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cinéma - Page 236

  • "Le code a changé" de Danièle Thompson

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    Dans le cinéma de Danièle Thompson, on retrouve souvent les mêmes "codes" : un film choral (« La bûche », « Fauteuils d’orchestre »…) qui voit se croiser les destins de plusieurs personnages, des personnages le plus souvent parisiens ou du moins vivant à Paris (Paris étant souvent un personnage à part entière) engoncés dans des conventions sociales ou dans leurs masques sociaux factices censés voler en éclats au cours du film. Le cadre de son nouveau film (le quatrième en temps que réalisatrice) est idéal pour ce jeu des apparences puisqu’il s’agit d’un dîner donné par ML (Karin Viard), avocate redoutable spécialisée dans les divorces, et son mari Piotr (Dany Boon), chômeur, le soir de la fête de la musique. Il y a là aussi : Jean-Louis (Laurent Stocker) qui a conçu la cuisine où se déroule le dîner et amant de ML, Juliette (Marina Hands), la sœur de ML accompagnée de son ami qui a l’âge d’être son père (Patrick Chesnais), son père justement (Pierre Arditi) à qui cette dernière n’adresse plus la parole depuis 2 ans caché dans une chambre de la maison pour ne pas croiser sa fille, Lucas, (Christopher Thompson) le futur collaborateur de ML et sa femme Sarah (Emmanuelle Seigner), Alain (Patrick Bruel) et Mélanie (Marina Foïs), le couple de médecins, lui cancérologue et elle gynécologue et enfin Manuela (Blanca Li), le professeur de flamenco de ML invitée au dernier moment.  Les angoisses et les secrets de chacun sont dissimulés par l’humour et les éclats de rires, par le rôle que chacun joue dans ce manège mondain. Le code c’est celui de l’hypocrisie, la bonne humeur, la cordialité… mais aussitôt le dîner terminé et le chemin du retour emprunté, les masques tombent…

    Qui n’est jamais allé à un dîner auquel il avait autant envie d’assister que de se pendre ? Qui n’a jamais jouer la comédie, sociale, donner le change pour sauver les apparences ? Sur une situation convenue à laquelle chacun peut s’identifier, Danièle Thompson fait du spectateur le 12ème invité, celui qui, voyeur, sait ce qui se trame derrière les masques souriants et derrière les plaisanteries qui ne sont finalement là que pour détourner l’attention.

    Danièle Thompson aime ses acteurs et le leur rend bien s’attachant à donner à chacun sa scène, son bon mot,  sa réplique qui fait mouche  au premier rang desquels Pierre Arditi (qui donne au film ses plus belles scènes dans son duo irrésistible avec Patrick Chesnais), Patrick Bruel, crédible et touchant en cancérologue jouant aux bons vivants en réalité dévoré par la souffrance à laquelle il fait face et face aux malheurs qu’il ne sait plus annoncer, Christopher Thompson et Emmanuelle Seigner en couple finalement plus mélancolique que réellement cynique et désabusé, chacun parvenant à sortir du stéréotype auquel le grand nombre de personnages et donc la nécessité de les rendre facilement identifiable aurait pu les réduire.  Les personnages sont finalement tous plutôt attachants et leurs fêlures plutôt attendrissantes.

     Le tout est particulièrement rythmé et nous fait passer un très agréable moment, seulement…seulement  les masques glissent et vacillent plus qu’ils ne tombent réellement, alors qu’on aurait parfois aimé les voir exploser (on n’est certes pas dans « Festen » ou dans « Pardonnez-moi »), chacun restant finalement retranché derrière ses codes, et la morale étant toujours sauve, finalement un peu trop. Le drame affleure, l’émotion parfois aussi, mais on reste finalement toujours dans la comédie et le vaudeville. A vouloir aborder trop de thèmes ( la maladie, le deuil, le mensonge, la rancœur, la vie, la mort…) dans un temps trop court, les ellipses sont inéluctables et parfois frustrantes, faisant perdre de l’épaisseur à certains personnages et à certaines situations.

