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film - Page 69

  • Prix Lumières 2013 : les nominations complètes

    Cliquez sur l'affiche ci-dessous pour retrouver les nominations aux prix Lumières 2013 sur mon blog http://inthemoodforfilmfestivals.com avec de très belles surprises...

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  • Critique d' "Agora" d'Alejandro Amenabar, ce soir, à 20H45, sur Ciné plus Emotion

     

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    Ci-dessous retrouvez ma critique d'"Agora"écrite lors de la sortie du film et l'interview du réalisateur réalisée également lors de la sortie du film.

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    Agora nous ramène 1600 ans en arrière, au IVème siècle après Jésus-Christ alors que l'Egypte est sous domination romaine. A Alexandrie, la révolte des Chrétiens gronde alors. C'est là que vit la brillante astronome Hypatie (Rachel Weisz), réfugiée dans La Grande Bibliothèque, menacée par la colère des insurgés. Avec ses disciples elle tente de préserver les connaissances accumulées depuis des siècles. Parmi ceux-ci, deux hommes qui se disputent son amour : Oreste et le jeune esclave Davus (Max Minghella), déchiré entre ses sentiments et la perspective d'être affranchi s'il accepte de rejoindre les Chrétiens de plus en plus puissants...

    « Agora » est avant tout un film qui ne cède à aucune mode, à aucune facilité didactique, à aucune banalité démagogique. Et c'est d'abord ce qui m'a séduite, cette exigence que certains ont analysée comme de la froideur. Cette rigueur presque scientifique comme si la personnalité d'Hypatie se reflétait dans la forme du film qui, comme elle, possède aussi une noblesse, une force, une grandeur admirables. Cette volonté de ne pas tout simplifier pour rendre le film plus accessible ou sympathique. Et avec raison puisque le film a cette année connu un énorme succès en Espagne où il pourrait même devenir le plus gros succès de tous les temps, ce qui est d'ailleurs rassurant sur les goûts du public que l'on tend trop souvent à infantiliser ou mépriser, même si une partie du public a aussi été attirée par la polémique (le film ayant révolté certains conservateurs, en raison de l'image du christianisme qui y est donnée).

    Mais n'allez pas croire qu'il s'agit d'un film hermétique et dénué de tout sentiment. Au contraire, la rareté des scènes où les sentiments s'expriment en renforce encore la majesté qui culmine dans le dénouement d'une beauté tragique et sublime, cruelle et sacrificielle, crue et poétique. Alliance et opposition des paradoxes comme l'est ce film tout entier. Entre science et religion. Savoir et intolérance. Réflexion et sentiment. Raison et passion. Liberté et enfermement.

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    Amenabar a aussi eu l'excellente idée d'appliquer à la forme le thème du cycle, symbole des travaux d'astronomie d'Hypatie mais aussi du cycle historique et des meurtrières intolérances qui se répètent inlassablement. Sa caméra prend aussi du recul sur les évènements comme un journal télévisé, ou comme si des extraterrestres ou un mystérieux démiurge (sous le fallacieux prétexte duquel toutes ces Hommes se battent, usent et abusent de leur violence) les observait.

    « Agora » est ainsi aussi une condamnation des extrémismes et en nous parlant de l'Egypte il évoque évidemment notre société avec d'ailleurs un remarquable souci d'équité (entre Païens, Juifs et Chrétiens) et avec la volonté de dénoncer avec la même force l'absurdité des extrémismes religieux, les opprimés d'hier devenant les oppresseurs d'aujourd'hui. L'Agora c'est le lieu où les Hommes devraient s'écouter, se comprendre mais où ils s'enferment dans leurs croyances et leurs intolérances obstinées.

    Grâce à un habile contraste de couleurs dans les tenues vestimentaires des défenseurs des différentes religions, Amenabar rend limpide un récit qui aurait rapidement pu être opaque et ennuyeux. Il n'en est rien, je n'ai pas vu passer les 2H que dure le film (une durée raccourcie après la projection cannoise.) La mise en scène y est évidemment pour beaucoup.

    Avec ce film sur la nécessité des Hommes (parfois meurtrière) de croire, Amenabar nous donne envie de croire encore davantage en la force inépuisable de conviction du cinéma.

    Et puis il y a Alexandrie, majestueusement reconstituée, ville monumentale et décadente mais surtout fascinante dans laquelle déambule une foule réelle et non créée par ordinateur, ce qui accroît l'impression de réalisme et d'actualité malgré les siècles qui nous séparent de l'époque de cette histoire.

    C'est enfin un magnifique portrait de femme, celui d'une femme libre et fière qui voulait vivre comme un homme, qui risqua se vie pour des idéaux et dans ce rôle Rachel Weisz est absolument impeccable.

