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Par Sandra Mézière. Le 7ème art raconté avec passion depuis 2003. 4000 articles. Festivals de cinéma en direct : Deauville, La Baule, Cannes, Dinard...Critiques de films : avant-premières, à l'affiche, classiques. Actualité de romancière. Podcast.
Le 23 janvier prochain sortira en salles "Max", le film de Stéphanie Murat produit par Lisa Azuelos (LOL) et Thierry Ardisson qui a reçu récemment le prix du public du festival du film de Sarlat.
Synopsis:
Max a 6 ans. Elle vit avec son père Toni, un petit voyou au grand cœur. Pour Noël, Max décide de lui offrir Rose, une fille de joie rencontrée dans la rue et qu’elle a prise en affection. Malgré la situation compliquée, Toni va avoir du mal à refuser le « cadeau » de sa fille et devoir cohabiter avec Rose.
Avec Mathilde Seigner, JoeyStarr, Jean-Pierre Marielle, SHANA CASTERA, Sylvie Testud, François Berléand et ZINEDINE SOUALEM
Durée: 1h23
Un film d'émotions et d'oppositions:
HUMOUR/JOIE DE VIVRE
AMOUR / SEDUCTION
TRISTESSE / MELANCOLIE
TENDRESSE / AFFECTION
Extraits du dossier de presse: Mathilde Seigner et Joeystarr racontent comment ils sont arrivés sur le projet.
Comment êtes-vous arrivée sur le projet ?
Mathilde Seigner : Stéphanie Murat m’a tout simplement appelé pour qu’on se rencontre. Et là, elle m’a expliqué qu’elle avait envie de tourner avec moi, mais loin de l’emploi où on avait l’habitude de me voir évoluer. Elle ne me voyait que douce et tendre, loin de l’actrice grande gueule ou de l’actrice qui dérape… ce qui me caractérise aussi, j’en ai bien conscience ! (rires) J’ai reçu une première version du scénario qui ne m’a pas totalement convaincue. Et puis le temps a passé. Stéphanie a retravaillé le scénario avec Liza Azuelos. Et là, j’ai été séduite. Encore plus quand elle a rajouté que Sylvie Testud ferait partie de l’aventure et que j’allais avoir JoeyStarr comme partenaire. J’ai adoré l’idée d’avoir face à face le rappeur et l’anti-rappeuse dans un film qui ne joue absolument pas sur cette opposition-là. Tout me faisait envie dans ce projet. Y compris évidemment et surtout Stéphanie elle-même. Je ne saurai pas vous dire précisément pourquoi. Mais il me suffit de la regarder pour qu’elle m’émeuve. Dans tout ce qu’elle véhicule avec son corps et dans ses yeux. Elle est très à part, humainement parlant. Et avec la tendresse qui est la sienne et son regard poétique, j’étais intimement persuadée que son scénario allait prendre encore plus d’ampleur.
Entretien avec JOEYSTARR
Comment êtes-vous arrivé sur ce projet ? JoeyStarr : Grâce à Stéphanie Murat. On s’était déjà croisés plusieurs fois mais on n’avait jamais vraiment parlé. Et là elle est venue me voir en disant : « je te veux pour mon nouveau film » en ajoutant qu’elle avait toujours été sûre de travailler un jour avec moi. Et tu ne peux rien refuser à Stéphanie ! (rires) Elle a commencé par me raconter son film et m’a ensuite donné son scénario qui m’a emballé. Ce projet-là ne ressemblait à rien de ce que j’avais déjà pu lire. Sans compter la présence de Jean-Pierre Marielle qui est un véritable référent pour moi et de Mathilde Seigner à qui j’avais envie de me frotter. À ce moment-là, je sortais du tournage des Seigneurs et j’avais envie de me retrouver
dans quelque chose de plus artisanal, presque familial car Stéphanie ne travaille qu’avec les gens qu’elle aime. Et puis comment dire non à quelqu’un qui vient me chercher pour jouer autre chose que JoeyStarr ? Ce qui me plaît dans le cinéma, c’est de pouvoir devenir au fil des films footballeur, facteur, policier… De ne pas sombrer dans la routine. Et cela s’inscrit pleinement dans la continuité de ce que je fais dans la musique : raconter des histoires. Sauf que je ne raconte pas les miennes mais celles des autres.
