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cinéma - Page 272

  • "Le Guépard", la fresque somptueuse de Luchino Visconti (1963)

    medium_guepard.JPGPeu enthousiasmée par les films sortis en salles récemment, je préfère aujourd’hui vous parler de l’un de ceux qui sont à l’origine de ma passion pour le cinéma, et que je ne me lasse jamais de revoir, ou plutôt d’admirer : Le Guépard de Luchino Visconti.

    En 1860, en Sicile, tandis que Garibaldi et ses chemises rouges débarquent pour renverser la monarchie des Bourbons de Naples et l’ancien régime, le prince Don Fabrizio Salina (Burt Lancaster) ainsi que sa famille et son confesseur le Père Pirrone (Romolo Valli), quitte ses domaines pour son palais urbain de Donnafigata, tandis que son neveu Tancrède rejoint les troupes de Garibaldi. Tancrède s’éprend d’Angelica, (Claudia Cardinale), la fille du riche maire libéral  de Donnafugata : Don Calogero. Le Prince Salina s’arrange pour qu’ils puissent se marier. Après l’annexion de la Sicile au royaume d’Italie, Tancrède qui s’était engagé aux côtés des Garibaldiens les abandonne pour rejoindre l’armée régulière…

    Les premiers plans nous montrent une allée qui mène à une demeure, belle et triste à la fois. Les allées du pouvoir. Un pouvoir beau et triste, lui aussi. Triste car sur le déclin, celui de l’aristocratie que symbolise le Prince Salina. Beau car fascinant comme l’est le prince Salina et l’aristocratie digne qu’il représente. Ce plan fait écho à celui de la fin : le prince Salina avance seul, de dos, dans des ruelles sombres et menaçantes puis il s’y engouffre comme s’il entrait dans son propre tombeau. Ces deux plans pourraient résumer l’histoire, l’Histoire, celles d’un monde qui se meurt. Les plans suivants nous emmènent à l’intérieur du domaine, nous offrant une vision spectrale et non moins sublime de cette famille. Seuls des rideaux blancs dans lesquels le vent s’engouffre apportent une respiration, une clarté dans cet univers somptueusement sombre. Ce vent de nouveauté annonce l’arrivée de Tancrède, Tancrède qui apparaît dans le miroir dans lequel Salina se mire.  Son nouveau visage. Le nouveau visage du pouvoir. Le film est à peine commencé et déjà son image est vouée à disparaître. Déjà la fin est annoncée. Le renouveau aussi.

    Fidèle adaptation d’un roman écrit en 1957 par Tomasi di Lampedusa, Le Guépard témoigne d’une époque représentée par cette famille aristocrate pendant le Risorgimento, « Résurrection » qui désigne le mouvement nationaliste idéologique et politique qui aboutit à la formation de l’unité nationale entre 1859 et 1870. Le Guépard est avant tout l’histoire du déclin de l’aristocratie et de l’avènement de la bourgeoisie, sous le regard et la présence félins, impétueux, dominateurs du Guépard, le prince Salina. Face à lui, Tancrède est un être audacieux, vorace, cynique, l’image de cette nouvelle ère qui s’annonce.

    medium_guepard4.JPGLa scène du fastueux bal qui occupe un tiers du film est aussi la plus célèbre, la plus significative, la plus fascinante. Elle marque d'abord par sa magnificence et sa somptuosité :  somptuosité des décors, soin du détail du Maestro Visconti qui tourna cette scène en huit nuits parmi 300 figurants. Magnificence du couple formé par Tancrède et Angelica, impériale et rayonnante dans sa robe blanche. Rayonnement du couple qu’elle forme en dansant avec Salina, aussi.  La fin du monde de Salina est proche mais le temps de cette valse, dans ce décor somptueux, le temps se fige. Ils nous font penser à cette réplique de Salina à propos de la Sicile : "cette ombre venait de cette lumière". Tancrède regarde avec admiration, jalousie presque, ce couple qui représente pourtant la déchéance de l’aristocratie et l’avènement de la bourgeoisie. Un suicide de l'aristocratie même puisque c’est Salina qui scelle l’union de Tancrède et Angelica, la fille du maire libéral, un mariage d’amour mais aussi et avant tout de raison entre deux univers, entre l'aristocratie et la bourgeoisie. Ces deux mondes se rencontrent et s’épousent donc aussi le temps de la valse d’Angelica et Salina. Là, dans le tumulte des passions, un monde disparaît et un autre naît. Ce bal est donc aussi remarquable par ce qu’il symbolise : Tancrède, autrefois révolutionnaire, se rallie à la prudence des nouveaux bourgeois tandis que Salina, est dans une pièce à côté, face à sa solitude, songeur,  devant un tableau de Greuze, la Mort du juste, faisant « la cour à la mort » comme lui dira ensuite magnifiquement Tancrède.

