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cinema - Page 227

  • Déborah François et Louis Garrel lauréats des prix Romy Schneider et Patrick Dewaere 2009

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    Ci-dessus, Louis Garrel dans "La Frontière de l'aube" ,  © Les Films du Losange
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    Ci-dessous Déborah François,  © Diaphana Films

    premier.jpgHier soir étaient décernés les prix Romy Schneider et Patrick Dewaere (anciennement prix Jean Gabin) 2009. Ils ont été attribués à Déborah François et Louis Garrel.

     Révélée par « L’Enfant » des frères Dardenne, palme d’or du Festival de Cannes 2005, Déborah François était aussi récemment à l’affiche du « Premier jour du reste de ta vie » de Rémi Bezançon pour lequel elle a reçu le César du meilleur espoir féminin. Elle succède ainsi à Audrey Dana. Parmi les anciennes lauréates on compte notamment Juliette Binoche et Sandrine Kiberlain.

     

    Quant à Louis Garrel, qui succède ainsi à Jocelyn Quivrin, c’est « La Frontière de l’aube » de Philippe  Garrel  et « La belle personne » de Christophe Honoré qui lui ont valu d’être remarqué. Ce prix devait d’ailleurs être attribué à Nicolas Duvauchelle mais le règlement stipulant que le lauréat devait être présent pour que son prix lui soit accordé, c’est à Louis Garrel, le « second » que ce prix est finalement revenu. François Cluzet et Guillaume Canet ont été lauréats de ce prix qui existe depuis 1984.

     

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  • 62ème Festival de Cannes: toutes les rumeurs sur la sélection officielle 2009!

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    les fameuses marches....jpgPour vous faire patienter en attendant le 23 Avril, date à laquelle sera annoncé le programme de ce 62ème Festival de Cannes, un programme entièrement repris et commenté sur « In the mood for cinema » et « In the mood for Cannes » dès le 23 Avril, voici une liste de films qui pourraient bien figurer dans la sélection officielle 2009 avec une rumeur très persistante pour certains d’entre eux comme « Inglourious Basterds » de Quentin Tarantino,  « Public Enemies » de Michael Mann, « Soudain le vide » de Gaspard Noé,  « Les Etreintes brisées » de Pedro Almodovar, « Socialisme » de Jean-Luc Godard, « Vengeance » de Johnnie To

    On remarque dans cette liste de nombreux habitués de la Croisette (Jim Jarmusch, Fatih Akin, Michael Haneke, Christophe Honoré, Pedro Almodovar, les frères Coen, Ken Loach...)  mais aussi, parmi eux, de nombreux réalisateurs déjà récompensés parfois même d’une palme d’or.

     D’autres, absents ces dernières années de la Croisette,  pourraient revenir cette année  comme Jane Campion ou Jean-Luc Godard.

      Je vous propose, en prime, (ci-dessous, sous la liste) la bande-annonce de "Public Enemies" de Michael Mann et celle de "Looking for Eric" de Ken Loach.

      Je vous rappelle que vous pourrez suivre ce 62ème Festival de Cannes commenté en direct sur « In the mood for Cannes » (dont je vous rappelle aussi qu’il est le blog lauréat du concours de blogs du Festival de Cannes 2008) et « In the mood for cinema » du 13 au 25 Mai 2009.

     Je vous rappelle enfin que nous savons pour l’instant qu’Isabelle Huppert sera la présidente du jury, qu’Edouard Baer, pour la deuxième année consécutive, sera le maître de cérémonie de l’ouverture et la clôture et que « Là-haut » sera le film d’ouverture.

     Liste des films pressentis pour la sélection officielle du Festival de Cannes 2009 (par ordre alphabétique des noms de leurs réalisateurs) :

    Cliquez sur "lire la suite" pour voir la liste des films pressentis pour cette sélection cannoise 2009 et pour voir les bandes-annonces

    Lire la suite

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  • « Villa Amalia » de Benoît Jacquot avec Isabelle Huppert, Jean-Hugues Anglade, Xavier Beauvois…

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    Année chargée pour la Présidente du jury du 62ème Festival de Cannes puisque, après « Un  Barrage contre le Pacifique », l’adaptation cinématographique du roman éponyme de Marguerite Duras par Rithy Panh, Isabelle Huppert est en effet actuellement à l’affiche de « Villa Amalia » de Benoît Jacquot.