    Cette fois Amenabar n'a pas signé lui-même la musique qu'il a laissée aux soins de Dario Marianelli.

    « Agora » est donc un prodigieux mélange de rigueur scientifique et de souffle épique, d'auscultation de douleurs intimes dans un décor spectaculaire, une fresque ambitieuse qui nous fait voyager dans le temps et dans l'espace, qui apporte de la contemporanéité au péplum.

    Amenabar (à partir d'un scénario coécrit avec Mateo Gil), avec ce cinquième long métrage, explore ainsi encore une nouvelle facette de son talent avec un film qui a la beauté intense du visage de Rachel Weisz et celle, ténébreuse et hantée de contradictions, de Max Minghella. Un film qui est aussi une irréfutable démonstration de l'absurdité des extrémismes religieux, du prosélytisme et de l'interprétation extrémiste des textes, quelle que soit la religion qu'ils sous-tendent.

    Un film brillant et éclairant. Rigoureux et intense. Un miroir implacable d'une société qui, dans ce domaine de l'intolérance religieuse, n'a finalement pas su évoluer en...1600 ans, ni tirer les leçons des cruautés et violences du passé !

     

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    Interview- Rencontre avec Alejandro Amenabar

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    Il y a des jours où m(l)a vie ressemble vraiment à du cinéma et je crois que si j'accumulais les troublants hasards et coïncidences -que Lelouch même n'oserait inventer- rien que de cette année, et les moments surréalistes et irréels, je pourrais en faire un film (même comique parfois, souvent). J'étais donc en train de penser à une très récente étrange coïncidence, tandis que dehors Paris était pétrifiée par l'air glacial sous un ciel mensongèrement bleutée, lorsque mon adorable chauffeuse de taxi qui, pendant tout le trajet, s'était déhanchée sur la musique à tue-tête de son autoradio (notamment un Guantanamera insolemment ensoleillé) -qui coïncidait avec mon humeur joviale-, tenant son volant par intermittence quand elle se souvenait que c'était quand même plus pratique pour conduire -ce qui coïncidait avec mon humeur inconsciente- quand la musique de Yann Tiersen pour le film « Le Fabuleux destin d'Amélie Poulain » retentit dans le taxi et que, au même moment, ma chauffeuse me laissa, à Montmartre dans la rue même où avait eu lieu le tournage du film( encore une petite coïncidence donc) , à deux pas de l'hôtel particulier où avait lieu l'interview. Enfin un hôtel particulier...disons un endroit auquel on accède après un dédale, tamisé et presque inquiétant (un décor pour le film d'horreur qu'Amenabar projetterait de tourner ?). Amenabar, justement, revenons-y. Malgré le froid et l'heure matinale mes neurones parvinrent tout de même à décompter -seulement- 4 personnes (2 blogueurs, enfin-euses- et 2 journalistes) au lieu des 10 initialement prévues, de quoi accentuer le caractère, intime, privilégiée de cette belle rencontre dont voici un résumé . Après que cette immense assemblée se soit présentée, et qu'Alejandro Amenabar nous ait poliment salués puis tout aussi poliment et stoïquement écoutés, le jeu des questions réponses pouvait débuter.

    Sur la genèse du projet, Alejandro Amenabar a d'abord évoqué son intérêt pour l'astronomie. Il a d'abord pensé à réaliser un film qui aurait retracé 20 siècles d'Histoire de l'astronomie. Quand il s'est aperçu que le projet aurait une envergure énorme, il s'est ensuite concentré sur le personnage d'Hypatie sans laisser de côté la cosmologie. Il a donc choisi ce lieu où régnait une ambiance d'hystérie collective où chacun essayait d'imposer ses idées par la force. Mais dans cette planète il devait bien exister un lieu où la diversité serait possible, ce lieu s'appelant l'Agora. Les changements dans le film concernent ainsi autant l'espace que le temps.

    Concernant le budget, et le grand nombre de figurants, il a fait comme avec ses premiers films en « essayant d'optimiser les ressources et de faire le maximum avec les moyens » dont il disposait. Il s'y est ainsi pris de la même manière que pour son premier film à 700000 euros alors que le budget d' « Agora » était supérieur à 50 millions de dollars. Financer le film n'a ainsi pas été facile et ensuite il a fallu faire coïncider cet énorme budget avec la liberté créatrice absolue qu'il souhaitait avoir. Il fallait aussi concilier ceux qui avaient beaucoup d'expérience avec ceux qui en avaient moins.

    Il aspirait avant tout à montrer une partie de l'Histoire du christianisme jamais montrée mais il a essayé de montrer toutes les religions sur le même plan.

