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film - Page 8

  • Critique de CORSAGE de Marie Kreutzer – Prix de la meilleure création sonore du Festival de Cannes 2022

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    Dans le cadre du 75ème Festival de Cannes, Corsage de Marie Kreutzer a reçu le prix de la meilleure création sonore. Ce prix est décerné parmi les films de la sélection Un Certain Regard. En 2017, en accord avec le Festival de Cannes, l’association La Semaine du Son a ainsi créé le Prix de la meilleure création sonore. L’association La Semaine du Son, fondé en 1998 par son président Christian Hugonnet, acousticien et expert près de la Cour d’appel de Paris, a « pour but d’amener chaque être humain à prendre conscience que le sonore est un élément d’équilibre personnel fondamental dans sa relation aux autres et au monde. »  Lancé avec le soutien de Costa-Gavras, ce prix récompense un réalisateur pour l’excellence sonore de son film « parce qu’elle sublime la perception artistique, sémantique et narrative du spectateur ». Le jury 2022 était présidé par le cinéaste Christophe Barratier, entouré de la comédienne Anne Parillaud, du compositeur Greco Casadesus, ainsi que de la cheffe opératrice Marie Massiani, et de Janine Langlois-Glandier et Christian Hugonnet, fondateurs du prix.

    Le jury, par la voix de son président, a ainsi explicité son prix décerné au film de Marie Kreutzer, attribué à l’unanimité : « En considération des vertus narratives, esthétiques, sémantiques de la dimension sonore d’une œuvre cinématographique, le jury de la Meilleure Création Sonore 2022, dans le cadre de la sélection Un Certain Regard, décerne son prix au film Corsage de Mary Kreutzer, distinguant ainsi une approche sonore d’un rare équilibre, restituant qualités des timbres de voix, atmosphères d’époques, degré des respirations et silences tout autant que les compositions musicales ».

    Noël 1877, Élisabeth d’Autriche (Sissi), fête son 40e anniversaire. Première dame d’Autriche, femme de l’Empereur François-Joseph Ier, elle n’a pas le droit de s’exprimer et doit rester à jamais la belle et jeune impératrice. Pour satisfaire ces attentes, elle se plie à un régime rigoureux de jeûne, d’exercices, de coiffure et de mesure quotidienne de sa taille. Etouffée par ces conventions, avide de savoir et de vie, Élisabeth se rebelle de plus en plus contre cette image.

    Corsage se focalise ainsi sur six mois de la vie d’Élisabeth d’Autriche, du Noël 1887, où on célèbre son 40ème anniversaire, dont elle semble absente déjà, à l’été suivant. 

    Cela commence d’emblée par un son, avant l’image. Celui du clapotis de l’eau. Sous le regard de deux dames de compagnie, Elisabeth apparaît alors, sous l’eau, dans sa baignoire, en apnée, s’entraînant à ne pas respirer. En apnée, elle le sera tout au long du film qui est avant tout cela : une quête de respiration dans un univers corseté. Oubliez les Sissi avec Romy Schneider, aussi charmants soient-ils, avec les décors kitschs et scénarii acidulés. Si dans les films de Ernst Marischka, Romy Schneider incarnait une Sissi douce et espiègle, 67 ans plus tard, Vicky Krieps interprète une Sissi tourmentée, révoltée, incandescente, obstinée qui veut à tout prix échapper à l’enfermement qu’elle subit et qui se rebelle contre le protocole. Quant aux décors, leurs murs sont souvent nus, délabrés, craquelés comme si ces intérieurs reflétaient l’intériorité des êtres. Les couleurs, souvent froides (magnifique photographie de Judith Kaufmann), reflètent aussi ces âmes glacées par les contraintes extérieures.

     « Ton rôle consiste à représenter. C’est pour cela que je t’ai choisie. C’est pour cela que tu es là » lui dit ainsi son empereur d’époux. « L’important est de laisser une belle image » dit également Elisabeth en passant devant un portrait de sa fille aînée décédée d’une maladie infantile.  « Je t’interdis de te noyer dans mon lac » lui déclare quant à lui son cousin. Voilà, tout est dit. Elisabeth doit constamment faire semblant, être en représentation, n’être qu’un corps qui laisse une belle image, tandis que les tourments de l’âme doivent être tus et étouffés.

    De nombreuses scènes la montrent se faisant habiller, le corset toujours plus serré, entravant sa respiration. On lui rappelle sans cesse son âge, et qu’elle n’est plus celle qu’elle était, dont la beauté fascinait tant. Elle impose des souffrances à ce corps qu’il faut maitriser, notamment par des régimes drastiques, ou par cette pesante coiffure. Elle aime particulièrement aller voir les fous dans les asiles, ceux qui sont enfermés, qui crient leur douleur qu’on veut claquemurer, ceux en lesquels elle se reconnaît. La folie semble aussi être là, toute proche, comme une forme paradoxale d’échappatoire. Alors, elle tape du point sur la table, fume, fait un doigt d’honneur, tire la langue, se coupe les cheveux, essaie à tout prix, même celui de la raison, de s’émanciper jusqu'à ce plan final, parfait contrepoint du début. Elle a besoin qu’on cesse de la regarder comme une image mais qu’on la voit telle qu’elle est. « J’aime te regarder me regarder» dit-elle ainsi.

    En contraste, les scènes où elle se sent enfin libre n’en sont que plus belles et poignantes. Lorsqu’elle s'évade sur son cheval au galop. Lorsqu’elle se baigne dans un lac au cœur de la nuit noire. Le corps échappe alors aux contraintes et aux regards.  La musique et la voix de Camille accompagnent ces moments d’évasion et insufflent une puissance émotionnelle supplémentaire à ces scènes. Ces envolées lyriques sonores font alors écho à celles de l’impératrice. Elles ressemblent tantôt à un cri de douleur, tantôt à un cri de liberté et marquent profondément le film de leur empreinte.

    Elisabeth a besoin de sortir du carcan dans lequel on veut la cadenasser, comme de réveiller sa fille en pleine nuit pour faire du cheval, pour agir et décider de ses mouvements. C’est d’ailleurs pour cela que l’image animée la réjouit autant et qu’elle accepte d’être filmée par un inventeur incarné par Finnegan Oldfield. Dans ces séquences muettes, elle est libre de crier, bouger, d’être. Le cinéma : espace de liberté, comme l’est ce film qui se départit des convenances.

    Vicky Krieps, productrice exécutive, est exceptionnelle et on comprend qu’elle ait à tout prix voulu être cette Sissi frondeuse. Elle est à la fois sombre et excentrique, enfermée et avide de liberté.  Elle a obtenu le prix de la meilleure performance de la sélection Un Certain Regard, pour un rôle très différent de celui qu'elle incarne dans Plus que jamais de Emily Atef qu’elle présentait également à Cannes cette année.

    Corsage n’est donc pas véritablement un biopic mais une réflexion et métaphore astucieuse des règles auxquelles doivent se plier les femmes, d’où l’intemporalité de ce film qui justifie les judicieux anachronismes. C’est le portrait d’une révoltée.  La forme épouse ainsi brillamment le fond. Marie Kreutzer (également scénariste de son film), elle aussi s’échappe : des contraintes formelles et des règles, et même de la vérité. Elle apporte de la modernité dans cette œuvre à l’image de l’impératrice qu’elle dépeint : irrévérencieuse.

    Il y eut le Marie-Antoinette de Sofia Coppola qui se jouait aussi des codes et des conventions, sans s'émanciper du glamour, indissociable du film d'époque en costumes, alors que Marie Kreutzer envoie tout valser pour aboutir à cette brillante allégorie de notre époque dans laquelle les apparences enserrent et emprisonnent  les femmes dans un corset plus insidieux que celui d’Elisabeth mais parfois non moins destructeur. Une œuvre  à l’image de sa création sonore, innovante, à juste titre récompensée, et de sa musique : intense, vibrante, marquante, engagée, puissante.

    Corsage de Marie Kreutzer à voir absolument au cinéma, le 14/12/2022.

  • Critique - LA LISTE DE SCHINDLER de Steven Spielberg

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    Long et fastidieux aura été le parcours pour aboutir à ce chef-d'oeuvre. Un premier projet avait ainsi tout d’abord échoué. C’est Poldek Pfefferberg, un des 1100 Juifs sauvés par Oskar Schindler, qui devait raconter la vie de ce dernier. Un film sur Schindler basé sur ce récit devait même être tourné avec la Metro Goldwyn Mayer en 1963. Presque 20 ans plus tard, en 1982, l’écrivain Thomas Keneally écrivit le livre La Liste de Schindler après avoir rencontré Pfefferberg.  C’est ce livre qui servira de base au film éponyme de Spielberg. Universal Pictures en acheta les droits. Spielberg rencontra Pfefferberg et voulut d’abord confier la réalisation du film à Roman Polanski qui refusa puis à Scorsese qui refusa à son tour. C’est ainsi que Spielberg décida de le réaliser  en raison, notamment, du génocide en Bosnie : « La principale raison pour laquelle j’ai tenu à réaliser ce film sans plus tarder, c’est que la purification ethnique qui sévit en Bosnie me persuade de plus en plus de la ressemblance terrifiante de notre époque avec celle où se déroula la Shoah. Je n’avais jamais, dans aucun de mes films, décrit la réalité. Je consacrais toute mon énergie à créer des mondes imaginaires. Je crois que si j’avais inversé mon plan de travail et tourné en premier La Liste de Schindler, je n’aurais jamais éprouvé le moindre désir de réaliser, ensuite, un film sur les dinosaures. » Spielberg ne demanda pas de salaire pour ce film, ce  qui aurait été pour lui « l’argent du sang ».

    Suite au succès remporté par le film, Spielberg créa la Fondation de l’Histoire Visuelle des Survivants de la Shoah, une organisation à but non lucratif  qui rassemble des archives de témoignages filmés des survivants de l’Holocauste. L’argent récolté lui a également permis de produire des documentaires sur la Shoah pour la télévision comme Anne Franck remembered (1995), The lost children of Berlin (1996) The Last days (1998).

    Le film a été tourné entre mars et mai 1993, en soixante-douze jours, essentiellement dans le quartier de Kazimierz à Cracovie.