     

    Par hasard, Ann (Isabelle Huppert),  pianiste de profession,  surprend son mari Thomas (Xavier Beauvois) embrassant une autre femme. Au même instant, alors qu’elle est hypnotisée et terrassée par cette scène, se déroulant derrière les grilles d’un jardin, un ami surgi de l’enfance, Georges, (Jean-Hugues Anglade) la surprend. Avec son appui, elle décide alors de changer de vie, de tout quitter, pour bientôt se retrouver sur une île, là où se trouve la villa Amalia…

     

    Adapté du roman éponyme de Pascal Quignard, « Villa Amalia » est le cinquième film du réalisateur avec Isabelle Huppert et pour cette cinquième collaboration il a choisi un thème universel pour un film qui ne l’est pas. Le profond malaise (et même l’agacement) que m’a inspiré ce film m’a probablement ôté tout jugement purement cinématographique, d’où cette critique inhabituellement courte et négative… En effet, rarement l’atmosphère d’un film m’aura mise si mal à l’aise, à tel point que j’ai failli quitter la salle avant la fin. Le film est ainsi imprégné du dépouillement, de la brutalité et de l’austérité de son personnage principal, et alternativement d’une musique (de Bruno Coulais) et d’un silence vertigineux.

     

    Ann se dépouille de tout ce qui lui pèse et l’emprisonne et caractérise sa vie d’avant : biens matériels (photos, sa maison d’une blancheur terrifiante et nauséeuse, cheveux, pianos …) et même de son identité pour endosser celle de son ami d’enfance, symbole de cette innocence qu’elle veut retrouver et de sa renaissance. Comme un signe du destin, elle qui a perdu son frère va habiter la maison qu’un homme décédé avait construit pour sa sœur, une maison qui domine la mer, où elle fait corps avec le paysage et la nature. (Benoît Jacquot use et abuse des plans larges pour bien nous le faire comprendre).

     

    Le réalisateur de « L’école de la chair » signe ici un film désincarné et nous embarque dans une maison sans âme où son héroïne semble s’évader tandis que je ne rêvais que d’une chose : en faire de même pour fuir ce film oppressant, où le bleu de la mer et le rouge de cette villa Amalia ne parviennent pas à apporter des couleurs à ce film d’une pâleur cadavérique…

     

    Isabelle Huppert interprète avec justesse ce personnage antipathique noyé (elle nage, beaucoup et avec violence, pour ne pas couler, ne pas être submergée)  dans sa pesante réalité qui prend visage humain le temps d’une main sur un visage, et Jean-Hugues Anglade, irréprochable, avec ce rôle d’homme sentimental et attachant, atténue par sa douceur la rugosité d’Ann et celle du film. Leurs scènes communes apportent cette émotion qui fait défaut au reste du film,  se tenant par la main, comme deux enfants partageant un secret, égarés dans un monde d’adultes qui ne comprend pas leur singularité, leurs envies de fuites.

     

     Ne parlons pas du scénario : là n’est pas l’objet de ce film délibérément elliptique (et se noyant paradoxalement, lui aussi, dans des détails inutiles) qui certes nous donne le goût de l’abandon, et  de la liberté : celle en tout cas de fuir ce film sombre et morose  comme Ann sa réalité étouffante…

     

    Sur le même thème voyez plutôt le splendide « Into the wild » de Sean Penn et pour lire un autre point de vue sur ce film et contrebalancer cette critique, je vous conseille la critique suivante : http://www.toujoursraison.com/2009/04/villa-amalia.html .

     

    Sandra.M

     

  • L'affiche de l'exposition Tati censurée ou l'absurdité à son paroxysme...

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    Je vous parlais il y a quelques jours de la passionnante exposition consacrée à Tati à la Cinémathèque Française (Cliquez ici pour lire mon article), une exposition qui fait aussi parler d'elle pour une raison d'une absurdité toute tatiesque que ce dernier aurait certainement tournée en dérision tant elle est grotesque, voire consternante.

