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  • Festival International du Film de Boulogne-Billancourt 2013 : le programme complet

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    Programme du Festival International du Film de Boulogne-Billancourt 2013

     

    L’an passé, j’avais eu le grand plaisir de faire partie du jury de la deuxième édition du Festival International du Film de Boulogne-Billancourt, aux côtés de Didier Allouch et Thomas Clément. « La Philosophie de ce Festival est de privilégier tout ce qui fait aimer la vie » avait ainsi déclaré Claude Pinoteau, le Président d’honneur de ce festival, dans son édito. L’édition 2012 y était indéniablement parvenue. Il y va des bons festivals comme des beaux voyages : on en revient joyeusement nostalgique et gaiement exténué, la tête pleine de belles rencontres, avec l’irrépressible envie de reprendre un billet immédiatement. Comme pour un voyage, l’atmosphère dépend principalement des organisateurs et des accompagnateurs et dans les deux cas les conditions étaient idéales. Un festival convivial comme ceux qui prennent de l’ampleur n’arrivent parfois pas à le rester. Quand le cynisme est tristement à la mode, c’était une gageure d’organiser un festival qui a pour slogan « le festival qui souffle positif ». Boulogne-Billancourt est la ville idéale pour un festival de cinéma puisque dans ses studios ont été tournés plus de 500 films parmi lesquels des chefs d’œuvre comme « Le dernier métro » de François Truffaut et des films dont vous pouvez d’ailleurs retrouver des critiques ici : « Borsalino » de Jacques Deray, « Ridicule » de Patrice Leconte…ou « César et Rosalie » de Claude Sautet. La boucle est bouclée puisque le cinéma de Claude Sautet avait pour objectif de « faire aimer la vie », à l’image du festival de Boulogne-Billancourt donc.

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    Ci-dessus, le jury blogueurs du Festival du Film de Boulogne-Billancourt 2012: Thomas Clément, Didier Allouch et moi-même.

    A nouveau, le programme du Festival pour cette édition 2013 est particulièrement allèchant et rien d’étonnant à ce que le réalisateur Hugo Gélin ait été choisi comme Président du jury, lui qui a réalisé « Comme des frères », LA comédie tendrement mélancolique de l’année 2013, un de mes grands coups de coeur de 2013 dont vous pouvez retrouver ma critique, en bonus, en bas de cet article. Le jury de cette édition 2013 sera également composé de Mélanie Bernier, David Foenkinos (son très beau film « La Délicatesse » adapté de son roman éponyme par ce dernier et Stéphane Foenkinos sera projeté au festival, vous pouvez également en retrouver la critique en bas de cet article), Camélia Jordana, Baptiste Lecaplain.

    Ce sera ainsi la 3ème édition du Festival International du Film de Boulogne-Billancourt « qui souffle positif » et qui se tiendra du 19 au 22 avril dans les salles du Pathé sur la Grand-Place.

    5 long-métrages de fiction et 5 documentaires figurent en compétition. Pour l’ouverture du Festival sera projeté en avant-première La fleur de l’âge, un film avec Pierre Arditi, Julie Ferrier et Jean-Pierre Marielle. En clôture ce sera Mud – Sur les rives du Mississippi, avec Matthew McConaughey, Reese Witherspoon et Sam Shepard, un film qui figurait en compétition du 65ème Festival de Cannes.

    Le Président d’honneur du festival sera cette année Jean-Jacques Beineix à qui la Ville de Boulogne-Billancourt consacrera une exposition inédite et passionnante « Studio Beineix » inaugurée quelques jours avant.

    Vous pourrez retrouver, ci-dessous, le détail du programme et j’en profite pour vous annoncer que mon roman « Les Orgueilleux » qui se déroule dans le cadre du Festival du Cinéma Américain de Deauville sera publié en Mai prochain, chez Numériklivres.

    Les films en compétition

    Catégorie Longs-métrage

    CHEBA LOUISA

    France – 2013 – 90mn

    Réalisatrice : Françoise Charpiat

    Avec : Isabelle Carré, Rachida Brakni, Steve Tran, Rachid Taha

    À 30 ans, Djemila, juriste célibataire a enfin son propre appartement… à deux pas de chez ses parents. Française d’origine maghrébine, elle fait tout pour gommer ses origines. emma, sa voisine déjantée et auchée, rame pour élever seule ses deux enfants. alors que tout oppose les deux femmes, une amitié profonde va naître grâce à leur amour de la musique.

    En présence de l’équipe du film.

    DER SANDMAN

    Suisse – 2011 – 88mn – VOSTF

    Réalisateur : Peter Luisi

    Avec : Fabian Krüger, Irene Brügger

    Le philatéliste Benno mène une vie ordonnée, il adore Beethoven et les belles femmes. Sa voisine Sandra, qui chante toutes les nuits dans son café au-dessous de l’appartement de Benno, ne ressemble en rien au genre de femme qu’il aime. Il ne peut donc s’empêcher de l’insulter régulièrement. Un jour, Benno découvre du sable dans son lit. Lorsqu’il réalise que c’est lui-même qui perd du sable et que les pertes augmentent de jour en jour, sa vie ordonnée se transforme en un véritable cauchemar. Il perd non seulement son travail, mais il voit le temps littéralement s’écouler hors de lui. Lorsqu’il se rend compte que seule Sandra peut le sauver, débute alors une course désespérée contre la montre…

    MACADAM BABY

    France – 2013 – 97mn

    Réalisateur : Patrick Brossard

    Avec : François Civil, Camille Claris,

    Arthur Jugnot

    Thomas est un écrivain en herbe. Il n’a hélas pas grand-chose à aconter. et c’est dommage car il le raconte vraiment bien. Il a du style. en venant à Paris et en rencontrant Julie, il va découvrir pour la première fois l’amour avec un grand a. Ce qu’il ignore, c’est que Julie est dans les problèmes jusqu’au cou et qu’en voulant l’aider, il va mettre les pieds dans les emmerdes avec un grand …

    En présence de l’équipe du film

    SONG FOR MARION

    UK – 2012 – 93mn

    Réalisateur : Paul Andrew Williams

    Avec : Terence Stamp, Gemma Arterton, Christopher Eccleston et Vanessa Redgrave

    Arthur et Marion, couple de retraités londoniens, sont profondément unis malgré leurs caractères dissemblables

    ; Marion est positive et sociable, arthur est morose et fâché avec la terre entière. aussi ne comprend-il pas l’enthousiasme de sa femme à chanter dans cette chorale férue de reprises pop décalées et menée par la pétillante Élizabeth. Mais peu à peu arthur se laisse toucher par la bonne humeur du groupe et par la gentillesse d’Élizabeth. encouragé par cette dernière, qui a inscrit la chorale à un concours, arthur réalise qu’il n’est jamais trop tard pour changer.

    TOM LE CANCRE

    France – 2011 – 93mn

    Réalisateur : Manuel Pradal

    Avec : Stéphanie Crayencour, Sacha Bourdo, Steve Le Roi, Matys Soboul

    Des enfants de 5 ans s’égarent dans la forêt après que leur maîtresse se soit évanouie en mangeant un fruit sauvage. Ils rencontrent alors un enfant fugueur de 14 ans, Tom le cancre, qui vit dans un chêne centenaire et qui leur propose un marché : il les ramènera à leurs parents quand il leur aura désappris tout ce qu’ils ont appris à l’école. Une classe verte dirigée par un maître cancre ou comment ré-enchanter le monde par la fantaisie et l’impertinence.

    En présence de l’équipe du film.

    Catégorie documentaires

    ARISE

    Australie – 2009 – 85mn – VOSTF

    Réalisatrices : Lori Joyce / Candice Orlando Narratrice : Darryl Hannah

    Arise capture les portraits et les histoires de femmes extraordinaires à travers le monde qui se réunissent pour réparer le mal fait à la Terre. Ce film poétique musical et artistique se déroule dans des paysages d’une incroyable beauté pour tisser une histoire collective et porteuse d’espoir qui nous inspire pour sauver la Terre.

