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cinéma - Page 111

  • Analyse- "La Grand illusion" de Jean Renoir, le 23 janvier, à l'UGC La Défense

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    "La Grande illusion", chef d'oeuvre de 1937 de Jean Renoir, notamment avec les inimitables Jean Gabin et Pierre Fresnay sera projeté lors d'une séance exceptionnelle, le mercredi 23 janvier, à 20h à l'UGC Ciné Cité La Défense, une séance présentée par Jean-Pierre Lavoignat. Le film sera également diffusé les vendredi 25 et mardi 29 janvier.

    En 1958, un classement établi à Bruxelles par un jury international réunissant plus d’une centaine de critiques plaçait La grande illusion parmi les 12 meilleurs films du monde. Prix spécial du jury international de Venise en 1938, il fut reconnu meilleur film étranger à Hollywood la même année, d’une part parce qu’il constituait un hymne à l’égalité et à la fraternité à portée universelle mais aussi grâce à sa richesse idéologique.
     
    J'en profite pour vous recommander l'excellent film sur "Renoir" réalisé par Gilles Bourdos.
     
    Un hymne à l’égalité et à la fraternité
     
    L’intrigue de ce film dont Roosevelt disait que « tous les démocrates du monde doivent le voir », laisse déjà entrevoir l’importance qu’il pouvait avoir pour lesdits démocrates. En 1916, sur le front allemand, deux officiers français, le capitaine d’état-major de Boïeldieu (Pierre Fresnay), et le lieutenant d’aviation Maréchal (Jean Gabin), se retrouvent prisonniers dans un oflag. Ils ont pour compagnon de captivité : un instituteur (Jean Dasté), un acteur (Carette) et un juif Rosenthal (Dalio). Les différences de classe sont oubliées et la vie s’organise de manière plus agréable, grâce à la tolérance des geôliers. Tous ne rêvent pourtant que de liberté. Rosenthal et les deux officiers sont transférés dans une forteresse, commandée par Rauffenstein, un aristocrate de vieille souche. Ce dernier traite avec un égard particulier son homologue français, tout en faisant régner une stricte discipline.
     
    Après les Bas-Fonds, Renoir renoue avec un sujet personnel. La trame lui en a été en effet inspireé par le général Pinsart qu’il avait connu en 1916 alors que le futur réalisateur servait dans l’escadrille C64. Pour ce film sur la guerre, il réunit des acteurs aussi prestigieux que Jean Gabin, Pierre Fresnay, Marcel Dalio, et Erich Von Stroheim et des interprètes à l’image de leurs personnages : radicalement différents de par leurs nationalités comme de par leurs personnalités mais unis par un projet commun.
     
     Le premier plan est celui d’un disque qui tourne et de Gabin qui chante Frou-Frou, puis ensuite ce sont des Allemands qui écoutent une valse de Strauss qui remplace le chant français. Si les deux univers sans d’abord confrontés et mis en parallèle ils ne cesseront ensuite de se croiser. Ici l’uniforme unit des hommes de toutes origines sociales mais il semble néanmoins que cette origine sociale et la complicité qu’elle crée dépasse les frontières et même celles de l’ennemi, il semble seulement car c’est finalement le patriotisme qui triomphera même si « le film montrait que la véritable réalité de l’Histoire ne résidait pas dans les conflits entre nations mais dans la lutte des classes ».
     
    Ainsi, les deux officiers Rauffenstein et de Boïeldieu ont des connaissances communes : un cousin de ce dernier attaché militaire à Berlin et « Fifi de chez Maxim’s ». Les liens apparaissent donc plus proches entre deux officiers ennemis issus de l’aristocratie qu’entre les soldats d’une même armée. Le film dépasse le simple récit de prisonniers préparant une évasion pour montrer qu’au-delà des frontières, la fraternité entre les hommes ne relève pas d’une quelconque utopie, que les idées du Front Populaire n’étaient pas si illusoires. « Les frontières sont une invention des hommes, la nature s’en fout » dit l’un des personnages.
     