    C’est le 30 novembre 1993 que La liste de Schindler sortit en salles, soit trente ans après le premier projet de film sur Oskar Schindler. Cela valait la peine d’attendre. Un sujet comme celui-ci nécessitait talent, maturité, sensibilité, sobriété et travail de documentation. A chaque film sur l’Holocauste revient la même question : peut-on et doit-on faire une fiction d’une atroce réalité qui la dépasse ? Doit-on, pour transmettre l’Histoire, tenter de raconter l’indicible, forcément intransmissible ? Spielberg est-il parvenu à lever toutes les réticences ? Claude Lanzmann écrivit ainsi : « L’Holocauste est d’abord unique en ceci qu’il édifie autour de lui, en un cercle de flammes, la limite à ne pas franchir parce qu’un certain absolu de l’horreur est intransmissible : prétendre pourtant le faire, c’est se rendre coupable de la transgression la plus grave. »

    Synopsis : Oskar Schindler (Liam Neeson) est un industriel allemand, membre du parti nazi. Bon vivant, profiteur, époux infidèle, il ne semble avoir qu’une obsession : faire du profit, et faire retentir son nom. Tandis que les Juifs sont regroupés et enfermés dans des ghettos, il réussit à obtenir les capitaux nécessaires (provenant de la communauté juive) pour racheter une fabrique de casseroles. Il emploie une main d’œuvre juive bon marché dans son usine,  afin de la faire prospérer, apparemment indifférent à l’horreur qui se déroule en dehors de son usine. Il faudra la liquidation du Ghetto de Cracovie, en mars 1943, sous les ordres du commandant SS Amon Göth (Ralph Fiennes) pour qu’il prenne conscience de l’ineffable horreur nazie…

    La première scène nous montre Schindler s’habillant méthodiquement, soigneusement, choisissant cravate, boutons de manchette, et épinglant sa croix gammée. Le tout avec la dextérité d’un magicien. Nous n’avons pas encore découvert son visage. De dos, nous le voyons entrer dans une boite de nuit où se trouvent des officiers nazis et des femmes festoyant allègrement. Il est filmé en légère contre-plongée, puis derrière les barreaux d’une fenêtre, puis souriant à des femmes, puis observant des officiers nazis avec un regard mi-carnassier, mi-amusé, ou peut-être condescendant. Assis seul à sa table, il semble juger, jauger, dominer la situation. Sa main tend un billet avec une désinvolte arrogance. Son ordre est immédiatement exécuté. Son regard est incisif et nous ignorons s’il approuve ou condamne. Il n’hésite pas à inviter les officiers nazis à sa table, mais visiblement dans le seul but de charmer la femme à la table de l’un d’entre eux. Cette longue scène d’introduction sur la musique terriblement joyeuse (Por una cabeza de Gardel), d’autant plus horrible et indécente mise en parallèle avec les images suivantes montrant et exacerbant même l’horreur qui se joue à l’extérieur, révèle tout le génie de conteur de Spielberg. En une scène, il dévoile tous les paradoxes du personnage, toute l’horreur de la situation. L’ambigüité du personnage est posée, sa frivolité aussi, son tour de passe-passe annoncé.

    Un peu plus tard, Schindler n’hésitera pas à vivre dans l’appartement dont les occupants ont dû rejoindre le Ghetto. Il faudra que de son piédestal -des hauteurs du Ghetto, parti en promenade à cheval avec une de ses maîtresses- il observe, impuissant, le massacre du Ghetto de Cracovie. Il faudra que son regard soit happé par le manteau rouge d’une petite fille (Spielberg recourt à la couleur comme il le fera à cinq autres occasions dans le film) perdue, tentant d’échapper au massacre (vainement, comme nous le découvrirons plus tard) pour qu’il prenne conscience de son identité, de l’individualité de ces juifs qui n’étaient alors pour lui qu’une main d’œuvre bon marché. Créer cette liste sera aussi une manière de reconnaître cette individualité, de reconnaître qu’à chaque nom correspond une vie sauvée. Sans doute la démarche d’une jeune femme qui lui demande plus tard de faire venir ses parents détenus à Plaszow parce qu’elle a eu écho de sa bonté, qu’il renvoie menaçant de la livrer à la Gestapo tout en lui donnant gain de cause, l’aura-t-elle incité à devenir celui pour qui on le prenait déjà, cet « homme bon », à faire retentir son nom, mais d’une autre manière (là encore, le paradoxe d’Oskar Schindler, il ne recevra pas la jeune femme la première fois, non maquillée et pauvrement vêtue mais seulement lorsqu’elle reviendra maquillée et avec d’autres vêtements). A partir de ce moment, il tentera alors avec son comptable Itzhak Stern (Ben Kingsley), de sauver le plus de vies possibles.

    La scène précitée du massacre qu’observe Schindler est aussi nécessaire qu’insoutenable (une quinzaine de minutes) entre les exécutions, les médecins et infirmières obligés d’empoisonner les malades dans les hôpitaux pour leur éviter d’être exécutés, les enfants qui fuient et se cachent dans des endroits tristement improbables, l’impression d’horreur absolue, innommable, de piège inextricable, suffocant. La scène est filmée caméra à l’épaule (comme 40% du film) comme si un reporter parcourait ce dédale de l’horreur et, comme dans tout le film, Spielberg n’en rajoute pas, filme avec sobriété cette réalité reconstituée qui dépasse les scénarii imaginaires les plus effroyables. Des valises qui jonchent le sol, un amas de dents, de vêtements, une fumée qui s’échappe et des cendres qui retombent suffisent à nous faire appréhender l’incompréhensible ignominie.  Les échanges, implicites, entre Schindler et le comptable Stern  sont aussi particulièrement subtils, d’un homme qui domine l’autre , au début, à la scène deux hommes qui trinquent sans que jamais l’horrible réalité ne soit formulée.

    Le scénario sans concessions au pathos de Steven Zaillian, la photographie entre expressionnisme et néoréalisme de Janusz Kaminski (splendides plans de Schindler partiellement dans la pénombre qui reflètent les paradoxes du personnage), l’interprétation de Liam Neeson, passionnant personnage, paradoxal, ambigu et humain à souhait, et face à lui, la folie de celui de Ralph Fiennes, la virtuosité et la précision de la mise en scène (qui ne cherche néanmoins jamais à éblouir mais dont la sobriété et la simplicité suffisent à retranscrire l’horrible réalité), la musique poignante de John Williams par laquelle il est absolument impossible de ne pas être ravagé d'émotions à chaque écoute (musique solennelle et austère qui sied au sujet -les 18 premières minutes sont d’ailleurs dénuées de musique- avec ce violon qui larmoie, voix de ceux à qui on l’a ôtée, par le talent du violoniste israélien Itzhak Perlman, qui devient alors, aussi, le messager de l’espoir), et le message d’espérance malgré toute l’horreur en font un film bouleversant et magistral.

    La liste de Schindler a d’ailleurs reçu douze nominations aux Oscars en 1994 et en a remporté sept dont ceux du meilleur film, meilleur scénario adapté, meilleure direction artistique, meilleur réalisateur, meilleur montage, meilleure photographie et meilleure musique. Liam Neeson et Ralph Fiennes ont évidemment été tous deux nommés pour l’Oscar du meilleur acteur, pour le premier, et celui du meilleur second rôle masculin, pour le second, mais  ce sont Tom Hanks, pour Philadelphia, et Tommy Lee Jones, pour Le Fugitif qui les ont obtenus.

    Alors, pour répondre à la question initiale, oui, il faut et il fallait faire un film sur ce sujet car certes « un certain absolu de l’horreur est intransmissible », forcément, mais cela n’empêche pas d’essayer de raconter, de transmettre pour que justement cet absolu de l’horreur ne se reproduise plus. Ce film permet à ceux qui ont regardé avec des yeux d’enfants éblouis les autres films de Spielberg, d’appréhender une horreur que leurs yeux n’auraient peut-être pas rencontrée autrement, trop imperméables à des films comme Nuit et brouillard ou Shoah.

    Comme l’avait fait Benigni avec La vie est belle  là aussi fortement contesté (retrouvez ma critique de « La vie est belle » en cliquant ici et celle de Monsieur Klein  de Losey en cliquant là, deux films indispensables), Spielberg a choisi la fiction, mais n’a surtout pas occulté la réalité, il l’a simplement rendue visible sans pour autant la rendre acceptable.  Une scène en particulier a pourtant suscité une relative controverse, celle lors de laquelle des femmes sont envoyées dans une « douche » à Auschwitz-Birkenau, ignorant si en sortira un gaz mortel. Quand la lumière s’éteint, c’est aussi la certitude du spectateur avant que l’eau ne jaillisse. Scène terrible et par laquelle Spielberg n’a en aucun cas voulu faire preuve d’un suspense malsain mais a brillamment montré quel pitoyable pouvoir sur les vies  (parallèle avec le passionnant dialogue sur le pouvoir entre Schindler et Göth) détenait les tortionnaires des camps qui, d’un geste à la fois simple et effroyable, pouvaient les épargner ou les condamner.

    La liste de Schindler est un film nécessaire et même indispensable. Par le prisme du regard d’un homme avec tout ce que cela implique de contradictions (au sujet duquel le film a l’intelligence de ne jamais lever tout à fait le mystère) qui, d’indifférent devint un « Juste » et sauva 1100 juifs, il nous fait brillamment appréhender l’indicible horreur et montre aussi que des pires atrocités de l’humanité peuvent naitre l’espoir. Quand un sondage sidérant, à l’occasion de la commémoration des 70 ans de la Rafle du Vel d’Hiv, révélait que 57% des 25-34 ans, 67% des 15-17 ans,  ignorent tout de la Rafle du Vel d’Hiv (42% tous âges confondus !), des films comme celui-ci continueront d’avoir leur raison d’être. C’est aussi un film sur le pouvoir, celui, pathétique et exécrable, de ceux qui en abusent ou de celui qui le détourne à bon escient, celui du cinéma, instrument du devoir de mémoire.

    Un film dont vous ressortirez abattus, en colère, bouleversés mais aussi avec le sentiment que le pire peut transformer un homme et faire naitre l’espoir en l’être humain malgré les ignominies dont il peut se rendre capable ; et avec des images, nombreuses, à jamais gravées dans vos mémoires parmi lesquelles celle d’un manteau rouge, lueur tragique et innocente au milieu de l’horreur ou celle de la fin, ces pierres posées sur une tombe par  des rescapés et acteurs pour remercier un homme pour toutes les vies qu’il aura sauvés et pour celles qui, grâce à sa liste, à ces noms et identités écrits et affirmés, auront pu voir le jour.

    Cliquez ici pour retrouver mes autres critiques de films de Spielberg et notamment de » Lincoln ».

