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film - Page 43

  • Lumière! : Le DVD/Blu-ray de 114 films Lumière à (a)voir absolument!

     

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    Puisque j'ai eu le plaisir la semaine dernière de vous parler à la radio des 120 ans du Cinématographe, je ne pouvais pas ne pas évoquer à nouveau ici ce DVD indispensable, a fortiori quelques jours après cette date anniversaire. Si vous ne deviez en avoir qu'un dans votre DVDthèque, peut-être serait-ce celui-ci...

    Cela restera indéniablement un de mes plus beaux souvenirs de mes 15 années de Festival de Cannes. Quel bonheur d’entendre les spectateurs du Grand Théâtre Lumière rire éperdument devant les images des frères Lumière… 120 ans plus tard, lors de cette séance spéciale en hommage aux 120 ans du Cinématographe Lumière dans le cadre du 68ème Festival de Cannes.

    A l’occasion des 120 ans du Cinématographe, les films restaurés des Lumière ont en effet été projetés aux festivaliers, le tout avec les commentaires cinéphiliques et inénarrables de Thierry Frémaux et avec la traduction (qui l’était tout autant) de Bertrand Tavernier.

    C’est le 28 décembre 1895 qu’eut ainsi lieu la première séance de cinéma publique payante au Grand Café à Paris, Boulevard des Capucines, dans le Salon indien, quelques mois après la première projection aux scientifiques, en mars de la même année. S'y trouve aujourd'hui le café Lumière de l'hôtel Scribe. Seuls 33 spectateurs étaient présents pour assister à ce moment historique.  Le Cinématographe, machine qui permet à la fois d'enregistrer et de projeter des images, se trouve aujourd'hui à l'Institut Lumière. Ce jour-là, en donnant à un public la possibilité de voir des films sur grand écran, les frères Louis et Auguste Lumière inventaient le spectacle de cinéma moderne, dernière étape d'une longue chaîne de découvertes. Ainsi le 28 décembre dernier avons-nous célébré les 120 ans du cinéma.

    C’est un film de 93 minutes qui nous a été projeté à Cannes, en réalité un montage de 114 films restaurés réalisés par Louis Lumière et ses opérateurs entre 1895 et 1905, de la "Sortie de l’usine Lumière" , « L’Arroseur arrosé » (la première fiction de l’Histoire du cinéma) à des films aussi méconnus qu’étonnants, cocasses, maîtrisés avec, déjà, les prémisses du langage cinématographique, du gros plan au travelling, un véritable voyage qui nous a emmenés dans les origines du cinéma mais aussi sur d’autres continents et qui a suscité l’hilarité générale mais aussi l’admiration devant des films d’une qualité exceptionnelle dont chacun démontrait à quel point déjà les Lumière pratiquaient et maîtrisaient l’art de la mise en scène et qu’il s’agissait bien là de fictions et non de simples documentaires.

    Une projection cannoise que je ne souhaitais manquer sous aucun prétexte (c'est même LA projection de ce festival que je ne voulais absolument pas manquer), et à laquelle je suis arrivée in extremis,  après des péripéties dignes du plus burlesque des films Lumière mais c’est là une autre histoire…en tout cas, je ne le regrette pas car ce fut un moment de rare exultation cinéphilique, le tout en présence de nombreux « frères du cinéma » comme l’avait souligné Thierry Frémaux : Taviani, Coen, Dardenne mais aussi en présence de Claude Lanzmann et Claude Lelouch  (je vous signale au passage que, du 6 janvier au 17 février, l'Institut Lumière consacre une rétrospective à ce dernier et que vous pouvez encore voir UN+UNE actuellement en salles que je vous recommande et dont vous pouvez retrouver ma critique, ici) parmi un prestigieux parterre d’invités. Un grand moment qui prouvait une fois de plus à quel point le cinéma est un spectacle mais surtout la modernité des films des frères Lumière. Fascinant!

    Ces 114 films restaurés en 4k sont désormais visibles en DVD et Blu-ray (édités par l'Institut Lumière et France TV). Comme le dit Bertrand Tavernier "tout le monde devrait avoir ce DVD chez soi" alors vous savez ce qu'il vous reste à faire!  Vous pouvez le retrouver sur le site de l'Institut Lumière, en cliquant ici. Je précise aux esprits mal tournés que ceci n'est pas un article sponsorisé mais la simple expression d'un immense coup de cœur cinématographique...

    A lire aussi: mon compte rendu du Festival Lumière de Lyon 2014 (un festival qu'organise chaque année l'Institut Lumière de Lyon). C'est à Lyon que les frères Lumière tournèrent leur premier film "Sortie d'Usine"...là où se trouve aujourd'hui l'Institut Lumière.

