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Par Sandra Mézière. Le 7ème art raconté avec passion depuis 2003. 4000 articles. Festivals de cinéma en direct : Deauville, La Baule, Cannes, Dinard...Critiques de films : avant-premières, à l'affiche, classiques. Actualité de romancière. Podcast.
Inthemoodforcinema.com est, ce mois-ci, à l'honneur sur "My french films" le blog d'Unifrance, blog officiel du cinéma français, l'occasion pour moi de vous faire découvrir cet excellent blog sur lequel vous pourrez lire enquêtes, interviews et carnets de bord de festivals.
Pour ceux qui l'ignoreraient encore Unifrance est l'organisme chargé de la promotion du cinéma français dans le monde. Les informations que vous pourrez y trouver sont donc sérieuses et documentées.
A lire en ce moment, notamment: le journal de bord de la Mostra, les sites officiels des réalisateurs et acteurs français, la master class de Jan Kounen et bien d'autres choses que je vous invite à découvrir en cliquant ici.
« Amore » (Io sono l’amore) de Luca Guadagnino était projeté en avant-première du Festival Paris Cinéma 2010, un film sublime, haletant, bouleversant pour lequel j'ai eu un véritable coup de coeur. Il ne sort que mercredi prochain (22 septembre) en salles mais je tenais à vous en parler dès maintenant. Vous n'aurez aucune excuse pour passer à côté de ce petit bijou, déjà sélectionné à Sundance à Venise.
Pour la première avant-première publique du Festival Paris Cinéma 2010, les organisateurs nous avaient réservé une belle surprise avec ce film italien qui débute dans la demeure des Recchi, grande famille industrielle lombarde, à l’heure d’un tournant pour la famille puisque le fondateur de l’entreprise lègue l’affaire familiale à son fils Tancredi et à l’un de ses petits fils, Edouardo. Emma (Tilda Swinton), l’épouse de Tancredi, qui l’a épousé des années auparavant pour échapper à sa vie en Russie, rencontre Antonio, un cuisinier, ami de son fils par lequel elle va être immédiatement attirée…
Dès les premiers plans : la ville de Milan alors inhabituellement grisâtre et enneigée, ce repas aux rituels et au rythme d’un autre temps, les plans silencieux et les couloirs interminables qui évoquent la monotonie suffocante de l’existence d’Emma…, Luca Guadagnino nous plonge dans une atmosphère d’une intemporelle étrangeté. Elégante, digne, laissant à peine affleurer sa mélancolie, Emma semble être à la fois présente et absente, un peu différente (malgré son souci apparent des conventions sociales). Sa rencontre avec Edouardo, et d’abord avec sa cuisine filmée avec sensualité qu’elle déguste avec gourmandise, va progressivement la transformer. Une passion irrépressible va s’emparer d’elle : pour cette cuisine qui réveille ses sens et pour Antonio, le jeune cuisinier.
« Amore » est un film foisonnant : de références, de sensations, d’intentions, de styles. Brillantes références puisque « Amore » cite ostensiblement «Le Guépard » de Visconti que ce soit par le nom d’un des personnages « Tancredi » qui rappelle Tancrède (le personnage d’Alain Delon dans « Le Guépard ») , la famille Recchi rappelant celle des Salina, mais aussi par l’opportunisme et la fin d’une époque que symbolise Tancredi qui vend son entreprise pour cause de globalisation à des Indiens pour qui « Le capitalisme c’est la démocratie » tout comme le Prince de Salina laissait la place à Tancrède et à une nouvelle ère dans « Le Guépard ». A ce capitalisme cynique et glacial s’oppose la cuisine généreuse et colorée par laquelle Emma est tellement séduite.
Puis de Visconti nous passons à Hitchcock. Le film glisse progressivement vers un autre genre. La musique de John Adams se fait plus présente, la réalisation plus nerveuse. Emma arbore un chignon rappelant celui de Kim Novak dans « Vertigo » auquel une scène fait explicitement référence. La neige laisse place à un éblouissant soleil. Emma est transfigurée, libérée, moins lisse mais enfin libre comme sa fille qui comme elle échappera aux archaïques principes familiaux et sera transformée par l’amour.