    En présence des deux réalisatrices.

    ASSAM, TERRE DES DIEUX

    France – 2012 – 52mn

    Réalisateur : Patrice Landes

    Niché au milieu de la vallée de Brahmaputra, l’assam est un état d’une grande beauté et d’une grande iversité au nord-est de l’Inde. À travers l’histoire, des peuples de différentes cultures, origines et religions ont émigré dans cette région. Les invasions musulmanes ont apporté l’Islam dans la région. Le Sikhisme s’est développé ici à côté de communautés bouddhistes. avec l’apparition de nouvelles fois et de nouvelles religions, de nombreux temples et monuments ont été construits. aujourd’hui, ils sont les témoins silencieux d’un passé glorieux.

    En présence du réalisateur.

    HE FILM

    France – 2011 – 52mn

    Réalisatrice : Liliane de Kermadec

    Depuis 37 ans, d’abord à pied, ensuite à vélo et à moto, He Fu Quan sillonne les petites routes du Sichuan en apportant partout où il va « la culture et le cinéma », comme il dit. Offerts par le gouvernement chinois, les films sont aujourd’hui envoyés de Pékin par satellite à Chengdu où He Fu Quan, dit « He Film », va les chercher et les emporte sur ses disques durs. arrivé dans un village ou dans une ferme isolée dans la forêt de bambous, il déploie son écran, chacun apporte son tabouret, et, à la nuit ombée, la projection commence. Des paysans, des gens de Pékin et de Chengdu, la Chine de la campagne et de la ville devant l’écran de cinéma.

    En présence de la réalisatrice.

    L’OMBRELLO DI BEATOCELLO

    Suisse – 2011 – 83mn – VOSTF

    Réalisateur : Georges Gachot

    Ces vingt dernières années, le pédiatre suisse Beat Richner a ouvert cinq hôpitaux pour les enfants au Cambodge, structures hypermodernes et entièrement gratuites. Lorsqu’il ne pratique pas, le médecin quête inlassablement des fonds pour faire tourner son entreprise humanitaire. Il devient Beatocello, violoncelliste et apôtre de la générosité.

    En présence du réalisateur.

    TOUCHER LE CIEL

    Canada (Québec) – 2012 – 90mn – VOSTF

    Réalisateur : Adrian Wills

    Toucher le ciel est un film documentaire destiné à tous ceux qui ont un jour rêvé de voyager dans l’espace. Pas à pas, nous suivons le fondateur du Cirque du Soleil, Guy Laliberté, sur la route qui le mènera à la station spatiale internationale, jusqu’à son retour – brutal – sur terre. À travers ses confidences, nous entrons dans la tête de l’apprenti cosmonaute, tantôt serein et confiant, tantôt dépassé par les événements, investi de sa mission poétique. Voilà un artiste lancé dans l’espace, avec ses doutes, ses espoirs, mais aussi son émerveillement absolu. et un poème à livrer.

    En présence du réalisateur.

    Les événements

    Ouverture du festival

    LA FLEUR DE L’ÂGE

    France – 2012 – 83mn

    Réalisateur : Nick Quinn

    Avec : Pierre Arditi, Julie Ferrier,

    Jean-Pierre Marielle

    Gaspard Dassonville a 63 ans. Son style de vie en a la moitié : producteur de télévision réputé, il accumule les compagnes trentenaires et s’obstine à ignorer tout signe de vieillissement. Mais le grand âge lui tombe dessus avec fracas : Gaspard est contraint d’accueillir chez lui son père Hubert, devenu dépendant. Le duo se transforme en trio avec l’arrivée de Zana, aidesoignante aux références douteuses et à l’imagination débridée. Fascinés chacun à sa manière par cette femme peu conventionnelle, père et fils s’affrontent et se découvrent.

    En présence de l’équipe du film.

    Film de clôture

    MUD – SUR LES RIVES DU MISSISSIPPI

    USA – 2012 – 130mn – VOSTF

    Réalisateur : Jeff Nichols

    Avec : Matthew McConaughey, Reese Witherspoon, Sam Shepard

    Ellis et neckbone, 14 ans, découvrent lors de l’une de leurs escapades quotidiennes, un homme réfugié sur une île au milieu du Mississippi. C’est Mud : une dent en moins, un serpent tatoué sur le bras, un flingue et une chemise porte-bonheur. Mud, c’est aussi un homme qui croit en l’amour, une croyanceà laquelle ellis a désespérément besoin de se raccrocher pour tenter d’oublier les tensions entre ses parents.

    Très vite, Mud met les deux adolescents à contribution pour réparer un bateau pour quitter l’île. Difficile cependant pour les garçons de déceler le vrai du faux dans les paroles de Mud. a-t-il vraiment tué un homme, est-il poursuivi par la justice, par des chasseurs de prime ? et qui est donc cette fille mystérieuse qui vient de débarquer dans leur petite ville de l’arkansas ?

    Festival de Cannes 2012 – Sélection officielle compétition.

    Film jeune public

    LES MALHEURS DE SOPHIE

    France – 1981 – 90mn

    à partir de 8 ans

    Adapté du roman Les Malheurs de Sophie, écrit par la Comtesse de Ségur (1858).

    Réalisateur : Jean-Claude Brialy

    Avec : Paprika Bommenel, Frédéric Mestre, Carine Richard, Sandra Gula,

    858. Les aventures de Sophie, une fillette de 6 ans qui vit avec sa mère, Madame de Réan, dans un vaste château. Sophie, curieuse et aventureuse, commet bêtise sur bêtise avec la complicité de son cousin Paul qui lui rend visite pour les vacances. elle a pour amies Camille et Madeleine de Fleurville, des « petites filles modèles » qu’elle peine à imiter, ce qui lui vaut les remontrances de sa mère.

    RED DOG

    Australie – 2011 – 92mn – Comédie

    Version française

    à partir de 8 ans

    Réalisateur : Kriv Stenders

    Avec : Josh Lucas, Rachael Taylor, Noah Taylor, Keisha Castle-Hughes, Luke Ford

    Basé sur une histoire vraie, le film relate le voyage d’un chien roux qui a parcouru des milliers de kilomètres à travers l’australie jusqu’à ce qu’il retrouve son maître!

    Hors compétition

    ALEXANDRE LE BIENHEUREUX

    D’Yves Robert

    LA DÉLICATESSE

    De David et Stéphane Foenkinos

    Le Président d’honneur de l’édition 2013 : Jean-Jacques Beineix

    Les Membres du jury

    Hugo Gélin, président – Mélanie Bernier – David Foenkinos – Camélia Jordana – Baptiste Lecaplain

    Le jury remettra :

    - Le Prix du Meilleur film – Le prix de la Meilleure actrice – Le prix du Meilleur acteur – Les festivaliers voteront pour le Prix du public et le Prix du meilleur documentaire

    Informations http://2013.festival-boulognebillancourt.fr

    Mon compte-rendu du Festival International du Film de Boulogne-Billancourt 2012 : http://inthemoodforfilmfestivals.com/retour-sur-le-festival-international-du-film-de-boulogne-billancourt-2012/

    Informations pratiques

    Billetterie – A partir du 15 avril Au cinéma Pathé Boulogne et à l’Office du tourisme Tarif unique : 3€ – Pass au tarif de 15€ et 10€ au tarif réduit.