  • Critique de RESPIRE de Mélanie Laurent à 20H50 sur Canal + Cinéma


     

    C’est dans le cadre du 1er Festival International du Film de Saint-Jean-de-Luz 2014 que j’ai eu le plaisir de découvrir le film dont la réalisatrice avait déjà obtenu le prix du public à Saint-Jean-de-Luz, trois ans auparavant, pour son premier long métrage en tant que réalisatrice, « Les Adoptés». Elle avait alors également reçu le prix du jury.

     Cette séance fut riche en émotions et pas seulement parce que ce fut la dernière d’un film en compétition de ce 1er Festival International du Film de Saint-Jean-de-Luz mais aussi parce que la réalisatrice avait fait le voyage, entre deux scènes avec Angelina Jolie pour qui elle tourne actuellement, pour parler (avec passion) de son film après la projection mais aussi parce que Dany Boon, alors en tournage à Saint-Jean-de-Luz du dernier film de Julie Delpy « Lolo » était présent, ce qui a donné lieu à de savoureux échanges. La vidéo (ci-dessus) de présentation du film avant la projection témoigne de la convivialité et la bonne humeur communicatives qui règnaient dans ce festival.

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    Mélanie Laurent fait partie de ceux que certains aiment détester parce qu’elle a « le malheur » d’être une jeune femme polyvalente, déterminée et talentueuse dans chacun des domaines auxquels elle s’attèle : elle chante, joue, réalise. Une artiste à part entière guidée par le désir de créer. En est une nouvelle preuve la vidéo la mettant en scène, vidéo d’une méchanceté stupide, lâche et abjecte (qui avait pour seul mérite de démontrer, si besoin était, la puissance du montage cinématographique qui peut étayer n’importe quelle démonstration et orienter n’importe quel discours) qui avait circulé en 2014 dans tous les médias qui l’ont repris comme si cela avait  valeur d’information, les mêmes médias parfois qui, lors du Festival de Cannes de la même année, avaient encensé « Respire » qui dénonce finalement cette perversité dont cette vidéo est une forme de manifestation. La société, a fortiori médiatique, avide de cynisme et de détestation, et de détruire ceux qu’elle envie ou a encensé probablement dans un moment d’égarement, n’est pas à un paradoxe près.

    Ce film qui fut aussi présenté en séance spéciale à Cannes dans le cadre de la Semaine de la Critique 2014 est aussi sans aucun doute guidé par cet désir de créer, et de dire. Mélanie Laurent portait en effet ce projet de « Respire » depuis la parution du livre dont il est la libre adaptation, un premier roman éponyme d’Anne-Sophie Brasme de 2001.

    A cet âge où tout est essentiel, à la fois dérisoire et grave, passionné et viscéral, Charlie (Joséphine Japy), une jeune fille de 17 ans rencontre Sarah (Lou de Laâge). Sarah, c’est la nouvelle du lycée, celle que tout le monde « adopte »  et adore immédiatement, celle qui fascine, éblouit. La star immédiate du lycée. Sarah va choisir Charlie. Cette rencontre va peu à peu priver Charlie de souffle, l’enfermer dans une histoire étouffante d’amitié perverse…

    Dès le premier plan, Mélanie Laurent témoigne de sa parfaite maîtrise de son sujet et de sa caméra, franchissant encore une étape après « Les Adoptés ». L’évolution est flagrante dès le début du film.  Ce premier plan nous montre des toits tristement identiques de  pavillons de province. Lui succède celui d’une adolescente qui se lève  avec, hors-champ, les cris de ses parents qui se déchirent. Le décor est planté. L’apparente tranquillité n’est qu’un leurre.  Tout peut exploser, la tranquillité peut se briser, à tout instant.

    Au lycée, en cours, Charlie apprend les excès de la passion. Il suffisait de trouver un objet à celle-ci. Ce sera Sarah.  Peu à peu l’étau va se refermer sur Charlie, sa prison dans laquelle elle va elle-même s’enfermer. Mélanie Laurent distille progressivement des indices qui témoignent de la perversité de Sarah, créant un malaise et une empathie croissantes du spectateur pour Charlie. La tension est accentuée par une caméra à l’épaule, qui ne laisse pas de répit, suggère la survenance possible d’un drame. A tout moment. Comme un serpent prêt à surgir et étouffer sa proie.

    Comme sa mère qui pardonne toujours à son père, Charlie pardonnera toujours comme aveuglée, emprisonnée dans cette pseudo-amitié, dans sa fascination. Mélanie Laurent ne lâche ni ses actrices ni le spectateur, pas une seconde, tout comme Sarah ne lâche pas Charlie grâce à la qualité et la précision de son écriture (pas de plan superflu ou vain),  la beauté froide ou lumineuse des images ( comme ces plans de bord de mer dont la luminosité contraste intelligemment avec la noirceur de ce que commence alors à vivre Charlie) et  le talent de ses deux comédiennes (sans doute aussi très bien dirigées) qui crèvent littéralement l’écran. Va  s’opérer un glissement progressif du drame social vers le thriller. Planent les ombres de Chabrol, Hitchcock, Gus Van Sant, Sofia Coppola (sans les tics parfois mode-rne-s de cette dernière) mais surtout celle d’une nouvelle cinéaste qui ne cite pas les autres mais construit sa propre filmographie et ses propres codes : Mélanie Laurent.