     Pour ne pas donner un sentiment de théâtre filmé et pour renforcer cette impression de manège et de valse des apparences, la caméra de Danièle Thompson virevolte habilement  entre les invités nous faisant passer d’une conversation à une autre, jonglant savoureusement entre les répliques, et entre les temporalités, ne laissant aucun temps mort, et mettant ainsi en exergue les contradictions de chacun, l’absurdité que le code social donne parfois aussi à la situation.

     Dommage que la fin nous laisse un sentiment d’inachevé. Dommage aussi que la fête de la musique propice à apporter un élément poétique ne soit ici qu’un élément perturbateur.  Voilà un film qui ferait une excellente pièce de théâtre dont on quitte finalement ses personnages à regret.

  • Festival du Film Asiatique de Deauville 2009

    deauvilleasia2.jpgJe vous rappelle que vous pourrez suivre le 11ème Festival du Film Asiatique de Deauville en direct, du 11 au 16 mars 2009, sur mon blog consacré à ce festival "In the mood for Deauville".

    De nouvelles informations concernant cette édition 2009 viennent de tomber: le scénariste et réalisateur Xavier Gens présidera le jury Action Asia.

     Depuis quelques années, le Festival a décidé de mettre en lumière des cinéastes émergents, cette année le réalisateur sud-coréen Lee Yoon-Ki.

    Le Festival rendra également hommage au scénariste et réalisateur sud-coréen Lee Chang-Dong.

    Pour plus de détails, rendez-vous sur mon autre blog "In the mood for Deauville" ou sur le site officiel du  11ème Festival du Film Asiatique de Deauville.

    Lien permanent Imprimer Catégories : FESTIVAL DU FILM ASIATIQUE DE DEAUVILLE 2009 Pin it! 0 commentaire
  • Le palmarès de la 81ème cérémonie des Oscars: "Slumdog millionaire" grand vainqueur

    oscars2.jpgLa 81ème cérémonie des Oscars a livré son palmarès dont "Slumdog millionaire" de Danny Boyle est reparti grand vainqueur avec 8 récompenses, contre 3 statuettes seulement pour le magnifique film de David Fincher "L'étrange histoire de Benjamin Button".

     Contre toute attente c'est Sean Penn et non Mickey Rourke qui a obtenu l'oscar du meilleur acteur.

    Penelope Cruz a de nouveau été récompensée (après son Golden Globe) pour son rôle dans "Vicky Cristina Barcelona".

     Heath Ledger a de nouveau obtenu une récompense posthume.

    Et le cinéma français ("Entre les murs" de Laurent Cantet était pourtant favori pour l'Oscar du meilleur film étranger ) est reparti bredouille...même si, dans la catégorie meilleur documentaire,  le gagnant est «Man On Wire», du Britannique James Marsh, avec un héros... français. En effet, le documentaire relate l'exploit du funambule français Philippe Petit, qui avait marché en 1974 entre les tours du World Trade Center à New York. Un exploit insensé, mené en toute illégalité.

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    Meilleur Film : Slumdog Millionaire
    Les autres nominés : Frost / Nixon, l’heure de vérité, Harvey Milk, Le Liseur, L’Etrange histoire de Benjamin Button.

    Meilleur Réalisateur : Danny Boyle (Slumdog Millionaire)
    Les autres nominés : Ron Howard (Frost/Nixon, l'heure de vérité), Gus Van Sant (Harvey Milk), Stephen Daldry (Le Liseur), David Fincher (L’Etrange histoire de Benjamin Button). 

    Meilleur Acteur : Sean Penn (Harvey Milk)


    Les autres nominés : Frank Langella (Frost / Nixon, l’heure de vérité), Brad Pitt (L’Etrange histoire de Benjamin Button), Richard Jenkins (The Visitor), Mickey Rourke (The Wrestler).

