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cinema - Page 264

  • In the mood for news 14 : semaine du 9 janvier 2008

    L’info festivalière de la semaine: Sean Penn présidera le jury du 61ème Festival de Cannes

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    L’info cinématographique de la semaine, c’est d’abord l’annonce du prochain président du jury du Festival de Cannes. Sean Penn présidera donc le jury du Festival de Cannes 2008 et succédera ainsi à Wong Kar Wai (2006) et à Stephen Frears (2007) qui présidait le jury du 60ème Festival. Difficile de faire mieux que cette soixantième édition et pourtant 3af2fcbdc8318ccbf3c1367196b2315c.jpgavec Sean Penn pour président cette 61ème édition s’annonce pour le mieux : un des meilleurs acteurs de sa génération-Sean Penn a 47 ans- (voire le meilleur ?) qui avait d’ailleurs reçu le prix d’interprétation à Cannes en 1997  pour « She’s so lovely » de Nick Cassavetes, un acteur aux nuances de jeu impressionnantes, à la force et à l’intensité du regard (d’acteur et de cinéaste) saisissantes,  aux choix filmographiques brillants avec très peu d’erreurs de parcours, un acteur et un personnage à fleur de peau,  un écorché vif avec une fureur de vivre à la James Dean, qui peut aussi bien jouer les personnages violents ou cyniques (souvent), dans des thrillers, que les êtres égarés, un acteur aux positions politiques affirmées notamment lors de l’entrée en guerre des Etats-Unis en Irak. Voilà qui annonce de belles surprises pour le déroulement et le palmarès de cette 61ème édition! Vous pourrez retrouver des critiques de films de Sean Penn jusqu’au festival sur mon autre blog In the mood for Cannes et prochainement ma critique de son dernier film en tant que réalisateur « Into the wild », également sur In the mood for cinema.

    41007ef53ffc0c72b39369fed62d4aa8.jpg Pour moi, Sean Penn ce sont donc des souvenirs de films magnifiques en tant qu’acteur ( « 21 grammes » et « Mystic river » figurant parmi mes favoris ainsi que « The game » même si son rôle y est de moindre importance),  et réalisateur (« The Pledge », « Crossing guard »), d’un acteur qui a tourné avec les plus grands ( Sydney Pollack, Clint Eastwood, Inarritu, Woody Allen, Oliver Stone, Brian de Palma, Julian Schnabel, Louis Malle, Nick Cassavetes, et récemment avec Gus Van Sant…) souvent dans des films dits d’auteur « malgré » parfois des budgets élevés, toujours avec un vrai regard et parti pris, d’un acteur qui n’ hésite pas à accompagner des premières œuvres ou des films a priori plus confidentiels, un acteur qui fait des choix cinématographiques plutôt que commerciaux, qui réfléchit en termes d’art plus que de box office.

    Sean Penn c’est aussi pour moi le souvenir magique, étrange, surréaliste, brumeux et inoubliable d’une rencontre alors que j’étais dans le jury jeunes du Festival du Film de Paris 1998 et alors qu’il présidait le jury du festival. Comme Sean Penn n’avait pas vu de film de nos présidents du jury Nadia Farès et Thierry Frémont, une projection privée avait été organisée dans une salle de projection d’un célèbre restaurant des Champs Elysées pour nous 10 et Sean Penn. C’est là aussi qu’eut lieu la rencontre entre les jeunes cinéphiles de notre jury et l’acteur. Je me souviens d’un regard puissant et fatigué, que nous avions regardé "Les Démons de Jésus" ( !) de Bernie Bonvoisin dans une ambiance recueillie, je me souviens m’être dit que ce film et son langage argotique devait être vraiment incompréhensible, consternant et rébarbatif traduit en anglais , je me souviens qu’il avait applaudi avec beaucoup de politesse, je me souviens que ses lunettes pendant la projection dissimulaient astucieusement son regard fatigué, voire (chut, ne le répétez pas) endormi, je me souviens d’un festival qui a à jamais rendu ma passion pour le cinéma incurable entre découvertes cinéphiliques, rencontres marquantes , instants de vie et de cinéma gravés, de  « Bienvenue à Gattaca »,  « Gadjo Dilo », « Serial Lover » je me souviens de cette semaine trépidante, il y a 10 ans déjà, si proche et si lointaine,  où rien ne semblait impossible, où tout semblait irréel,   je me souviens d’un festival qui honorait alors Paris et qui a malheureusement disparu.

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    Cérémonie de clôtude du Festival du Film de Paris 1998-De gauche à droite: Jean Tiberi, Sean Penn, Rona Hartner, je vous laisse deviner à qui appartient le bout de nez qui dépasse, Carmen Chaplin, deux autres membres du jury jeunes
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      Sean Penn c’est aussi pour moi le souvenir d’un instant  involontairement dérobé, d’une silhouette solitaire, frêle et imposante, surprise lors du Festival de Cannes alors qu’il attendait nerveusement les réactions du public dans un recoin du palais des festivals alors qu’il était venu accompagner le très beau « Mystic River » de Clint Eastwood pour lequel il a d’ailleurs obtenu l’Oscar du meilleur acteur en 2004.

    « Partout dans le monde, le cinéma semble faire l’objet d’un intense renouveau : de plus en plus de films éveillent l’imaginaire et provoquent émotion et réflexion, dans l’émergence d’une nouvelle génération de cinéastes extrêmement talentueux. Le Festival de Cannes est depuis longtemps l’épicentre mondial de la découverte des nouvelles vagues de réalisateurs. C’est pourquoi il me tarde d’y participer cette année comme président du jury »,  a commenté Sean Penn dans le communiqué de presse du festival de Cannes.