    Angelica, Tancrède et Salina se retrouvent ensuite dans cette même pièce face à ce tableau morbide alors qu’à côté se fait entendre la musique joyeuse et presque insultante du bal. L’aristocratie vit ses derniers feux mais déjà la fête bat son plein. Devant les regards attristés et admiratifs de Tancrède et Angelica, Salina s’interroge sur sa propre mort. Cette scène est pour moi une des plus intenses de ce film qui en comptent pourtant tant qui pourraient rivaliser avec elle. Les regards lourds de signification qui s’échangent entre eux trois, la sueur qui perle sur les trois visages, ce mouchoir qu’ils s’échangent pour s’éponger en font une scène d’une profonde cruauté et sensualité où entre deux regards et deux silences, devant ce tableau terriblement prémonitoire de la mort d’un monde et d’un homme, illuminé par deux bougies que Salina a lui-même allumées comme s’il admirait, appelait, attendait sa propre mort, devant ces deux êtres resplendissants de jeunesse, de gaieté, de vigueur, devant Salina las mais toujours aussi majestueux, plus que jamais peut-être, rien n’est dit et tout est compris.

    medium_guepard3.JPG Les décors minutieusement reconstitués d’ une beauté visuelle sidérante, la sublime photo de Giuseppe Rotunno, font de ce Guépard une véritable fresque tragique, une composition sur la décomposition d’un monde, dont chaque plan se regarde comme un tableau, un film mythique à la réputation duquel ses voluptueux plans séquences (notamment la scène du dîner pendant laquelle résonne le rire interminable et strident d’Angelica comme une insulte à l’aristocratie décadente, au cour duquel se superposent des propos, parfois à peine audibles, faussement anodins, d’autres vulgaires, une scène autour de laquelle la caméra virevolte avec virtuosité, qui, comme celle du bal, symbolise la fin d’une époque), son admirable travail sur le son donc, son travail sur les couleurs (la séquence dans l’Eglise où les personnages sont auréolés d’une significative lumière grise et poussiéreuse ) ses personnages stendhaliens, ses seconds rôles judicieusement choisis (notamment Serge Reggiani en chasseur et organiste), le charisme de ses trois interprètes principaux, la noblesse féline de Burt Lancaster, la majesté du couple Delon-Cardinale, la volubilité, la gaieté et le cynisme de Tancrède formidablement interprété par Alain Delon, la grâce de Claudia Cardinale, la musique lyrique, mélancolique et ensorcelante de Nino Rota ont également contribué à faire de cette fresque romantique, engagée, moderne, un chef d’œuvre du septième Art. Le Guépard a ainsi obtenu la Palme d’or 1963… à l’unanimité.

     La lenteur envoûtante dont est empreinte le film métaphorise la déliquescence du monde qu’il dépeint. Certains assimileront à de l’ennui ce qui est au contraire une magistrale immersion  dont on peinera ensuite à émerger hypnotisés par l’âpreté lumineuse de la campagne sicilienne, par l’écho du pesant silence, par la beauté et la splendeur stupéfiantes de chaque plan. Par cette symphonie visuelle cruelle, nostalgique et sensuelle l’admirateur de Proust qu’était Visconti nous invite à l’introspection et à la recherche du temps perdu.

    La personnalité du Prince Salina devait beaucoup à celle de Visconti, lui aussi aristocrate, qui songea même à l’interpréter lui-même, lui que cette aristocratie révulsait et fascinait à la fois et qui, comme Salina, aurait pu dire : « Nous étions les Guépards, les lions, ceux qui les remplaceront seront les chacals, les hyènes, et tous, tant que nous sommes, guépards, lions, chacals ou brebis, nous continuerons à nous prendre pour le sel de la terre ».

    Que vous fassiez partie des guépards, lion, chacals ou brebis, ce film est un éblouissement inégalé par lequel je vous engage vivement à vous laisser hypnotiser...

