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cinema - Page 271

  • In the mood for Cannes

    medium_ans.JPGAlors que nous venons d’apprendre que Diane Krüger présentera les cérémonies d’ouverture et de clôture du prochain Festival de Cannes qui se déroulera du 16 au 27 Mai prochain,  mon accréditation professionnelle pour cette très attendue 60ème édition vient de m’être confirmée.

    Je serai donc de nouveau à Cannes, pour vous livrer mes impressions sur ce festival, sur les films en compétition,  mais aussi sur les sélections parallèles, les avant-premières et autres leçons de cinéma  avec une grande nouveauté cette année puisque à cette occasion je vais créer un blog uniquement consacré à ce festival dont j’ai l’intention de faire une véritable plate-forme collaborative et unique consacrée au festival, une véritable mine d’informations à ce sujet aussi, mais je vous en reparlerai plus longuement prochainement.

    medium_asia.2.JPGAvant Cannes, ce sera le Festival du Film Asiatique de Deauville qui se déroulera du 28 Mars ou 1er Avril prochain où je serai également pour vous le relater.

    En attendant vous pouvez toujours vous plonger dans mon compte-rendu du Festival d’ Annonay ou dans mes comptes-rendus des précédentes éditions des Festivals de Cannes et Deauville. Par ailleurs toutes les suggestions seront les bienvenues quant à vos attentes au sujet de ce futur blog.

    LIENS

    Site officiel du Festival de Cannes

    Site officiel du Festival du Film Asiatique de Deauville

    Lien permanent Imprimer Catégories : FESTIVAL DE CANNES 2007 Pin it! 15 commentaires
  • Le "vrai" cinéma est "ailleurs" au 24ème Festival International du Premier Film d’Annonay:compte-rendu

    • medium_fest2007_large.3.jpgAlors qu’un film monopolise la sphère médiatique, la Môme d’Olivier Dahan (mais est-ce nécessaire de le citer ?), à Annonay vient de s’achever la 24ème édition du Festival International du 1er Film où j’étais membre du jury. Probablement n’avez-vous pas entendu parler de ce festival…et c’est bien dommage. C’est bien dommage parce que sous nos yeux de cinéphiles à la curiosité et l’enthousiasme insatiables ont émergé des cinéastes, des vrais qui, contre vents et marées, se battent pour faire entendre leur voix, évidemment moins résonante, mais non moins percutante, que celle d’Edith Piaf. Là-bas, dans le silence. Loin du vacarme médiatique.  
    • Avant de vous conter ces 4 magnifiques journées, revenons donc en quelques mots, quelques mots seulement (tant, trop d’encre ayant déjà coulé sur ce sujet) sur ce film (presque ?) unanimement annoncé comme un chef d’œuvre. Mardi soir avait lieu la dernière avant-première  de La Môme à l’UGC Ciné Cité les Halles présentée par l’équipe du film, visiblement harassée à tel point qu’Olivier Dahan n’a pas daigné adresser un seul mot au public si ce n’est pour préciser qu’il était trop fatigué pour le faire. Puis 2H20 de cris, de medium_mome.JPGlarmes, de colère, d’un visage ravagé. 2H20 harassantes. Le spectateur est pris en otage : il faut qu’il pleure, qu’il compatisse. Les affres de la création et de la drogue et de l’alcool et de la maladie et de la mort de sa grande passion et de son visage attendrissant d’enfant mal aimée et un coucher de soleil mais  que vient-il donc faire là celui-là ? Ah oui: cristalliser l’émotion à tout prix. Et la musique évidemment. Alors, certes, la musique d’Edith Piaf, sublime complainte mélancolique apporte force, intensité, lyrisme, flamboyance à ce biopic. Forcément. Alors, certes, les construction, déconstruction, reconstruction, traduisent les souvenirs forcément parcellaires de Piaf à la fin de sa vie. Le montage, donc très habile, vous emporte dans son tourbillon vertigineux sans vous laisser le temps de respirer et surtout de penser. Alors, certes, il y a ce sublime et déchirant plan séquence de six minutes lorsque Edith apprend la mort de Marcel.  Certes Marion Cotillard imite les gestes, fait du play back à la perfection, se donne sans compter (quoique je me suis demandée si Edith Piaf avait vraiment la voix d’ET  quand elle parlait?), de même que Clotilde Courau (dommage qu’elle ne tourne pas davantage). Certes, enfin, c’est une medium_piafbis.JPGmagnifique bande annonce pour tous les produits dérivés estampillés Piaf déjà dans les rayons avant la sortie du film.  Mais est-ce cela vraiment le cinéma ? Qu’on nous dicte nos choix, qu’on nous prenne par la main, qu’on nous assiste ? J’aime la liberté. D’aimer ou de ne pas aimer. De laisser mon imagination vagabonder. Là, nous n’en avons ni le temps ni l’opportunité. Aller à l’essentiel (mais ne peut-il être aussi dans le superflu ?). Pas de place pour le silence. La musique est omniprésente. Les images sont hypnotiques. La caméra nous emprisonne. Trop de larmes et d’émotions tuent l’émotion, la mienne en tout cas, pourtant toujours si prompte à se manifester. Il est rare que sur ce blog je fasse part de mon mécontentement, préférant laisser cela à d’autres et partager mon enthousiasme, mais je reste perplexe devant l’unanimisme suscité par ce film et j’aimerais comprendre... alors que tant d’autres films, eux magnifiques (La vie des autres par exemple, premier film extrêmement maîtrisé dont je vous reparle bientôt) sortent dans une quasi indifférence, je me demande si’ l’esprit critique, vraiment libre, existe encore !  Alors quoi ? La crainte de critiquer un monument comme Edith Piaf ? Mais ne pas aimer son biopic n’empêche pas de savourer sa musique et de reconnaître son incontestable talent (ce qui est mon cas) ? L’impact des chaînes de télévision ? Le consensualisme ? Une société impatiente, consumériste qui ne prend plus le temps. D’analyser. De la distance.  De se laisser prendre par une émotion subreptice et non tapageuse.

    medium_train.JPGJe l’ignore mais je préfère laisser la question en suspens pour évoquer un autre film, celui, empreint d’une indéfinissable magie, que j’ai vécu pendant ces 4 jours à Annonay. Cannes, Deauville, Cognac, Dinard, Paris,  Cabourg … peu importe le lieu, chaque festival est une expérience unique. Une savoureuse irréalité. Je l’avoue, pourtant : à  quelques heures du départ, je me demandais ce que j’allais fabriquer dans ce village de l’Ardèche, là où a été tourné L’homme du train et là où il n’y pas de gare, un village connu des seuls initiés en montgolfière et des cinéphiles plus qu’avertis. C’était oublier que je n’étais pas la seule protagoniste de l’histoire. C’était oublier que 8 autres cinéphiles avaient emprunté la même route serpentée pour faire partie de ce jury et arriver à Annonay. Enivrante angoisse de l’inconnu. Elle est là aussi la magie du cinéma : réunir des inconnus autour d’une même dévorante passion, les débarrasser de tout préjugé, et leur donner l’impression de se connaître depuis toujours, le sentiment partagé de rencontres uniques et marquantes, l’envie de continuer ces débats aussi exaltés qu’exaltants. Un moment hors du temps, à la fois si réel et vivant, irréel aussi.