    A ma question sur le point commun entre ses films qui pourrait être le thème de l'enfermement (physique ou moral) il a répondu que pour lui le point commun était de faire en sorte, avant tout, que ses personnages soient confrontés à un dilemme. Dans « Mar Adentro » et dans « Agora » « les héros ne sont ainsi pas ceux qui se servent d'une épée mais qui se servent de leurs têtes. »

    A la question sur le lieu qui selon lui aujourd'hui ressemblerait à l'Agora, Alejandro Amenabar a répondu... internet ajoutant que le film en lui-même était d'ailleurs une agora symbolique avec des Juifs et des Musulmans, et beaucoup de nationalités différentes.

    Concernant la musique, lorsqu'il a fini la musique pour « Mar Adentro », il s'est dit que cela avait été une expérience très gratifiante et qu'il serait bien de laisser ce rôle à d'autres pour les prochains films.

    Concernant le style de films vers lequel il souhaiterait aller, il ne pense pas qu'il fera un drame historique dans l'Empire romain mais qu'il changera de genre encore une fois. Pour lui l'important est de « se sentir libre. »

    Concernant le choix de Rachel Weisz, il le justifie par son talent, sa beauté, par ses traits méditerranéens qu'il fallait pour le personnage. Par ailleurs elle est diplômée et il s'est dit qu'elle serait touchée par le personnage.

    Pour lui, Agora est clairement un film féministe.

    Concernant ce en quoi lui croit, il a répondu « croire en l'être humain ». Ce qu'il voulait dire avant tout dans ce film : « ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu'on te fasse » et pour lui cela réside dans le bon sens et non dans les 10 commandements chrétiens.

    Concernant les débuts de sa passion pour le cinéma il croyait qu'elle était venue tardivement mais en fait il a réalisé que sa passion existait depuis très longtemps. Il aimait ainsi écrire, lire, faire de la musique et réunir tout ça il a réalisé que cela constituait un film.

    Concernant ses coups de cœur cinématographiques de l'année, après un temps de réflexion, il a cité « The reader » et « Doubt».

    Concernant le choix de Michael Lonsdale, il l'a qualifié d' « homme très spécial » avec « un côté intellectuel utile pour incarner le personnage ». Pendant le tournage il a ainsi constaté son « calme très professionnel » ajoutant qu'au début il croyait qu'il ne l'aimait pas mais que la maquilleuse l'a rassurée sur ce point.

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  • Palmarès du Festival International du Film de Marrakech 2012

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  • Palmarès du 3ème Festival International du Film de Pau

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  • Critique de "Black swan" de Darren Aronofsky, ce 9 décembre 2012, à 20H45, sur Canal plus cinéma

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    Ce soir, ne manquez pas ce vrai choc cinématographique, un tourbillon fiévreux dont vous ne ressortirez pas indemnes.

    Nina (Natalie Portman) est ballerine au sein du très prestigieux New York City Ballet. Elle (dé)voue sa vie à la danse et partage son existence entre la danse et sa vie avec sa mère Erica (Barbara Hershey), une ancienne danseuse. Lorsque Thomas Leroy (Vincent Cassel), le directeur artistique de la troupe, décide de remplacer la danseuse étoile Beth Mcintyre (Winona Ryder) pour leur nouveau spectacle « Le Lac des cygnes », Nina se bat pour obtenir le rôle. Le choix de Thomas s’oriente vers Nina même si une autre danseuse, Lily, l’impressionne également beaucoup, Nina aussi sur qui elle exerce à la fois répulsion et fascination. Pour « Le Lac des cygnes », il faut une danseuse qui puisse jouer le Cygne blanc, symbole d’innocence et de grâce, et le Cygne noir, qui symbolise la ruse et la sensualité. Nina en plus de l’incarner EST le cygne blanc mais le cygne noir va peu à peu déteindre sur elle et révéler sa face la plus sombre.

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    « Black swan » n’est pas forcément un film d’emblée aimable (ce qui, pour moi, est une grande qualité quand les synopsis des films ressemblent trop souvent à des arguments marketing) : il se confond ainsi avec son sujet, exerçant tout d’abord sur le spectateur un mélange de répulsion et de fascination, entrelaçant le noir et le blanc, la lumière (de la scène ou de la beauté du spectacle, celle du jour étant quasiment absente) et l’obscurité, le vice et l’innocence mais le talent de cinéaste d’Aronofsky, rusé comme un cygne noir, et de son interprète principale, sont tels que vous êtes peu à peu happés, le souffle suspendu comme devant un pas de danse époustouflant.

    « Black swan » à l’image de l’histoire qu’il conte (le verbe conter n’est d’ailleurs pas ici innocent puisqu’il s’agit ici d’un conte, certes funèbre) est un film gigogne, double et même multiple. Jeu de miroirs entre le ballet que Thomas met en scène et le ballet cinématographique d’Aronofsky. Entre le rôle de Nina dans le lac des cygnes et son existence personnelle. Les personnages sont ainsi à la fois doubles et duals : Nina que sa quête de perfection aliène mais aussi sa mère qui la pousse et la jalouse tout à la fois ou encore Thomas pour qui, tel un Machiavel de l’art, la fin justifie les moyens.