    CRITIQUE DE « COMME DES FRERES » D’HUGO GELIN

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    Nombreuses sont les comédies françaises à être sorties depuis le début de l’année (sans doute le reflet d’une frilosité des producteurs se disant qu’en période de crise, le public est friand de ce genre) et rares sont malheureusement celles à se démarquer et surtout à être autre chose qu’une suite de sketchs (certes parfois très drôles), sans véritable scénario ni mise en scène. Je vous parle d’ailleurs rarement de comédies ici mais je tenais à le faire pour celle-ci pour différentes raisons…

    « Comme des frères », c’est l’histoire de trois hommes de trois générations différentes, Boris (François-Xavier Demaison), Elie (Nicolas Duvauchelle) et Maxime (Pierre Niney) qui, a priori, n’ont rien en commun, rien si ce n’est Charlie (Mélanie Thierry), à qui ils étaient tous liés par un sentiment fort et singulier, et qui vient de mourir. Comme elle le leur avait demandé, ils décident de faire ensemble ce dernier voyage qu’elle aurait voulu faire avec eux, direction la Corse et la maison que Charlie aimait tant. 900kms ensemble avec, pour point commun, l’ombre de la lumineuse Charlie, leur chagrin…un voyage après lequel plus rien ne sera tout à fait pareil.

    Dès le début de ce film se dégage un charme inexplicable (pléonasme, non ?) qui vous accroche et attache aux protagonistes pour ne plus vous lâcher… Les frères Dardenne (dans un genre de film certes radicalement différent) répètent souvent que ce sont les personnages qui comptent avant les idées et, si la plupart des comédies se contentent d’une bonne idée et d’un bon pitch, négligeant leurs personnages, ici, dans l’écriture du scénario, Hérvé Mimran ( coauteur/coréalisateur d’une autre comédie très réussie qui d’ailleurs présentait aussi cette qualité: « Tout ce qui brille »), Hugo Gélin et Romain Protat, se sont d’abord attelés à construire des personnages forts et particulièrement attachants : le jeune homme lunaire de 20 ans, le trentenaire scénariste noctambule, et l’homme d’affaires, quadragénaire et seul. Trois personnages qui, tous, dissimulent une blessure.

    Le chagrin et la personne qui les réunissent annihilent la différence d’âge même si elle est prétexte à un gag récurrent (et très drôle) sur les goûts parfois surannés du personnage de François-Xavier Demaison qui apporte toute sa bonhomie mélancolique et attendrissante et la justesse de son jeu à cet homme qui n’arrive pas -plus- à aimer depuis Charlie. L’autre bonne idée est en effet le casting : outre François-Xavier Demaison, Nicolas Duvauchelle est également parfait, et surtout Pierre Niney ( pensionnaire de la comédie française depuis 2010), découvert au Festival du Film de Cabourg 2011 (où il a cette année reçu le prix de la révélation masculine) dans le très beau premier long-métrage de Frédéric Louf « J’aime regarder les filles » dans lequel il incarnait un personnage d’une maladroite élégance, à la fois léger et grave, immature et obstiné, autodestructeur et volontaire, audacieux et inconscient. Ici il est lunaire, burlesque même, immature (mais finalement pas tant que ça), attachant, et cache lui aussi derrière sa maladresse, une blessure. Pas étonnant que les propositions pleuvent après sa nomination aux César 2012 pour cet acteur par ailleurs humble et sympathique, ce qui ne gâche rien…

    Si je vous parle du film de Frédéric Louf, c’est qu’il présente un autre point commun avec le film d’Hugo Gélin : cette vitalité si chère à Truffaut (« Le cinéma c’est la vitalité » disait-il) qui parcourt tout le film. Une vitalité, un sentiment d’urgence, une conscience du dérisoire de l’existence, de sa beauté mélancolique aussi, et de la tendre ironie qu’inspirent souvent les drames de l’existence, qui changent à jamais le regard sur celle-ci, et que ce film parvient magnifiquement à retranscrire.

    Hugo Gélin ne recourt jamais au pathos, l’écueil dans lequel il aurait été si facile de tomber avec un tel sujet, mais montre au contraire qu’une révoltante et cruelle injustice de l’existence, peut donner une autre saveur à celle-ci , le goût de l’essentiel et qu’elle peut avoir la capacité de (re)créer des liens, ici quasiment fraternels. Plutôt que de nous montrer Charlie malade et agonisante, il nous la montre telle que la voyaient ses trois amis, radieuse, viscéralement vivante et lumineuse, par une série de flashbacks judicieusement amenés qui retracent le lien si particulier que chacun d’entre eux entretenait avec elle mais aussi la manière dont le quatuor devenu trio s’est construit avec, notamment, la très belle scène chaplinesque sur leur première rencontre, intelligemment placée au dénouement.

    Le scénario (qui a le mérité d’être original, de n’être pas l’adaptation d’une BD ou d’un livre, ou la transposition de sketchs d’humoristes désireux de passer derrière et/ou devant la caméra comme c’est très-trop-souvent le cas), sensible, qui nous révèle les liens entre les personnages par petites touches et alterne intelligemment entre rires et larmes, est aussi servi par des dialogues savoureux. Tant pis si certains aspects sont peut-être plus prévisibles comme le prénom donné au bébé de l’un d’entre eux, cela fait aussi partie des codes de ce genre de film.

    De ces trois (quatre)-là, vraiment irrésistibles, émane une belle complicité, une alchimie même, à cause de laquelle ou plutôt grâce à laquelle nous les laissons avec regrets nous frustrant presque de n’en savoir pas plus… Un quatuor qui m’a parfois rappelé celui de « Père et fils » de Michel Boujenah qui mettait ainsi en scène un père et ses trois fils. Le tout est servi par une belle photographie signée Nicolas Massart ( avec des plans que certains cyniques jugeront sans doute clichés, comme ce plan de soleil, reflet d’un nouveau jour et de l’espoir qui se lèvent), un film d’une gravité légère à la fois tendre et drôle, pudique et espiègle: en tout cas, charmant et qui prouve qu’une comédie peut sonner juste et actuelle sans recourir systématiquement au trash ou au cynisme.

    Ajoutez à ce casting impeccable, ce scénario et ces dialogues réjouissants, cette photographie lumineuse, la musique ensorcelante du groupe Revolver (quelle bonne idée d’ailleurs! J’en profite pour vous signaler qu’ils seront à l’Olympia le 25 octobre prochain !) et vous obtiendrez ce road movie attachant et la comédie tendrement mélancolique de l’année qui, comme chez Claude Sautet, célèbre l’amitié, qu’elle soit amoureuse ou plus fraternelle et vous fait furieusement aimer la vie. Alors, n’attendez plus, allez voir sans hésiter Boris, Elie, Maxime et les autres!

    « Comme des frères » vient d’être récompensé aux festivals de cinéma de La Réunion et de Sarlat et Pierre Niney fait partie des révélations pour le César du meilleur espoir masculin 2013.

    CRITIQUE DE « LA DELICATESSE » DE DAVID EET STEPHANE FOENKINOS

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    Il y a deux ans, dans le cadre du jury des lectrices de Elle dont je faisais partie, je découvrais « La Délicatesse », le roman de David Foenkinos en lice pour le prix et dont le film éponyme est l’adaptation signée par ce dernier et Stéphane Foenkinos. Je découvrais aussi l’écriture fantaisiste, précise et délicate de David Foenkinos (oui, je l’avoue, il m’a fallu attendre son 8ème roman pour cela) après avoir remarqué la présence joliment discrète de l’auteur quand d’autres se mettaient en avant avec une ridicule et présomptueuse ostentation, lors d’un débat dans le cadre de feu Forum International Cinéma et Littérature de Monaco. Bien qu’ayant obtenu dix prix littéraires, « La Délicatesse » (à mon grand regret) n’avait pas reçu celui des lectrices de Elle…mais cela ne l’a pas empêché d’en vendre 700000 exemplaires et d’être traduit dans 21 pays…et c’est particulièrement rassurant. Rassurant de voir que pour cela il n’aura fallu ni faire voyager le lecteur dans le temps, ni lui raconter des histoires rocambolesques improbables, ni faire preuve d’un cynisme vengeur et racoleur, ni recourir à un style même pas digne d’un scénario avec deux phrases par page (vous voyez à qui je songe ?). Un livre dont l’auteur ose l’intituler « La Délicatesse » dans une société (pas seulement littéraire) souvent brutale qui prône et glorifie plutôt le cynisme, cela force déjà le respect. A l’encontre d’une société qui veut qu’une pensée se résume à 140 caractères d’exagération ou de mauvaise foi (ah, twitter, mon amour…), ou qu’une personne soit appréhendée et jugée en quelques secondes, le temps d’un regard scrutateur et sentencieux.