Pour remporter 2 places pour ce film, soyez parmi les 5 premiers à me donner les titres des films suivants en n'oubliant pas de joindre vos coordonnées (sans lesquelles votre participation sera caduque) à inthemoodforcinema@gmail.com avec, pour intitulé de votre email "Concours Max":
( Réalisateurs : Mira Nair, Fatih Akin, Yvan Attal, Allen Hughes, Shekkar Kapur, Shunji Iwai, Joshua Marston, Brett Ratner, Jiang Wen, Natalie Portman, Jason Reitman.../ Acteurs: Andy Garcia, Julie Christie, Robin Wright Penn, Natalie Portman, Orlando Bloom, Ethan Hawke, Maggie Q et beaucoup d'autres ).
Suivant le même modèle que "Paris, je t'aime" (c'est d'ailleurs le même producteur, Emmanuel Benbihy qui est à l'origine du projet) pour lequel différents cinéastes avaient réalisé des courts-métrages immortalisant chacun une histoire d'amour dans un quartier parisien différent, dans « New York, I love you », autre ville emblématique du 7ème art où tant de caméras et non des moindres se sont promenées ( celles de Woody Allen, Martin Scrosese et tant d'autres), différents cinéastes ont porté leur regard sur « big apple », chaque histoire d'amour étant le prétexte à la découverte d'un nouveau quartier.
A la différence de « Paris je t'aime », pas de fondus au noir entre chaque film et les noms des cinéastes ne sont dévoilés qu'à la fin, ce qui contribue à créer une relative unité. Par ailleurs, ici, entre chaque séquence, des transitions aident le spectateur à passer d'un quartier et d'un réalisateur à l'autre. (réalisées par Randall Balsmeyer) Parmi les impératifs imposés aux différents cinéastes : tourner deux jours seulement, sept jours de montage, et une histoire d'amour.
Le risque était de tomber dans la carte postale, dans le dépliant touristique et d'oublier de porter un vrai regard et de véritablement nous raconter une histoire. New York, comme Paris, est une ville éminemment romanesque (peut-être justement parce que le cinéma l'a tant de fois immortalisée, contribuant à sa mythologie) où chaque lieu, chaque coin de rue sont propices à une rencontre impromptue, à la beauté fulgurante du hasard.
On retrouve dans « New York, I love you » la même inégalité dans la qualité des segments proposés, inégalité inhérente au principe. Le procédé aurait pourtant dû être le moyen pour chaque cinéaste de montrer leur liberté, leur univers, de se révéler dans cette contrainte. Passée la déception de trouver un réel conformisme dans la forme et une vision assez académique de New York, on se laisse prendre au jeu et embarquer pour un tour de New York, de Chinatown (dans deux films), à Greenwich village en passant par Soho, le Diamond district...
C'est curieusement un Français (Yavn Attal) qui réalise deux des meilleurs courts, même s'il est vrai que leur principale qualité n'est pas réellement de nous faire découvrir New York, mais plutôt d'en retranscrire une atmosphère. Ils mettent en scène d'un côté Ethan Hawke et Maggie Q. et l'autre Robin Wright et Chris Cooper. Deux courts qui se répondent d'ailleurs avec la même dose d'humour et d'audace nocturne.
J'ai aussi beaucoup apprécié le très mélancolique segment de Shekhar Kapur qui nous fait suivre une éblouissante Julie Christie qui rencontre Shia LeBoeuf dans un mélange subtil de regrets et de rêve trouble et troublant. Allen Hughes, quant à lui, nous emporte avec sensualité et sensibilité, dans le second rendez-vous d'un couple d'amants entre crainte et souvenir langoureux du premier.
Brett Ratner a, quant à lui, lui choisi l'humour, de même que Joshua Marston qui y ajoute une pincée de tendresse.
Natalie Portman (réalisatrice d'un court et actrice d'un autre) est sans aucun doute meilleure devant que derrière la caméra, s'arrêtant à des intentions certainement louables mais un peu vagues et vaines. Quant au court dans lequel elle joue, réalisé par Mira Nair, c'est sans doute le moins réussi. Fatih Akin comme toujours filme des personnages cabossés par la vie ou du moins dont la fragilité affleure, ici un peintre mourant et une jeune herboriste chinoise. Je vous laisse poursuivre seul votre promenade new yorkaise afin qu'elle conserve quelques surprises...