    Meilleure Actrice : Kate Winslet (Le Liseur)


    Les autres nominées : Meryl Streep (Doute), Melissa Leo (Frozen River), Angelina Jolie (L'Echange), Anne Hathaway (Rachel Getting Married).

    Meilleur acteur dans un second rôle : Heath Ledger (The Dark Knight, le chevalier noir)
    Les autres nominés : Philip Seymour Hoffman  (Doute), Josh Brolin (Harvey Milk), Michael Shannon (Les noces rebelles), Robert Downey Jr. (Tonnerre sous les tropiques).

    Meilleur actrice dans un second rôle : Penélope Cruz (Vicky Cristina Barcelona)


    Les autres nominées : Viola Davis (Doute), Amy Adams (Doute), Taraji P.Henson (L’Etrange histoire de Benjamin Button) et Marisa Tomei (The Wrestler).

    Meilleur scénario original : Harvey Milk
    Les autres nominés : Be Happy, Bons baisers de Bruges, Frozen River, WALL-E

    Meilleur scénario adapté : Slumdog Millionaire
    Les autres nominés : Doute, Frost / Nixon, l’heure de vérité, Le liseur, L’Etrange histoire de Benjamin Button.  

    Meilleure photographie : Slumdog Millionaire
    Les autres nominés : Le liseur, L’Echange, L’Etrange histoire de Benjamin Button, The Dark Knigh, le chevalier noir.

    Meilleur montage : Slumdog Millionaire
    Les autres nominés : The Dark Knight, le chevalier noir, L’Etrange histoire de Benjamin Button, Frost / Nixon, l’heure de vérité, Harvey Milk.

    Meilleurs décors : L’Etrange histoire de Benjamin Button
    Les autres nominés : L’Echange, Les noces rebelles, The Dark Knight, le chevalier noir, The Duchess.

    Meilleurs costumes : The Duchess
    Les autres nominés : Australia, Harvey Milk, Les Noces rebelles, L’Etrange histoire de Benjamin Button.

    Meilleurs maquillages : L’Etrange histoire de Benjamin Button
    Les autres nominés : Hellboy II les légions d’or maudites, The Dark Knight, le chevalier noir.

    Meilleur son : Slumdog Millionaire
    Les autres nominés : L’Etrange histoire de Benjamin Button The Dark Knight, le chevalier noir, WALL-E, Wanted : choisis ton destin.

    Meilleur montage sonore : The Dark Knight, le chevalier noir
    Les autres nominés : Iron Man, Slumdog Millionaire, WALL-E, Wanted : choisis ton destin.

    Meilleurs effets visuels : L’Etrange histoire de Benjamin Button
    Les autres nominés : Iron Man, The Dark Knight, le chevalier noir.

    Meilleur chanson : "Jai Ho" (Slumdog Millionaire)
    Les autres nominés : "O Saya" (Slumdog Millionaire), "Down to earth" (WALL-E)

    Meilleure musique : Slumdog Millionaire
    Les autres nominés : Harvey Milk, Les Insurgés, L’Etrange histoire de Benjamin Button, WALL-E.

    Meilleur film d’animation : WALL-E
    Les autres nominés : Kung Fu Panda, Volt, star malgré lui.


    Meilleur film Etranger : Departures
    Les autres nominés : Entre les murs, La Bande à Baader, Revanche, Valse avec Bachir.

    Meilleur film documentaire : Le Funambule

    Meilleur court métrage : Spielzeugland

    Meilleur court métrage d’animationLa Maison en petits cubes

    Meilleur court métrage documentaire : Smile Pinki

  • La 81ème nuit des Oscars: en direct sur Canal plus

    oscars2.jpgDès demain matin, vous pourrez retrouver l'ensemble des résultats de cette 81ème nuit des Oscars, sur "In the mood for cinema".