    « C’est l’histoire d’une femme qui va être surprise par un homme. Réellement surprise ». Ainsi était résumé ce roman. C’est l’inverse aussi. L’histoire d’un homme qui va être surpris par une femme. Réellement surpris. Et c’est surtout l’histoire de Nathalie (Audrey Tautou), une jeune femme qui a tout pour être heureuse, jeune, belle, insouciante, amoureuse de François (Pio Marmaï) qui avait décidé de la séduire parce qu’elle avait choisi un jus d’abricot, ou à peu près. Ils se marièrent et n’eurent pas le temps d’avoir beaucoup d’enfants car François décède brutalement. Tout pourrait s’arrêter là. D’ailleurs, pour elle le temps s’est arrêté, le jour où la lecture de son livre a été interrompue par la mort de François, mais après le deuil va venir le temps de la renaissance, là où et comme on ne l’attendait pas : un jour, sans raison, un peu perdue dans ses rêveries, elle embrasse un de ses collègues, l’insignifiant Markus (François Damiens)…enfin a priori insignifiant. Va alors naitre l’idée de ce couple improbable…

    Pas facile de transcrire à l’écran ce qui faisait en partie le charme du roman : l’écriture sensible, à la fois pudique et sensuelle, de David Foenkinos, une écriture émaillée d’une réjouissante fantaisie (aphorismes, digressions aussi savoureuses que décalées) qui faisait de ce roman une passionnante histoire autant qu’une aventure ludique pour le lecteur que Foenkinos, avec, décidément, une délicatesse quasiment amoureuse, n’oubliait jamais, ce qui n’est finalement pas si courant…

    « La Délicatesse » est un film à l’image de son personnage principal : d’apparence simple, discret, grave et triste, il se révèle gai, d’une lucidité joyeuse, tendre, et il vous charme d’une manière totalement inexplicable. Le charme des rencontres impromptues, improbables, inattendues. Les plus belles. Et ce n’était pas gagné d’avance. Il faut voir la première apparition de face de Markus, au bout de trente minutes de film (on aperçoit son dos et ses mains lors d’une réunion auparavant mais son visage reste invisible, insignifiant) avec son physique peu évident, son allure débraillée, son assurance hasardeuse. Le jeu du comédien est tel, remarquable François Damiens qui se glisse dans la peau du personnage avec une apparente facilité déconcertante (aidé par la réalisation), que le spectateur finit (presque) par le trouver séduisant, par être charmé à son tour, et en tout cas par comprendre le charme qu’il opère sur Nathalie. Il apparaît comme un personnage aussi lunaire que solaire, grâce à une photographie bienveillante, qui auréole la deuxième partie du film d’une douceur rassurante (très belle photographie de Rémy Chevrin) mais aussi grâce à la douce et énergique bo d’Emilie Simon.

    C’est sans doute cela la délicatesse : une sensation indicible, des petits gestes qui vous vont droit au cœur, une empathie du personnage qui emporte celle du spectateur et qui m’a totalement charmée. Par sa fantaisie (celle du roman qui se retrouve par petites touches). Par son mélange subtil de gravité et légèreté. Par sa manière d’appréhender le deuil et de célébrer le retour à l’espoir, à la vie.

    Dommage peut-être que Markus ne parle pas davantage puisque dans le roman, le charme opérait surtout par la parole. Il n’empêche que ce film est d’une douceur aussi simple que renversante. Audrey Tautou est l’actrice idéale pour incarner Nathalie. A la fois fragile et décidée, entre détermination énergique et une grâce enfantine qui me fait toujours penser à Audrey Hepburn. Une actrice trop rare qui jongle habilement entre le drame et la comédie, à l’image du film qui mêle subtilement les deux genres.

    Un bel hymne à la différence. Un film qui rend hommage aux anonymes, héros du quotidien, ces « émotifs anonymes » (on retrouve d’ailleurs une sensibilité commune avec celle de Jean-Pierre Améris), ces êtres vulnérables qui se découvrent plus qu’ils ne se remarquent mais qui n’en sont que plus intéressants. Avec le même sens de la précision et de l’humour décalé (ah, les joies de la Suède et du 114), avec ces mêmes accents truffaldiens, David et Stéphane Foenkinos réussissent non pas à transposer mais à retranscrire le style enchanteur du roman, son romantisme décalé et dénué de mièvrerie.

    Un délicieux film d’une gravité légère à déguster sans modération, l’histoire d’une renaissance lumineuse qui fera du bien tous ceux qui ont été touchés par le deuil, à tous ceux qui ne croient plus à la beauté foudroyante des hasards et coïncidences et des rencontres singulières, qui ne croit plus que le bonheur réside là où on ne l’attend pas. Voilà ce film m’a totalement charmée, aussi rare (et précieux) que la délicatesse qu’il met en scène, avec le même charme progressif et non moins ravageur.

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  • Festival International du Film Policier de Beaune 2013 : programme et jury

    Cliquez sur l'affiche pour découvrir le programme et le jury du festival sur mon site http://inthemoodforfilmfestivals.com :

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  • L'hommage du Festival International du Film de Beaune à Kathy Bates

    LE FESTIVAL INTERNATIONAL DU FILM POLICIER DE BEAUNE RENDRA HOMMAGE A KATHY BATES

    Pour sa 5ème édition, le Festival International du Film Policier de Beaune rendra hommage à l’actrice américaine Kathy Bates, en plus de l’hommage rendu à David Lynch, deux nouvelles excellentes raisons de venir au festival cette année! Je vous propose de retrouver , ci-dessous, mes précèdents articles sur la programmation du festival.

    5ème Festival International du Film Policier de Beaune : hommage à David Lynch

     

    Chaque année, je me promets d’y aller, étant une inconditionnelle du cinéma policier (pour l’occasion retrouvez ma critique d’un grand -le plus grand?- classique du cinéma policier, en cliquant ici), ayant eu par ailleurs la chance de profiter du prédecesseur de ce festival, le Festival du Film Policier de Cognac, qui avait déjà un programme particulièrement attractif, et l’ayant par ailleurs découvert dans les circonstances exceptionnelles d’un jury de cinéphiles.

    Je n’ ai pas encore eu l’occasion de découvrir le Festival de Beaune mais, à n’en pas douter, le programme de cette année du Festival International du Film Policier de Beaune devrait être particulièrement tentant d’autant qu’on nous annonce déjà que »Après London Polar en 2012, le Festival International du Film Policier de Beaune rend hommage, pour sa cinquième édition, à deux villes emblématiques pour leur influence et leur dimension mythologique au sein du genre policier », Rome et Naples avec une thématique intitulée « Rome – Naples : Boulevard du crime ».

    Au programme également de cette édition 2013 qui se déroulera du 3 au 7 Avril 2013:

    STOKER le nouveau film de Park Chan-wook sera présenté en avant-première française durant . Bien avant sa sortie prévue en mai 2013, les festivaliers pourront découvrir le nouvel opus du génie du thriller coréen, Grand Prix du Festival de Cannes en 2003 pour OLD BOY et Prix du Jury en 2009 pour THIRST, CECI EST MON SANG. Premier long-métrage hollywoodien pour son auteur, STOKER a bénéficié des talents de la star de la série télévisée PRISON BREAK, Wentworth Miller, qui en signe le scénario. À l’affiche, les comédiennes australiennes Nicole Kidman (dont c’est la première collaboration avec un réalisateur asiatique) et Mia Wasikowska (vue dernièrement dans JANE EYRE de Cary Fukunaga et RESTLESS de Gus Van Sant).