    medium_crime2.2.JPGPuis, vient l’heure du film d’ouverture au cinéma Les Nacelles, déjà une invitation à l’envol, au voyage vers un ailleurs rêvé. La première projection était celle du président de notre jury, Manuel Pradal, son troisième long métrage aussi, Un crime déjà présenté en avant-première au dernier Festival du Cinéma Américain de Deauville à l’occasion duquel je vous l’avais d’ailleurs déjà recommandé, une histoire coécrite par Manuel Pradal et Tonino Benacquista. Un homme, Vincent, (Norman Reedus) a perdu le goût de la vie depuis l’assassinat de sa femme. Sa voisine, de sa « fenêtre sur cour » Alice (Emmanuelle Béart) est persuadée qu’elle le rendrait heureux. Alors elle décide de fabriquer un coupable, un chauffeur de taxi new-yorkais (Harvey Keitel) pour qu’il se venge et tourne la page.  Mais le coupable idéal n’existe pas…Le crime parfait non plus.  Avant tout, ce film, noir indiscutablement, a une vraie « gueule d’atmosphère. » C’est là aussi son principal intérêt, les rebondissements pourtant parfois abracadabrantesques étant finalement secondaires, favorisent la linéarité du récit  et ne nuisent nullement à la jubilation que procure ce film, une jubilation avant tout suscitée par la confrontation judicieuse entre Emmanuelle Béart (femme fatale, impressionnante de fragilité mais aussi de passion déterminée) et Harvey Keitel. Dès sa première apparition, derrière les barreaux d’une prison, indolente, mystérieuse, avec le regard sauvage d’un animal blessé mais aussi défiant et résolu d’un fauve en cage, Emmanuelle Béart happe la caméra comme elle le fera avec sa proie, et elle ne la et ne nous lâchera plus jusqu’à la dernière seconde. Un crime est donc plus et avant tout un film de personnages,  trois personnages  prêts à tout par amour.  A tout oublier. A tout accepter. A se perdre. A dériver. A tomber dans un gouffre dont Brooklyn est le sombre et non moins magnifique reflet : à la fois inquiétant et fascinant. L’histoire n’a alors plus vraiment d’importance. L’intérêt réside dans l’ambiguïté des sentiments et de ce face à face d’une âpreté ensorcelante, saisissant, sensuel, carnassier même et dans cette atmosphère nocturne des rues sombres et menaçantes, des bars enfumés et énigmatiques de New York, cadre oppressant, rythmé par la musique discrète et non moins essentielle d’Ennio Morricone. Tel le boomerang le passé revient toujours en pleine figure. Je n'en révèlerai pas plus. On se laisse volontiers embarquer dans ce New York fantomatique et mystérieux avec cette femme qui aime à la folie, faisant fi de toute morale et de toute raison.  Avec cet homme trouble et troublant qui se laisse capturer. Ils jouent avec le feu, consumés par une passion destructrice. A l’image du  spectacle de danse et de feu qui a lieu dans le bar où se rencontrent Alice et le chauffeur de taxi, c’est un film incandescent et brûlant, un conte (« Alice » au pays des merveilles obscures) d’une noirceur romantique qui réfute toute tiédeur et ne pourra vous laisser de glace!

    Si Annonay a chaque année un thème pour leitmotiv, cette année le road movie, le véritable temps fort de ce festival est la compétition de premiers films n’ayant pas encore de distributeur, la raison de notre présence, nous l’aurions presque oublié. Je précise que cet avis n’engage que moi et pas les autres membres du jury et ne remet aucunement en cause le palmarès et nos longues et palpitantes heures de délibération.

    medium_vie_ailleurs.JPGCeci étant, je tiens à vous parler d’abord et avant tout d’un film à l’image de ces 4 jours, intitulé La vraie vie est ailleurs, un film suisse réalisé par Frédéric Choffat.

    Gare de Genève. Une femme va à Marseille donner une conférence. Un homme court à Berlin découvrir son enfant. Une jeune femme part vivre à Naples. Et quand l’autre s’invite sur le siège d’en face, une réalité nouvelle peut surgir. Trois rencontres, trois histoires de vie qui basculent sur un quai de gare.

    Qui n’a pas une anecdote dans un train ou une gare ? Quel lieu plus propice au surgissement de l’imprévu, de l’inconnu, du singulier dans une existence  que celui de tous ces destins qui se frôlent, de toutes ces vies entre parenthèses, de tous ces regards qui se croisent, s’esquissent ou s’esquivent furtivement? Peu importe le lieu. Seul ce qui s’y déroule compte. Cela peut se dérouler à Annonay où neuf routes se rejoignent le temps d’un festival. Cela peut avoir lieu dans un train ou une gare. Dans tous les cas, les préjugés et les catégorisations volent en éclats. L’anecdotique aussi. L’instant est à la fois banal et crucial et la poésie parce que inattendue est sublimée par cette quotidienneté. Ces personnages sont tous entre deux moments, entre deux pays, en route vers un ailleurs redouté ou idéalisé. Ils n’ont pas de nom, pas de prénom. Leur histoire est singulière et universelle. Leurs solitudes se rencontrent et la même altérité débarque dans leurs habitudes. La vraie vie n’est pas ailleurs, même s’ils le croient, (ne le croit, craint-on pas toujours ?) mais bel et bien là sous nos yeux. Capturer ce reflet-là relève d’un talent incontestable. Grâce au regard d’une acuité sidérante du réalisateur. Grâce au jeu impeccable, aux accents de vérité époustouflants et à l’improvisation des acteurs, à l’image de ce long plan où, sur une musique italienne, la jeune femme passe de la tristesse, à la joie du retour, à la nostalgie, au regrets, à la réalité étouffante. Grâce au montage qui permet que chaque histoire se fasse subtilement écho. Grâce à l’attention portée aux gestes et aux regards qui semblent vibrer, exister, surgir sous nos yeux. Grâce à cette tension contenue où s’entrelacent rage et désir. De et contre l’autre. D’exister et contre l’existence. Grâce à cette maladresse  d’inconnus si proches et si lointains, qui paraît si réelle. La brièveté renforce l’intensité de leurs relations. Ils ne maquillent plus leurs émotions. C’est la vie sans fards. Parfois quelques heures, une seconde suffisent pour faire basculer une existence, ici une nuit blanche peut permettre de l’appréhender différemment. C’est une formidable bouffée d’oxygène, un huis clos haletant, bouleversant, dont on ressort, comme après ce festival, avec l’envie de saisir chaque seconde, de ne jamais oublier que comme le dit Molière (Romain Duris) dans le film éponyme de Laurent Tirard « rien n’est impossible ». Si Laurent Tirard le fait dire, Frédéric Joffat le montre dans chaque seconde du film. Cette fiction a  la force incomparable d’un documentaire sur la vraie vie et l’intensité poétique de la beauté éphémère qui surgit de l’inattendu et de l’inconnu. A l’image de ces 4 jours.  C’est dans La vraie vie est ailleurs que vous trouverez les résonances de l’existence, plus présente et prégnante que jamais.

    Deux autres films radicalement différents mais non moins intéressants ont émergé de cette compétition dont le niveau était d’ailleurs étonnamment élevé pour des premiers films n’ayant pas de distributeurs. C’est tout d’abord La part animale, le film français de Sébastien Jaudeau qui a obtenu le Prix spécial du jury, une adaptation du roman d’Yves Bichet. Etienne vient d’être embauché comme ouvrier dans une exploitation avicole moderne. Il est en charge de la reproduction des dindons. Peu à peu, au contact des bêtes, le regard qu’il porte sur l’humanité évolue.La part animale est une œuvre. Avec tout ce que cela peut impliquer. De radicalité. De point de vue. D’étrangeté. D’audace. Elle décontenance et malgré et à cause de cela force notre admiration. Le thème de l’animalité s’insinue dans le moindre fragment du film (jusqu’à l’excès : plans de sangliers, excès de références, notamment picturales, comme L’origine du monde de Courbet qui lui font frôler le didactisme et toujours en éviter l’écueil), se reflète dans le jeu des comédiens, dans leurs excès et leurs dérives. Tel le Rhinocéros de Ionesco, le dindon s’immisce partout.  L’animalité s’empare des comportements et les travestit, déteint sur l’existence et en fait ressortir la noirceur inavouable. En filigrane, un discours intéressant sur l’aliénation du travail, sur les effets pervers de la technique qui, si on n’y adhère pas forcément, n’en demeure pas moins intelligemment mise en scène malgré sa démonstration ostentatoire et revendicatrice. Une réalisation et un montage très maîtrisés, la photographie de Pierre Cottereau, des images qui vous hantent longtemps après la dernière minute du film contribuent à faire de cette part animale un film salutairement dérangeant. Pour ceux qui ne craignent pas de ne plus jamais voir les dindons et les petits pains de la même manière et de faire surgir la part animale qui est en eux.  A noter : Niels Arestrup, parfait en patron bourru et inquiétant, de même que Sava Lolov en employé effacé qui se laisse peu à peu envahir et submerger par sa part animale.