     La Grande Illusion frappe en effet par l’attention accordée aux individus et cela, quelle que soit leur nationalité. En plus, chacun témoigne d’un profond respect pour l’ennemi, les Allemands sont gentiment moqués, ils ne sont jamais considérés comme tortionnaires. Les officiers de carrière allemands et français font assaut de courtoisie, d’amitié et d’estime réciproques. Quant aux simples soldats, ils entretiennent les meilleures relations amicales avec leurs geôliers. « J’avais le désir, dit Renoir, de montrer que même en temps de guerre, des combattants peuvent rester des hommes. » Le patriotisme reprend néanmoins le dessus quand les soldats Français et leurs alliés britanniques chantent la Marseillaise au milieu de pièce de théâtre quand Maréchal vient annoncer la libération de Douaumont. Le décalage entre le lieu et la solennité du chant renforce le sentiment de patriotisme de la scène.
     
     Les différents personnages cherchent à exprimer leur croyance profonde dans l’égalité et la fraternité, par-delà les clivages sociaux et les luttes fratricides et à montrer que « même en temps de guerre les combattants peuvent rester des hommes ». Pour certains cette fraternité préfigurait celle de la résistance. Les frontières semblent être alors une abstraction absurde.
     
     Si La grande illusion est un véritable plaidoyer pour la paix et pour la fraternité triomphant des classes et du nationalisme, le titre suggère pourtant que ces espoirs ne sont qu’illusoires et la gaieté qui émane parfois du film devient alors une dérision mélancolique.
     
    Richesse et ambivalence idéologique
    Si Roosevelt déclara : « Tous les démocrates du monde devraient voir ce film », en revanche Goebbels le désigna comme « l’ennemi cinématographique numéro un » et l’Italie de Mussolini le fit interdire. En France, il figura parmi les meilleurs recettes de 1937, la population souhaitant peut-être plus que jamais croire que la guerre était une grande illusion à l’image de Renoir qui expliquait ainsi le titre de son film : « La grande illusion est un titre qui m’a beaucoup charmé. Il n’a trouvé sa signification qu’après. D’ailleurs on ne voit le sens d’un film qu lorsqu’il est tourné. Mais il me semblait qu’il représentait bien que la guerre est une grande illusion. Ce film était pacifiste avant de démarrer. »
     
     L’ambivalence provient d’abord du titre qui donnera lieu à trois interprétations différentes. La première interprétation est nationale, Renoir se montrerait patriote. La seconde lecture serait pacifiste : les prisonniers sont correctement traités, les geôliers se montrent sensibles, les gardes-frontières ne tirent pas sur les deux évadés qui viennent de passer en Suisse et dans ce contexte un Français et une Allemande peuvent s’aimer. Enfin la dernière approche est idéologique car certes tous les personnages sont sympathiques et valorisés mais la lutte des classes n’en est pas démentie pour autant. Boeldieu est plus proche de Rauffenstein que de l’ouvrier Maréchal ou du banquier Rosenthal. Celui-ci va pourtant au Fouquet’s ou chez Maxim’s, mais il reste du monde des affaires, étranger à l’aristocratie. La guerre peut rapprocher des individus que tout séparait mais provisoirement. Ainsi Maréchal fait remarquer à De Boïeldieu : « Mais enfin vous ne pouvez rien faire comme tout le monde. 18 mois qu’on est ensemble et on s dit encore vous», ce à quoi ce dernier répond qu’il vouvoie sa femme et sa mère.
     
     La richesse idéologique du film tient dans son ambiguïté et pas seulement celle de son titre qui peut donc autant évoquer l’illusion de la paix et l’illusion de la guerre, une vision radicalement pessimiste ou plus optimiste. Ni la gauche, ni la droite ne sauraient le revendiquer, comme elles ont tenté de le faire. Le film fut applaudi de l’Humanité à l’Action Française et il fut accepté à gauche et à droite comme un chef d’œuvre, par le public et par la critique. La presse de gauche salua La grande illusion comme « une œuvre pacifiste qui militait en faveur du rapprochement entre les peuples » . Le film montrait alors que la véritable réalité de l’Histoire ne résidait pas dans les conflits entre nations mais dans la lutte des classes et que par conséquent la guerre n’avait pas de raison d’être. La grande illusion est alors celle selon laquelle la fraternité des combats signifierait la fin des antagonismes sociaux. « En somme chacun mourrait de sa maladie de classe si nous n’avions pas la guerre pour réconcilier tous les microbes. » A défaut d’antagonisme l’uniforme ne parvient pas à annihiler toute différence. Ainsi pour Maréchal :« Boeldieu … je l’aime bien, mais c’est pas la même éducation…y a un mur entre nous. » ou encore « décidément les gants, le tabac tout nous sépare. ». Pour Jeanson : « La dernière guerre n’est pas la dernière en date(…)Les personnages de Renoir, eux ,vivent, en pleine grande illusion. Et puis Renoir montre autre chose, il nous montre que la lutte des classes ne meurt pas à la guerre et que l’union sacrée est un abus de confiance ».
     