    Aronofsky ne nous « conte » donc pas une seule histoire mais plusieurs histoires dont le but est une quête d’un idéal de beauté et de perfection. La quête de perfection obsessionnelle pour laquelle Nina se donne corps et âme et se consume jusqu’à l’apothéose qui, là encore, se confond avec le film qui s’achève sur un final déchirant de beauté violente et vertigineuse, saisissant d’émotion.

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    Par une sorte de mise en abyme, le combat (qui rappelle celui de « The Wrestler ») de Nina est aussi celui du cinéaste qui nous embarque dans cette danse obscure et majestueuse, dans son art (cinématographique) qui dévore et illumine (certes de sa noirceur) l’écran comme la danse et son rôle dévorent Nina. L’art, du cinéma ou du ballet, qui nécessite l'un et l'autre des sacrifices. Le fond et la forme s’enlacent alors pour donner cette fin enivrante d’une force poignante à l’image du combat que se livrent la maîtrise et l’abandon, l’innocence et le vice.

    Quel talent fallait-il pour se montrer à la hauteur de la musique de Tchaïkovski (qui décidément inspire ces derniers temps les plus belles scènes du cinéma après « Des hommes et des dieux ») pour nous faire oublier que nous sommes au cinéma, dans une sorte de confusion fascinante entre les deux spectacles, entre le ballet cinématographique et celui dans lequel joue Nina. Confusion encore, cette fois d’une ironie cruelle, entre l'actrice Winona Ryder et son rôle de danseuse qui a fait son temps. Tout comme, aussi, Nina confond sa réalité et la réalité, l’art sur scène et sur l’écran se confondent et brouillent brillamment nos repères. Cinéma et danse perdent leur identité pour en former une nouvelle. Tout comme aussi la musique de Clint Mansell se mêle à celle de Tchaïkovski pour forger une nouvelle identité musicale.

    La caméra à l’épaule nous propulse dans ce voyage intérieur au plus près de Nina et nous emporte dans son tourbillon. L’art va révéler une nouvelle Nina, la faire grandir, mais surtout réveiller ses (res)sentiments et transformer la petite fille vêtue de rose et de blanc en un vrai cygne noir incarné par une Natalie Portman absolument incroyable, successivement touchante et effrayante, innocente et sensuelle, qui réalise là non seulement une véritable prouesse physique (surtout sachant qu’elle a réalisé 90% des scènes dansées !) mais surtout la prouesse d’incarner deux personnes (au moins...) en une seule et qui mérite indéniablement un Oscar.

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    Un film aux multiples reflets et d’une beauté folle, au propre comme au figuré, grâce à la virtuosité de la mise en scène et de l’interprétation et d’un jeu de miroirs et mise(s) en abyme. Une expérience sensorielle, une danse funèbre et lyrique, un conte obscur redoutablement grisant et fascinant, sensuel et oppressant dont la beauté hypnotique nous fait perdre (à nous aussi) un instant le contact avec la réalité pour atteindre la grâce et le vertige.

    Plus qu’un film, une expérience à voir et à vivre impérativement (et qui en cela m’a fait penser à un film certes a priori très différent mais similaire dans ses effets : « L’Enfer » d’Henri-Georges Clouzot) et à côté duquel le « Somewhere » de Sofia Coppola qui lui a ravi le lion d’or à Venise apparaît pourtant bien fade et consensuel...

     

     

     

     

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  • Critique de "Tess" de Roman Polanski à l'occasion de la sortie de la version restaurée

    Aujourd'hui, vous pourrez avoir le plaisir de (re)voir "Tess" de Roman Polanski en salles à l'occasion de sa ressortie en version restaurée, version dans laquelle le film a été projeté au dernier Festival de Cannes.

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    Chaque année, les projections cannoises de classiques du cinéma dans le cadre de Cannes Classics sont l’occasion de revoir de grands films, voire des chefs d’œuvre, mais aussi l’occasion de grands moments d’émotion, l’histoire du cinéma côtoyant le présent du Festival de Cannes, et cinéma et réalité se rejoignant et se confondant même parfois dans ce tourbillon d’émotions. Ce fut ainsi le cas avec la projection en version restaurée du « Guépard », il y a deux ans.

     

    Depuis 2004, le Festival de Cannes présente ainsi des films anciens et des chefs-d’œuvre de l’histoire du cinéma dans des copies restaurées. La plupart des films sélectionnés sont projetés dans le Palais des Festivals, salle Buñuel ou salle du Soixantième, en présence de ceux qui ont restauré ces films et, parfois, de ceux qui les ont réalisés.

