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cinema - Page 40

  • Critique de JE VEUX VOIR de Khalil Joreige et Joana Hadjithomas

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    Je vous ai déjà parlé plusieurs fois de ce film, mon coup de coeur du Festival de Cannes 2008 que je vous recommande inconditionnellement: un film atypique et inclassable, un véritable bijou cinématographique. La présence de son coréalisateur Khalil Joreige au jury des courts métrages et de la Cinéfondation du Festival de Cannes 2018 est pour moi l'occasion de partager à nouveau mon enthousiasme pour ce film, un de mes souvenirs  les plus marquants du festival.

    Ci-dessous, ma critique du film écrite suite à sa projection dans la section Un Certain Regard du 61ème Festival de Cannes où il était présenté.

     

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    Ci-dessus, photos...floues "In the mood for Cannes": L'équipe du film "Je veux voir" au Festival de Cannes 2008.
     
     
    Alors que dehors des rafales de vent et des pluies torrentielles s’abattent sur la Croisette, je profite de ces quelques minutes de calme pour écrire : un  silence, une pause dans la frénésie cannoise  presque déstabilisante me faisant réaliser que cette vie irréelle ne dure que l’espace de 12 jours et s’achèvera dans ce qui me semble être une délicieuse éternité, que la réalité peut reprendre ses droits, qu’elle le fera. Quelques minutes pour faire un flash-back sur toutes ces images de vie et de cinéma contrastées, fortes dans les deux cas,  lumineuses (dans le premier cas) et sombres (dans le second), oniriques (dans le premier cas) et cauchemardesques (dans le second). Entre apesanteur réelle et pesanteur fictive, écartelée entre des émotions que même la tempête ne balaiera pas, tout juste se fera-t-elle l’écho de leur puissance, de leur violence presque fascinante. Quelques minutes donc pour évoquer la projection de cet après-midi dans la section Un Certain Regard : Je veux voir  réalisé par Joana Hadjithomas et Khalil Joreige dans lequel « joue » Catherine Deneuve.

    Pitch par l’équipe du film : « Juillet 2006. Une guerre éclate au Liban. Une nouvelle guerre mais pas une de plus, une guerre qui vient briser les espoirs de paix et l'élan de notre génération.  Nous ne savons plus quoi écrire, quelles histoires raconter, quelles images montrer. Nous nous demandons : " Que peut le cinéma ? ".
    Cette question, nous décidons de la poser vraiment. Nous partons à Beyrouth avec une " icône ", une comédienne qui représente pour nous le cinéma, Catherine Deneuve. Elle va rencontrer notre acteur fétiche, Rabih Mroué.  Ensemble, ils parcourent les régions touchées par le conflit. A travers leurs présences, leur rencontre, nous espérons retrouver une beauté que nos yeux ne parviennent plus à voir.  Une aventure imprévisible, inattendue commence alors…. ».

    Lors de la présentation du film au public, Khalil Joreige a déclaré : "Nous sommes très émus de présenter ce film aujourd’hui. Nous remercions Thierry Frémaux et l’équipe du Festival. Pour nous, ce film est une vraie aventure cinématographique qui, vous le verrez, devient de plus en plus intense et surprenante. Nous tenons à remercier Catherine Deneuve pour sa générosité et son audace, pour nous avoir permis de faire ce film." Et Joana Hadjithomas de conclure : "Je dédie cette projection à ceux qui auraient voulu être avec nous : notre équipe, nos familles, nos amis qui n’ont pas pu faire le voyage à cause des derniers événements."

    C’est donc de nouveau en miroir du monde pour reprendre les termes de Steve Mc Queen, le réalisateur de Hunger dont je vous parlais avant-hier que se positionne ce film. Un miroir dans lequel se reflètent et s’influencent intelligemment sa beauté et sa laideur, sa vérité et sa mythologie, sa réalité et sa fiction. Je veux voir est en effet un film inclassable qui mélange intelligemment fiction et documentaire, un mélange duquel résulte alors une impression troublante qui ne nuit pas au propos mais au contraire le renforce, paradoxalement le crédibilise.

    Un Certain Regard. Le nom de cette sélection était parfaitement choisi pour accueillir ce film. De regards il y est en effet beaucoup question.  Celui magnétique, troublé, inquiet, empathique, curieux de Catherine Deneuve. Un regard certain, en apparence en tout cas. C’est donc son regard ( elle est tantôt filmée de face, tantôt en caméra subjective) qui guide le nôtre. Le film commence ainsi : Catherine Deneuve est filmée de dos, à la fenêtre, à Beyrouth qu’elle regarde et surplombe. De dos avec cette silhouette tellement reconnaissable, celle de l’icône qu’elle représente pour les cinéastes qui l’ont choisie. Elle dit alors qu’elle veut voir. Elle veut voir les traces de la guerre. Elle veut voir ce qui ne lui paraît pas réel à travers l’écran de télévision.

    Cette rencontre ensuite avec Rabih Mroué qui sera son guide et chauffeur sonne tellement juste, semble tellement éclore sous nos yeux que nous sommes presque gênés d’être là et en même temps captivés. Catherine Deneuve ou son personnage, qu’importe, demande si elle peut fumer autant par politesse que pour amorcer une conversation, une complicité, puis elle s’interroge sur le fait que Rabih ne mette pas de ceinture. Il lui explique que depuis la guerre les principes ont un peu volé en éclats. Elle précise qu’elle n’est pas pour l’ordre mais que c’est quand même dangereux. Son visage ne trahit presque aucune émotion et n’en est justement que plus émouvant, de même lorsqu’elle demande pour la deuxième fois si elle peut fumer et reparle de la ceinture de sécurité après un évènement dangereux. Comme si ces propos trahissaient sa peur et la rassuraient, leur réitération les rendant tragiquement drôles. Son ton posé contraste avec l’inquiétude que trahit ses paroles.

    Peu à peu ils s’éloignent de Beyrouth, on leur interdit de filmer, ou le scénario prévoyait qu’on fasse croire qu’on leur interdisait de filmer. Le résultat est le même. Nous ne savons pas. Que ce soit fictif ou réel l’essentiel est que cela soit tellement évocateur. Un avion passe et émet un puissant fracas, comme une bombe que l’on lâcherait. Catherine Deneuve sursaute et pour la première fois ou presque son corps trahit sa peur. Le chauffeur lui explique que l’avion  israélien a passé le mur du son, que le but est juste de faire peur. Rare évocation de la situation politique. Le film est là pour nous permettre de voir, pas pour nous prendre à parti ou expliquer. Juste voir la désolation après et à travers la beauté. Juste pour voir ce contraste violent et magnifique.

    Que ce soit Catherine Deneuve ou son personnage qui sursaute en entendant cet avion, peu importe, la peur se transmet, traverse l’écran, nous atteint, comme le sentiment de désolation de ces carcasses d’acier et de ferrailles que des pelleteuses charrient longuement, symboles de tant de vies et de passés volés en éclat, abattus, piétinés, niés.

    La relation semble se nouer entre les deux personnages ( ?) sous nos yeux , entre les deux êtres ( ?) peut-être, une relation faîte de pudeur, d’intensité créée par la peur, la force de cette rencontre, son caractère unique et son cadre atypique (la scène où il lui dit les dialogues de  Belle de jour en Arabe, où il en oublie d’être attentif et se retrouve dans un endroit miné est à la fois effrayante et sublime, poétique et terriblement réaliste, l’instant poétique, cinématographique qu’ils vivent renforçant la peur créée par la soudaineté du surgissement d’une terrible réalité, potentiellement fatale). Une relation entre deux réalités, entre le cinéma et la réalité, aussi. Une belle rencontre en tout cas. Comme deux personnages de cinéma. Si réels (nous croyons vraiment à leur relation) et si cinématographique (ils forment sous nos yeux un couple qui pourrait être tellement cinématographique).

     La fin (Catherine Deneuve se rend à une réception en son honneur après cette journée que l’on devine si intense et éprouvante) pourrait être le début d’une fiction, une des plus belles fins qu’il m’ait été donné de voir au cinéma, qui prouve la force d’un regard, un regard décontenancé, un regard ébloui par les lumières d’une fête tellement décalées après celles de la journée, un regard qui cherche la complicité de celui devenu un ami, un regard qui cherche la réalité de ce qu’il a vécu ou ressenti dans celui d’un autre, un regard qui nous embarque dans son tourbillon d’émotions et d’intensité, tandis qu’un officiel obséquieux (non?) évoque « la formidable capacité de résilience des Libanais » comme il évoquerait la pluie et le beau temps. Le regard alors tellement passionné de Catherine Deneuve contraste avec la banalité du discours de ce dernier. Oui, un certain regard. Tellement troublé et troublant et expressif lorsqu’il croise le regard attendu qu’il ouvre une infinitude de possibles, qu’il ouvre sur le rêve, qu’il ouvre sur la puissance du cinéma, des images, d’une rencontre, qu’il ouvre sur un nouvel espoir. "Toute la beauté du monde". Malgré tout.

     La présence presque "improbable" et "onirique" de Catherine Deneuve comme l’ont définie les réalisateurs est à la fois un écho à la beauté du sud et un contraste saisissant avec le spectacle de désolation des paysages en ruine, des vies dévastées.  Elle y apparaît en tout cas magnifique de dignité et de courage. Oui, une belle leçon de dignité et de courage mais aussi de cinéma et d’espoir…

    Le mélange si habile de fiction et de documentaire, de mémoire historique et de mythologie cinématographique,  en fait un film, un témoignage aussi, inclassable, captivant, troublant,  jamais didactique, un film que l’on veut voir, et que l’on voudrait revoir, ne serait-ce que pour ce dernier regard échangé. Sublime. Inoubliable. Rare.

  • Critique de LA SIRENE DU MISSISSIPI de François Truffaut (à voir ce soir à 20H55 sur Arte)

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    Après mes critiques de Baisers volés  (1969) et La Femme d’à côté  (1981),  je poursuis le cycle consacré à François Truffaut en remontant un peu dans le temps, avec La Sirène du Mississipi (diffusé à 20H55, sur Arte), un film sorti en 1969. Dédié à Jean Renoir, adapté, scénarisé et dialogué par Truffaut d’après un roman de William Irish intitulé  Waltz into Darkness  (pour acquérir les droits François Truffaut dut emprunter à Jeanne Moreau, Claude Lelouch et Claude Berri), c’est davantage vers le cinéma d’Alfred Hitchcock, que lorgne pourtant ce film-ci, lequel Hitchcock s’était d’ailleurs lui-même inspiré d’une nouvelle de William Irish pour Fenêtre sur cour. Truffaut avait lui-même aussi déjà adapté William Irish pour La mariée était en noir, en 1968.

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    Synopsis : Louis Mahé (Jean-Paul Belmondo) est fabriquant de cigarettes à La Réunion. Il doit épouser Julie Roussel qu’il a rencontrée par petite annonce et dont il doit faire la connaissance le jour du mariage. Lorsqu’elle débarque à La Réunion, d’une beauté aussi froide que ravageuse, elle ressemble peu à la photo qu’il possédait d’elle. Elle lui affirme ainsi lui avoir envoyé un faux portrait, par méfiance. Peu de temps après le mariage, l’énigmatique Julie s’enfuit avec la fortune de Louis. Louis engage alors le solitaire et pointilleux détective Comolli (Michel Bouquet) pour la rechercher, et il rentre en France. Après une cure de sommeil à Nice, il retrouve Julie qui se nomme en réalité Marion (Catherine Deneuve) par hasard, elle travaille désormais comme hôtesse dans une discothèque. Il est déterminé à la tuer mais elle l’apitoie en évoquant son enfance malheureuse et ses sentiments pour lui qui l’aime d’ailleurs toujours… Commence alors une vie clandestine pour ce singulier couple.

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    Ce film connut un échec à sa sortie. Truffaut l'expliqua ainsi  : « Il est aisé d’imaginer ce qui a choqué le monde occidental. La Sirène du Mississipi montre un homme faible (en dépit de son allure), envoûté par une femme forte (en dépit de ses apparences) ». Voir ainsi Belmondo ravagé par la passion qui lui sacrifie tout explique pour Truffaut l’échec du film. C’est vrai que ce film peut dérouter après  Baisers volés, quintessence du style Nouvelle Vague. Son romantisme échevelé, sombre, voire désespéré (même si Doinel était déjà un personnage romantique) mais aussi son mélange des genres (comédie, drame, film d’aventures, film noir, policier) ont également pu dérouter ceux qui voyaient avant tout en Truffaut un des éminents représentants de la Nouvelle Vague.

    Comme chacun des films de Truffaut La Sirène du Mississipi n’en révèle pas moins une maîtrise impressionnante de la réalisation et du sens de la narration, des scènes et des dialogues marquants, des références (cinématographiques mais aussi littéraires) intelligemment distillées et le touchant témoignage d’un triple amour fou : de Louis pour Marion, de Truffaut pour Catherine Deneuve, de Truffaut pour le cinéma d’Hitchcock.

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    Truffaut traite ainsi de nouveau d’un de ses thèmes de prédilections : l’amour fou, dévastateur, destructeur. Malgré la trahison de la femme qu’il aime, Louis tue pour elle et la suit au péril de sa propre existence… Après les premières scènes, véritable ode à l’île de La Réunion qui nous laisse penser que Truffaut va signer là son premier film d’aventures, exotique, le film se recentre sur leur couple, la troublante et trouble Marion, et l’amour aveugle qu’elle inspire à Louis. Truffaut traitera ce thème de manière plus tragique, plus subtile, plus précise encore dans L’Histoire d’Adèle.H, dans La Peau douce (réalisé avant La Sirène du Mississipi) notamment ou, comme nous l’avons vu, dans La Femme d’à côté , où, là aussi, Bernard (Gérard Depardieu) emporté par la passion perd ses repères sociaux, professionnels, aime à en perdre la raison avec un mélange détonant de douceur et de douleur, de sensualité et de violence, de joie et de souffrance dont La sirène du Mississipi porte déjà les prémisses.