    medium_mouth.JPG Un autre film coup de poing a marqué ce festival au point de recevoir le prix de la meilleure musique, le prix des Lycéens et le Grand Prix du Jury. Il s’agit de Mouth to Mouth, le premier long métrage de la britannique Alison Murray, qui n’est d’ailleurs pas sans présenter quelques points communs avec La part animale, titre qui sied d’ailleurs très bien aussi à Mouth to Mouth. Sherry a 15 ans. A la recherche d’un mode de vie qui lui laisserait l’opportunité de rester elle-même, elle intègre le SPARK, groupe de jeunes voyageant dans toute l’Europe de technivals en petits boulots. S’apercevant rapidement du côté sectaire de cette communauté, Sherry va bientôt devoir lutter pour se protéger et protéger ceux qu’elle aime. Mouth to mouth est de ces films rares, à l’image de Little Miss Sunshine, qui s’empare des clichés pour mieux s’en affranchir et vous emporter. Mouth to Mouth est aussi de ceux là. Se présentant d’emblée comme un énième film sur le mal être et les dérives adolescentes à l’aspect « clipesque », Mouth to Mouth nous surprend ensuite habilement en nous emmenant sur un autre terrain, celui concentrationnaire des sectes par lequel elle se trouve fascinée, puis enfermée. D’aliénation il est donc aussi ici question. La force du film est celle de la relation fébrile entre Sherry et sa mère et de l’aveuglement de l’une qui éclairera l’autre, pas forcément celle que l’on aurait pu croire. Avant cela, il aura fallu passer par des scènes initiatiques d’une force inouïe. Ellen Page qui incarne Sherry et qui avait déjà marqué le dernier Festival du Cinéma Américain de Deauville par son incroyable performance dans Hard Candy, est ici remarquable, à l’image de la majorité des acteurs de ce film. La mise en scène chorégraphiée permet d’alterner moments d’âpreté et de poésie. Un « bouche à bouche » électrisant dont vous ressortez avec l’impression d’avoir effectué un voyage au bout de l’enfer, qui vous bouscule et vous éclaire.

    Les 5 autres films en compétition nous ont emmené aux 4 coins du monde, avec des thèmes (la paternité, la maternité, le deuil) et musiques (Alléluia) et victimes (nos « amis » les bêtes) récurrents malgré une compétition dont l’éclectisme est à souligner.

    Elle nous a donc conduits au Québec avec Luc Picard, le réalisateur et acteur de L’audition. Agent de recouvrement aux méthodes musclées Louis rêve, depuis sa tendre enfance, d’être acteur. Grâce à une cousine, il est invité à passer une audition dans laquelle il jouera un père léguant un dernier message à son fils. Luc Picard est un comédien renommé au Canada qui passe ici à la réalisation. Malgré un pré générique poétique, onirique et prometteur, malgré une réflexion intéressante sur le métier de comédien et la paternité le film s’enfonce malheureusement dans des clichés qui atteignent leur paroxysme au dénouement d’une prévisibilité déconcertante, abusant des ralentis, d’Alléluia et de l’hémoglobine. Dommage, cette audition n’était pas dénuée de (trop) bonnes  intentions.

    Avec Look both ways de Sarah Watt, nous prenons la route de l’Australie. C’est le week-end le plus chaud de l’été et un récent tragique accident de train est dans les esprits de tous. Avec cette nouvelle en trame de fond, sept personnes tentent de gérer des évènements inattendus. Ce film choral fait s’entrecroiser les routes de personnages tous confrontés à la mort d’une manière ou d’une autre. Malgré des dialogues parfois percutants, le brassage d’un trop grand nombre de hasards et coïncidences et de thèmes  (la vie, la mort, l’amour) finit par nuire à l’ensemble et le happy end sirupeux décrédibilise le propos qui n’était pourtant pas inintéressant, d’autant plus que les images d’animation permettaient d’instiller une distance avec leur sujet, et de leur donner d’autant plus de force. Dommage que l’idée n’ait finalement été qu’esquissée.

    Après la chaleur de l’Australie, c’est le vent glacial de la Norvège qui nous conduit à l’étape suivante, celle de  Kissed by winter, le polar intimiste de Sara Johnsen. Victoria entame une nouvelle vie comme médecin dans un village de Norvège. Elle se plonge dans son travail pour éviter que ses souvenirs viennent la hanter. Un matin d’hiver, le corps d’un jeune homme est retrouvé dans la neige. La question est presque insoluble : comment se remettre de la mort d’un enfant ? Comment, si c’est possible, résoudre son sentiment de culpabilité ? Résolu par un pardon simpliste et soudain (le syndrome Red road et Little children ?) ce thriller psychologique dans une atmosphère glaciale aurait pu être une réflexion intéressante sur la culpabilité et le deuil. Sa construction à rebours, certes sans grande originalité qui s’achève par un plan paroxystique longuement annoncé, sur la musique de Jeff Buckley (Alleluia bis), et le jeu convaincant et convaincu de Annika Hallin valent néanmoins la peine de faire le détour pour arpenter les paysages enneigées de cet hiver paralysant.

    Pour se remettre de cette glaciale étape, rien de mieux que le chemin de l’Argentine avec le film de Gabriel Lichtmann, Judios en el espacio. Le jour de la fête de la Pâque Juive, Santiago retrouve Luciana sa cousine et amour d’enfance qu’il n’a pas revu depuis 15 ans. En effet, toute la famille est de nouveau réunie au chevet du grand-père qui vient de rater sa tentative du suicide. Judios en el espacio est une chronique familiale qui alterne, sans jamais vraiment savoir choisir ou l’atteindre, entre nostalgie et causticité. Si ce film attendrissant nous arrache quelques sourires, son charme ne suffit pas à nous faire passer tout ennui.

    Enfin, c’est en Italie que s’est achevé le périple de la compétition, avec  Il vento fa il suo giro de Giorgio Diritti. Suite à la construction d’une centrale nucléaire à côté de chez lui, Philippe, un berger français, décide de partir vivre avec sa famille dans un petit village des Alpes italiennes. Malgré un discours et des intentions louables : la dénonciation de l’esprit de communautarisme déchaîné par un nouvel arrivant, différent et donc perçu comme menaçant,  et un discours sur la liberté de choix non dénué d’intérêt, le mélange de fiction et de documentaire entre lesquels le réalisateur ne se décide pas à choisir nuit finalement à ses intentions, de même qu’un excès de ralenti et le jeu approximatif de certains acteurs.

    medium_ping.JPGC’est un film allemand, Ping Pong de Matthias Luthard qui a clôturé le festival. Marqué par le récent suicide de son père, Paul, 16 ans, s’enfuit de la maison et débarque à l’improviste chez son oncle et sa tante, une famille d’apparence parfaite. L’oncle est cadre supérieur au caractère effacé, la tante est femme au foyer autoritaire, leur fils prépare une audition de piano pour l’entrée au Conservatoire de Leipzig. Paul leur demande l’hébergement le temps des vacances et la famille l’accueille sans trop de problèmes. D’abord intrus, Paul devient peu à peu arbitre puis élément perturbateur. Récompensé par le prix SACD de la Semaine de la Critique du festival de Cannes 2006, ce ping pong là est aussi ludique qu’audacieux, voire dérangeant. La mélodie de cette chronique familiale acerbe est  parcourue de notes volontairement dissonantes, dont le chien qui répond au doux nom de Schumann est un des dièses. Ping pong est un huis clos cruel à l’humour cynique, même sinistre, qui malgré une fin attendue (mais est-ce là l’essentiel ?) instaure une tension latente et constante  notamment grâce à une mise en scène aussi aseptisée que la trompeuse apparence des protagonistes de cette impitoyable partie.

    Trois jours après, que reste-t-il de ce film, le mien de 4 jours ? Comment était-il ? Enrichissant comme un film historique. Inattendu comme un thriller (ou un dindon). Virevoltant comme une comédie musicale. Fellinien comme un certain soir de clôture. Désopilant et attendrissant comme un Woody Allen. Inoubliable, intense et rare comme un chef d’œuvre. De ces films après lesquels rien n’a changé, et après lesquels, aussi, vous avez la sensation de n’être plus tout à fait pareil, de croire à tout, surtout aux rencontres magiquement improbables et à l’impossible, même aux réponses aux bouteilles à la mer ( private message ). Tout cela, grâce  à eux, ci-dessous, éminente photographe y compris :

    medium_palmares.JPG

    Palmarès

    Grand Prix du Jury, Prix de la Ville d'Annonay

    Mouth to Mouth d’Alison Murray (Royaume-Uni)

    Prix Spécial du Jury

    La Part Animale de Sébastien Jaudeau (France)

    Prix du Public

    L’Audition de Luc Picard (Québec)

    Prix des Lycéens

    Mouth to Mouth d’Alison Murray (Royaume-Uni)

    Prix de la Meilleure Musique de film

    Mouth to Mouth d’Alison Murray (Royaume-Uni)

    LIENS

                 Le site officiel du 24ème Festival International du Premier Film d’Annonay 

    Pour tout savoir sur le jury de cette 24ème édition : http://www.annonaypremierfilm.org/festival/images_docs/doc_141.pdf

    Le blog de la supernounou de notre jury (et auteur de toutes les photos de cet article prises lors du festival) sur lequel vous trouverez un compte-rendu vibrant et très complet du festival : Sur la route du cinéma

     Le poétique blog d'une autre jurée:  Carnets de nuages

    Sandra.M

    Lien permanent Imprimer Catégories : FESTIVAL INTERNATIONAL DU 1ER FILM D'ANNONAY Pin it! 13 commentaires
  • Les nominations aux Oscars et César 2007

    medium_Ces.JPGVoici la liste complète des nommés pour les César et pour les Oscars 2007. La cérémonie des César aura lieu le 24 février 2007, et sera de nouveau présentée par Valérie Lemercier et cette fois  diffusée en clair, sur Canal plus.  La cérémonie des Oscars aura lieu le 25 février 2007.