    Sur l'affiche de la rétrospective et de l'exposition, le cinéaste arbore son indissociable pipe mais sur l'affiche diffusée dans le métro et les bus, la pipe a disparu, remplacée par... un moulin à vent ! C'est Métrobus, la régie publicitaire de la RATP, qui a pris cette décision : estimant que  " l’affiche était contraire à la loi" (en réalité la loi Evin, lequel Evin vient justement de juger cette décision ridicule). Si cette loi me semble particulièrement juste et nécessaire, son application en l'espèce me laisse pantoise! Va-t-il bientôt falloir supprimer toutes les scènes de films dans lesquelles des acteurs fument ou boivent? C'est d'autant plus ridicule que cette représentation est celle de M.Hulot et non vraiment de Tati lui-même. C'est donc ici un personnage. Cette suppression semble sous-entendre que nous ne saurions faire la distinction entre la fiction et la réalité ou entre une campagne publicitaire prônant le tabagisme et un objet métonymique donc indissociable d'un personnage de fiction, et donc un symbole artistique, tout comme le célèbre tableau de Magritte, "La trahison des images", dont on se demande bien quel sort pourrait lui être réservé!

     La Cinémathèque Française a parlé d'une mesure "absurde et risible"... d'autant que M.Hulot, le héros de Jacques Tati, n'allume jamais sa pipe dans aucun de ses films ! 

    J'en profite pour vous signaler qu'en plus de l'exposition et la rétrospective à la Cinémathèque, le Centre d'Art contemporain le 104 propose de visiter une reconstitution grandeur nature de la Villa Arpel, celle qui a servi de décor au film "Mon Oncle".

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    Ron Howard vient lui aussi d'être victime de cette censure absurde, Métrobus ayant refusé d'afficher cette publicité pour le film "Anges et Démons" de Ron Howard, au motif qu'elle comporte l'interrogation "Que nous cache le Vatican ?" se rapportant au film et Métrobus se réfugiant derrière son droit de réserve en invoquant "Nous sommes tenus à une neutralité et il nous est interdit de faire quelque communication à caractère politique que ce soit". Sans commentaires...

    Sandra.M

  • In the mood for Allociné: les blogs à l'honneur

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    allociné4.jpgJe vous parle régulièrement des soirées du Club 300 d’Allociné. Ce club, qui comprend très exactement (aux dernières nouvelles) 302 membres et qui existe depuis juin 2008,  est composé de quelques blogueurs et des meilleurs contributeurs d'Allociné, et parfois tous, parfois quelques uns sont invités à des évènements tels des avant-premières ou des master class

     

    Si ce club s'inscrit dans une stratégie de communication des distributeurs et réciproquement (il a d'ailleurs permis à Allociné d'obtenir récemment une mention au Grand Prix Stratégies), la liberté de ton des blogueurs et des contributeurs est néanmoins de mise (cliquez ici pour voir les films du Club 300 approved, vous constaterez que n'y figurent pas que des critiques positives et notamment celle-ci) et le plaisir d'assister à ces évènements menés par l'enthousiaste et cinéphile équipe d'Allociné et de nous y  croiser régulièrement entre blogueurs fait que nous aurions tort de refuser d'y assister.

     

     Sur le blog d’information des évolutions d’Allociné intitulé Allociné Insider, Allociné a décidé de mettre régulièrement à l’honneur les blogueurs du Club 300. Après le blog "Bj and Mat cinéshow"  (que je vous recommande également) qui a ouvert le bal, c’est In the mood for cinema qui est à l’honneur :

     

    CLIQUEZ ICI POUR LIRE L'INTERVIEW "IN THE MOOD" SUR ALLOCINE SI VOUS VOULEZ (notamment) CONNAITRE LES PROJETS D'IN THE MOOD FOR CINEMA.

     

     

     C’est pour moi surtout l’occasion de vous faire connaître quelques blogs appartenant aussi au club 300 d’Allociné avec à noter le changement de l'excellent « Voisin blogueur » en « Tadah blog » et un petit nouveau très  prometteur « La cité des Arts », deux blogs que je vous recommande de même que ceux dont ( donc tous membres du Club 300) vous trouverez la liste ci-dessous:

      Les nouveaux cinéphiles , Filmgeek , Les CinéTribulations, Laterna Magica, Cinéfeed, CinéfriendsLe petit cinéphile, Sur la route du cinéma, Cinémaniac

     Vous trouverez également sur "In the mood for cinema" des liens vers d’autres excellents blogs n’appartenant pas au club 300 et que je vous recommande vivement, (dans la colonne de gauche du blog) et en particulier "Rob Gordon a toujours raison" ou "Boulevard du cinéma".