    Bien qu’imprégné du style inimitable de Truffaut, ce film est donc aussi une déclaration d’amour au cinéma d’Hitchcock, leurs entretiens restant le livre de référence sur le cinéma hitchcockien (si vous ne l’avez pas encore, je vous le conseille vivement, il se lit et relit indéfiniment, et c’est sans doute une des meilleures leçons de cinéma qui soit). Les Oiseaux , Pas de printemps pour Marnie, Sueurs froides, Psychose, autant de films du maître du suspense auxquels se réfère La Sirène du Mississipi. Et puis évidemment le personnage même de Marion interprétée par Catherine Deneuve, femme fatale ambivalente, d’une beauté troublante et mystérieuse, d’une blondeur et d’une froideur implacables, tantôt cruelle, tantôt fragile, emprunte beaucoup aux héroïnes hitchcockiennes, à la fois à Tippie Hedren dans Pas de printemps pour Marnie ou à Kim Novak dans Sueurs froides  notamment pour la double identité du personnage dont les deux prénoms (Marion et Julie) commencent d’ailleurs comme ceux de Kim Novak dans le film d’Hitchcock- Madeleine et Judy-.

    A Deneuve, qui vient d'accepter le film, Truffaut écrivit : « Avec La Sirène, je compte bien montrer un nouveau tandem prestigieux et fort : Jean-Paul, aussi vivant et fragile qu'un héros stendhalien, et vous, la sirène blonde dont le chant aurait inspiré Giraudoux. » Et il est vrai qu’émane de ce couple, une beauté ambivalente et tragique, un charme tantôt léger tantôt empreint de gravité. On retrouve Catherine Deneuve et Jean-Paul Belmondo dans des contre-emplois dans lesquels ils ne sont pas moins remarquables. Elle en femme fatale, vénale, manipulatrice, sirène envoûtante mais néanmoins touchante dont on ne sait jamais vraiment si elle aime ou agit par intérêt. Lui en homme réservé, follement amoureux, prêt à tout par amour, même à tuer.

    A l’image de l’Antiquaire qui avait prévenu Raphaël de Valentin dans  La Peau de chagrin à laquelle Truffaut se réfère d’ailleurs, Louis tombant par hasard sur le roman en question dans une cabane où ils se réfugient ( faisant donc de nouveau référence à Balzac après cette scène mémorable se référant au  Lys dans la vallée dans Baisers volés ), et alors que la fortune se réduit comme une peau de chagrin, Marion aurait pu dire à Louis : « Si tu me possèdes, tu possèderas tout, mais ta vie m'appartiendra ».

    Enfin ce film est une déclaration d’amour de Louis à Marion mais aussi et surtout, à travers eux, de Truffaut à Catherine Deneuve comme dans cette scène au coin du feu où Louis décrit son visage comme un paysage, où l’acteur semble alors être le porte-parole du cinéaste. Le personnage insaisissable, mystérieux de Catherine Deneuve contribue largement à l’intérêt du film, si bien qu’on imagine difficilement quelqu’un d’autre interprétant son rôle.

    Comme souvent, Truffaut manie l’ellipse avec brio, joue de nouveau avec les temporalités pour imposer un rythme soutenu. Il cultive de nouveau le hasard comme dans Baisers volés, film dans lequel il était le principal allié de Doinel, pour accélérer l’intrigue.

    Alors, même si ce film n’est pas cité comme l’un des meilleurs de Truffaut, il n’en demeure pas moins fiévreux, rythmé, marqué par cette passion, joliment douloureuse, qui fait l’éloge des grands silences et que symbolise si bien le magnifique couple incarné par Deneuve et Belmondo. Avec La Sirène du Mississipi qui passe brillamment de la légèreté au drame et qui dissèque cet amour qui fait mal, à la fois joie et souffrance, Truffaut signe le film d’un cinéaste et d’un cinéphile comme le fit par exemple également Pedro Almodovar avec Les Etreintes brisées.

    La Sirène du Mississipi s’achève par un plan dans la neige immaculée qui laisse ce couple troublant partir vers son destin, un nouveau départ, et nous avec le souvenir ému de cet amour fou que Truffaut, mieux que nul autre cinéaste, a su retranscrire à l'écran.

    Dix ans plus tard, Catherine Deneuve interprétera de nouveau une Marion dans un film de Truffaut, Le dernier métro, et sera de nouveau la destinataire d’ une des plus célèbres et des plus belles répliques de Truffaut, et du cinéma, que Belmondo lui adresse déjà dans La Sirène du Mississipi :

    « - Quand je te regarde, c'est une souffrance.

    - Pourtant hier, tu disais que c'était une joie.

    - C'est une joie et une souffrance.''

    Sans doute une des meilleures définitions de l’amour, en tout cas de l’amour dans le cinéma de Truffaut… que nous continuerons à analyser prochainement avec « L’Histoire d’Adèle.H ». En attendant je vous laisse méditer sur cette citation et sur le chant ensorcelant et parfois déroutant de cette insaisissable « Sirène du Mississipi ».

    En bonus: mon article sur l'hommage du Festival de Cannes 2011 à Jean-Paul Belmondo

  • Critique de PLACE PUBLIQUE d’Agnès Jaoui

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    Cela aurait pu se passer en Sologne, au domaine de la Colinière où se croiseraient aristocrates, bourgeois et employés de maison qui y seraient revenus des décennies plus tard. Nous ne sommes pourtant plus à la fin des années 1930 mais en 2017. Les aristocrates et bourgeois sont devenus des gens de télévision. Et la "règle du jeu" n’a pas changé tant que cela. Là aussi, comme dans le film éponyme de Renoir, chacun porte un masque. Là aussi, surtout, la menace plane, comme l’annonce d’emblée un coup de feu qui ouvre le flashback et nous fait remonter le temps avant l’orage, avant que la place publique ne se vide.

    C’est dans une grande maison proche de Paris que tout va en effet se jouer, que tout un joyeux petit monde se retrouve pour une pendaison de crémaillère. Il y a là Castro -dont le patronyme n'est d'ailleurs certainement pas innocent- (Jean-Pierre Bacri), autrefois star du petit écran, à présent animateur sur le déclin. C’est son chauffeur, Manu (Kevin Azaïs) qui le conduit à la pendaison de crémaillère de sa productrice et amie de longue date, Nathalie (Léa Drucker), qui a emménagé dans une belle maison près de Paris. Hélène (Agnès Jaoui), sœur de Nathalie et ex-femme de Castro, est elle aussi invitée. Quand ils étaient jeunes, ils partageaient les mêmes idéaux mais le succès a converti Castro au pragmatisme (ou plutôt au cynisme) tandis qu'Hélène est restée fidèle à ses convictions. Leur fille, Nina (Nina Meurisse), qui a écrit un livre librement inspiré de la vie de ses parents, se joint à eux. Alors que Castro assiste, impuissant, à la chute inexorable de son audimat, Hélène tente désespérément d'imposer dans son émission une réfugiée afghane. Pendant ce temps, la fête bat son plein...

    Sur le chemin qui les mène à la crémaillère, Castro et son chauffeur s’arrêtent en pleine campagne. Costumes noirs, voiture noire sur fond de nature verdoyante. Le contraste saute immédiatement aux yeux. Le choc des univers, à commencer par ceux de la campagne et de la ville, est annoncé. Ils écoutent une interview à laquelle a récemment répondu Castro qui clame que vieillir c’est « atteindre une sorte de sérénité ». La suite démontrera tout le contraire. Comme dans un film de Woody Allen, le roi des scènes d’exposition, en quelques répliques et quelques plans, le ton est donné, et notre attention captivée.

    Comme ne le cessera de le répéter Nathalie (la productrice de Castro)  tout au long de la soirée, semblant découvrir avec ébahissement qu’une vie est possible une fois le périphérique parisien franchi, cette maison est à « seulement 35 minutes de Paris ». La condescendance parisianiste n’est pas épargnée, et c’est réjouissant. Chaque personnage incarne d’ailleurs un stéréotype de notre époque. De leur confrontation nait la comédie et/ou la mélancolie. Le jardin devient la place publique où se croisent ceux qui ailleurs se méprisent, se dédaignent ou, pire, s’ignorent. Les uns sont obsédés par les selfies quand d’autres (Nathalie et son sourire carnassier) ont le portable constamment vissé à l’oreille. Et tout ce petit monde se côtoie et utilise beaucoup les moyens de communications sans vraiment se comprendre, sans vraiment se rencontrer. Du moins dans un premier temps…

    L’écriture de Jaoui et Bacri s’attache à faire exister autant les premiers que les « seconds » rôles comme l’assistant naïf et grégaire, le youtubeur qui se croit le centre du monde et qui estime que sa gloire, sans doute éphémère (l’opportunisme et la versatilité médiatiques ne sont pas épargnés non plus), lui permet tout, de tout avoir et de tout jeter aussi vite, la compagne de Castro (Héléna Noguerra), le compagnon russe de Nathalie qui trouve qu’il y a trop d’immigrés alors que lui-même est immigré russe, la fille (Nina Meurisse) qui écrit une autofiction…

    Les liens se font et se défont au cours de la soirée. La réalisation, particulièrement inspirée, le souligne discrètement et admirablement : division des espaces avec un savant jeu d’oppositions, profondeur de champ, importance du second plan (où ce qui s’y joue est parfois aussi important que ce qui est au premier), caméra qui virevolte, indiscrète, intrusive au milieu de ce petit monde. Malgré l’unité de lieu et de temps, nous sommes bien au cinéma et non au théâtre. Jaoui et Bacri sont des dialoguistes indéniablement doués et, films après films, Agnès Jaoui prouve aussi un peu plus ses talents de réalisatrice (Le goût des autres, Comme une image, Parlez-moi de la pluie, Au bout du conte). La photographie d’Yves Angelo nimbe ce jardin, cette nature qui bruisse, et cette maison bourgeoise, d’une chaleureuse lumière qui procure la sensation d’une renaissance et que là, à cet instant, avec ce public bigarré, tout est possible et il nous semble presque en humer le parfum printanier. C’est ce qu’éprouve d’ailleurs Agnès Jaoui qui y retrouve son amour de jeunesse. Et en quelques mots, quelques regards échangés, quelques plans, nous éprouvons ce doux et exaltant sentiment de renaissance avec elle.

    Il est difficile de ne pas établir de comparaison avec Le sens de la fête de Toledano, Nakache, sorti l’an passé. Là aussi unité de temps et de lieu, présence de Jean-Pierre Bacri, fête qui est prétexte au brassage social, et surtout dans l’un comme dans l’autre, finalement, derrière le groupe et la joie, l’atmosphère apparemment festive, affleure la solitude de chacun. Jaoui et Bacri n’ont pas leur pareil pour décrire la météo lunatique des âmes et ce nouveau film qu’ils ont coécrit ne déroge pas à la règle. Ils semblent plus pessimistes peut-être : l’une incarne celle qui n’a rien perdu de ses idéaux de jeunesse certes mais dont la générosité a visiblement oublié ses proches, l’autre (contrairement à son personnage du Goût des autres qui s’ouvrait aux autres et au monde, qui laissait tomber ses préjugés)  reste enfermé dans ses préjugés et ses certitudes. Et au milieu de tout cela, attendant sagement sur sa chaise que la fête se termine, le chauffeur (charismatique Kevin Azaïs) observe avec bienveillance et semble incarner le propre regard des coscénaristes tout comme le compagnon d’Hélène (Eric Viellard) qui ne veut surtout jamais heurter personne, moins naïf qu’il n'y parait.

     C’est finalement un film en forme de trompe-l’œil comme On connaît la chanson de Resnais (dont Jaoui et Bacri avaient aussi signé le scénario) qui commençait ainsi : ouverture sur une croix gammée, dans le bureau de Von Choltitz au téléphone avec Hitler qui lui ordonne de détruire Paris. Mais Paris ne disparaîtra pas et sera bien heureusement le terrain des chassés croisés des personnages, cette épisode était juste une manière de planter le décor, de nous faire regarder justement au-delà du décor. D’ailleurs, la dernière scène d’On connaît la chanson rappelle aussi celle de Place publique.  Chacun y laisse tomber son masque, de fierté ou de gaieté feinte, dans le dernier acte où tous sont réunis, dans le cadre d’une fête qui, une fois les apparences dévoilées (même les choses comme l’appartement n’y échappent pas, même celui-ci se révèlera ne pas être ce qu’il semblait), ne laissera plus qu’un sol jonché de bouteilles et d’assiettes vides, débarrassé du souci des apparences, et du rangement (de tout et chacun dans une case). Ici aussi les masquent tombent au fur et à mesure de la soirée. Si pour certains la soirée sera celle des désillusions, pour d’autres des illusions vont éclore, malgré tout.

