, la (bonne) conscience, et les faux-semblants, les petitesses en sommeil recouvertes par l’immaculée blancheur de l’hiver. Un peu les nôtres aussi. Et c’est ce qui est le plus magnifique, et terrible.