     

    Cette année, Pathé a ainsi présenté « Tess », le film de Roman Polanski sorti en 1979 ( durée de 171 minutes), dans une restauration qu’il a lui-même supervisée, il s’est dit « épaté » par le travail des laboratoires. Cette projection se déroulera en présence de Roman Polanski et de Nastassja Kinski. Une restauration Pathé, exécutée par Éclair Group pour la partie image et Le Diapason pour la partie sonore.

     

     

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    Photographie Bernard Prim – Collection Fondation Jérôme Seydoux-Pathé

     

    ©1979 PATHE PRODUCTION – TIMOTHY BURRILL PRODUCTIONS LIMITED

     

    Dans l’Angleterre du XIXème siècle, un paysan du Dorset, John Durbeyfield (John Collin) apprend par le vaniteux pasteur Tringham qu’il est le dernier descendant d’une grande famille d’aristocrates. Songeant au profit qu’il pourrait tirer de cette noblesse perdue, Durbeyfield envoie sa fille aînée, Tess (Nastassja Kinski), se réclamer de cette parenté chez la riche famille d’Urberville. C’est le jeune et arrogant Alec d’Urberville (Leigh Lawson) qui la reçoit. Immédiatement charmée par « sa délicieuse cousine » et par sa beauté, il propose de l’employer, s’obstinant ensuite à la séduire. Il finit par abuser d’elle. Enceinte, elle retourne chez ses parents. L’enfant meurt peu de temps après sa naissance. Pour fuir son destin et sa réputation, Tess s’enfuit de son village. Elle trouve un emploi dans une ferme où personne ne connaît son histoire. C’est là qu’elle rencontre le fils du pasteur : Angel Clare (Peter Firth). Il tombe éperdument amoureux d’elle mais le destin va continuer à s’acharner et le bonheur pour Tess à jamais être impossible.

     

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    Photographie Bernard Prim – Collection Fondation Jérôme Seydoux-Pathé

     

    ©1979 PATHE PRODUCTION – TIMOTHY BURRILL PRODUCTIONS LIMITED

     

    Roman Polanski étant, à l’époque du tournage, accusé de viol sur mineur aux États-Unis et étant alors menacé d’extradition depuis l’Angleterre, bien que le film se déroule en Angleterre, il a été tourné en France : en Normandie, (Cap de la Hague, près de Cherbourg), mais aussi en Bretagne, à Locronan (Finistère), au Leslay (Côtes-d’Armor), au Château de Beaumanoir, et enfin à Condette , dans le Pas-de-Calais). Quant au site mégalithique de Stonehenge, il été reconstitué dans une campagne en Seine-et-Marne.

     

    Le film est dédié à Sharon Tate. La mention « To Sharon » figure ainsi au début du film. Celle-ci, avant d’être assassinée en 1969 par Charles Manson avec l’enfant qu’elle portait, avait ainsi laissé sur son chevet un exemplaire du roman de Thomas Hardy « Tess d’Urberville», dont le film est l’adaptation, avec un mot disant qu’il ferait un bon film.

     

    « Tess d’Urberville » dont le sous-titre est « Une femme pure, fidèlement présentée par Thomas Hardy » est un roman publié par épisodes à partir de 1891, dans divers journaux et revues. Son adaptation était donc un véritable défi d’autant que jusqu’alors Roman Polanski n’avait pas encore signé de film d’amour.

     

    Deux adaptations cinématographiques, toutes deux intitulées « Tess Of d’Urbervilles » avaient déjà été tournées, l’une mise en scène en 1913 par J. Searle Dawley et l’autre par Marshall Neilan en 1924. David O. Selznik en racheta les droits mais il fallut attendre Claude Berri qui racheta les droits à son tour avant que l’œuvre ne tombe dans le domaine public, pour que le film puisse enfin voir le jour.

     

    Polanski a entièrement réussi ce défi et nous le comprenons dès le début qui nous plonge d’emblée dans l’atmosphère du XIXème siècle, un impressionnant plan séquence qui semble déjà faire peser le sceau de la fatalité sur la tête de la jeune Tess. Tandis qu’arrive un cortège de jeunes filles au sein duquel elle se trouve, tandis qu’est planté le décor mélancolique sous un soleil d’été, tandis qu’est présentée l’innocence de la jeune Tess, le pasteur vaniteux croise son père et lui annonce la nouvelle (celle de son ascendance noble) qui fera basculer son destin. C’est aussi là qu’elle verra Angel pour la première fois. Toute sa destinée est contenue dans ce premier plan séquence qui, par une cruelle ironie, fait se croiser ces routes. Les personnages se rencontrent à un carrefour qui est aussi, symboliquement, celui de leurs existences.