    Comme la Règle du jeu évoqué en introduction, Place publique est un « drame gai », une « fantaisie dramatique ».  Une comédie mélancolique, aussi. Comme Renoir, Jaoui et Bacri portent un regard incisif mais humaniste sur leurs contemporains, un regard inquiet aussi. Ils regardent leurs personnages, même les plus cyniques, même pétris de préjugés sociaux et/ou sexistes (les femmes dans le regard des hommes y sont souvent réduites à leur âge, leur apparence, ou leur condition sociale), avec bienveillance, avec le goût des autres. Dans les deux films le coup de feu est un présage, celui d’un horizon qui s’assombrit, de préjugés qui ternissent l’apparente quiétude. Et puis il y a tous ces petits moments de magie qui nous donnent envie de les rejoindre sur cette place publique. Ces moments ne sont d’ailleurs pas des scènes vaines mais à chaque fois des passages qui en disent long sur leurs personnages : quand le compagnon d’Hélène chante La tendresse et qu’elle ne semble pas voir ce qu’il lui crie, là et ailleurs, quand Castro persiste à chanter  Les feuilles mortes en imitant Montand, pathétique et touchant, et que personne n’ose l’en empêcher. A chaque fois notre cœur se serre et l’émotion jaillit. Il y a enfin cette musique irrésistible jouée par un groupe sud-américain qui accompagne toute la soirée qui en donne le ton ou au contraire contraste avec celui-ci.  Comme dans le film de Resnais, cela se termine en chanson et c’est cette petite musique qui nous accompagne bien après le générique de fin. Celle d’un film choral dans tous les sens du terme. Un film qui, sans atteindre la perfection du Goût des autres, exhale un charme fou, celui du printemps qui chante, du possible d’une rencontre ou d’une renaissance…

  • Critique de CASABLANCA de Michael Curtiz à voir à 20H45 sur Ciné + Classic

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    On ne présente plus « Casablanca » ni Rick Blaine (Humphrey Bogart), le mystérieux propriétaire du bigarré Café Américain. Nous sommes en 1942, à Casablanca, là où des milliers de réfugiés viennent et échouent des quatre coins de l’Europe, avec l’espoir fragile d’obtenir un visa pour pouvoir rejoindre les Etats-Unis. Casablanca est alors sous le contrôle du gouvernement de Vichy. Deux émissaires nazis porteurs de lettres de transit sont assassinés. Ugarte (Peter Lorre), un petit délinquant, les confie à Rick alors qu’il se fait arrêter dans son café.  C’est le  capitaine Renault (Claude Rains), ami et rival de Rick, qui est chargé de l’enquête tandis qu’arrive à Casablanca un résistant du nom de Victor Laszlo (Paul Henreid). Il est accompagné  de sa jeune épouse : la belle Ilsa (Ingrid Bergman). Rick reconnaît en elle la femme qu’il a passionnément aimée, à Paris, deux ans auparavant…

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    Casablanca est un film qui contient plusieurs films, plusieurs histoires potentielles esquissées ou abouties, plusieurs styles et tant de destins qui se croisent.

    Plusieurs films d’abord. Casablanca est autant le portrait de cette ville éponyme, là où tant de nationalités, d’espoirs, de désespoirs se côtoient, là où l’on conspire, espère, meurt, là où la chaleur et l’exotisme ne font pas oublier qu’un conflit mondial se joue et qu’il est la seule raison pour laquelle des êtres si différents se retrouvent et parfois s’y perdent.

    C’est ensuite évidemment l’histoire de la Résistance, celle de la collaboration, l’Histoire donc.

    Et enfin une histoire d’amour sans doute une des plus belles qui ait été écrite pour le cinéma. De ces trois histoires résultent les différents genres auxquels appartient ce film : vibrante histoire d’amour avant tout évidemment, mais aussi comédie dramatique, film noir, mélodrame, thriller, film de guerre.

    Peu importe le style auquel il appartient, ce qui compte c’est cette rare alchimie. Cette magie qui, 70 ans après, fait que ce film est toujours aussi palpitant et envoûtant.

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    L’alchimie provient d’abord du personnage de Rick, de son ambiguïté.  En apparence hautain, farouche individualiste, cynique, velléitaire, amer, il se glorifie ainsi de « ne jamais prendre parti », de  « ne prendre de risque pour personne » et dit qu’ « alcoolique » est sa nationalité ; il se révèle finalement patriote, chevaleresque, héroïque, déterminé, romantique. Evidemment Humphrey Bogart avec son charisme, avec son vieil imper ou son costume blanc (qui reflètent d’ailleurs le double visage du personnage), sa voix inimitable, sa démarche nonchalante, ses gestes lents et assurés lui apporte un supplément d’âme, ce mélange de sensibilité et de rudesse qui n’appartient qu’à lui. Un personnage aux mille visages, chacun l’appelant, le voyant aussi différemment. Auparavant surtout connu pour ses rôles de gangsters et de détectives, Humphrey Bogart était loin d’être le choix initial (il fut choisi après le refus définitif de George Raft) tout comme Ingrid Bergman d’ailleurs (Michèle Morgan, notamment, avait d’abord été contactée), de même que le réalisateur Michael Curtiz n’était pas le choix initial de la Warner qui était William Wyler. On imagine désormais mal comment il aurait pu en être autrement tant tous concourent à créer cette alchimie…

    Ensuite cette alchimie provient évidemment du couple qu’il forme avec Ingrid Bergman qui irradie littéralement l’écran, fragile, romanesque, nostalgique, mélancolique  notamment grâce à une photographie qui fait savamment briller ses yeux d’une tendre tristesse. Couple romantique par excellence puisque leur amour est rendu impossible par  la présence du troisième personnage du triangle amoureux qui se bat pour la liberté, l’héroïque Victor Laszlo qui les place face à de cruels dilemmes : l’amour ou l’honneur. Leur histoire personnelle ou l’Histoire plus grande qu’eux qui  tombent « amoureux quand le monde s’écroule ». L’instant ou la postérité.

    Et puis il y a tous ces personnages secondaires : Sam (Dooley Wilson), le capitaine Renault, … ; chacun incarnant un visage de la Résistance, de la collaboration ou parfois une attitude plus ambiguë à l’image de ce monde écartelé, divisé dont Casablanca est l’incarnation.

    Concourent aussi à cette rare alchimie ces dialogues, ciselés, qui, comme le personnage de Rick oscillent entre romantisme noir et humour acerbe : « de tous les bistrots, de toutes les villes du monde c’est le mien qu’elle a choisi ». Et puis ces phrases qui reviennent régulièrement comme la musique de Sam, cette manière nonchalante, presque langoureuse que Rick a de dire « Here’s looking at you, kid » .

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    Et comme si cela n’était pas suffisant, la musique est là pour achever de nous envoûter. Cette musique réminiscence de ces brefs instants de bonheur à Paris, entre Rick et Ilsa, à « La Belle Aurore » quand l’ombre ne s’était pas encore abattue sur le destin et qu’il pouvait encore être une « belle aurore », ces souvenirs dans lesquels le « Play it again Sam » les replonge lorsque Ilsa implore Sam de rejouer ce morceau aussi célèbre que le film : « As time goes by » ( la musique est signée Max Steiner mais « As time goes by » a été composée par Herman Hupfeld en 1931 même si c’est « Casablanca » qui l’a faîte réellement connaître).

    Et puis il y a la ville de Casablanca d’une ensorcelante incandescence qui vibre, grouille, transpire sans cesse de tous ceux qui s’y croisent, vivent de faux-semblants et y jouent leurs destins : corrompus, réfugiés, nazis, collaborateurs… .

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    Des scènes d’anthologie aussi ont fait entrer ce film dans la légende comme ce combat musical, cet acte de résistance en musique (les partisans des Alliés chantant la Marseillaise couvrant la voix des Allemands chantant Die Wacht am Rhein, et montrant au détour d’un plan un personnage changeant de camp par le chant qu’il choisit) d’une force dramatique et émotionnelle incontestable.  Puis évidemment la fin que les acteurs ne connaissaient d’ailleurs pas au début et qui fut décidée au cours du tournage, cette fin qui fait de « Casablanca » sans doute une des trois plus belles histoires d’amour de l’histoire du cinéma. Le tournage commença ainsi sans scénario écrit et Ingrid Bergman ne savait alors pas avec qui son personnage partirait à la fin, ce qui donne aussi sans doute à son jeu cette intrigante ambigüité. Cette fin( jusqu’à laquelle  l’incertitude est jubilatoire pour le spectateur) qui rend cette histoire d’amour intemporelle et éternelle. Qui marque le début d’une amitié et d’un engagement (le capitaine Renault jetant la bouteille de Vichy, symbole du régime qu’il représentait jusqu’alors) et est clairement en faveur de l’interventionnisme américain (comme un autre film dont je vous parlais récemment), une fin qui est aussi  un sacrifice, un combat pour la liberté qui subliment l’histoire d’amour, exhalent et exaltent la force du souvenir (« nous aurons toujours Paris ») et sa beauté mélancolique.

    La réalisation de Michael Curtiz est quant à elle élégante, sobre, passant d’un personnage à l’autre avec beaucoup d’habileté et de fluidité, ses beaux clairs-obscurs se faisant l’écho des zones d’ombre  des personnages et des combats dans l’ombre et son style expressionniste donnant des airs de film noir à ce film tragique d’une beauté déchirante. Un film qui comme l’amour de Rick et Ilsa résiste au temps qui passe.

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    Le tout concourant à ce romantisme désenchanté, cette lancinance nostalgique et à ce que ce film soit régulièrement classé comme un des meilleurs films du cinéma mondial. En 1944, il fut ainsi couronné de trois Oscars (meilleur réalisateur, meilleur scénario adapté, meilleur film) et l’American Film Institute, en 2007, l’a ainsi classé troisième des cents meilleurs films américains de l’Histoire derrière l’indétrônable « Citizen Kane » et derrière « Le Parrain ».

    Le charme troublant de ce couple de cinéma mythique et le charisme ensorcelant de ceux qui les incarnent, la richesse des personnages secondaires,  la cosmopolite Casablanca, la musique de Max Steiner, la voix de Sam douce et envoûtante chantant le nostalgique « As time goes by », la menace de la guerre lointaine et si présente, la force et la subtilité du scénario (signé Julius et Philip Epstein d’après la pièce de Murray Burnett et Joan Alison « Everybody comes to Rick’s »), le dilemme moral, la fin sublime, l’exaltation nostalgique et mélancolique de la force du souvenir et de l’universalité de l’idéalisme (amoureux, résistant) et du combat pour la liberté font de ce film un chef d’œuvre…et un miracle quand on sait à quel point ses conditions de tournage furent désastreuses.

    La magie du cinéma, tout simplement, comme le dit Lauren Bacall : « On a dit de Casablanca que c’était un film parfait évoquant l’amour, le patriotisme, le mystère et l’idéalisme avec une intégrité et une honnêteté que l’on trouve rarement au cinéma. Je suis d’accord. Des générations se plongeront dans le drame du Rick’s Café Américain. Et au fil du temps, le charme de Casablanca, de Bogey et de Bergman continuera à nous ensorceler. C’est ça, la vraie magie du cinéma ».

    Un chef d’œuvre à voir absolument. A revoir inlassablement. Ne serait-ce que pour entendre Sam (Dooley Wilson)  entonner « As time goes by » et nous faire chavirer d’émotion...

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  • Le jury du 71ème Festival de Cannes

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    Ci-dessus, photo de Cate Blanchett au Festival du Cinéma Américain de Deauville ... peut-être une photo prémonitoire puisque Vincent Lindon sera à nouveau en lice cette année pour le prix d'interprétation avec En guerre de Stéphane Brizé.

    Comme chaque année, c'est quelques jours après la conférence de presse de l'annonce de la sélection officielle (dont vous pouvez retrouver le compte rendu, ici) que nous connaissons la composition du jury du Festival de Cannes. Nous savions déjà que la présidente en serait l'actrice et productrice australienne Cate Blanchett (retrouvez ici, mon article à ce sujet avec 3 critiques de films dans lesquels joue l'actrice). 5 femmes (souvent très engagées) et 4 hommes composent ce jury dont les membres appartiennent à 5 continents et 7 nationalités.

    Voici les membres de ce jury comme toujours prestigieux et éclectique :

    Chang Chen

    (Acteur, chinois)

    Ava DuVernay

    (Scénariste, réalisatrice, productrice, américaine)

    Robert Guédiguian

    (Réalisateur, scénariste, producteur, français)

     Khadja Nin

    (Auteur, compositeur, interprète, burundaise)

     Léa Seydoux

    (Actrice, française)

     Kristen Stewart

    (Actrice américaine)

     Denis Villeneuve

    (Réalisateur, scénariste canadien)

     Andrey Zvyagintsev

    (Réalisateur, scénariste russe)

    A l'occasion de la présence de son réalisateur dans le jury, je vous propose à nouveau la critique de FAUTE D'AMOUR, mon coup de cœur du Festival de Cannes 2017, prix du jury.

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    Cette critique est extraite de mon compte rendu du Festival de Cannes 2017 à retrouver ici.

    « Faute d’amour » est mon grand coup de cœur de cette édition que je retournerai voir pour vous en parler plus longuement et plus précisément.

    Boris et Genia sont en train de divorcer. Ils se disputent sans cesse et enchaînent les visites de leur appartement en vue de le vendre. Ils préparent déjà leur avenir respectif : Boris est en couple avec une jeune femme enceinte et Genia fréquente un homme aisé qui semble prêt à l’épouser... Aucun des deux ne semble avoir d'intérêt pour Aliocha, leur fils de 12 ans. Jusqu'à ce qu'il disparaisse.