    Indigènes (également nommé comme meilleur film étranger aux Oscars) avec 9 nominations, Je vais bien ne t’en fais pas (5 nominations), Lady Chatterley  (qui se révèle être la surprise de ces César avec 9 nominations) et Quand j’étais chanteur (7 nominations) figurent en tête du nombre de nominations aux Césars.

    A noter : Cécile de France est nommée deux fois pour la meilleure actrice, une fois pour Quand j’étais chanteur et une fois pour Fauteuils d’orchestre (qui avait un moment figuré dans les nommés pour le meilleur film étranger aux Oscars mais qui ne fait pas partie de la sélection finale).

    Les films pour lesquels j’aurais voté sont soulignés, mon vote étant différent de mes pronostics, j’y reviendrai bientôt. Les critiques des films en gras figurent toutes sur ce blog dans la rubrique Critiques des films à l’affiche, Festival de Cannes 2006, Festival du Cinéma Américain de Deauville 2006 et Festival du Film Britannique de Dinard 2006.  En attendant d’en savoir davantage sur les César 2007, vous pouvez retrouver mon compte-rendu exclusif de retour des César 2006, ici.

    medium_babel.JPGQuant aux Oscars, Dreamgirls avec 8 nominations, Babel (meilleur film de l’année selon les lecteurs de ce blog… et moi-même et également nommé comme meilleur film étranger aux César) avec 7 nominations, Les infiltrés avec 5 nominations font d’ores et déjà figure de favoris.

    Pour l'Oscar du meilleur film étranger, dans notre sondage de la semaine dernière, vous avez été 54, 54 % à voter pour le Lybarinthe de Pan, 27,27% à voter pour Indigènes,  18, 18% à voter pour la vie des autres. L'Académie des Oscars sera-t-elle du même avis? Réponse le 25 février.

    Et vous, quels sont vos pronostics et favoris ?

    LISTE COMPLETE DES NOMINATIONS AUX CESARS

    Meilleur film français :
    INDIGENES de Rachid Bouchareb
    medium_photosordi_843.jpgJE VAIS BIEN, NE T'EN FAIS PAS de Philippe Lioret

    LADY CHATTERLEY de Pascale Ferran
    NE LE DIS A PERSONNE de Guillaume Canet
    QUAND J'ETAIS CHANTEUR de Xavier Giannoli

    Meilleure actrice :
    Cécile de France (QUAND J'ETAIS CHANTEUR)
    Cécile de France (FAUTEUILS D'ORCHESTRE)
    Catherine Frot (LA TOURNEUSE DE PAGES)
    Charlotte Gainsbourg (PRETE-MOI TA MAIN)
    Marina Hands (LADY CHATTERLEY)

    Meilleur acteur :
    Michel Blanc (JE VOUS TROUVE TRES BEAU)
    Alain Chabat (PRETE-MOI TA MAIN)
    François Cluzet (NE LE DIS A PERSONNE)
    Gérard Depardieu (QUAND J'ETAIS CHANTEUR)
    Jean Dujardin (OSS 117 : LE CAIRE, NIDS D'ESPION)

    medium_photosordi_1004.jpgMeilleure actrice dans un second rôle :
    Christine Citti (QUAND J'ETAIS CHANTEUR)
    Dani (FAUTEUILS D'ORCHESTRE)
    Mylène Demongeot (LA CALIFORNIE)
    Bernadette Lafont (PRETE-MOI TA MAIN)
    Valérie Lemercier (FAUTEUILS D'ORCHESTRE)

    Meilleur acteur dans un second rôle
    Dany Boon (LA DOUBLURE)
    François Cluzet (QUATRE ETOILES)
    André Dussolier (NE LE DIS A PERSONNE)

    Guy Marchand (DANS PARIS)
    Kad Merad (JE VAIS BIEN, NE T'EN FAIS PAS)
     
    medium_photosordi_1500.JPGMeilleur espoir féminin

    Déborah François (LA TOURNEUSE DE PAGES)
    Marina Hands (LADY CHATTERLEY)
    Mélanie Laurent (JE VAIS BIEN, NE T'EN FAIS PAS)
    Aïssa Maïga (BAMAKO)
    Maïwenn Le Besco (PARDONNEZ-MOI)
     
    Meilleur espoir masculin :
    Georges Babluani (13 TZAMETI)
    Rasha Bukvic (LA CALIFORNIE)
    Arié Elmaleh (L'ECOLE POUR TOUS)
    Vincent Rottiers (LE PASSAGER)
    James Thierrée (DESACCORD PARFAIT)
    Malik Zidi (LES AMITIES MALEFIQUES)
     
    medium_indigenes.JPGMeilleur réalisateur :
    Rachid Bouchareb (INDIGENES)
    Guillaume Canet (NE LE DIS A PERSONNE)
    Pascale Ferran (LADY CHATTERLEY)
    Philippe Lioret (JE VAIS BIEN, NE T'EN FAIS PAS)
    Alain Resnais (COEURS)
      
    Meilleur premier film
    13 TZAMETI de Gela Babluani
    LES FRAGMENTS D'ANTONIN de Gabriel Le Bomin
    JE VOUS TROUVE TRES BEAU de Isabelle Mergault
    MAUVAISE FOI de Roschdy Zem
    PARDONNEZ-MOI de Maïwen Le Besco
     
    Meilleur scénario original :
    medium_photosordi_1389.JPGXavier Giannoli (QUAND J'ETAIS CHANTEUR)
    Olivier Lorelle, Rachid Bouchareb (INDIGENES)
    Isabelle Mergault (JE VOUS TROUVE TRES BEAU)

    Danièle Thompson, Christopher Thompson (FAUTEUILS D'ORCHESTRE)
    Laurent Tuel, Christophe Turpin (JEAN-PHILIPPE)

    Meilleure adaptation
    Guillaume Canet, Philippe Lefèbvre (NE LE DIS A PERSONNE)
    Pascale Ferran, Roger Bohbot, Pierre Trividic (LADY CHATTERLEY)
    Jean-François Halin, Michel Hazanavicius (OSS 117 : LE CAIRE, NID D'ESPIONS)
    Philippe Lioret, Olivier Adam (JE VAIS BIEN, NE T'EN FAIS PAS)
    Jean-Michel Ribes (COEURS)

    Meilleure musique écrite pour un film
    Armand Amar (INDIGENES)
    Mathieu Chedid (NE LE DIS A PERSONNE)
    Jérôme Lemonnier (LA TOURNEUSE DE PAGES)
    Mark Snow (COEURS)
    Gabriel Yared (AZUR ET ASMAR)

    Meilleur court-métrage
    BONBON AU POIVRE de Mars Fitoussi
    FAIS DE BEAUX REVES de Marilyne Canto
    LA LEÇON DE GUITARE de Martin Rit
    LE MAMMOUTH POBALSKI de Jacques Mitsch
    LES VOLETS de Lyèce Boukhitine

    Meilleure photo :
    Patrick Blossier (INDIGENES)
    Éric Gautier (COEURS)
    Julien Hirsch (LADY CHATTERLEY)
    Christophe Offenstein (NE LE DIS A PERSONNE)
    Guillaume Schiffman (OSS 117 : LE CAIRE, NID D'ESPIONS)

    Meilleurs décors :  
    Dominique Douret (INDIGENES)
    Maamar Ech Cheikh (OSS 117 : LE CAIRE, NID D'ESPIONS)
    Jean-Luc Raoul (LES BRIGADES DU TIGRE)
    François-Renaud Labarthe (LADY CHATTERLEY)
    Jacques Saulnier (COEURS)