Malgré ses maladresses (métaphore florale un peu trop surlignée à laquelle Jean Renoir –comme bien d’autres- avait déjà pensé dans « Une Partie de campagne »), ce film m’a littéralement happée dans son univers successivement étouffant puis lumineux, elliptique et énigmatique et même onirique. Il est porté par Tilda Swinton, qui interprète avec retenue et classe ce personnage mystérieux que la passion va faire revivre, renaitre, retrouver ses racines, sa personnalité enfouies et par la richesse de son personnage qui va se libérer peu à peu de toutes contraintes : vestimentaires, physiques, familiales, sociales.
De chronique sociale, le film se transforme en thriller dont on sait le drame imminent mais qui ne nous surprend pas moins. Les dix dernières minutes sont réellement sublimes et d’une intensité inouïe. Riches de symboles (comme cette chaussure que Tancrèdi remet à Emma, la renvoyant à cette contrainte sociale, alors que Edouardo lui avait enlevé avec sensualité l’y faisant échapper), de douleurs sourdes (d’Emma mais aussi du troisième enfant de la famille, que la caméra comme le reste de la famille tient à l’écart), de révoltes contenues que la musique (qui rappelle alors celle d’Hermann dans les films d’Hitchcock), les mouvements de caméra saccadés, les visages tendus portent à leur paroxysme, nous faisant retenir notre souffle.
La caméra d’abord volontairement distante puis sensible puis sensuelle de Guadagnino épouse les atermoiements du cœur d’Emma et crée intelligemment une empathie du spectateur pour cette dernière. Un film de sensations (visuelles, sonores -que ce soit dans l’utilisation judicieuse de la musique ou des silences-, et presque gustatives) visuellement magnifique, envoûtant, sensible, sensuel, onirique, prenant, l’œuvre d’un cinéphile et d’un cinéaste qui nous enserre dans son univers avec une rare maestria. A voir absolument.
Inthemoodforcinema continue comme chaque mois à vous faire gagner votre exemplaire de Studio Ciné Live et vous permet aujourd'hui, en partenariat avec le magazine, de remporter le n°19 qui sera en kiosques le 17 septembre.
Au sommaire de ce spécial Hollywood
Un dossier de quarante pages consacré au cinéma
américain :
- Le top 20 (basé sur les revenus et le poids sur le box-office) des fortes têtes d’Hollywood. La révélation de cette rentrée, Robert Downey Jr, n°3 du classement !
- Harry Potter est à l’honneur avec les toutes premières photos de l’épisode 7 commentées par son réalisateur, David Yates.
- Deux enquêtes spéciales de Studio Ciné Live : l’histoire des studios américains et de ce qu’il en reste et l’impact grandissant des réseaux sociaux sur le 7e art.
- Interview spéciale de deux figures féminines, Drew Barrymore et Kirsten Dunst, focus sur les réalisateurs Oliver Stone, Gregg Araki et Woody Allen avec sa leçon de cinéma.
- En tournage, Tron Legacy, premier blockbuster de 2011- Visite guidée.
Et aussi dans Studio Ciné Live :
_ Hors-La-Loi, retour sur une polémique
En exclusivité pour Studio Ciné Live, les héros du film Hors-la-loi reviennent sur ce qui a déclenché la polémique au Festival de Cannes.
_ En tournage
Studio Ciné Live décrypte l’ambiance du nouveau film de Cédric Klapisch Ma part du gâteau, … A découvrir.
_ Face aux lecteurs, Kristin Scott Thomas
C’est en toute intimité que Kristin Scott Thomas répond aux questions de quatre lecteurs de Studio Ciné Live. Une façon pour eux de réaliser un rêve et pour elle de montrer son amour pour Paris avec son nouveau film Elle s’appelait Sarah.
_ Et tous ceux qui font l’actu ciné du mois.
Elodie Bouchez, Xavier Dolan, Benjamin Biolay, Freida Pinto, Romain Gavras.
Comment gagner votre exemplaire?
Pour remporter votre exemplaire:
Envoyez un email à inthemoodforcinema@gmail.com avec, pour intitulé "Concours magazine". Le gagnant sera contacté directement. Vous avez jusqu'au 21 septembre pour participer.