    En 2007, Konstantin Lavronenko, remportait le prix d’interprétation masculine pour son rôle dans « Le Bannissement » de Zvyagintsev. Avec « Elena », Zvyangintsev remportait le Prix spécial du jury  Un  Certain Regard en 2011. Et le Prix du scénario pour « Leviathan » en 2014. Avec ce cinquième long-métrage, il frôle la perfection.

    Ce film palpitant m’a littéralement scotchée à l’écran du premier au dernier plan. Premiers plans de ces arbres décharnés, morts, comme un avertissement. Et de ce drapeau russe flottant sur le fronton d’une école déserte. « Je voulais parler d’absence d’empathie et d’égoïsme permanent et l’arrière-plan politique contribue à votre perception ». Voilà comment Zvyagintsev a évoqué son film lors de la conférence de presse des lauréats. Il a obtenu le grand prix, son film avait aussi tout d’une palme d’or. Et dans ces premiers plans, déjà, tout était dit.

    Chaque séquence, portée par une mise en scène vertigineuse d’une précision stupéfiante (perfection du cadre, des mouvements de caméra, de la lumière, du son même), pourrait être un court-métrage parfait et le tout esquisse le portrait d’êtres ne sachant plus communiquer ni aimer. La mère passe ainsi son temps sur Facebook et à faire des selfies. Métaphore de la Russie et plus largement d’un monde, individualiste, matérialiste et narcissique, où il est plus important de parler de soi sur les réseaux sociaux que de s’occuper de ses enfants. Où l’entreprise devient un univers déshumanisé dans l’ascenseur de laquelle les employés sont  silencieusement alignés tels des zombies.

    « Faute d’amour » est un film très ancré dans le pays dans lequel il se déroule mais aussi très universel. Le pays en question c’est une Russie qui s’essouffle (au propre comme au figuré, et tant pis pour ceux qui trouveront le plan le matérialisant trop symboliste). A l’arrière-plan, l’Ukraine. « Il y a une dimension métaphysique. La perte de l'enfant pour ces deux parents, c'est pour la Russie la perte de la relation naturelle et normale avec notre voisin le plus proche, l'Ukraine », a ainsi expliqué le cinéaste. Et quand la caméra explore le bâtiment fantôme, surgi d’une autre époque, figé, chaque pas dans cette carcasse squelettique nous rappelle ainsi à la fois les plaies béantes d’un pays et celles d’un enfant qui venait s’y réfugier.

    Le film est éprouvant, par moment étouffant, suffocant même. Il décrit des êtres et un univers âpres, abîmés,  cela ne le rend pas moins passionnant comme un éclairage implacable sur une société déshumanisée, pétrie de contradictions. Ainsi, le père travaille dans une société avec un patron intégriste qui ne supporte pas que ses employés divorcent tandis que la mère travaille dans un institut de beauté et passe son temps à s’occuper de son corps.

    Les scènes de disputes entre les parents sont d’une violence inouïe et pourtant semblent toujours justes, comme celle, féroce, où la mère dit à son mari qu’elle ne l’a jamais aimé et a fortiori celle que l’enfant entend, caché derrière une porte, dont nous découvrons la présence à la fin de celle-ci, dispute qui avait pour but de s’en rejeter la garde. L’enfant semble n’être ici qu’un obstacle à leur nouveau bonheur conjugal. Une séquence d’une force, d’une brutalité à couper le souffle. Et lorsque l’enfant se réfugie pour pleurer, secoué de sanglots, exprimant un désarroi incommensurable que personne ne viendra consoler, notre cœur saigne avec lui.

    Zvyangintsev, s’il stigmatise l’individualisme à travers ceux-ci, n’en fait pas pour autant un portrait manichéen des parents. La mère, Genia, a ainsi vécu elle aussi une enfance sans amour avec une mère surnommée « Staline en jupons » qui, elle-même, après une séquence dans laquelle elle s’est montrée impitoyable avec sa fille, semble s’écrouler, visiblement incapable de communiquer autrement qu’en criant et insultant, mais surtout terriblement seule. Genia apparaît au fil du film plus complexe et moins détestable qu’il n’y paraissait, la victime d’un système (humain, politique) qui broie les êtres et leurs sentiments. Son mari nous est presque rendu sympathique par la haine que sa femme lui témoigne et par son obstination silencieuse à aider aux recherches menées par des bénévoles qui témoignent d’une générosité qui illumine ce film glaçant et glacial.

    Des décors de l’appartement, d’une froideur clinique, à ces arbres squelettiques, à l’entreprise du père avec ses règles et espaces rigides, en passant par les extérieurs que la neige et l’obscurité envahissent de plus en plus au fil du film, tout semble sans âme et faire résonner ces pleurs déchirantes d’un enfant en mal d’amour (auxquelles d’ailleurs feront écho d’autres pleurs et d’autres cris lors de séquences ultérieures  également mémorables et glaçantes). Des plans qui nous hanteront bien après le film. Bien après le festival. Un très grand film qui m’a rappelée une palme d’or qui nous interrogeait sur les petitesses en sommeil recouvertes par l’immaculée blancheur de l’hiver, un film rude et rigoureux,« Winter sleep » de Nuri Bilge Ceylan. Une palme d’or que Zvyagintsev  (reparti avec le prix du jury) aurait indéniablement méritée pour ce film parfait de l’interprétation au scénario en passant par la mise en scène et même la musique, funèbre et lyrique, qui renforce encore le sentiment de désolation et de tristesse infinie qui émane de ces personnages que la richesse du scénario nous conduit finalement à plaindre plus qu’à blâmer. Du grand art.

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  • Programme du Festival de Cannes 2018 : conférence de presse d’annonce de la sélection officielle

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    Ce matin, à l’UGC Normandie sur les Champs-Elysées, avait lieu la traditionnelle conférence de presse du Festival de Cannes à l’occasion de laquelle a été annoncé la majeure partie du programme de la sélection officielle de cette 71ème édition qui aura lieu du mardi 8 au samedi 19 mai 2018, une édition qui commencera ainsi un jour plus tôt mais aura une durée identique aux années précédentes.

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    Comme d’habitude,  le président du festival, Pierre Lescure, et le délégué général, Thierry Frémaux, ont présenté la sélection. Pierre Lescure, en préambule, a simplement évoqué « 3 days in Cannes », l’opération qui permettra aux cinéphiles et cinévores de 18 à 28 ans de découvrir la sélection officielle avant tout le monde et en exclusivité les 17, 18 et 19 Mai (à condition d’envoyer une lettre de motivation et d’être sélectionné). Il a ainsi souligné qu’en une seule journée 600 lettres ont déjà été reçues. Pour ma part, ayant réalisé mon rêve de venir au festival pour la première fois il y a 18 ans grâce, aussi, à un concours qui se nommait à l’époque le Prix de la Jeunesse (alors organisé par le Ministère de la Jeunesse et des sports), si vous répondez aux critères, je ne peux que vous encourager à tenter votre chance !

    C’est ensuite le délégué général du festival, Thierry Frémaux, qui a pris la parole précisant tout d’abord que 1906 longs-métrages ont été visionnés, insistant sur la "vitalité du désir cinématographique" dont témoignent ces films. Il  a ainsi souligné le "fort renouvellement générationnel, de cinéastes, de gens que vous aviez peu ou dont vous n’aviez pas entendu parler, ce qui est le résultat de ce processus de sélection". Sept premiers films figurent ainsi en sélection officielle. Il a également souligné la "présence assez forte du cinéma coréen, un cinéma toujours plein de vitalité."

    La conférence de presse a aussi été l'occasion de revenir sur l'affiche dévoilée hier. "Nous avons beaucoup réfléchi ne sachant pas si l’esprit des temps en janvier serait le même au mois de mai. Nous avons voulu redire aussi après ces débats qui ont traversé l’automne et l’hiver que le cinéma et la vie c’est aussi l’amour" a ainsi déclaré Thierry Frémaux. Ce dernier a également souligné "la symbolique d’un homme et d’une femme" et Pierre Lescure le caractère "exubérant, joyeux et libre" de l'affiche.

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    L'affiche 2018 s'inspire ainsi de Pierrot le fou de Jean-Luc Godard.  Georges Pierre (1927-2003) est l’auteur du visuel de l’affiche du 71e Festival de Cannes, extrait de Pierrot le fou de Jean-Luc Godard (1965). Cet immense photographe de plateau a immortalisé les tournages de plus d’une centaine de films en 30 ans d’une carrière qui débuta en 1960 avec Jacques Rivette, Alain Resnais et Louis Malle. Il engagea ensuite des collaborations avec Robert Enrico, Yves Robert, Claude Sautet, Bertrand Tavernier, Andrzej Żuławski, Andrzej Wajda, et donc Jean-Luc Godard. Engagé en faveur de la reconnaissance du statut d’auteur pour le photographe de plateau, Georges Pierre a fondé l’Association des Photographes de Films, chargée de la défense des intérêts matériels et moraux des photographes de cinéma. La graphiste Flore Maquin signe la maquette de cette affiche.

    Cate Blanchett présidera le jury du Festival de Cannes 2018. Retrouvez mon article complet à ce sujet en cliquant ici avec trois critiques de films avec Cate Blanchett.

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    Photo personnelle ci-dessus prise lors de l'hommage rendu à l'actrice dans le cadre du Festival du Cinéma Américain de Deauville.

    Pour l'instant, 18 films en compétition officielle ont ainsi été annoncés. Ils sont signés : Asghar FARHADI, Stéphane BRIZÉ, Matteo GARRONE, Jean-Luc GODARD, Ryusuke HAMAGUCHI, Christophe HONORÉ, Eva HUSSON, JIA Zhang-Ke, JIA Zhang-Ke, KORE-EDA Hirokazu, Nadine LABAKI, LEE Chang-Dong, Spike LEE, David Robert MITCHELL, Jafar PANAHI, Pawel PAWLIKOWSKI, Alice ROHRWACHER, Kirill SEREBRENNIKOV, A.B SHAWKY.

    Parmi les films à découvrir :

    -Le 71ème Festival de Cannes s’ouvrira ainsi le 8 mai  avec la projection en compétition d’Everybody Knows (Todos Lo Saben), le nouveau film d’Asghar Farhadi  en salles le 9 Mai.  Devant la caméra du cinéaste iranien, l’un des couples les plus emblématiques du cinéma actuel : Penelope Cruz et Javier Bardem. Entièrement tourné en espagnol dans la péninsule ibérique, le 8ème long métrage d’Asghar Farhadi suit Laura qui vit avec son mari et leurs enfants à Buenos Aires. À l’occasion d’une fête de famille, elle revient dans son village natal, en Espagne, avec ses enfants. Un événement inattendu va bouleverser le cours de leur existence. La famille, ses secrets, ses liens, ses traditions et les choix moraux qu’ils imposent sont, comme chacun des scénarios du cinéaste, au cœur de l’intrigue.

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    Copyright Memento Films Distribution 

    -En séance spéciale, le film de Romain Goupil et Daniel Cohn-Bendit, La Traversée, un film selon Thierry Frémaux  "sur la France de 2018" dans lequel ils  "sont partis à la recherche d’une certaine vérité des gens de ce pays". Ce documentaire de 90 minutes est une "mosaïque de la France sans vouloir rien prouver" et sera une observation du quotidien des Français, 50 ans après mai 1968.

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    - En séance spéciale également, nous pourrons découvrir le documentaire de Wim Wenders Le Pape François - Un homme de parole.

    -Pour l'instant, seulement deux séances de minuit ont été programmées : Arctic de Joe Penna et Gongjak de Yoon Jong-Bing. Quelques-unes seront ajoutées ensuite.

    -Hors compétiton, nous pourrons découvrir le film de Gilles Lellouche, Le Grand bain, dans lequel  "une poignée de quadras, au bord de la dépression, décide du jour au lendemain de faire de la natation synchronisée masculine." Au casting : Mathieu Amalric, Guillaume Canet, Benoît Poelvoorde, Marina Foïs, Jean-Hugues Anglade, Virigine Efira, Philippe Katerine, Virginie Efira, Félix Moati, Leïla Bekhti... Ce film a été pour Thierry Frémaux l'occasion de rappeler que « Le cinéma français d’auteur grand public est toujours le bienvenu sur la Croisette."

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    - Hors compétition, il sera également possible de découvrir le nouveau film de la galaxie Star Wars Movies™, Solo : A Star Wars story sera ainsi en Sélection officielle (hors compétition).  En 2002, ce fut Star Wars II : L’Attaque des clones et en 2005, Star Wars : La Revanche des Sith. En 2018, l’un des plus grands mythes de l’histoire du cinéma revient Hors Compétition sur le tapis rouge du Festival de Cannes.  Le deuxième spin-off de la saga sera dévoilé sur l’écran du Grand Théâtre Lumière. L’épisode revient sur la jeunesse du célèbre contrebandier, as du pilotage et charmant vaurien, Han Solo.   Écrit par Lawrence et Jonathan Kasdan, le film est réalisé par Ron Howard.   Autour d’Alden Ehrenreich  qui incarne Han Solo, le casting compte Woody Harrelson  Emilia Clarke, Donald Glover, Thandie Newton, Phoebe Waller-Bridge, Joonas Suotamo et Paul Bettany.  Solo est distribué par la Walt Disney Company. Il sortira en France le 23 mai, deux jours avant sa sortie aux États-Unis.