    Je vous laisse relire son impressionnante filmographie ci-dessous plus éloquente que n’importe quel article ou discours…

    La filmographie de Sean Penn

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    -En tant qu’acteur :

    « Crossing Over » (Prochainement), de Wayne Kramer

    «  Milk »(Prochainement), de Gus Van Sant

    «  Tree of Life” (Prochainement), de Terrence Malick

    “ What just happened ?” (Prochainement), de Barry Levinson

    «  Dogtown and Z-Boys » (Prochainement), de Stacy Peralta

     « Les Fous du roi » (2006), de Steven Zaillian

     « Katrina (When the Levees Broke) » (2006), de Spike Lee  

     « L'Interprète » (2005), de Sydney Pollack

     « Bukowski » (2005), de John Dullaghan

     « The Assassination of Richard Nixon » (2004), de Niels Mueller

     « 21 grammes » (2004), de Alejandro González Inárritu

     “Mystic river” (2003), de Clint Eastwood

     “It's all about love” (2003), de Thomas Vinterberg

    “ Le Poids de l'eau » (2002), de Kathryn Bigelow  

     « Sam je suis Sam » (2002), de Jessie Nelson

    «  Hollywood sunrise” (2002), de Anthony Drazan    

     “Rosy-Fingered Dawn”: a Film on Terrence Malick (2002), de Luciano Barcaroli  

     “Avant la nuit » (2001), de Julian Schnabel

    «  Il suffit d'une nuit » (2000), de Philip Haas

     « Accords et désaccords » (2000), de Woody Allen

    « La Ligne rouge » (1999), de Terrence Malick

     « U-turn », ici commence l'enfer (1998), de Oliver Stone

     « The Game” (1997), de David Fincher 

     “She's so Lovely” (1997), de Nick Cassavetes

    “ La Dernière marche » (1995), de Tim Robbins  

     « L'Impasse « (1994), de Brian De Palma

    «  The Last party » (1993), de Mark Benjamin

     « Les Anges de la nuit » (1991), de Phil Joanou  

     « Nous ne sommes pas des anges » (1990), de Neil Jordan  

     « Outrages » (1990), de Brian De Palma  

    «  Colors » (1988), de Dennis Hopper

    « Judgement » in Berlin (1988), de Leo Penn

     « Comme un chien enragé » (1987), de James Foley

    « Shanghai surprise » (1986), de Jim Goddard

    «  Le Jeu du faucon » (1984), de John Schlesinger

    «  Crackers » (1984), de Louis Malle

    « Les Moissons du Printemps » (1984), de Richard Benjamin

     « Bad boys” (1983), de Rick Rosenthal  

    “Fast times” at Ridgemont High (1982), de Amy Heckerling

    « Taps » (1981), de Harold Becker

    -En tant que réalisateur :

    “Into the Wild” (2008)

    “11'09'01: September 11” (2002)

     “The Pledge” (2001)

     “Crossing Guard” (1995)

     “The Indian Runner” (1991)

    -En tant que scénariste :

    « Into the Wild » (2008), de Sean Penn

    « 8 (2006) », de Jan Kounen

     « 11'09'01: September 11 » (2002), de Samira Makhmalbaf

     « Crossing Guard” (1995), de Sean Penn 

     “The Indian Runner” (1991), de Sean Penn

    -En tant que producteur :

    “Into the Wild” (2008), de Sean Penn

    “The Pledge” (2001), de Sean Penn

     “Loved” (1998), de Erin Dignam

    “ Crossing Guard” (1995), de Sean Penn

     “The Indian Runner” (1991), de Sean Penn

    -En tant que producteur exécutif :

    “She's so Lovely” (1997), de Nick Cassavetes

    Je vous rappelle que vous pouvez toujours vous inscrire pour le Salon du Cinéma et pour le pass professionnel et le pass ciné-connexion (pour les jeunes auteurs et réalisateurs, uniquement sur demande préalable pour ce dernier): http://www.salonducinema.com .

    Le film de la semaine (vu par « In the mood for cinema »):  "Reviens-moi" (“The atonement”)  de  Joe Wright.

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    Ce film a été présenté en avant-première au Festival du Film Britannique de Dinard 2007. à l'occasion duquel je vous avais déjà parlé de ce film:

    Un long et magistral plan séquence sur la plage de Dunkerque de "The Atonement" (l' Expiation en français qui sort sous le tire "Reviens-moi", plus attractif sans doute...mais moins intéressant au regard de ce qui constitue l'intérêt principal du film) de Joe Wright,marque une rupture de rythme dans ce mélo comme on n’en fait plus dont la seconde partie ne tient malheureusement pas les promesses de la première,  romanesque à souhait, d’une incandescence réjouissante,  dont le souffle épique et entraînant  ne tient malheureusement pas la longueur. Un film sur un amour contrarié, sur les rapports troublants entre art et vérité, dont la forme épouse intelligemment le fond.

    Les autres films à l'affiche cette semaine (que je n’ai pas encore vus, je vous parle très bientôt du film de Sean Penn) :

    “Détention secrete” de Gavin Hood

    “Into the wild” de Sean Penn

    “30 jours de nuit » de David Slade

    « Les yeux bandés » de Thomas Lilti

    « Le tueur » de Cédric Anger

    « Dancing Queens » de Darren Ashton

    « L’homme qui marche » de Aurélia Georges

    « Vitus, l’enfant prodige » de Fredi M.Murer

    « La porte de l’enfer » de Teinosuke Kinugasa

    « Garage » de Lenny Abrahamson

    « L’île » de Pavel Lounguine

    « Death note” the last name 1 and 2

    « Sub » de Julien Loustau

    L’info box office de la semaine

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    (Source : Le Parisien)

    « It’s a free world » de Ken Loach que je vous recommandais la semaine dernière, a fait un bon démarrage et a  totalisé 139576 entrées dans 116 salles entre mercredi et dimanche dernier…alors que le très contesté « Je suis une légende »  a attiré 2486699 spectateurs en près de 3 semaines.

    L’info bloguesque de la semaine

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    Après TV5 la semaine dernière, cette semaine c’est « Le Salon du Cinéma » qui recommande « In the mood for cinema » sur son site.

     Je vous rappelle que si vous souhaitez être régulièrement informés de l’actualité de ce blog, vous pouvez vous inscrire au fil rss de ce blog, à la newsletter mais aussi désormais à la page  facebook d’In the mood for cinema, d’In the mood for Cannes ou des Inconditionnels du Festival du Cinéma Américain de Deauville.

    L’info scénaristique de la semaine

    La grève des scénaristes américains se poursuit et solidaires des scénaristes toujours en grève les acteurs ont décidé de boycotter la cérémonie des Golden Globes qui devait se dérouler le 13 janvier prochain.

    Sandra.M

  • In the mood for news 13 : semaine du 02.01.2008

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     Cette nouvelle année de pérégrinations festivalières et cinématographiques commencera avec le Salon du Cinéma dont ce sera la deuxième édition qui aura lieu du 18 au 20 janvier prochain, porte de Versailles (hall 6) à Paris.

     « In the mood for cinema » sera bien sûr présent pendant tout le Salon pour vous le relater.

    Cette année, la programmation s’est considérablement étoffée et le salon s’enrichit d’un espace réservé aux professionnels.

    Les parrains de cette édition 2008 sont Jean-Jacques Annaud et Vladimir Cosma.

