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  • Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule 2017 : Vladimir Cosma, Melville, Rémy Julienne, De Funès, Tati et la comédie à l'honneur

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    Lors des trois premières éditions du Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule (créé par Sam Bobino -qui  a aussi notamment à son actif  d’être délégué général de la Semaine du Cinéma Positif– et le cinéaste Christophe Barratier), je vous avais fait part de mon enthousiasme pour ce nouvel évènement cinématographique, convivial et passionnant, qui a lieu dans le cadre idyllique de La Baule, un festival pour lequel j’ai eu un coup de cœur tel que l’une des nouvelles de mon recueil « Les illusions parallèles » (Editions du 38), se déroule dans le cadre de celui-ci. J'avais d'ailleurs eu le plaisir de le dédicacer dans le cadre du festival l'an passé.

    Pour tout savoir sur le Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule retrouvez :

    mon compte rendu du Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule 2014

    et mon compte rendu du Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule 2015

    et mon compte rendu du Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule 2016.

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    Je  recommande vivement dès à présent l'édition 2017, d’autant plus que les premières annonces concernant la programmation sont vraiment alléchantes avec l’hommage rendu, en sa présence, au compositeur Vladimir Cosma, une légende à qui l'on doit d'innombrables musiques de films dont celles de La Boum, des Aventures de Rabbi Jacob, du Grand Blond avec une chaussure noire, de L'Aile ou La Cuisse, de La Chèvre, du Diner de cons , etc. VLADIMIR COSMA dirigera ses plus grandes musiques de film avec un orchestre symphonique d'une soixantaine de musiciens et artistes internationaux, sur la scène du Palais des Congrès Atlantia de laBaule, le samedi 11 Novembre à 20h.

    CHRISTOPHE BARRATIER et SAM BOBINO, présidents du Festival, pour cette 4ème édition ont décidé de mettre à l'honneur les comédies :

    -Coup de projecteur sur Jacques Tati dont on fête les 110 ans de sa naissance et dont le personnage culte M.Hulot figure sur la magnifique affiche du Festival ((en bonus, ma critique de "Playtime" de Tati en bas de cet article)), et Buster Keaton, dont les projections de films seront accompagnées en musique

    -Hommage à LOUIS DE FUNES à la Chapelle Saint Anne à la Baule avec une exposition d'objets inédits et encore jamais exposés ayant appartenu à l'acteur.


    -Par ailleurs, un hommage sera rendu au réalisateur culte JEAN PIERRE MELVILLE, réalisateur des chefs-d'œuvre que sont notamment L’Armée des Ombres, Le Cercle Rouge, le Samouraï (dont je vous propose ma critique en bonus, ci-dessus)

    -Un hommage sera également rendu à REMY JULIENNE, le plus grand cascadeur du Cinéma Français.


    -Le Festival, ce sont aussi des ateliers, des rencontres, des séances de dédicaces, des Master class dirigées par STÉPHANE LEROUGE, grand spécialiste de la musique de film, et bien sûr des projections en avant première en présence des équipes de films et acteurs.

    Le festival 2017 aura lieu du mercredi 7 au dimanche 12 novembre.

    Pour en savoir plus, vous pouvez d’ores et déjà vous abonner à la page Facebook du festival, ici, mais aussi le retrouver sur twitter (@FestivalLaBaule), sur Instagram (@festivallabaule) et sur son site internet.

    Pour préparer au mieux votre séjour, vous pouvez aussi retrouver mes bonnes adresses à La Baule et Pornichet, ici.

    Cet article (à retrouver aussi bientôt sur mon autre blog Inthemoodforfilmfestivals.com) sera complété au fur et à mesure des annonces sur la programmation de cette édition 2017.