    -Parmi les films d'Un Certain Regard, nous suivrons avec attention le premier film syrien nommé Mon tissu préféré de Gaya Jiji. Synopsis : Damas, mars 2011. Nahla est une jeune femme célibataire qui mène une vie morne dans une banlieue syrienne, aux côtés de sa mère et ses deux sœurs. Le jour où on lui présente Samir, un expatrié Syrien en provenance des États-Unis à la recherche d’une épouse, elle rêve d’une vie meilleure. Mais tout ne se passe pas comme prévu. Contre toute attente, il décide de se marier à sa cadette, Myriam. Dès lors, Nahla se rapproche de Mme Jiji, une voisine récemment installée dans l’immeuble qui dirige une maison-close deux étages plus haut. Alors que les tensions s’intensifient dans le pays et que la famille est occupée à l’organisation du mariage de sa sœur, Nahla va explorer le monde de Mme Jiji. Un lieu rempli de fantasmes où elle sera confrontée à ses propres peurs et désirs.

    -Egalement à voir à Un Certain Regard, A genoux les gars d'Antoine Desrosières au sujet duquel Thierry Frémaux a précisé qu'il a été "cocréé avec ses actrices qui ont écrit le scénario et les dialogues" et que ce film se situe  "au cœur d’un certain nombre de choses qui ont traversé les films que nous avons vus au sujet des nouveaux rapports femmes, hommes dont  l'affiche est également le témoin."

    -A découvrir également dans le cadre d'Un Certain Regard Euphoria de Valéria Golino dans lequel  "Une situation difficile donne à deux frères éloignés l'occasion de se connaître davantage. Matteo est un jeune entrepreneur prospère, ouvert d'esprit, charmant et dynamique. Son frère Ettore vit toujours dans la petite ville de province où ils sont nés et enseigne au collège local. C'est un homme prudent et honnête. Tous les deux vont découvrir qu'un lien très étroit les rapproche. "

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    -Toujours dans le cadre d'Un Certain Regard, Gueule d'ange de Vanessa Filho, avec Marion Cotillard et Alban Lenoir : Une jeune femme vit seule avec sa fille de huit ans. Une nuit, après une rencontre en boîte de nuit, la mère décide de partir, laissant son enfant livrée à elle-même.

    -En compétition officielle, Stéphane Brizé  revient avec En guerre après La loi du marché pour lequel Vincent Lindon avait obtenu le prix d'interprétation masculine en 2015. Ce dernier est également au casting de ce film dont voici le synopsis : malgré de lourds sacrifices financiers de la part des salariés et un bénéfice record de leur entreprise, la direction de l’usine Perrin Industrie décide néanmoins la fermeture totale du site. Accord bafoué, promesses non respectées, les 1100 salariés, emmenés par leur porte‑parole Laurent Amédéo, refusent cette décision brutale et vont tout tenter pour sauver leur emploi.

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    -Egalement en compétition officielle, Jean-Luc Godard avec Le livre d’image, 4 ans après son prix du jury pour Adieu au langage : "Rien que le silence, rien qu'un chant révolutionnaire, une histoire en cinq chapitres, comme les cinq doigts de la main." Une réflexion sur le monde arabe en 2017 à travers des images documentaires et de fiction.

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    -Christophe Honoré revient également en compétition pour Plaire, aimer et courir vite, qui marquera sa  deuxième apparition en compétition après Les chansons d’amour (2007).

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    - Eva Husson, pour son deuxième film, Les filles du soleil sera également à suivre avec attention pour ce film qui nous emmènera au Kurdistan : Bahar, commandante des Filles du Soleil, un bataillon composé de femmes soldates kurdes, est sur le point de reprendre la ville de Gordyene, où elle avait été capturée par les extrémistes. Mathilde, journaliste française, couvre les trois premiers jours de l’offensive. A travers la rencontre de ces deux femmes, on retrace le parcours de Bahar depuis que les hommes en noir ont fait irruption dans sa vie. "Le film d'Eva Husson - et nous n’aimons pas distinguer tel ou tel film de la compétition - gageons que vous direz comme je l’affirme que c’est un film de femmes, un film qui évoque la guerre des kurdes et des femmes combattantes kurdes" a précisé Thierry Frémaux.

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    -Trois ans après Au-delà des montagnes, le réalisateur chinois Jia Zhang-ke  revient en compétition à Cannes avec Ash is purest white.

    -Le réalisateur américain David Robert Mitchell, quant à lui, viendra présenter Under the Silver Lake, un thriller. Précédemment, son film It Follows avait été présenté à la Semaine de la critique en 2014.

    - Spike Lee qui n'était pas venu depuis plus de 20 ans sera de retour à Cannes pour Blackkklansman, selon les termes de Thierry Frémaux, un « film très inspiré à la fois de l’actualité bien qu'il raconte une histoire des années 70. Spike Lee est tout à fait en colère sur la situation de la communauté noire américaine et en même temps apaisé sur le dialogue entre les communautés. Un film qui se termine par l'évocation du très contemporain de la société américaine. Harry Belafonte y joue et devrait être présent ». C'est l’histoire vraie de Ron Stallworth qui fut le premier officier de police afro-américain de Colorado Springs à s’être infiltré dans l’organisation du Ku Klux Klan. Étonnamment, l’inspecteur Stallworth et son partenaire Flip Zimmerman ont infiltré le KKK à son plus haut niveau afin d’empêcher le groupe de prendre le contrôle de la ville.

    -Jafar Panahi sera pour la première fois en compétition pour Three faces, ainsi annoncé par Thierry Frémaux : "road movie dans l’Iran d’aujourd’hui,  road feel good movie, pour un homme qui n’est pas dans une situation personnelle très confortable mais qui parvient quand même à faire son travail d’artiste. Nous voulons dire aux autorités iranniennes qu’ils recevront une lettre de notre part pour l’autoriser à venir faire son travail puis à rentrer dans son pays, lui qui avait gagné l’ours d’or pour Taxi Téhéran." Son synopsis précise que c'est un "road movie qui raconte trois portraits de femmes".

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    -Leto, du Russe Kirill Serebrennikov qui raconte l'histoire du rock à l'époque de l'URSS de Leonid Brejnev devra aussi donner lieu à une autorisation spéciale, cette fois du Kremlin, puisque son réalisateur est lui aussi assigné à résidence.

    -Pawel Pawlikowski,  réalisateur de Summer of love et d'Ida (oscar meilleur film étranger) viendra présenter un film en noir et blanc coproduit par Amazon : Zimna Wojna. Pendant la guerre froide, entre la Pologne stalinienne et le Paris bohème des années 1950, un musicien épris de liberté et une jeune chanteuse passionnée vivent un amour impossible dans une époque impossible.

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    - Alice Rohrwacher  fera également sa deuxième entrée en compétition avec Lazzaro Felice, après le grand prix obtenu pour Les Merveilles en 2014. Elle revient avec un film tourné en super 16, elle qui, selon Thierry Frémaux, "s’interroge sur les conditions de survie dans une planète que nous malmenons applique ça aussi dans ses conditions de production et de tournage."

    -Parmi les films en compétition attendus, également Capharnaüm de la Libanaise Nadine Labaki, un film «qui dit des choses que seul le cinéma peut dire» selon Thierry Frémaux. Le synopsis est le suivant : un enfant se rebelle contre la vie qu'on cherche à lui imposer et entame un procès contre ses parents.

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    -A suivre également avec attention, Yomeddine de A.B Shawky, jeune cinéaste égyptien, dont le film a ainsi été présenté par Thierry Frémaux : "road movie dont le personnage principal est un lépreux, acteur non professionnel, film qui nous emmène dans un pays, une société du monde, un pays représentatifs d’autres pays et là encore le cinéma nous donne des nouvelles du monde, des femmes et des hommes, d’une façon remarquablement forte et singulière. Il s'agit d'un petit film d’1h30 que nous avons l’audace de mettre en compétition. Nous avons souhaité donner leur chance à un certain nombre de jeunes cinéastes."

    Thierry Frémaux a annoncé que comme d'habitude "quelques rajouts" auraient lieu  "dans les jours à venir comme ce fut le cas pour The Square ou Entre les murs il y a quelques années" a-t-il malicieusement précisé, nous rappelant ainsi qu'un film annoncé après la conférence de presse pouvait obtenir la palme d'or.

    -Côté Cannes Classics et classiques du cinéma, à l’occasion du 50ème anniversaire de la sortie de 2001 : L’Odyssée de l’espace, le samedi 12 mai 2018 à Cannes vous pourrez (re)découvrir en avant-première mondiale le film culte de Stanley Kubrick, dans sa version originale 70mm. La copie sera présentée dans le cadre de Cannes Classics par Christopher Nolan qui a étroitement collaboré avec Warner Bros. Entertainment sur le processus de re-masterisation et qui honorera le Festival de Cannes de sa première venue.  

    Christopher Nolan participera en effet également à une Masterclass le dimanche 13 mai 2018, au cours de laquelle il évoquera sa filmographie et partagera sa passion pour l’œuvre singulière de Stanley Kubrick.

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    Thierry Frémaux a précisé qu'il ne sagissait pas d’une copie restaurée, Nolan ayant souhaité qu’on retire une copie 70mm afin qu’à Cannes l’expérience d’avril 1968 puisse être renouvelée.

    Concernant Cannes Classics, le programme sera annoncé ultérieurement même si Thierry Frémaux a évoqué les  30 ans de la célébration du Grand bleu de Besson et  La religieuse de Rivette.

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    "On aimerait bien montrer le film de Carlos Saura non projeté cette année-là", a également précisé Thierry Frémaux à propos des 50 ans de Mai 68.

    Les questions des journalistes après l'annonce de la sélection ont permis à Thierry Frémaux et Pierre Lescure de rappeler l'interdiction des selfies et des photographies par le public sur les marches : « Il y a 2200 personnes à faire entrer et cela ralentit l’arrivée du public. C’est une immense pagaille et ce n’est pas beau. Cannes est basé sur le désir, le secret, sur une tradition d’élégance. On pense que ça vient endommager le tapis. A Berlin, à Venise, aux Oscars, aux César, le public ne passe pas par le tapis rouge. Là où nous sommes, c’est mieux de se regarder dans les yeux que de se regarder dans l’écran. A Cannes on vient pour voir et pas pour se voir."

    Ils sont également revenus sur les modifications annoncées de la grille de programmation : "On voudrait modifier la grille de programmation de Cannes. On a souhaité faire un certain nombre de changements pour questionner nos pratiques. Ce que nous voulons faire, ce n’est pas en direction de la presse. C’est en direction des projections de gala."

    Ils ont également rappelé que 3 femmes cinéastes figuraient en compétition et au total 10 en sélection officielle. A propos de l'affaire Weinstein : "Je présente ce matin la sélection officielle et nous nous reparlerons de ces questions pendant le festival. Le festival n’a pas légitimité ni compétence à évoquer ces questions-là. En revanche, nous accueillerons et recevrons un certain nombre d’organisations, d’instances pour évoquer cela. Il y a des gens dont c’est le combat et c’est à eux qu’il faut donner la parole." "Nous veillons à la présence des femmes en sélection. Nous avons commencé à évoquer nos propres pratiques."

    Ils ont également souligné la parité dans les jurys en rappelant que Cate Blanchett présiderait le jury de la compétition officielle et Ursula Meier le jury de la caméra d'or. 5 femmes et 4 hommes constitueront ainsi le jury de la compétition cette année annoncée comme chaque année après la conférence de presse, dans quelques jours. Ursula Meier présidera  en effe tle Jury de la Caméra d’or. "Depuis 1994, la réalisatrice suisse façonne une cinématographie audacieuse qui souligne la complexité du monde. Ses 5 courts métrages, 2 œuvres télévisées, 2 documentaires et 2 longs métrages ont chacun rivalisé d’inventivité, et lui ont permis de s’imposer dans le paysage européen" a souligné le Festival de Cannes. Avec 6 professionnels à ses côtés, Ursula Meier désignera la meilleure première œuvre présentée en Sélection officielle, à la Semaine de la Critique - Cannes ou à la Quinzaine des Réalisateurs lors de la soirée de Clôture du Festival de Cannes, le samedi 19 mai.

    "On a veillé à rééquilibrer les comités" ont-ils également précisé. "Nous déplorons comme tout le monde qu’il y ait une seule femme palme d’or. Nous n’aimons pas qu’on dise que c’est une demi palme d’or."

    "Nous avons un dialogue fructueux avec Netflix" a également précisé Thierry Frémaux.  Il  a ainsi précisé que deux films Netflix auraient pu être sélectionnés: un film en compétition, qui aurait dû trouver un distributeur français pour sortir en salles, un autre hors compétition, The Other Sign of the wind, film inachevé d'Orson Welles.

    A propos du film de Xavier Dolan qui ne sera finalement pas à Cannes : "Nous avions vu le film, nous souhaitions l’inviter mais il est reparti en montage. Vous retrouverez ce film-là en automne."

    Concernant Audiard, "vous savez que c’est un film très cher produit par des Américains encore soumis à des ventes et donc là il y a des questions stratégiques. Une stratégie qui est une stratégie d’automne."

    A une question concernant l'absence de Lars von Trier, Thierry Frémaux :  "on répondra à cette question dans quelques jours on l’espère", ce qui laisse penser que le cinéaste pourrait être présent.

    "Au moment où on se parle, nous n’avons pas de film de clôture. Si on n’a pas trouvé, on montrera peut-être la palme d’or en clôture" a conclu Thierry Frémaux.