Malgré ses faiblesses, je vous recommande quand même de prendre le taxi (vous le prendrez beaucoup d'ailleurs pendant ce film) pour ce vagabondage dans New York et pour cette rencontre avec les destins qui s'y croisent et s'y lient, une promenade certes très consensuelle, mais avec quelques moments d'humour ou de magie qui valent largement le voyage, parfois mélancolique mais souvent léger et particulièrement plaisant à regarder... Prochain arrêt : Shanghai.
Je vous parle chaque année des Incontournables UGC qui permettent de revoir les meilleurs films de l’année passée, à tarif réduit, l’occasion de voir ou revoir le meilleur du cinéma 2012. Du 09 au 15 janvier 2013, les cinémas UGC, en partenariat avec le Figaro, vous proposent ainsi de voir ou revoir les 29 films qui ont marqué l’année 2012, au tarif unique de 3€.
Pour profiter de ce tarif préférentiel, il suffit de présenter votre carte de fidélité UGC, votre carte UGC illimitée ou un coupon Figaro (disponible dans le Figaro du 08 et 12 janvier, le Figaroscope du 09 janvier, le Figaro Magazine du 11 janvier et Madame Figaro du 11 janvier 2013). Il faudra prévoir un petit supplément si l’un des films de cette programmation est diffusé en 3D.
21 cinémas UGC participent à l’édition 2013 des Incontournables UGC :
A Paris :
UGC Ciné Cité Bercy UGC George V UGC Ciné Cité Les Halles UGC Montparnasse UGC Cercy-Le-Haut UGC Ciné Cité Créteil UGC Ciné Cité la Défense UGC Noisy-Le-Grand UGC Ciné Cité Rosny UGC Ciné Cité SQY Ouest (Montigny-Le-Bretonneux)
En province :
UGC Ciné Cité Atlantis (St Herblain) UGC Ciné Cité Bordeaux UGC Ciné Cité Confluence (Lyon) UGC Ciné Cité Internationale (Lyon) UGC Ciné Cité Lille UGC Ciné Cité Villeneuve d’Ascq UGC Ciné Cité Ludres UGC CIné Cité Mondeville UGC Ciné Cité Rouen UGC Ciné Cité Strasbourg-Etoile UGC Toulouse
Je vous souhaite à tous une très belle année 2013, riche de films exaltants, singuliers, palpitants, enthousiasmants... et vous remercie d'être toujours plus nombreux à suivre mes différents blogs. Je vous invite à retrouver mon bilan complet de l'année 2012 (cinéma, théâtre, musique, projets, blogs, top 15 des films de l'année etc), en cliquant sur l'affiche ci-dessous.
Dernier concours pour cette année pour vous faire gagner, en partenariat avec Studio Canal, 20 places pour "La stratégie de la poussette" de Clément Michel, en salles, ce mercredi 2 janvier.
Synopsis:
Thomas a laissé partir Marie, à force de ne pas s'engager. Un an plus tard, toujours inconsolable, il se retrouve avec un bébé sur les bras. Il va se servir de cet enfant pour reconquérir la femme de sa vie...
Avec Raphaël PERSONNAZ, Charlotte LE BON, Jérôme COMMANDEUR, Camélia JORDANA, Julie FERRIER, François ROLLIN et avec la participation de François BERLÉAND
CONCOURS:
Comme c'est le dernier concours de l'année, pour une fois, je vais vous faire gagner des places pour un film que je n'ai pas encore vu et faire simple. Dîtes-moi simplement pourquoi vous voulez voir ce film en envoyant votre email à inthemoodforcinema@gmail.com avant le 6 janvier 2013, à minuit, avec "Concours stratégie de la poussette" dans l'intitulé de votre email et en n'oubliant pas de joindre vos coordonnées pour l'envoi éventuel des lots. Les 2 plus rapides gagneront la BO et des places pour aller voir le film. Les 18 suivants remporteront des places. Une comédie idéale pour se changer les idées en cette fin d'année alors bonne chance à tous! Le réalisateur dont c'est ici le premier long-métrage a signé deux courts-métrages Bébé et Une Pute et un Poussin avec la chanteuse Yelle. Ce dernier a remporté de nombreux prix à travers le monde avant d'être nommé aux César 2011 dans la catégorie meilleur court métrage. Déjà une bonne raison de découvrir ce film, sans compter les présences de l'irrésistible Charlotte Le Bon, de l'atypique Camélie Jordana et du talentueux Raphaël Personnaz.
