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festival - Page 13

  • Programme des Reflets du Cinéma Américain indépendant en Mayenne

     

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    S'il y a un cinéma que je peux m'enorgueillir de plutôt bien connaître, c'est sans aucun doute le cinéma américain indépendant, mes connaissances au sujet de celui-ci s'étant forgées au gré de mes 22 années de présence au Festival du Cinéma Américain de Deauville (auquel je consacre un autre de mes 7 blogs "In the mood for Deauville) qui, depuis 1995, propose une compétition de longs-métrages du cinéma indépendant américain et qui a permis ainsi à nombre de cinéastes américains de se faire connaître en France ou en Europe et même d'émerger. Y furent ainsi récompensés des films comme "Dans la peau de John Malkovich" de Spike Jonze ou "Little miss sunshine" de Jonathan Dayton et Valérie Faris.

    Pour leur 20ème édition, après les reflets du cinéma japonais, les Reflets se penchent donc sur le cinéma américain indépendant en proposant une cinquantaine de films, principalement des rétrospectives  et quelques avant-premières. L'association lavalloise organisatrice du festival, Atmosphères 53, définit ainsi le cinéma indépendant comme "le refus de se soumettre aux diktats des grands studios".

    Au programme du festival (dont je déplore chaque année la dispersion géographique et temporelle): des projections, des conférences, des expositions, des spectacles. Plutôt que de vous donner ici l'intégralité du programme que vous pouvez retrouver en cliquant là, je vous propose ci-dessous ma propre sélection avec quelques critiques. Un très grand nombre de films projetés dans le  cadre de ces Reflets l'ont d'ailleurs été dans le cadre de la compétition du Festival du Cinéma Américain de Deauville, dont certains sont cités ci-dessous.

    Etant dans ma ville natale au moment du festival (dont je vous propose quelques photos ci-dessous extraites de mon compte instagram @sandra_meziere), je ne manquerai pas de vous relater quelques séances ici et sur mon site http://inthemoodforfilmfestivals.com. 

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    Un festival à suivre et vivre du 11 au 22 mars (avec quelques projections dès le  5 mars) dans les différents cinémas mayennais (précisions pratiques en bas de cette page.)

    "Les Bêtes du Sud Sauvage" de Benh Zeitlin- Critique

    « Quand le cinéma est beau comme le vôtre, quand les films sont beaux comme le vôtre, cela rassemble à ça », avait déclaré la présidente du jury Sandrine Bonnaire lors de la cérémonie du palmarès du Festival du Cinéma Américain de Deauville 2012 lors de laquelle le film avait été couronné du Grand Prix et du prix de la révélation Cartier. C'est en effet un des pouvoirs magiques du cinéma que de pouvoir rassembler ainsi des spectateurs différents dans un tourbillon d'émotions agréablement dévastateur.

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    Ci-dessus, Benh Zeitlin, lors de la cérémonie du palmarès de Deauville (photo inthemoodfordeauville.com )

    A Cannes, déjà, où je l'avais manqué et où le film a notamment été couronné de la caméra d’or, c’était une incessante litanie « il faut voir Les Bêtes du Sud sauvage ». Alors, ce film méritait-il autant de louanges et autant de prix ?

    « Les Bêtes du Sud sauvage » est le premier long-métrage de Benh Zeitlin adapté de « Juicy and Delicious», une pièce écrite par Lucy Alibar, une amie de Benh Zeitlin qui a coécrit le scénario avec lui. Il se déroule dans le Sud de la Louisiane, dans le bayou, «le « bathtub », une terre sauvage et âpre où vit Hushpuppy (Quvenzhané Wallis), une petite fille de 6 ans et son père Wink (Dwight Henry). Soudain cette nature rebelle s’emballe, les glaciers fondent, des aurochs apparaissent, le monde s’effondre pour Hushpuppy (la nature qui l’environne mais aussi le sien, son monde, puisque la santé de son père décline) ; elle va alors partir à la recherche de sa mère.

    Ne vous fiez pas à mon synopsis réducteur car ce film possède tout ce qu’un synopsis ou une critique ne pourront jamais refléter. Il en va ainsi de certains films, rares, comme de certaines personnes qui possèdent ce charme indescriptible, cette grâce ineffable, ce supplément d’âme que rien ni personne ne pourront décrire ni construire car, justement, il n’est pas le fruit d’un calcul mais une sorte de magie qui surgit presque par miracle (et sans doute grâce à la bienveillance et la sensibilité du regard du cinéaste) comme celle qui peuple les rêves de Hushpuppy.

    Dès les premières secondes, malgré la rudesse de la vie qu’il décrit, malgré l’âpreté de cette terre et celle du père de Hushpuppy, ce film vous séduit et vous emporte pour ne plus vous lâcher. C’est à travers les yeux innocents et l’imagination débordante de Hushpuppy que nous sommes embarqués dans cette histoire guidés par sa voix qui nous berce comme un poème envoûtant.

     La vie grouille, palpite, dans chaque seconde du film, dans cet endroit où elle  est (et parce qu'elle est) si fragile, son cœur bat et résonne comme celui de ces animaux qu’écoute Hushpuppy pour, finalement, faire chavirer le vôtre. Un monde qu'il donne envie de préserver avant que les marées noires ne le ravagent et que la magie n'en disparaisse à jamais.

    Son monde est condamné mais Hushpuppy (incroyable présence et maturité de la jeune Quvenzhané Wallis) , avec son regard attendrissant, opiniâtre et frondeur résiste, lutte, et s’invente un univers magique où le feu s’allume au passage d’une belle femme, où elle résiste aux aurochs du haut de ses 6 ans. Benh Zeitlin filme à hauteur d'enfant et du regard d'Hushpuppy imprégnant tout le film de son riche imaginaire.

    Film inclassable : autant une histoire d’amour fantastique ou fantasmagorique ( d’un réalisateur pour une terre sauvage et noble qui se confond avec la mer dans un tumulte tourmenté que pour ses habitants, fiers et courageux, viscéralement attachés à leur terre mais aussi  d’une fille pour son père et réciproquement dont les relations sont faites de dureté attendrissante),   que conte philosophique et initiatique, « Les bêtes du sud sauvage » est aussi un poème onirique qui mêle majestueusement tendresse et rudesse (des êtres, de la terre), réalité et imaginaire, violence (des éléments) et douceur (d’une voix), dureté et flamboyance (comme lors de ce défilé d'une gaieté triste pour célébrer la mort).  Voilà, ce film est beau et contrasté comme un oxymore.

    Un film d'une beauté indescriptible, celle des êtres libres, des êtres qui résistent, des êtres qui rêvent, envers et contre tout, tous et cela s’applique aussi bien au film qu’à celui qui l’a réalisé avec un petit budget et des acteurs non professionnels sans parler des conditions de tournage puisque l’explosion de la plateforme Deepwater Horizon de BP s’est produite le premier jour du tournage le 20 avril 2010.

    Un film universel, audacieux et dense, un hymne à la vie et l’espoir, au doux refuge de l'imaginaire aussi quand la réalité devient trop violente, un film d’une beauté âpre et flamboyante qui vous emmènera loin et vous accompagnera longtemps comme cette voix (texte de la voix off dit par Hushpuppy magnifiquement écrit), ce regard et cette musique qui reflètent ce mélange de force et de magie, de grâce et de détermination ( une musique dont Benh Zeitlin est le coauteur, elle fut même utilisée pour la campagne d’Obama) et, à l'image de son affiche, un feu d'artifices d'émotions. Un film rare qui méritait indéniablement son avalanche de récompenses.