    Je vous rappelle que "In the mood for cinema" participe au concours du Festival de la création sur internet. Si vous aimez ce blog, si vous souhaitez qu'il soit ensuite soumis au vote des professionnels, il vous suffit pour cela de vous rendre sur la page suivante http://www.festivalderomans.com/detail.php?id_part=142&cat_part=7 et de voter en deux secondes et en un clic. Pour l'instant je ne pense pas avoir le nombre suffisant de voix, la vôtre fera peut-être la différence... alors n'hésitez pas à en parler autour de vous, il ne reste plus que 5 jours pour voter!

    Sandra.M

    Lien permanent Imprimer Catégories : CRITIQUES DE CLASSIQUES DU SEPTIEME ART Pin it! 4 commentaires
  • Jurée au Festival International du Premier Film d'Annonay

    medium_fest2007_large.2.jpgAprès Deauville, Dinard, Cannes, Cognac, Cabourg, Paris, Saint-Malo, je viens d'apprendre que je serai jurée à Annonay, au Festival International du Premier Film, du 9 au 12 février 2007. Je vous imagine déjà railler ce festival en comparaison de ceux précités. Détrompez-vous ! J’en ai eu d’élogieux échos (notamment par une ancienne jurée blogueuse-très- cinéphile) et je suis fière d’avoir été choisie pour faire partie du jury de cette 24 ème édition, d’abord parce que ce festival met à l’honneur des premiers films dont la compétition s’annonce d’ores et déjà alléchante, et parce qu’il est toujours passionnant de voir éclore de nouveaux talents, ensuite parce que notre président sera Manuel Pradal dont j’avais beaucoup apprécié le dernier long métrage  Un Crime (voir mon article, ici) présenté au dernier Festival du Cinéma Américain de Deauville, enfin parce qu’un festival est toujours une expérience enrichissante et délicieusement étrange…Bien sûr vous aurez le récit exclusif de ce festival à mon retour.

    Le Festival du Premier Film d’Annonay se déroulera du 2 au 12 février. Ce festival met les premiers films à l'honneur, hors compétition et en compétition (8 films de pays divers). Des films qui ont marqué l’année 2006 comme Sarajevo mon amour seront également projetés. La section thématique du festival portera cette année sur les road movies. Un hommage sera notamment rendu à Hippolyte Girardot.

    Pour avoir de plus amples informations, rendez-vous sur le site officiel :

    http://www.annonaypremierfilm.org/festival/

    J’en profite pour vous dire ou vous rappeler :

    1. Que vous pouvez toujours voter pour ce blog (et cela jusqu’au 20 janvier à minuit) qui participe au Concours organisé par le Festival de la Création sur Internet. En cliquant ici, vous arriverez directement sur la page des votes, cela vous prendra deux secondes et vous rapportera mes inestimables remerciements empressés. Pour en savoir plus sur ce concours et ce blog, cliquez là.

    2. Je vous invite également à élire votre film de l’année : voir l’article ici. Vous avez jusqu’au 21 janvier pour le faire.

    3. Demande débute le 1er Salon du Cinéma.

    4. Enfin, se déroule actuellement le festival Paris tout court, au cinéma l’Arlequin, rue de Rennes. Je vous en parle plus longuement bientôt. En attendant, rendez-vous sur le site officiel du festival.

    Sandra.M

  • Rencontre-débat avec Olivier Assayas, le 9 janvier, à la Sorbonne

    Après Claude Lelouch en décembre, le Master Pro Ciné-création de Panthéon Sorbonne organise une rencontre débat avec Olivier Assayas autour de la direction d'acteur au cinéma, le mardi 9 janvier, à 19H, au centre Saint-Charles. Tous les renseignements pratiques figurent sur l'affiche ci-dessous.

    medium_Flyer_Assayas_1_1_.JPG
    Lien permanent Imprimer Catégories : IN THE MOOD FOR NEWS (actualité cinématographique) Pin it! 4 commentaires
  • Festival International de la Création sur internet, concours de blogs: comment et pourquoi voter pour "In the mood for cinema"?

    Qu’est-ce que le Festival International de la Création sur internet ?

    medium_photosordi_467.jpgAvec 4 millions de blogs en France (plus de 50 millions dans le monde), 7 millions d’internautesmedium_photosordi_464.2.jpg qui consultent des blogs régulièrement, Internet devient un outil de communication de plus en plus incontournable (il suffit de voir, pour s’en convaincre, la place qu’il occupe déjà dans la campagne présidentielle). Il était donc logique qu’un festival le mette enfin à l’honneur. La première édition du Festival International de la Création sur Internet (Lien: site officiel du festival) aura donc lieu du 1er au 3 Février 2007, à Romans (situé à 15 kilomètres au Nord-Est de Valence).