    La sélection officielle complète : 

    En Compétition

    Film d'ouverture

    Asghar FARHADI

     

    TODOS LO SABEN

     

    2h10

      ***  
    Stéphane BRIZÉ

    EN GUERRE

    1h45
    Matteo GARRONE
            
    DOGMAN 2h
    Jean-Luc GODARD
     
    LE LIVRE D’IMAGE 1h30
    Ryusuke HAMAGUCHI NETEMO SAMETEMO (ASAKO I & II) 1h59
    Christophe HONORÉ PLAIRE AIMER ET COURIR VITE 2h12
    Eva HUSSON LES FILLES DU SOLEIL  2h
    JIA Zhang-Ke ASH IS PUREST WHITE 2h30
    KORE-EDA Hirokazu SHOPLIFTERS 2h01
    Nadine LABAKI CAPHARNAÜM 2h30
    LEE Chang-Dong BUH-NING 2h28
    Spike LEE BLACKKKLANSMAN 2h08
    David Robert MITCHELL UNDER THE SILVER LAKE 2h20

    Jafar PANAHI
    THREE FACES 1h24
    Pawel PAWLIKOWSKI ZIMNA WOJNA 1h25
    Alice ROHRWACHER

     LAZZARO FELICE

    2h10
    A.B SHAWKY YOMEDDINE 1er film  -  1h37
    Kirill SEREBRENNIKOV

    LETO

    (L’ÉTÉ)

    2h

     

    Un Certain Regard

    Ali ABBASI GRÄNS 1h41
    Meyem BENM’BAREK SOFIA 1er film - 1h30

    Andréa BESCOND

    Eric METAYER

    LES CHATOUILLES 1er film - 1h43
    BI Gan LONG DAY'S JOURNEY INTO NIGHT 1h50
    Nandita DAS MANTO 1h50
    Antoine DESROSIÈRES À GENOUX LES GARS 1h38
    Lukas DHONT GIRL 1er film - 1h40
    Vanessa FILHO GUEULE D’ANGE 1er film - 2h
    Valeria GOLINO EUPHORIA 2h
    Gaya JIJI MON TISSU PRÉFÉRÉ 1er film - 1h36
    Wanuri KAHIU RAFIKI 1h22
    Etienne KALLOS

    DIE STROPERS

    (LES MOISSONNEURS)

    1er film - 1h42
    Ulrich KÖHLER IN MY ROOM 2h
    Luis ORTEGA EL ANGEL 2h06
    Adilkhan YERZHANOV THE GENTLE INDIFFERENCE OF THE WORLD 1h39

     

    Hors Compétition

    Ron HOWARD SOLO: A STAR WARS STORY  2h15
    Gilles LELLOUCHE LE GRAND BAIN   

     

    Séances de minuit

    Joe PENNA ARCTIC  1h50
    YOON Jong-Bing GONGJAK  2h27

     

    Séances Spéciales

    Aditya ASSARAT
    Wisit SASANATIENG
    Chulayarnon SRIPHOL
    Apichatpong WEERASETHAKUL

    10 YEARS IN THAILAND  1h32
    Nicolas CHAMPEAUX
    Gilles PORTE
    THE STATE AGAINST MANDELA AND THE OTHERS  1h45
    Carlo DIEGUES

    O GRANDE CIRCO MÍSTICO

    (LE GRAND CIRQUE MYSTIQUE)

    1h34
    Romain GOUPIL LA TRAVERSÉE  2h21
    Michel TOESCA À TOUS VENTS  1h40
    WANG Bing LES ÂMES MORTES  8h15
    Wim WENDERS

    POPE FRANCIS – A MAN OF HIS WORD

    (LE PAPE FRANÇOIS – UN HOMME DE PAROLE)

    1h36

    Ce que nous savions déjà sur l'édition 2018 : 

    -Le cinéaste français Bertrand Bonello présidera le Jury de la Cinéfondation et des Courts métrages : « Qu’attendons-nous de la jeunesse, des cinéastes inconnus, des premiers films ? Qu’ils nous bousculent, qu’ils nous fassent regarder ce que nous ne sommes pas capables de voir, qu’ils aient la liberté, le tranchant, l’insouciance et l’audace que parfois nous n’avons plus. La Cinéfondation s’attache depuis 20 ans à faire entendre ces voix et je suis extrêmement fier cette année de pouvoir les accompagner. »

    -Vivier de nouveaux talents du 7ème art, l’Atelier de la Cinéfondation 2018 accueille ainsi 15 réalisateurs internationaux et leurs prometteurs projets de films. Cette 14ème édition sera, comme chaque année, l’occasion pour ces cinéastes et leurs producteurs de rencontrer des partenaires financiers à Cannes. Un précieux sésame pour passer à la réalisation ! Retrouvez les heureux sélectionnés de l'édition 2018 sur http://www.cinefondation.com/fr/.

    -La sélection des courts-métrages en compétition est également à découvrir ici.

    - Cette année encore, c'est Edouard Baer qui sera le maître des Cérémonies d'ouverture et de clôture du Festival de Cannes pour sa 71ème édition !  Produites par CANAL+, les Cérémonies seront retransmises sur la chaîne en clair, en direct et en exclusivité les 8 et 19 mai 2018.

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    Dans les sélections parallèles :

    -L’affiche de la compétition de la Semaine de la Critique au prochain Festival de Cannes. Sur cette affiche figure l'actrice Noée Abita, révélation du film Ava de Léa Mysius dont vous pouvez retrouver ma critique ici.

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    -L'affiche de la Quinzaine des Réalisateurs (qui célèbrera cette année ses 50 ans)a été « réalisée à partir d’une photo de William Klein. L’artiste présent avec son film Festival panafricain d’Alger 1969 lors des jeunes années de la Quinzaine nous a fait l’honneur d’illustrer cette édition anniversaire. Sa conception graphique est de Michel Welfringer. »

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    -Le 9 mai, la Quinzaine des Réalisateurs remettra le Carrosse d’Or à Martin Scorsese. En 1974, il avait présenté "Mean Streets" à la quinzaine.  A cette occasion, le film sera projeté  et une rencontre exceptionnelle avec le cinéaste sera proposée. La sélection de la Quizaine des Réalisateurs sera annoncée le 17 avril.

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    -Le réalisateur et scénariste norvégien Joachim Trier présidera le jury de la 57ème Semaine de la Critique qui décernera 3 prix à Cannes. Il sera entouré de l’actrice et jeune réalisatrice américaine Chloë Sevigny, du comédien argentin Nahuel Pérez Biscayart, récent lauréat d’un César pour son rôle dans 120 Battements par minute de Robin Campillo, Eva Sangiorgi, nouvelle directrice de la Viennale, Festival international du film de Vienne et du journaliste culturel français Augustin Trapenard. Le programme de la Semaine de la Critique sera annoncé le 16 avril.

    En attendant l'édition 2018 du Festival de Cannes en direct, retrouvez, en cliquant ici, mon compte rendu de l'édition 2017.

    Retrouvez également mon article sur le Dictionnaire amoureux du Festival de Cannes de Gilles Jacob, la lecture idéale pour préparer au mieux le festival.

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    Comme chaque année, pour ce qui sera mon 18ème Festival de Cannes, vous pourrez suivre ici en direct le festival (ainsi que sur mes autres blogs dont Inthemoodforcannes.com entièrement consacré au festival, Inthemoodforfilmfestivals.com pour la partie cinéma et, pour la partie "luxe", Inthemoodforhotelsdeluxe.com). Vous pourrez également le suivre sur mes différents réseaux sociaux : @moodforcannes et @Sandra_Meziere pour twitter, @sandra_meziere pour Instagram et facebook.com/inthemoodforcannes et http://facebook.com/inthemoodforcinema.

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  • A savourer sans modération : le DICTIONNAIRE AMOUREUX DU FESTIVAL DE CANNES de Gilles Jacob (Plon)

     

    Dictionnaire amoureux du Festival de Cannes de Gilles Jacob - Plon.gif

    Qui mieux que Gilles Jacob pouvait écrire un dictionnaire amoureux du Festival de Cannes, lui qui en connaît les arcanes mieux que nul autre pour l’avoir fréquenté depuis 1964  « 52 fois 3 semaines, 5 ans » de sa vie, comme journaliste, comme directeur, comme président,  lui dont chaque livre est une déclaration d’amour au cinéma et à ceux qui le font ? Personne, sans aucun doute ! Ne vous laissez pas impressionner ou rebuter par ce mot de dictionnaire, n’oubliez pas l’adjectif amoureux qui lui est adjoint (cette collection comprend ainsi de nombreux ouvrages qui vont de l’architecture à la politique en passant par les chats, Versailles, Mozart..., à chaque fois écrits par des spécialistes dans ces domaines). Dans chaque page palpite et transpire ainsi cet amour éperdu, et non moins lucide, du cinéma, de ses artistes et de ses artisans. C’est d’ailleurs le point commun à chacun des livres de Gilles Jacob, qu’il s’agisse de romans, d’autobiographies, d’échanges épistolaires, réels ou imaginaires avec, aussi, cet amour des mots avec lesquels il jongle malicieusement qui nous emportent dans une valse étourdissante, la valse dont il possède l’élégance qui imprègne ce livre. Plus qu’un dictionnaire, il s’agit ici d’histoires amoureuses du cinéma et même d’Histoire, la grande, qui souvent s’invite au festival et dans ces pages. C’est instructif comme le serait un dictionnaire. Mais c’est surtout captivant et ciselé comme le serait un roman.

    J’étais impatiente de me délecter de ce dictionnaire amoureux, après avoir savouré :

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     - La vie passera comme un rêve (2009 – Robert Laffont), autobiographie entre rêve et réalité dans laquelle s’entremêlent les lumières de la Croisette et les ombres mélancoliques de l’enfance, une (dé)construction judicieuse un peu à la Mankiewicz ou à la Orson Welles, un ouvrage assaisonné d’humour et d’autodérision à la Woody Allen.

    -  Les pas perdus (2013 – Flammarion), savoureux et mélodieux tourbillon de (la) vie, de mots et de cinéma, « en-chanté » et enchanteur dont  les pages exhalent et exaltent sa passion du cinéma mais aussi des mots, avec lesquels il jongle comme il y jongle avec les années, les souvenirs, les films. Avec une tendre ironie. Un voyage sinueux et mélodieux dans sa mémoire, une vie et des souvenirs composés de rêves et, sans doute, de cauchemars.

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    - Le Fantôme du Capitaine ( 2011 – Robert Laffont), une correspondance imaginaire, une soixantaine de lettres comme autant de nouvelles, une évasion pleine de fantaisie dans le cinéma et la cinéphilie, la littérature, et en filigrane une réflexion sur l'art, un  hommage à l’écriture, au pouvoir salvateur et jouissif des mots qui vous permettent les rêveries les plus audacieuses, les bonheurs les plus indicibles, et un hommage au pouvoir de l’imaginaire, à la fois sublime et redoutable, ce pouvoir qui fait « passer la vie comme un rêve ».

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    - Le Festival n’aura pas lieu ( 2015 – Grasset).  Un roman  qui vous emmène notamment sur le tournage de Mogambo sur lequel Lucien Fabas est envoyé en reportage en 1952, au Kenya, où il côtoie John Ford, Clark Gable, Ava Gardner et Grace Kelly.  Et quand Gilles Jacob y écrit à propos de son personnage Lucien Fabas, « Le bonheur de transmettre s’imposait à lui comme une évidence » on pense a fortiori après la lecture de ce Dictionnaire amoureux que ce personnage est loin de lui être étranger.

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    - J’ai vécu dans mes rêves (2015 – Grasset). Ping-pong jubilatoire entre deux rêveurs, passionnants passionnés de cinéma, Michel Piccoli et Gilles Jacob. Caustiques échanges épistolaires (je vous recommande tout particulièrement la lecture des morceaux choisis qui figurent à la fin du livre et qui vous donneront une idée de leurs joutes verbales) mais aussi  confidences sous forme de correspondance. Au gré des évocations des autres, c’est finalement le portrait de Piccoli qui se dessine. Sa liberté. Sa franchise. Sa complexité. Sa peur de paraître prétentieux. Ses blessures. Et surtout son amour immodéré pour son métier, sa passion plutôt en opposition à ses parents, son « contre-modèle », dont il regrette tant qu’ils en fussent dénués.

