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Par Sandra Mézière. Le 7ème art raconté avec passion depuis 2003. 4000 articles. Festivals de cinéma en direct : Deauville, La Baule, Cannes, Dinard...Critiques de films : avant-premières, à l'affiche, classiques. Actualité de romancière. Podcast.
Comme beaucoup de films intéressants sont sortis cette semaine, je ne peux m'empêcher de vous inciter de nouveau à aller voir le documentaire sur "L'Enfer" d'Henri-Georges Clouzot.
A l'invitation des « Nouveaux cinéphiles » ( un blog que je vous recommande au passage si vous ne connaissez pas encore), je réponds à mon tour aux questions posées à Steven Soderbergh par le journal Libération, un questionnaire auquel ont répondu à leurs tours un grand nombre de blogueurs...
Le film que vos parents vous ont empêché de voir ?
Aucun, ils m'ont au contraire toujours encouragée à en voir, me les enregistrant même quand je ne pouvais pas les voir, et m'ont toujours encouragée à plonger dans ma folie passion.
Une scène fétiche ou qui vous hante ?
Des scènes fétiches ET qui me hantent ! La fin de "Sur la route de Madison" de Clint Eastwood, quand Robert Kincaid/Clint Eastwood et Francesca Johnson/Meryl Streep se voient une dernière fois à travers la vitre embuée de la voiture, la scène est d'une intensité inouïe! La fin des "Lumières de la ville" quand la jeune fleuriste ayant recouvré la vue découvre que le vagabond Charlot était son mystérieux soupirant et que les rêves de l'un et de l'autre s'écroulent, scène cruelle et magnifique. Emmanuelle Béart, aux bords de la folie, quand elle déclare sa flamme à un Daniel Auteuil impassible dans "Un coeur en hiver" de Claude Sautet et la scène en vidéo ci-dessous. La scène de l'escalier dans « Les Enchaînés » d'Alfred Hitchcock . Quand Delon est déporté à la fin de « Monsieur Klein » de Losey. Le regard de Catherine Deneuve à la fin de « Je veux voir » de Khalil Joreige et Johana Hadjithomas. La dernière rencontre entre Marie-Josée Croze et Daniel Auteuil, au Palais Royal, dans « Je l'aimais » de Zabou Breitman. La fin de « Gran Torino » de Clint Eastwood. Le regard de Rosalie dans « César et Rosalie » quand elle revient et que son regard croise celui de David puis de César. Dans « La piscine » de Jacques Deray quand Delon noie Maurice Ronet. Quand Delon imite Roney dans "Plein soleil" de René Clément. La scène du bal dans « Le Guépard » de Visconti. Le dernier face à face entre Micheline et Clarence dans "Falbalas » de Jacques Becker. Auteuil /Paradis dans "La fille sur le pont" dans la scène ci-dessous. Le sirtaki d'Anthony Quinn à la fin de « Zorba le Grec »... Oui, le cinéma me hante beaucoup !:-)
Vous dirigez un remake : lequel ?
Je n'aime en général pas les remakes, et trouve ça dommage quand il y a tant d'idées originales encore à inventer (même si on dit que toutes les histoires ont déjà été écrites).
Le film que vous avez le plus vu ?
"L'armée des ombres" de Jean-Pierre Melville. "Le Cercle rouge" de...Jean-Pierre Melville. "Un cœur en hiver" de Claude Sautet. "Autant en emporte le vent" de Victor Fleming. "Sur la route de Madison" de Clint Eastwood. "Le fabuleux destin d'Amélie Poulain" de Jean-Pierre Jeunet. "Les Enchaînés" d'Alfred Hitchcock." Casablanca" de Michael Curtiz. "La Grande Vadrouille" de Gérard Oury. Tous à des époques et pour des raisons différentes...impossible de savoir lequel j'ai revu le plus grand nombre de fois.
Qui ou qu'est-ce qui vous fait rire ?
Chaplin. Tati. Bourvil. « Le goût des autres ». « Un air de famille ». En fait des personnes ou films qui ne font pas seulement rire.
Votre vie devient un biopic...
Bon courage aux spectateurs! Il s'intitulerait "La fureur de vivre" ou "Cinéma paradiso" ou "Drôle de drame". Ou alors "Une histoire sans fin" parce que je suis une incurable rêveuse et ne peux m'empêcher de rêver même à cette impossible non dénouement...
Le cinéaste absolu ?
Celui qui est aussi l'artiste absolu: Chaplin. Pour la même raison Woody Allen. Et Alfred Hitchcock parce que TOUS ses films recèlent des moments incroyables, et que je les aime tous sans exception.