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  • Critique de JERRY SCHATZBERG, PORTRAIT PAYSAGE de Pierre Filmon (avant-première au cinéma Silencio des Prés)

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    Pour ses dix ans, le cinéma Le Silencio des Prés (22 rue Guillaume Apollinaire, 75006, Paris), sous la houlette de Sam Bobino (notamment cofondateur du Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule, et fondateur des Paris Film Critics Awards) et de Geoffrey Gervais, propose une programmation exceptionnelle d’avant-premières (le plus souvent accompagnées de débats des protagonistes) parmi lesquelles, hier, celle du documentaire de Pierre Filmon : Jerry Schatzberg, portrait paysage, suivie d’une passionnante rencontre entre Pierre Filmon et Michel Ciment.

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    Je vous avais déjà parlé de Pierre Filmon, l’an passé, à l’occasion de la sortie de Entre deux trains (Long Time No See), son deuxième long-métrage et son premier long-métrage de fiction pour lequel j’avais eu un énorme coup de cœur. Je vous le recommande à nouveau vivement. Il est désormais disponible en DVD chez Tamasa éditions. Il a d’ailleurs reçu de nombreux prix dans le monde. Il a ainsi parcouru 35 festivals internationaux et 17 pays. Pierre Rochefort a obtenu le prix du meilleur acteur en Espagne. Au Chili, le film a obtenu le prix du Best fiction film. En Inde, au Rajasthan IFF, Pierre Filmon a obtenu deux prix : honorary Award et best directeur. Au Kosovo, le film a obtenu le prix du meilleur film… Et si cela ne suffisait pas pour vous convaincre de le découvrir, vous trouverez à nouveau ma critique ci-dessous.

    Pierre Filmon a réalisé plusieurs courts-métrages et son premier long-métrage, Close encounters with Vilmos Zsigmond, était en Sélection officielle au Festival de Cannes 2016 dans le cadre de Cannes Classics. Ce documentaire est consacré à Vilmos Zsigmond, formidable directeur de la photographie qui a travaillé avec les plus grands réalisateurs : Robert Altman, John Boorman, Steven Spielberg, Brian de Palma, Peter Fonda et… Jerry Schatzberg.

    C’est justement à ce dernier que Pierre Filmon a donc consacré ce dernier documentaire : Jerry Schatzberg, portrait paysage, qui se focalise sur « l’univers photographique de Jerry Schatzberg, jeune homme de 95 ans, le dernier des Mohicans du Nouvel Hollywood, photographe et cinéaste qui a réalisé des films avec Al Pacino, Gene Hackman, Meryl Streep, Faye Dunaway et Morgan Freeman et a obtenu une Palme d’Or en 1973 pour L’épouvantail». Le film a été présenté en Première Mondiale à la 79ème Mostra, en septembre dernier.

    Entre deux trains transpirait déjà la passion du cinéma, avec de nombreuses influences, d’Agnès Varda à David Lean. Et c’est cette même passion de l’art du passionné Pierre Filmon que l’on retrouve dans ce documentaire qui s’intéresse au travaille de photographe de Jerry Schatzberg. Même si vous ne connaissiez pas son travail, vous aviez forcément vu une de ses plus célèbres photos, celle, sublimissime, de Faye Dunaway, auréolée de noir, qui avait été mise à l’honneur sur l’affiche du Festival de Cannes 2011, modèle de grâce, d’épure, de sobriété, de sophistication, de mystère, de classe, de glamour, et même pourvue d’une certaine langueur… Cette photo avait été prise par Jerry Schatzberg en 1970.

    Le documentaire de Pierre Filmon qui est le plus beau des hommages au travail remarquable et fascinant de Jerry Schatzberg est un dialogue de ce dernier avec le critique Michel Ciment au gré d’une exposition lors de laquelle il croise des portraits (dont, d’ailleurs, le sien), l’occasion de revenir sur ces fabuleuses rencontres qui ont donné lieu à ces photos singulières et marquantes. Ce plan-séquence permet de découvrir la richesse, la profondeur, la diversité du travail de l’artiste né dans le Bronx en 1927 (un an avec Kubrick au même endroit !) découvert par Pierre Ricient qui s’est battu pour que son premier film sorte en France. Rien ne prédestinait à la photographie et au cinéma celui qui travailla d’abord comme fourreur, comme son père, (ce qu’il détesta) avant de commencer comme assistant photographe pour le New York Times jusqu’ à devenir ce photographe immensément talentueux qui parvient toujours à capter quelque chose de la vérité des êtres (que ce soit de la toute jeune Catherine Deneuve, Aretha Franklin ou un enfant inconnu ou même des photos de nus) même dans des photos plus sophistiquées.

    Michel Ciment a rappelé quel découvreur de talents il a aussi été, ayant notamment à son actif les découvertes d’Al Pacino ou Guillaume Canet qu’il avait fait tourner dès 2001 dans The day the ponies come back. « Ce qui le caractérisé, c'est de faire du mouvement, du presque cinéma dans un décor naturel réaliste» a expliqué hier Michel Ciment. Ce fut «le contraire pour Bob Dylan»  avec des photos en studio dans lesquelles Schatzberg a « capté sa sensibilité, son intelligence et son charisme » a souligné Michel Ciment. Par ailleurs, pour ce dernier, « pas un seul metteur en scène américain n’a fait à la suite trois films aussi extraordinaires ».

    Ce travail en petite équipe, 4 personnes avec Olivier Chambon qui avait déjà été le filmeur de la séquence sur Jerry Schatzberg dans le film de Pierre Filmon sur Vilmos Zsigmond, procure tout son caractère intimiste, sincère et naturel à ce documentaire.

    Michel Ciment a conclu en disant que « le rapport émotionnel avec le sujet est très important » et que Jerry Schatzberg est un « esthète, grand metteur en scène formel mais qui s'intéresse aussi aux émotions, aux rapports humains comme c'est le cas de tous les grands metteurs en scène. Le public vient au cinéma pour ressentir des émotions. C'est ce travail formel qui lui permet d’accéder aux émotions. » C’est sans aucun doute aussi le cas du cinéma de Pierre Filmon qui cherche toujours à saisir l’émotion, par la fiction ou le documentaire.

    Il se pourrait qu’il y ait une suite. Espérons-le tant ce documentaire nous donne envie d’en savoir plus sur Jerry Schatzberg mais aussi de retrouver le regard aiguisé, passionné et enthousiaste de Pierre Filmon sur celui-ci et sur le cinéma en général.

    Pour en savoir plus : http://pierrefilmon.com.

    Et pour le Silencio des Prés : https://lesilencio.com/  

    Critique de ENTRE DEUX TRAINS de Pierre Filmon

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    Un mardi soir aux airs de « chanson d'automne » lors duquel pour paraphraser celle de Verlaine, des « sanglots longs des violons blessent mon cœur d’une langueur monotone », direction l'indéfectible abri de la réalité (le mien, en tout cas) : le cinéma ! En l'occurrence, Le Cinéma Le Grand Action. Cela tombe bien : le film que je souhaitais y voir, le premier long métrage de fiction de Pierre Filmon (réalisateur de quatre courts métrages et d’un long métrage documentaire en sélection officielle au 69ème Festival de Cannes Close Encounters with Vilmos Zsigmond), est une douce parenthèse qui nous rappelle justement que le réel aussi peut contenir ses évasions poétiques, une parenthèse ouverte et close par les rails de la voie ferrée qui défilent et nous emmènent avec eux, témoins indiscrets de la rencontre entre Marion (Laëtitia Eïdo) et Grégoire (Pierre Rochefort) qui se croisent par hasard sur le quai de la Gare d'Austerlitz. Entre deux trains… 

    Neuf ans plus tôt, ils ont vécu une brève histoire d’amour. Il arrive à Paris, de retour d’Orléans où, violoniste, il était en concert. Elle doit en repartir 80 minutes plus tard. Il feint de ne pas la reconnaître ou ne la reconnaît vraiment pas, incrédule face à la matérialisation du rêve (revoir Marion) en réalité. 

    Il y a presque trois films en un. Celui qui se déroule sous nos yeux. Le passé que nous apprenons par bribes par leurs échanges. Et ce que nous devinons de leurs réalité, vérité, avenir : notre propre film.

    Entièrement filmé en plans séquences en cinq jours, ce film est loin d'être seulement une prouesse technique. C'est une ode aux possibles de l'existence. À la magie de ses hasards. De ces interstices presque irréels volés au prosaïsme du quotidien qui soudain éclairent le présent comme ce rayon de soleil qui balaie et illumine le visage de Marion. Une ode aux rêves (qui ont aidé Grégoire à vivre) et à l'imaginaire (celui du spectateur qui se fait son propre cinéma).

    Et puis, un film qui nous dit que « aimer, c'est voir l'enfant en l'autre », qui cite Prévert et Les Enfants du paradis (« Paris est tout petit pour ceux qui s’aiment d’un aussi grand amour »), qui fait notamment résonner Schubert et Beethoven (la musique originale est de David Hadjadj), qui nous rappelle Agnès Varda (Cléo de 5 à 7) et David Lean (Brève rencontre), pour tout cela, déjà, vaut la peine qu'on aille à sa rencontre. De ces films qui, comme ce à quoi aspirait Claude Sautet (oui, je cite encore Claude Sautet…), vous font « aimer la vie », encore plus, vous dire que même des jours monotones peuvent surgir des éclats inattendus de bonheur ou des airs de violon mais qui, ceux-là, ne blessent pas mais au contraire apaisent et entraînent dans un tourbillon de joie. Entre deux trains m’a fait penser à ces films de mon panthéon cinématographique où la rencontre de quelques heures illumine une vie que ce soit à Paris et Casablanca (dans le film éponyme de Michael Curtiz, « nous aurons toujours Paris ») ou Tokyo dans Lost in translation de Sofia Coppola. 

    Le court laps de temps imparti à Marion et Grégoire intensifie les émotions, les exacerbe et sublime. Alors, partez avec Marion et Grégoire pour cette déambulation mélancolique et réjouissante, du Jardin des Plantes (ses squelettes du Muséum d’Histoire naturelle qui nous rappellent qu'il faut déguster chaque seconde et que ce moment qu'ils partagent est de la vie pure et précieuse) au café Maure de la Grande Mosquée de Paris.

    Laëtitia Eïdo et Pierre Rochefort transmettent au film leur justesse, grâce et élégance intemporelles. Et réciproquement ! La déambulation poétique de ces deux cœurs égarés n’est ainsi jamais cynique, jamais mièvre non plus. Simplement juste. Ronald Guttman interprète avec talent un beau-père imbuvable à souhait dont chaque réplique est savoureusement insupportable. Estéban fait une apparition remarquée. 