    Vox,Renazé : samedi 12/03 à 20h30 •  Yves robert, évron : dimanche 13/03 à 20h30, mardi 22/03 à 11h • Le Palace, château-gontier : dimanche 13/03 à  18h30 • L’aiglon,St pierre-des-nids : dimanche  13/03  à  18h  • Le majestic,Ernée :  dimanche  13/03  à  16h30  • Le Vox,Mayenne : lundi 14/03 à 10h • Le trianon,Le bourgneuf-la-forêt : jeudi 17/03 à 20h30 • Cinéville, Laval : lundi 21/03 à 20h30

    "Drive" de Nicolas Winding Refn- Critique

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    « Drive » de Nicolas Winding Refn avait créé l’évènement lors du  Festival de Cannes 2011 duquel il était d’ailleurs reparti avec un prix de la mise en scène. L’ayant alors manqué, je l’avais finalement vu à Deauville, dans le cadre du Festival du Cinéma Américain, où il était présenté en avant-première après la remise des trophées du Nouvel Hollywood (nouveauté de ce festival 2011) à Jessica Chastain et Ryan Gosling en leur absence (mais ne manquez pas le discours de ce dernier lu par Nicolas Winding Refn, petit bijou de lucidité et d’humour).

    Drive est l'adaptation du livre éponyme écrit par James Sallis, c’est  le scénariste Hossein Amini qui a  transformé le roman en scénario.

     C’est l’histoire d’un jeune homme solitaire, "The Driver" (Ryan Gosling),  qui conduit le jour à Hollywood pour le cinéma en tant que cascadeur et la nuit pour des truands. Il a pour « principe » de ne participer aux crimes de ses employeurs qu’en conduisant et de n’être jamais armé. Sa  route croise celle d’Irene (Carey Mulligan) et de son jeune fils, ses voisins, et il succombe rapidement au charme de l’un et l’autre, et réciproquement. Lorsque le mari d’Irene sort de prison et se retrouve enrôlé de force dans un braquage pour s’acquitter d’une dette, il décide pourtant de lui venir en aide. L’expédition tourne mal… Doublé par ses commanditaires, et obsédé par les risques qui pèsent sur Irene, il n’a dès lors pas d’autre alternative que de les traquer un à un…

    Cela commence sur les chapeaux de roue : une mise en scène époustouflante, flamboyante et crépusculaire, qui nous fait ressentir les sensations trépidantes, périlleuses et vertigineuses de ce chauffeur hors pair et  mutique, au sourire retenu, dans une ville de Los Angeles tentaculaire, éblouissante et menaçante. Mais « The Driver » porte un masque, au propre comme au figuré (symbolisme un peu simpliste pour nous dire de nous méfier des apparences qui ne reflètent pas la réalité et pour symboliser la fragile frontière entre cinéma et réalité) et derrière ce chauffeur mutique d’allure plutôt sympathique va se révéler un vengeur impitoyable, sournois et trompeur comme le scorpion qu'il arbore sur sa veste, prêt à tous les excès pour protéger ceux qu’il « aime ».

     La violence psychologique s’annonce palpitante : pris dans un étau, il n’a d’autre solution que de commettre un méfait pour le mari d’Irène, pour sauver celle-ci … malheureusement ce qui dans la première partie s’annonçait comme un film à suspense se transforme en règlement de compte sanguinolent dans lequel l’intrigue devient inexistante et simple prétexte à une suite de scènes sanglantes, invraisemblables et vaines sans parler du personnage féminin totalement velléitaire.

     Là où un cinéaste comme James Gray -même si la mise en scène de Nicolas Winding Refn lorgne plus du côté de celle de Michael Mann- sublime une ville, en l’occurrence New York, et traite lui aussi de vengeance et d’amour, mais sans jamais mettre le scénario de côté, ou sans qu’un de ces aspects prennent le pas sur les autres, Nicolas Winding Refn se laisse entraîner par une sorte de fascination pour la violence (me rappelant ainsi la phrase de Coppola lors de sa master class deauvillaise « Montrer la guerre, c’est déjà faire l’éloge de la guerre »), montrant pourtant le temps d’un meurtre sur la plage qu’il savait très bien filmer la mort, avec une force prenante, sans que cela tourne à la boucherie ridicule.

    Ryan Gosling est certes époustouflant (et il a confirmé dans "Crazy, stupid love," la large palette de son jeu et sa capacité à tourner son image en dérision, au passage comédie romantique qui détourne puis respecte habilement les codes du genre) et derrière sa gueule d’ange il dissimule une violence froide, se transformant en un vengeur impitoyable qu’il est pourtant difficile de prendre en sympathie ou même en empathie alors que tout, au début, s'y prêtait pourtant.

    Dommage car la première partie était jubilatoire, réellement, de par la mise en scène qui nous fait éprouver ses sensations de vitesse et de mélancolie vertigineuses (sombre et belle alliance) mais aussi de par les contradictions du personnage principal et des conflits que cela annonçait. Dommage encore car la première partie était particulièrement prometteuse  avec des scènes plus calmes d’une beauté saisissante  comme ce face-à-face entre Irène et The Driver, dans l’appartement d’Irène, scène dans laquelle le temps est suspendu et dans laquelle les échanges évasifs de regards et les silences d’une douce sensualité en disent tellement. Sans parler évidemment d’une bo remarquable qui contribue fortement au caractère jubilatoire de la première partie.

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    Nicolas Winding Refn a ravi le prix de la mise en scène à Pedro Almodovar à Cannes qui, à mon avis, l’aurait davantage mérité (pour « La Piel que habito »), ne serait-ce que  parce qu’il a brillamment raconté une histoire cruelle, terrible, effroyable dans laquelle toute la finesse de la mise en scène réside justement dans ce qui n’est pas montré et qui n’en a que plus de force…

    A voir néanmoins pour les amateurs de séries B auxquelles le film rend hommage, pour ceux pour qui la virtuosité de la mise en scène prédomine sur un scénario bancal, voire vide (dans la deuxième partie), ce qui n’enlève certes rien à la force de l’univers visuel de Nicolas Winding Refn mais ce qui pour moi a gâché tout le plaisir engendré par la première partie. La violence absurde et les excès du personnage principal (qui promettait là aussi d'être d'une complexité passionnante), sans parler des réactions invraisemblablement vélléitaires du personnage féminin, le manichéisme des méchants du film, l’ont emporté ainsi sur une première partie prometteuse comme rarement avec des images et une musique qui, encore maintenant, me restent en tête. Un magnifique clip, à défaut du grand film que la première partie annonçait pourtant.

    Parc de l’oisellerie, château-gontier : samedi 19/03 à 21h(drive-in)

    "Somewhere" de Sofia Coppola- Critique

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     Quatrième long-métrage de la cinéaste après « Virgin suicides », « Lost in translation » et « Marie-Antoinette », « Somewhere » a reçu le Lion d’or du  Festival de Venise « à l’unanimité » selon le président du jury Quentin Tarantino, malgré l’accueil mitigé que le film avait reçu à la Mostra mais Quentin Tarantino (que certains ont accusé de favoritisme) n’en est pas à sa première remise de prix controversée, on se souvient ainsi de la controverse suite à la palme d’or que le jury cannois qu’il présidait avait attribuée à Michael Moore pour « Fahrenheit 9/11 », en 2004.

    Le synopsis de « Somewhere » n’est pas sans rappeler celui de « Lost in translation » :  Johnny Marco (Stephen Dorff), acteur de son état, promène sa lassitude désenchantée dans les couloirs du Château Marmont, célèbre hôtel (réel) de Los Angeles fréquenté par le tout Hollywood, jusqu’au jour où arrive Cléo (Elle Fanning), sa fille de 11 ans.  Avec elle, il va enfin se réveiller et révéler, et cesser de tourner en rond pour retrouver le « droit chemin ».