Ce Docteur Parnassus-là et sa troupe voyagent de ville en ville dans leur roulotte d'un autre temps. Cet homme sans âge possède l'inestimable pouvoir de projeter les gens dans leur propre imaginaire, un fascinant voyage qui se conclut toujours par un choix déterminant. Suite à un pari gagné contre le diable, Parnassus devient éternel, mais par amour pour une femme, il demande la jeunesse en échange de son immortalité. Le diable accepta, à condition que le jour de ses seize ans, le premier des enfants de Parnassus à naître lui appartienne. La jeune Valentina atteindra l'âge fatidique dans quelques jours et le diable rôde. Dans une tentative désespérée pour sauver son unique enfant, Parnassus va à nouveau jouer avec le feu : le premier de lui ou du diable qui séduira cinq âmes aura gagné. Avec Percy, Anton et le mystérieux Tony surgi de nulle part, le docteur va se lancer dans une extraordinaire course contre la montre. Le diable a tous les pouvoirs mais Parnassus possède l'Imaginarium.
Présenté hors compétition du dernier festival de Cannes, « L'Imaginarium du Docteur Parnassus » est d'abord le film dont on a parlé parce qu'il a été endeuillé par la disparition d'Heath Ledger, décédé en plein tournage, une disparition qui a paradoxalement nourri le film grâce à l'imagination du cinéaste (dont le synopsis ci-dessus témoigne qu'il regorge de bonnes idées), avec l'aide de trois acteurs (Colin Farrell, Jude Law, Johnny Depp) le remplaçant à tour de rôle et apportant ainsi un nouveau souffle et une autre dimension au film.
L'imagination salvatrice. Dans la réalité comme dans la fiction donc. Parce que c'est ce qu'est avant tout ce film : un hymne à l'imagination. Débordante. Précieuse. Rare. Protégée. Avec Terry Gilliam, l'imagination s'envole, les rêves sont une richesse inestimable et convoitée. Pour y accéder il faut traverser le miroir. Miroir qui peut aussi bien refléter l'au-delà, les peurs et les fantasmes que nous y projetons que le propre visage du cinéaste qui se mire et se reconnaît dans ce marginal qui nous embarque dans une imagination échevelée. Qui rive nos yeux à l'écran, éblouis, lorsqu'ils traversent le miroir du moins, dans l'Imaginarium. Le reste du temps, c'est une frustration, les scènes s'étirant en longueur (mais après tout le rêve se mérite...) et le cinéaste semblant lui-même victime des débordements de sa propre imagination.
Malgré ces faiblesses scénaristiques, son univers féérique, foisonnant, fantaisiste, effrayant et fascinant suffit à nous embarquer du paradis aux abîmes de l'enfer. Ce film regorge d'idées visuelles et scénaristiques qui n'auraient été que plus époustouflantes si elles avaient été canalisées, mais après tout l'imagination ne se canalise pas forcément, dans l'univers de Terry Gilliam comme dans l'Imaginarium du Docteur Parnassus et c'est aussi ce qui fait leur charme. Peut-être est-ce là aussi sa manière de ne pas vendre son âme au diable (à l'industrie cinématographique).
Il faut avant tout voir ce film comme une expérience cinématographique sensorielle, véritable ode à l'inventivité, à l'originalité, à la beauté singulière. Comment ne pas être envoûté par un film qui vous fait toucher les nuages, par une telle flamboyance poétique où le monde se dérobe sous vos pieds et le dérobe à sa banalité !
Avec ce film qui est issu d'un scénario original, Terry Gilliam ambitionnait de synthétiser tout ce qu'il avait fait jusqu'ici. C'est qui l'enrichit et l'alourdit à la fois ; l'enrichit d'idées et d'effervescence, l'alourdit pour les mêmes causes. Avec ce conte initiatique il n'ambitionnait pas seulement de nous faire voyager dans le temps, le paradis, l'enfer, l'imagination mais aussi de nous faire voir le monde avec un nouvel œil, selon notre propre imagination et pas seulement ce que nous disent les médias. Bref d'ouvrir l'œil et de regarder au-delà du miroir ou de cette fenêtre (et ce miroir !) ouvert sur le monde qu'est aussi l'écran de télévision.