     

    Puisque de blogs il est question, j'en profite pour vous dire que depuis quelques semaines "In the mood for Cannes" et "In the mood for Deauville" sont accessibles aux adresses suivantes: http://www.inthemoodforcannes.com et http://www.inthemoodfordeauville.com  et "In the mood for cinema" toujours à l'adresse suivante: http://www.inthemoodforcinema.com .

     

    Sandra.M

  • "OSS 117: Rio ne répond plus" de Michel Hazanavicius: critique du film

    oss.jpgA moins d'être partis vivre sur une île déserte dénuée de tout moyen de communication, vous n'ignorez certainement pas qu'aujourd'hui sort en salles "OSS 117: Rio ne répond plus" de Michel Hazanavicius avec Jean Dujardin.

    Cliquez ici pour lire ma critique du film "OSS 117 Rio ne répond plus" et pour voir la bande-annonce et des extraits ainsi que les vidéos de l'équipe du film lors de l'avant-première.

    Je vous rappelle que cette semaine sort également "Dans la brume électrique" de Bertrand Tavernier, Grand Prix du 1er Festival International du Film Policier de Beaune 2009 , dont vous pourrez lire la critique sur Inthemoodforcinema.com, avant la fin de la semaine.

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  • « Welcome » de Philippe Lioret avec Vincent Lindon, Firat Ayverdi, Audrey Dana…: critique du film

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    Pour impressionner et reconquérir sa femme Marion (Audrey Dana), Simon (Vincent Lindon), maître nageur à la piscine de Calais (là où des centaines d’immigrés clandestins tentent de traverser pour rejoindre l’Angleterre, au péril de leur vie)  prend le risque d’aider en secret un jeune réfugié kurde, Bilal (Firat Ayverdi) qui tente lui-même de traverser la Manche pour rejoindre la jeune fille dont il est amoureux, Mina (Dira Ayverdi).

     

    Cela faisait un peu plus d’un an que j’attendais la sortie de ce film, depuis que Philippe Lioret l’avait évoqué avec un enthousiasme débordant lors du Salon du Cinéma 2008… Alors ? Alors…

     

    La première demi-heure, intense, âpre, au style documentaire  suit au plus près Bilal ( au plus près de son visage, de ses émotions, de sa douleur, de ses peurs)  et nous embarque d’emblée dans son parcours périlleux. Il nous embarque et il conquiert dès les premières minutes notre empathie, notre révolte aussi contre une situation inhumaine, encore à ce jour insoluble, mais contre laquelle se battent des bénévoles comme Audrey tandis que d’autres préfèrent fermer les yeux comme Simon. La réalité sociale sert ensuite de toile de fond lorsqu’apparaît Simon, et avec son apparition c’est le documentaire qui cède le pas à la fiction.

     

    Jusqu’où iriez-vous par amour ? Tel était le slogan du précèdent film dans lequel jouait Vincent Lindon : « Pour elle ». Tel pourrait aussi être celui de « Welcome ». Ce n’est, au début, pas vraiment par altruisme qu’agit Simon mais plutôt avec l’intention d’impressionner Marion, de lui prouver qu’il n’est pas comme eux, comme ceux qui baissent la tête au lieu d’agir, comme ceux qui font éclater ou  renaître un racisme latent et peu glorieux qui rappelle de tristes heures, et qui rappelle aux étrangers qu’ils sont tout sauf « welcome ».

     

     Peu à peu Bilal,  son double,  va ébranler les certitudes de Simon, Simon qui se réfugiait dans l’indifférence, voire l’hostilité, aux étrangers qu’il croisait pourtant tous les jours. L’un fait face à son destin. L’autre lui a tourné le dos. L’un a été champion de natation, mais n’a pas réalisé ses rêves. L’autre rêve de devenir champion de football. Mais l’un et l’autre sont prêts à tout pour reconquérir ou retrouver la femme qu’ils aiment. L’un et l’autre vont s’enrichir mutuellement: Simon va enseigner  la natation à Bilal, et Bilal va lui à ouvrir les yeux sur ce qui se passe autour de lui.