    La première scène  nous montre ainsi une voiture (la Ferrari rutilante de l’acteur dont on se demande parfois si le film n’en est pas le spot publicitaire même si, certes, elle n’est pas sans symboles, notamment  de son luxueux enfermement ) qui tourne en rond sur un circuit, à l’image de Johnny dans les couloirs du Château Marmont, et de sa vie qui ne semble aller nulle part, et n’être qu’une errance dans les couloirs de l’hôtel où il croise notamment Benicio Del Toro, Aurélien Wiik et Alden Ehrenreich (dont je vous laisse retrouver les très courtes apparitions) mais surtout des silhouettes lascives, fantomatiques et désincarnées quand il n’en ramène pas dans sa chambre, semble-t-il sa seule occupation. Lorsque la gracile, solaire et sage Cléo débarque, il porte un regard nouveau sur ce qui l’entoure, ou même tout simplement il porte un regard, enfin.

     Ce regard c’est celui de la cinéaste, habituée des lieux, gentiment ironique : sur la télévision italienne et ses personnages hauts en couleurs, les conférences de presse aux questions consternantes (dont les questions et la perplexité de l’acteur n’ont pas été sans me rappeler celle-ci, notamment, mais aussi bien d’autres), la promotion contrainte et souvent absurde.

    La mode est désormais indissociable de Sofia Coppola. Pas seulement parce que cette dernière figure fréquemment dans les magazines féminins à la rubrique mode mais aussi parce que son cinéma, d’ailleurs qu’il se passe au XVIIIème ou en 2010, semble compiler les effets de mode : musicaux (hier Air, aujourd’hui Phoenix, avec la musique de Thomas Mars), géographiques (l’hôtel Château Marmont de Los Angeles) ou visuels ( trèèès longs plans fixes ou plans séquences).

    Le problème c’est qu’à force d’être « à la mode », Sofia Coppola nous donne l’impression de regarder la couverture glacée d’un magazine (à moins que ce ne soit délibéré que nous ne voyions rien comme Johnny aveugle à ce qui l’entoure). Le Château Marmont est un lieu décadent nous dit-elle, mais son regard semble s’arrêter à l’apparence, à cette première page sans jamais en franchir réellement le seuil. A l’image du premier plan et de son protagoniste, le cinéma de Sofia Coppola semble par ailleurs tourner en rond : le cadre, les personnages, la fin rappellent ceux de « Lost in translation » (notamment avec ses paroles inaudibles),  et on retrouve ses thématiques récurrentes : personnages esseulés, en transition, célébrité.

     Là où « Lost in translation » était avant tout centré sur le scénario (recevant un Oscar, mérité, pour celui-ci), « Somewhere » ressemble davantage à un exercice de style imprégné de cinéma d’auteur français  et de Nouvelle Vague(jusqu’au prénom Cléo, probablement en référence à Varda) ou de cinéastes américains comme Gus Van Sant, mais je ne vois toujours pas ce que ce film a de plus qu’un grand nombre de films indépendants américains (notamment ceux projetés en compétition dans le cadre du Festival du Cinéma Américain de Deauville, au moins aussi bons) et donc ce qui justifie son prix à la Mostra.

    Finalement ce film est à l’image de sa réalisatrice qui dégage un charme discret et dont on ne sait si on la trouve charmante à force qu’on nous ait rabâché qu’elle l’était ou si elle l’est réellement. J’avoue n’avoir toujours pas réussi à trancher, et à savoir si son film lui aussi est juste une image ou si il a une réelle consistance. Ou s’il n’est qu’un masque comme celui que Johnny est contraint de porter (au propre comme au figuré). Cela me rappelle d’ailleurs cette anecdote significative, Sofia Coppola passagère connue et anonyme dans un bus et que j’étais la seule à remarquer, témoignant du fait qu’on ne la remarque comme une icône de mode que parce que les magazines nous la désignent comme telle, et je me demande ainsi si ce n’est pas à l’image de son cinéma qui serait « remarquable » car « à la mode ». En tout cas, et pour mon plus grand plaisir, n'a-t-elle pas cédé à une mode: celle des films avec dialogues (quand il y en a) et rythme effrénés pour vous empêcher de réflèchir (ce qui, en général, serait fortement nuisible aux films en question).

    « Somewhere », à la fois très dépouillé et stylisé (qualité et défaut d’un premier film dont il a les accents), n’est donc néanmoins pas dénué de charme ou de grâce (par exemple le temps d’un survol en hélicoptère où Johnny prend la mesure de la beauté du monde, en tout cas de son monde, d’une danse aérienne sur la glace, ou d’une caméra qui s’éloigne lentement, prenant du recul comme Johnny va le faire progressivement), et son ironie désenchantée est plutôt réjouissante. La photographie langoureuse d’Harris Savides (notamment chef opérateur de « Gerry », "Elephant", "Whatever works", "The Game", ou « The Yards »), les plans lancinants souvent intelligemment métaphoriques retiennent notre attention et, malgré la lenteur, ne laissent jamais l’ennui s’installer mais nous permettent au contraire de nous laisser porter par l’atmosphère du Château Marmont et, comme Johnny d’en éprouver les facéties étouffantes. Stephen Dorff est parfaitement crédible en acteur débraillé, lucide, blasé et passif que tout le monde trouve en pleine forme, et la jeune Elle Fanning dégage une grâce, une maturité et une justesse rares qui illuminent le film et promettent une jolie carrière. Ils forment un duo tendre et attachant, crédible.

     Malgré cela, ce « Somewhere » certes indéniablement plein de charme, m’a laissée sur ma faim, et je m’interroge encore pour savoir si cette longue route droite mène réellement quelque part et si, plus encore qu’intimiste, ce film n’en est pas démesurément personnel, voire narcissique, pour oublier d’être ce qu’est tout grand, voire tout bon film, et ce qu’étaient à mon sens les excellents « Lost in translation » et « Marie-Antoinette » : universels.

    Le Vox, Mayenne : dimanche 13/03 à 16h, vendredi 18/03 à 14h.

    "States of Grace" de Destin Cretton

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     "States of Grace" était en compétition du Festival du Cinéma Américain de Deauville 2013 sous le titre "Short term 12".

    Grace, la vingtaine, est surveillante dans un foyer d’accueil pour adolescents en difficulté : le Short Term 12. Tourmentée par un sombre passé, elle n’en reste pas moins passionnée par son travail et s’occupe des jeunes pensionnaires avec le plus grand soin. Lorsque Jayden, une adolescente douée mais très perturbée, est admise dans l’établissement, Grace doit alors affronter ses propres démons…

    Première réalisation de Destin Cretton, Short Term 12 est un film indépendant américain réunissant notamment à l’écran Brie Larson (Don Jon), John Gallagher Jr. (The Newsroom) et Rami Malek (The Master). L’histoire s’intéresse à Grace (interprétée par Brie Larson), une jeune femme sensible et déterminée qui est à la tête d’un foyer californien d’adolescents en difficulté. Dans son équipe de formateurs, tous aussi jeunes qu’elle, tout le monde n’a pas la même expérience mais, face aux problèmes des ados, la solidarité et le bon esprit sont de mise. Jusqu’à l’arrivée soudaine d’une fille tourmentée qui ignore les règles du centre, bouscule le groupe et renvoie Grace à sa propre adolescence… pas si lointaine.

    Ce n’est pas l’originalité qui marque dans ce film mais le naturel et la justesse de l’interprétation, la crédibilité des personnages rendent cette histoire particulièrement juste et vibrante sublimée par une bo d’une belle sobriété. A voir aussi pour Brie Larson qui vient d'obtenir l'Oscar de la meilleure actrice.

    Le film sera projeté le lundi 14 mars à Gorron.