Le film que vous êtes le seul à connaître ?
Je doute qu'il y ait un film que je sois la seule à connaître, ou peut-être un que j'écris alors:-). Plutôt des films projetés dans des festivals sinon. "La vraie vie est ailleurs" de Frédéric Choffat découvert à Annonay. "Meurtres à l'Empire state Building", un documentaire de William Karel découvert à Deauville. "Sans elle" d'Anna de Palma avec Aurélien Wiik. Et des tas de courts-métrages !
Une citation de dialogue que vous connaissez par coeur ?
J'adore les dialogues, ceux de Jaoui/ Bacri ou de Carné /Prévert notamment !
- "Je peins malgré moi les choses cachées derrière les choses ! Un nageur, pour moi, c'est déjà un noyé . Je crois peindre la joie, la musique, un bal, une noce en plein air et sur ma toile, c'est la jalousie, la haine, le meurtre, le cimetière..." ("Le Quai des Brumes" Marcel Carné)
L'acteur que vous auriez aimé être ?
Mes rêves se situent plutôt derrière que devant la caméra. Alors disons quand même Romy Schneider. Et pas seulement pour vivre « L'Enfer », pour les films Claude Sautet et pour Alain Delon...
Le dernier film que vous avez vu ? Avec qui ? C'était comment ?
"Sabotage" d'Alfred Hitchcock. Avec la personne évoquée dans la première question qui volontairement ou involontairement m'a fait aimer le cinéma il y a 20 ans de cela...
Un livre que vous adorez, mais impossible à adapter ?
"Belle du Seigneur" d'Albert Cohen (que je ne souhaite d'ailleurs pas voir à l'écran...mais il me semble avoir entendu parler d'un projet-peut-être avorté alors?- avec Ludine Sagnier, il y a quelques années déjà). Ou "Lettres à un jeune poète" de Rainer Maria Rilke.
Quelque chose que vous ne supportez pas dans un film ?
Les gros plans avec musique larmoyante prenant le spectateur en otage pour forcer l'émotion( cf "La Môme"), les fins heureuses pour satisfaire les directeurs de chaîne et rendre un film diffusable à 20H30, les scènes trop didactiques qui sous-entendent que le spectateur est idiot, des people à la caméra qui croient qu'il suffit de planter une caméra devant des acteurs qui parlent pour faire un film.
Le cinéma disparaît. Une épitaphe ?
A bout de souffle.
Atmosphère, atmosphère est-ce que maintenant j'ai une gueule d'atmosphère?
Rattrapé par le temps à force d'en avoir trop longtemps et souvent suspendu le vol.
Tué par le temps finalement à force d'avoir tellement aidé à le tuer.
Le cinéma Saint-Germain-des-Prés vous propose un nouveau rendez-vous de cinéma animé par Elisabeth Quin qui invite un artiste à parler de cinéma.
le 10 novembre - Yann Moix avec STROMBOLI Roberto Rossellini - 1950
20h : Projection du film 21h45 : Rencontre avec Yann Moix menée par Élisabeth Quin
En partenariat avec le café LES DEUX MAGOTS qui invitera les spectateurs à continuer la discussion autour d’un verre après la rencontre.
Réservations possibles au 01 46 34 82 54.
TARIF UNIQUE 7 EUROS - Cartes UGC/MK2 et Le Pass acceptées
Cinéma Le Saint Germain des Prés, Place St-Germain - 75006 PARIS - M° St-Germain-des-Prés
Les prochains invités : Jean-Baptiste Mondino (photographe) le mardi 8 décembre à 20h avec MORSE // Jean-Paul Gaultier (styliste et créateur de mode) le mardi 12 janvier à 20h avec THE ROCKY HORROR PICTURE SHOW // Ora-ïto (designer) le 9 février à 20h…
Je vous ai déjà parlé la semaine dernière, ici, des rencontres autour du thème du scénario organisées par mon ancien Master, au Forum des Images et ouvertes à tous.
Présentées par l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne en collaboration avec le Forum des images, les débats intitulés "Caméras subjectives" sont ainsi conçus et animés par les étudiants du Master professionnel en scénario, réalisation et production .
Chaque année, un thème différent est abordé.
Pour l’année universitaire 2009-2010, une nouvelle session aura comme thème : scénario, mon beau souci (à qui le dîtes-vous!).
Quels sont les rapports entre scénaristes et réalisateurs, acteurs ou encore producteurs ? Pour qui et avec qui le scénariste écrit-il ? Selon lui, comment son travail est-il perçu ? Qui intervient dans l'élaboration des films ? Autour d’études de cas concrets et en présence de prestigieux invités, ces questionnements, peu souvent abordés, sont au cœur de ce cycle de six rencontres.