    Le film est aussi jalonné de moments de grâce comme lorsque les deux jeunes filles dansent sur « You and Me » de Disclosure, exacerbant encore la noirceur de ce qui suivra et le sentiment de prison sans échappatoire pour Charlie.

    Après la projection, Mélanie Laurent a raconté avoir découvert Lou de Laâge dans « J’aime regarder les filles », le magnifique premier film de Frédéric Louf qui avait révélé un autre immense comédien, Pierre Niney. Je me réjouis encore d’avoir fait partie du jury qui avait récompensé Lou de Laâge au Festival International du Film de Boulogne-Billancourt pour « Nino, une adolescence imaginaire de Nino Ferrer » de Thomas Bardinet.  Ici, elle excelle une nouvelle fois dans ce rôle de manipulatrice qui, sous des abords au départ particulièrement affables, va  se révéler venimeuse, double, perverse. Face à elle, Joséphine Japy est époustouflante, interprétant avec beaucoup de nuances, notamment grâce à d’éloquents silences, sa souffrance indicible. C’est d’autant plus impressionnant qu’une vingtaine de séquences ont été improvisées. Mélanie Laurent a ainsi passé 4 mois à travailler avec ses actrices pour seulement 6 semaines de tournage.

    Un film à la fois intemporel (Mélanie Laurent ne situe d’ailleurs pas vraiment l’intrigue dans une époque précise) et dans l’air du temps (mais qui ne cherche pas à l’être) qui peut-être en aidera certain(e)s à fuir et ne pas se laisser enfermer par ces « ami(e)s » toxiques qui, avancent masqué(e)s, séduisent tout le monde avec une habileté et une ingénuité fourbes, pour mieux  exclure la proie choisie, se l’accaparer, puis la détruire. Un film dont la brillante construction met en lumière la noirceur et la détermination destructrices de ces êtres, nous plongeant avec Charlie dans cet abyme mental en apparence inextricable.

    Un film d’une remarquable maîtrise et justesse, au parfum pernicieusement envoûtant, prenant, parfaitement maîtrisé du premier au dernier plan qui est d’une logique aussi violente qu’implacable. Le dénouement apparaît en effet finalement comme la  seule respiration et la seule issue possibles. Un film qui m’a laissée à bout de souffle, longtemps après le générique de fin.

    Et si vous n’en êtes pas encore convaincus, voici les mots de Dany Boon à la fin de la projection qui auront pour vous peut-être plus de poids que les miens : « J’ai trouvé le film très maîtrisé, incroyable. La fin est très prenante. Film bouleversant, d’une justesse incroyable, je suis très impressionné ».

     

  • Concours - A gagner: 5 X 2 places pour le documentaire JANIS d'Amy Berg et 5 Tote Bags du film

     

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    Lors du dernier Festival du Cinéma Américain de Deauville dans le cadre duquel il avait été projeté (section des Docs de l'oncle Sam) et dans le cadre duquel je l'avais découvert, je vous avais fait part de mon enthousiasme pour le documentaire d'Amy Berg consacré à la chanteuse Janis Joplin. Je vous recommande vivement de commencer votre année cinématographique 2016 par cette ode à la musique, à la liberté, à la vie, bref tout ce qui a été meurtri en 2015 et qui mérite plus que jamais d'être célébré en 2016. "Janis" figurait également parmi les films en compétition du Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule et a également été présenté à la Mostra de Venise et au Festival de Toronto.

    En partenariat avec le distributeur Happiness Distribution, j'ai donc le plaisir de permettre à cinq d'entre vous de remporter cinq places pour deux pour le découvrir en salles ainsi que cinq Tote Bags du film.

    Depuis quelques années, le Festival du Cinéma Américain de Deauville propose ainsi une belle sélection de documentaires réunis sous l’intitulé « Les Docs de l’Oncle Sam ». Cette année figuraient au programme : « Altman », « By Sidney Lumet », « Hitchcock Truffaut », « Janis », « Steve McQueen : the man and Le Mans », « This is Orson Welles », « Wolfpack». Même si j’aurais aimé tous les découvrir, il fallait bien faire des choix parmi les différentes sections du festival, le mien, pour les documentaires, s’est orienté vers « Janis » d’Amy Berg  et il s’est avéré judicieux tant ce documentaire est passionnant.