    Une variation sur les hasards et coïncidences et les possibles de l’existence, empreinte de la beauté cinglante de la nostalgie. Un petit bijou fragile et délicat, aérien et profond dont vous sortirez avec l’envie de savourer chaque précieuse seconde, et de croire, plus que jamais, comme l’écrivait Victor Hugo qu’« il y a le possible, cette fenêtre du rêve, ouverte sur le réel ».

  • Spectacle symphonique "Claude Lelouch, d'un film à l'autre" : l'inoubliable hymne à la vie de Claude Lelouch pour ses 85 ans !

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    Éperdument vivants. Ainsi sont presque toujours les personnages dans les films de Claude Lelouch. Ainsi nous donnent-ils encore plus envie d’être. Dans Un homme et une femme, Jean-Louis Duroc (Trintignant) demande à Anne Gauthier (Anouk Aimée), citant Giacometti « Qu'est-ce que vous choisiriez : l'art ou la vie ? ». Lelouch n'a certainement pas choisi, ayant réussi a insufflé de l'art dans la vie de ses personnages et de la vie dans son art. Son cinéma, c'est de l'art qui transpire la vie. Et, hier soir, chaque seconde transpirait la vie.
     
    C’est par son fameux court-métrage, sa trépidante traversée de Paris de huit minutes, C’était un rendez-vous, qu’a débuté cette soirée unique. Hier soir, au Palais des Congrès, c’était effectivement un sacré rendez-vous. Un rendez-vous avec mes premiers émois de cinéma. Un rendez-vous avec certains des films qui me l’ont fait aimer, comme on devrait toujours aimer : la vie, les êtres chers, le septième art. Passionnément. Inconditionnellement. Par ce concert exceptionnel au Palais des Congrès, avec les 80 musiciens de l’orchestre philarmonique de Prague, Claude Lelouch a célébré ses 85 ans....enfin pardon ses...8+5=13 ans ! Une soirée qui, comme chacun de ses films, aspirait à nous faire « aimer un peu plus la vie » qui est « le plus grand cinéaste du monde », cette vie qu'il fait tournoyer sous sa caméra, et qu’il rend ainsi si vibrante et intense. Dans chacun de ses films, la vie est un jeu. Dénué de tiédeur. Sublime et dangereux. Grave et léger. Un jeu de hasards et coïncidences. Le cinéma, son cinéma, l’est aussi.
     
    « C’est l’irrationnel qui invente notre vie. La musique est ce qui parle le mieux à notre irrationnel » a coutume de dire Claude Lelouch. Alors, hier soir, l’irrationnel a déployé toute sa puissance pour nous embarquer dans un tourbillon d’émotions transcendé par la musique (surtout) de Francis Lai.
     
    Cette soirée aurait pu être une scène d’un film de Lelouch, là où la frontière entre le cinéma et la réalité est si ténue. L’ouvreuse vend le programme sur l’air de « qui me dira » et déjà le cinéma empiète sur la réalité, lui procure une aura romanesque.
     
    La vie de Lelouch a d’ailleurs débuté sous le signe du cinéma. C’est dans un cinéma qu’il se réfugia pendant la guerre. Et ses parents s’y sont rencontrés, pendant un film de Fred Astaire et Ginger Rogers, lesquels, des années plus tard, lui remettront son Oscar. Comme dans une scène d'un film de Lelouch glorifiant les hasards et coïncidences ! Il n’y a pas plus bel endroit pour s’abriter de la réalité qu’un cinéma après tout, non ?
     
    Claude Lelouch n’a eu de cesse de sublimer la vie et les acteurs avec sa fougue communicative, sa réjouissante candeur, son regard enthousiaste, sa curiosité malicieuse. Bien que les critiques ne l’aient pas épargné, il est toujours resté fidèle à sa manière, singulière, de faire du cinéma, avec passion et sincérité, et fidélité : à la musique de Francis Lai (toujours enregistrée avant le tournage et diffusée sur le plateau), aux fragments de vérité, aux histoires d’amour éblouissantes, à sa vision romanesque de l’existence, à ses aphorismes, aux sentiments grandiloquents et à la beauté (parfois terrible) des hasards et coïncidences.
     
    Quel plaisir de revoir tous ces moments inoubliables de cinéma portés par la musique (essentiellement de Francis Lai qui a composé les musiques de 35 de ses 50 films) magistralement interprétée par l’orchestre philarmonique de Prague, de cet inénarrable Dabada mondialement célèbre repris par Nicole Croisille à la musique de son prochain film composée par Ibrahim Maalouf et jouée en exclusivité hier.
     
    Que d’images et musiques inoubliables revues et réentendues hier ! La foule d’émotions qui passent sur le visage de Girardot à la fin d’Un homme qui me plaît jusqu’à son regard final, poignant, sur le magnifique Concerto pour la fin d’un amour. L’incroyable musique de western de ce film aussi. Ou encore ce couple magique et improbable interprété par Françoise Fabian et Lino Ventura dans le jubilatoire La bonne année (le film préféré de Kubrick, tandis qu’hier soir dans les messages enregistrés, Travolta déclarait que Un homme et une femme était son «film préféré de tous les temps» et Woody Allen que Lelouch était pour lui une source d’inspiration). Ce crescendo étourdissant et magistral du Boléro de Ravel plus bouleversant que jamais grâce à l’orchestre philarmonique et au montage des images des films de Lelouch. Ou encore la musique épique, flamboyante et lyrique de Itinéraire d’un enfant gâté qui, rappelez-vous, dans le film, accompagne d’abord les premières années de Sam Lion et les numéros de cirque étourdissants qui défilent (sans dialogues, juste avec la musique pour faire le lien) jusqu’à l’accident fatidique. Puis, les flashbacks qui alternent avec les vagues sur lesquelles flotte le navire de Sam Lion, des vagues qui balaient le passé. Rappelez-vous ces premières minutes bouleversantes, captivantes, montées et filmées sur un rythme effréné, celui sur lequel Sam Lion (ainsi appelé parce qu’il a été élevé dans un cirque) va vivre sa vie jusqu’à ce qu’il décide de disparaître.
     
    Rappelez-vous aussi le « Montmartre 1540 » de Trintignant dans Un homme et une femme (c’est déjà un peu de la musique quand il le prononce, non ?). Ou des années plus tard dans  Les plus belles années d’une vie quand soudain il s'illumine par la force des souvenirs de son grand amour, comme transfiguré, jeune, si jeune soudain. Et la majesté d'Anouk Aimée, sa grâce quand elle remet sa mèche de cheveux. Que d'intensité poétique et poignante lorsqu'ils se retrouvent et qu’ils sont l’un avec l’autre dans ce film des décennies après Un homme et une femme comme si le cinéma (et/ou l'amour) abolissai(en)t les frontières du temps et de la mémoire.
     
    « Les plus belles années d’une vie sont celles qu’on n’a pas encore vécues ». Cette citation de Victor Hugo reprise dans le film précité résume au fond ce que nous racontent tous les films de Claude Lelouch. Et ce qu’a raconté cette soirée. Et ce sont cette liberté et cette naïveté presque irrévérencieuses qui me ravissent, n’en déplaise aux sinistres cyniques. Comme chacun des films de Lelouch, cette soirée était une déclaration d’amour avec ses touchantes maladresses et ses élans passionnés. Une déclaration au cinéma. Aux acteurs. À l’amour. Aux hasards et coïncidences. Un hymne à la vie. Au présent. À l’émerveillement. À la musique.
     
    « Je ne suis pas un metteur en scène. Je suis un metteur en vie. Le plus grand scénariste, le meilleur dialoguiste, c’est la vie », « J’ai toujours privilégié l’émotion à la technique. L’émotion, c’est la vérité » répète régulièrement Claude Lelouch. « La musique c’est ce qui parle le mieux à notre instinct, qui interpelle notre cœur » dit-il aussi. Alors, hier, le mien était chamboulé.
     
    « Chaque homme est seul et tous se fichent de tous et nos douleurs sont une île déserte ». Cette citation d’Albert Cohen ouvre Itinéraire d’un enfant gâté et place le film sous le sceau du pessimisme et de la solitude, impression que renforce la chanson interprétée par Nicole Croisille qui ouvre le film. « Qui me dira, les mots d’amour qui font si bien, du mal ? Qui me tiendra, quand tu iras décrocher toutes les étoiles ? Qui me voudra, avec le nez rouge, et le cœur en larmes ? Qui m’aimera, quand je n’serai plus que la moitié d’une femme ? » tandis qu’un petit garçon seul sur un manège attend désespérément sa mère. Un homme s’occupe de lui, découvre le carton qu’il a autour du cou et qui indique que sa mère l’a abandonné.
     
    Rares sont les films qui émeuvent ainsi, dès les premiers plans et qui parviennent à maintenir cette note jusqu’au dénouement. Pour y parvenir, il fallait la subtile et improbable alliance d’ une musique fascinante comme un spectacle de cirque, d’acteurs phénoménaux au sommet de leur art, de dialogues réjouissants magistralement interprétés, un scénario ciselé, des paysages d’une beauté à couper le souffle, des histoires d’amour (celles qui ont jalonné la vie de Sam Lion, avec les femmes de sa vie, son grand amour décédé très jeune, sa seconde femme, sa fille Victoria pour qui il est un héros et un modèle et qui l’aime inconditionnellement, mais aussi celles d’Albert avec Victoria), jouer avec nos peurs (l’abandon, la disparition des êtres chers, le besoin de reconnaissance), nos fantasmes (disparaître pour un nouveau départ, le dépaysement) et les rêves impossibles (le retour des êtres chers disparus). Mais je digresse...
     
    Hier soir, au contraire, nous n’étions plus sur l’île déserte. La musique est effectivement le meilleur des médicaments comme l’a dit hier soir Claude Lelouch. Un baume universel sur les âmes meurtries et les cœurs blessés. Bref, ce fut un grand moment. De musique. D’émotions. De cinéma. Sur scène, Calogero, Nicole Croisille, Barbara Pravi, Ibrahim Maalouf, Patrick Bruel, Thomas Dutronc, ont rejoint l'orchestre philarmonique pour interpréter les chansons extraites des BO des films de Claude Lelouch tandis que Didier Barbelivien lui a composé et interprété une chanson inédite et que Francis Huster lui a lu deux déclarations d'amour, l'une de la compagne de Claude Lelouch, la talentueuse écrivaine Valérie Perrin, et l'autre des acteurs qui ont tourné avec lui, nombreux dans la salle venus souhaiter un joyeux anniversaire à celui dont on espère qu'il continuera le plus longtemps possible à nous faire aimer la vie, ainsi, passionnément.
     