    LE PRIX CLAUDE CHABROL

    « J’ai pour principe de ne pas trop emmerder les gens et, franchement, avec le polar, il faut vraiment être très mauvais pour les emmerder totalement. »

    Claude Chabrol

    Créé en 2011 suite à la disparition du réalisateur Claude Chabrol, le Prix Claude Chabrol récompense chaque année un film français sorti dans l’année écoulée dont les qualités cinématographiques font honneur au genre policier, en hommage à celui qui fut le « Président à vie » du Festival du Film Policier de Cognac et naturellement le premier président du Jury du Festival International du Film Policier de Beaune. Lors de la précédente édition du festival, le film PRÉSUMÉ COUPABLE de Vincent Garencq avec Philippe Torreton (qui racontait la tragédie d’Alain Marécaux, accusé à tort dans l’affaire du procès d’Outreau), avait ainsi été récompensé.

    Pour cette 5e édition du Festival International du Film Policier de Beaune, le Prix Claude Chabrol 2013 est attribué, ex-aequo, aux films 38 TÉMOINS de Lucas Belvaux et MAINS ARMÉES de Pierre Jolivet. Le Prix Claude Chabrol sera remis le samedi 6 avril à Beaune, en présence des réalisateurs Lucas Belvaux et Pierre Jolivet.

    Et, enfin, une vidéo pour vous donner envie de découvrir ce festival et vous faire redécouvrir un des maîtres du genre qui a donné son nom au prix précité:

    Pour en savoir plus, rendez-vous sur le site officiel du festival:

    www.beaunefestivalpolicier.com

  • L'affiche du Festival de Cannes 2013

    Bronx (Paris) – Paul Newman et Joanne Woodward © 1963 by Paramount Pictures Corporation and Llenroc Productions.

    Après, l’an passé, l’affiche avec Marilyn Monroe, les yeux baissés, comme une invitation douce et langoureuse au rêve, soufflant une bougie, affiche à la fois gracieuse et épurée réalisée à partir d’une photo de l’actrice faite par Otto L. Bettmann, ce sont Joanne Woodward et Paul Newman qui sont à l’honneur, sur l’affiche de cette 66ème édition, avec une photo, d'une beauté étourdissante, prise sur le tournage de « A New Kind of Love » de Melville Shavelson, et qui, cette fois nous invitent à un tourbillon de cinéma, à un désir infini de pellicule, le désir infini…comme celui (de cinéma) que suscite Cannes.

    Une affiche qui donne l’illusion du mouvement, de la profondeur, du cinéma donc. Une affiche moderne et intemporelle, d’un noir et blanc joyeusement nostalgique, paradoxale à l’image de tous ces cinémas qui se côtoient à Cannes. Une affiche qui, une fois de plus, nous donne envie de ce tourbillon de (la) vie, d’envies, de cinéma, d’envies de cinéma, un vertig(o)e (presque hitchcockien) troublant et envoûtant qu’est le Festival de Cannes et que sera indubitablement cette 66ème édition que je me réjouis de vous faire vivre prochainement ici.

    Le Festival de Cannes a accueilli le couple mythique en 1958 – année de leur mariage- en sélectionnant en Compétition Les Feux de l’été (The Long Hot Summer) de Martin Ritt, premier film qu’ils tournèrent ensemble.

    La photo de tournage a été isolée puis retravaillée et mise en scène par l’agence Bronx, qui l’a intégrée à un décor cinétique, jouant sur l’impression de mouvement et de profondeur pour renforcer l’effet cinématographique.

    «C’est pour le Festival l’occasion de rendre hommage à la mémoire de Paul Newman, disparu en 2008, et de faire un salut plein d’admiration à Joanne Woodward, sa femme et son interprète d’élection», ont déclaré les organisateurs dans le communiqué de presse. Joanne Woodward pourrait monter les marches le jour de l’ouverture…mais rien n’a été confirmé pour le moment.

    Je vous rappelle que l’ouverture du Festival aura lieu le 15 Mai avec la projection de « Gatsby le magnifique » de baz Luhrmann et que le jury sera présidé par Steven Spielberg et, enfin, que l’Inde sera le pays à l’honneur.

    Suivez le Festival de Cannes 2013 en direct sur mes différents blogs : http://inthemoodforfilmfestivals.com , http://inthemoodlemag.com , http://inthemoodforcannes.com et sur twitter (@moodforcinema , @moodforcannes , @moodforfilmfest ).

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  • Champs-Elysées Film Festival 2013

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    L’an passé avait lieu la première édition du Champs-Elysées Film Festival sur l’avenue éponyme et dont les présidents d’honneur étaient alors Michael Madsen et Lambert Wilson, un festival qui avait également (notamment) la bonne idée de permettre au public de voter parmi une sélection de longs métrages indépendants américains mais aussi de projeter des avant-premières, des films du répertoires, des films français et américains.

    Le festival avait aussi créé l’évènement avec la masterclass de l’acteur Donald Sutherland, après la projection de «Klute » d’Alan J.Pakula, fascinant film noir avec ce dernier et Jane Fonda, film pour lequel cette dernière avait obtenu l’Oscar de la meilleure actrice en 1972 mais aussi avec la masterclass de Michael Madsen, deux évènements dont vous pouvez retrouver mes vidéos en bas de cette page .

    Parmi les nombreuses avant-premières de cette édition 2012 avait été projeté ce qui était pour moi LE meilleur film de l’année 2012, le magnifique film d’Alain Resnais « Vous n’avez encore rien vu« dont vous pouvez retrouver ma critique en cliquant ici ainsi que, en cliquant là, mon article consacré aux trois films d’Alain Resnais projetés dans le cadre du festival.

    Moi qui ne cessais de répéter que manquait à Paris, ville du 7èmeart par excellence (Paris Cinéma est pour moi un ensemble de rétrospectives et avant-premières disparates et non un festival) un festival glamour et d’envergure qui puisse aussi ravir les cinéphiles, voilà un festival qui m’était destiné d’autant plus que ma 1ère participation à un jury date du Festival du Film de… Paris, sur ces mêmes Champs-Elysées, en 1998 avec, alors, un certain Sean Penn pour président. Réminiscences…

    Quel plus beau cadre pour un festival que la plus belle avenue du monde! Dans son éditorial de la 1ère édition 2012, Sophie Dulac (petite parenthèse pour vous recommander un film que cette dernière distribue qui sortira prochainement en salles que j’ai eu le plaisir de découvrir au Festival International des Jeunes Réalisateurs de Saint-Jean-de-Luz « Les Voisins de Dieu » de Meni Yaesh qui a d’ailleurs reçu le prix du meilleur réalisateur et celui du jury jeunes), la présidente du festival précisait ainsi les objectifs de ce festival « faire briller le temps d’une semaine, le cinéma français et le cinéma américain indépendant, recevoir de grandes personnalités de ce métier, proposer une cinématographie inédite, ouvrir des discussions avec des professionnels, faire une place de choix aux courts-métrages et inviter le public aux avant-premières » ! Voilà un programme qui s’annonçait réjouissant et qui le fut!

    Sans vous en dire plus pour cause de signature de clause de confidentialité, je peux vous annoncer que cette édition 2013 dont le programme sera officiellement dévoilé le 25 Avril sera particulièrement exceptionnelle et que ses invités seront particulièrement prestigieux. Réservez dès à présent votre semaine du 12 au 18 juin 2013, je vous garantis que vous ne le regretterez pas. Comment le sais-je, vous demanderez-vous. Tout simplement parce que j’aurai le plaisir et le privilège d’être partenaire du festival cette année et d’être ainsi immergée (et donc de vous immerger) dans la vie du festival. Un partenariat qui me réjouit pour toutes les raisons évoqués précédemment. En attendant, je vous recommande vivement de vous abonner à la page Facebook officielle du Festival pour être régulièrement informés de l’actualité du festival, une page à laquelle vous pouvez accéder en cliquant ici.

    L’an passé, pour la première édition, au total près de 50 films et plus de 100 séances ont eu lieu dans les cinémas qui jalonnent les Champs-Élysées.