    Janis que son prénom suffit à désigner, c’est donc Janis Joplin, l’une des plus mythiques chanteuses de rock et de blues de tous les temps mais aussi une écorchée vive, forte et vulnérable, aussi sensible que sa voix était puissante. L’histoire de la courte vie d’une femme passionnée qui changea le cours de l’histoire de la musique, qui a enfreint tous les codes dans sa vie comme dans la musique, se jetant à corps perdu dans l’une comme dans l’autre. Elle décéda ainsi en 1970 à l’âge de 27 ans (le fameux « Club des 27″, l’âge auquel décédèrent les autres légendes du rock : Jim Morrison, Jimmy Hendrix, Kurt Cobain et Amy Winehouse).

    Peut-être, dans son dispositif,, un peu classique pour une femme aussi libre et iconoclaste, « Janis » repose néanmoins sur une belle idée. Celle d’une voix off qui lit des lettres que Janis avait adressées à sa famille créant ainsi une proximité avec le spectateur qui a l’impression de recueillir ses confidences, d’entendre sa voix intérieure aussi fragile que sa musique était puissante.

    Ce dispositif épistolaire permet d’esquisser un portrait plus nuancé et nous donne à voir, derrière les images enfiévrées, fascinantes, explosives, électriques, des concerts, la femme blessée, avide d’amour, à jamais complexée et surtout fragilisée par les humiliations qu’elle a subies dans son enfance.

    Bouleversante est la scène où, devenue une star, elle revient dans son ancien lycée et, où dans sa voix et son regard perdus, à fleur de peau, subsistent les bleus à l’âme de l’enfant blessée qu’elle semble alors être à nouveau et à jamais.

    Se dessine ainsi, derrière l’artiste hors normes, au talent qui transpire l’écran et nous fait frissonner d’émotion, le portrait d’une femme terriblement attachante, sensible, empathique, pétrie d’incertitudes, de manque d’amour et de confiance qu’elle tentait de noyer dans des plaisirs artificiels.

    La fin du documentaire, ce rendez-vous manqué que n’aurait osé inventer le plus audacieux des scénaristes, est absolument bouleversante et nous laissent ko avec une seule envie, entendre à nouveau sa voix immortelle, fiévreuse et incandescente.

    Concours

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    Règlement: comme le temps imparti est très court, le film sortant en salles ce 6 janvier, il vous suffira simplement d'être parmi les 5 premiers à répondre correctement aux 6 questions suivantes pour remporter vos deux places et votre Tote Bag du film. Envoyez vos réponses à inthemoodforfilmfestivals@gmail.com avec, pour intitulé de votre email, "Concours Janis" et n'oubliez pas d'indiquer votre adresse pour l'envoi des lots.

    Donnez-moi les noms des 5 (excellents) documentaires/films sur la musique ou dans lesquels la musique joue un rôle primordial dont sont extraites les images ci-dessous:

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    5.

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    6. Pour éviter les réponses automatiques: en un adjectif, un mot ou une phrase, que représente pour vous Janis Joplin?

  • Top cinéma 2015 : mes 15 films coups de coeur de l'année 2015

     

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    Pourquoi 15 films me direz-vous... Tout simplement parce que je n'ai pu me résoudre à en choisir moins même si vous pouvez voir, ci-dessus, ma première sélection de 9 films publiés sur mon compte instagram. 

     Ci-dessous vous retrouverez mes critiques de ces 15 différents films, parfois juste quelques mots, parfois de longues critiques. Une fois de plus, c'est dans le cadre du Festival de Cannes que j'ai découvert le plus de pépites cinématographiques (11 sur 15!), la preuve, une nouvelle fois, de la richesse et de la diversité de sa sélection. C'est dans un autre festival que j'ai découvert le film que j'ai décidé de placer en numéro un même si l'ordre de ce classement est assez aléatoire et fluctuant (j'avais un temps mis le numéro 11 en numéro 1...). Quelques thèmes ressortent de cette sélection comme le deuil, une année cinématographique à l'image de cette année si rude pour le monde, trop souvent endeuillé par d'effroyables événements...

    Vous pouvez aussi retrouver mon bilan de 2015 en 6 festivals de cinéma en cliquant ici.

    Demain, je vous parlerai à la radio (sur France Bleu Mayenne, à 6H, 7H, 8H et 9H) et ici de ce qui fut peut-être mon plus grand moment de cinéma 2015.

    1. VICTORIA de Sébastian Schipper
    2. LA LOI DU MARCHE de Stéphane Brizé
    3. MIA MADRE de Nanni Moretti
    4. A MOST VIOLENT YEAR de J.C Chandor...
    5.LE FILS DE SAUL de László Nemes
    6. LA TÊTE HAUTE d'Emmanuelle Bercot
    7. A PEINE J'OUVRE LES YEUX de Leyla Bouzid
    8. THE LOBSTER de Yorgos Lanthimos
    9. NOTRE PETITE SOEUR de KORE-EDA
    10. BELIERS de Grímur Hákonarson
    11. VALLEY OF LOVE de Guillaume Nicloux
    12. MOUNTAINS MAY DEPART de Jia Zhangke
    13. NOS FUTURS de Rémi Bezançon
    14.L' HOMME IRRATIONNEL de Woody Allen
    15. YOUTH de Paolo Sorrentino

    et 2 films bonus à découvrir dans l'article ci-joint...et (rectificatif de 13:01 pour ajouter un film dont je ne m'explique pas l'oubli: "L'Hemine" de Christian Vincent).