Et puis il y a les acteurs : la voix envoûtante de Tom Waits au service de ce personnage diabolique , la candeur et le teint de porcelaine de la prometteuse Lily Cole et Johnny Depp et Jude Law dont j'avoue avoir préféré les prestations à celles de Heath Ledger et Colin Farrell.
Alors, si vous aussi avez envie de voir le monde féérique et ensorcelant qui se dissimule derrière le miroir, si comme moi vous vénérez le pouvoir inestimable de l'imagination grâce à laquelle « rien n'est définitif pas même la mort », il ne vous reste plus qu'à acheter votre ticket pour « L'Imaginarium » et à vous plonger dans ce bouillonnement visuel ! Peut-être que vous vous y égarerez un temps, mais je ne pense pas que vous le regretterez !
Ma critique ci-dessous est celle publiée à l'occasion de la sortie de "Titanic 3D" mais les commentaires sur le film restent les mêmes... Ne le manquez pas, ce soir, à 20H45, sur France 4.
Rares sont les films à s’être transformés en phénomènes de société. « Titanic » fait partie de ceux-là. 11 Oscars pour 14 nominations. 20, 7 millions d’entrées en France où il obtint le César du meilleur film étranger mais surtout un projet lui-même titanesque avec un budget de production de 200 000 000$ []qui a connu un succès mondial retentissant avec des recettes atteignant 600 788 188 $ aux Etats-Unis et 1 843 201 268 $ dans le monde entier.
Evidemment, on se dit que ressortir le film 15 ans après, fut-ce (ou justement parce que) en 3D, relève de l’opération commerciale, de surcroit sachant que cela tombe l’année du centenaire du naufrage. « Titanic en 3D » (en salles ce 4 avril, le naufrage a eu lieu le 14 avril 1912) n’est-il qu’une opération commerciale ? La 3D apporte-t-elle vraiment une valeur ajoutée à la version initiale ? 15 ans après, ce nouveau projet pharaonique qui a coûté 18 millions de dollars, nécessité 300 techniciens et 60 semaines de travail, rend-il le film plus fascinant ou n’est-il que de la poudre aux yeux?
Il y a quelques semaines, j’évoquais ici les premières images de cette version en 3D que j’avais eu le plaisir de voir en avant-première suivies d'une séance de questions réponses avec le producteur Jon Landau (vous pouvez d’ailleurs retrouver mes vidéos en bas de cet article) qui a notamment produit "Avatar" et "Titanic" et qui a également notamment été vice-président exécutif de la production de longs métrages chez Twentieth Century Fox. Surtout, son travail avec les meilleurs talents créatifs fait qu'il maîtrise parfaitement le processus de création qui a conduit à cette nouvelle "version". Cette semaine, j’ai (re)découvert le film de James Cameron dans son intégralité, et en 3D.
Southampton, 10 avril 1912. L’évènement est international. Le paquebot le plus grand et le plus moderne du monde, réputé insubmersible, le "Titanic" qui doit son nom à son gigantisme, appareille pour son premier voyage, une transatlantique en direction de New York. Quatre jours plus tard, il heurte un iceberg avant de sombrer dans les eaux glaciales de l’Atlantique.
Jack Dawson (Leonardo DiCaprio), un artiste pauvre et libre comme l’air, gagne son billet de 3ème classe au poker et embarque in extremis. De son côté, en première classe, la jeune Rose DeWitt Bukater (Kate Winslet) embarque avec son futur époux, Caledon Hockley (Billy Zane), aussi emprisonnée dans les conventions et dans un avenir cadenassé que Jack est libre de toute entrave. Rose va tenter de se suicider en se jetant d’un pont du paquebot. Jack va la sauver. Ils vont tomber amoureux et vivre une histoire d’amour intense, éphémère et éternelle, au milieu du chaos.
Des années plus tard, Brock Lovett coordonne une équipe de fouilles de l'épave du Titanic. Lors d'une plongée en sous-marin, il espère enfin retrouver le Cœur de l'Océan, un bijou inestimable, porté par Louis XVI. Le coffre-fort qu’il remonte des profondeurs ne contient qu'un dessin représentant une jeune fille nue portant le bijou.