    A l'issue du concert, Claude Lelouch est monté sur scène et, la voix étranglée par l'émotion, a déclaré : «A la fin de Guerre et Paix, Tolstoï disait, le plus difficile dans la vie, c'est d'aimer la vie. C'est ce que j'ai essayé de faire et à travers ces 50 films, d'essayer de vous faire partager cet amour que j'ai de la vie. Profitez-en. Vous ne pouvez pas savoir. Vous savez, je crois qu'on ne saura d'où l'on vient et où l'on va. Vous êtes arrivés dans un film qui avait commencé bien avant vous et vous serez obligés de vous barrer avant la fin du film. Alors profitez d'une seule chose, c'est le présent.» «La musique est la chose la plus importante de ma vie. C'est le meilleur des médicaments. Dès que j'ai un coup de blues, c'est à elle que je pense.»
     
    Selon Platon « La musique donne une âme à nos cœurs, des ailes à notre pensée et un essor à l’imagination. » En sortant du Palais des Congrès hier, la pensée et l’imagination s’envolaient en effet vers un joyeux ailleurs. Comme dans un film de Lelouch… Qui me dira…♪♪♪... Merci et joyeux anniversaire Monsieur Lelouch !
  • Critique de FALCON LAKE de Charlotte Le Bon

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    Une histoire d'amour et de fantômes. Ainsi le pitch officiel présente-t-il ce premier long-métrage de Charlotte Le Bon projeté à la Quinzaine des Réalisateurs 2022, et au dernier Festival du Cinéma Américain de Deauville dans le cadre duquel il a reçu le prix d’Ornano-Valenti, toujours un gage de qualité à l’exemple des deux derniers films lauréats de ce prix, le brillant Slalom de Charlène Favier et Les Magnétiques de Vincent Maël Cardona ( un film qui vous donne envie d’empoigner, célébrer et danser la vie, l’avenir et la liberté, je vous le recommande aussi au passage).…Ce film ne déroge pas à la règle. Pour son premier long-métrage, Charlotte Le Bon a choisi de porter à l’écran le roman graphique de Bastien Vivès, Une sœur. Cette adaptation très libre le transpose de la Bretagne à un lac des Laurentides, situé au Québec, au Nord-Ouest de Montréal.

    C’est là, pendant l’été, qu’un jeune Français, Bastien (Joseph Engel), ses parents et son petit frère viennent passer quelques jours, dans un chalet situé au bord d’un lac où sa mère québécoise (Mona Chokri) venait déjà avec son amie d’enfance. Il est décidé que Bastien dormira dans la même chambre que Chloé (Sara Montpetit), de trois ans son ainée. Une adolescente frondeuse, étrange et un peu fantasque. Chloé, qui passe d’habitude son temps avec des garçons plus âgés qu’elle, est d’abord contrariée par l’arrivée de celui qu’elle considère comme un enfant. Bastien qui a 13 ans « bientôt 14 » n’en est pourtant plus tout à fait un. Il éprouve immédiatement de la fascination pour Chloé. Cette dernière en joue. Mais n’est-ce véritablement qu’un jeu entre celui qui se cherche et celle qui pense n’avoir sa place nulle part ? Les deux adolescents se rapprochent peu à peu…

    Cela commence comme un conte funèbre. Un plan sur un lac sur lequel on distingue ensuite comme un corps mort qui flotte à la surface.  Puis le corps prend vie. Ensuite, une voiture s’engouffre dans une forêt dense et mystérieuse, à la fois admirable et presque menaçante. Dans la voiture qui s’enfonce dans cette forêt, Bastien touche son petit frère qui ne s’en rend pas compte, comme s’il était une présence fantomatique. La famille entre ensuite dans un chalet plongé dans l’obscurité. Toute la puissance énigmatique et ensorcelante du film est déjà là, dans ces premiers plans.

    En effet, dès le début, dans ce chalet isolé au milieu de cette nature aussi captivante qu’inquiétante, une indicible menace plane. Ce mélange de lumière et d’obscurité, de candeur et de gravité, instaure d’emblée une atmosphère singulière. Cet été flamboyant contraste avec la rudesse de l’hiver à venir, et rend chaque minute plus urgente, faussement légère et presque brusque. Comme une allégorie de l’adolescence…

    Baignade dans la nuit, ombres sur les murs...: Charlotte Le Bon s’amuse avec les codes du film de genre. Quand Chloé apparaît la première fois, c’est de dos, comme un fantôme. Ces fantômes dont l’adolescente ne cesse de parler. La mort est là qui rode constamment. Bastien raconte qu’il a peur de l’eau, ayant failli se noyer petit. Chloé s’amuse à disparaître dans l’eau. Elle joue à la morte et dit « j’ai pas l’air assez morte ». Elle s’approche de Bastien pour lui faire peur, déguisée en fantôme. Ils jouent à se mordre jusqu’au sang. Bastien trouve un animal mort. Il s’adonne à une danse endiablée avec un masque fantomatique sur le visage etc.

    Tout cela ressemble-t-il encore à des jeux d’enfant ? Pour aller à une soirée, Chloé habille Bastien comme elle le ferait avec une poupée ou un enfant et pour désamorcer une éventuelle ambiguïté lui dit que « Les petites filles vont devenir folles ». Chloé et Bastien aiment jouer à se faire peur, à se draper d’un voile blanc pour jouer aux fantômes, à feindre la mort. Chloé photographie ainsi Bastien recouvert d’un voile blanc près d’un arbre mort. Et Chloé est surtout obsédée par la présence d’un fantôme suite à une mort accidentelle dans la partie sauvage du lac, une mort dont elle semble la seule à avoir entendu parler.

    Ce récit initiatique est envoûtant du premier au dernier plan. Chloé et Bastien sont à une période charnière où tout est urgent, où les émotions sont à fleur de peau. D’un instant à l’autre, dans ce décor de fable, tout semble pouvoir basculer dans le drame.

    La réalisation particulièrement inspirée de Charlotte Le Bon, entre plans de natures mortes et images entre ombre et lumière (sublime photographie de Kristof Brandl), avec son judicieux mode de filmage (pellicule 16mm), plonge le film dans une sorte de halo de rêve nostalgique, comme un souvenir entêtant. Le format carré en 4/3 semble être un hommage au film A ghost story. Dans ce long-métrage de David Lowery qui fut également projeté il y a quelques années dans le cadre du Festival du Cinéma Américain de Deauville, un homme décède et son esprit, recouvert d'un drap blanc, revient hanter le pavillon de banlieue de son épouse éplorée, afin de tenter de la consoler. Mais il se rend vite compte qu’il n’a plus aucune emprise sur le monde qui l’entoure, qu’il ne peut être désormais que le témoin passif du temps qui passe, comme passe la vie de celle qu’il a tant aimée. Fantôme errant confronté aux questions profondes et ineffables du sens de la vie, il entreprend alors un voyage cosmique à travers la mémoire et à travers l’histoire. Dans ce conte poétique et philosophique sur le deuil, l’absence, l’éphémère et l’éternel, l’impression d’étirement du temps est renforcée par le format 4/3, un film inclassable qui remuera les entrailles de quiconque aura été hanté par un deuil et la violence indicible de l’absence. Cette référence n’est certainement pas un hasard tant le scénario de Charlotte Le Bon et François Choquet est d’une précision remarquable. D'une précision (et d'une justesse) remarquable, les deux jeunes comédiens qui insufflent tant de véracité à cette histoire aux frontières du fantastique le sont aussi.

    Le travail sur le son est également admirable, qu’il s’agisse des sons de la nature mais aussi des sons du monde des adultes comme un bruit de fond étouffé, lointain, appartenant à une autre réalité ou tout simplement même à la réalité. La musique de Shida Shahabi à l’aura fantastique et mélancolique, est aussi un acteur à part entière. Elle vient apporter du mystère et de l’angoisse dans des moments plus légers. Elle ne force jamais l’émotion mais la suscite et nous intrigue comme lorsque quelques notes plus tristes viennent se poser sur des moments joyeux pour nous signifier qu’ils appartiennent peut-être déjà au passé.

    « Certains fantômes ne réalisent pas qu'ils sont morts. Souvent c'est des gens qui n'étaient pas près de mourir, ils vivent avec nous sans pouvoir communiquer avec personne » dit ainsi Bastien à un moment du film. Une phrase qui résonnera d’autant plus fort après cette fin, ce plan de Chloé face au lac, avec sa mèche blonde, qui se tourne à demi quand Bastien l’appelle. Une fin entêtante, magnifique, énigmatique qui fait confiance au spectateur et au pouvoir de l’imaginaire. Une fin comme ce film, magnétique, dont le fantôme ne cessera ensuite de nous accompagner…Une histoire d’amour et de fantômes, certes, mais surtout une exceptionnelle et sublime histoire d’amour et de fantômes  qui vous hantera délicieusement très longtemps.

    Au cinéma le 7 décembre 2022.

  • Programme de la 23ème édition du Arras Film Festival : du 4 au 13 novembre 2022

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    Alors que les salles de cinéma subissent une baisse dramatique du nombre d’entrées, plus que jamais, je souhaite vous faire découvrir ici des pépites cinématographiques, que ce soit en sortant des sentiers battus ou en vous parlant des films dits populaires, en restant toujours fidèle à mon credo : n’évoquer que les films qui m’ont enthousiasmée, vous (re)donner le goût de la curiosité et de la découverte en salles, ce à quoi incite tout particulièrement l’Arras Film Festival qui s’intéresse à toutes les formes de cinéma comme le démontre son foisonnant programme que je vous détaille ci-dessous.

     Après le Dinard Festival du Film Britannique (dont vous pouvez lire mon compte-rendu, ici), je vous donne ainsi rendez-vous le mois prochain pour l’Arras Film Festival qui aura lieu du 4 au 13 novembre 2022.  