     

    Si la scène est lumineuse, dans ces deux routes qui se croisent, ces destins qui se rencontrent, la fatalité de celui de Tess et son ironie tragique semble ainsi déjà nous être annoncée. Tout le film sera à l’image de cette première scène magistrale. Aucun didactisme, aucune outrance mélodramatique alors que le sujet aurait pu s’y prêter. Polanski manie l’ellipse temporelle avec virtuosité renforçant encore la mélancolie de son sujet et sa beauté tragique. Comme cet insert sur le couteau et ces deux plans sur cette tache de sang au plafond qui s’étend qui suffisent à nous faire comprendre qu’un drame est survenu, mais aussi sa violence. Le talent se loge dans les détails, dans la retenue, jamais dans la démonstration ou l’outrance. Par exemple, les costumes de Tess en disent beaucoup plus long que de longues tirades comme cette robe rouge, couleur passion qu’elle porte dans la dernière partie du film et qui contraste avec les vêtements qu’elle portait au début. Un rouge qui rappelle celui de cette fraise que lui fera manger Alec, combattant ses réticences qui en annoncent d’autres, avant de l’initier (la forcer) à d’autres gourmandises. Subtilement encore, en un plan qui laisse entrevoir un vitrail représentant une scène inspirée de Roméo et Juliette, Polanski, comme il l’avait fait dans le plan séquence initial nous rappelle que l’issue ne peut être tragique. Un dénouement aussi magnifique que tragique, la frontière étant toujours très fragile chez Polanski entre le réalisme et une forme de fantastique ou de mysticisme, Tess apparait alors au milieu de ce site mégalithique de Stonehenge, au décor presque irréel, aux formes géométriques et inquiétantes, comme surgies de nulle part, comme sacrifiée sur un autel.

     

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    Photographie Bernard Prim – Collection Fondation Jérôme Seydoux-Pathé

     

    ©1979 PATHE PRODUCTION – TIMOTHY BURRILL PRODUCTIONS LIMITED

     

    Le spectateur éprouve immédiatement de l’empathie pour Tess, personnage vulnérable et fier malmené par le destin qui semble s’y résigner jusqu’à la révolte finale fatale. Le film doit aussi beaucoup au choix de la trop rare Nastassja Kinski (fille de l’acteur Klaus Kinski), à la fois rayonnante et sombre, naturelle et gracieuse, si triste malgré sa beauté lumineuse et surtout d’une justesse constante et admirable. Elle porte en elle les contraires et les contrastes de ce film dans lequel le destin ne cesse de se jouer d’elle. Contraste entre la tranquillité apparente des paysages (magistralement filmés et mis en lumière, rappelant les peintures du XIXème comme notamment « Des Glaneuses » de Millet ou certains paysages de Courbet, la nature emblème romantique par excellence, le passage des saisons, des paysages symbolisant les variations des âmes ) et les passions qui s’y déchaînent, contraste entre la bonté apparente d’Angel (à dessein sans doute ainsi nommé) qui a « Le Capital » de Marx pour livre de chevet mais qui agit avec un égoïsme diabolique finalement presque plus condamnable que le cynisme et l’arrogance d’Alec. Même lorsqu’elle apparait en haut de cet escalier, transformée, sa tenue et sa coiffure suffisant à nous faire comprendre qu’elle est devenue la maitresse d’Alec, Tess garde cette candeur et cette fragilité si émouvantes.

     

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    Photographie Bernard Prim – Collection Fondation Jérôme Seydoux-Pathé

     

    ©1979 PATHE PRODUCTION – TIMOTHY BURRILL PRODUCTIONS LIMITED

     

    Nommé six fois aux Oscars (pour 3 récompenses), récompensé d’un Golden Globe et par trois César dont celui du meilleur film et du meilleur réalisateur, « Tess » est un très grand film empreint de mélancolie poétique, d’une beauté formelle envoûtante, un film tout en retenue grâce à des ellipses judicieuses. Le film nous captive avec toute la douceur de son personnage principal, lentement mais sûrement, par une mise en scène sobre. L’impact dramatique n’en est que plus fort et bouleversant. On y retrouve le thème de l’enfermement (ici dans les conventions) si cher à Polanski, un thème également dans les deux films dont je vous livre les critiques en bonus après celle de « Tess », ci-dessous.