    Trois thèmes principaux seront cette année à l'honneur: la Nouvelle Vague, la comédie et la musique de film qui fête ses 100 ans.

    Parmi toutes les animations proposées (pour tous, accrédités professionnels et public) vous pourrez : réaliser votre film (un studio de tournage sera mis à disposition du public), assister à des conférences, participer à des ateliers, assister à des hommages à De Funès et Charlie Chaplin, assister  à des ciné-concerts, assister à des leçons de musique avec Vladimir Cosma, Gabriel Yared, assister  à des  rencontres avec les plus grands compositeurs de musiques de films donc, assister  à des rencontres avec des acteurs, réalisateurs et équipes de films (Francis Huster, Alain Corneau, Robert Guédiguian , Bertrand Tavernier, l’équipe du film « Tu peux garder un secret » d’Alexandre Arcady avec notamment Juliette Arnaud et Pierre Arditi, mais aussi les parrains de l’édition 2008 Jean-Jacques Annaud et Vladimir Cosma…), assister aux leçons de cinéma des César données par des professionnels récompensés de César techniques, assister à des lectures de scénarii mythiques par de jeunes acteurs , assister à  des projections des courts métrages sélectionnés pour les César 2008,  voir des bandes annonces inédites, découvrir et comprendre les métiers du cinéma, assister à des cours sur les enjeux actuels de l’industrie cinématographique, assister à des projections, voir des expositions, assister à des animations diverses (cascades, maquillages, bruitage, dressage, effets spéciaux décors, making of)…

    La grande nouveauté et le grand intérêt cette année, c’est donc la création de l’espace professionnel avec lounge bar à idées, forum pro, ciné consulting,  ciné connexion pour les nouveaux talents, avec au programme plus de 60 séances d’ateliers sur des questions juridiques, financières ou techniques (et possibilité apparemment d’assister à deux ateliers au plus par badge professionnel). Pour ces ateliers il faut vous inscrire dès à présent, une fois que votre accréditation professionnelle vous sera accordée. Vous pouvez remplir votre dossier dès maintenant sur le site internet du Salon : http://www.salonducinema.com

    Je vous reparle de ce Salon très bientôt et bien sûr a fortiori du 18 au 20 janvier. Une manifestation idéale pour plonger « in the mood for cinema » pour ceux qui en rêvent, pour ceux qui y travaillent,  pour les cinéphiles, les spectateurs, les professionnels… Espérons juste qu’en voulant satisfaire tout le monde le salon ne finira pas par satisfaire personne. Souhaitons leur bonne chance, l’initiative est louable…

    Badges professionnels pour 3,5 jours (sur demande): 70 euros par internet/50 euros sur place (40 euros pour les intermittents). 1,5 jours: 19 euros (14 euros pour les intermittents).  Badge Ciné Connexion: 40 euros (uniquement sur préinscription): http://www.badgeonline.net/sdc2008/(S(iawepc45v3frbg20hwirhbme))/choix_pro.aspx

    Badges public: voir ici: http://www.badgeonline.net/sdc2008/(S(a3t4ju55u4cec1y02a1tll45))/form.aspx : entre 4 et 10 euros selon les réductions. Le prix des places réservées par internet est moin élevé.

    Le film "in the mood" de la semaine: "It's a free world" de Ken Loach

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    Dans les salles, c’est par le film de Ken Loach que débute cette année 2008. Un titre en trompe l’œil, « It’s a free world », un film cruel, efficace, dont je vous ai déjà parlé lors du dernier Festival du Film Britannique de Dinard 2007 où il était présenté en avant-première (voir mon article ici), un film qui vous bousculera, Ken Loach plus sombre et efficace que jamais se place cette fois du côté des oppresseurs et c’est plus efficace que n’importe quel discours politique... Le premier grand film de cette année 2008 à voir absolument.

    Sandra.M

  • Messages personnels et collectifs, singuliers et "universels", en bref : bonne année « in the mood for cinema »

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                                                                       Quelque part, dans la blogosphère, in the mood, le 30.12.2007

                                                      Cher lecteur « in the mood for cinema »,

    J'avais envie d'être un peu familière  et "personnelle" aujourd'hui, d'employer ce tutoiement qui m'est habituellement si compliqué. Ce n'est pas tous les jours la fin de l'année (2007 de surcroît).  Cher lecteur, je pourrais te parler de 2007 qui égrène ses dernières secondes, et qui les égrènera, quoiqu’il arrive, de ce qu’il en restera demain ou après-demain, de ce qu’il en reste déjà, d’instants volés au temps qui passe, impitoyable, et à l’oubli, menaçant, d’une année riche de souvenirs, bigarrés,  d’émotions, fortes et fragiles, de cinéma, presque toujours étonnant, pour moi encore et toujours et plus que jamais fascinant, de cinéma d’hier et de demain, d’ici et d’ailleurs, de 52ba68eb4eaddb0960fc2ad7b2d3761c.jpgfestivals, d’ici et d’ailleurs aussi, des feux de la rampe, de Chaplin et pas seulement, de tant de tapis rouges foulés, mine de rien, ou mines de rien aussi, n'en suis pas dupe, de jonglages avec les mots, de tant de kilomètres parcourus, kilomètres de pellicules et pas seulement (j’aime bien « pas seulement », tu as raison), de rencontres inénarrables (j’aime bien « inénarrables » aussi, c’est bien de ne pas tout pouvoir raconter), d’instants magiques, indélébilesinattendus, insolites, enrichissants, insensés, de rencontres cinéphiliques et intemporelles, de belles retrouvailles, de l'amnésie: blessure assassine,  de rêves qui renaissent envers et contre tout, tous, moi, de rêves qui s'esquissent, prennent forme réelle et pourtant onirique (j'espère t'en parler bientôt "in the mood"), de hasards et coïncidences que ni le cinéma ni Lelouch  n’oseraient inventer, de toutes ces histoires que j’ai inventées et à inventer et qui m’étourdissent et me guident et m’électrisent, de bouteilles à la mer, à l’Atlantique, de mots sublimes ou que le temps sublime qui portent « mon personnage » envers et contre tout, même l’Atlantique (le reste aussi: je sais), et pour toujours, de scénarios qui prennent forme et bientôt vie,  de la vie, de ma vie qui ressemble à un scénario imprévisible et cruel et magnifique, de la cruauté et la beauté et l’ironie du destin, de cd811054c81e946adb97d56b4e111744.jpgla vie qui joue aux montagnes russes, de cette fureur de vivre, de l’étincelante et insondable mélancolie. Je pourrais te parler, cher lecteur, de musiques de 2007, de mon 2007, de "Hallelujah", de "Deauville sans Trintignant" de l’autre côté de la Seine, si loin, si proche, , de "With or without you", de "mots bleus", de Cohen (Léonard, même si je pourrais aussi te parler d’Albert que j’aime beaucoup), de Delerm,  de U2, de Christophe et sa démarche dégingandée ( tu peux rire, j’assume, l’éclectisme et la beauté de l’instant qui ne surgit pas toujours quand et où on l’attend)  autant de musiques échos à des instants sublimes et fragiles et sublimes parce que fragiles, gravés dans ma mémoire versatile et exigeante et harassante, avide de magnificence. Laisser 2007, sans regrets ni remords malgré et grâce à tout cela, juste les souvenirs brillants, aller vers 2008 avec l'énergie, débordante, de l'espoir...