    CLIQUEZ SUR "LIRE LA SUITE" POUR CONNAÎTRE LES DETAILS DU CLASSEMENT ET LIRE MES CRITIQUES DE CHACUN DE CES FILMS CI-DESSOUS.

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  • Critique de FANNY de Daniel Auteuil ce soir à 20H55 sur France 3

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     L’adaptation d’un classique suscite toujours la méfiance surtout quand ce classique a déjà été (brillamment, en l’occurrence) adapté. Ce fut le cas récemment avec le Gatsby de Baz Luhrmann qui a réussi à nous surprendre, et agréablement, après la très belle adaptation qu’avait déjà réalisée Michael Clayton du roman de Fitzgerald. C’est aujourd’hui le cas avec « Marius », « Fanny » et, si tout va bien, prochainement, « César », adaptés par Daniel Auteuil qui ne s’est pas facilité la tâche en reprenant le rôle de César, indissociable de Raimu, tout en s’attelant aussi à la mise en scène.  Mais comme le dit lui-même Daniel Auteuil, il ne s’agissait pas de réaliser un remake mais plutôt une nouvelle adaptation des pièces de Pagnol « comme d’autres revisitent inlassablement Shakespeare, Tchekhov ou Molière. »

     Marius et Fanny sont les deux premières parties de « La Trilogie marseillaise », pièce de théâtre de Marcel Pagnol, adaptées à l’écran par Alexander Korda (« Marius » sorti en 1931) et Marc Allégret (« Fanny » en 1932). Marcel Pagnol avait participé à l’écriture du scénario de ces deux films et avait ensuite lui-même réalisé « César ».

     C’est en avant-première que j’avais eu le plaisir de découvrir « Marius » et « Fanny », deux films qui étaient sortis en salles ce même jour, le 10 juillet 2013. C’est Daniel Auteuil qui, avec beaucoup d’humilité, d’enthousiasme et de passion avait présenté la projection avant de répondre à des questions de la salle pendant une vingtaine de minutes. Membre du jury d Festival de Cannes, cette année-là, il restera pour moi éternellement le Ugolin  des films de Claude Berri pour lequel il avait obtenu le César du meilleur acteur (une autre adaptation de Pagnol) et Stéphane dans « Un cœur en hiver » de Claude Sautet (un de mes films préférés dont vous pouvez retrouver ma critique, ici, je cite souvent ce film mais si ce n’est déjà fait, voyez-le, j’espère vous en convaincre avec ma critique précitée), également inoubliable dans le méconnu « Quelques jours avec moi » de ce même Claude Sautet, et dans tant d’autres rôles. Ci-dessous, la vidéo de la rencontre avec Daniel Auteuil, malheureusement quasiment inaudible (ce dont je suis d’autant plus désolée que Daniel Auteuil a répondu avec beaucoup de sincérité et de conviction aux questions de la salle).

     

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     Daniel Auteuil aurait pu confortablement rester à attendre les rôles. Alors que nombre d’adaptations sont aujourd’hui réalisées par opportunisme (l’adaptation d’un livre a succès a forcément déjà des spectateurs garantis), il ne fait aucun doute que c’est par passion (communicative) pour Pagnol que Daniel Auteuil a décidé de s’emparer de cette célèbre trilogie, après avoir déjà adapté Pagnol en 2010 avec « La Fille du puisatier », un film par lequel j’avais été particulièrement enthousiasmée que ce soit par l’interprétation ou la mise en scène, riche de belles références.

     « Ce que je raconte c’est la trajectoire d’individus qui n’accomplissent pas leur propre vie. Et c’est une tragédie de ne pas pouvoir accomplir son propre destin et c’est ça qui me bouleverse et c’est ça que je raconte, la vie des autres. » a déclaré Daniel Auteuil.

    Le destin de Marius et Fanny, faits pour s’aimer et être heureux, est en effet sublimement tragique. L’histoire se déroule sur le Vieux-Port de Marseille, dans le Bar de la Marine tenu par César (Daniel Auteuil) et par son fils Marius (Raphaël Personnaz). Marius ne rêve que d’ailleurs, d’évasion, d’embarquer sur un des bateaux qui passent par Marseille. Fanny (Victoire Belezy), jeune  marchande de coquillages, connait et aime secrètement Marius depuis l’enfance. Marius, sans l’avouer, a toujours aimé Fanny. Seulement, le destin s’en mêle, et les désirs d’ailleurs de Marius vont les éloigner l’un de l’autre.