     

    Ce mélange d’imprégnation de la peinture du XIXème, ce romantisme tragique qui rappelle les plus grands écrivains russes et cette fresque lente et majestueuse sur la déchéance d’un monde qui rappelle Visconti (dont le cinéma était aussi très imprégné de peinture), sans oublier cette photographie sublime, l’interprétation magistrale de Nastassja Kinski et sa grâce juvénile, lumineuse et sombre, et la musique de Philippe Sarde, en font un film inoubliable. Au-delà de la peinture du poids des conventions (morales et religieuses) et d’une critique des injustices sociales, « Tess » est un film universel d’une poésie mélancolique sur l’innocence pervertie, sur les caprices cruels du destin, sur la passion tragique d’une héroïne intègre, fier et candide, un personnage qui vous accompagne longtemps après le générique de fin.

     

    « J’ai toujours voulu tourner une grande histoire d’amour. Ce qui m’attirait également dans ce roman, c’était le thème de la fatalité : belle physiquement autant que spirituellement, l’héroïne a tout pour être heureuse. Pourtant le climat social dans lequel elle vit et les pressions inexorables qui s’exercent sur elle l’enferment dans une chaîne de circonstances qui la conduisent à un destin tragique. » Roman Polanski
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  • Avant-première - Critique de « L’Odyssée de Pi » d’Ang Lee

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    Le 26 novembre dernier, j’ai eu le plaisir d’assister à l’avant-première de « L’Odyssée de Pi », le dernier film du cinéaste Ang Lee en salles le 19 décembre prochain. Cette projection au Gaumont-Marignan a été suivie d’une Master class du cinéaste (cf vidéo ci-dessus).

    L’Odyssée de Pi est l’adaptation du roman fantastique éponyme de Yann Martel maintes fois primé, traduit en 42 langues et surtout réputé pour être totalement inadaptable au cinéma, transformant potentiellement l’aventure en odyssée cinématographique. D’autres cinéastes, avant Ang Lee, furent intéressés ou pressentis pour adapter le roman : Shyamalan, Cuaron, Jeunet avant que le projet ne soit confié au cinéaste taïwanais qui n’en était pas à son premier défi.

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    Après « Hôtel Woodstock », il y a trois ans, et auparavant des films aussi différents que « Tigre et dragon », « Raison et sentiments », « Le Secret de Brokeback Mountain », « Lust, Caution »…, Ang Lee s’est donc attelé à l’adaptation  de cette Odyssée qui débute à Pondichéry, en Inde, là où vit Pi Patel (Suraj Sharma),  avec sa famille qui s’occupe d’un zoo. A l’âge de 17 ans, il embarque avec sa famille pour le Canada avec tous les animaux du zoo destinés à y être vendus. Son destin est bouleversé par le naufrage spectaculaire du cargo en pleine mer. Il  est alors le seul survivant à bord d'un canot de sauvetage, enfin…presque seul. Avec lui : Richard Parker, splendide et féroce tigre du Bengale comme son nom ne l’indique pas. Pi, pour survivre va alors devoir faire preuve d’ingéniosité, de courage…et surtout de beaucoup d’imagination.

    Voilà ce qu’est en effet avant tout « L’Odyssée de Pi » : un hommage à l’imaginaire, salvateur ou trompeur, un hymne à son pouvoir qui permet d’affronter les vagues et les tumultes de l’existence. Une splendide allégorie sous la forme d’un conte cruel et enchanteur. C’est avant tout l’histoire d’une croyance (en la religion, en l’illusion que crée cette dernière) qui permet de survivre. C’est là que le film d’Ang Lee se révèle brillant : derrière ce qui pourrait n’être qu’un voyage initiatique (qu’il est aussi) il interroge nos croyances, leur fondement, leur but.

    Le tigre qui évoque l’énergie, la puissance et la férocité est aussi, dans la religion bouddhiste, le symbole de la foi et de l’effort spirituel. Il n’est pas ici doté de pouvoirs surnaturels, et c’est ce qui fait tout l’intérêt du film. Le surnaturel ne réside que dans l’âme de Pi. A nous de voir si le tigre ou même l’existence du tigre n’est que le reflet de la sienne ou celle qu’il possède vraiment, à vous de choisir ce en quoi vous voudrez croire, si son compagnon est son imaginaire ou un splendide tigre du bengale, féroce et fascinant.

     

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    Détrompez-vous, si la bande-annonce vous a donné l’impression (l’illusion, encore une) d’assister à une histoire pour enfants, c’est avant tout sa double lecture qui rend cette odyssée passionnante. Elle commence par des images idéalisées de la vie de Pi en Inde avec ses animaux d’une beauté et d’un réalisme troublants que la 3D nous donne l’impression d’approcher réellement (impression qui culminera lors du vol d’une nuée de poissons, Ang Lee a même changé de format pour l’occasion). Puis, vient le temps du naufrage…et du face-à-face entre Pi et Richard Parker, Pi et son imaginaire, Pi et les éléments, Pi et sa foi donc surtout Pi face à lui-même, la manière dont il choisi d’affronter le drame tout comme nous d’affronter l’existence : en croyant le plus souvent (au cinéma, à l’illusion, en un Dieu).