    Mais je préfère te parler de demain, de 2008, de tant d’autres rêves à faire,  de tant d'autres mots à faire danser aussi en un tango sensuel ou en un rock effréné,  de mes rêves un peu fous, tout ce que je te souhaite, d’avoir toujours des rêves à faire, même, surtout, un peu fous, même blessé. D'éviter les regrets, les remords, cette année encore. Les miens, de rêves un peu peu fous, j’espère t’en parler, un peu, bientôt. En attendant, la route est sinueuse, semée d’embûches et de doutes, nécessaires, salutaires, escarpée, trépidante, exaltante, éprouvante parfois, inlassables assaillants, mais avant tout passionnante. Et puis te souhaiter de toujours t’émerveiller. J’en connais tellement qui ont cessé, déjà. C’est plus simple, c’est vrai.  Sois curieux, de ce qui se passe sur l’écran, toujours magique, sur l’écran et pas seulement (« pas seulement », oui, je sais, encore). Mais surtout en restant fidèle à tes idéaux. Le plus difficile. Le plus périlleux. Quoiqu’il en coûte. Quoiqu’ils t’en disent. A ta liberté, à ton intégrité aussi, malgré les blasés et les cyniques: les fiers malheureux. Laisser le temps au temps. Leur laisser l'impatience (im)pitoyable. Et puis surtout, surtout de vibrer. De "te perdre dans ta passion plutôt que de vivre sans passion", toujours. Malgré tout. Vivre cette année passionnément, singulièrement. In the mood for cinema, évidemment.

    Et puis quelques clichés, très « clichés » assumés, pour bien commencer l’année, sur un soleil qui se lève, plein de promesses, à l’image de ce que je te souhaite pour cette année 2008, cher lecteur "in the mood", virtuel ou réel, à l’image de ce que je vous souhaite à tous chers lecteurs in the mood… Une musique ensorcelante, un lever de soleil envoûtant, des chevaux au galop grisés de liberté et grisants...il suffit de peu finalement non, pour sourire à l'année qui arrive, alors joliment prometteuse?

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    La Baule-Lever du soleil-Fin décembre 2007
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    La Baule- Lever du soleil- Fin décembre 2007

    Ce message de fin d'année en guise d'"In the mood for news" qui reprendront la semaine prochaine.

    J'en profite pour vous signaler que "In the mood for cinema" a eu le plaisir d'être séléctionné pour faire partie de la sélective blogosphère TV5. 

    Vous pouvez continuer à voter pour votre top ten de l'année 2007, (voir l'article ci-dessous).

    Sandra.M

  • Les films "in the mood" de l'année 2007

    Voici les 40 films que je vous ai recommandés cette année (et je persiste et signe!). Vous pouvez retrouver les critiques de chacun d'entre eux qui figurent toutes sur le blog (dans la rubrique "les films incontournables de 2007", colonne de gauche du blog, cliquez sur le titre du film sous l'affiche, dans la colonne en question, pour lire une critique) .

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    Les 40 films de l'année 2007 recommandés par "In the mood for cinema"

    « L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford » d’Andrew Dominik

    « Un secret » de Claude Miller

    « Le scaphandre et le papillon » de Julian Schnabel

    « Le rêve de Cassandre » de Woody Allen

    « La graine et le mulet » d’Abdellatif Kechiche

    « My blueberrry nights » de Wong Kar Wai

    « De l’autre côté » de Fatih Akin

    « Je suis un cyborg » de Park Whan-Wook

    « La nuit nous appartient » de James Gray

    « Chacun son cinéma », film

    « Once » de John Carney

    « Paranoïd park » de Gus Van Sant

    « Un baiser s’il vous plaît » d’Emmanuel Mouret

    « Après lui » de Gaël Morel

    « 7h58 ce samedi-là » de Sidney Lumet

    « Bobby » de Emilio Estevez

    « Boxes » de Jane Birkin

    « J’attends quelqu’un » de Jérôme Bonnell

    « La face cachée » de Bernard Campan

    « La vengeance dans la peau » de Paul Greengrass

    « La vie des autres » de Florian Henckel von Donnersmarck

    « La vie d’artiste » de Marc Fitoussi

    « Le deuxième souffle «  d’Alain Corneau

    « Le fils de l’épicier »d’Eric Guirrado

    « Le mariage de Tuya » de Wang Quan’an

    « Le rêve de Cassandre de Woody Allen »

    « Les chansons d’amour » de Christophe Honoré

    « L’avocat de la terreur » de Barbet Scrhoeder

    « Michael Clayton » de Tony Gilroy

    « Never forever » de Gina Kim

    « Once » de John Carney

    « Paranoïd park » de Gus Van Sant

    « Roman de gare » de Claude Lelouch

    « Souffle » de Kim Ki-Duk

    « Still life » de Jia Zhang Ke

    « Gone baby gone » de Ben Affleck

    Mes 10 films favoris de l'année 2007

    Et s'il fallait n'en retenir que 10?

    Le choix a été cornélien, bien d'autres ci-dessus auraient mérité d'y figurer. Certains sont fortement liés au moment où je les ai vus, aux souvenirs dont ils sont indissociables. Je les ai choisis pour le caractère exceptionnel de leur mise en scène et/ou interprétation et/ou scénario et/ou émotion et/ou photographie..., et je vous les recommande tous vivement et évidemment d'abord le premier d'entre eux qui réunit toutes ces qualités et bien d'autres encore: un poème, une métaphore, un film qui, je l'espère, entrera dans la légende comme celui dont il nous conte l'assassinat.