Une dame très âgée, Rose Calvert, découvre ce dessin à la télévision. Elle appelle Lovett en affirmant être la jeune fille en question…
Il faut le dire d'emblée : le résultat est saisissant. Jamais encore la 3D ne m'avait semblée avoir cet impact (d'ailleurs, jamais encore la 3D ne m'avait semblée avoir d'impact tout court)... L'immersion est immédiate et l'émotion au rendez-vous. L’éclat de la photographie mais surtout la précision, le souci du détail nous fascinent et immergent immédiatement dans cette aventure tragique et romanesque. Une poupée de porcelaine. Une brosse. Un miroir brisé. Une chaussure. Un coffre…Tous ces objets qui flottent au milieu de l’épave semblent terriblement réels et rendent soudain particulièrement palpable et tangible l’humanité de la tragédie qui s’y est déroulée et de ceux qui l’ont vécue, et nous embarquent dès le début dans l’aventure bien que nous la connaissions par cœur.
La 3D n'est pas ici un gadget mais un véritable atout qui procure au spectateur de vraies sensations et émotions, que ce soit dans les premières scènes à Southampton au cours desquelles nous découvrons le paquebot et où nous avons l’impression d’être dominés par son gigantisme et sa majesté ou dans les scènes du naufrage. Quand le navire apparaît dans toute sa splendeur, nous oublions qu’il n’est déjà plus qu’une épave engloutie, pour embarquer et croire qu’il est réellement insubmersible. Quand, beaucoup plus tard, le paquebot se lève, comme un mourant émet son dernier râle, avant de sombrer à jamais, tout en rejetant ses passagers à la mer, quand le silence précède le terrifiant fracas, la scène nous glace d’effroi.
Les scènes intimistes sont presque plus impressionnantes encore que les scènes à grand spectacle tant le spectateur a l'impression d'être un intrus, de s'immiscer dans une sphère privée, et pas seulement d'en être spectateur. Et lorsque les mains de Jack et Rose se frôlent et s’étreignent, ou lorsque Jack peint Rose dénudée, nous avons presque envie de retenir notre souffle pour ne pas les déranger, tant leur trouble irradie l’écran.
Grâce à la 3D, le danger, aussi, devient palpable, la somptuosité des décors ensuite ravagée est plus éblouissante encore, mais surtout la lâcheté, le courage, la beauté nous happent et heurtent plus que jamais. La scène où Rose déambule dans les couloirs en cherchant de l'aide nous donne la sensation magique et inquiétante d'être à ses côtés, tétanisés par le danger, révoltés par la couardise de certains passages, et lors de celle où Jack et Rose s'enlacent et "volent", la sensation est étourdissante comme si nous virevoltions aussi.
Si « Titanic » était déjà romanesque, flamboyant et spectaculaire, cette conversion le transforme en une expérience exaltante, vertigineuse et parfois effroyable grâce à la profondeur de champ et grâce au souci du détail qui sont alors flagrants (tasse de porcelaine ou vestiges du naufrage, tout semble, pas seulement exister sur l’écran, mais prendre vie sous nos yeux).
L’intrigue n’a pas changé, aucune scène n’a été ajoutée ou modifiée. L’écriture presque schématique, voire dichotomique, est toujours aussi efficace. Les pauvres opposés aux riches. Le courage à la lâcheté. La raison à l’amour. L’insouciance à la gravité. La liberté de Jack opposée à l’enfermement de Rose. La clairvoyance de Jack opposée à l’aveuglement de ceux qui entourent Rose. Le silence de mort de la 1ère classe face à la musique et au rythme effréné de la gigue irlandaise dans la 3ème. L’éphémère et l’éternité qui ne s’opposent pas mais que réunit la catastrophe. Les sentiments y sont simples voire simplistes et manichéens mais tout est là pour nous étonner avec ce que nous attendons. Le mélange du spectaculaire et de l’intime, de la tragédie et de l’amour nous rappellent les plus grandes fresques (« Autant en emporte le vent » -ah, que serait l’incendie de Tara en 3D ?-, « Docteur Jivago ») ou histoires d’amour (« Casablanca », « Le dernier métro ») dans lesquelles la menace gronde (souvent la guerre) et renforce les sentiments alors confrontés aux obstacles (ici, la nature, la société). « Titanic » parvient à être à la fois un film catastrophe épique et une histoire d’amour vibrante sans que l’un prenne le pas sur l’autre, mais au contraire en se renforçant mutuellement. Un soufflé épique qui nous emporte contre notre raison même qui nous avertit de ces défauts comme certains personnages caricaturaux nous le rappellent comme l’égoïste, médiocre, odieux au possible fiancé de Rose ou comme une certaine outrance dans le mélodrame. Qu’importe ! Comme lorsque nous vivons une histoire d’amour, « Titanic » nous charme et nous envoûte, nous emporte dans cette aventure trépidante et nous rend sourds à notre raison.