     Renoir en se souvenant de son passé d’ancien combattant a avant tout voulu nourrir l’œuvre de son pacifisme. Pour lui les « français de ce film sont de bons français et les Allemands de bons allemands. Il n’a pas été possible de prendre parti pour aucun de mes personnages. » Le film n’est d’ailleurs pas manichéen comme son sujet et l’ambiance qui régnait alors auraient pu l’y inviter à l’image de l’opposition qui divisait alors la France et l’Allemagne. A l’aube de la seconde guerre mondiale cette œuvre idéaliste est apparue comme une mise en garde. On retrouve dans son film toute l’ambivalence de la période de l’entre deux guerres. L’habileté du réalisateur est d’avoir confié les rôles principaux aux acteurs emblématiques du moment particulièrement bien définis et dirigés, de la raideur de Rauffenstein accentuée par sa minerve au bon sens de Maréchal qui correspond au français moyen d’alors : bourru au cœur d’or et au patriotisme indéfectible. Rosenthal témoigne quant à lui de l’assimilation réussie de la communauté juive au sein de la société française, au moment même où le Reich nazi professe l’antisémitisme. Boeïldieu symbolise une aristocratie en déliquescence, qui ne peut pas se reconnaître dans un monde où l’honneur semble tombé en désuétude. « Tout se démocratise » déplore-t-il ainsi. Et c’est cette amertume d’une aristocratie moribonde qui semble lier d’amitié les deux officiers, une amitié que De Boeïldieu explique ainsi : « Parce-que vous vous appelez Boeïldieu, officier de carrière dans l’armée française et parce-que je m’appelle Rauffenstein, officier de carrière dans l’armée allemande. »
     
     A la veille du second conflit mondial on peut aussi y déceler un certain antisémitisme et certains lieux communs : Rauuffenstein évoquant ainsi « La parole d’honneur d’un Rosenthal et celle d’un maréchal », ce à quoi Boïeldieu rétorque : « elle vaut la nôtre. » ou encore Maréchal disant, sur le ton de la colère certes : « d’abord j’ai jamais pu blairer les juifs. », une phrase qui prend une étrange résonance à cette période. Il le saluera ensuite d’un « au revoir, sale juif. » Les critiques de la Libération ont été choqués craignant de déceler un certain antisémitisme. « Nous ne devons pas juger ces personnages avec l’esprit de 1937 » écrivit Jeanson après la première. « Il serait encore faux de les juger avec celui de 1946, malgré le traumatisme des années de guerre et d’occupation nazie. » Rosenthal est par avance le frère ou le double du La Chesnaye de La règle du jeu. Rosenthal est ici un riche et complexe fils de banquier juif : « Né à Vienne , capitale de l’Autriche, d’une mère danoise et d’un père polonais, naturalisé français. » Ainsi comme l’a démontré François Garçon « l’esprit de Pétain-antisémitisme, anglophobie, racisme etc- se trouve dans le cinéma d’avant-guerre », citant ainsi La grande illusion. Rauffenstein estime encore que ce sont de « jolis cadeaux de la révolution Française ».
     
    Renoir se garde de ces leçons de morale. A la veille du second conflit mondial en laissant entendre que la guerre de 1914-1918 pourrait être la dernière Renoir adresse un message d’espoir et de fraternité qui fut donc très diversement accueilli et qui pourrait se résumer dans cette phrase de Rosenthal : « Les frontières ça se voit, c’est une invention des hommes, la nature s’en fout ». La guerre se rapproche pourtant inéluctablement et Renoir semble y faire implicitement référence par les paroles de Maréchal : « C’est pas la musique, c’est pas les instruments, c’est le bruit des pas, »des pas qui sont aux portes des frontières… Enfin la richesse n’est pas seulement idéologique, Renoir y faisant une nouvelle fois preuve de virtuosité dans sa réalisation mais aussi dans ses références, Dalio faisant penser à Chaplin comme dans la scène finale où sa démarche imite celle de Charlot.
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  • Annonce des nominations aux César 2013 en direct le 25 janvier 2013

    cinéma, César

    Vendredi 25 janvier prochain, à partir de 9H30, seront annoncées les nominations aux César 2013, au Fouquet's en direct duquel je serai et d'où je vous ferai donc un live tweet de ces nominations à suivre sur @moodforcinema  (http://twitter.com/moodforcinema ).