    C’est dans la catégorie « expression citoyenne » que j’ai décidé de concourir. Dix blogs dans chacune des 9 catégories seront sélectionnés par les internautes, puis, un jury de professionnels élira un blog dans chaque catégorie parmi les dix blogs choisis par vous. Outre de nombreux et prestigieux partenaires, les principaux candidats à la Présidentielle ont d’ores et déjà donné leur accord de principe pour venir au festival.

                                                                                         Pourquoi ce blog ?

    medium_affiche54mm.jpgCe blog est né en novembre 2004 pour remplacer mes sites internet artisanaux dont l’objectifmedium_photosordi_500.jpg était d’abord de partager mes expériences de jurée dans des festivals de cinéma, mon regard sur leur ambiance et surtout pour partager mon enthousiasme pour des films découverts dans ces festivals. Avec la naissance des blogs, ce fut une véritable jubilation pour moi de pouvoir laisser libre cours à cet enthousiasme, et à mes deux passions : pour l’écriture et pour le cinéma.

    La fréquence de publication n’est pas forcément quotidienne : publier sincèrement plutôt que publier fréquemment, ne pas évoquer tous les films vus mais simplement ceux qui m’ont réellement marquée (vous trouverez mes films favoris de l’année 2006 ci-contre,  dans la colonne en haut, à gauche du blog et mes commentaires en cliquant sur les titres des films en question sous leurs affiches). Avec pour objectif de vous plonger « In the mood for cinema » en vous faisant découvrir l’atmosphère de ces festivals où je retourne désormais chaque année, par des comptes rendus inédits et très personnels des avant-premières, des conférences de presse, des soirées... au retour ou parfois en direct de ces festivals : Festival de Cannes, Festival du Cinéma medium_photosordi_1012.jpgAméricain de medium_photosordi_177.jpgDeauville (ce blog est ainsi le seul figurant dans les liens de son site officiel) auquel j’assiste par ailleurs depuis 14 ans,  Festival du Film Asiatique de Deauville, Festival du Film Britannique de Dinard, Festival du Film Romantique de Cabourg, Festival du Film Policier de Cognac, la cérémonie des Césars etc. Vous parler de leur magie et leurs mystères, leur grandeur et leurs mesquineries, aussi. Vous embarquer dans leurs coulisses. Vous immerger dans une atmosphère qu’elle soit romantique, britannique, asiatique... mais toujours surréaliste. Vous en raconter l’histoire. Vous raconter des histoires filmiques. A l’image de la citation d’exergue de ce blog : se perdre dans sa passion plutôt que vivre dans sa passion.  Partager ma passion donc. Vous donner envie de fréquenter les salles obscures pour aller voir des films déroutants, simples, différents, captivants, intéressants en tout cas. Eviter le coup de griffe, si facile, et lui préférer le coup de cœur. Pour des films récents. Des classiques du septième art.  Des films d’auteurs ou des blockbusters. Des pièces de théâtre. Des concerts aussi. Des coups de projecteurs sur l’actualité culturelle donc. Des concours et des sondages aussi( vous pouvez ainsi actuellement voter pour le film de l'année 2006 dans l'article ci-dessous, et également donner votre avis sur mon idée de création d'un Festival de cinéma à Saint-Germain-des-Prés). De très nombreux liens utiles pour les cinéastes et cinéphiles et une multitude de medium_photosordi_815.jpgrenseignements pratiques inédits sur les festivals, aussi. Vous donner envie de les découvrir, de partir à votre tour « In the mood for cinema ».

    medium_photosordi_216.jpgSi vous souhaitez en savoir plus sur ce blog, son nom, mes motivations, et sur le parcours de sa créatrice, vous pouvez lire les rubriques « A propos » et « Editorial de ce blog ». 

         Comment voter  pour "In the mood for cinema"?

    Vous êtes un lecteur ou une lectrice assidu(e) (si, si, il y en a :-))ou vous venez de découvrir ce blog et souhaitez le faire connaître et lui donner une chance d’élargir son lectorat ? De nombreux médias nationaux sont partenaires de ce concours ( Myspace, 20minutes.fr, Radio Nova, Génération FM, psychologies.com, letudiant.fr, TV5 Monde, la SNCF…notamment, et les organisateurs ont obtenu le medium_Cannes_2003.jpgsoutien de Reporters sans frontières qui animeront une table ronde sur la liberté d’expression) donc si vous souhaitez donner un plus large et nouvel écho à ce blog, n’hésitez pas à voter et à en parler autour de vous…  Vous pouvez voter à partir d'aujourd'hui jusqu'au 20 Janvier 2007 à minuit.