    "Les chansons que mes frères m'ont apprises" de Chloé Zhao

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    Beaucoup plus fragile mais plus touchant et incarné, le film de Chloé Zhao, « Les chansons que mes frères m’ont apprises »  présenté en compétition officielle du dernier Festival du Cinéma Américain de Deauville et dans lequel Johnny vient de terminer ses études. Lui et sa petite amie s’apprêtent à quitter la réserve indienne de Pine Ridge pour chercher du travail à Los Angeles. La disparition soudaine du père de Johnny vient bousculer ses projets. Il hésite également à laisser derrière lui Jashaun, sa petite sœur de treize ans dont il est particulièrement proche. C’est tout simplement son avenir que Johnny doit maintenant reconsidérer…

    Les failles et les fêlures des personnages sont ici (aussi, encore!) expliquées par une figure paternelle défaillante. Porté par une voix off (au début principalement) qu’affectionne le cinéma indépendant américain et qui, toujours, produit son effet, créant d’emblée lyrisme et empathie, par des acteurs pour la plupart non professionnels et issus véritablement de la réserve indienne, le film de Chloé Zhao dépeint avec beaucoup de délicatesse ce territoire d’une beauté à couper le souffle, paradoxalement un univers clos qui devient comme une prison étouffante pour ceux qui y (sur)vivent. Une plongée passionnante dans un univers méconnu servie par des personnages (et acteurs) attachants et une réalisatrice visiblement viscéralement attachée à son sujet.

    Cinéville, Laval : samedi 12/03 à 15h30 • Le majestic, ernée : samedi 12/03 à 20h30 • Le Vox,Mayenne : mardi 15/03 à  10h  • Yves robert,  évron : mardi 22/03 à 14h.

    "Nebraska" d'Alexander Payne

    "Nebraska", c'est l’histoire d’un vieil homme persuadé qu’il a gagné le gros lot à un improbable tirage au sort par correspondance, qui cherche à rejoindre le Nebraska pour y recevoir son gain. Sa famille, inquiète de ce qu’elle perçoit comme un début de sénilité, envisage de le placer en maison de retraite, mais un de ses deux fils se décide à l’emmener en voiture pour récupérer ce chèque auquel personne ne croit. En chemin, le père se blesse les obligeant à s’arrêter quelques jours dans sa petite ville natale du Nebraska. Épaulé par son fils, le vieil homme retrouve tout son passé.

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    Sur un ton doux amer et avec une tendre cruauté, Alexander Payne prend le prétexte de cet improbable gain pour faire revenir le vieil homme, aussi bourru qu’attendrissant, sur les traces de sa jeunesse,  un retour dans le passé filmé avec un noir et blanc d’une intemporelle nostalgie. C’est aussi le prétexte à la découverte d’une classe moyenne américaine, décrite avec ironie et causticité. C’est encore le prétexte pour filmer de splendides paysages déserts aussi arides que les cœurs de ceux qui y vivent, en apparence seulement pour certains. En chemin, le vieil homme perdra un dentier, engloutira quelques bières, retrouvera quelques vieilles connaissances et surtout apprendra à connaître son fils tandis que ce dernier, au cours de ce voyage dans le passé, découvrira des éléments du passé de son père qui permettront d’en dresser un portrait moins médiocre que celui qu’en font les autres membres de la famille. Un film teinté de la cruelle nostalgie de la jeunesse à jamais perdue et de la tendresse d’un fils pour son père ( père et fils entre lesquels les rôles s’inversent d’ailleurs, une inversion des rôles intelligemment mise en scène), et qui est, malgré ses défauts, à l’image de ce père: attachant. Un “petit” film, avec une photographie d’une splendide mélancolie, qui met joliment en scène l’amour filial (très belle scène de fin) et donne envie de profiter de ces instants inestimables en famille et d’étreindre ceux qui nous entourent et que nous aimons. Bruce Dern est parfait dans le rôle de ce vieux bougon sans doute moins sénile qu’il n’y parait et qui lui a valu le prix d'interprétation à Cannes en 2013.

    "Things people do" de Saar Klein

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     Le jury du Festival du Cinéma Américain de Deauville avait choisi d’attribuer il y a deux ans un prix  du 40ème anniversaire à un premier film. Ce fut "Things people do",  un film qui écorne le vernis de la société américaine et de la famille « idéale ». Cela commence autour d’une piscine sous un soleil éclatant. Mais c’est bien connu tout ce qui brille n’est pas de l’or… THINGS PEOPLE DO, premier film de Saar Klein nous raconte le tournant de la vie de  Bill, un père de famille dévoué, qui perd son travail du jour au lendemain. Il n’a alors pas d’autre choix que celui d’entrer, presque à son insu, dans l’illégalité. Quand il se lie d’amitié avec un inspecteur de police, c’est la double vie qui est désormais la sienne qui risque à terme d’être révélée…  Un homme de la classe moyenne dont la vie bascule suite au scandale des subprimes. Un film immoral et amoral: «  ce que font les gens » (Things people do) se réfère à ceux qui agissent pour satisfaire leurs désirs ou arriver à leurs fins, à commencer par ne pas respecter les règles qu’eux-même énoncent. Jusqu’à la fin, cette immoralité nous tient en haleine et suscite les rires (grinçants) avec un dernier plan, brillant, qui les suspend…et nous laisse choisir entre le mensonge et la vérité, l’honnêteté et le cynisme, le courage et la lâcheté…et rien que pour cela, cette intelligence de ne pas choisir quand tant de films nous disent, ordonnent, même quoi penser, je vous le recommande…

    A voir également :

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    -Les films de de John Cassavetes "Opening night" et "Meurtre d'un bookmaker chinois" dans le cadre d'une soirée Cassavetes au cinéma "Le Vox" à Mayenne, le samedi 19 mars.

    -Les  chefs d'œuvre   "Les temps modernes" de Charlie Chaplin (mais aussi des courts-métrages de Chaplin) et "Paris, Texas" de Wim Wenders.

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    -Le samedi 5 mars 2016, à Changé: une sélection des courts-métrages des Oscars 2016.

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    -Des avant-premières comme "Nasty baby" de Sébastian Silva le 18 mars à 20H30 au Cinéville de Laval  ou encore le film d'ouverture "Maggie a un plan" de Rebacca Miller, le 11 mars à 20H au Cinéville de Laval ou encore le documentaire "Jodorowsky's dune" de Franck Pavich notamment au Cinéville de Laval le 14 mars à 20H30 ou enfin "Boulevard" de Dito Montiel au Cinéville de Laval, le 19 mars à 20H.

    -Un ciné-concert à l'Avant-scène de Laval, à 15h, le 23 mars

    Informations pratiques et tarifs

    Carte accès illimité Reflets : 65 €
    Nominative avec  photo, valable pour  toutes les séances du  festival (disponible au local de l’association Atmosphères 53, le jour de l’ouverture,  à la librairie M’Lire)

    Tarifs à la séance à voir selon les cinémas.

    Printemps du cinéma du 20 au 22 mars: 4 € pour tous.

    Atmosphères 53
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  • Programme de la 66ème Berlinale : ma sélection

     

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    Il vous reste encore une semaine pour profiter du 66ème Festival de Berlin qui s’achèvera le 21 février prochain. Ayant parcouru un grand nombre de festivals français (avec, déjà, de petits nouveaux programmés pour 2016), je n’ai pas encore franchi les frontières pour un festival de cinéma et Berlin pourrait bien être le premier à me tenter. En attendant d’y aller (peut-être l’année prochaine), voici ce qu’il ne faut pas manquer parmi les 400 films projetés cette année (dont 18 en compétition, l’an passé c’est « Taxi Téhéran » de Jafar Panahi - dont je n’avais pas eu le temps de vous parler mais dont l’intelligence de la mise en scène m’avait époustouflée- qui avait remporté la récompense suprême). Cette année c’est la comédienne Meryl Streep qui préside le jury. Elle est entourée de : Lars Eidinger, Nick James, Brigitte Lacombe (qui signe le portrait de Juliette Binoche sur l'affiche des César 2016 que je vous ferai vivre en direct), Clive Owen, Alba Rohrwacher, Małgorzata Szumowska.