    Meilleur son :  
    Jean-Marie Blondel, Thomas Desjonquères, Gérard Lamps (COEURS)
    Jean-Jacques Ferran, Nicolas Moreau, Jean-Pierre Laforce (LADY CHATTERLEY)
    Pierre Gamet, Jean Goudier, Gérard Lamps (NE LE DIS A PERSONNE)
    Olivier Hespel, Olivier Walczak, Franck Rubio, Thomas Gauder (INDIGENES)
    François Musy, Gabriel Hafner (QUAND J'ETAIS CHANTEUR)


    Meilleur montage
    Martine Giordano (QUAND J'ETAIS CHANTEUR)
    Yannick Kergoat (INDIGENES)
    Sylvie Landra (FAUTEUILS D'ORCHESTRE)
    Hervé de Luze (COEURS)
    Hervé de Luze  (NE LE DIS A PERSONNE)

    Meilleurs costumes :
    Marie-Claude Altot (LADY CHATTERLEY)
    Jackie Budin (COEURS)
    Charlotte David pour (OSS 117 : LE CAIRE, NID D'ESPIONS)
    Pierre-Jean Larroque (LES BRIGADES DU TIGRE)
    Michèle Richer (INDIGENES)

    medium_photosordi_914.jpgMeilleur film étranger
    BABEL de Alejandro Gonzalez Inarritu
    LITTLE MISS SUNSHINE de Valerie Faris et Jonathan Dayton

    LE SECRET DE BROKEBACK MOUNTAIN de Ang Lee
    THE QUEEN de Stephen Frears
    VOLVER de Pedro Almodovar


    Meilleur film documentaire :
    DANS LA PEAU DE JACQUES CHIRAC de Karl Zéro et Michel Royer
    LA FILLE DU JUGE de William Karel
    ICI NAJAC, A VOUS LA TERRE de Jean-Henri Meunier
    LA-BAS de Chantal Akerman
    ZIDANE, UN PROTRAIT DU XXIEMES SIECLE de Philippe Parreno et Douglas Gordon

    LISTE COMPLETE DES NOMINATIONS AUX OSCARS

    Meilleur film de l’année :
    BABEL
    LES INFILTRES
    LETTRES D'IWO JIMA
    LITTLE MISS SUNSHINE
    THE QUEEN


    Meilleur acteur dans un 1er rôle :
    Leonardo DiCaprio (BLOOD DIAMOND)
    Ryan Gosling(HALF NELSON)
    Peter O'Toole (VENUS)
    Will Smith (LA POURSUITE DU BONHEUR)
    Forest Whitaker (LE DERNIER ROI D'ECOSSE)

    Meilleur actrice dans un 1er rôle :
    Penélope Cruz (VOLVER)
    Judi Dench (CHRONIQUE D'UN SCANDALE)
    Helen Mirren (THE QUEEN)
    Meryl Streep (LE DIABLE S'HABILLE EN PRADA)
    Kate Winslet (LITTLE CHILDREN)


    Meilleur acteur dans un 2d rôle :
    Alan Arkin (LITTLE MISS SUNSHINE)
    Jackie Earle Haley (LITTLE CHILDREN)

    Djimon Hounsou (BLOOD DIAMOND)
    Eddie Murphy (DREAMGIRLS)
    Mark WAHLBERG (LES INFILTRES)

    Meilleur actrice dans un 2d rôle :
    Adriana Barraza (BABEL)
    Cate Blanchett (CHRONIQUE D'UN SCANDALE)
    Abigail Breslin (LITTLE MISS SUNSHINE)
    Jennifer Hudson (DREAMGIRLS)
    Rinko Kikuchi (BABEL)

    Meilleure réalisation :
    Clint Eastwood (LETTRES D'IWO JIMA)
    Stephen Frears (THE QUEEN)
    Paul Greengrass (VOL 93)
    Alejandro Gonzalez Inarritu (BABEL)
    Martin Scorsese (LES INFILTRES)

    Meilleur scénario original :
    BABEL
    LETTRES D'IWO JIMA
    LITTLE MISS SUNSHINE
    LE LABYRINTHE DE PAN
    THE QUEEN


    Meilleur scénario adapté :
    BORAT
    LES FILS DE L'HOMME
    LES INFILTRES
    LITTLE CHILDREN
    CHRONIQUE D'UN SCANDALE

    Meilleur photographie :
    LE DAHLIA NOIR 
    LES FILS DE L'HOMME
    THE ILLUSIONIST
    LE LABYRINTHE DE PAN
    LE PRESTIGE


    Meilleur montage :
    BABEL
    BLOOD DIAMOND
    LES FILS DE L'HOMME
    LES INFILTRES
    VOL 93

    Meilleure direction artistique :
    DREAMGIRLS
    THE GOOD SHEPERD
    LE LABYRINTHE DE PAN
    PIRATES DES CARRAIBES, LE SECRET DU COFFRE MAUDIT
    LE PRESTIGE

    Meilleurs costumes :
    LA CITE INTERDITE
    LE DIABLE S'HABILLE EN PRADA
    DREAMGIRLS
    MARIE-ANTOINETTE
    THE QUEEN


    Meilleure musique originale :
    BABEL
    THE GOOD GERMAN
    CHRONIQUE D'UN SCANDALE
    LE LABYRINTHE DE PAN
    THE QUEEN


    Meilleure chanson originale :
    "I need to wake up" de Melissa Etheridge (UNE VERITE QUI DERANGE)
    "Listen" de Henry Krieger, Scott Cutler, Anne Preven (DREAMGIRLS)
    "Love you i do" de Henry Krieger, Siedah Garrett (DREAMGIRLS)
    "Our Town" de Randy Newman (CARS)
    "Patience" de Henry Krieger, Willie Reale (DREAMGIRLS)

    Meilleur maquillage :
    APOCALYPTO
    CLICK
    LE LABYRINTHE DE PAN
     
    Meilleur son :
    APOCALYPTO
    BLOOD DIAMOND
    DREAMGIRLS
    MEMOIRES DE NOS PERES
    PIRATES DES CARRAIBES, LE SECRET DU COFFRE MAUDIT

    Meilleur montage son :
    APOCALYPTO
    BLOOD DIAMOND
    MEMOIRES DE NOS PERES
    LETTRES D'IWO JIMA
    PIRATES DES CARRAIBES, LE SECRET DU COFFRE MAUDIT

    Meilleurs effets spéciaux :
    PIRATES DES CARRAIBES, LE SECRET DU COFFRE MAUDIT
    POSEIDON
    SUPERMAN RETURNS

    Meilleur film d’animation :
    CARS
    HAPPY FEET
    MONSTER HOUSE

    Meilleur film étranger :
    AFTER THE WEDDING (Danemark)
    INDIGENES (France)
    LA VIE DES AUTRES (Allemagne)
    LE LABYRINTHE DE PAN (Mexique)
    WATER (Canada)

    Meilleur film documentaire :
    DELIVER US FROM EVIL
    UNE VERITE QUI DERANGE
    IRAQ IN FRAGMENTS
    JESUS CAMP
    MY COUNTRY MY COUNTRY

    Meilleur court métrage documentaire:
    THE BLOOD OF YINGZHOU DISTRICT
    RECYCLED LIFE
    REHEARSING A DREAM
    TWO HANDS

    Meilleur court métrage d’animation :
    THA DANISH POET
    LIFTED
    THE LITTLE MATCHGIRL
    MAESTRO
    NO TIME FOR NUTS 


    Meilleur court métrage :
    BINTA Y LA GRAN IDEA
    ERAMOS POCOS
    HELMER & SON
    THE SAVIOUR
    WEST BANK STORY

     

     

    Sandra.M

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  • "Babel" et "Little miss sunshine", films de l'année des lecteurs In the mood for cinema

    Vous avez élu Little miss sunshine de Jonathan Dayton et Babel de Alejandro González Iñárritu  films de l’année 2006 ex aequo.

     Ce choix  me ravit puisque je vous avais vivement recommandé ces deux films : Little miss sunshine lorsqu’il avait été projeté en compétition officielle  au dernier Festival du Cinéma Américain de Deauville  où il avait reçu le Grand prix, après un accueil très chaleureux en salles aux Etats-Unis, fait rarissime pour un film indépendant.

    Quant à Babel,  je vous en avais longuement parlé lors de sa projection, également en compétition officielle  au Festival de Cannes 2006 où il avait reçu le prix de la mise en scène. 7 fois nommé aux Golden Globes, il y a obtenu le prix du meilleur film. Les Golden Globes préfigurant souvent les résultats des Oscars, espérons qu’il y recevra le succès mérité!