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    Si, miraculeusement, vous ne connaissez pas la suite, je préfère ne pas vous en dire davantage. Contrairement à celles des premières adaptations, les affiches des « Marius » et « Fanny » de Daniel Auteuil sont révèlatrices du parti pris du film en ne montrant que les deux personnages principaux, Fanny et Marius, tout comme le fait Daniel Auteuil dans ses films qui transpirent de son amour pour ces personnages beaux et simples, et tragiques, et pour ces acteurs qu’il voulait « incandescents ». Pari réussi. Le but n’est pas ici de nous faire oublier Raimu, Pierre Fresnay, Orane Demazis, (ils sont d’ailleurs inoubliables), c’est de mettre en lumière les ombres de ces personnages, de porter un nouveau regard sur eux. Gommant « le folklore », il recentre sur l’essentiel, les désirs (contrariés), et les liens entre les personnages.

    Il remet ainsi au goût du jour un cinéma populaire au sens noble du terme, celui que certains nommaient avec mépris « de qualité française » mais qui a au contraire mérité ses lettres de noblesse, un cinéma qui met en exergue la beauté des décors, des dialogues, des êtres et, souvent, la tragédie de leurs destins. Les décors m’ont d’ailleurs fait penser à ceux de Trauner dans les films du réalisme poétique. Les deux films ont ainsi été tournés en partie dans les studios de Bry-sur-Marne, mais aussi à Marseille et en région PACA.

    En centrant le film sur les personnages, avec cette atmosphère de « réalisme poétique », Daniel Auteuil met l’accent sur l’universalité et l’intemporalité des textes de Pagnol et de ce que vivent ses personnages : envie d’ailleurs, perte d’innocence, force de l’amour paternel et romantisme désespéré.

     Peut-être un peu plus statique (et par la force des choses, l’action se déroulant essentiellement au Bar de la Marine) que « La fille du puisatier », ces nouvelles versions de « Marius » et « Fanny » ne relèvent pas pour autant du théâtre filmé d’autant plus que Daniel Auteuil s’est entouré des meilleurs : Karine Charpentier pour les costumes, Jean-François Robin pour la (magnétique) photographie et Alexandre Desplat pour la musique, d’ailleurs les mêmes que pour « La Fille du puisatier ». Les scènes mythiques du cocktail et de la partie de cartes sont présentes ici. Daniel Auteuil n’a pas cherché à les éluder, ni à les copier, mais à les jouer (vivre) en toute humilité.

    Dans le rôle de Fanny, Victoire Belezy est incandescente comme le souhaitait Daniel Auteuil, d’abord d’une belle innocence puis transie  d’amour, ensuite sacrifiant son amour pour que Marius puisse réaliser son rêve, puis se sacrifiant (et sacrifiant Marius) pour son enfant et pour Panisse (il me semble d’ailleurs que Jean-Pierre Darroussin, une nouvelle fois impeccable dans ce rôle sur le fil, est plus humain et nuancé que dans la précèdente adaptation). Une Fanny qui passe de l’innocence dans « Marius » à la responsabilité dans le film éponyme. Raphaël Personnaz, fougueux, inconscient et suivant ses désirs d’ailleurs, est à nouveau irréprochable, quelques mois après le formidable « After » de Géraldine Maillet (que je vous recommande à nouveau au passage et dont vous pouvez retrouver ma critique, ici). Leurs faces-à-faces sont les plus beaux moments, certains ont même réussi à me « fendre le cœur ». L’amour et l’admiration de Daniel Auteuil pour ces acteurs et personnages transparaissent et les subliment. Quant à ce dernier, en tant qu’acteur, dans le rôle de César,  il ne fait pas et ne cherche pas à faire oublier Raimu, mais il impose sa charismatique présence dans le rôle du bon et exubérant César,  d’ailleurs plus en retenue que celui de Raimu. Signalons également Ariane Ascaride qui, en quelques scènes, impose la justesse de son jeu.

     Et puis, il y a le plaisir d’entendre ces dialogues chantants et irrésistibles teintés d’humour, de clairvoyance et de mélancolie et évidemment du talent d’auteur de Pagnol :

     « Allez, on ne meurt pas d’amour, Norine. Quelquefois, on meurt de l’amour de l’autre, quand il achète un révolver ! Mais quand on ne voit pas les gens, on les oublie… »

    “ Quand on n’a pas d’enfants, on est jaloux de ceux qui en ont et quand on en a, ils vous font devenir chèvre ! La Sainte Vierge, peuchère, elle n’en a eu qu’un et regarde un peu les ennuis qu’il lui a faits ! – Et encore, c’était un garçon ! ”

    “L’honneur c’est comme les allumettes, ça ne sert qu’une fois”

    “Au fond, voyez-vous, le chagrin, c’est comme le ver solitaire: le tout, c’est de le faire sortir. »

    3H15 de beau cinéma populaire d’un romantisme sombre illuminé par la lumière du sud aussi incandescente que les deux acteurs principaux, par l’amour immodéré de Daniel Auteuil pour les mots de Pagnol,  ses personnages et ses acteurs, flagrant, par cet hymne à l’amour, d’un père, d’une femme, et très contemporain en ce qu’il n’est pas forcément affaire de liens du sang, et par leurs sacrifices, toujours aussi bouleversants, bien que nous les connaissions par coeur. Une histoire d’amour(s) éternelle, intemporelle, universelle, parfaite pour cet été. Un cinéma que certains jugeront sans doute trop « classique » mais quand le classicisme a pour but de rendre (joliment) hommage à Pagnol, je l’aime et le revendique.  Vivement « César » !