    Parmi les films à ne pas manquer (et que j’attends tout particulièrement) :

    - « Ave, Cesar ! »des frères Coen avec George Clooney…notamment (le casting de cette comédie sur le « vieil » Hollywood est impressionnant) qui me semble aussi désopilant que visuellement flamboyant.

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    -« Quand on a 17 ans », le film d’André Téchiné sur l’adolescence avec Sandrine Kiberlain, Kacey Mottet-Klein et Corentin Fila

    -Autre film français : « L'Avenir » de Mia Hansen-Love  avec Isabelle Huppert dans le rôle d’un professeur de philosophie passionnée et dévastée quand son mari la quitte.

    -Enfin, dernière chance française de figurer au palmarès avec le film de Vincent Pérez, son troisième long métrage, "Seul dans Berlin", adaptation du best-seller, inspiré de faits réels, de l'écrivain allemand Hans Fallada avec, dans les rôles principaux, Emma Thompson et Brendan Gleeson qui jouent ici le couple Quangel, un couple qui se lance dans la résistance au nazisme après la mort de son fils. Un sujet fort pour le traitement duquel la sensibilité de Vincent Perez est sans aucun doute ce qu’il lui fallait pour traduire les propos du roman sans les trahir.

    -Les Américains sont également particulièrement attendus avec, outre le film des Coen : « Midnight Special », un film fantastique de Jeff Nichols qui met de nouveau en scène Michael Shannon qui, ici, tente de sauver son fils de fanatiques religieux.

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    -On suivra également attentivement le devenir du biopic « Miles Ahead » de et avec Don Cheadle sur le trompettiste Miles Davis.

    -Un autre biopic figure également au programme : « Genius » avec Colin Firth dans le rôle de l'éditeur américain Max Perkins qui avait découvert Ernest Hemingway et Francis Scott Fitzgerald.

    -Pour des films peut-être plus subversifs, il y aura d’abord Spike Lee avec «Chi-Raq », une satire musicale sur la violence à Chicago. Michael Moore , ensuite, avec « Where to Invade Next », sur la crise migratoire contemporaine.

    -La curiosité sera cette année philippine avec le film de Lav Diaz « Hele sa Hiwagang Hapis » sur l'histoire tumultueuse de son pays racontée en... plus de 8 heures !

    -Enfin, il faudra aussi surveiller de près « Mort à Sarajevo » de Danis Tanovic notamment avec Jacques Weber mais aussi « The Commune » de Thomas Vinterberg.

    Et pour terminer sur une note ludique qui devrait ravir tous les Berlinois de toujours ou d’une semaine festivalière, je vous invite à regarder cette carte interactive permettant de découvrir quels films ont été tournés à Berlin et dans quels lieux.

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  • L'affiche du Festival du Film de Cabourg 2016

    Découvrez la très belle affiche du Festival du Film de Cabourg 2016 qui aura lieu du 8 au 12 juin et dont je vous reparlerai très bientôt...

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  • Festival de Cannes 2016 : nouveau blog et président du jury

    A l'occasion de la première annonce concernant l'édition 2016 du Festival de Cannes, à savoir celle de son président du jury qui sera l'Australien George Miller, je vous invite à découvrir la nouvelle version de mon blog http://inthemoodforcannes.com entièrement consacré à ce festival et sur lequel vous pourrez lire mon article à ce sujet.

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  • Programme du Festival International du Premier Film d'Annonay 2016

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    Je vous parle chaque année de ce festival qui se distingue d’abord par sa sélection, toujours remarquable. C’est aussi un des très rares festivals à permettre encore à des cinéphiles d’intégrer son jury sur concours (d’hilarantes vidéos appelaient  cette année à concourir et à réaliser son autoportrait de spectateur,  je vous invite à les découvrir sur l’excellent site officiel du festival et sur sa page Facebook, notez que le festival possède aussi depuis peu son compte twitter) et de vivre ensuite pleinement le festival.

    Ce festival est un événement particulièrement convivial (équipes de films détendues et très accessibles) dirigé avec passion et professionnalisme et je peux vous le garantir pour avoir eu le plaisir de faire partie du jury il y a quelques années.  A l’image de sa magnifique affiche qui est un hommage à « L’arrivée d’un train en gare de La Ciotat » (une affiche signée Emilie Verdier), le festival met autant à l’honneur le cinéma d’hier que le cinéma contemporain et cette 33ème édition (oui, déjà!) ne dérogera pas à la règle. L’affiche de ce film pionnier du cinéma (dont la légende raconte que sa projection effraya des spectateurs) souligne aussi la principale caractéristique du festival qui met les premiers films à l’honneur…

    Cette 33ème édition aura lieu du 5 au 15 février 2016. Les heureux élus du jury délibéreront en compagnie de Baya Kasmi et Michel Leclerc. Le jury de lycéens sera présidé par la comédienne  Solène Rigot.

    Parmi les nombreux invités de cette édition: Patrice Leconte, Julien Rappeneau, Thierry Frémaux (qui viendra présenter « Lumière, le film! », à ne manquer sous aucun prétexte, cf mon article ci-dessous suite  son inoubliable projection cannoise présentée par ce même Thierry Frémaux et par Bertrand Tavernier), Dominique Besnehard, Swann Arlaud…

    Au programme: 125 séances durant les 11 jours du Festival : 50 longs métrages, 2 moyens-métrages, 8 courts-métrages… 9 films inédits en France, 6 films en avant-première, 21 nationalités différentes représentées… L’occasion rêvée de (re)voir les meilleurs films de l’année mais aussi les talents de demain dont le festival est un incontestable découvreur comme le prouve la section « ils sont passés par ici »à l’exemple du très talentueux Swann Arlaud (à l’affiche des Anarchistes en 2015, un film pour lequel il est nommé aux prix Lumières 2016).

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    Parmi les pépites à découvrir cette année, en voici quelques-unes que je vous recommande:

    Lumière, le film!

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    Cela restera indéniablement un de mes plus beaux souvenirs de mes 15 années de Festival de Cannes. Quel bonheur d’entendre les spectateurs du Grand Théâtre Lumière rire éperdument devant les images des frères Lumière… 120 ans plus tard, lors de cette séance spéciale en hommage aux 120 ans du Cinématographe Lumière dans le cadre du 68ème Festival de Cannes.

    A l’occasion des 120 ans du Cinématographe, les films restaurés des Lumière ont en effet été projetés aux festivaliers, le tout avec les commentaires cinéphiliques et inénarrables de Thierry Frémaux et avec la traduction (qui l’était tout autant) de Bertrand Tavernier.

    C’est le 28 décembre 1895 qu’eut ainsi lieu la première séance de cinéma publique payante au Grand Café à Paris, Boulevard des Capucines, dans le Salon indien, quelques mois après la première projection aux scientifiques, en mars de la même année. S’y trouve aujourd’hui le café Lumière de l’hôtel Scribe. Seuls 33 spectateurs étaient présents pour assister à ce moment historique.  Le Cinématographe, machine qui permet à la fois d’enregistrer et de projeter des images, se trouve aujourd’hui à l’Institut Lumière. Ce jour-là, en donnant à un public la possibilité de voir des films sur grand écran, les frères Louis et Auguste Lumière inventaient le spectacle de cinéma moderne, dernière étape d’une longue chaîne de découvertes. Ainsi le 28 décembre dernier avons-nous célébré les 120 ans du cinéma.

    C’est un film de 93 minutes qui nous a été projeté à Cannes, en réalité un montage de 114 films restaurés réalisés par Louis Lumière et ses opérateurs entre 1895 et 1905, de la « Sortie de l’usine Lumière » , « L’Arroseur arrosé » (la première fiction de l’Histoire du cinéma) à des films aussi méconnus qu’étonnants, cocasses, maîtrisés avec, déjà, les prémisses du langage cinématographique, du gros plan au travelling, un véritable voyage qui nous a emmenés dans les origines du cinéma mais aussi sur d’autres continents et qui a suscité l’hilarité générale mais aussi l’admiration devant des films d’une qualité exceptionnelle dont chacun démontrait à quel point déjà les Lumière pratiquaient et maîtrisaient l’art de la mise en scène et qu’il s’agissait bien là de fictions et non de simples documentaires.