    Le festival en ligne :

    Pour connaître toute la programmation, les horaires, les salles et suivre l’actualité du festival en direct, rendez-vous sur le site officiel :

    http://www.champselyseesfilmfestival.com

    Réseaux sociaux :

    Suivez le festival sur Twitter : @CEfilmfest http://twitter.com/CEfilmfest

    Suivez le festival sur Dailymotion : http://www.dailymotion.com/champselyseesfilmfestival

    Suivez le festival sur sa page Facebook officielle : Champs-Elysées Film Festival https://www.facebook.com/#!/champselyseesfilmfestival?fref=ts

    Mes vidéos de l’édition 2012 du Champs-Elysées Film Festival

     
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  • 39ème Festival du Cinéma Américain de Deauville en direct

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    Alors que vient de s’achever le 15ème Festival du Film Asiatique de Deauville, une édition exceptionnelle dont vous pouvez retrouver mon compte-rendu en cliquant ici, je vous donne rendez-vous à Deauville, du 30 août au 8 septembre 2013 pour la 39ème édition du Festival du Cinéma Américain de Deauville, le festival qui a exacerbé ma passion pour le cinéma, l’a transformée en doux mal incurable, le festival qui propose un savoureux et judicieux mélange de films indépendants (avec sa compétition qui, chaque année, permet de découvrir de véritables pépites) et de blockbusters, d’hommages et de conférences, un rendez-vous auquel je serai présente comme chaque année, de l’ouverture à la clôture, pour la …20ème année consécutive, a fortiori cette année puisque, en Mai prochain (au plus tôt), sortira mon 2ème roman publié à compte d’éditeur chez Numériklivres, un roman qui se déroule dans le cadre du Festival du Cinéma Américain de Deauville.

    En attendant, vous pouvez d’ores et déjà:

    -Suivre le compte twitter officiel du Festival du Cinéma Américain de Deauville: @DeauvilleUS (hashtag ou mot-dièse : #DeauvilleUS )

    -Consulter régulièrement le site officiel du Festival du Cinéma Américain de Deauville : http://www.festival-deauville.com/DEV/index.php

    -Vous abonner à la page Facebook officielle du Festival du Cinéma Américain de Deauville en cliquant ici.

    -Retrouver mon bilan du 38ème Festival du Cinéma Américain de Deauville, là : http://inthemoodforfilmfestivals.com/best-of-festival-du-cinema-americain-de-deauville-2012/

    -Savoir que vous pourrez voter pour le prix du public, une belle initiative de la Mairie de Deauville initiée pour ce 15ème Festival du Film Asiatique

    - Me suivre sur twitter ( @moodforcinema – compte principal) , @moodfdeauville , @moodforfilmfest ) et sur Facebook (http://facebook.com/inthemoodforcinema et http://facebook.com/inthemoodfordeauville ) pour être régulièrement informés de l’actualité du festival.

    -Consulter mon blog entièrement consacré aux festivals de Deauville  http://inthemoodfordeauville.com et mon site entièrement consacré aux festivals de cinéma : http://inthemoodforfilmfestivals.com

    -Réserver vos pass très tôt en amont du festival sur http://badge-cid.com

    -Consulter le site de la ville de Deauville pour préparer votre séjour : http://www.deauville.fr/FR/accueil/

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  • 15ème Festival du Film Asiatique de Deauville : bilan et palmarès

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    Alors que, depuis la fin de ce 15ème Festival du Film Asiatique, la ville de Deauville a été recouverte d’un hypnotique manteau blanc, il y a quelques jours encore un soleil, lui aussi hypnotique (certes entrecoupé de quelques averses), irradiait les planches tandis que, au CID, les spectateurs effectuaient une plongée dans la noirceur d’une société asiatique souvent oppressée par une crise décidément bel et bien mondiale, du moins pour ce qui en est des films en compétition qui ne furent pas moins passionnants justement parce qu’ils mettent en lumière cette face sombre et souvent ignorée ou en tout cas masquée par d’autres (ir)réalités.

    9 films en compétition et autant de regards, d’univers différents que de nationalités malgré cette noirceur commune et un instructif voyage dans la société, la culture et le cinéma asiatiques. Seuls, égarés, broyés par la crise, la solitude, oppressés, perdus dans la multitude, les personnages des films de cette compétition étaient tous en errance sous ou en quête d’ une identité et d’un ailleurs souvent inacessible.

    Petite parenthèse, avant de commenter le palmarès, pour vous annoncer que c’est à Deauville qui, décidément, me porte bonheur, que j’ai appris il y a quelques jours que Numériklivres publiera un autre de mes romans (probablement en mai 2013) dont je vous parle ici pour la bonne et simple raison qu’il se déroule entièrement dans le cadre du Festival du Cinéma Américain de Deauville. Je vous en dirai prochainement plus sur mes différents blogs. Je peux vous dire qu’il sera très différent du premier également publié par Numériklivres, qu'il sera plus dense et sombre, et que j’y partage aussi autant ma passion pour le cinéma, ce festival que pour Deauville. En attendant retrouvez, ici, mon interview pour Numériklivres pour le précèdent roman publié.

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    Fin de la parenthèse pour replonger dans mes souvenirs de ce Festival du Film Asiatique de Deauville qui, cette année, célèbrait sa 15ème édition et qui, une fois de plus, non seulement a révélé des cinéastes en devenir mais aussi a rendu hommage à deux grands cinéastes asiatiques : Sono Sion (qui avait été récompensée pour « Himizu » l’an passé) et Wong Kar Wai.

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    Le second, avec « The Grandmaster » (dont je vous reparlerai ultérieurement), nous a offert un film d’une beauté envoûtante, sensuelle, fascinante qui parvient à faire oublier les lacunes scénaristiques tant la mise en scène y est un langage hypnotique qui nous immerge dans son univers si singulier et éblouissant. Oui, un film éblouissant dans tous les sens du terme.

    Quant au premier, il nous a offert, en plus de sa masterclass (au cours de laquelle il a notamment parlé des cinéastes français qu’il aimait : René Clément, François Truffaut, Julien Duvivier et des poèmes qu’il écrivait dès l’âge de 22 ans, rien d’étonnant au regard de son univers, certes unique mais aussi celui d’un cinéphile poétique), le meilleur film de ce festival dont la beauté mélancolique et poétique faisait écho à celle de Deauville qui ne cessera jamais de me surprendre et ravir.

    L’an passé, en compétition, le festival avait ainsi projeté « Himizu » du même Sono Sion, film que je qualifiais alors d’une rageuse, fascinante, exaspérante et terrifiante beauté. Les premiers plans, effroyables, nous plongeaient dans le décor apocalyptique de l’après tsunami exploré par de longs travellings, mais le chaos n’était alors pas seulement visuel, c’était surtout celui qui rongeait, détruisait, étouffait les êtres ayant perdu leur identité et tout espoir.

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    Ce nouveau long-métrage de Sono Sion intitulé "The land of hope" commence de manière plutôt inattendu : d’abord par son classicisme (relatif, mais du moins pour Sono Sion, moins dans la folie et l’explosion visuelles, ici) et ensuite parce qu’il met en scène un cadre bucolique, des couleurs chatoyantes et des personnages heureux. Evidemment, cela ne va pas durer et la réalité, tragique, terrible, celle du Japon que Sono Sion, films après films, dissèque et dénonce, va ressurgir avec un tremblement de terre qui frappe alors le Japon. Il entraîne l’explosion d’une centrale nucléaire. Sans vraiment en donner la raison, le gouvernement fait évacuer les habitants à proximité de la catastrophe. La famille Ono dont la ferme est située à cheval entre la zone de danger et le périmètre de sécurité, doit choisir entre fuir et rester. Sono sion va alors suivre trois couples : un couple de vieux paysans dont la femme est malade, vraisemblablement atteinte d’Alzheimer, un jeune couple qui s’apprête à avoir un enfant et un autre couple en quête des parents de la jeune femme mais aussi d’un avenir.