    1. Le chef d'oeuvre de l'année: "L'assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford" d'Andrew Dominic

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     (pour lire ma critique, voir la vidéo et les photos de la conférence de presse à Deauville, cliquez ici)

    2. L'adaptation la plus poignante et la passion de l'année: "Un secret" de Claude Miller

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    3. Le "crime et châtiments" de l'année, d'une noirceur savoureuse: "Le rêve de Cassandre" de Woody Allen

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    4. Le film le plus "in the mood" de l'année: "My blueberry nights" de Wong Kar Wai
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    5. La peinture des âmes de l'année, grave et légère : "J'attends quelqu'un" de Jérôme Bonnell
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    6. Le film le plus "costagavrassien" et la révélation de l'année : "La vie des autres" de Florian Henckel von Donnersmarck
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    7. Le documentaire de l'année, plongée passionnante et instructive dans l'Histoire du 20ème siècle à travers son mystérieux protagoniste: "L'avocat de la terreur" de Barbet Schroeder
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    8. La direction d'acteurs la plus époustouflante de l'année: "La graine et le mulet" d'Abdellatif Kechiche
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    9. Le polar lyrique et "parrain" de l'année: "La nuit nous appartient" de James Gray
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    10.  Le poétique hymne à la vie de l'année: "Le scaphandre et le papillon" de Julian Schnabel
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    Et vous? Quels sont vos 10 films favoris de l'année 2007? Ecrivez votre palmarès dans les commentaires ci-dessous.
    Vous pouvez également voter pour LE film de l'année dans le sondage situé au milieu, dans la colonne de droite du blog.
    Sandra.M
  • La clef de Guillaume Nicloux : une âpreté ostensible et ostentatoire

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     Hier, devant un de mes cinémas de prédilection, j’ai hésité entre les deux films que je n’ai pas encore vus, scrutant longuement les deux affiches pour me décider : entre « Si c’était lui » d’Anne-Marie Etienne et « La clef » de Guillaume Nicloux. Entre l’une sur laquelle Carole Bouquet est hilare. Et l’autre sur laquelle Guillaume Canet semble poursuivi par le diable et sur laquelle est écrit « Un fils doit-il payer pour les fautes de son père ? », laquelle affiche me rappelait d’ailleurs étrangement celle de « Ne le dis à personne » (rappelez-vous il était déjà poursuivi par le diable), l’affiche n’est d’ailleurs pas le seul point commun entre ces deux films. J’ai hésité entre l’ombre et la lumière.  Entre un film peut-être réussi mais dont le dénouement était prévisible (pas une critique, c’est simplement le principe même de la comédie romantique, qu’ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants) et un film dont l’âpreté l’était tout autant. Allez savoir pourquoi, la noirceur et son ambivalence m’ont davantage attirée. 

     Pour avoir vu un des deux précédents films de Guillaume Nicloux constituant cette « trilogie policière », je savais un peu à quoi m’attendre.  Un fils doit-il payer pour les crimes de son père donc ? Le fils c’est Eric Vincent (Guillaume Canet) dont la femme (Marie Gillain) aimerait justement en avoir un (fils donc). Un inconnu (Jean Rochefort) l’appelle pour qu’il vienne récupérer les cendres de son père qu’il n’a jamais connu. Tandis qu’un père, détective privé de son état déjà présent dans « Une affaire privée », François Manéri, (Thierry Lhermitte) recherche sa fille (Vanessa Paradis) la seule à pouvoir le sauver de sa maladie incurable, laquelle va justement se retrouver sur la route périlleuse d’Eric Vincent. A cela s’ajoute, 30 ans plus tôt, l’enquête de Michèle Varin (Josiane Balasko), commissaire de police, protagoniste de « Une affaire privée », qui enquête sur un brutal assassinat dont la naissance non moins brutale d’Eric Vincent s’avèrera être la conséquence… et autour de laquelle tourne la clef du mystère.

    J’ai lu ça et là que l’intrigue était incompréhensible. Non. Elle mêle juste les temporalités par une habile (dé)construction. Le montage et la structure scénaristique sont d’ailleurs selon moi le grand atout de ce film, outre le fait qu’il confirme ce que nous savions déjà : Guillaume Canet adore courir dans les films. Accessoirement, il confirme qu’il est aussi un des meilleurs acteurs de sa génération. La caméra à l’épaule de Guillaume Nicloux, au plus près des visages, au plus près de l’angoisse, au plus près des stigmates du temps pour d’autres (les visages sont filmés sans artifices, aucun acteur n’a été maquillé…c’est parfois cruel), ne pardonne rien. Si certains jugent cette intrigue incompréhensible, c’est que nous sommes de plus en plus habitués au confort hypnotisant des récits formatés, cadenassés, ordonnés, habitués à zapper quand cela sort des sentiers battus et balisés. Seulement au cinéma on ne peut pas zapper. La caméra impitoyable de Guillaume Nicloux nous emprisonne avec Guillaume Canet, et ne nous laisse aucun répit. En refusant un père et un fils Eric Vincent va se retrouver avec les deux, écartelé entre son passé et son avenir, plongé dans une obscure histoire dont il ne soupçonne pas être la clef.

    D’après les dires des acteurs qui tournent avec lui Guillaume Nicloux a une méthode assez radicale, par exemple il ne dit ni moteur ni action et il impose, par ce biais et par d’autres, une certaine tension, palpable à l’écran tant les acteurs semblent souffrir au-delà de leurs rôles.  A force de vouloir nous plonger dans un univers obscur, à force de demander à ses acteurs d’avoir l’air paumés, à force de les rendre méconnaissables pour   qu’ils ressemblent le moins possible à des acteurs qui jouent mais le plus possible à des êtres ordinaires, rongés par le temps et l’angoisse, à force de noirceur et de souci de réalisme surlignés, Guillaume Nicloux montre (trop) ostensiblement ses intentions.

    Reste que Guillaume Canet nous transmet son angoisse d’homme ordinaire plongé dans une étrange et extraordinaire affaire, que Vanessa Paradis est une nouvelle fois d’une fragilité et d’une justesse saisissantes, que Marie Gillain est très crédible en épouse rongée par son désir d’enfant, et aveuglée, que Jean Rochefort est impérial, comme toujours. Thierry Lhermitte joue à être méconnaissable. (un petit air de Michael Douglas dans « King of California » non ?), Josiane Balasko à être déprimée et à ne surtout pas sourire. Un film qui oscille entre le ridicule de l’ostentatoire et l’angoissant.  Le ridicule de la violence abjecte (corps calciné, bébé volé dans le ventre de sa mère, ventres lacérés) et des visages filmés sans artifices. Le ridicule de la noirceur par l’odeur de la mort omniprésente (Deux malades incurables pour un seul film ça fait beaucoup non ?). L’angoisse par cette caméra oppressante.