    POUR VOTER POUR IN THE MOOD FOR CINEMA CLIQUEZ ICI (Vous accéderez ainsi à la page du Festival de Romans consacrée à "In the mood for cinema" sur laquelle il vous suffira ensuite de cliquer sur voter pour que votre vote soit pris en compte, cela vous prendra deux secondes... A vos souris!)

    medium_photosordi_877.jpgN’hésitez pas non plus à laisser vos commentaires au sujet de ce blog (Défauts, qualités, conseils…) à la suite de cet article.

    J'en profite également pour souhaiter une très bonne année 2007 à tous les lecteurs de ce blog. En 2007, plus que jamais, encore, toujours, malgré tout, ayez les yeux qui pétillent! De passion(s). D'étonnement. D'émerveillement. De désirs. De medium_photosordi_516.jpgcuriosité... Et de fascination, de surprise...pour ce qui se déroule sur les grands écrans devant  lesquels, encore plus en 2007, j'espère vous convaincre de vous précipiter rêver, réflèchir, oublier, frissonner, savourer la magie du septième art, "in the mood for cinema", forcément!

    Cinématographiquement vôtre.

    medium_photosordi_1090.jpgSandra.M, toujours « in the mood for cinema ».

     

     

  • Votez pour le film de l'année 2006!

    medium_match.JPGComme l'an passé, (vous aviez alors voté pour Match point, Entre ses mains et Je ne suis pas là pour être aimé), je vous propose de voter pour un film, ce qui permettra d'établir le classement des 3 meilleurs films de l'année selon les lecteurs d'In the mood for cinema.

    Pour cela, je vous propose de choisir parmi les films figurant dans la colonne "Les films incontournables de l'année 2006" (située en haut à gauche de ce blog) qui sont ceux que j'ai préférés cette année.  En cliquant sur le titre de chaque film, vous pourrez lire ma critique ou mes commentaires et parfois les comptes rendus des conférences de presse des films qui vous intéressent.

    Pour voter, il vous suffit d'inscire le nom de votre favori dans les commentaires de cette note.

    Les votes seront clos le 21 janvier... Alors qui remplacera Match point et remportera la balle de match cette année? A vous de choisir... 

    Sandra.M

    Lien permanent Imprimer Catégories : IN THE MOOD FOR NEWS (actualité cinématographique) Pin it! 26 commentaires
  • "The Fountain", l'ensorcelant film de Darren Aronofsky

    Cette semaine, je vous conseille un film projeté en avant-première lors du dernier Festival du Cinéma Américain de Deauville ainsi commenté dans mon compte-rendu dudit festival:

    medium_afc11_2_bis.jpgAux antipodes de ce film : The Fountain de Darren Aronofsky qui nous emmène dans la quête éternelle d’un homme pour sauver la femme qu’il aime, au 16ème, 21ème et 26ème siècle. The Fountain est de ces films qui vous agacent ou vous ensorcellent. Qui ne vous laissent pas indifférent. Et c’est déjà énorme. Peut-être d’ailleurs, si je n’avais vu tous ces films en compétition dramatiquement semblables et dramatiquement là, aurais-je fait partie de la première catégorie, agacée par cet imbroglio scénaristique.  Oui mais voilà dix jours de films glauques sont passés par là et je me suis laissée envoûter, j'étais ensorcelée, hypnotisée par ce film fascinant au sens premier du terme d’une mélancolie sombre et lumineuse. The Fountain vous hypnotise littéralement et vous embarque dans sa folie, son utopie, sa beauté formelle indicible, sa quête vaine et d’autant plus magistrale , celle de la fontaine de jouvence, de la vie et surtout de l’amour éternels. On le regarde comme on admirerait un tableau somptueux, onirique et cauchemardesque à la fois, jusqu’à épuisement, jusqu’à satiété, avec l’envie de se fondre dans son univers, d’en percer le mystère, les yeux écarquillés, accrochée à son fauteuil, en espérant que le voyage et l’immersion dureront encore et encore, que l’amour absolu de Tommy et Izzi nous entraînera dans son tourbillon fantastique. Si le spectateur oublie le temps qui passe, Tommy aussi et à vouloir trouver sans cesse un moyen d’être avec sa femme pour l’éternité il passe à côté du présent et du temps qu’il pourrait véritablement passer à côté d’elle.  C’est aussi peut-être une belle métaphore de la création : à courir après l’immortalité, l’artiste en oublie le présent. A refuser d’accepter la mort, il en oublie la vie. Une fresque intemporelle et utopique à regarder sans modération. Pour s’y fondre dans un délicieux et tortueux oubli.