    Ci-dessous, vous trouverez mes critiques de ces deux films écrites lors des Festivals de Cannes et de Deauville. 

                                                     Critique de Babel de Alejandro González Iñárritu  

    medium_18680421.jpgAvant-première à L’UGC Odéon

    En plein désert marocain, des enfants jouent avec un fusil que leur père vient d’acheter. Un coup de feu retentit et blesse une touriste américaine dans un bus qui passait sur la route, en contrebas. Les destins de cette femme (Cate Blanchett) et de son mari (Brad Pitt) dont le couple battait de l’aile, les destins des deux enfants responsables du coup de feu, le destin de la nourrice mexicaine des enfants du couple d’Américains, le destin d’une jeune Japonaise, en l’occurrence la fille de l’homme qui a donné le fusil à un Marocain qui l’a revendu au père des deux enfants : ces destins vont tous avoir une influence les uns sur les autres, des destins socialement et géographiquement si éloignés, mais si proches dans l’isolement et dans la douleur.

    Rares sont les films que je retourne voir, mais pour Babel vu au dernier festival de Cannes où il a obtenu le prix de la mise en scène et celui du jury œcuménique, c’était une vraie nécessité parce que Babel c’est plus qu’un film : une expérience.  Ce film choral qui clôt le triptyque du cinéaste après Amours chiennes et 21 grammes fait partie de ces films après lesquels toute parole devient inutile et impossible, de ces films qui expriment tant dans un silence, dans un geste, qu’aucune parole ne pourrait mieux les résumer. De ces films qui vous hypnotisent et vous réveillent. De ces films qui vous aveuglent et vous éclairent. Donc le même choc, la même claque, le même bouleversement, quelques mois après, l’effervescence, la déraison et les excès cannois en moins. Malgré cela.

    Si la construction n’avait été qu’un vain exercice de style, qu’un prétexte à une démonstration stylistique ostentatoire, l’exercice  aurait été alors particulièrement agaçant mais son intérêt provient justement du fait que cette construction ciselée illustre le propos du cinéaste, qu’elle traduit les vies fragmentées, l’incommunicabilité universelle.

    Le montage alterné ne cherche pas à surprendre mais à appuyer le propos, à refléter un monde chaotique, brusque et impatient, des vies désorientées, des destins morcelés. En résulte un film riche, puissant où le spectateur est tenu en haleine du début à la fin, retenant son souffle, un souffle coupé par le basculement probable, soudain, du sublime dans la violence. Du sublime d’une danse à la violence d’un coup de feu. Du sublime d’une main sur une autre, de la blancheur d’un visage à la violence d’une balle perdue et d’une blessure rouge sang. Du sublime  du silence et du calme à la violence du basculement dans le bruit, dans la fureur, dans la déraison.

    medium_P80601087315038.jpgUn film qui nous emmène sur trois continents sans jamais que notre attention ne soit relâchée, qui nous confronte à l’égoïsme, à notre égoïsme, qui nous jette notre aveuglement et notre surdité en pleine figure, ces figures et ces visages qu’il scrute et sublime d’ailleurs, qui nous jette notre indolence en pleine figure, aussi. Un instantané troublant et désorientant de notre époque troublée et désorientée.  La scène de la discothèque est ainsi une des plus significatives, qui participe de cette expérience. La jeuneJaponaise sourde et muette est aveuglée. Elle noie son désarroi dans ces lumières scintillantes, fascinantes et angoissantes.  Des lumières aveuglantes: le paradoxe du monde, encore. Lumières qui nous englobent. Soudain aveuglés et sourds au monde qui nous entoure nous aussi.

    Le point de départ du film est donc le retentissement d'un coup de feu au Maroc, coup de feu déclenchant une série d'évènements, qui ont des conséquences désastreuses ou salvatrices, selon les protagonistes impliqués. Peu à peu le puzzle se reconstitue brillamment, certaines vies se reconstruisent, d’autres sont détruites à jamais. Jamais il n’a été aussi matériellement facile de communiquer. Jamais la communication n’a été aussi compliquée, Jamais nous n’avons reçu autant d’informations et avons si mal su les décrypter. Jamais un film ne l’a aussi bien traduit. Chaque minute du film illustre cette incompréhension, parfois par un simple arrière plan, par une simple image qui se glisse dans une autre, par un regard qui répond à un autre, par une danse qui en rappelle une autre, du Japon au Mexique, l’une éloignant et l’autre rapprochant.

    Virtuosité des raccords aussi : un silence de la Japonaise muette qui répond à un cri de douleur de l’américaine, un ballon de volley qui rappelle une balle de fusil. Un monde qui se fait écho, qui crie, qui vocifère sa peur et sa violence et sa fébrilité, qui appelle à l’aide et qui ne s’entend pas comme la Japonaise n’entend plus, comme nous n’entendons plus à force que notre écoute soit tellement sollicitée, comme nous ne voyons plus à force que tant d’images nous soit transmises, sur un mode analogue, alors qu’elles sont si différentes. Des douleurs, des sons, des solitudes qui se font écho, d’un continent à l’autre, d’une vie à l’autre. Et les cordes de cette guitare qui résonnent comme un cri de douleur et de solitude. 

     Véritable film gigogne, Babel nous montre un monde paranoïaque,  paradoxalement plus ouvert sur l’extérieur fictivement si accessible et finalement plus égocentrique que jamais,  monde paradoxalement mondialisé et individualiste. Le montage traduit magistralement cette angoisse, ces tremblements convulsifs d’un monde qui étouffe et balbutie, qui n’a jamais eu autant de moyens de s’exprimer et pour qui les mots deviennent vains. D’ailleurs chaque histoire s’achève par des gestes, des corps enlacés, touchés, touchés enfin. Touchés comme nous le sommes. Les mots n’ont plus aucun sens, les mots de ces langues différentes. Selon la Bible, Babel fut  ainsi une célèbre tour construite par une humanité unie pour atteindre le paradis. Cette entreprise provoqua la colère de Dieu, qui pour les séparer, fit parler à chacun des hommes impliqués une langue différente, mettant ainsi fin au projet et répandant sur la Terre un peuple désorienté et incapable de communiquer.

    medium_P80601161052655.jpgC’est aussi un film de contrastes. Contrastes entre douleur et grâce, ou plutôt la grâce puis si subitement la douleur, puis la grâce à nouveau, parfois. Un coup de feu retentit et tout bascule. Le coup de feu du début ou celui en pleine liesse du mariage.  Grâce si éphémère, si fragile, comme celle de l’innocence de ces enfants qu’ils soient japonais, américains, marocains, ou mexicains. Contrastes entre le rouge des vêtements de la femme mexicaine et les couleurs ocres du désert. Contrastes entres les lignes verticales de Tokyo et l’horizontalité du désert. Contrastes entre un jeu d’enfants et ses conséquences dramatiques. Contraste entre le corps dénudé et la ville habillée de lumière. Contraste entre le désert et la ville.   Contrastes de la solitude dans le désert et de la foule de Tokyo. Contrastes de la foule et de la solitude dans la foule. Contrastes entre « toutes les télévisions [qui] en parlent » et ces cris qui s’évanouissent dans le désert.  Contrastes d’un côté et de l’autre de la frontière.  Contrastes d’un monde qui s’ouvre à la communication et se ferme à l’autre. Contrastes d’un monde surinformé mais incompréhensible, contrastes d’un monde qui voit sans regarder, qui interprète sans savoir ou comment, par le prisme du regard d’un monde apeuré, un jeu d’enfants devient l’acte terroriste de fondamentalistes ou comment ils estiment savoir de là-bas ce qu’ils ne comprennent pas ici.

    medium_P80601693016905.jpgMais toutes ces  dissociations et ces contrastes ne sont finalement là que pour mieux rapprocher.   Contrastes de ces hommes qui parlent des langues différentes mais se comprennent d’un geste, d’une photo échangée (même si un billet méprisant, méprisable les séparera, à nouveau). Contrastes de ces êtres soudainement plongés dans la solitude qui leur permet finalement de se retrouver. Mais surtout, surtout, malgré les langues : la même violence, la même solitude, la même incommunicabilité, la même fébrilité, le même rouge et la même blancheur, la même magnificence et menace de la nuit au-dessus des villes, la même innocence meurtrie, le même sentiment d’oppression dans la foule et dans le désert. 