    Une projection cannoise que je ne souhaitais manquer sous aucun prétexte (c’est même LA projection de ce festival que je ne voulais absolument pas manquer), et à laquelle je suis arrivée in extremis,  après des péripéties dignes du plus burlesque des films Lumière mais c’est là une autre histoire…en tout cas, je ne le regrette pas car ce fut un moment de rare exultation cinéphilique, le tout en présence de nombreux « frères du cinéma » comme l’avait souligné Thierry Frémaux : Taviani, Coen, Dardenne mais aussi en présence de Claude Lanzmann et Claude Lelouch  (je vous signale au passage que, du 6 janvier au 17 février, l’Institut Lumière consacre une rétrospective à ce dernier et que vous pouvez encore voir UN+UNE actuellement en salles que je vous recommande et dont vous pouvez retrouver ma critique, ici) parmi un prestigieux parterre d’invités. Un grand moment qui prouvait une fois de plus à quel point le cinéma est un spectacle mais surtout la modernité des films des frères Lumière. Fascinant!

    Ces 114 films restaurés en 4k sont désormais visibles en DVD et Blu-ray (édités par l’Institut Lumière et France TV). Comme le dit Bertrand Tavernier « tout le monde devrait avoir ce DVD chez soi » alors vous savez ce qu’il vous reste à faire!  Vous pouvez le retrouver sur le site de l’Institut Lumière, en cliquant ici. C’est aussi le film que le Festival d’Annonay vous permettra de découvrir:

    A PEINE J’OUVRE LES YEUX de Leyla Bouzid (nommé aux prix Lumières 2016 et grand lauréat du Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule 2015)

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    cinéma, critique, film, La Baule, A peine j'ouvre les yeux, Leyla Bouzid, Festival, Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule

    C’est le portrait d’une femme libre que nous dresse Leyla Bouzid dans ce film qui a remporté l’Ibis d’or du meilleur film, de la meilleure musique et de la meilleure actrice ex-aequo au dernier Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule (dont vous pouvez retrouver ma compte rendu, ici) après avoir également déjà reçu trois prix au dernier Festival International du Film de Saint-Jean-de-Luz, des prix amplement mérités pour ce film magistral.

    La Tunisie, dont les représentants du dialogue national ont cette année reçu le Prix Nobel de la Paix, a aussi été victime du terrorisme avec les attentats du Bardo à Tunis et de Sousse et récemment à nouveau à Tunis, un cauchemar qui a succédé à un autre, celui de la Tunisie de Ben Ali dans laquelle la corruption gangrénait la société et dans laquelle les libertés étaient restreintes et réprimées. Je n’oublierai jamais ce 14 janvier 2011, jour où Ben Ali a été chassé du pouvoir. Jour historique.

    Tunis, été 2010, quelques mois avant la Révolution, Farah, (Baya Medhaffar), 18 ans passe son bac et sa famille l’imagine déjà médecin… mais elle ne voit pas les choses de la même manière. Elle chante au sein d’un groupe de rock engagé. Elle vibre, s’enivre, découvre l’amour et sa ville de nuit contre la volonté d’Hayet (Ghalia Benali), sa mère, qui connaît la Tunisie et ses interdits.

    Dès les premières minutes, j’ai été captivée, estomaquée par la beauté furieuse de ce film. Par la vitalité, la force, la fougue de la mise en scène et de la jeune Farah (et de son interprète principale d’une maturité, d’une justesse sidérantes) qui dévore la vie et qui doit lutter pour exercer sa passion : chanter. Les textes qu’elle chante sont ouvertement opposés au régime et malgré sa volonté et son désir forcenés, progressivement le piège va se refermer sur elle jusqu’à ce que sa voix soit étouffée. Littéralement.

    Non seulement la manière dont la réalisatrice démontre les restrictions imposées par le régime est aussi passionnante qu’édifiante, mais elle raconte avec autant de précision et sensibilité la relation amoureuse (Farah va aussi découvrir l’amour et la trahison) et la relation mère/fille. Ghalia Benali qui interprète la mère de Farah est elle aussi bouleversante, et sa dureté ne dissimule que sa lucidité et ses craintes pour sa fille qui lui ressemble finalement tant. La scène lors de laquelle la mère pousse sur l’accélérateur de sa voiture pour effrayer sa fille et lui faire promettre de ne pas sortir chanter est d’une force rare, poignante et redoutable, à la hauteur de la peur ressentie par la mère pour sa fille.

    Ces yeux qui s’ouvrent du titre, ce sont à la fois ceux de Farah sur la vie, la réalité du monde qui l’entoure, mais aussi ceux de sa mère sur ce que veut et doit faire sa fille mais aussi l’éveil d’une Tunisie trop longtemps réprimée et condamnée à la soumission et au silence par vingt années de dictature. Farah représente finalement la Tunisie et cette jeunesse qui crie sa colère, sa révolte et son désir de se délivrer de ses chaînes malgré les risques encourus. La musique, fiévreuse, transcrit les élans de la jeunesse et devient un opposant incontrôlable, une arme de liberté et de paix.

    Un film engagé, fiévreux, fougueux, poétique, porté par deux actrices exceptionnelles, une réalisation d’une force et d’une intensité rares, des textes et des musiques remarquables et qui montrent la puissance de liberté de la musique, plus que jamais vitale. C’est aussi une histoire d’amour. L’amour d’un pays. L’amour de la musique et de son pouvoir. L’amour de la liberté. L’amour d’une mère pour sa fille qui explose dans ce dernier plan d’une douceur et d’une émotion ravageuses. (Le jury du Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule ne s’y est pas trompé en primant, ex-aequo, les deux actrices). Un grand film. Un chant de liberté. Un film à l’image de sa jeune actrice : incandescent et brûlant de vie.

     Lors de la clôture du Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule, Baya a lu un message de la réalisatrice Leyla Bouzid. Elle a rappelé les attentats qui ont touché Tunis et Sousse avant Paris (la clôture du festival a eu lieu aux lendemains des effroyables attentats de Paris et quelques jours avant ceux de Tunis)  :

    « Un triste lien de mort unit la France et la Tunisie. Il s’agit d’un film d’un élan de vie vif et inaliénable. C’est bien d’être ici pour cet élan de vie malgré ce qui s’est produit. J’ai envie de vous dire que notre élan de vie est inaliénable. Vive la vie, la musique, et la liberté. Personne n’arrivera à les tuer. »

    LE FILS DE SAUL de Laszlo Nemes

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    Difficile de parler immédiatement après la projection tant ce fut un choc. Ce film DOIT être vu, montré, dans les écoles et ailleurs, parce que c’est plus que jamais nécessaire de ne pas oublier jusqu’à quelle inimaginable ignominie la haine de l’autre a pu mener.

    Un film dont je suis sortie avec le sentiment d’avoir vu un grand film, ce film dont Thierry Frémaux en conférence de presse du Festival de Cannes avait parlé comme d’un « film qui fera beaucoup parler », le premier premier film à figurer en compétition depuis 4 ans.

    L’action se déroule en Octobre 1944, à Auschwitz-Birkenau. Saul Ausländer est membre du Sonderkommando, ce groupe de prisonniers juifs isolé du reste du camp et forcé d’assister les nazis dans leur plan d’extermination. Il travaille dans l’un des crématoriums où il est chargé de « rassurer » les Juifs qui seront exterminés et qui ignorent ce qui les attend, puis de nettoyer… quand il découvre le cadavre d’un garçon en lequel il croit ou veut croire reconnaître son fils. Tandis que le Sonderkommando prépare une révolte (la seule qu’ait connue Auschwitz), il décide de tenter l’impossible : offrir une véritable sépulture à l’enfant afin qu’on ne lui vole pas sa mort comme on lui a volé sa vie, dernier rempart contre la barbarie.