     Le conte ne s’avère ainsi pas seulement cruel parce que  le zèbre et l'orang-outang naufragés avec Pi doivent subir les assauts d’une hyène mais aussi parce que tout ce que nous voyons n’existe peut-être pas, n’est potentiellement que la construction de l’esprit pour supporter une version beaucoup plus cruelle, voire insupportable de ce qui s’est réellement produit (comme, peut-être, la propre animalité de Pi dont le tigre serait alors la métaphore), à l’image de cette île perdue où débarque Pi, en apparence enchanteresse et en réalité carnivore. Tout n’est qu’affaire de perception, de point de vue… à l’image du cinéma, une autre « croyance » ou en tout cas une autre illusion dont le film est aussi l’allégorie.

    LA 3D et  la photographie « fabuleuse » de Claudio Miranda (« L’étrange histoire de Benjamin Button »…)  nous immergent dans un univers poétique et onirique grâce à  des images d’une beauté féérique et irréelle (et à dessein, la forme rejoignant ainsi le fond) qui nous procurent l’illusion de flotter dans les cieux. Ang Lee se révèle alors aussi doué dans les scènes intimistes que dans celles plus spectaculaires entre lesquelles sa filmographie lui a souvent permis d’alterner et qu’il réunit ici dans un seul film. L’émotion atteint son paroxysme et nous fait retenir notre souffle lorsqu’une tempête contraint Pi à se blottir au fond du bateau à portée du tigre abandonnant alors toute défense, peut-être toute raison et s’abandonnant (à l’illusion ?).

    Le film d’Ang Lee regorge de qualités indéniables : alliance entre l’intime et le spectaculaire, beauté vertigineuse des images (comme celle de cette baleine phosphorescente qui surgit des flots comme un songe évanescent, furtif et inoubliable), et surtout double lecture passionnante, pourtant quelques bémols font que je n’emploierai pas le terme de chef d’œuvre par lequel James Cameron a salué le film d’Ang Lee : le scénario inégal avec même quelques longueurs –j’avoue même avoir regardé ma montre- (une arrivée trop brusque au Mexique, un récit enchâssé vieille recette hollywoodienne, et un surjeu à la Bollywood du jeune interprète) même si, concernant ce dernier reproche, Ang Lee, après avoir rencontré l'écrivain Steve Callahan,  rescapé d'un naufrage ayant survécu 76 jours sur un radeau dans l'océan Atlantique, lui a demandé de participer à l’écriture, puis de rencontrer Suraj Sharma. Celui-ci lui a ainsi raconté que les émotions étaient amplifiées dans de telles circonstances, ce qui explique sans doute en partie son jeu qui manque de nuances.

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    Ang Lee a néanmoins relevé le défi de raconter l’histoire d’un homme « Seul au monde » avec une forme qui n’a rien à voir avec celle du film éponyme mais lorgne plutôt du côté d’ « Avatar », discours sur l’environnement y compris. Un conte fondamentalement cruel sous une apparence enchanteresse. Un voyage épique et poétique, un vertige sensoriel  éblouissant à la narration imparfaite mais qui vaut le détour, ne serait-ce que pour la sensation jouissive de flotter sur les cieux ou encore parce qu’il nous montre qu’il faut apprivoiser l’autre, la nature, son imaginaire allant à l’encontre d’une société dans l’urgence et l’immédiateté. Au-delà de son aspect formel, c’est la polysémie de l’interprétation qui procure son originalité à ce film : le contraste passionnant entre la forme majestueuse et noble (comme un tigre) et le fond très cruel.

    Je vous recommande certes ce film, malgré mes réserves, vous l’aurez compris, mais  si, vraiment, vous voulez voir une fable étourdissante et bouleversante, alors allez voir « Les Bêtes du sud sauvage » de Benh Zeitlin, film d’une beauté âpre et flamboyante qui est aussi un vibrant hommage au doux refuge de l’imaginaire.  L’un n’empêche d’ailleurs pas l’autre mais le second possède ce supplément d’âme, justement de magie, d’insaisissable qui fait parfois défaut au premier et si « L’Odyssée de Pi » m’a charmée et intéressée, « Les Bêtes du Sud sauvage » (en salles le 12 décembre prochain) est un film qui m’a transportée, envoûtée, bouleversée.

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    Si vous voulez découvrir « L’Oydyssée de Pi », en avant-première, et dans des circonstances exceptionnelles, sachez enfin que le 9 décembre prochain, la 20th Century Fox organise  une projection à 19h, à la piscine Pailleron, dans le 19ème . Les spectateurs assisteront ainsi à la projection dans un canot de sauvetage au milieu du bassin.

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