    Critique - Le Samouraï de Jean-Pierre Melville

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    C’est un des films à l’origine de ma passion pour le cinéma qui s’est au départ et dès l’enfance nourrie surtout de cinéma policier, un chef d’œuvre du maître du cinéma policier et accessoirement l'œuvre d'un de mes cinéastes de prédilection, Jean-Pierre Melville, et enfin un des meilleurs rôles d’Alain Delon qui incarne et a immortalisé le glacial, élégant et solitaire Jef Costello tout comme il immortalisa Tancrède, Roch Siffredi, Corey, Robert Klein, Roger Sartet, Gino dans les films de Clément, Deray, Visconti, Verneuil, Losey, Giovanni. Si je ne devais vous recommander qu’un seul polar, ce serait sans doute celui-ci…

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    Jef Costello est un tueur à gages dont le dernier contrat consiste à tuer le patron d’une boîte de jazz, Martey. Il s’arrange pour que sa maîtresse, Jane (Nathalie Delon), dise qu’il était avec elle au moment du meurtre. Seule la pianiste de la boîte, Valérie (Cathy Rosier) voit clairement son visage. Seulement, lorsqu’elle est convoquée avec tous les autres clients et employés de la boîte pour une confrontation, elle feint de ne pas le reconnaître… Pendant ce temps, on cherche à  tuer Jef Costello « le Samouraï » tandis que le commissaire (François Périer) est instinctivement persuadé de sa culpabilité qu’il souhaite prouver, à tout prix.

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    © Collection Fondation Jérôme Seydoux-Pathé

    Dès le premier plan, Melville parvient à nous captiver et plonger dans son atmosphère, celle d’un film hommage aux polars américains…mais aussi référence de bien des cinéastes comme Johnny To dans « Vengeance » dans lequel le personnage principal se prénomme d’ailleurs Francis Costello mais aussi Jim Jarmusch  dans « Ghost Dog, la voie du samouraï » sous oublier Michael Mann avec « Heat » , Quentin Tarantino  avec « Reservoir Dogs » ou encore John Woo dans « The Killer » et bien d’autres qui, plus ou moins implicitement, ont cité ce film de référence…et d’ailleurs très récemment le personnage de Ryan Gosling dans « Drive » présente de nombreuses similitudes avec Costello (même si Nicolas Winding Refn est très loin d’avoir le talent de Melville qui, bien que mettant souvent en scène des truands, ne faisait pas preuve de cette fascination pour la violence qui gâche la deuxième partie du film de Nicolas Winding Refn malgré sa réalisation hypnotique) ou encore le personnage de Clooney dans "The American" d'Anton Corbijn.

    Ce premier plan, c’est celui du Samouraï à peine perceptible, fumant, allongé sur son lit, à la droite de l’écran, dans une pièce morne dans laquelle le seul signe de vie est le pépiement d’un oiseau, un bouvreuil. La chambre, presque carcérale, est grisâtre, ascétique et spartiate avec en son centre la cage de l’oiseau, le seul signe d’humanité dans cette pièce morte (tout comme le commissaire Mattei interprété par Bourvil dans « Le Cercle rouge » a ses chats pour seuls amis).  Jef Costello est un homme presque invisible, même dans la sphère privée, comme son « métier » exige qu’il le soit. Le temps s’étire. Sur l’écran s’inscrit « Il n’y a pas de plus profonde solitude que celle du samouraï si ce n’est celle d’un tigre dans la jungle…peut-être… » ( une phrase censée provenir du « Bushido, le livre des Samouraï » et en fait inventée par Melville). Un début placé sous le sceau de la noirceur et de la fatalité comme celui du « Cercle rouge » au début duquel on peut lire la phrase suivante : "Çakyamuni le Solitaire, dit Siderta Gautama le Sage, dit le Bouddha, se saisit d'un morceau de craie rouge, traça un cercle et dit : " Quand des hommes, même sils l'ignorent, doivent se retrouver un jour, tout peut arriver à chacun d'entre eux et ils peuvent suivre des chemins divergents, au jour dit, inéluctablement, ils seront réunis dans le cercle rouge (Rama Krishna)".

    Puis, avec calme et froideur (manière dont il agira tout au long du film), Costello enfile sa « panoplie », trench-coat et chapeau, tandis que son regard bleu acier affronte son image élégante et glaciale dans le miroir. Le ton est donné, celui d’un hiératisme silencieux et captivant qui ne sied pas forcément à notre époque agitée et tonitruante. Ce chef d’œuvre (rappelons-le, de 1967) pourrait-il être tourné aujourd’hui ? Ce n’est malheureusement pas si certain…

    Pendant le premier quart d’heure du film, Costello va et vient, sans jamais s’exprimer, presque comme une ombre. Les dialogues sont d’ailleurs rares tout au long du film mais ils  ont la précision chirurgicale et glaciale des meurtres et des actes de Costello, et un rythme d’une justesse implacable : «  Je ne parle jamais à un homme qui tient une arme dans la main. C’est une règle ? Une habitude. » Avec la scène du cambriolage du « Cercle rouge » (25 minutes sans une phrase échangée), Melville confirmera son talent pour filmer le silence et le faire oublier par la force captivante de sa mise en scène. (N’oublions pas que son premier long-métrage fut « Le silence de la mer »).