     

  • Concours - 9x2 invitations à gagner pour MON MAÎTRE D'ECOLE d'Emilie Thérond

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    ©2015 B2Films-D8films

     

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    ©2015 B2Films-D8films

    En novembre dernier, j'ai découvert ce documentaire dans le cadre de l'excellent Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule dans le compte rendu duquel je vous avais fait part de mon enthousiasme pour celui-ci. En partenariat avec Disney, je suis donc ravie de vous permettre de le découvrir en salles à votre tour. Le film sort ainsi en salles le 13 janvier 2015.

    Ce documentaire est avant tout un portrait d’humaniste et de pédagogue, celui que réalise Emilie Thérond de son ancien instituteur, un documentaire produit par François-Xavier Demaison (que vous pouvez entendre dans ma vidéo enregistrée dans le cadre du festival que vous retrouverez plus bas dans cet article, je suis désolée pour la très mauvaise qualité de l’image, la salle était plongée dans la pénombre).

    Cette école et ce maître-là, nous aurions tous rêvé de les avoir. L’homme est passionné par son métier, attachant, iconoclaste et l’école devient une sorte d’Eden où les élèves apprennent tout en s’épanouissant. Tout cela semble tellement idyllique qu’on peine à croire qu’il est réel et l’émotion nous envahit à l’idée que cet homme ne puisse plus enseigner et transmettre, du moins plus au sein de l'école.

    Ajoutez à cela la musique enchanteresse de Yodelice (dont vous connaissez forcément le « Talk to me » des « Petits mouchoirs ») et vous obtiendrez une bouffée de fraîcheur et d’optimisme, un documentaire plein de tendresse sur un homme attachant que je vous recommande de voir a fortiori en cette période bien sombre pour l'actualité où l'éducation et l'enseignement sont plus que jamais cruciaux. Une leçon de vie et d'humanité aussi chatoyante et chaleureuse que l'instituteur qui les dispense.

    Synopsis officiel: « A St Just-et-Vacquière, un village de 250 habitants perdu dans la garrigue, Jean-Michel Burel, est l’instituteur d’une classe unique, qui regroupe tous les niveaux de l’école primaire. Il en est le maître d’école depuis 1972 et y enseigne la tolérance, la sagesse au même titre que l'orthographe et les mathématiques. Il s’évertue à soutenir les élèves pour leur donner confiance et les élever plus haut.
    Après 40 ans d’enseignement au même endroit et d’amour pour ses élèves, Jean-Michel Burel commence sa dernière année scolaire avant la retraite.
    Il lui reste quelques mois pour dire adieu à ses «petits», quelques mois pour transmettre sa passion de l’éducation.
    Comment va-t-il vivre cette dernière année et supporter le compte à rebours jusqu’à son dernier jour de classe ?
    À travers les yeux d’une ancienne élève, aujourd’hui réalisatrice, se dessine une école intemporelle où la rigueur se conjugue avec la bonne humeur, une école où la liberté commence avec le respect de celle des autres.
    Une école qui appartient à tous et au domaine universel de l’enfance. »

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    ©2015 B2Films-D8films

    CONCOURS:

    C'est très simple: pour figurer parmi les heureux lauréats, soyez parmi les 9 premiers à me donner les titres des films dont figurent les images ci-dessous et qui tous mettent en scène des enfants et n'oubliez pas la question 4 qui concerne le film.

    Envoyez vos réponses à inthemoodforfilmfestivals@gmail.com en n'oubliant pas de spécifier vos coordonnées avec, pour intitulé de votre email, "Concours Le Maître d'Ecole".

    1.

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    2.

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    3.

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    4. Dans quel département se situe le village où enseigne le "maître d'école"?

  • Critique de A MOST VIOLENT YEAR de J.C Chandor à 20H55 sur Canal plus

    Ce film figure dans mon top de l'année 2015 alors ne le manquez surtout pas!