1. Dîtes-moi qui figurait en couverture du numéro de mars 2010 de Studio Ciné Live.
2. Donnez-moi 3 bonnes raisons pour lesquelles vous souhaitez remporter ce numéro.
Je vous avais déjà parlé de "Hors-la-loi" à plusieurs reprises notamment à l'occasion de la projection du film dans le cadre du dernier Festival de Cannes où il était sélectionné en compétition, un de mes coups de coeur de ce festival, injustement méprisé par la critique, et victime d'une polémique qui n'avait pas lieu d'être.
Retrouvez ci-dessous mon interview de Bernard Blancan, un des acteurs principaux du film qui avait reçu le prix d'interprétation pour "Indigènes", à Cannes.
Grâce au distributeur du film Studio Canal et grâce à Cinetrafic (page Cinétrafic consacrée à "Hors-la-loi" , Cinétrafic consacre également une page aux films sur la Guerre d'Algérie) et à l'occasion de la sortie du film en salles le 22 SEPTEMBRE 2010 prochain, je vous propose aujourd'hui un concours vous permettant de remporter 10x1 places pour découvrir le film en salles. Pour gagner ces places soyez parmi les 10 premiers à répondre aux 3 questions suivantes par email à inthemoodforcinema@gmail.com avec pour intitulé de l'email "Concours Hors-la-loi" en n"oubliant pas de joindre vos coordonnées.
1. Quels sont les 5 acteurs à avoir obtenu le prix d'interprétation à Cannes pour "Indigènes"? En quelle année?
2. Par quel tristement célèbre massacre "Hors-la-loi" débute-t-il?
Annette Bening est à Deauville pour l'hommage que lui rendra le festival ce soir et pour deux films dont le premier, en compétition, "Mother and child" de Rodrigo Garcia était projeté hier. Je vous ferai un nouveau bilan de la compétition demain et à cette occasion, je vous parlerai bien sûr de ce film mais en attendant je vous laisse découvrir les vidéos de l'arrivée d'Annette Bening au CID et de sa conférence de presse.
Je vous parlais hier des thématiques communes aux quatre premiers films en compétition de cette édition 2010 du Festival de Deauville (cliquez ici pour lire l’article) avec notamment pour thèmes récurrents une Amérique, terre hostile, et des orphelins (enfants ou adolescents) en manque de (re)père ou de mère. Des thèmes sans doute révélateurs d’un pays en quête de modèles et de repères et finalement pas si éloignés de ceux des deux films en compétition du jour qui ont tous deux traits à la guerre en Irak. Deux variations très différentes sur le même thème. Deux façons (en apparence) presque opposées d’aborder le sujet, sujet désormais inévitable du festival, après l’excellent « American son » de Neil Abramson en 2008 et « The messenger » d’Oren Moverman, grand prix du Festival de Deauville 2010.
Alors qu’il y a quelques jours seulement (le 19 août) les troupes américaines ont quitté l’Irak, le conflit est certainement loin d’être terminé pour ceux qui l’ont vécu. Ainsi en est-il de James (Ryan O’Nan) dans « The dry land », premier film de Ryan Piers Williams. Ce jeune soldat américain rentre d’Irak dans sa petite ville du Texas. A son retour toute sa famille l’accueille et notamment sa femme Sarah (America Ferrara –« Ugly Betty »…), sa mère mais aussi son meilleur ami. Rongé par la douleur morale, une violence inextinguible et incontrôlable et par l’oubli de ce qui s’est passé là-bas, il décide de reprendre contact avec un compagnon d’armes pour reconstituer ce douloureux passé.
Le réalisateur, Ryan Piers Williams, n’a pas cherché à révolutionner le cinéma et le revendique. Non, son but est de témoigner, et d’adresser un message d’espoir à tous ces soldats ravagés qui reviennent d’Irak détruits, incompris, hantés par leurs souvenirs. Il n’a pas souhaité faire un film politique mais traité un sujet à auteur d’homme, incarner ces soldats, leur donner un visage, les sortir de leur solitude et leur désarroi. Si l’intrigue est très prévisible, elle n’en résonne pas moins avec justesse (et pour cause Ryan Piers Williams a travaillé sept ans dessus et a rencontré de nombreux soldats et leurs familles). Savoir, comme il l’a expliqué en conférence de presse, que « plus de soldats sont morts suicidés à leur retour aux Etats-Unis que morts au combat en Irak » suffit à justifier l’existence de ce film qui, à défaut d’être original, apporte un nouvel éclairage, qui a le mérite d’être documenté, sur un conflit qui n’a pas fini de faire des ravages. Je vous laisse entendre les explications du réalisateur et de l’actrice principale également coproductrice, sur la genèse du projet (article suivant).