    Vous pourrez ensuite retrouver les nominations complètes et commentées sur ce blog et sur mon blog http://inthemoodforfilmfestivals.com .

     En attendant, retrouvez, ici, mon compte-rendu et le palmarès des Lumières qui préfigurent souvent celui des César.

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  • Critiques en avant-première de films de fin janvier et février 2013

    Récapitulatif des critiques de films vus en avant-première et à découvrir prochainement (fin janvier et en février 2013 avec, en prime, "Django unchained" et "Renoir" que je vous recommande). Cliquez sur le titre du film qui vous intéresse pour en lire la critique.

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  • Palmarès complet des prix Lumières 2013

     

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    Comme chaque année, j'assistais ce soir aux prix Lumières. Ces récompenses, l'équivalent français des Golden Globe Awards, sont décernées par la presse étrangère en poste à Paris. Désolée pour ceux qui ont voulu suivre la cérémonie en direct sur mon compte twitter, je ne captais malheureusement pas de l'intérieur de la salle. De retour d'un Paris étrangement silencieux et enneigé, voici quelques mots, photos et vidéos sur la cérémonie qui, je l'espère, vous permettront de la découvrir comme si vous l'aviez suivie en direct.

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    Cette année, la cérémonie avait lieu à la Gaîté Lyrique alors qu'elle se déroulait à la Mairie de Paris ces dernières années. C'est toujours Estelle Martin, comme chaque année,  qui présentait talentueusement la cérémonie, visiblement aussi sympathique qu'à l'aise dans l'exercice .  C'est l'exubérante Victoria Abril qui a présidé la cérémonie, en présence également de l'inoubliable Angelica du "Guépard" de Visconti, Claudia Cardinale, radieuse, se dissimulant souvent derrière ses mains comme une enfant intimidée.

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     Les remettants et lauréats nous ont épargnés les remarques plus ou moins explicites sur les débats qui agitent actuellement le cinéma français même si l'adjoint à la culture de la Mairie de Paris n'a pu s'empêcher d'évoquer ces "quelques de nos acteurs qui s'expatrient également, pas toujours pour des bonnes raisons" (je vous ai déjà dit ce que j'en pensais, ici). La Ministre de la francophonie, habituée de la cérémonie avant d'être ministre, la réalisatrice Yamina Benguigui, au détour d'une phrase a confessé que le cinéma lui manquait.

     

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    Pour la première fois, cette année, l'Académie des Lumières a organisé ses "Rencontres Francophones". La Tunisie a ainsi été le premier pays invité, avec des projections de films et une master class animée par le réalisateur tunisien, Férid Boughedir qui a fait un formidable discours sur scène. Une mise en lumière d'autant plus marquante que, il y a 2 ans, c'est en pleine cérémonie des Lumières que nous apprenions la chute de Ben Ali et j'en garde  le souvenir d'une émotion vivace, celle d'un moment historique qui avait rythmé la cérémonie et que chacun suivait sur les réseaux sociaux (avec plus d'attention que la cérémonie en question, il faut l'avouer).

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    Les films de Jacques Audiard et Noémie Lvovsky, « De rouille et d’os » et « Camille redouble" dominaient les nominations de ces 18èmes Prix Lumières avec 5 nominations chacun. Le premier a reçu le prix du meilleur réalisateur et celui du meilleur scénario (coécrit avec Thomas Bidegain, scénariste remarquable habitué des prix). Les scénarii d' "Une bouteille à la mer" et "Les Adieux à la reine" étaient néanmoins cette fois pour moi plus ciselés et l'auraient peut-être davantage mérité.