Voici les programmes des 5 prochaines rencontres:
jeudi 12 novembre
{ 19h30 }
Noémie Lvovsky et (sous réserve) Valeria Bruni-Tedeschi
Depuis longtemps, la réalisatrice Noémie Lvovsky et l'actrice Valeria Bruni-Tedeschi ont noué des relations complices. La seconde joue dans les longs métrages de la première (d'"Oublie-moi" en 1995, à "Faut que ça danse" ! en 2007) et, quand elle décide à son tour de mettre en scène, Valeria fait appel à Noémie pour coécrire ses scénarios… et pour jouer dans son film, justement intitulé "Actrices" (2007).
Suivront quatre autres séances, avec :
- Serge Lalou, Nicolas Philibert et Stan Neumann, autour de l'écriture des films documentaire, le 17 décembre ;
- Laurent Cantet et Robin Campillo, le 14 janvier ;
- Jean-Claude Carrière et Jean-Paul Rappeneau (sous réserve), le 11 février ;
- Vincent Lindon, le 18 mars. (Cliquez ici pour lire ma critique de Melle Chambon film film dans lequel Vincent Lindon interprétait le rôle principal face à Sandrine Kiberlain)
L’entrée est libre, dans la limite des places disponibles.
4 films recommandés par inthemoodforcinema.com cette semaine, d'abord "A l'origine" par le réalisateur de "Quand j'étais chanteur" Xavier Giannoli dans lequel François Cluzet excelle à nouveau (le seul défaut du film vu à Cannes était sa longueur excessive, le montage a été entièrement revu et corrigé depuis, j'espère donc avoir le temps d'aller voir cette nouvelle version pour vous en parler).
Ensuite, je vous recommande "Les vies privées de Pippa Lee" de Rebecca Miller pour l'incroyable prestation de Robin Wright Penn (à qui le 35ème Festival du Cinéma Américain de Deauville a rendu hommage) qui, dans ce film plus que tout autre révèle quelle actrice incroyable et sans artifices elle est, à voir, ne serait-ce que pour elle.
Photos ci-dessus et ci-dessous: Robin Wright Penn et Rebecca Miller lors de la conférence de presse au Festival du Cinéma Américain de Deauville, lors de l'hommage à Robin Wright Penn et lors de l'avant-première du film à Deauville (photo : inthemoodforcinema.com )
Ensuite, ne manquez pas "L'Imaginarium du Docteur Parnassus", la bouillonnante dernière folie de Terry Gilliam.
Enfin et surtout ne manquez sous aucun prétexte "L'Enfer" d'Henri-Georges Clouzot, véritable chef d'oeuvre inachevé, une oeuvre d'art avant-gardiste et unique que l'on redécouvre des années après son tumultueux tournage.
La semaine dernière, c'est dans les locaux de Metropolitan Films que j'ai eu la chance de voir « L'Imaginarium du Docteur Parnassus » en avant-première, une projection en petit comité suivie d'une rencontre passionnante avec le cinéaste retranscrite en vidéo sur inthemoodforcinema.com (cliquez ici pour voir les vidéos de la rencontre avec Terry Gilliam).
Après Jean-Pierre Jeunet et son Tire-Larigot, avec Terry Gilliam et son Imaginarium, me voilà embarquée pour le deuxième tour de manège de la semaine, les deux cinéastes ayant en commun des univers visuels particulièrement marqués et reconnaissables, et une imagination débordante.
Ce Docteur Parnassus-là et sa troupe voyagent de ville en ville dans leur roulotte d'un autre temps. Cet homme sans âge possède l'inestimable pouvoir de projeter les gens dans leur propre imaginaire, un fascinant voyage qui se conclut toujours par un choix déterminant. Suite à un pari gagné contre le diable, Parnassus devient éternel, mais par amour pour une femme, il demande la jeunesse en échange de son immortalité. Le diable accepta, à condition que le jour de ses seize ans, le premier des enfants de Parnassus à naître lui appartienne. La jeune Valentina atteindra l'âge fatidique dans quelques jours et le diable rôde. Dans une tentative désespérée pour sauver son unique enfant, Parnassus va à nouveau jouer avec le feu : le premier de lui ou du diable qui séduira cinq âmes aura gagné. Avec Percy, Anton et le mystérieux Tony surgi de nulle part, le docteur va se lancer dans une extraordinaire course contre la montre. Le diable a tous les pouvoirs mais Parnassus possède l'Imaginarium.