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    New York. L’hiver 1981. 1981 : l’année la plus violente qu’ait connue la ville. Abel Morales (Oscar Isaac), immigré mexicain, dévoré par l’ambition est un entrepreneur qui tente de réussir dans le milieu du pétrole, à NewYork. Il veut réaliser son American dream sans renoncer à son intégrité…et ce n’est pas une mince affaire :  ses camions sont régulièrement attaqués et leurs chargements en fioul volés, un procureur obstiné et tout aussi ambitieux enquête sur lui le soupçonnant d’escroqueries et fraudes, une menace semble constamment planer sur lui et les siens, et sa femme (Jessica Chastain) veut l’aider à sa manière (elle est la fille d’un truand de Brooklyn dont elle ne renie pas totalement les méthodes). « J’ai toujours choisi le droit chemin » s’obstine pourtant à dire Abel.

    L’homme intègre, à l’ambition carnassière, face à la société corrompue et violente. La femme fatale. L’atmosphère, entre blancheur (la neige est omniprésente) et noirceur (New York est une ville gangrénée par la violence et qui semble sur le déclin). Tous les ingrédients d’un film noir. Ou d’un grand roman. Du Balzac, du Hugo ou du Maupassant peut-être. En tout cas, J.C Chandor a un talent rare pour décrire, en quelques plans, un univers, un personnage, une atmosphère et, surtout, pour instaurer une tension dès les premières secondes, avant même le générique. Abel avec son pardessus ostentatoirement chic, comme une parure de sa réussite autoproclamée. Abel qui refuse de parler espagnol et ne veut parler que la langue de ce pays dont il se rêve en symbole de réussite. Abel constamment en mouvement et isolé.

     Dès le pré-générique, tout est dit. L’homme qui fait son jogging. Abel. Acteur de son destin. Persévérant. Déterminé. Fonceur. Seul. Pendant ce temps, un autre homme au volant de son camion. Il semble insouciant, joyeux. Cela ne saurait durer. A la radio des nouvelles, sombres, de l’actualité. La violence est là, latente. La menace plane, déjà. La tension est déjà là, et le sera toujours, jusqu’à l’ultime seconde ou culminant lors de scènes, magistrales, prenantes : une course-poursuite, un homme amené à la police dans la neige, Abel qui vient défier ses concurrents dans une scène qui ressemble à du Scorsese. Et la ville de New York, tentaculaire, menaçante, périlleuse.

    Dans « All is lost » précédent film de J.C Chandor, Robert Redford, était seul. Seul face à la folle et splendide violence des éléments. Seul face à nous. Seul face à lui-même. Seul face à l’Océan Indien à perte de vue. Seul face à la force des éléments et face à ses propres faiblesses. Seul face à la nature. Cela aurait pu être ennuyeux…et c’était passionnant, palpitant, terrifiant, sublime, et parfois tout cela à la fois. Avec Redford c’était toute une mythologie, cinématographique, américaine, qui était malmenée, bousculée, et qui tentait de résister envers et contre tout, de trouver une solution jusqu’à l’ultime seconde. Symbole d’une Amérique soumise à des vents contraires, au fracas de la nature et de la réalité, et qui tentait de résister, malgré tout. Ici, de même, Abel symbolise lui aussi l’American dream, et est lui aussi seul contre tous, tentant de résister à un autre fracas de la réalité, de la corruption.

     Certains plans, dans « All is lost » étaient d’une beauté à couper le souffle : requins en contre-plongée qui semblaient danser,  défier et accompagner  Redford, fin qui mélangeait les éléments, l’eau et le feu, le rêve et la réalité ou encore  le plan de cette lune braquée sur lui comme un projecteur. Dans « A most violent year » la composition de chaque image, sans atteindre le lyrisme de « All is lost », force l’admiration et concourt à cette atmosphère mélancolique, constamment à la frontière du dérapage, du drame, flirtant avec le thriller. La neige qui coupe le souffle, procure cette sensation d’inconfort, renforce ce sentiment d’isolement, d’atmosphère sombre, glaciale, le sentiment de menace.

    Il y a du James Gray et une forte influence des grands auteurs du cinéma américain dans ce « A most violent year », mais surtout, en étant seulement à son troisième film, J.C Chandor semble construire un univers, fait preuve d’un talent rare et d’un style qui a certes digéré beaucoup d’influences mais bien à lui. Sans compter cette façon, sans grosses ficelles hollywoodiennes, sans grandiloquence, mais avec beaucoup de subtilité et d’intelligence dans l’écriture et la mise en scène,  de  nous tenir en haleine de la première à la dernière seconde avec un sujet a priori rébarbatif, de créer un film palpitant qui a « une gueule d’atmosphère », de collaborer avec des acteurs à la hauteur de son propre talent (Chastain et Isaac dévorent littéralement la pellicule et forment un couple fascinant, troublant, magnétique). Un grand film qui l’est d’autant plus qu’il avance avec modestie jusqu’à cette fin, face à New York, offerte aux ambitions et qui semble défier l’intégrité mise à mal de ceux qui sont avides de la conquérir. Brillant.  Vivement le prochain film de J.C Chandor !