     

    Le film doit beaucoup à l’interprétation de Vincent Lindon (toujours aussi exceptionnel), tout en violence et sensibilité, en force et fragilité. Il manie et allie les contradictions et les ambiguïtés de son personnage avec un talent époustouflant,  faisant rapidement oublier ces  déstabilisantes minutes de changement de ton et de passage du style documentaire à la fiction (ce parti pris initial de documentaire aurait peut-être été plus intéressant, mais nous aurait  certes privés de l’incroyable prestation de Vincent Lindon et aurait aussi privé le film d’un certain nombre de spectateurs). L’interprétation du jeune Firat Ayverdi  et des   autres acteurs, également non professionnels, est  elle aussi  troublante de justesse et contribue à la force du film.

     

    Philippe Lioret a coécrit le scénario avec Emmanuel Courcol, Olivier Adam (avec lequel il avait déjà coécrit « Je vais bien, ne t’en fais pas »),   un scénario d’ailleurs parfois un peu trop écrit donnant lieu à quelques invraisemblances (en contradiction avec l’aspect engagé du film et la réalité de  sa toile de fond) qui tranche avec l’aspect documentaire du début ( histoire de la bague un peu téléphonée) mais permet aussi de souligner certaines réalités par des détails qu’un documentaire n’aurait pas forcément pu saisir (quoique) comme cette annonce d’une avalanche aux informations et de ses quelques victimes qui semblent alors disproportionnées face à cette autre réalité passée sous silence, comme ce marquage, s'il est réel, absolument insoutenable et intolérable.

     

    La photographie aux teintes grisâtres et la mise en scène appliquée de Philippe Lioret s’efface devant son sujet, devant ses personnages surtout, toujours au centre de l’image, souvent en gros plan, ou du moins en donnant l’impression tant ils existent et accrochent notre regard.

     

    Peut-être aurait-il été encore plus judicieux que cette réalisation  soit empreinte de la même rage et de la même tension que ceux dont elle retrace l’histoire, et peut-être est-ce ce qui manque à ce film aux accents loachiens pour qu’il ait la saveur d'un film de Loach. Peut-être aussi est-ce la raison pour laquelle je suis finalement restée sur la rive.  Sans doute est-ce lié à l’attente suscitée depuis plus d’un an par ce film mais plus certainement encore par le souvenir indélébile, forcément plus viscéral et plus âpre, plus marquant parce que réel,  de centaines de clandestins, dans un autre port, dans un autre pays, mais si semblables, sans doute ce souvenir de la réalité d’une souffrance inouïe soudainement sous mes yeux et si tangible prise en pleine face m’a -t-il réellement et  autrement fait prendre conscience de cette douloureuse et insoutenable réalité: chaque visage (souvent très très jeune) entrevu alors portant sur lui, à la fois si pareillement et si différemment,  la trace d’une longue et inconcevable route, d’une histoire  douloureuse, d’une détermination inébranlable, d’un pays pour lui inhospitalier, inique ou en guerre et à quel point la réalité du pays qu’ils ont quittée devait être violente et insupportable pour qu’ils aient le courage et/ou l’unique issue de prendre tous ces risques et de se confronter à la réalité de pays qui ne souhaitent ou du moins ne savent pas forcément davantage  les accueillir et panser leurs plaies.

     

    Philippe Lioret, par ce film indéniablement engagé, a le mérite de mettre en lumière une part d’ombre de la société française, et plus largement de violentes et flagrantes disparités mondiales. Le film en est à sa cinquième semaine d’exploitation et prouve ainsi que le public ne s’intéresse pas seulement aux comédies formatées que les diffuseurs s’acharnent à lui proposer et que l’âpreté d’un sujet, pourvu qu’il soit traité avec sensibilité et intelligence, pouvait aussi susciter son intérêt et le faire se déplacer en nombre. Alors à quand « Welcome » à 20H30 sur TF1 ? Il n’est pas interdit de rêver…

     

    Sandra.M

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