    En attendant, vous pourrez suivre la cérémonie à partir de minuit sur Canal plus. Elle sera présentée par les incontournables Laurent Weil et  Didier Allouch accompagnés de Kad Merad et Olivier Baroux. Canal plus a également son blog consacré aux Oscars ainsi que l'inénarrrable Didier Allouch (blog en direct d'Hollywood).

    Je vous recommande aussi l'excellent site officiel de l'Académie des Oscars.

    Cliquez ici pour (re)voir toutes les nominations aux Oscars 2009.

    Lien permanent Imprimer Catégories : IN THE MOOD FOR NEWS (actualité cinématographique) Pin it! 0 commentaire
  • L'interview "in the mood for cinema" de Rémi Bezançon (réalisateur du "Premier jour du reste de ta vie")

    premier.jpgJe lance aujourd'hui à nouveau une nouvelle rubrique, cette fois consacrée à des interviews de personnalités du septième art  ayant un lien avec l'actualité.

     Rémi Bezançon a eu la gentillesse de répondre à mes questions, et d'inaugurer ainsi cette rubrique, je l'en remercie vivement de nouveau.

     A une semaine de la cérémonie des Césars, alors que, comme il nous rappelle lui-même, "Le premier jour du reste de ta vie" est encore à l'affiche après avoir totalisé 1,2 millions d'entrées, et 9 nominations aux Césars (Jacques Gamblin est nommé comme meilleur acteur, , Marc-André Grondin et Pio Marmai sont nommés comme meilleurs espoirs masculins, Déborah François est nommée comme meilleur espoir féminin, Rémi Bezançon est nommé comme meilleur réalisateur et pour le meilleur film ainsi que pour le meilleur scénario original, Sinclair est nommé pour la meilleure musique et Sophie Reine pour le meilleur montage) cette interview a donc lieu en pleine actualité et tourne essentiellement autour de la cérémonie du 27 février.

    Le principe de ces interviews "in the mood for cinema" sera toujours le même : 9 ou 10 questions simples divisées en 3 parties (l'actualité de l'interviewé, ses projets, ses goûts cinématographiques) dont les réponses seront retranscrites telles quelles...

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    CLIQUEZ ICI POUR LIRE MA CRITIQUE DU PREMIER JOUR DU RESTE DE TA VIE (le DVD est en vente depuis le 27 janvier).

    In the mood for cinema : Après son 1, 2 millions d'entrées, « Le premier jour du reste de ta vie » a récolté 9 nominations aux Césars, quel est votre état d'esprit à quelques jours de la Cérémonie. Que représente cette cérémonie pour
    vous ?

    Rémi Bezançon: Je suis serein. Avoir 9 nominations constitue déjà une très belle victoire. Pour le reste... Inch'Allah.

    ITMFC: Toutes les composantes qui contribuent à la belle alchimie de ce film sont nommées (musique, scénario, comédiens, réalisation,
    montage.) Y a-t-il une nomination à laquelle vous êtes plus sensible que les autres et a fortiori un César auquel vous seriez plus sensible
    que les autres ?

    Rémi Bezançon: Le scénario. N'étant pas vraiment un littéraire, j'ai du tout apprendre tout seul.

    ITMFC: Cette année que j'imagine trépidante vous a-t-elle laissé le temps de voir les films des autres nommés. Avez-vous eu des coups de cœur ?

    Rémi Bezançon : Un vrai coup de coeur pour Séraphine, que j'ai trouvé juste et puissant. C'est un film sur la création que je compare au Shining de Kubrick. Magnifique.


    ITMFC: Un avis sur la décision de Dany Boon de boycotter la cérémonie pour n'avoir été nommé qu'une fois (dans la catégorie meilleur scénario) et sur l'idée de la création du César de la meilleure comédie?


    Rémi Bezançon: Peut-être l'Académie aurait-elle du remettre à Dany Boon un César d'honneur rapport aux 20 millions d'entrées, histoire de désarmorcer les non-nominations des Chtis qui semblaient assez évidentes. Ça aurait évité toutes ces histoires assez minables...