     Comme s’il voulait  justifier la forme par le fond Guillaume Nicloux fait dire à Eric Vincent que « ce n’est pas le but mais le chemin qui compte ». Chemin inégal, sinueux et… malgré tout captivant. Un thriller sur la paternité et sur les vicissitudes du destin, aussi (non, non Guillaume Nicloux ne lorgne pas mais alors pas du tout du côté de Lelouch, les hasards et coïncidences ne suffisent pas à établir un parallèle, ceux de la scène de l’hôpital, là au contraire pas surlignés, sont au passage plutôt réussis) dont la clef n’est effectivement pas ce qui importe mais plutôt le chemin pour la trouver… Ce chemin-là en tout cas ne vous laissera probablement pas indifférents. Si vous n’avez pas peur de devoir attendre les 2H que dure le film pour revoir la lumière dans les reflets de la chevelure dorée de Vanessa Paradis, plus éclatante, après cette plongée nocturne,  pourquoi ne pas vous y hasarder, et puis, qui sait, peut-être se marièrent-ils (ah, non ils le sont déjà au début) et eurent-ils un fils ?

    Je vous aurai prévenus. Sinon, vous pouvez toujours aller voir « Si c’était lui »…

    Sandra.M

  • "La graine et le mulet" ou "Un baiser s'il vous plaît" : d'un Marivaux à l'autre

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    Pour certains, ce week end fut synonyme de frénésie d’achats, pour moi il fut synonyme de frénésie cinématographique. Loin des bousculades, des empoignades, des regards et des pas harassés. On ne va pas impunément dans certains cinémas. Certains sont des lieux de bien être, de recueillement presque. Si le Dieu cinéma existait son lieu de culte s’appellerait Arlequin ou Saint-Germain des Prés, là où les spectateurs ont les yeux qui brillent avant même que la séance ne commence, là on ne monte pas mais où on descend dans la salle , lieux mystérieux, salles obscures qui nous éclairent  sur le monde vers lesquelles on se fraie lentement un chemin en chuchotant respectueusement. C’est donc à l’Arlequin que j’ai vu « Un baiser s’il vous plait » et au Saint-Germain des Prés que j’ai vu «  La graine et le mulet » (ils sont toujours à l’affiche dans ces deux salles.)  Premier point commun : l’un et l’autre sont projetés dans des salles art et essai. Pas le seul d’ailleurs même si au premier abord il semblerait s’agir de films aussi différents que possibles.

    L’un, d’Emmanuel Mouret, « Un baiser s’il vous plait », commence par la rencontre fortuite de Gabriel (Michael Cohen) et Emilie (Julie Gayet). Emilie est parisienne en déplacement à Nantes, ils ne se reverront probablement jamais, tous deux ont des compagnons. Gabriel veut embrasser Emilie. Emilie hésite et pour qu’il comprenne son hésitation, elle lui en raconte la raison, l’histoire d’une femme mariée (Virginie Ledoyen) et du meilleur ami de celle-ci (Emmanuel Mouret) et les conséquences d’un baiser…

    L’autre, d’Abdellatif Kechiche, "La graine et le mulet" qui se déroule sur le port de Sète, nous conte l’histoire de Beiji, soixante et un an, père de cinq enfants, divorcé, licencié d’un chantier naval, qui, avec l’aide de sa belle-fille, Rym, une adolescente, décide de créer sa propre affaire : un restaurant sur un vieux bateau délabré. Le rêve qui va souder une famille. Le rêve d’une vie meilleure. Le rêve qu’il veut laisser à ses enfants.

    Bien sûr ces deux films ont aussi en commun la singularité de leurs titres, dans les deux cas ce autour de quoi tourne tout le film : le baiser d’un côté, la graine et le mulet, de l’autre. Mais pas seulement. Ce titre et ce qu’il désigne sont alors l’objet d’un suspense inattendu et incongru dans les deux cas. Ces deux films ont encore en commun d’avoir été présentés en compétition officielle du dernier Festival de Venise. Celui d’Abdellatif Kechiche est reparti avec trois récompenses : le prix de la critique internationale, le prix Marcello Mastroianni pour Hafsia Herzi (ô combien mérité), prix qui récompense un jeune talent, et le prix spécial du jury ex-aequo avec « I’m not there » de Tod Haynes. « La faute à Voltaire » d’Abdellatif Kechiche avait d’ailleurs déjà obtenu le lion d’or de la meilleure première œuvre au Festival de Venise 2000.

     « Un baiser s’il vous plaît » et « La graine et le mulet » ou plutôt Abdellatif Kechiche et Emmanuel Mouret ont également Marivaux en commun : l’un, l’a brillamment utilisé et remis en scène, dans « l’Esquive », l’autre nous parle de marivaudages, des jeux de l’amour et du hasard, de petits jeux a priori sans conséquences dans « Un baiser s’il vous plaît ». Mais leur principal point commun c’est la façon dont ils nous convainquent, nous envoûtent même, progressivement, (ce ne sont pas des univers dans lesquels on rentre immédiatement mais qui captivent peu à peu et subrepticement notre attention, sans recourir à des méthodes, non, mais avec un univers qui leur est propre) irréversiblement, pour aboutir l’un et l’autre à une fin mémorable. C’est tellement important le dénouement, la dernière note, le goût qui restera sur nos lèvres et dans nos yeux avides de spectateurs parfois exigeants… Que serait « Lost in translation » sans sa fin énigmatique ? Je repense aussi à un téléfilm récent, l’adaptation de « Guerre et paix » de Tolstoï, plutôt réussie d’ailleurs, mais dont les deux dernières minutes gâchaient les heures qui avaient précédées, plutôt réjouissantes, un insert qui indiquait de manière pour le moins déplacée « tout est bien qui finit bien ». Comme si le spectateur n’était pas capable de supporter une fin en demi-teinte, comme si le spectateur ne pouvait survivre sans happy end, comme si les spectateurs étaient des enfants qu’il fallait bercer d’illusions. J’ai rarement vu idée aussi ridicule et surtout aussi insultante pour le spectateur.