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    Je me réjouissais que des films comme « Louise Wimmer » (prix Louis Delluc du premier film 2012), « Une bouteille à la mer » (notamment pour son magnifique scénario et ses remarquables comédiens) et « Comme des frères« (pour Pierre Niney, déjà prénommé aux César comme meilleur espoir, parmi les trois nommés au prix Patrick Dewaere 2013 et remarquable aussi au théâtre dans « Un chapeau de paille d’Italie » ) parmi mes coups de coeur de cette année et parfois n’ayant pas eu le succès mérité, se retrouvent ainsi nommés. Je m'interroge quand je vois qu'aucun de ces films n'a été primé avec la désagréable impression que les médias (français comme étrangers) lorsqu'ils attribuent des prix manquent quelque peu de curiosité. Combien de journalistes ont vu ces films, en particulier "Louise Wimmer" et "Une bouteille à la mer"? C'était néanmoins déjà une belle victoire pour Cyril Mennegun que d'être nommé comme meilleur rélisateur  face à Jacques Audiard, Leos Carax,  Michael Haneke et Noemie Lvovsky.

    C'est le film "Amour" de Michael Haneke qui récolte le plus de récompenses: meilleur film, meilleur acteur pour Jean-Louis Trintignant et meilleure actrice pour Emmanuelle Riva. A l'image des Golden Globes qui, souvent préfigurent les Oscars, les prix Lumières préfigurent souvent les César. Un indicateur quant au palmarès 2013? Déjà, il nous faudra connaître les nominations en direct de l'annonce desquelles je serai le 25 janvier prochain.

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    Malgré quelques sympathiques couacs (Patrick Braoudé qui donne le nom du lauréat avant que les nommés soient cités, un remettant qui demande quel prix il va remettre...et une célèbre actrice croisée dans La Gaîté lyrique, égarée et au bord de la crise de nerfs), la cérémonie était plutôt rythmée...et un prix de l'actrice qui fait preuve de plus d'auto-dérision et de la meilleure "remettante" aurait dû être attribué à Mathilda May, irrésistible, celui du lauréat le plus efficace à Thomas Bidegain,  celui du plus enthousiaste à Philippe Rouyer pour son hommage à Claudia Cardinale. Ces quelques extraits des films dans lesquels l'actrice a joués projetés pendant la cérémonie m'ont donné des frissons et rappelé pourquoi et à quel point j'aimais le cinéma, passionnément.

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    Retrouvez ci-dessous, mes critiques des films nommés en cliquant sur leurs titres et, plus bas, la liste complète des nominations avec, soulignés, les films primés:

    « Dans la maison » de François Ozon

    « Comme des frères » de Hugo Gélin

    « Amour » de Michael Haneke

    « De rouille et d’os » de Jacques Audiard

    « Louise Wimmer » de Cyril Mennegun

    « A perdre la raison » de Joachim Lafosse

    « Une bouteille à la mer » de Thierry Binisti

    « Les Adieux à la Reine » de Benoit Jacquot

    Les gagnants seront récompensés le 18 janvier prochain lors d’une cérémonie organisée à la Gaîté lyrique de Paris.

    PALMARES COMPLET  (les films soulignés sont les lauréats):

    Meilleur film

    « Les Adieux à la reine » de Benoît Jacquot

    "Amour » de Michael Haneke

    »Camille redouble » de Noémie Lvovsky

    « Holy Motors » de Leos Carax

    « De rouille et d’os »de Jacques Audiard

    Meilleur réalisateur

    Jacques Audiard pour "De rouille et d’os »

    Leos Carax pour « Holy Motors »

    Michael Haneke pour xAmour »

    Noemie Lvovsky pour « Camille redouble »

    Cyril Mennegun pour »Louise Wimmer »

    Meilleur scénario

    Jacques Audiard, Thomas Bidegain pour "De rouille et d’os »

    Leos Carax pour »Holy Motors »

    Benoit Jacquot, Gilles Taurand pour "Les Adieux à la reine »

    Noemie Lvovsky, Maud Ameline, Pierre-Olivier Mattei, Florence Seyvos pour »Camille redouble »

    Valerie Zenatti, Thierry Binisti pour "Une bouteille à la mer »

    Meilleure actrice

    Marion Cotillard, « De rouille et d’os »

    Catherine Frot, « Les Saveurs du palais »

    Noemie Lvovsky, » Camille redouble »

    Corinne Masiero, »Louise Wimmer »

    Emmanuelle Riva, « Amour »

    Meilleur acteur

    Guillaume Canet, « Une vie meilleure »