    ITMFC: Ces nominations ont-elles d'ores et déjà changé quelque chose  et facilité vos  projets ?

    Rémi Bezançon: Non. Avant la sortie du Premier Jour, j'étais déjà sur l'écriture du suivant, l'adaptation d'"Un heureux événement" d'Eliette Abecassis.


    ITMFC: Si vous aviez une baguette magique, ou disons à défaut un César magique, quels seraient pour vous le casting et le film idéal  (même
    totalement utopiques)?


    Rémi Bezançon: Water Music, d'après T.C. Boyle, avec Johnny Depp et Leonardo Di Caprio.


    ITMFC:  Y a-t-il un film en particulier qui a déclenché votre envie de faire du cinéma ?

    Rémi Bezançon: Il était une fois dans l'ouest.


    ITMFC: Si vous deviez choisir un acteur, une actrice, un réalisateur en tête de votre panthéon cinématographique, quels seraient-ils ?


    Rémi Bezançon: Marcello Mastrioani
    Isabelle Adjani
    Stanley Kubrick


    ITMFC:  Quel film de ce début 2009 recommanderiez-vous aux lecteurs d' « In the mood for cinema » ?

    Rémi Bezançon: Le Premier Jour du Reste de ta Vie! Eh oui, il est encore à l'affiche 31 semaines après sa sortie!!
    ;-)

    BANDE-ANNONCE ET EXTRAITS:

  • « Doute » de John Patrick Shanley

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    L’intrigue se déroule en 1964, dans une école catholique du Bronx. Le père Flynn (Philip Seymour Hoffman), un prêtre de la paroisse, est soupçonné par la Sœur Aloysius (Meryl Streep), directrice de l’école, d’avoir fait subir des attouchements à un garçon noir de 12 ans. Malgré ses doutes sur la moralité du prêtre, cette dernière n’arrive pas à réunir les preuves nécessaires à son renvoi. Quand la naïve sœur James (Amy Adams) vient lui raconter un évènement impliquant le père Flynn et un garçon de l’école, pour la Sœur Aloysius, c’est là la confirmation à ses soupçons qu’elle attendait pour forger définitivement son intime conviction. Entre le père Flynn et la sœur Aloysius va alors s’engager une véritable bataille, une bataille où s’affronteront aussi doute et certitudes, les leurs, ceux de l'influençable sœur James partagée entre les deux...et les nôtres.

    « Doute » est le deuxième film de John Patrick Shanley et une adaptation de la pièce intitulée « Doute :  A Parable » qu’il avait lui-même écrite et qui avait remporté le prix Pulitzer en 2005.

     A priori, le doute est un sujet éminemment cinématographique, le cinéma étant aussi un art de la manipulation, jonglant avec la vérité, avec notre perception, avec nos certitudes. Si le sujet aurait rapidement néanmoins pu s’avérer ennuyeux, notamment grâce à une mise en scène (certes relativement théâtrale, mais qui sied ici parfaitement au sujet et au duel entre le prêtre et la soeur) essentiellement destinée à mettre en valeur le jeu des comédiens, et ce qui les oppose, et grâce à une réalisation judicieusement glaciale à l’image de l’austérité des lieux , nous sommes rapidement captivés par ce combat en huis-clos sans merci dont la vérité ne surgira pas forcément.  Avec beaucoup d’austérité et de pudeur, « Doute » aborde plusieurs thèmes que l’Eglise est plutôt réticente à aborder. Ce ton aride ne donne que plus de force au propos. 