    Pour cette 23ème édition, 120 longs métrages, dont 80 inédits ou avant-premières, seront projetés. Je me réjouis tout particulièrement de (vous faire) découvrir ce festival à la programmation très riche, qu’il s’agisse des avant-premières les plus attendus ou de films européens méconnus. Ce festival a en effet pour objectif de promouvoir la diversité du cinéma, et plus particulièrement du cinéma européen qui « joue un rôle essentiel dans la diffusion et la promotion des films, l’émergence de jeunes talents et l’éducation aux images. »

    Pendant 10 jours, chaque année, ce sont près de 50000 spectateurs, et plus de 500 professionnels et journalistes venus de toute l’Europe qui assistent au festival. Au programme : un  « savant mélange de films populaires, d’œuvres exigeantes et de films que l’on ne voit nulle part ailleurs » :

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    - des avant-premières en présence des équipes parmi lesquelles les très tentants derniers films de : Philippe Lioret, Eric Lartigau, Clovis Cornillac (le très attendu Couleurs de l’incendie, adaptation du livre éponyme de Pierre Lemaitre, suite de la saga initiée par Au revoir là-haut), Bruno Chiche (Maestro(s)), Roschdy Zem, Gad Elmaleh, Rachid Bouchareb, Anne Le Ny

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    - des avant-premières « toiles de maîtres », des films de grands maîtres du cinéma international présentés en avant-première dont Les Banshees d’Inisherin de Martin McDonagh (Une fable tantôt caustique, tantôt tragique, constamment déroutante dont je vous parle ici) mais encore The lost king de Stephen Frears...

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    - des avant-premières de films tournés dans la région des Hauts-de-France dont Le Prix du passage de Thierry Binisti, cinéaste dont je vous parle souvent ici qui a notamment réalisé le sublime Une bouteille à la mer, ou encore Saint Omer d’Alice Diop (Lion d'argent de la Mostra de Venise 2022), Un hiver en été de Laetitia Masson, La guerre des Lulus de Yann Samuell...

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     - une compétition de films européens projetés pour la première fois en France, 9 longs-métrages en présence des réalisateurs et producteurs en provenance de Hongrie, Slovaquie, Pologne, Serbie, Roumanie, Belgique, Ukraine, République tchèque…

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    -  une sélection d’œuvres fortes, drôles, parfois même décalées, proposées dans le cadre des sections Visions de l’Est, des avant-premières ou des films inédits provenant de pays d’Europe centrale ou orientale...

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    - des découvertes européennes, une sélection de longs-métrages inédits ou en avant-première pour mettre en valeur les nouveaux talents du cinéma européen, l’occasion notamment de découvrir Corsage de Marie Kreutzer, primé du Prix de la Meilleure création sonore du Festival de Cannes 2022  ou encore The quiet girl de Colm Bairead qui a atteint des sommets au box-office britannique...

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    -  mais aussi un focus sur le cinéma espagnol avec une sélection de longs-métrages en avant-première ou inédits pour mettre en valeur les talents du cinéma espagnol actuel...

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    - des perspectives du cinéma français avec une sélection de longs-métrages inédits ou en avant-première pour mettre en valeur les nouveaux talents du cinéma français avec, notamment, Amore mio de Guillaume Gouix...

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    - et Cinémas du monde : une sélection de longs-métrages pour découvrir d’autres cultures et approcher les problématiques du monde actuel avec des films en provenance du Japon, du Chili, de Turquie ou d’Algérie avec le dernier film de Mounia Meddour, Houria,...

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    - Les enfants et les familles ne sont pas oubliés avec de belles avant-premières, ainsi que des animations ludiques et pédagogiques, certaines s’adressant tout particulièrement aux établissements scolaires...

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    - une rétrospective de 12 films sur le thème Victoria, une Reine, un Empire avec des œuvres aussi formidables et diverses que Oliver Twist de David Lean, Khartoum de Basil Darden, L’homme qui voulut être roi de John Houston, Elephant man de David Lynch, Confident royal de Stephen Frears...

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    - une sélection de grands chefs-d’œuvre d’Europe de l’Est proposés dans le cadre des 70 ans de la revue Positif comme Cendres et diamants de Wajda, Le temps des Gitans de Kusturica ou encore 4 mois, 3 semaines, 2 jours de Cristian Mungiu...

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    - des ciné-concerts avec notamment Paris qui dort de René Clair, en version restaurée par la Fondation Jérôme Seydoux-Pathé accompagnée par l’Ensemble Ciné-Concert du Conservatoire d’Arras sous la direction de Jacques Cambra...

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    - mais aussi une programmation pour les professionnels  avec :

          - les Arras days, plateforme de coproduction au concept atypique et innovant dont la 11ème édition aura lieu les 12 et 13 novembre avec, notamment, une table ronde co-organisée avec l’ARP, l'ACAP et Pictanovo sur le thème de « L’aventure du premier film », le samedi 12 novembre de 10h à 11h.

            - la 16ème édition des rencontres professionnelles du Nord, du 8 au 10 novembre 2022. Près de 200 professionnels français et belges réunis pendant trois jours, plus de 10 projections de films en avant-première en présence des réalisateurs et des équipes, des présentations de line-up par les distributeurs, des moments d’échanges et de convivialité… Ce rendez-vous annuel unique au nord de Paris est proposé avec la Chambre Syndicale des cinémas du Nord-Pas de Calais. Inscriptions en ligne sur : www.lesrencontresprodunord.fr.

    -Et enfin L'AFF passe son BAC. Lundi 7 novembre, de 9h30 à 17h. Pour la sixième année consécutive, l’Arras Film Festival, en partenariat avec le Rectorat de l’Académie de Lille, offre un stage pédagogique aux élèves de Première et Terminale des classes « L » et leurs enseignants, centré sur le film entrant au baccalauréat : LES VITELLONI de Federico Fellini (Italie, 1953).

     Valérie Donzelli sera l’invité d’honneur de cette 23ème édition et sera la cinquième actrice-réalisatrice consécutive invitée d’honneur. Elle donnera une masterclass le jeudi 10 novembre, à l’Université d’Artois. Seront par ailleurs présentés  une sélection de films représentant sa carrière d'actrice, ses 5 longs métrages en tant que réalisatrice, et sa série Nona et ses filles.

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    Thomas Lilti, présidera le jury Atlas qui décernera l’Atlas d’or et l’Atlas d’argent parmi une sélection de films européens en compétition. Il sera  accompagné de Alix Poisson, Finnegan Oldfield, India Hair, Patrick Sobelman.

    PROGRAMME COMPLET 

    Film d’ouverture

    CHOEUR DE ROCKERS de Ida Techer et Luc Bricault avec Mathilde Seigner, Bernard Le Coq, Anne Benoit, Andréa Ferréol, Brigitte Roüan, Myriam Boyer ouvrira le festival.

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    Film de clôture

    MON HÉROINE de Noémie Lefort (avec Pascale Arbillot, Louise Coldefy, Brigitte Fossey, Firmine Richard)  sera projeté en clôture.

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    Avant-premières

    16 ANS DE PHILIPPE LIORET

    ANNIE COLÈRE DE BLANDINE LENOIR

    L'ASTRONAUTE DE NICOLAS GIRAUD

    C'EST MON HOMME DE GUILLAUME BUREAU

    CET ÉTÉ-LÀ DE ERIC LARTIGAU

    COULEURS DE L'INCENDIE DE CLOVIS CORNILLAC

    DE GRANDES ESPÉRANCES DE SYLVAIN DESCLOUS

    EN PLEIN FEU DE QUENTIN REYNAUD

    LA GRANDE MAGIE DE NOÉMIE LVOVSKY

    MAESTRO(S) DE BRUNO CHICHE

    LES MIENS DE ROSCHDY ZEM

    NOS FRANGINS DE RACHID BOUCHAREB

    PLUS QUE JAMAIS DE EMILY ATEF

    POUR LA FRANCE DE RACHID HAMI

    RESTE UN PEU DE GAD ELMALEH

    LES SURVIVANTS DE GUILLAUME RENUSSON

    LES TÊTES GIVRÉES DE STÉPHANE CAZÈS

    TOI NON PLUS TU N'AS RIEN VU DE BÉATRICE POLLE

    LE TORRENT DE ANNE LE NY

    AVANT-PREMIÈRES Toiles de maîtres

    DES FILMS DE GRANDS MAÎTRES DU CINÉMA INTERNATIONAL PRÉSENTÉS EN AVANT-PREMIÈRE

    LES BANSHEES D’INISHERIN DE MARTIN MCDONAGH

    THE LOST KING DE STEPHEN FREARS

    MES RENDEZ-VOUS AVEC LÉO DE SOPHIE HYDE

    AVANT-PREMIÈRES Films produits en région

    FILMS SOUTENUS PAR PICTANOVO AVEC L'AIDE DE LA RÉGION HAUTS-DE-FRANCE.

    LES PIRES DE LISE AKOKA ET ROMANE GUERET

    LE PRIX DU PASSAGE DE THIERRY BINISTI

    SAINT OMER D'ALICE DIOP

    UN HIVER EN ÉTÉ DE LAETITIA MASSON

    LA GUERRE DES LULUS DE YANN SAMUELL

    TEMPÊTE DE CHRISTIAN DUGUAY

    COMPÉTITION EUROPÉENNE

    9 LONGS-MÉTRAGES À DÉCOUVRIR EN EXCLUSIVITÉ EN PRÉSENCE DES RÉALISATEURS ET DES PRODUCTEURS

    IL BOEMO DE PETR VÁCLAV

    RÉPUBLIQUE TCHÈQUE / ITALIE / SLOVAQUIE

    L'HOMME LE PLUS HEUREUX DU MONDE DE TEONA STRUGAR MITEVSKA

    MACÉDOINE DU NORD

    MEN OF DEEDS DE PAUL NEGOESCU

    ROUMANIE

    LUXEMBOURG, LUXEMBOURG DE ANTONIO LUKIC

    UKRAINE

    NOWHERE DE PETER MONSAERT

    Belgique

    SIX WEEKS DE NOÉMI VERONIKA SZAKONYI

    HONGRIE

    WOLKA DE ÁRNI ÓLAFUR ÁSGEIRSSON

    ISLANDE, POLOGNE

    WORKING CLASS HEROES DE MILOŠ PUŠIĆ

    SERBIE

    VISIONS DE L'EST

    UNE SÉLECTION DE LONGS-MÉTRAGES INÉDITS OU EN AVANT-PREMIÈRE PROVENANT DES PAYS D'EUROPE CENTRALE ET ORIENTALE

    AFTER THE WINTER DE IVAN BAKRAC

    MONTÉNÉGRO 

    KLONDIKE DE MARYNA ER GORBACH

    UKRAINE

    METRONOM DE ALEXANDRU BELC

    ROUMANIE

    MIKADO DE EMANUEL PARVU

    ROUMANIE

    MOJA VESNA DE SARA KERN

    SLOVÉNIE, AUSTRALIE

    NATURAL LIGHT DE DÉNES NAGY

    HONGRIE

    Classiques

    NOUS ÉTIONS JEUNES DE BINKA ZHELYAZKOVA

    BULGARIE | 1961

    LA PASSAGÈRE DE ANDRZEJ MUNK A

    POLOGNE | 1961-1963

    DÉCOUVERTES EUROPÉENNES

    UNE SÉLECTION DE LONGS-MÉTRAGES INÉDITS OU EN AVANT-PREMIÈRE POUR METTRE EN VALEUR LES NOUVEAUX TALENTS DU CINÉMA EUROPÉEN