    Deux fins mémorables donc, deux fins que je ne vous raconterai donc pas mais qui justifient évidemment à elles seules d’aller voir ces deux films. Deux films à contre-courant du cynisme ambiant, du formatage ambiant, deux films qui donnent le temps au temps, le temps de dire (même très vite, même de manière très différente, très écrite pour l’un, très parlée pour l’autre, mais non moins travaillée et efficace), le temps de les écouter, le temps de laisser l’émotion s’installer, et non de la proclamer, l’ordonner. La semaine dernière, lors d’un séminaire sur le scénario, Olivier Lorelle (scénariste césarisé d’Indigènes) disait « il y a d’un côté les salles vides de sens et de l’autre les salles vides de spectateurs ». Eh bien non, la salle du Saint-Germain était pleine et la séance d’après aussi. Le public a besoin de sens, le public n’a pas toujours envie qu’on lui dicte ses émotions. Et le bouche à oreille ne s’y trompe pas.

    Ces deux films ont aussi en commun une direction d’acteurs remarquable. Et évidemment surtout celle d’Abdellatif Kechiche. Un modèle du genre. Epoustouflant. A tel point qu’on se sent presque gênés, voyeurs, oubliant qu’il ne s’agit pas d’un documentaire mais d’une fiction tant la vérité semble jaillir de chaque scène, de chaque parole, de chaque regard que la caméra semble surprendre et non précéder. Les scènes de repas sont saisissantes, la caméra guette le moindre signe de faiblesse, de doute, de tristesse qui passent, presque invisibles, dans la cohue et dans les mouvements frénétiques, et non moins judicieux, de la caméra qui scrute  et sculpte chaque visage. Tout le talent est dans le presque, dans la nuance, dans le non-dit, dans ce qui est suggéré. Ce brouhaha contraste avec les silences du personnage de Slimane dont le visage buriné, triste et noble trimballe avec lui une vie d’émotions et suscite la nôtre. Ami et collègue de chantier du père du cinéaste, Slimane (Habib Boufares) comme souvent chez Abdellatif Kechiche,  n’est pas un comédien professionnel mais non moins exceptionnel et bouleversant. A l’inverse Emmanuel Mouret a choisi uniquement des comédiens professionnels.

    Tous deux ont cependant encore cela en commun : leur style imprègne le fond et la forme, très rohmerien ou même truffaldien pour Emmanuel Mouret (dont le personnage maladroit est une sorte de mélange d’Antoine Doinel et Pierre Richard), Abdellatif Kechiche,lui, même si son cinéma ne ressemble à aucun autre, lorgne plutôt du côté de Pialat. Forme vivante et frénétique chez Abdellatif Kechiche. Théâtralisée, ludique et burlesque, chez Emmanuel Mouret. Mais au fond, chez l’un comme chez l’autre la preuve d’une grande liberté.  La mise en abyme structurée, les décors aseptisés sur lesquels plane l’ombre de Schubert (je ne résiste jamais à Schubert…) sont aussi éloignés que possible de ceux du film d’Abdellatif Kechiche imprégné de documentaire dans le fond comme dans la forme. Et pourtant dans les deux cas on se laisse embarquer. L’un et l’autre nous parlent du destin. D’actes a priori insignifiants et anodins qui peuvent devenir cruciaux.  L’un et l’autre nous donnent envie de saisir chaque seconde, d’embrasser, de désirer même la vie : un désir de vie dont les deux fins sont emblématiques.

    Abdellatif Kechiche signe un hymne à la solidarité, nous parle du droit à la différence, sans revendiquer (on aurait pu craindre, au regard des premières minutes, d’ailleurs très réussies, un discours militant sur la précarité de l’emploi mais non Abdellatif Kechiche est trop intelligent et doué pour tomber dans la revendication ostentatoire), non, mais comme on nous conterait une comptine sauf que celle-là ne nous endort pas mais nous maintient éveillés, nous réveille aussi, si bien que les 2H30 dont on pense au début qu’elles seront interminables paraissent trop courtes tant nous aurions aimé rester avec ces personnages attachants, palpitants de vie.

    « La graine et le mulet » est un film énergique et fiévreux, solaire et sombre, étourdissant de vie à l’image de sa jeune interprète principale qui, notamment dans un plan séquence où elle tente de convaincre sa mère ( de quoi, je vous laisse découvrir) fait passer une multitude d’émotions avec un brio déconcertant et rarement vu au cinéma. De même que le duo singulier qu’elle forme avec Slimane donne lieu à des scènes toujours bouleversantes, Slimane, tellement touchant, qui se raccroche à son regard notamment lors de leurs démarches administratives face à des banquiers, fonctionnaires…, plus vrais que nature. Il faudrait parler de tant d’autres scènes encore où le rire et les larmes, la lâcheté et le courage se confondent, où la tristesse et la drôlerie affleurent.

    Aucun personnage n’est négligé mais existe. Abdellatif Kechiche n’a pas son pareil pour,  dans un geste esquissé, traduire la vanité ou l’humanité, le ridicule ou le sublime : la comédie humaine.

     Ce n’est pas un film militant mais un film vivant. C’est juste et tellement la vie. Un tourbillon de vie qui m’a bouleversée, qui ne vous laissera pas indemne, qui ne peut vous laisser indemne, qui vous bouscule et vous emmène dans sa danse échevelée.  Et puis cette fin, cette fin, danse de mort et danse de vie qui s’enlacent et se répondent magnifiquement et tragiquement, fin sensuelle et terrible, belle et douloureuse, troublante et poignante, inoubliable : SUBLIME. Le grand film d’un très grand directeur d’acteurs. A ne manquer sous aucun prétexte !

     Et si vous aussi avez envie d’une frénésie de cinéma, plutôt que d’achats, allez voir ensuite « Un baiser s’il vous plait » dont l’exquise fin vous laissera un goût délicieux et vous fera quitter la salle un peu « lost in translation » tant Emmanuel Mouret parle une langue bien à lui, presque étrangère, en tout cas singulière…  Cette semaine vous n’aurez donc aucune excuse pour ne pas plonger « in the mood for cinema » !