Avec la 3D, les traits de Leonardo DiCaprio et Kate Winslet que nous avons vus grandir apparaissent dans leur éclat et l’innocence de leur jeunesse, et les visages blafards qui flottent sur l’eau n’en sont que plus redoutables, en miroir de cette splendeur passée et si proche. Il est d’ailleurs injuste que, contrairement à Kate Winslet, Leonardo Di Caprio n’ait pas été nommé aux Oscars comme meilleur acteur. Si la première interprète l’impétueuse, passionnée, fière et lumineuse Rose avec vigueur et talent, Leonardo DiCaprio, sans doute incarne-t-il un personnage trop lisse pour certains (mais il prouvera par la suite à quel point il peut incarner toutes les nuances et des rôles beaucoup plus sombres, notamment dans « Shutter island » de Martin Scorsese ou récemment encore dans « J.Edgar » de Clint Eastwood), il n’en est pas moins parfait dans son personnage d’artiste vagabond, libre, faussement désinvolte, malin, séduisant et courageux. Dans le chef d’œuvre de Sam Mendes, « Les noces rebelles », Kate Winslet et Leonardo DiCaprio, réunis à nouveau, ont d’ailleurs su prouver qu’ils étaient de grands acteurs (aux choix judicieux), dans des rôles qui sont à l’opposé de leurs rôles romantiques de Rose et Jack.
Alors, bien sûr, l'art c'est aussi de laisser place à l'imaginaire du spectateur et sans doute ce nouveau procédé est-il une manière de prendre le spectateur par la main, de lui dicter ce qu'il doit regarder et même éprouver, ce qui pourrait faire s'apparenter le cinéma à une sorte de parc d'attraction abêtissant mais ce tour de manège-là est tellement étourdissant que ce serait faire preuve de mauvaise foi que de bouder notre plaisir.
Ce « Titanic » 2012 permet de revisiter le film de James Cameron. Ou quand le cinéma devient une expérience au service de l'émotion, des sensations mais surtout du film et du spectateur. Vous aurez l’impression étrange et vertigineuse d'être réellement impliqués dans une des plus belles histoires d'amour de l'histoire du cinéma. Histoire d'amour mais aussi histoire intemporelle et universelle, d'orgueil, d'arrogance et de lâcheté, une tragédie métaphorique des maux de l'humanité, une course au gigantisme et à la vitesse au détriment de l’être humain et de la nature, qui fait s'entrelacer mort et amour, éphémère et éternité, et qui reste aussi actuelle et émouvante 15 ans après. Un film avec de la profondeur (dans les deux sens du terme désormais), et pas un simple divertissement. Un moment de nostalgie aussi pour ceux qui, comme moi, l'ont vu en salles il y a 15 ans et pour qui ce sera aussi une romantique réminiscence que de redécouvrir les amants immortels, "Roméo et Juliette" du XXème siècle, et de sombrer avec eux, avant de retrouver la lumière du jour et de quitter à regrets les eaux tumultueuses de l’Atlantique et cette histoire d’amour rendue éternelle par les affres du destin, et par la magie du cinéma.
Le 4 Avril, plongez au "cœur de l'océan" et au cœur du cinéma... Achetez votre billet pour embarquer sur le Titanic (vous en aurez vraiment l’impression), je vous promets que vous ne regretterez pas le voyage, cette expérience unique, magique, étourdissante, réjouissante : définition du cinéma (du moins, de divertissement) finalement porté ici à son paroxysme! A (re)voir et vivre absolument.