    La profondeur de champ, infime, renforce cette impression d’absence de lumière, d’espoir, d’horizon, nous enferme dans le cadre avec Saul, prisonnier de l’horreur absolue dont on a voulu annihiler l’humanité mais qui en retrouve la lueur par cet acte de bravoure à la fois vain et nécessaire, son seul moyen de résister. Que d’intelligence dans cette utilisation du son, de la mise en scène étouffante, du hors champ, du flou pour suggérer l’horreur ineffable, ce qui nous la fait d’ailleurs appréhender avec plus de force encore que si elle était montrée. László Nemes s’est beaucoup inspiré de « Voix sous la cendre », un livre de témoignages écrit par les Sonderkommandos eux-mêmes. Ce film a été développé à la résidence de la Cinéfondation du Festival de Cannes 2011. Aussi tétanisant et nécessaire que Shoah de Claude Lanzmann. C’est dire…

    -Béliers

    -Je suis un soldat

    -Les Cowboys

    -les films de Patice Leconte

    …et tous les excellents films que je n’ai pas encore eu le plaisir de découvrir

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    Parmi les événements du festival à ne pas manquer :

    -le marathon : 48 heures pour réaliser un court-métrage de 3 minutes selon le défi proposé…

    -la soirée d’ouverture avec le réalisateur Julien Rappeneau. Ainsi, vendredi 5 février 21h au Théâtre, Julien Rappeneau sera l’invité de la soirée d’ouverture pour accompagner son premier film ; ROSALIE BLUM, projection en avant-première à Annonay !

    -Séance spéciale Ciné Mix’t : séance spéciale en direction des jeunes avec les 2 moyens-métrages GUY MOQUET, de Demis Herenger et HARAMISTE, d’Antoine Desrosières, en présence des 2 réalisateurs

    -Nouveaux talents du cinéma français : rendez-vous le week-end du 6 et 7 février pour découvrir les films de la section Nouveaux Talents 2016 et leurs invités. Dominique Besnehard, producteur et acteur français, anciennement agent artistique de nombreux comédiens au sein de la société Artmedia, sera l’ambassadeur de cette section Nouveaux Talents. Il accompagnera plusieurs œuvres qu’il a récemment produites : le long métrage JE SUIS UN SOLDAT, la série DIX POUR CENT et quelques courts-métrages issus des Talents Cannes Adami.

    Les autres invités du week-end :

    ◦Doria Achour pour le film PAPA WAS NOT A ROLLING STONE et pour le court-métrage LAISSE-MOI FINIR

    ◦Swann Arlaud pour les films LES ANARCHISTES et NI LE CIEL NI LA TERRE

    ◦Maud Baecker pour le court-métrage CE SERA TOUT POUR AUJOURD’HUI

    ◦Stéfi Celma pour la série DIX POUR CENT

    ◦Karim Leklou pour les films LES ANARCHISTES et COUP DE CHAUD

    ◦Adélaïde Leroux pour le film LE CHANT DU MERLE

    ◦Fanny Sydney pour la série DIX POUR CENT

    ◦Karolyne Leibovici, agent, ainsi que Laurent Larivière, réalisateur du film JE SUIS UN SOLDAT.

    Outre lors des séances de leurs films, tous ces invités seront présents à la table ronde du dimanche 7 février à 10h au Domaine de Saint-Clair.

    -Séance dédicaces : venez acheter et vous faire dédicacer le livre de Dominique Besnehard, Casino d’hiver, le dimanche 7 février à l’issue de la table ronde au Domaine de Saint-Clair ou à 16h au premier étage du Théâtre. En partenariat avec la libraire La Hulotte.

    -Carte blanche au TorinoFilmLab : Le TorinoFilmLab est un laboratoire international qui, tous les ans, contribue à l’émergence de nouveaux cinéastes du monde entier et les aide à réaliser leur premier ou deuxième long métrage. Ses actions s’articulent autour de trois axes : la formation, le développement et la recherche de financements.

    -Lundi 8 février, Matthieu Darras, directeur des programmes du TorinoFilmLab, présentera 5 films de la programmation du Festival (dont 1 en séance scolaire), qui ne sont autres que des premiers films développés au sein du TorinoFilmLab et sortis en salle en 2015 : ADAMA, NI LE CIEL NI LA TERRE, 3000 NUITS, LE FILS DE SAUL, MEDITERRANEA.

     

    -Séance spéciale Patrimoine : Lumière, le Film ! : Lundi 8 février 21h au Théâtre, séance spéciale : édition restaurée d’une série de films des frères Lumière réalisés entre 1895 et 1905. La séance sera accompagnée par Thierry Frémaux, directeur de l’Institut Lumière à Lyon. Possibilité de se procurer le coffret DVD à l’issue de la séance.

    -Journée Collège au Cinéma avec Patrice Leconte : Mardi 9 février, le réalisateur Patrice Leconte sera présent toute le journée pour rencontrer les collégiens. Cette journée sera marquée par plusieurs rendez-vous dont quelque-uns auxquels les festivaliers sont conviés :

    ◦14h au Théâtre : Master class de Patrice Leconte autour de sa filmographie (entrée libre et gratuite),

    ◦16h au 1er étage du Théâtre : séance de signature autour de ses livres. En partenariat avec la librairie La Parenthèse.

    ◦18h30 au Théâtre, un premier film « coup de cœur » choisi par Patrice Leconte : FIDÉLIO, L’ODYSSÉE D’ALICE, en présence de sa réalisatrice Lucie Borleteau

    ◦21h au Théâtre : Projection du film de Patrice Leconte, LES GRANDS DUCS.

    -Carte blanche aux Rencontres des Cinémas d’Europe d’Aubenas

    -Sélection de films ACID

    -Mercredi 10 février 21h : la projection du nouveau film de Bouli Lanners, LES PREMIERS LES DERNIERS, programmé dans la section Ils sont passés par ici, sera accompagnée par la comédienne Aurore Broutin, invitée en 2013 à Annonay pour parler de son métier de directrice de casting sur le film AUGUSTINE.

    -Pour chacun des 9 premiers film en compétition, une invitation est lancée aux réalisateurs ou autre personne représentante du film. Les séances programmées les vendredi 12, samedi 13 et dimanche 14 février sont donc accompagnées de rencontres avec :

    ◦Maï Masri, réalisatrice de 3000 NUITS

    ◦Lisa Carlehed, comédienne dans IN YOUR ARMS

    ◦Xavier Seron, réalisateur de JE ME TUE À LE DIRE

    ◦un comédien du film KEEPER (sous réserve).

    ◦Hooman Behmanesh, directeur de la photo de MELBOURNE

    ◦Joseba Usabiaga, comédien dans PIKADERO

    ◦Andrew Cividino, réalisateur de SLEEPING GIANT

    ◦la co-productrice exécutive de THEEB

    ◦Nitzan Gilady, réalisateur de WEDDING DOLL.

    -Dimanche 14 février 10h30 à la MJC : à ne pas manquer la traditionnelle rencontre avec tous les invités des films de la compétition.

    -Nuit du 48h tout court : Samedi 13 février au Théâtre 23h30, tous les films réalisés dans le cadre du 48h tout court seront projetés en présence de leurs équipes. Entrée libre.

     

    -Soirée de clôture le dimanche 14 février au Théâtre : 19h45 : Cérémonie de remise des prix ludique et conviviale au cours de laquelle les bénévoles de la Commission Cinéma, aidés par la Compagnie d’À Côté, se mettent en scène pour une soirée de remise des prix enlevée.

    21h30 : Michel Leclerc présentera son dernier film LA VIE TRÈS PRIVÉE DE MONSIEUR SIM.