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    Sandra.M
  • "La nuit nous appartient" de James Gray

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    La nuit nous appartient. Voilà un titre très à-propos pour un film projeté en compétition officielle au dernier Festival de Cannes.  Cannes : là où les nuits semblent ne jamais vouloir finir, là où les nuits sont aussi belles et plus tonitruantes que les jours et là où les nuits  s’égarent, délicieusement ou douloureusement, dans une profusion de bruits assourdissants, de lumières éblouissantes, de rumeurs incessantes. Parmi ces rumeurs certaines devaient bien  concerner ce film de James Gray et lui attribuer virtuellement plusieurs récompenses qu’il aurait amplement méritées (scénario, interprétation, mise en scène...) au même titre que « My blueberry nights », mon grand favori, ou plutôt un autre de mes grands favoris du festival, l’un et l’autre sont pourtant repartis sans obtenir la moindre récompense…

    Ce titre poétique (« We own the night » en vo, ça sonne encore mieux en Anglais non ?)  a pourtant une source plus prosaïque qu’il ne le laisserait entendre puisque c’est la devise de l’unité criminelle de la police de New York chargée des crimes sur la voie publique. Ce n’est pas un hasard puisque, dans ce troisième film de James Gray ( « The Yards » son précèdent film avait déjà été projeté en compétition au Festival de Cannes 2000)  qui se déroule à New York, à la fin des années 80,  la police en est un personnage à part entière.  C’est le lien qui désunit puis réunit trois membres d’une même famille :  Bobby Green (Joaquin Phoenix), patron d’une boîte de nuit appartenant à des Russes, à qui la nuit appartient aussi, surtout,  et qui représentent pour lui une deuxième et vraie famille qui ignore tout de la première, celle du sang, celle de la police puisque son père Burt (Robert Duvall) et son frère Joseph (Mark Walhberg) en sont tous deux des membres respectés et même exemplaires. Seule sa petite amie Amada (Eva Mendes), une sud américaine d’une force fragile,  vulgaire et touchante, est au courant. Un trafic de drogue  oriente la police vers la boîte détenue par Bob, lequel va devoir faire un choix cornélien : sa famille d’adoption ou sa famille de sang, trahir la première  en les dénonçant et espionnant ou trahir la seconde en se taisant ou en consentant tacitement à leurs trafics. Mais lorsque son frère Joseph échappe de justesse à une tentative d’assassinat orchestrée par les Russes, le choix s’impose comme une évidence, une nécessité, la voie de la rédemption pour Bobby alors rongé par la culpabilité.

    Le film commence vraiment dans la boîte de nuit de Bobby, là où il est filmé comme un dieu, dominant et regardant l’assemblée en plongée, colorée, bruyante, gesticulante, là où il est un dieu, un dieu de la nuit. Un peu plus tard, il se rend à la remise de médaille à son père, au milieu de la police de New York, là où ce dernier et son frère sont des dieux à leur tour, là où il est méprisé,  considéré comme la honte de la famille, là où son frère en est la fierté, laquelle fierté se reflète dans le regard de leur père alors que Bobby n’y lit que du mépris à son égard. C’est avec cette même fierté que le « parrain » (les similitudes sont nombreuses avec le film éponyme ou en tout cas entre les deux mafias et notamment dans le rapport à la famille) de la mafia russe, son père d’adoption, regarde et s’adresse à Bobby. Le  décor est planté : celui d’un New York dichotomique, mais plongé dans la même nuit opaque et pluvieuse, qu’elle soit grisâtre ou colorée. Les bases de la tragédie grecque et shakespearienne, rien que ça, sont aussi plantées et même assumées voire revendiquées par le cinéaste, de même que son aspect mélodramatique (le seul bémol serait d’ailleurs les mots que les deux frères s’adressent lors de la dernière scène, là où des regards auraient pu suffire...)

    Les bons et les méchants.  L’ordre et le désordre. La loi et l’illégalité. C’est très manichéen  me direz-vous. Oui et non. Oui, parce que ce manichéisme participe de la structure du film et du plaisir du spectateur. Non, parce que Bobby va être écartelé,  va évoluer,  va passer de l’ombre à la lumière, ou plutôt d’un univers obscur où régnait la lumière à un univers normalement plus lumineux dominé par des couleurs sombres. Il va passer d’un univers où la nuit lui appartenait à un autre où il aura tout à prouver. Une nuit où la tension est constante, du début et la fin, une nuit où nous sommes entraînés, immergés dans cette noirceur à la fois terrifiante et sublime, oubliant à notre tour que la lumière reviendra un jour, encerclés par cette nuit insoluble et palpitante, guidés par le regard lunatique (fier puis désarçonné, puis déterminé puis dévasté de Joaquin Phoenix, magistral écorché vif, dont le jeu est d’ailleurs un élément essentiel de l’atmosphère claustrophobique du film). James Gray a signé là un film d’une intensité dramatique rare qui culmine lors d’une course poursuite d’anthologie, sous une pluie anxiogène  qui tombe impitoyablement, menace divine et symbolique d’un film qui raconte aussi l’histoire d’une faute et d’une rédemption et donc non dénué de références bibliques. La scène du laboratoire (que je vous laisse découvrir) où notre souffle est suspendu à la respiration haletante et au regard de Bob est aussi d’une intensité dramatique remarquable.

     « La nuit nous appartient », davantage qu’un film manichéen est donc un film poignant constitué de parallèles et de contrastes (entre les deux familles, entre l’austérité de la police et l’opulence des Russes,-le personnage d’Amada aussi écartelé est d’ailleurs une sorte d’être hybride, entre les deux univers, dont les formes voluptueuses rappellent l’un, dont la mélancolie rappelle l’autre- entre la scène du début et celle de la fin dont le contraste témoigne de la quête identitaire et de l’évolution, pour ne pas dire du changement radical mais intelligemment argumenté tout au long du film, de Bob) savamment dosés, même si la nuit brouille les repères, donne des reflets changeants aux attitudes et aux visages.  Un film noir sur lequel plane la fatalité :  fatalité du destin, femme fatale, ambiance pluvieuse. James Gray dissèque aussi les liens familiaux, plus forts que tout : la mort, la morale, le destin, la loi.

     Un film lyrique et parfois poétique, aussi : lorsque Eva Mendes déambule nonchalamment dans les brumes de fumées de cigarette dans un ralenti langoureux, on se dit que Wong Kar-Wai n’est pas si loin... même si ici les nuits ne sont pas couleur myrtille mais bleutées et grisâtres. La brume d’une des scènes finales rappellera d’ailleurs cette brume artificielle comme un écho à la fois ironique et tragique du destin.

     C’est épuisés que nous ressortons de cette tragédie, heureux de retrouver la lumière du jour, sublimée par cette plongée nocturne. « La nuit nous appartient » ne fait pas  partie de ces films que vous oubliez sitôt le générique de fin passé (comme celui que je viens de voir dont je tairai le nom) mais au contraire de ces films qui vous hantent, dont les lumières crépusculaires ne parviennent pas à être effacées par les lumières éblouissantes et incontestables, de la Croisette ou d’ailleurs…

    Pour une critique vraiment détaillée et approfondie de ce film, je vous recommande la lecture du blog « Boulevard du cinéma ».

    Sandra.M