    Aux scènes joyeuses du début succède un bref et effroyable vacarme puis un silence retentissant avant que la vie et l’image ne deviennent grisâtres puis avant que les couleurs « normales » ne reviennent, plus terrifiantes encore que ces couleurs grisâtres qui les ont précédées car si tout semble banal et quotidien, la menace et le danger sont là, constants, une guerre invisible. Les « autorités » (ici traitées au début comme une dictature par définition inique et intolérante) qui ne se contentent d’être que cela ne sont d’abord que des sortes de combinaisons inhumaines et sans identité. Tout est à la fois banal et singulier, paisible et agité. Comme le titre résonne (déraisonne aussi) alors comme une ironie tragique.

    Dans la beauté éclatante de chaque plan (qui n’en est alors que plus redoutablement tragique puisqu’elle n’est que le masque de cet ennemi invisible), dans son humour désenchanté (l’absurdité de cette ligne qui sépare un jardin que Tati n’aurait osé inventer et pourtant terriblement réaliste ou de ces combinaisons de protection et la paranoïa qui seraient risibles si leur existence n’était malheureusement fondée), dans sa poésie d’une beauté et d’une tristesse ravageuses, Sono Sion nous livre son cri de révolte, d’une mélancolie déchirante : révolte contre les autorités (qu’il ne cesse de dénoncer tout au long du film), révolte contre cette centrale qu’« ils » ont malgré tout construite, une telle absurdité là aussi que c’est finalement celle qui a perdu la raison qui ne cesse de la souligner.

    Sans doute Sono sion décontenancera-t-il ici ses admirateurs avec ce film plus classique que ses précédents mais, comme ses autres films, d’une beauté désenchantée, d’un romantisme désespéré (cette scène où le couple de vieux paysans danse au milieu du chaos est à la fois terriblement douce et violente, sublime et horrible, en tout cas bouleversante), d’un lyrisme et d’une poésie tragiques avec des paraboles magnifiquement dramatiques comme cet arbre -et donc la vie- qui s'embrasent mais aussi un travail sur le son d’une précision et efficacité redoutables.

    Un film porté par un cri de révolte et l’énergie du désespoir, plus efficace que n’importe quelle campagne anti-nucléaire et surtout l’œuvre d’un poète, un nouveau cri d’espoir vibrant et déchirant qui s’achève sur un seul espoir, l’amour entre deux êtres, et une lancinante litanie d’un pas, qui, comme l’Histoire, les erreurs et la détermination de l’Homme, se répètent, inlassablement. Et à nouveau, pourtant, la possibilité d’un lendemain. Malgré tout, malgré l’horreur encore là et invisible. Et Fukushima délaissée par les médias, autre fatalité qui se répète, peut-être plus terrible encore : l’oubli.

    PALMARES COMMENTE

    Remis pour la première fois cette année (au passage, une excellente initiative) LE PRIX DU PUBLIC DE LA VILLE DE DEAUVILLE a été décerné au film philippin « APPARITION » de Vincent SANDOVAL

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    Synopsis. 1971. Les sœurs du Monastère de l’Adoration mènent une existence paisible et isolée, loin de la ville de Manille. La mère supérieure Ruth dirige le lieu et accompagne ses consœurs dans leurs prières et leurs rituels quotidiens, fière de les protéger des vicissitudes du monde extérieur. La jeune Lourdes, ordonnée depuis peu, a rejoint le monastère et découvre la vie recluse. Peu de temps après son arrivée, Remy, une nonne externe, reçoit la visite inattendue de sa mère qui lui annonce la disparition de son frère activiste. En toute discrétion, Remy décide alors d’assister à des réunions de familles dont les proches ont disparus…

    Le film se situe au début de la dictature de Marcos et toute l’intelligence du récit et de la mise en scène consiste à nous la faire vivre dans un huis-clos, celui du couvent. La guerre civile est à la fois extérieure et omniprésente d’abord par des propos à travers la grille, puis par la radio et ensuite par la peur puis l’horreur qui vont s’immiscer peu à peu et finalement envahir ce havre de tranquillité trompeur pour en souiller la blancheur. Essentiellement hors-champ, la violence qui bouillonne dans ce silence n’en est que plus oppressante à l’image de celle, invisible et tacite, que sœur Lourdes subit de ses supérieures. Evidemment, tout cela nous fait songer à « Des Hommes et des Dieux » mais là où le film de Xavier Beauvois établissait le portrait magnifique de 8 hommes avec leurs doutes et leurs convictions, qui donnaient tout, y compris leur vie, pour les autres, si le film de Vincent Sandoval nous montre aussi les doutes, le portrait est beaucoup moins idyllique. Le réalisateur traque la peur, les doutes, la lâcheté par le biais d’impitoyables et saisissants gros plans. Il met la foi, le courage, l’autorité à rude épreuve et fait de ce film dans un lieu en apparence hors du temps un récit tragiquement universel sur la barbarie, la lâcheté, l’oppression. Un cri dans le silence, vibrant, notamment grâce à des interprètes exceptionnelles et une réalisation maîtrisée qui joue habilement du clair obscur, de la blancheur et de la noirceur, un défi relevé en 8 jours seulement. Un prix du public largement mérité.

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    Le jury présidé par Jérôme Clément, entouré de Djamel Bensalah, Evelyne Bouix, Julie Gayet, Michel Leclerc, Géraldine Maillet et Atiq Rahimi a décerné les prix suivants qui, je trouve, reflètent parfaitement la diversité de ce festival et récompensent des films très différents mais qui, tous, méritaient de figurer au palmarès. Je ne suis pas mécontente de l’absence de « The Weight » au palmarès qui fait partie de ces films qui, sous prétexte d’une forme (certes et incontestablement) originale se permettent un fond glauque et sordide, finalement vain, une belle imposture.

    LE LOTUS DU MEILLEUR FILM - Grand Prix a été attribué à I.D. de Kamal K.M. (Inde)

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    Après le film iranien de Morteza Farshbaf, "Querelles", l’an passé, c’est donc l’Inde qui est à l’honneur cette année pour un film loin de Bollywood auquel nous aurions tort de réduire le prolifique cinéma indien.

    Synopsis

    Charu et ses amies partagent un appartement dans l’une des tours de Mumbai. Toutes âgées d’une vingtaine d’années, elles sont venues des quatre coins du pays pour vivre dans la métropole. Un jour, un ouvrier se présente pour faire des travaux de peinture. Agacée de ne pas avoir été prévenue par ses colocataires, Charu presse le peintre d’en finir rapidement mais le retrouve quelques minutes plus tard allongé sur le sol, inconscient. Paniquée mais animée par la volonté de bien faire, elle part sillonner la ville de long en large à la recherche de la moindre information qui puisse la renseigner sur l’identité de cet homme….

    Dans une société où la multiplicité des moyens de communication, au lieu de faciliter cette dernière la complexifie voire l’annihile bien souvent, dans une société mondialisée et des réseaux sociaux où chacun veut proclamer, vulgariser son identité se pose la passionnante question de ceux qui n’en ont pas. Au lieu de nous ouvrir au monde, ces moyens de communication, souvent, enferment dans un autre et c’est justement la recherche de l’identité de cet homme mort qui va finalement conduire Charu à perdre la sienne puis, peut-être, à la (se) trouver. Entre le documentaire et la quête initiatique, la recherche de la jeune femme nous fait découvrir les différents et contrastés visages de Mumbai du centre à la périphérie jusqu’aux bidonvilles, une plongée terrifiante (avec des petites touches empruntées au cinéma d’horreur ou en tout cas à suspense) dans un monde qui grouille d’anonymes, d’inconnus, de « sans identités ». Charu se retrouve confrontée à un monde absurde, s’éloigne de plus en plus des siens pour se retrouver égarée au milieu d’une marée de visages pire qu’hostiles, inconnus, sans identités et ignorant tout de la sienne. Une plongée dans l’envers du décor de Bollywood et de l’Inde mais surtout le reflet pertinent d’une société mondialisée (et car mondialisée) individualiste. Plus encore que sa réalisation, un message tristement universel qui faisait de ce prix pour ce film intelligent une évidence pour le jury qui l’a primé à l’unanimité.