     

  • Critique de JANIS d'Amy Berg

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    Depuis quelques années, le Festival du Cinéma Américain de Deauville propose une belle sélection de documentaires réunis sous l’intitulé « Les Docs de l’Oncle Sam ». Cette année figuraient au programme : « Altman », « By Sidney Lumet », « Hitchcock Truffaut », « Janis », « Steve McQueen : the man and Le Mans », « This is Orson Welles », « Wolfpack». Même si j’aurais aimé tous les découvrir, il fallait bien faire des choix parmi les différentes sections du festival, le mien, pour les documentaires, s’est orienté vers « Janis » d’Amy Berg (à découvrir en salles en France le 6 janvier 2016) et il s’est avéré judicieux tant ce documentaire est passionnant. Notez qu'il figurait également en compétition du Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule 2015.

    Janis que son prénom suffit à désigner, c’est donc Janis Joplin, l’une des plus mythiques chanteuses de rock et de blues de tous les temps mais aussi une écorchée vive, forte et vulnérable, aussi sensible que sa voix était puissante. L’histoire de la courte vie d’une femme passionnée qui changea le cours de l’histoire de la musique, qui a enfreint tous les codes dans sa vie comme dans la musique, se jetant à corps perdu dans l’une comme dans l’autre. Elle décéda ainsi en 1970 à l’âge de 27 ans (le fameux « Club des 27″, l’âge auquel décédèrent les autres légendes du rock : Jim Morrison, Jimmy Hendrix, Kurt Cobain et Amy Winehouse).

    Peut-être, dans son dispositif,, un peu classique pour une femme aussi libre et iconoclaste, « Janis » repose néanmoins sur une belle idée. Celle d’une voix off qui lit des lettres que Janis avait adressées à sa famille créant ainsi une proximité avec le spectateur qui a l’impression de recueillir ses confidences, d’entendre sa voix intérieure aussi fragile que sa musique était puissante.

    Ce dispositif épistolaire permet d’esquisser un portrait plus nuancé et nous donne à voir, derrière les images enfiévrées, fascinantes, explosives, électriques, des concerts, la femme blessée, avide d’amour, à jamais complexée et surtout fragilisée par les humiliations qu’elle a subies dans son enfance.

    Bouleversante est la scène où, devenue une star, elle revient dans son ancien lycée et, où dans sa voix et son regard perdus, à fleur de peau, subsistent les bleus à l’âme de l’enfant blessée qu’elle semble alors être à nouveau et à jamais.

    Se dessine ainsi, derrière l’artiste hors normes, au talent qui transpire l’écran et nous fait frissonner d’émotion, le portrait d’une femme terriblement attachante, sensible, empathique, pétrie d’incertitudes, de manque d’amour et de confiance qu’elle tentait de noyer dans des plaisirs artificiels.

    La fin du documentaire, ce rendez-vous manqué que n’aurait osé inventer le plus audacieux des scénaristes, est absolument bouleversante et nous laissent ko avec une seule envie, entendre à nouveau sa voix immortelle, fiévreuse et incandescente.

  • Critique de A PEINE J'OUVRE LES YEUX de Leyla Bouzid

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    C’est le portrait d’une femme libre que nous dresse Leyla Bouzid dans ce film qui a remporté l’Ibis d’or du meilleur film, de la meilleure musique et de la meilleure actrice ex-aequo au dernier Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule (dont vous pouvez retrouver ma compte rendu, ici) après avoir également déjà reçu trois prix au dernier Festival International du Film de Saint-Jean-de-Luz, des prix amplement mérités pour ce film magistral.

    La Tunisie, dont les représentants du dialogue national ont cette année reçu le Prix Nobel de la Paix, a aussi été victime du terrorisme avec les attentats du Bardo à Tunis et de Sousse et récemment à nouveau à Tunis, un cauchemar qui a succédé à un autre, celui de la Tunisie de Ben Ali dans laquelle la corruption gangrénait la société et dans laquelle les libertés étaient restreintes et réprimées. Je n’oublierai jamais ce 14 janvier 2011, jour où Ben Ali a été chassé du pouvoir. Jour historique.

    Tunis, été 2010, quelques mois avant la Révolution, Farah, (Baya Medhaffar), 18 ans passe son bac et sa famille l’imagine déjà médecin… mais elle ne voit pas les choses de la même manière. Elle chante au sein d’un groupe de rock engagé. Elle vibre, s’enivre, découvre l’amour et sa ville de nuit contre la volonté d’Hayet (Ghalia Benali), sa mère, qui connaît la Tunisie et ses interdits.

    Dès les premières minutes, j’ai été captivée, estomaquée par la beauté furieuse de ce film. Par la vitalité, la force, la fougue de la mise en scène et de la jeune Farah (et de son interprète principale d’une maturité, d’une justesse sidérantes) qui dévore la vie et qui doit lutter pour exercer sa passion : chanter. Les textes qu’elle chante sont ouvertement opposés au régime et malgré sa volonté et son désir forcenés, progressivement le piège va se refermer sur elle jusqu’à ce que sa voix soit étouffée. Littéralement.

    Non seulement la manière dont la réalisatrice démontre les restrictions imposées par le régime est aussi passionnante qu’édifiante, mais elle raconte avec autant de précision et sensibilité la relation amoureuse (Farah va aussi découvrir l’amour et la trahison) et la relation mère/fille. Ghalia Benali qui interprète la mère de Farah est elle aussi bouleversante, et sa dureté ne dissimule que sa lucidité et ses craintes pour sa fille qui lui ressemble finalement tant. La scène lors de laquelle la mère pousse sur l’accélérateur de sa voiture pour effrayer sa fille et lui faire promettre de ne pas sortir chanter est d’une force rare, poignante et redoutable, à la hauteur de la peur ressentie par la mère pour sa fille.

    Ces yeux qui s’ouvrent du titre, ce sont à la fois ceux de Farah sur la vie, la réalité du monde qui l’entoure, mais aussi ceux de sa mère sur ce que veut et doit faire sa fille mais aussi l’éveil d’une Tunisie trop longtemps réprimée et condamnée à la soumission et au silence par vingt années de dictature. Farah représente finalement la Tunisie et cette jeunesse qui crie sa colère, sa révolte et son désir de se délivrer de ses chaînes malgré les risques encourus. La musique, fiévreuse, transcrit les élans de la jeunesse et devient un opposant incontrôlable, une arme de liberté et de paix.

    Un film engagé, fiévreux, fougueux, poétique, porté par deux actrices exceptionnelles, une réalisation d’une force et d’une intensité rares, des textes et des musiques remarquables et qui montrent la puissance de liberté de la musique, plus que jamais vitale. C’est aussi une histoire d’amour. L’amour d’un pays. L’amour de la musique et de son pouvoir. L’amour de la liberté. L’amour d’une mère pour sa fille qui explose dans ce dernier plan d’une douceur et d’une émotion ravageuses. (Le jury du Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule ne s’y est pas trompé en primant, ex-aequo, les deux actrices). Un grand film. Un chant de liberté. Un film à l’image de sa jeune actrice : incandescent et brûlant de vie.

     Lors de la clôture du Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule, Baya a lu un message de la réalisatrice Leyla Bouzid. Elle a rappelé les attentats qui ont touché Tunis et Sousse avant Paris (la clôture du festival a eu lieu aux lendemains des effroyables attentats de Paris et quelques jours avant ceux de Tunis)  :

    « Un triste lien de mort unit la France et la Tunisie. Il s’agit d’un film d’un élan de vie vif et inaliénable. C’est bien d’être ici pour cet élan de vie malgré ce qui s’est produit. J’ai envie de vous dire que notre élan de vie est inaliénable. Vive la vie, la musique, et la liberté. Personne n’arrivera à les tuer. »

    Un très grand film à voir absolument le 23 décembre 2015 en salles en France.