    Tout est fait pour ébranler nos certitudes.  Le père Flynn apparaît d’abord comme un prêtre progressiste (il fume, les repas sont gais et animés etc) et altruiste et la sœur Aloysius, par opposition, comme une religieuse rigide et intolérante (les repas se font en silence, et une institutrice qui a des sucreries dans son bureau est déjà pour elle la pire des pécheresses). Quelques éléments nous laissent néanmoins penser que la revêche sœur Aloysius n’est pas aussi impitoyable qu’elle le laisse croire, notamment par l’intérêt qu’elle porte à une sœur âgée et presque aveugle. (La scène du repas est de ce point de vie très réussi, nous montrant ses deux visages, le doute commençant ainsi à s’immiscer dans l’esprit du spectateur). La sœur Aloysius s’humanise peu à peu  et le père Flynn commence à ne plus nous paraître aussi irréprochable. Alors, le père Flynn est-il la victime innocente de l’intime conviction quasiment fanatique et obsessionnelle de la sœur Aloysius ou est-il réellement coupable des atrocités dont elle le soupçonne ?

    Chaque geste, chaque parole, mêmes les plus simples et anodins révèlent alors leur ambiguïté et détruisent la moindre certitude à peine esquissée, démontrant les dangers et la relativité de l’intime conviction. Le spectateur est alors balloté entre les certitudes de la sœur Aloysius et les certitudes que lui inspirait tout d’abord le père Flynn.

    John Patrick Shanley, signant un véritable plaidoyer contre les ravages de l’intime conviction, a ainsi choisi de ne jamais prendre parti, nous laissant sur notre faim, mais allant finalement ainsi jusqu’au bout de son idée et de son thème. Toutes les scènes qui auraient pu nous donner de véritables indices sont ainsi éludées, l’ellipse renforçant le doute. Alors que le cinéma prend de plus en plus le spectateur par la main, lui dictant ce qu’il doit voir, ce qu’il doit penser, c’est finalement plutôt agréable d’être ainsi responsabilisé,  d’affronter seul ses propres doutes.

    « Doute » vaut à Meryl Streep sa 15ème nomination aux Oscars. (Philip Seymour Hoffman est également cité comme meilleur acteur ainsi que Amy Adams et Viola Davis comme meilleures actrices dans un second rôle. Enfin, John Patrick Shanley est nommé pour le meilleur scénario adapté). Elle prouve ici une nouvelle fois l’énorme étendue de son jeu après « Mamma mia », un rôle aux antipodes de celui-ci, même si, en l’espèce, son jeu et le doute y auraient peut-être gagnés avec un peu plus de nuance. Philip Seymour Hoffman, quant à lui, remarquable instille juste ce qu’il faut de trouble et de troublant  pour faire naître le doute dans notre esprit.

    Certes, la deuxième partie n’est pas à la hauteur du début qui instaure une tension, un suspense, un climat de suspicion très prometteurs et palpitants mais pas suffisamment pour que je ne vous recommande pas ce film. Sans aucun doute.

    Sandra.M

  • "Inglourious Basterds" de Quentin Tarantino: bande-annonce

    inglourious.jpgUn film de Quentin Tarantino est toujours un évènement. Celui-ci en particulier. Tout d'abord en raison de son sujet ( Durant la Seconde Guerre Mondiale, un groupe de soldats alliés condamnés à mort se voient offrir une seconde chance s'ils acceptent une mission-suicide en territoire ennemi.), en raison de son casting prestigieux et international (Brad Pitt, Diane Kruger, Mélanie Laurent, Mike Myers, Daniel Brühl, Michael Fassbender, Maggie Cheung, Léa Seydoux...), et en raison de sa violence annoncée.

    Le second degré de Tarantino, son humour noir, sa folie-certes savoureuse-, son audace, sa violence ostentatoire s'accomoderont-ils de ce sujet sensible et  périlleux? Le film sera-t-il à la hauteur de l'attente suscitée?

    La sortie en salles en France est prévue le 19 Août avec, pourquoi pas, une projection en avant-première à Cannes, festival dont Quentin Tarantino est un habitué et  dans le cadre duquel il avait donné une leçon de cinéma, l'an passé.

    En attendant d'avoir les réponses à ces questions, je vous laisse vous faire une première impression avec la première bande-annonce, ci-dessous.

    Lien permanent Imprimer Catégories : BANDES ANNONCES Pin it! 2 commentaires