    LE LOTUS DU JURY - Le Prix du Jury ex-aequo a d’abord été attribué à FOUR STATIONS de Boonsong NAKPHOO (Thaïlande)

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    Synopsis - Des personnes en bas de l’échelle sociale vivent le long de la voie ferrée dans quatre régions différentes de la Thaïlande et se battent pour survivre. Au Nord, Tu Pu, un vieux moine, essaye tant bien que mal d’enseigner la sagesse et la maîtrise de soi aux jeunes novices. Au Centre, Too, un travailleur venu de Birmanie doit quitter son travail dans une ferme afin de retrouver sa femme et empêcher son retour prématuré dans leur pays d’origine. Au Nord-Est, Boonkong, un orphelin, fait de son mieux pour gagner la confiance de sa tante et de son mari. Au Sud, Chuan et Klaew qui vivaient en bon voisinage depuis des années ne peuvent plus se supporter...

    Dans le calme et la beauté de la nature que chaque plan exhale et exalte par le biais de plans d’une beauté et d’une tristesse mêlées époustouflantes, le temps semble suspendu mais derrière cette trompeuse sérénité (qui, finalement rappelle celle qui l’est tout autant du couvent d’ « Apparition ») se trouve un monde qui se délite, un monde en crise. Si cette sérénité contraste avec la vie qui grouille dans « ID » la détresse et la solitude sont finalement similaires. Après « Eternity » de Sivaroj Kongsakul (Grand Prix du festival en 2011), le cinéma thaïlandais prouve une nouvelle fois sa richesse mais aussi une lenteur, une vision du temps, une capacité à embrasser l’écoulement du temps et la beauté simple de la nature qui lui sont propres.

    L’autre prix du jury a été attribué à MAI RATIMA de YOO Ji-tae (Corée du Sud)

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    Le Coréen Yoo Ji-Tae venu présenter son film à Deauville comme vous le verrez dans la vidéo ci-dessous est loin d’être inconnu du grand public puisqu'il interprétait le rôle mémorable du tyrannique Lee Woo-jin dans "Old boy" de Park Chan-wook.

    "Mai Ratima" est donc son premier long-métrage. Le titre désigne une jeune femme d'origine thaïlandaise venue en Corée pour un mariage arrangé où elle est devenue le souffre-douleur de sa famille d'accueil. Alors que son beau-frère la frappe en pleine rue, un jeune homme, tout aussi perdu qu'elle, Soo-young, lui vient en aide. Ils s'enfuient ensemble et se réfugient à Séoul. Ils tombent amoureux l'un de l'autre mais la réalité va rapidement les séparer.

    Surprenant et courageux choix pour un acteur dont la vie est fort probablement à 100000 mieux de celle de ses protagonistes que de traiter cette histoire dramatiquement universelle tout comme la crise économique implicitement évoquée comme la cause de cette descente aux enfers. Ce film est à l'image de ses personnages principaux: plein de défauts et néanmoins attachant. Plein de défauts parce que Yoo Ji-tae s'amuse avec des mouvements de caméra parfois inutiles ou surlignés pour mettre en exergue l'égarement, la suffocation de Mai Ratima qu'il enferme aussi souvent dans son cadre comme elle l'est dans sa réalité sans issue, sans espoir. Plein de défauts parce que le jeu des comédiens dans les premières scènes est exagéré quand il devient plus subtil quand il se concentre sur Mai Ratima et Soo-young pour lesquels le réalisateur semble vouloir nous faire partager son empathie, et il y parvient d'ailleurs la plupart du temps. Plein de défauts encore parce qu'il ne semble pas assumer la fin (pourtant réussie) pour nous livrer un générique qui offre un dénouement alternatif mais fait finalement perdre toute sa force, redoutable, à celle qui précède. Malgré cela (et finalement à cause de tout cela), Yoo Ji-Tae parvient à nous intéresser à ses deux personnages égarés qui s'accrochent l'un à l'autre, à leur dérive désespérée, à leur déchirante séparation puis descente aux enfers. Si le titre porte le nom du personnage féminin principal, ce cas particulier n'en est pas moins universel. Tragiquement. Et c'es là toute la force de ce premier film, imparfait mais dont l'universalité peut difficilement laisser indifférent.

    Le jury de la critique composé de cinq journalistes a LE LOTUS AIR FRANCE - Prix de la Critique à TABOOR de Vahid VAKILIFAR (Iran)

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    Synopsis - Hypersensible aux ondes électromagnétiques qui l’entourent, un homme voit la température de son corps augmenter de jour en jour. Afin de se protéger, il s’est confectionné une combinaison en aluminium qu’il porte sous d’amples vêtements. Malgré son état physique, l’homme enfourche sa moto à la tombée de la nuit et rend visite à ses clients. Sa mission : désinsectiser les habitations. L’homme plonge chaque soir au coeur de la nuit, parcourant tous les recoins de cette mégapole où le temps semble arrêté, où nulle trace du tumulte de la journée ne demeure. Tout en guettant l’aube, il est confronté aux intrigues de la nuit.

    Taboor (avec le film de clôture, « Piéta » de Kim Ki Duk, dont je vous parlerai également ultérieurement, Ours d’or au dernier Festival de Berlin) est sans doute le film qui a le plus décontenancé les spectateurs qui ont quitté la salle par vagues quand « The Weight », aussi sordide soit-il, curieusement n’a pas eu le même effet. Etrange société (cf ID…) dans laquelle la lenteur, l’opacité, l’hermétisme, la singularité effraient, décontenancent, découragent et suscitent plus le rejet qu’une atmosphère et des images glauques. Le premier (long) plan est d’une beauté et d’une singularité étranges et marquantes : un homme revêt une combinaison métallique dans une roulotte tapissée d’aluminium. La scène s’étire en longueur et nous laisse le temps d’appréhender la composition de l’image, d’une fascinante étrangeté, une fascinante étrangeté qui ne cessera ensuite de croître. Tout semble rare, dans ce film : les dialogues, les personnages…et même le scénario. Malgré tout, la fascination opère pour cet univers et ce personnage entre la science-fiction et une réalité métaphorique bien sûr impossible à traiter frontalement dans un pays soumis à la censure, la surveillance et l’oppression. Tout est à la fois banal et étrange, quotidien et irréel comme cette viande qui cuit longuement filmée (et qui aura fait fuir plus d’un spectateur) qui prend soudain un tout autre sens. Un film radical et « absurde » dans un pays dont l’Etat l’est lui-même au point sans doute de ne pas se reconnaître dans cet univers carcéral, répétitif, cloisonné, oppressant, dans cette société qui étouffe, déshumanise, condamne à l’isolement, au silence, à se protéger des « radiations », d’un ennemi invisible mais bel et bien là. Le temps s’étire (longs couloirs, tunnels, longs plans fixes) quand il est dicté par une force supérieure qui « irradie », invisible et redoutable, et réduit l’être humain à être cette machine silencieuse et désincarnée. Un film qui s’achève par un plan splendide d’un homme dans la lumière qui se détache de la ville et la surplombe loin de « la violence du monde extérieure » rappelant ainsi le beau discours du réalisateur avant la projection qui avait dédié le film à son père « qui a toujours su préserver sa belle nature de la violence du monde extérieur ». Un film qui ne peut laisser indifférent, une qualité en soi. Un prix de la critique prévisible pour le film visuellement le plus inventif, opaque et radical, et malin.

     

    Prochains festivals à suivre sur mes blogs :

    -Le Festival du Film Policier de Beaune (je vous en dirai prochainement davantage)

    -Le Festival de Cannes

    -Le Champs-Elysées Film Festival dont Inthemoodforfilmfestivals.com sera partenaire

    -et…évidemment le Festival du Cinéma Américain de Deauville

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