    Denis Lavant, « Holy Motors »

    Jeremie Renier, « Cloclo »

    Mathias Schoenaerts, « De rouille et d’os »

    Jean Louis Trintignant, « Amour »

    Révélation féminine

    Agathe Bonitzer, « Une bouteille à la mer »

    Judith Chemla, Julia Faure, India Hair, « Camille redouble »

    Izia Higelin, « Mauvaise fille »

    Sofiia Manousha, « Le Noir (te) vous va si bien

    » Soko, « Augustine »

    Révélation masculine

    Clement Metayer, « Après mai »

    Stéphane Soo Mongo, « Rengaine »

    Pierre Niney, « Comme des frères »

    Mahmoud Shalaby, « Une bouteille à la mer »

    Ernst Umhauer, « Dans la maison »

    Meilleur film francophone

    « A perdre la raison », Joachim Lafosse

    « L’Enfant d’en haut », Ursula Meier

    « Laurence Anyways », Xavier Dolan

    »La Pirogue », Moussa Touré

    »Monsieur Lazhar », Philippe Falardeau

    Pour en savoir plus : http://www.academielumieres.com

    Prix spécial du jury

    Noemie Lvovsky pour « Camille redouble »

  • Le Débarquement sur CANAL + ce soir à 20H55

    Veuillez installer Flash Player pour lire la vidéo

    Il est rare que je vous parle d'émissions télévisées mais celle-ci qui se définit comme "le plus grand show comique de l'histoire de Canal +" me semble une belle innovation qui devrait plaire aux amateurs de cinéma puisque de nombreux acteurs et non des moindres y seront présents et puisque les sketchs feront apparemment souvent référence au cinéma. Je n'ai pas encore le don d'ubiquité malheureusement donc j'ai dû décliner l'invitation à  assister au tournage pour cause de cérémonie des Lumières à laquelle je serai ce soir (et que je vous invite de nouveau à suivre en direct sur twitter ). Si vous voulez voir 34 comédiens (et non des moindres: Guillaume Canet, Jean Dujardin, Marion Cotillard, Sandrine Kiberlain, Pierre Niney...) dans des rôles inattendus et en direct, regardez Canal plus, ce soir, à 20H55. 

  • Le palmarès des 18èmes prix Lumières 2013 en direct ce soir

     

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    Comme chaque année, j'aurai le plaisir d'assister ce soir aux prix Lumières dont vous pourrez retrouver ici le compte-rendu et le palmarès après la cérémonie et que j'essaierai de vous commenter en direct sur twitter (@moodforcinema et @moodforfilmfest ). Ces récompenses, l'équivalent français des Golden Globe Awards, sont décernées par la presse étrangère en poste à Paris.

    Cette année, la cérémonie aura lieu à la Gaîté Lyrique alors qu'elle se déroulait à la Mairie de Paris ces dernières années. C'est Victoria Abril qui présidera la cérémonie, en présence également de Claudia Cardinale.

    Pour la première fois, cette année, l'Académie des Lumières organisera ses "Rencontres Francophones". La Tunisie sera le premier pays invité, avec des projections de films et une master class animée par le réalisateur tunisien, Férid Boughedir.

    Ce sont les films de Jacques Audiard et Noémie Lvovsky, « De rouille et d’os » et « Camille redouble », qui dominent les nominations de ces 18èmes Prix Lumières avec 5 nominations chacun.

    Je me réjouis que des films comme « Louise Wimmer » (prix Louis Delluc du premier film 2012), « Une bouteille à la mer » (notamment pour son magnifique scénario et ses remarquables comédiens) et « Comme des frères« (pour Pierre Niney, déjà prénommé aux César comme meilleur espoir, parmi les trois nommés au prix Patrick Dewaere 2013 et remarquable aussi au théâtre dans « Un chapeau de paille d’Italie » ) parmi mes coups de coeur de cette année et parfois n’ayant pas eu le succès mérité, se retrouvent ainsi nommés et je leur souhaite, grâce à cela, une deuxième carrière, en espérant que cela préfigurera également des nominations pour les César.