A priori pas grand-chose à voir avec le film de Rodrigo Cortes, « Buried » dans lequel un Américain est pris en otage et enfermé dans un cercueil, en Irak. Muni d’un téléphone portable, il a 90 minutes pour trouver la rançon qui lui réclame ses ravisseurs irakiens. Un homme. Un cercueil. Une lampe. Un téléphone. Peu de possibilités.
Deux partis pris puisque l’un est aussi crédible (the dry land) que l’autre ne l’est pas (Comment parvient-il à respirer ? Comment son téléphone capte-t-il ? Pourquoi n’essaie-t-il pas réellement de s’échapper ?). L’un relève d’un minutieux travail de documentation, l’autre est aux frontières du thriller (comme quelque chose me paraissait sonner faux dès le départ, j’ai cru que c’était délibéré, que le but était d’instiller le doute dans l’esprit du spectateur quant à l’identité des preneurs d’otage, et que nous découvririons qu’il s’agissait d’une manipulation ou d’un coup monté de ses collègues ou autres mais la seule manipulation est celle ici d’une Administration américaine velléitaire quand il s’agit de venir en aide à ses concitoyens, l’idée n’en est d’ailleurs pas moins intéressante), voire du fantastique sans jamais quitter ces quatre planches en bois, ni voir d’autre visage que celui de Paul.
L’idée est sans aucun doute originale et novatrice et c’est avant tout par la force du jeu de Ryan Reynolds (qui incarne l’Américain l’otage Paul Conroy) que notre attention reste soutenue du début à la fin car le dispositif n’est pas toujours convaincant, ainsi ces artificiels plans en plongée, sans doute pour montrer son impuissance qui nous font sortir du sentiment de claustrophobie qui ne cesse de croître pourtant pour Paul. La bande son et les rebondissements sont pourtant là et judicieusement utilisés pour susciter et raviver constamment le sentiment de suffocation, de claustrophobie, d’impuissance. Davantage que la manière ( contestable) c’est l’idée qui m’a séduite, celle de montrer l’inertie de l’Administration Américaine qui, au propre comme au figuré, enterre vivants (« buried » signifie enterré) ces Américains partis pour la défendre ou travailler pour leur pays.
Si « the dry land » n’est pas politique et ne souhaite pas l’être, « Buried » l’est donc malignement. Les 94 minutes (soit 4 de plus que celles imparties à Paul pour trouver la rançon) s’écoulent sans que nous les voyions passer, entre tension et humour acerbe sur l’abstraction et la cruauté de l’Administration ( celle avec un petit a et celle avec un A majuscule d’ailleurs). Le pari est donc partiellement réussi même s’il est dommage que Rodrigo Cortes ait recouru à des ficelles -in-dignes de blockbusters (par exemple la scène du testament ou de la mère atteinte d’Alzheimer) et n’ait pas cherché à cultiver sa différence jusqu’au bout nous laissant le goût amer d’un sujet fort et d’un procédé original qui ne tiennent pas forcément toutes leurs promesses, en revanche c’est sans doute la manière la plus habile de nous inscrire dans l’intimité de ce drame et d’en désigner les responsables.
Malgré leurs différences, dans les deux cas à nouveau une terre hostile (d’ailleurs désignée dans l’un des titres) des êtres qui suffoquent, enterrés vivants, qui crient leur désespoir, rongés par l’incompréhension et en quête d’écoute et d’espoir.
Ces deux films ont été présentés à Sundance . « Buried » sort en salles en France le 3 novembre 2010
Dès demain, retrouvez-moi en direct de Deauville et jusqu'au 13 septembre.
Vous pourrez suivre ici et sur "In the mood for Deauville", les avant-premières, les films en compétition, les conférences de presse et vous retrouverez également toutes les informations pratiques et les astuces (concours...) concernant le Festival que j'ai accumulés en 17 ans de pérégrinations deauvillaises.
N'oubliez pas non plus de suivre mon nouveau compte twitter dédié pour suivre le festival en temps réel: http://twitter.com/moodfdeauville .
Bon festival à tous et rendez-vous dès demain sur mes blogs pour les premières photos et infos en direct de Deauville, avant l'ouverture, vendredi soir.