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    - Mon préféré, enfin, Un homme cruel (2016 - Grasset). Un voyage à travers une vie aussi romanesque que celles des personnages que Sessue Hayakawa (l’homme cruel) a incarnés. Une vie tumultueuse entre  Tokyo, Los Angeles, Monaco et Paris. La vie multiple d’un homme qui de star mondiale et adulée en passant par « agent péril jaune » pour la résistance française termina sa vie comme frère Kintaro, avec les moines bouddhistes. En paix, enfin. L’histoire de Sessue Hayakawa  est  surtout l’histoire vraie d’une star tombée dans l’oubli. L’éternelle histoire de la versatilité du public et du succès, de la gloire éblouissante et de l’oubli assassin.  C’est bien sûr cette dichotomie entre son être et l’image qui est passionnante mais aussi le portrait de l’être plus sensible, avec sa femme,  Tsuru Aoki.  Un homme cruel nous raconte aussi une passionnante histoire d’amour qui a surmonté le temps et la distance et le succès et les infidélités, et une autre, impossible, chacune révélant une autre facette du personnage. Gilles Jacob décrit magnifiquement les tourments de l'âme et du cœur, une autre histoire dans l'Histoire. C’est aussi un trépidant voyage dans l’Histoire du 20ème siècle qui nous fait croiser ses figures illustres : Claudel, Stroheim, et tant d’autres. Mais aussi les drames du 20ème siècle entre séisme meurtrier, racisme, guerre ("Sessue hait le racisme, la chasse aux migrants et aux réfugiés") là aussi tristement intemporels. Je n’ai pas résisté à l’envie de vous en dire à nouveau quelques mots tant ce livre m’avait enthousiasmée…

    Je me souviens encore à quel point j’avais le cœur en vrac après les dernières lignes d'Un homme cruel qui résonnaient en écho avec   "ce quelque chose plus fort que la mélancolie" dont Gilles Jacob parlait dans J’ai vécu dans mes rêves mais aussi en écho avec le chapitre  "Vieillir" dans Le festival n’aura pas lieu, un chapitre sur le temps ravageur, destructeur, impitoyable qui emporte tout, nous rappelant l’essentiel aux ultimes instants ou parfois même trop tard. Nous rappelant aussi la célèbre phrase de Mme de Staël en exergue du roman précité "La gloire, le deuil éclatant du bonheur." Ce petit flashback pour dire que c’est aussi tout cela que l’on retrouve dans ce dictionnaire amoureux, bien éloigné d’un dictionnaire classique donc… Comme dans ses précédents ouvrages, Gilles Jacob n’est jamais aussi passionnant lorsqu’il laisse la mélancolie affleurer, ou lorsque qu’il devine et dépeint celle des autres même si toujours l’humour, cette si bien surnommée "politesse du désespoir", vient judicieusement contrebalancer la mélancolie qui surgit.

    Chaque mot et chaque nom sont autant de déclarations d’amour enflammées et passionnantes au cinéma, caustiques, tendrement ironiques, admiratives, sincères, parfois délicatement saupoudrées de jeux de mots ou de regrets. Gilles Jacob porte sur chacun un regard à l’image de ce que le sien, pétillant, reflète : bienveillance et malice, affabilité et curiosité, élégance et ironie. S’il a surplombé pendant tant d’années les marches les plus convoitées et célèbres au monde, il n’a pas pour autant regardé ceux qui les gravissaient avec hauteur, ce qui n’empêche pas la clairvoyance et la facétie, souvent réjouissantes, ce qui ne l’empêche pas d’être en phase avec son temps (incroyablement), avec les cinéphiles comme avec les grands cinéastes.

    Alors qu’il vient d’être injustement évincé du conseil d’administration du festival à la renommée et à l’essor duquel il a tant contribué, Gilles Jacob a récemment répondu avec beaucoup de malice dans une émission, C à vous, au sujet d’une question sur son meilleur souvenir du Festival que ce fut le jour de son départ parce que Cannes, ce jour-là, l’avait fêté. Si la réponse était malicieuse, son intérêt réciproque pour ce Cannes-là n’est pas feint. Ce Cannes, c’est cette "armée des ombres" qu’il n’oublie jamais (surtout pas dans ce livre) et qui le lui rend bien. Cette déclaration d’amour à Cannes, au cinéma, n’en est ainsi pas pour autant aveugle et c’est ce qui la rend passionnante. Elle est érudite sans être pédante. Elle lève le voile sur certains secrets  sans jamais être impudique ni faire perdre au festival de son mystère. Et s’il est parfois et même souvent admiratif, il n’est jamais dupe. Au fil des pages se construit le portrait du festival mais aussi celui de son auteur dont les vies sont à jamais indissociables (Gilles Jacob est toujours président d’honneur du Festival et président de la Cinéfondation, une autre de ses initiatives destinée à la recherche de nouveaux talents, créée en 1998). C’est un tableau du festival en autant de petites touches dont la citation d’exergue signée Jeanne Moreau résume si bien le ton : "Du Festival de Cannes, je connais bien les visages : la foire aux vanités, la comédie des erreurs, le marché du film et la vitrine des films du monde,

    Ceux qui en disent pis que pendre s’y précipitent chaque année, pour retrouver leurs habitudes et piétiner aux mêmes endroits en smoking ou en robe décolleté. J’attends les rencontres inespérées, les beaux films, les nouvelles gloires. J’entends les voix, les rires de ceux que j’aime tant et que ne viendront plus…".

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    Je vais essayer de ne pas trop en dévoiler mais ce dictionnaire amoureux est si riche et foisonnant d’anecdotes, d’histoires, d’Histoire, de descriptions flamboyantes  et amoureuses de films que chacun s’attardera certainement sur des passages différents selon sa sensibilité. En parcourant ces pages, en y croisant des cinéastes ou des films que j’aime tant, je me suis souvenue pourquoi j’aimais ce festival et le cinéma, follement, parce que, comme l’avait aussi écrit Gilles Jacob dans un autre livre si « Cannes n’est pas un paradis pour les âmes sensibles » c’est aussi et avant tout cela, le lieu des « beaux films », ceux qui vous transportent et vous élèvent l’âme, ceux qui sont une « fenêtre ouverte sur le monde ». Cannes, c’est cette bulle d’irréalité, ce lieu où une sorte de « fièvre » qui vous coupe de la réalité s’empare de vous, paradoxalement tout en projetant des films qui souvent sont un miroir grossissant de cette réalité. Et surtout comme  le rappelle si justement Gilles Jacob, « la passion collective réunificatrice  est logée là. »

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    La première vertu de ce livre qui, pour cette raison notamment, intéressera autant les cinéphiles que les simples curieux ou amateurs de cinéma, c’est de donner envie de voir ou de revoir un grand nombre de films, certains ayant figuré au palmarès, d’autres non. Ainsi m’a-t-il donné furieusement envie de découvrir Accident de Losey grand prix spécial du jury 1967, moi qui aime tant son Monsieur Klein, j’avoue honteusement qu’il s’agit d’une lacune dans ma culture cinématographique, mais aussi de revoir tant de classiques que j’ai déjà vus tant de fois  dont il parle avec une contagieuse émotion :   l’Eclipse d’Antonioni, Irène de Cavalier , Le salaire de la peur de Clouzot, Le troisième homme de Reed,  Ascenseur pour l'échafaud de Malle (ah, quand il évoque son solo de trompette de Miles Davis sur l'errance nocturne de Jeanne Moreau, Boulevard Haussmann !), PlayTime et son « échec terrible » à cause duquel Tati fut ruiné, « son chef-d’œuvre qu’il faut voir à plusieurs reprises pour en déceler toutes les intentions, les finesses et les beautés ».

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    Copyright Solaris Distribution

    Il m’a donné envie de revoir encore Partie de campagne de Jean Renoir dont il rappelle « Quel grand cinéaste français peut se vanter de ne rien devoir à Jean Renoir ? Sûrement pas Pialat, ni Rivette, ni Truffaut,  ni Tavernier, ni Dumont, ni Beauvois, ni Patricia Mazuy, pour n’en citer que quelques-uns.». Il m’a aussi donné envie de revoir des films plus récents comme Toni Erdmann « qui part lentement et devient au fur et à mesure de plus en plus mirobolant » dont il regrette l’absence au palmarès 2016  alors que le jury avait « l’occasion rêvée de récompenser un film allemand, réalisé par une femme (Maren Ade) ».

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    Parfois il m’a donné envie de revoir des filmographies entières tant il aime les auteurs.  « Il ne faut pas reprocher aux grands auteurs un manque d’humilité, pour ne pas dire une arrogance : c’est la contrepartie des humiliations qu’ils subissent de toute part», souligne-t-il ainsi. Il m’a ainsi donné envie de revoir tous les films de Naomi Kawase,  de revoir tous les films de « Leone qui a porté le western-spaghetti à un point d’incandescence inégalé »,  les films de Visconti qui tous «  méritent la Palme, il le sait, il en est sûr…» et encore mon film préféré, le Guépard,  «  le génie à l’état pur, l’accomplissement artistique le plus sacré», « l’art à son apogée, l’art total » ou encore tous les films de Lynch car « surréalistes ou intimes,  ses films plaisent aux jurys, aux critiques et au public parce qu’ils sont l’essence même du cinéma, c’est-à-dire des rêves éveillés. »

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    Et puis on est heureux d’apprendre que de grands cinéastes sont aussi de belles personnes comme Jane Campion « lady Jane », présidente du jury l’année où il quitta celle du festival, 2014,  Wong Kar Wai avec son regard qui « possède un éclat d’une singulière noblesse » (il évoque avec lyrisme In the mood for love qui « restera  comme une des œuvres les plus acclamées du Festival de Cannes »),  Almodovar dont il fait l’éloge de la classe et qui n’a accédé au festival qu’en 1999 avec son 15ème film. Chacun y trouvera des phrases sur les cinéastes qu’il affectionne comme Sautet  pour moi « Et, qu’on l’accepte ou non, il était injustement frappé du sceau dédaigneux pour ne pas dire infamant de la perfection à la française, alors qu’en réalité « en hiver » ou pas, il serre le cœur ».

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    L’évocation de ses regrets est encore prétexte à la description émue de films  « J’aurais adoré montrer au Festival 1997 On connaît la chanson, cette réussite parfaite où Agnès Jaoui interprète une guide étudiante préparant une thèse sur « les chevaliers paysans de l’an mil au lac de Paladru », sans compter la belle brochette de comédiens et les irrésistibles départs de chanson célèbres, en allusion à la situation. »  Tout aussi vibrante est sa colère face au jury qui n’a pas su aimer et récompenser Two lovers de James Gray comme il aurait dû l’être, très grand film d’une mélancolie d’une beauté déchirante  « Ils n’ont pas senti les pulsions, les tristesses raisonnées, le New York des petites blanchisseries, l’anti-Mélodie du bonheur… »,  résume-t-il ainsi après avoir fait l’éloge du film en question.

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    Il regrette aussi que certains qui, à n’en pas douter, auraient été de grands présidents du jury, n’aient jamais exercé cette fonction comme Alain Resnais « parti à quatre-vingt-onze ans sans avoir eu le temps d’assumer cette fameuse présidence où son élégance morale, son sérieux et sa parfaite connaissance du cinéma mondial auraient fait merveille. Au lieu de quoi, rarement un grand metteur en scène a été aussi maltraité le festival ». Parmi les regrets encore, n’avoir pas su honorer le cinéma japonais, Mizoguchi, Ozu,  et Godard, qui n’a jamais été sélectionné au cours des années soixante.

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    Chaque évocation de cinéaste est comme une nouvelle leçon de cinéma, une  nouvelle définition de celui-ci aussi. Ainsi évoque-t-il Milos Forman dont la leçon de cinéma se résume par ces mots "Dites la vérité, sans être ennuyeux. C'est tout.".  Ou ainsi évoque-t-il Pialat " Plus sérieusement, Pialat a une hantise : l'art doit capter la vie. À n'importe quel prix, fût-ce celui de mettre le film en danger. Pour lui, quelques minutes de vérité sauvent un film inégal, c'est à cela qu'il s'est toujours efforcé de parvenir." Ou parfois une phrase suffit à brosser le portrait d’un cinéaste comme lorsqu’il évoque ce déjeuner en tête à tête avec le mystérieux Terrence Malick lors de sa venue à  Cannes pour L'arbre de vie "J'avais enfin deviné son secret qui n'est autre que savourer la liberté de disparaître" ou comme lorsqu’il parle de Louis Malle "Le goût de Malle pour la perfection technique venait peut-être aussi d'un manque de confiance en soi". "..., il y avait surtout que Louis était un cinéaste qui doutait d'abord de lui-même, ayant fait le tour des rébellions. Défections pardonnées au cinéaste de la mauvaise  conscience, sauf pour Au revoir les enfants (1987) qui est notre lien puisqu'il s'est inspiré en partie de ma propre histoire, quand je m'étais caché derrière l'harmonium tandis que les enfants allemands fouillaient le séminaire où j'étais réfugié. » Et soudain, je me souviens, à la cérémonie de clôture 2014, l’année du  départ de Gilles Jacob de la présidence du Festival, avoir assisté au bouleversant « au revoir les enfants » inscrit sobrement sur la scène du palais des festivals lorsque ce dernier avait remis la caméra d’or, comme un passage de relai, cette caméra d’or qu’il a initiée et qui a révélé tant de grands cinéastes, une inscription qui, à la lecture de ces mots, résonne encore plus fort.