    Retrouvez ci-dessous, mes critiques des films nommés en cliquant sur leurs titres et, plus bas, la liste complète des nominations:

    « Dans la maison » de François Ozon

    « Comme des frères » de Hugo Gélin

    « Amour » de Michael Haneke

    « De rouille et d’os » de Jacques Audiard

    « Louise Wimmer » de Cyril Mennegun

    « A perdre la raison » de Joachim Lafosse

    « Une bouteille à la mer » de Thierry Binisti

    « Les Adieux à la Reine » de Benoit Jacquot

    Les gagnants seront récompensés le 18 janvier prochain lors d’une cérémonie organisée à la Gaîté lyrique de Paris.

    Liste des nominations des 18èmes Prix Lumières

    Meilleur film

    « Les Adieux à la reine » de Benoît Jacquot

    »Amour » de Michael Haneke

    »Camille redouble » de Noémie Lvovsky

    « Holy Motors » de Leos Carax

    « De rouille et d’os »de Jacques Audiard

    Meilleur réalisateur

    Jacques Audiard pour »De rouille et d’os »

    Leos Carax pour « Holy Motors »

    Michael Haneke pour »Amour »

    Noemie Lvovskypour « Camille redouble »

    Cyril Mennegun pour »Louise Wimmer »

    Meilleur scénario

    Jacques Audiard, Thomas Bidegain pour »De rouille et d’os »

    Leos Carax pour »Holy Motors »

    Benoit Jacquot, Gilles Taurand pour »Les Adieux à la reine »

    Noemie Lvovsky, Maud Ameline, Pierre-Olivier Mattei, Florence Seyvos pour »Camille redouble »

    Valerie Zenatti, Thierry Binisti pour »Une bouteille à la mer »

    Meilleure actrice

    Marion Cotillard, « De rouille et d’os »

    Catherine Frot, « Les Saveurs du palais »

    Noemie Lvovsky, » Camille redouble »

    Corinne Masiero, »Louise Wimmer »

    Emmanuelle Riva, « Amour »

    Meilleur acteur

    Guillaume Canet, « Une vie meilleure »

    Denis Lavant, « Holy Motors »

    Jeremie Renier, « Cloclo »

    Mathias Schoenaerts, « De rouille et d’os »

    Jean Louis Trintignant, « Amour »

    Révélation féminine

    Agathe Bonitzer, « Une bouteille à la mer »

    Judith Chemla, Julia Faure, India Hair, « Camille redouble »

    Izia Higelin, « Mauvaise fille »

    Sofiia Manousha, « Le Noir (te) vous va si bien

    » Soko, « Augustine »

    Révélation masculine

    Clement Metayer, « Après mai »

    Stéphane Soo Mongo, « Rengaine »

    Pierre Niney, « Comme des frères »

    Mahmoud Shalaby, « Une bouteille à la mer »

    Ernst Umhauer, « Dans la maison »

    Meilleur film francophone

    « A perdre la raison », Joachim Lafosse

    « L’Enfant d’en haut », Ursula Meier

    « Laurence Anyways », Xavier Dolan

    »La Pirogue », Moussa Touré

    »Monsieur Lazhar », Philippe Falardeau

    Pour en savoir plus : http://www.academielumieres.com

    Cliquez ici pour retrouver mon compte-rendu de la cérémonie 2012 des prix Lumières.

  • Critique de « Flight » de Robert Zemeckis avec Denzel Washington, Kelly Reilly… et vidéo de la conférence de presse

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    Après avoir assisté à la master class de Robert Zemeckis, Denzel Washington et Kelly Reilly puis à l’avant-première du film, j’ai également assisté à sa conférence de presse dont vous pouvez retrouver ma vidéo ci-dessus.

    Ecrit par le scénariste John Gatins, le projet a mis plus de dix ans à aboutir non sans certaines concessions budgétaires notamment sur les salaires de Denzel Washington et Robert Zemeckis. « Flight » marque aussi le retour du réalisateur Robert Zemeckis au tournage « direct » après 12 années pendant lesquelles il s’est consacré à la réalisation de films en motion capture.

    Whip Whitaker (Denzel Washington) est un  pilote de ligne chevronné. Il réussit miraculeusement à faire atterrir son avion en catastrophe après un accident en plein ciel… Un acte héroïque et Whip est d’ailleurs salué comme un héros après le crash malgré les 6 victimes, un moindre « mal » au regard de ce que cela aurait pu être. Tandis qu’il est exposé en pleine lumière, Whip va révéler des zones d’ombres bien éloignées de l’image de l’homme héroïque pour lequel on veut le faire passer (et pour lequel il a d’ailleurs la lâcheté de se faire passer). A l’hôpital, il va rencontrer Nicole (Kelly Reilly), une droguée qu’il va rapidement héberger.