Présenté hors compétition du dernier festival de Cannes, « L'Imaginarium du Docteur Parnassus » est d'abord le film dont on a parlé parce qu'il a été endeuillé par la disparition d'Heath Ledger, décédé en plein tournage, une disparition qui a paradoxalement nourri le film grâce à l'imagination du cinéaste (dont le synopsis ci-dessus témoigne qu'il regorge de bonnes idées), avec l'aide de trois acteurs (Colin Farrell, Jude Law, Johnny Depp) le remplaçant à tour de rôle et apportant ainsi un nouveau souffle et une autre dimension au film.
L'imagination salvatrice. Dans la réalité comme dans la fiction donc. Parce que c'est ce qu'est avant tout ce film : un hymne à l'imagination. Débordante. Précieuse. Rare. Protégée. Avec Terry Gilliam, l'imagination s'envole, les rêves sont une richesse inestimable et convoitée. Pour y accéder il faut traverser le miroir. Miroir qui peut aussi bien refléter l'au-delà, les peurs et les fantasmes que nous y projetons que le propre visage du cinéaste qui se mire et se reconnaît dans ce marginal qui nous embarque dans une imagination échevelée. Qui rive nos yeux à l'écran, éblouis, lorsqu'ils traversent le miroir du moins, dans l'Imaginarium. Le reste du temps, c'est une frustration, les scènes s'étirant en longueur (mais après tout le rêve se mérite...) et le cinéaste semblant lui-même victime des débordements de sa propre imagination.
Malgré ces faiblesses scénaristiques, son univers féérique, foisonnant, fantaisiste, effrayant et fascinant suffit à nous embarquer du paradis aux abîmes de l'enfer. Ce film regorge d'idées visuelles et scénaristiques qui n'auraient été que plus époustouflantes si elles avaient été canalisées, mais après tout l'imagination ne se canalise pas forcément, dans l'univers de Terry Gilliam comme dans l'Imaginarium du Docteur Parnassus et c'est aussi ce qui fait leur charme. Peut-être est-ce là aussi sa manière de ne pas vendre son âme au diable (à l'industrie cinématographique).
Il faut avant tout voir ce film comme une expérience cinématographique sensorielle, véritable ode à l'inventivité, à l'originalité, à la beauté singulière. Comment ne pas être envoûté par un film qui vous fait toucher les nuages, par une telle flamboyance poétique où le monde se dérobe sous vos pieds et le dérobe à sa banalité !
Avec ce film qui est issu d'un scénario original, Terry Gilliam ambitionnait de synthétiser tout ce qu'il avait fait jusqu'ici. C'est qui l'enrichit et l'alourdit à la fois ; l'enrichit d'idées et d'effervescence, l'alourdit pour les mêmes causes. Avec ce conte initiatique il n'ambitionnait pas seulement de nous faire voyager dans le temps, le paradis, l'enfer, l'imagination mais aussi de nous faire voir le monde avec un nouvel œil, selon notre propre imagination et pas seulement ce que nous disent les médias. Bref d'ouvrir l'œil et de regarder au-delà du miroir ou de cette fenêtre (et ce miroir !) ouvert sur le monde qu'est aussi l'écran de télévision.
Et puis il y a les acteurs : la voix envoûtante de Tom Waits au service de ce personnage diabolique , la candeur et le teint de porcelaine de la prometteuse Lily Cole et Johnny Depp et Jude Law dont j'avoue avoir préféré les prestations à celles de Heath Ledger et Colin Farrell.
Alors, si vous aussi avez envie de voir le monde féérique et ensorcelant qui se dissimule derrière le miroir, si comme moi vous vénérez le pouvoir inestimable de l'imagination grâce à laquelle « rien n'est définitif pas même la mort », il ne vous reste plus qu'à acheter votre ticket pour « L'Imaginarium » et à vous plonger dans ce bouillonnement visuel ! Peut-être que vous vous y égarerez un temps, mais je ne pense pas que vous le regretterez !
Oui, je sais, je sais: j'avais dit "pas de publicité sur inthemoodforcinema"! Mais celle-là, c'est davantage un court-métrage qu'une publicité et personne ne m'a demandé de la mettre en ligne. Je l'ai découverte hier soir, je l'ai trouvée très réussie et les deux petits nouveaux qui s'y essaient à la comédie très prometteurs ... Alors, en attendant de vous parler du dernier film de Terry Gilliam, de Charlie Chaplin, de Gorbatchev, de Jean-Laurent Cochet ces heures prochaines, je vous laisse avec George et John... (Et vous pouvez aussi revoir George Clooney sur inthemoodfordeauville lors de sa venue au Festival du Cinéma Américain de Deauville 2007, en cliquant ici).