     Loin d’être une démonstration stylistique, malgré sa virtuosité scénaristique et de mise en scène Babel est donc un édifice magistral tout entier au service d’un propos qui parvient à nous transmettre l’émotion que ses personnages réapprennent.  Notons que malgré la pluralité de lieux, de langues, d'acteurs (professionnels mais souvent aussi non professionnels), par le talent de son metteur en scène, Babel ne perd jamais sa cohérence qui surgit, flagrante, bouleversante, évidente, au dénouement.

    La mise en scène est volontairement déstructurée pour refléter ce monde qu'il met en scène, un monde qui s'égare, medium_P80601398560603.jpget qui, au moindre geste , à la moindre seconde, au moindre soupçon, peut basculer dans la violence irraisonnée, un monde qui n'a jamais communiqué aussi vite et mal, un monde que l'on prend en pleine face, fascinés et horrifiés à la fois, un monde brillamment ausculté, décrit,  par des cris et des silences aussi ; un monde qui nous aveugle, nous assourdit, un monde de différences si semblables, un monde d’après 11 septembre. 

     Babel est un film douloureux et clairvoyant, intense, empreint de la fébrilité du monde qu’il parcourt et dépeint de sa lumière blafarde puis rougeoyante puis nocturne. Un film magnifique et éprouvant dont la mise en scène vertigineuse nous emporte dans sa frénésie d’images, de sons, de violences, de jugements hâtifs, et nous laisse avec ses silences, dans le silence d’un monde si bruyant. Le silence après le bruit, malgré le bruit, le silence de l’harmonie retrouvée, l’harmonie éphémère car il suffirait qu’un coup de feu retentisse pour que tout bascule, à nouveau. La beauté et la douleur pareillement indicibles. Babel, tour de beauté et de douleur. Le silence avant les applaudissements, retentissants, mérités. Si le propre de l’Art c’est de refléter son époque et de l’éclairer, aussi sombre soit-elle, alors Babel est un chef d’œuvre. Une expérience dont on ne peut ressortir indemne ! Mais silencieux, forcément.

    Cet article a été repris sur Agoravox et sur Yahoo Actualités.

    Critique de Little miss sunshine de Jonathan Dayton

    Enfin, Little miss sunshine  de Jonathan Dayton et Valérie Faris, le grand prix de cette 32ème édition, le film qui a medium_af1bis.jpgilluminé et ensoleillé le festival dont la projection deauvillaise fut même parsemée et ponctuée d’applaudissements effrénés. Toute la famille Hoover met le cap vers la Californie pour accompagner Olive, la benjamine de 7 ans, sélectionnée pour concourir à Little Miss Sunshine, un concours de beauté ubuesque et ridicule de  fillettes permanentées, « collagènées » (ah, non, ça pas encore). Ils partent à bord de leur van brinquebalant et commencent  un voyage tragi comique de 3 jours. La première qualité du film est que chaque personnage existe, enfin plus exactement tente d’exister. Il y a le frère suicidaire spécialiste de Proust, le fils, Dwayne qui a fait vœu de silence nietzschéen et qui a ainsi décidé de se taire jusqu’à ce qu’il entre à l’Air Force Academy, le père qui a écrit une méthode de réussite…qui ne se vend pas, le grand père cocaïnomane. On l’aura deviné en voyant la jeune Olive au physique ingrat mais non moins charmante, la fin du voyage n’est qu’un prétexte, belle parabole de l’existence et du thème du film, ode épicurien à l’opposé des principes du père qui déifie la réussite. Trois jours peuvent changer une existence, et malgré une mort et des rêves qui s’écroulent qui jalonnent leur parcours nous continuons à rire avec eux. Ces trois jours vont changer l’existence de cette famille et de ses truculents membres qui à réapprennent à vivre, vibrer, à parler, à être, à se regarder, à profiter de l’instant présent, et qui vont peu à peu laisser entrevoir leurs failles. Progressivement,  l’humour, parfois délicieusement noir, laisse place à l’émotion qui s’empare du spectateur. Cette « carpe diem attitude » atteignant son paroxysme dans la jubilatoire scène du concours de miss qui a suscité les applaudissements spontanés des spectateurs deauvillais. Ce voyage initiatique d’une tendre causticité est aussi un road movie fantaisiste et poétique dans lequel l’émotion affleure constamment, vous envahit subrepticement jusqu’au bouquet final, un film dont je vous invite à prendre immédiatement la route. Une belle leçon de vie qui a insufflé un vent d’optimisme sur une sélection bien morose, des personnages attachants, un film qui surpassait de loin le reste de la sélection, une réussite d’autant plus louable lorsqu’on sait que le film a mis cinq ans à se monter, que tous les studios de Los Angeles et New York l’avaient auparavant refusé,  lorsqu’on sait enfin sa réussite inattendue aux box-office américain !

    Sandra.M

  • L'autre campagne électorale: plus que quelques heures pour voter!

     Ajout à la note- 21.01.2007: Le concours est terminé. Merci à chacun des votants. J'espère surtout que ce concours aura permis à de nouveaux internautes de découvrir "In the mood for cinema"...

    medium_18429553.JPGBien que l’autre, la grande, l’essentielle, celle du 22 Avril me passionne, et me désole parfois aussi, ce n’est pas de celle-ci dont je viens vous parler mais de celle, beaucoup plus futile et donc  nécessaire du concours de blogs du Festival de Romans. Quoi donc? Que vois-je ? Que deviné-je ? Vous n’avez pas encore voté pour « In the mood for cinema » ? Si vous voulez accomplir votre devoir civique cinématographique et défendre ce blog, et lui permettre ainsi de faire partie des 10 finalistes et ainsi lui permettre aussi d’être lu par un jury de professionnels, c’est sur le lien ci-dessous qu'il faut cliquer, cela vous prendra deux clics et deux secondes :

    Accéder directement à la page qui permet de voter pour « In the mood for cinema ».

     

    Si vous n’êtes pas du genre à voter aveuglément, pour en savoir plus sur ce blog, ses raisons d’exister, ses objectifs et sur ce concours, cliquez sur le lien ci-dessous :

     

                                        En savoir plus sur « In the mood for cinema » et le concours de blogs

    Difficile de rivaliser avec des blogs qui comptabilisent plusieurs milliers de visiteurs par jour mais si quelques uns d’entre vous ont découvert ce blog et ont eu envie de fréquenter davantage les salles obscures ou de découvrir un film grâce à ce concours, j’en serai déjà ravie. Alors, si vous voulez que d’autres le découvrent à leur tour et lui donner un plus large écho : à vos votes et vos souris. Vous avez jusqu’à ce soir minuit pour voter!

    Enfin si vous n’êtes pas lassés de ces sollicitations électorales et si vous voulez continuer à vous entraîner pour le 22 Avril (je vous rassure : le destin de la France n’en dépend pas), jusqu’au dimanche 21 janvier minuit, vous pouvez aussi voter pour le film de l’année en cliquant ici :

                                                 Film de l’année du blog In the mood for cinema.

    Sandra.M

    Lien permanent Imprimer Catégories : IN THE MOOD FOR NEWS (actualité cinématographique) Pin it! 0 commentaire
  • Bilan du 1er Salon du Cinéma à Paris

    medium_salon1.2.JPG
    Alors, ce salon du cinéma ? Paris avait son salon de l’agriculture, du chocolat, du thermalisme, et tant d’autres encore, il lui fallait, semble-t-il son salon du cinéma. Animal étrange, gourmandise délectable, cure de jouvence, après tout n’est-il pas tout cela aussi ? En manque de frénésie festivalière, janvier étant un mois bien frileux en manifestations cinématographiques, je ne pouvais donc pas manquer ce rendez-vous parisien. Arrivée de bonne heure le jour J, comme toute festivalière assidue qui se respecte, je dois attendre (jolies réminiscences de mes pérégrinations festivalières) que les portes s’ouvrent… vingt minutes après l’heure prévue. Des techniciens collent encore les affiches, et notamment celle du salon, je ne m’arrête pas à cette impression première d’amateurisme. Le cinéphile sait que si tout peut se jouer dans les premières minutes, il faut toujours aussi attendre la dernière seconde pour se faire une impression. Une porte qui imite vaguement un décor medium_salon3.JPGmarocain procure à ce salon des allures du parc à la célèbre souris aux grandes oreilles ici en manque de moyens. Avec témérité, je poursuis néanmoins mon chemin, et déambule dans les allées encore presque vides, l’occasion d’observer de près le carrosse du film Marie-Antoinette de Sofia Coppola, vestige esseulé d’une autre et fastueuse époque, si banal de près, et sans grand intérêt si ce n’est peut-être de rendre hommage à la talentueuse réalisatrice qui a magnifié ce décor d’Anne Seibel. Un peu plus loin se trouve le stand du Maroc, puis celui de Bollywood, des aigles au regard menaçant en attente de spectateurs … ou de proies, un stand Virgin, le disproportionné stand de la SNCF, un stand Unifrance, un stand de coussins (si, si) un stand du Forum des Images qui nous apprend que la déjà fameuse bibliothèque n’ouvrira qu’à l’automne, quelques stands d’écoles de cinéma, et partout des stands d’une boisson alcoolisée. Pour un peu, je me serais demandée si je ne m’étais pas trompée de salon et si je ne m’étais pas retrouvée à celui de l’alcool.   Un mélange incohérent dont le cinéma est vaguement le fil directeur. Tout cela ressemble plutôt à une vaste foire, à moins que ce ne soit un hommage conceptuel aux origines du septième art et au spectacle de foire qu’il était alors.