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    Photo ci-dessus copyright Inthemoodforcinema.com, cérémonie de clôture 2014 Gilles Jacob et Nuri Bilge Ceylan avec sa palme d'or reçue pour "Winter Sleep"

    Il évoque autant ceux que l'on nomme les habitués (Ken Loach, 18 fois à Cannes dont 4 en sélection parallèle,  Haneke sur 12 films tournés 11 sélectionnés)  que des cinéastes émergents ou des cinéastes dont la carrière n’a pas éclos après leur passage en sélection et qui n’ont fait qu’un passage éclair au festival. Un savant équilibre comme doit l’être la sélection du festival (ce passage sur la sélection et son alchimie est aussi passionnant). Que de vibrantes déclarations !  Aux films. Aux cinéastes. Aux acteurs. Aux actrices. Les actrices, bien sûr, dont il brosse le portrait  comme il le ferait pour des personnages de romans. D’ailleurs, souvent, ce sont des personnages de romans. Comme Adjani « Elle apparaît, elle disparaît. Elle se toque, elle s’aperçoit qu’elle est trahie, elle jette. Les déceptions laissent des bleus à l’âme et les regrets des cicatrices invisibles. Elle croit qu’on les voit, alors il lui arrive d’oublier sa main le long de sa joue, trouve des poses nonchalantes qui masquent à demi son visage de déesse pour toujours. »

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    Il faudrait aussi citer, parmi d’autres, les sublimes portraits d’Anouk Aimée, de Juliette Binoche, de Catherine Deneuve "sans conteste la plus grande actrice française de sa génération" venue 19 fois à Cannes et qui " aurait mérité mille fois le prix d'interprétation qui lui est toujours passé sous le nez", Huppert "...aujourd'hui, après le long règne de Jeanne Moreau et de Catherine Deneuve, elle est devenue la patronne." Et bien sûr l’inoubliable Jeanne Moreau qu’il décrit en  reprenant ainsi la célèbre formule de Truffaut : "Elle a toutes les qualités qu'on attend d'une femme, plus celles qu'on attend d'un homme, sans les inconvénients des deux..." à laquelle Gilles Jacob ajoute "Car il est des comédiennes pour lesquelles, indépendamment de leur gloire, la classe et l'élégance morale sont un art de vivre. Jeanne Moreau était de celles-là.  C'est pourquoi, à la Bresson, un seul mot pour conclure : Ô, Jeanne." En une formule, poignante, tout est dit, avec pudeur…

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    Les acteurs ne sont pas oubliés. Là aussi, il a le don de percer à jour, de nous laisser deviner l’être parfois blessé et mélancolique derrière l’acteur joyeux et exubérant:

    -  Rochefort, ainsi magnifiquement portraituré « Jean était revenu à la case départ, à sa nostalgie existentielle et ce désespoir solaire qu’il cachait derrière des pulls de couleur et des absurdités délicieuses », « cette voix sans pareille dans l’éloquence tranquille et la verve narquoise », « Jean méritait l’admiration collective de ses contemporains ; c’était quelqu’un ».

    -Depardieu, "Gérard n'est pas d'aujourd'hui ; comme les génies, il est de toujours." 

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    - Cary Grant, "L'aisance. Comme celle de ses personnages."

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    -Piccoli, "Il aura tout joué avec la même sincérité, la même virtuosité, la même force intérieure capable d'exprimer la folie furieuse comme la tendresse la plus délicate. C'est aussi un homme de bien qui inspire les plus beaux mots de la langue française : allure, générosité, élégance, pudeur, tendresse, extravagance ..."

    -Ou encore DiCaprio  qui sait « faire preuve d’une incroyable authenticité », qui « peut tout se permettre », un « grand » qui se reconnaît au fait de « passer sans dommages » (comme dans Les Infiltrés) « pour l’être le plus inhumain de la terre. »

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    Au-delà de ces déclarations d’amour à ceux qui font le cinéma, c’est aussi une passionnante plongée dans l’Histoire du festival. A qui en douterait encore, ce dictionnaire démontre l’importance du Festival de Cannes et de son palmarès pour une œuvre ou un auteur lorsqu'ils y figurent. Ainsi, rappelle-t-il qu’un tiers des Français seraient plus enclins à voir un film s’il a été primé à Cannes. Gilles Jacob donne au lecteur l’impression d’être une petite souris qui, avec lui, se faufile dans l’histoire du festival. Ainsi nous apprenons comment ET  de Spielberg fut le film le clôture le plus prisé, comment fut élaborée cette folle et merveilleuse idée qui a donné lieu aux pépites cinématographiques de Chacun son cinéma, comment le Festival de Cannes aurait pu être celui de Biarritz...

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    Est  aussi minutieusement décrite la création d’Un Certain Regard (à l’origine de laquelle il se trouve, comme la Caméra d’or) ou encore la difficile opération de la sélection des films, mais aussi du film d’ouverture (celui que l’on doit "quitter heureux") ou de l’affiche. Par exemple, pour l’affiche, nous apprenons comment très vite l’hommage à un grand cinéaste s’associa à l’œuvre commandée. Fellini en eut ainsi les honneurs 3 fois.  Il y eut aussi cette sublime affiche reprenant Le baiser des Enchaînés d’Hitchcock. Et pour Gilles Jacob, s’il ne devait en garder que deux, ce seraient celle de 1985 et 2007.

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    affiche du Festival de Cannes 1985.jpg

    affiche du Festival de Cannes 2007.jpg

    C’est aussi passionnant de voir comment le  festival a influé sur des destins personnels mais aussi des cinématographies entières, comment par exemple le grand prix du jury  2010 pour Saleh Haroun pour L’homme qui crie a changé tant de choses pour le cinéma tchadien. On réalise qu’il n’y a eu qu’une seule palme d’or africaine en 1975, Chronique des années de braise de Mohammed Lakhdar-Hamina et une seule palme d'or chinoise avec Adieu ma concubine en 1993. On se souvient qu’une seule femme a obtenu la palme d’or, Jane Campion pour La leçon de piano (la même année, ex-aequo). On découvre comment il n’y eut qu’une seule séance de Il était une fois en Amérique, séance payante au profit de l’institut  Pasteur. On comprend la malédiction de l’année 2003 ou encore comment le festival a sauvé Cinéma Paradiso. Et tant et tant de choses encore…

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    Et puis il y a ce ton singulier, cette élégance distanciée, cette lucidité caustique que résume si bien cette description de sa première fois à Cannes en 1964 que pourraient s’approprier tant de festivaliers, cette envie bravache de crier devant Cannes comme Rastignac devant Paris "A nous deux maintenant".

    "La Méditerranée était froide, je m'en fichais, c'est dans le bonheur que je nageais. Je me sentais particulier,  différent, promis à quelque chose d'extraordinaire. Je pense qu'il en est de même pour tous les nouveaux venus, à toutes les époques, tant l'excitation naît de l'aventure du festival, de la découverte des films, de l'attrait des rencontres... (...)Même si plus tard, l'occasion me serait donnée de réviser quelque peu cette naïve appréciation". 

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    Le livre est aussi parsemé d’anecdotes savoureuses et le moins épargné est sans doute lui-même car il sait  toujours faire preuve de cette autodérision exquise à lire.  Nous apprenons ainsi comment il a confondu deux maîtres du cinéma (je vous laisse découvrir lesquels…), ou encore comment Adjani présidente du jury du 50ème a traité Mike Leigh de nain de jardin ou comment il avait pris The end of violence de Wenders par amitié, « j’assume » conclut-il et c’est tout à son honneur. Parfois, l’espace d’un instant, on a l’impression de humer l’atmosphère comme dans le passage intitulé La Veille du festival, une véritable nouvelle qui nous plonge amoureusement dans l’ambiance et qui nous donne envie et même la sensation d’y être. Et quand il nous emmène avec lui à la villa Domergue avec le jury en délibérations, on le remercie de nous en laisser deviner tant sans en dire trop, d’avoir à la fois conscience de la préciosité, de l’importance et du dérisoire de l’instant. Bien sûr, on retrouve ce regard acéré dans la description de la montée des marches, « montée vers la gloire ou la guillotine en cas d’échec », un des rites du festival qui se devait d’être là.

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    On regrette de ne pas avoir été là le jour de l’ouverture avec Ridicule, ce film que je ne peux en effet jamais voir sans penser au festival tant ceux prêts à tuer pour et avec un bon mot, pour voir une lueur d'intérêt dans les yeux de leur public roi, pour briller dans le regard  du pouvoir ou d'un public, fut-ce en portant une estocade lâche, vile et parfois fatale, dans leur quête effrénée du pouvoir et des lumières, rappellent tant les manigances de certains au moment du festival : « Un triomphe salué comme tel. Entourages de ministres, de hauts fonctionnaires, de puissants, voire de directeurs de festivals, salués de rire devant ce ballet des courtisans sans voir le miroir que Leconte leur tendait », raconte ainsi Gilles Jacob.

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    Irrésistibles sont les pages dans lesquelles il évoque le choix d’Intolérance de Griffith en ouverture et ce qui en découla, leTBO (tribunal de bouche à oreille),  quand il n’ épargne pas, mais toujours le sourire et l’ironie aux lèvres, les flagorneurs, les hypocrites,  les fêtes (c’est bien connu, la plus fastueuse et mémorable est forcément celle où vous n’étiez pas), la posture péremptoire de la critique (excellent passage Ah, la critique !), les journalistes, "Ces journalistes qui critiquent sans avoir vu les films ou parce qu'ils ne les ont pas vus", " La mer est bleue. Il sait qu'elle est là, mais dans son parcours du combattant il ne la voit même pas", quand il évoque  ces lieux où il faut être, "en être", "On peut tout diagnostiquer aux 140000 personnes voire davantage qui assistent au Festival de Cannes, sauf une carence en égocentrisme".

    Le livre foisonne aussi de réflexions sur le cinéma : "que vont devenir les festivals alors que la cinéphilie elle-même s'est profondément transformée ? Que les séries télévisuelles rendent le jeune spectateur impatient ?", "Dans ce monde qui sacrifie au superficiel, au zapping, à la banalisation, ce qui fait notre force, c'est l'enracinement dans  une passion pour le Cinéma d'auteur et pour ceux qui la portent : les grands."

    "Quand j'ai pris mon poste à la tête du festival je me suis fait une promesse. Celle de promouvoir un cinéma populaire intelligent ou, comme je l'ai dit alors, du cinéma d'auteur pour grand public- et j'ai tenu parole" écrit Gilles Jacob.  Oui, promesse tenue, indéniablement. Et c’est ce que reflète magnifiquement ce livre qui est une plongée dans l’âme du festival, une âme vivante, vibrante, constituée de tant de tumultueux et joyeux paradoxes.

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    Son livre Les Pas perdus s’achevait par un hommage à la vie, une douce confusion entre cinéma et réalité, et par « Woody », évidemment par Woody Allen dont le plaisir à mélanger fiction et réalité, l’enthousiasmante et enthousiaste curiosité, l’amour du cinéma et plus encore l’humour, décidément, le rapprochent tant. Et cette rose pourpre qui à nouveau clôt ce dictionnaire qui mêle là aussi astucieusement cinéma et réalité…

    Vous  pourrez lire ce dictionnaire dans l’ordre comme un roman (Cannes et ses mythologies, quel décor, si romanesque !) ou piocher au gré de vos envies et de vos curiosités et vous immerger dans la Comédie humaine cannoise qui, sous le regard espiègle, d’une étonnante modernité, de Gilles Jacob et sous sa plume alerte devient plus attendrissante et non moins ravageuse que celle de Balzac.

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    En terminant ce livre, j’ai pensé à la sublime affiche du film Café Society sur laquelle une larme dorée coule sur un visage excessivement maquillé tel un masque. Celui de la société que ce café d’apparats et d’apparences métaphorise.  Un « café society » qui nous laisse longtemps avec le souvenir de deux âmes seules au milieu de tous, d’un regard lointain et d’un regard songeur qui, par-delà l’espace, se rejoignent. Deux regards douloureusement beaux. Bouleversants. Comme un amour impossible, aux accents d’éternité. Un inestimable et furtif instant qui, derrière la légèreté feinte, laisse apparaître ce qu’est ce film savoureux : un petit bijou de subtilité dont la force et l’émotion vous saisissent à l’ultime seconde. Lorsque le masque, enfin, tombe. C’est aussi l’impression que m’a laissée ce livre, comme si cette palme en laissant voir ce qu’elle dissimule derrière ses dorures, bien loin d’en perdre son éclat, en devenait plus émouvante encore.

    A 34 jours de l’ouverture du 71ème Festival de Cannes, doucement commence à renaitre cette insatiable envie de découvertes cinématographiques dans laquelle nous immerge le plus grand festival de cinéma au monde et déjà il me semble entendre la musique de Saint-Saëns qui nous appelle de ses notes envoûtantes, réminiscences de tant d’instants magiques de vie et de cinéma qui, à Cannes plus qu’ailleurs, s’entrelacent. Ceux qui résisteraient à cette mélopée ensorcelante, à n’en pas douter,  à la lecture  de cette déclaration d’amour au Festival de Cannes et plus largement au cinéma, devraient y succomber. Ce dictionnaire amoureux du Festival de Cannes est et restera l’ouvrage indispensable pour les curieux et amoureux du festival et du cinéma, et pour ceux qui veulent découvrir le festival par le regard de celui qui le connaît le mieux et qui en parle si amoureusement, avec à la fois l’honnêteté et les élans passionnés qu’implique l’amour véritable : « Citizen Cannes ». Oui, amoureux, ce dictionnaire aux accents si romanesques l'est indubitablement, terriblement. A savourer et  à relire sans modération !

    Et pour en savoir plus, la quatrième de couverture :

    "Il y a les films, les évènements, les palmarès. Il y a l’air du temps.
    Les stars que j’ai aimées et dont je tire le portrait - personnel, artistique, réel, rêvé.
    Il y a les metteurs en scène venus de partout, et qui me sont proches. Les pays, les
    écoles, les genres. La presse. Les photos.
    Les jurys, les discussions, les rires. Les pleurs aussi.
    Il y a la palme d’or.
    Il y a les fêtes, les surprises, les polémiques, les excentricités.
    Il y a les festivaliers, tout ce monde mystérieux du cinéma que le public envie et
    auquel chacun voudrait appartenir.
    Ce  dictionnaire amoureux conte le roman vrai du plus grand festival de cinéma au
    monde, et en révèle quelques secrets.
    Tour à tour historien, romancier, diariste, commentateur,  j’ai souhaité témoigner de
    ces moments tragi-comiques qui forment la folle aventure du Festival.
    J’aimerais que le lecteur se coule dans l’esprit d’un sélectionneur, d’un juré, d’un
    critique, d’un cinéaste, et suive en coulisses le spectacle inouï de ces années éblouissantes."