    AILLEURS SI J'Y SUIS DE FRANÇOIS PIROT

    Belgique

    LA CONFÉRENCE DE MATTI GESCHÖNNECK

    Allemagne

    CORSAGE DE MARIE KREUTZER

    AUTRICHE, LUXEMBOURG, ALLEMAGNE, France

    DALVA DE EMMANUELLE NICOT

    BELGIQUE, France

    GODLAND DE GABRIELE MUCCINO

    ISLANDE, DANEMARK, FRANCE, SUÈDE

    NOSTALGIA DE MARIO

    Italie

    THE QUIET GIRL DE COLM BAIRÉAD

    Irlande

    RABIYE KURNAZ VS. GEORGE W. BUSH DE ANDREAS DRESEN

    ALLEMAGNE, France

    SICK OF MYSELF DE KRISTOFFER BORGLI

    NORVÈGE

    ONE IN A MILLION UN DOCUMENTAIRE DE JOYA THOMES 

    Allemagne

    DÉCOUVERTES EUROPÉENNES Focus sur le cinéma espagnol

    UNE SÉLECTION DE LONGS-MÉTRAGES INÉDITS OU EN AVANT-PREMIÈRE POUR METTRE EN VALEUR LES TALENTS DU CINÉMA ESPAGNOL ACTUEL

    JOSEFINA DE JAVIER MARCO

    NOS SOLEILS DE CARLA SIMÓN

    LES TOURNESOLS SAUVAGES DE JAIME ROSALES

    DÉCOUVERTES EUROPÉENNES Perspectives du cinéma français

    UNE SÉLECTION DE LONGS-MÉTRAGES INÉDITS OU EN AVANT-PREMIÈRE POUR METTRE EN VALEUR LES NOUVEAUX TALENTS DU CINÉMA FRANÇAIS

    AMORE MIO DE GUILLAUME GOUIX

    BRILLANTES DE SYLVIE GAUTIER

    LA MONTAGNE DE THOMAS SALVADOR

    CINÉMAS DU MONDE

    UNE SÉLECTION DE LONGS-MÉTRAGES POUR DÉCOUVRIR D'AUTRES CULTURES ET APPROCHER LES PROBLÉMATIQUES DU MONDE ACTUEL

    BLANQUITA DE FERNANDO GUZZONI

    CHILI

    BURNING DAYS DE EMIN ALPER

    TURQUIE

    LA FAMILLE ASADA DE RYÔTA NAKANO

    JAPON

    HOURIA DE MOUNIA MEDDOUR

    ALGÉRIE

    JOYLAND DE SAIM SADIQ

    PAKISTAN

    LE PIÈGE DE HUDA DE HANY ABU-ASSAD

    PALESTINE

    FESTIVAL DES ENFANTS

    UNE SÉLECTION D’AVANT-PREMIÈRES POUR LES PLUS JEUNES

    DOUNIA ET LA PRINCESSE D'ALEP DE MARYA ZARIF, ANDRÉ KADI

    CANADA, France

    ERNEST ET CELESTINE : LE VOYAGE EN CHARABIE DE JULIEN CHHENG, JEAN-CHRISTOPHE ROGER

    France

    LA GUERRE DES LULUS DE YANN SAMUELL

    France

    INTERDIT AUX CHIENS ET AUX ITALIENS DE ALAIN UGHETTO

    FRANCE, ITALIE, BELGIQUE, SUISSE, Portugal

    NENEH SUPERSTAR DE RAMZI BEN SLIMAN

    France

    OPÉRATION PÈRE NOËL DE MARC ROBINET

    France

    PIRO PIRO DE MIN SUNG AH, BAEK MIYOUNG

    CORÉE | PROGRAMME DE 6 COURTS MÉTRAGES

    TEMPÊTE DE CHRISTIAN DUGUAY

    France

    VIVE LE VENT D'HIVER ! DE MILEN VITANOV, MĀRA LINIŅA, BRITT RAES, ALEKSEY POCHIVALOV, MARINA MOSHKOVA

    ALLEMAGNE, LETTONIE, BELGIQUE, RUSSIE 

    PROGRAMME DE 5 COURTS MÉTRAGES

    MA PREMIÈRE SÉANCE A PARTIR DE 18 MOIS

    RETROSPECTIVE VICTORIA, UNE REINE, UN EMPIRE

    Le règne de Victoria 1ère, qui dura de 1837 à 1901, fut marqué par une impressionnante expansion de l’Empire britannique, devenu la première puissance mondiale, et par la révolution industrielle, période de grand changement social, économique et technologique. Cette rétrospective de 12 films propose un regard contrasté sur une époque où le meilleur pouvait côtoyer le pire.

    OLIVER TWIST DE DAVID LEAN AVEC ROBERT NEWTON, ALEC GUINNESS, JOHN HOWARD DAVID, KAY WALSH 1H56 | GB | 1948

    ZOULOU DE CY ENDFIELD AVEC STANLEY BAKER, MICHAEL CAINE, JACK HAWKINS, ULLA JACOBSSON 2H18 | GB | 1964

    SHERLOCK HOLMES CONTRE JACK L'ÉVENTREUR DE JAMES HILL AVEC JOHN NEVILLE, DONALD HOUSTON, JOHN FRASER, ANTHONY QUAYLE 1H35 | GB | 1965

    KHARTOUM DE BASIL DEARDEN AVEC CHARLTON HESTON, LAURENCE OLIVIER, RICHARD JOHNSON, RALPH RICHARDSON 2H14 | GB | 1966

    LA CHARGE DE LA BRIGADE LÉGÈRE DE TONY RICHARDSON AVEC DAVID HEMMINGS, TREVOR HOWARD, VANESSA REDGRAVE, JOHN GIELGUD 2H19 | GB | 1968

    L’HOMME QUI VOULUT ÊTRE ROI DE JOHN HUSTON AVEC SEAN CONNERY, MICHAEL CAINE, CHRISTOPHER PLUMMER 2H09 | GB | 1975

    L’ULTIME ATTAQUE DE DOUGLAS HICKOX AVEC BURT LANCASTER, PETER O’TOOLE, SIMON WARD, DENHOLM ELLIOTT 1H53 | GB | 1979

    ELEPHANT MAN DE DAVID LYNCH AVEC JOHN HURT, ANTHONY HOPKINS, ANNE BANCROFT, JOHN GIELGUD 2H03 | GB-USA | 1980

    AUX SOURCES DU NIL DE BOB RAFELSON AVEC PATRICK BERGIN, IAIN GLEN, RICHARD E. GRANT, FIONA SHAW 2H16 | USA-GB | 1990

    LA DAME DE WINDSOR DE JOHN MADDEN AVEC JUDI DENCH, BILLY CONNOLLY, GEOFFREY PALMER, ANTHONY SHER 1H45 | GB | 1997

    VICTORIA, LES JEUNES ANNÉES D'UNE REINE DE JEAN-MARC VALLÉE AVEC EMILY BLUNT, RUPERT FRIEND, PAUL BETTANY, MIRANDA RICHARDSON, JIM BROADBENT 1H42 | GB | CONFIDENT ROYAL DE STEPHEN FREARS AVEC JUDI DENCH, ALI FAZAL, TIM PIGOTT-SMITH, EDDIE IZZARD 1H51 | GB | 2017 2009

    CARTE BLANCHE – 70 ANS DE LA REVUE POSITIF

    Fidèle partenaire de l’Arras Film Festival, la revue Positif fête cette année ses 70 ans. A cette occasion, vous pourrez découvrir sept films d’Europe de l’Est, un par décennie, qui ont fait à leur époque la couverture de la revue et illustrent parfaitement son rôle dans la découverte de ces cinématographies et de leurs grands auteurs.

    CENDRES ET DIAMANTS DE ANDRZEJ WAJDA AVEC ZBIGNIEW CYBULSKI, WACLAW ZASTRZEZYNSKI, EWA KRZYZEWSKA 1H43 | POLOGNE | 1958

    UNE AFFAIRE DE CŒUR : LA TRAGÉDIE D’UNE EMPLOYÉE DES PTT DE DUSAN MAKAVEJEV AVEC EVA RAS, SLOBODAN ALIGRUDIC, RUZICA SOKIC 1H16 | YOUGOSLAVIE | 1967

    LA RECONSTITUTION DE LUCIAN PINTILIE AVEC JOHN NEVILLE, DONALD HOUSTON, JOHN FRASER, ANTHONY QUAYLE 1H37 | ROUMANIE | 1968

    LE TEMPS DES GITANS DE EMIR KUSTURICA AVEC DAVOR DUJMOVIC, BORA TODOROVIC, LJUBICA ADZOVIC 2H15 | YOUGOSLAVIE | 1989

    LA DOUBLE VIE DE VÉRONIQUE DE KRZYSZTOF KIESLOWSKI AVEC IRÈNE JACOB, PHILIPPE VOLTER, SANDRINE DUMAS, ALEKSANDER BARDINI 1H38 | POLOGNE-FRANCE | 1991

    4 MOIS, 3 SEMAINES, 2 JOURS DE CRISTIAN MUNGIU AVEC ANAMARICA MARINCA, LAURA VASILIU, VLAD IVANOV 1H53 | ROUMANIE | 2007

    CORPS ET ÂME DE ILDIKÓ ENYEDI AVEC ALEXANDRA BORBELY, GEZA MORCSANYI, ZOLTAN SCHNEIDER 1H56 | HONGRIE | 2017

    CINÉ-CONCERTS

    Mardi 8 et mercredi 9 novembre à la Chapelle du Conservatoire à rayonnement départemental d'Arras.

    OCEANIMATION Concerto LA RENCONTRE CROISÉE INTERDISCIPLINAIRE D’ARTISTES PORTUGAIS ET FRANÇAIS.