    Sandra.M

  • "Hors de prix" de Pierre Salvadori: une comédie 4 étoiles

    medium_hors.JPGAprès vous, le précèdent film de Pierre Salvadori avait un petit  air de famille avec les films de Claude Sautet. Avec Hors de prix, c’est du côté de la comédie américaine des années 40 et 50 et du cinéma de Ernst Lubitsch et de Billy Wilder que lorgne cette fois le réalisateur.

    Jean (Gad Elmaleh) est un serveur timide dans un grand hôtel. C’est là qu’Irène (Audrey Tautou) le rencontre et le prend pour un milliardaire. Irène a en effet un goût très prononcé pour les milliardaires, souvent grabataires, surtout pour leurs portefeuilles. Mais rien ne va se passer tout à fait comme prévu : Jean va tomber amoureux d’Irène et le serveur timide va être prêt à tout pour séduire la jeune intrigante, même imiter son mode de vie…

    Ce qui marque d’abord, dès les premiers plans, c’est l’attention avec laquelle Salvadori filme les objets, les lieux, les visages, qu’ils soient ridés, jeunes, lisses, refaits, pathétiques, ou même sinistres… Alors qu’en général dans les comédies la réalisation passe au second plan après le scénario, elle est ici un véritable outil au service de l’histoire. Cette réalisation soignée parfois judicieusement elliptique, recourant intelligemment au hors-champ, jouant sur le comique visuel, de répétition, de situation,  met aussi en valeur les comédiens, vraiment épatants, magistralement dirigés, passant d’un sentiment à l’autre à une vitesse déconcertante. Enfin, Audrey Tautou, ici flamboyante, sort des rôles de jeunes filles maussades et introverties, souvent pâles copies d’Amélie Poulain, pour jouer la femme fatale et apparemment futile. Elle a l’espièglerie et la grâce d’Audrey Hepburn, et la gouaille d’Arletty. Quant à Gad Elmaleh il fait de ce Jean un François Pignon encore plus et mieux François Pignon que celui qu’il jouait dans La Doublure de Veber. L’amour lui donne des ailes, de l’audace surtout, de l’inconscience aussi, un charme irrésistible enfin. Pour elle, l’argent est une fin, l’amour est un moyen. Pour lui, l’amour est une fin, l’argent est un moyen. Dans ce jeu de la séduction, les rôles vont néanmoins basculer. Gad Elmaleh prouve une nouvelle fois l’étendue de son talent (et son goût ancien pour le mime), avec ce personnage burlesque aux airs busterkeatoniens de clown , à la fois triste et drôle,  attendrissant en tout cas, contenant dans son regard une poésie mélancolique et une naïveté sidérante.

    De l’hôtel du Palais à Biarritz à l’hôtel de Paris à Monaco, en passant par Cannes et Saint-Tropez, on se grise avec eux de luxe, de ces bons mots délicieusement cyniques, et de ces instants qui scintillent destinés à faire oublier. Eux leur solitude et le masque de bonheur que leur procurent leurs existences futiles. Nous, le froid et le temps qui passe. Salvadori brosse en effet le portrait acide de personnages cruels, cupides, seuls surtout, et finalement touchants qui croient pouvoir tout acheter même ce qui est hors de prix, même ce avec quoi repartiront Jean et Irène, sans un sou, mais plus riches que jamais .

    C’est étincelant, joyeusement amoral,  cyniquement émouvant, légèrement grave. C’est pétillant comme les bulles de champagne dont ils s’enivrent, et nous avec eux. Après Chabat et Gainsbourg dans Prête-moi ta main, Carré et Garcia dans 4 étoiles, Zem et France dans Mauvaise foi (toujours à l’affiche, une comédie douce amère que je vous recommande vivement), un nouveau duo au départ improbable qui relève finalement  de l’évidence par l’imagination des cinéastes, et qui prouve la bonne santé de la comédie romantique française, et même de son existence au même titre que la comédie britannique ou américaine.

    Sandra.M