    Ayant fait le tour en quelques minutes (le salon se réduisant à la moitié du hall 6 du parc des expositions), j’en profite pour me rendre au stand de l’UGS et acheter ma gazette adorée, trésor inestimable car difficilement trouvable. Je reste tout de même pour la conférence des scénaristes où il est avant tout question d’audace et de persévérance. D’ailleurs d’audace et de persévérance il sera question à chaque conférence sur les métiers du cinéma. Je ne peux qu’abonder dans leur sens.  Au milieu de ce brouhaha, je perçois néanmoins quelques étincelles passionnées dans les yeux des intervenants. Certains parlent de chance aussi. Je ne crois pas. Ou alors si infime ou alors une chance qui se fabrique. Des étincelles donc. Dans les yeux de Philippe Lioret avant tout. Qui parle de sa passion du scénario. De son admiration pour Claude medium_salon2.JPGSautet. De quelques jours avec moi et du Mauvais fils. De cette influence flagrante dans chacun de ses films. De son bonheur quand une spectatrice lui dit qu’il arrête le temps. Oui, c’est ça « arrêter le temps », une de mes expressions favorites, récurrente sur ce blog. Créer une dimension parallèle, faire oublier, transcender la réalité, aussi. Il parle aussi de cette poignante chanson Lili qui a sublimé ce film. Et puis il parle de persévérance et d’audace lui aussi. Lui succède Isild Le Besco venue parler de Charlie, le film dont elle vient de terminer le montage et dans lequel son frère tient le rôle principal. Le sujet me rappelle le magnifique film d’Emmanuelle Bercot, Clément. La réalisatrice semble avoir influencé son actrice fétiche. Un peu ailleurs, voire totalement absente. Le lendemain ,c’est au tour de Danièle Thompson. De parler. Longtemps et le regard étincelant aussi. De persévérance et,  paraphrasant Suzanne Flon dans Fauteuils d’orchestre, de prise de risques, aussi. Un instant je retrouve cette indécence involontaire des festivals quand un homme, fébrile, et déjà plus si jeune, lui rappelle avec orgueil qu’il a « tourné sous sa direction », je me dis que s’il avait tourné avec elle, elle s’en souviendrait, avouant qu’il était figurant (bah tiens) parlant de lui, de son fils star en devenir car quand même "premier rôle d’une série",  l’oubliant elle, imperturbable d’ailleurs, ne s’arrêtant plus, spécifiant qu’il était l’ami (intime hein)d’un autre figurant, que ledit figurant la remerciait etc. Un scénariste qui aurait voulu illustrer la vanité (dans les deux sens du terme) n’aurait pas mieux fait.  Touchant de pathétisme.  Pendant ce temps Niels Tavernier tourne un court métrage faisant participer le public. Et des bandes annonces passent. Et une autre conférence se déroule à côté.  Et des aigles impatients se font entendre. Ils ne manquent pourtant pas de proies, le salon a même dû momentanément fermer ses portes pour faire face à l’affluence. Et des courts métrages en sélection pour les César. J’en aperçois un : Les Volets. Cruel. Intéressant. Je n’aime pas apercevoir un film. J’aime le savourer. J’aurais plutôt dû venir au salon du chocolat. Et des démonstrations de kung fu et d’effets spéciaux. Et tout cela ne ressemble plus à rien. Si : à ce à quoi on veut assimiler le cinéma : une marchandise comme les autres. On incite à zapper, à passer d’un stand à un autre, d’un film à l’autre, à regarder sans voir, à entendre sans écouter. Plus loin, un scénariste raconte : pour écrire un film par exemple sur un chauffeur de taxi il faut forcément avoir été taxi au moins quelques temps soi-même, assène-t-il fièrement devant un public admiratif et conquis. Et pour écrire un film de truands il faut avoir braquer combien de banques ? Je me dis que, dans ce cas, Schoendoerffer ne doit alors pas être très fréquentable. Je me dis que décidément on entend n’importe quoi. Alors je repars, me souvenant néanmoins de la petite étincelle, faisant écho à la mienne, à ma persévérance, à mon envie insatiable d’écriture et d’arrêter le temps, encore et encore. Je repars laissant un public déchaîné écouter Michaël Youn (mon sens du sacrifice pour vous a ses limites) me promettant de relire sa « filmographie » certaine d’avoir raté un chef d’oeuvre du septième art au regard de sa fierté, je n’ose dire prétention. Bon, si, je le dis.

    L’objectif de ce premier  salon est paraît-il dès l’an prochain (hum)  d’être l’équivalent pour le public du Festival de Cannes pour les professionnels. De Cannes qui rappelons-le a 60 ans cette année. De Cannes qui rappelons-le a quand même célébré et fait émerger parmi les plus grands chefs d’œuvre du septième art. L’équivalent de Cannes donc. Je vous laisse juges.

    L’objectif des 50000 visiteurs a été dépassé. Profusion de bruit et de spectateurs. Faire entrer le public dans les coulisses : génération télé réalité pour qui il faut tout démythifier. En tout cas cela prouve  que la demande du public est là, qu’un festival de cinéma manque à Paris. Je vous renvoie à mon idée, peut-être pas si absurde, de création d’un festival à Paris : ici.

    Je vous rappelle que "In the mood for cinema" participe au concours du Festival de la création sur internet. Si vous aimez ce blog, si vous souhaitez qu'il soit ensuite soumis au vote des professionnels, il vous suffit pour cela de vous rendre sur la page suivante http://www.festivalderomans.com/detail.php?id_part=142&cat_part=7   et de voter en deux secondes et en un clic. Pour l'instant je ne pense pas avoir le nombre suffisant de voix, la vôtre fera peut-être la différence... alors n'hésitez pas à en parler autour de vous, il ne reste plus que 4 jours pour voter!

    Sandra.M

    Lien permanent Imprimer Catégories : EVENEMENTS CINEMATOGRAPHIQUES DIVERS Pin it! 6 commentaires
  • Les sorties de la semaine du 17 janvier : « Les Climats » de Nuri Bilge Ceylan et « L’illusionniste » de Neil Burger

     medium_climats.JPGDemain sortiront deux films dont je vous avais déjà parlé en avant-première lorsqu’ils furent présentés dans des medium_illusionniste.JPGfestivals de cinéma.

    Il s’agit d’abord du film de Nuri Bilge Ceylan, Les Climats qui était en compétition au dernier Festival de Cannes. Pour lire ma critique cannoise de ce film, cliquez ici

    Il s’agit ensuite de L’illusionniste de Neil Burger qui avait fait l’ouverture du dernier Festival du Cinéma Américain de Deauville, un autre film sur la magie quelques semaines après la sortie du Prestige de Christopher Nolan que je vous avais vivement recommandé.  Pour lire la critique deauvillaise et le récit de la conférence de presse de l’Illusionniste, cliquez ici.

    Je vous rappelle que "In the mood for cinema" participe au concours du Festival de la création sur internet. Si vous aimez ce blog, si vous souhaitez qu'il soit ensuite soumis au vote des professionnels, il vous suffit pour cela de vous rendre sur la page suivante http://www.festivalderomans.com/detail.php?id_part=142&cat_part=7 et de voter en deux secondes et en un clic. Pour l'instant je ne pense pas avoir le nombre suffisant de voix, la vôtre fera peut-être la différence... alors n'hésitez pas à en parler autour de vous, il ne reste plus que 4 jours pour voter!

    Sandra.M