     PARIS QUI DORT DE RENÉ CLAIR AVEC HENRI ROLLAN, MADELEINE RODRIGUE, ALBERT PRÉJEAN FRANCE | 1923 

    Version restaurée par la Fondation Jérôme Seydoux-Pathé accompagnée par l’Ensemble Ciné-Concert du Conservatoire d’Arras sous la direction de Jacques Cambra. Copie : ADRC. E

    Les Rencontres professionnelles du Nord

    16ème édition, du 8 au 10 novembre 2022

    Près de 200 professionnels français et belges réunis pendant trois jours, plus de 10 projections de films en avant-première en présence des réalisateurs et des équipes, des présentations de line-up par les distributeurs, des moments d’échanges et de convivialité… Ce rendez-vous annuel unique au nord de Paris est proposé avec la Chambre Syndicale des cinémas du Nord-Pas de Calais. Inscriptions en ligne sur : www.lesrencontresprodunord.fr

    POINT D'INFORMATION

    Au cinéma Mégarama

    Du 24 octobre au 31 octobre

    De 14h30 à 19h30 (sauf dimanches et mardi 1er novembre)

    Du 2 au 4 novembre

    De 9h30 à 21h30 (tous les jours)

    Au Village du Festival

    Du 5 au 13 novembre

    De 10h30 à 19h (tous les jours)

    Au téléphone : 09 72 60 45 72 

    TARIFS 2022

    Pass festival : 70 €

    Nominatif. Accès à toutes les séances sauf soirée d’ouverture sur retrait des tickets.

    Billets à la séance

    Tarif normal : 8 €

    Tarif réduit : 6 € (-18 ans, étudiant(e)s, demandeur(se)s d’emploi, adhérent(e)s PlanSéquence + Di Dou Da, Colères du présent,

    Université pour tous de l’Artois, membres du CMCAS sur présentation d’un justificatif)

    Groupes scolaires : 3,50 €

    Séance à tarif unique

    Soirée d’ouverture, vendredi 4 novembre : 9 €

    Abonnement 10 films : 48 €

    Valable pour 1 à 2 personnes par séance sur retrait des tickets. Ne donne pas accès à la soirée d’ouverture.

    Abonnement 5 films : 30,50 €

    Valable pour 1 à 2 personnes par séance sur retrait des tickets.

    Ne donne pas accès à la soirée d’ouverture.

    BILLETTERIE PHYSIQUE

    Cinéma Mégarama

    48, Grand’Place

    A partir du 24 octobre

    Possibilité d’achat des pass, abonnements et billets pour la soirée d’ouverture.

    De 14h30 à 19h30 (sauf dimanches et mardi 1er novembre)

    A partir du 2 novembre

    Possibilité d’achat de tous les billets y compris ceux correspondants aux pass et aux abonnements.

    De 9h30 à 21h30 (tous les jours)

    BILLETTERIE EN LIGNE

    A partir du 20 octobre

    Possibilité d’achat en ligne des pass, abonnements et billets pour la soirée d’ouverture.

    A partir du 27 octobre

    Possibilité d’achat en ligne de tous les billets (sauf tarif réduit) y compris ceux correspondant aux pass et aux abonnements sur arras.megarama.fr.

    Pour en savoir plus, le site officiel du Arras Film Festival.

    Un festival à suivre également sur twitter  (@ArrasFilmFestiv) et instagram (@arrasfilm). 

  • Critique de CLOSE de Lukas Dhont

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    Close a reçu le Grand Prix ex-aequo du dernier Festival de Cannes. Le film de Lukas Dhont était aussi présenté en avant-première dans le cadre du Festival du Cinéma Américain de Deauville 2022, dans la section L’heure de la Croisette. Il s’agit là du second long-métrage de Lukas Dhont, après Girl qui fut couronné de nombreux prix dont la Caméra d’or du Festival de Cannes 2018 mais aussi le prix d'interprétation Un Certain Regard pour son jeune interprète, Victor Polster.

    Léo, le blond, (Eden Dambrine) et Rémi, le brun, (Gustav de Waele), 13 ans, sont amis depuis toujours. Jusqu'à ce qu'un événement impensable les sépare. 

    Cela commence par des jeux d’enfants, jouer à être des chevaliers, à être quelqu’un d’autre. De ce duo rempli de charme émane un mélange de fougue et de naïveté. Cette enfance dont ils ont encore les jeux, ils sont sur le point de la quitter. Ce quelqu’un d’autre qu’ils jouent à être, ils le sont un peu aussi, à cet âge où les repères se brouillent, où les sentiments deviennent confus, où la société, les autres, exigent de se/vous ranger dans des cases. Ce n’est pas encore la rentrée des classes. C’est la fin de l’été avec les derniers sursauts de ses couleurs éclatantes, les plus beaux, un peu nostalgiques déjà.

     L’insouciance et la joie de vivre règnent dans la vie des deux jeunes garçons. Une amitié forte, fraternelle, fusionnelle, tendre et apparemment indéfectible, les lie. Leur amitié a pour cadre la campagne belge, les champs de fleurs des parents de Léo, un décor joyeux et coloré à perte de vue dans lequel ils courent à perdre haleine, et deux familles aimantes qui les accueillent comme s’ils étaient frères. Ils dorment l’un chez l’autre, l’un avec l’autre. La nuit, Léo invente des histoires extraordinaires et les raconte à Rémi, blotti contre lui. Léo dessine Rémi aussi. La beauté innocente et flagrante de leur amitié ensoleille tout le début du film.

    Leurs parents s’occupent d’eux et les reçoivent comme s’ils étaient frères.  Et lorsque la maman de Rémi, Sophie, est, couchée dans l’herbe, posée sur le ventre de son fils, Léo contre eux, leur complicité est rayonnante et harmonieuse comme la campagne qui les environne. C’est le règne de la joie et de l’innocence.

    Et puis arrive la rentrée des classes. Avec le regard des autres, inquisiteur, malveillant, insistant, étouffant. Cette cruelle intransigeance adolescente qui ravage les âmes sensibles. Une question « Vous êtes ensemble ? ». Et c’est tout leur univers qui s’écroule. La note dissonante. La fin de l’harmonie. Les regards qui pèsent sur eux mettent Léo mal à l’aise, le poussent à se questionner sur ce qui était naturel auparavant, et à s’éloigner de Rémi. Il commence à se détacher de son ami, à jouer au football avec ses camarades de classe, à s’inscrire dans un club de hockey sur glace, à s’investir ainsi dans des activités qui sont des symboles supposés de virilité. Rémi souffre de cet éloignement. Le cœur est brisé, le sien et celui du spectateur d’assister, impuissant, à sa détresse insondable. Le dialogue a laissé place aux non-dits, à l’agressivité. Jusqu’au point de non-retour.

    Léo comprendra alors trop tard, sera envahi par la culpabilité, devra quitter les derniers habits de l’enfance, et plonger subitement dans l’âge adulte. Le père de Rémi s’effondre à table. Les mères se murent dans la dignité et dans le silence. Sublimes Léa Drucker et Émilie Dequenne, dont le talent éclate encore plus face à la candeur et la vérité du jeu des deux magnifiques acteurs en devenir que sont Eden Dambrine et Gustav de Waele. Deux révélations dont on entendra forcément parler à nouveau tant ils crèvent l’écran…et nos cœurs.

    Avec quelle délicatesse, Lukas Dhont filme (chorégraphie même) l’affection des deux garçons, leur proximité, leur joie, leurs jeux, leurs corps et leurs mouvements, comme une danse joyeuse et échevelée, avec une vitalité truffaldienne !

    Le travail sur la photographie et les couleurs est aussi remarquable, comme dans Girl qui était auréolé de cette douce et délicate lumière. L’équipe technique et artistique du film est ainsi la même que celle de Girl, notamment le directeur de la photographie Frank van den Eeden. Les couleurs changeantes au gré des saisons font écho aux émotions versatiles des deux garçons. Le changement de saison et les nuances de l’automne créent ainsi une rupture avec les teintes solaires de l’été. Une rupture aussi dans l’époque de la vie de Rémi et Léo. Puis, c’est l’hiver. Jusqu’à ce que les couleurs et les fleurs reviennent, et avec elles, un espoir et la vie…

    Le scénario coécrit par Lukas Dhont avec Angelo Tijssens est d’une justesse, d’une subtilité et d’une sensibilité rares, ne tombant jamais dans le pathos, jamais dans l’explication, jamais dans les clichés.  Mais nous serrant le cœur. Il dissèque la violence parfois tueuse du regard des autres, et la douleur ineffable de la perte (d’un être, de l’innocence), et ce poids constant que doit affronter Léo. Selon Sénèque, "Les peines légères s'expriment aisément; les grandes douleurs sont muettes." Celle de la mère de Rémi est tout en retenue. Sage-femme de métier. On imagine la force et la douleur de cette femme exacerbée par la confrontation permanente avec des nouveau-nés.

    Les violons de la BO de Valentin Hadjadj auraient pu être redondants. Il n’en est rien. Ils accompagnent et contrebalancent la retenue des personnages.

    Le titre est aussi parfaitement choisi. Il évoque la proximité amicale mais aussi corporelle des deux amis, mais aussi celle de la caméra qui semble les enlacer et embrasser leurs émotions. Et aussi ensuite les enfermer dans la douleur. Du rejet pour Rémi. Et de la culpabilité pour Léo. Comme cette grille du casque de hockey qui enferme son visage. Il porte un masque au sens propre comme au sens figuré. Comme encore dans cette scène, terrible, lors de laquelle la mère de Léo vient le chercher dans le bus, qui fait écho à cette autre scène tout en tension, de Léo avec la mère de Rémi. Dans les deux cas, les mots sont impossibles à trouver, et tout est dit dans le jeu des acteurs, dans les silences gênés, dans la maladresse des gestes.

    Malgré la tragédie évoquée, le film de Lukas Dhont, d’une maitrise (de jeu, d’écriture, de mise en scène) rare, est empreint de poésie qui ne nuit pas au sentiment de véracité et  de sincérité. Et puis il y a ce regard final qui ne nous lâche pas comme l’émotion poignante, la douce fragilité et la tendresse qui parcourent et illuminent ce film. Un regard final qui résonne comme un écho à un autre visage, disparu, dont le souvenir inonde tout le film de sa grâce innocente.

    Un des grands films de cette année, étourdissant de sensibilité, bouleversant, à voir absolument en salles, dès le 1er novembre 2022.