    Les catastrophes, aussi dramatiques soient-elles ou plutôt justement parce que dramatiques constituent toujours des sujets éminemment cinématographiques. On se souvient ainsi de l’atterrissage sur l’Hudson qui aurait pu faire un film « magnifique » (je ne doute pas que des scénaristes américains planchent sur le sujet). L’idée de « Flight » a néanmoins germé dans l’esprit de John Gatins avant cette catastrophe, celui-ci s’étant davantage inspiré de sa propre réalité, et de son addiction à l’alcool, que de cette catastrophe aérienne.

    Le crash ne constitue en effet que les vingt (spectaculaires) premières minutes du film. La caméra de Zemeckis (qui ne manque décidément pas d’imagination quand il s’agit de filmer des crashs, on se souvient de celui de « Seul au monde », d’ailleurs filmé différemment) ne quitte jamais le cockpit. En résultent une tension réelle, et une impression de claustrophobie et d’emprisonnement (d’ailleurs métaphorique de l’autre que constitue l’addiction à l’alcool pour Whip) particulièrement efficaces.

    Whip va ensuite s’enfermer dans ses mensonges auxquels il est aussi « accro » qu’à la drogue et à l’alcool. Whip, (anti)héros amoral, est en effet humain et donc faillible et vulnérable, sans doute l’aspect le plus intéressant du film que le cinéaste n’assume malheureusement jamais pleinement.

    Ainsi, par une première scène de nudité frontale et de prise de drogue, Zemeckis semble se dédouaner de toute suspicion de moralisme et ne pas assumer la rédemption de son personnage de même que le personnage de l’ami vénéneux (exubérant et étonnant John Goodman)  lui permet de ne pas assumer complètement le film dramatique et d’instiller ainsi des moments de respiration.  Rarement un film aura autant accumulé les symboles religieux et l’excuse de la volonté de Dieu pour tout justifier, avec un simplisme édifiant. Ainsi, la flèche du clocher d’une église pentecôtiste est arrachée par l’avion lors de sa descente, symbole élémentaire pour signifier là la volonté de Dieu qui ouvrira la voie (longue et laborieuse) de la rédemption pour Whip. Par ailleurs, tous les personnages évoquent ou invoquent Dieu à un moment ou un autre du film, sans parler d’un homme atteint de cancer qui se résigne parce que « c’est la volonté de Dieu » et j’ignore si je dois trouver cela ridicule ou indécent ou les deux. Sans doute pourrait-on se dire que Zemeckis se moque et prend tout cela au second degré mais l’accumulation de scènes et symboles se référant à la religion annihile cet argument (il l’assume d’ailleurs pleinement comme vous le verrez dans la vidéo de la conférence de presse).

    Dommage que Kelly Reilly, lumineuse présence, en soit réduite à une sorte d’alibi, les personnages féminins n’échappent en effet pas à la caricature et le scénariste semble s’être uniquement concentré sur la complexité de Denzel Washington réduisant les femmes elles aussi à des symboles. Ce dernier est nommé dans la catégorie meilleur acteur aux Oscars. Certes plutôt convaincant, il ne fait pas le poids face à un Daniel Day-Lewis époustouflant dans "Lincoln" de Spielberg.

    Avec ce film «Zemeckis, a une nouvelle fois voulu dresser le portrait d’un homme différent, perdu, « seul au monde » comme l’était celui du film éponyme ou de « Forrest Gump », un personnage qui aurait pu être passionnant si ses aspects sombres n’avaient été totalement édulcorés par le discours et le symbolisme religieux simplistes et édifiants. Une impression de gâchis après vingt minutes de début réellement prenantes, et les contradictions du personnage (ainsi que la manière de les traiter en thriller) qui auraient aussi pu l’être. Le paroxysme du ridicule est atteint avec cette fin et une réplique digne d’un sketch caricatural sur les blockbusters américains que n’auraient pas détesté employer Kad et Olivier dans « Mais qui a re-tué Pamela Rose » ( une réplique dont je ne vous priverai pas du plaisir de la découverte). Oui, un beau gâchis.

    Sortie en salles : le 13 février 2013