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    © Collection Fondation Jérôme Seydoux-Pathé

    La mise en scène de Melville est un modèle du genre, très épurée (inspirée des estampes japonaises), mise en valeur par la magnifique photographie d’Henri Decae, entre rues grises et désertes, atmosphère grise du 36 quai des Orfèvres, passerelle métallique de la gare, couloirs gris, et l’atmosphère plus lumineuse de la boîte de jazz ou l’appartement de Jane. Il porte à la fois le polar à son paroxysme mais le révolutionne aussi, chaque acte de Costello étant d’une solennité dénuée de tout aspect spectaculaire.

    Le scénario sert magistralement la précision de la mise en scène avec ses personnages solitaires, voire anonymes. C’est ainsi « le commissaire », fantastique personnage de François Périer en  flic odieux prêt à tout pour satisfaire son instinct de chasseur de loup (Costello est ainsi comparé à un loup) aux méthodes parfois douteuses qui fait songer au « tous coupables » du « Cercle rouge ». C’est encore « La pianiste » (même si on connaît son prénom, Valérie) et Jane semble n’exister que par rapport à Costello et à travers lui dont on ne saura jamais s’il l’aime en retour. Personnages prisonniers d’une vie ou d’intérieurs qui les étouffent comme dans « Le cercle rouge ».

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    © Collection Fondation Jérôme Seydoux-Pathé

    Le plan du début et celui de la fin se répondent ainsi ingénieusement : deux solitudes qui se font face, deux atmosphères aussi, celle grisâtre de la chambre de Costello, celle, plus lumineuse, de la boîte de jazz mais finalement deux prisons auxquelles sont condamnés ces êtres solitaires qui se sont croisés l’espace d’un instant.  Une danse de regards avec la mort qui semble annoncée dès le premier plan, dès le titre et la phrase d’exergue. Une fin cruelle, magnifique, tragique (les spectateurs quittent d’ailleurs le « théâtre » du crime comme les spectateurs d’une pièce ou d’une tragédie) qui éclaire ce personnage si sombre qui se comporte alors comme un samouraï sans que l’on sache si c’est par sens du devoir, de l’honneur…ou par un sursaut d’humanité.

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    © Collection Fondation Jérôme Seydoux-Pathé

    Que ce soit dans « Le Doulos », « Le Deuxième souffle » et même dans une autre mesure « L’armée des ombres », on retrouve toujours chez Melville cet univers sombre et cruel, et ces personnages solitaires qui firent dirent à certains, à propos de « L’armée des ombres » qu’il réalisait un « film de gangsters sous couverture historique » … à moins que ses « films de gangsters » n’aient été à l’inverse le moyen d’évoquer cette idée de clandestinité qu’il avait connu sous la Résistance. Dans les  films précédant « L’armée des ombres » comme « Le Samouraï », Melville se serait donc abrité derrière des intrigues policières comme il s’abritait derrière ses indéfectibles lunettes, pour éviter de raconter ce qui lui était le plus intime : la fidélité à la parole donnée, les codes qui régissent les individus vivant en communauté. Comme dans « L’armée des ombres », dans « Le Samouraï » la claustrophobie psychique des personnages se reflète dans les lieux de l’action et est renforcée d’une part par le silence, le secret qui entoure cette action et d’autre part par les «couleurs », terme d’ailleurs inadéquat puisqu’elles sont ici aussi souvent proches du noir et blanc et de l’obscurité. Le film est en effet auréolé d’une lumière grisonnante, froide, lumière de la nuit, des rues éteintes, de ces autres ombres condamnées à la clandestinité pour agir.

    Evidemment, ce film ne serait sans doute pas devenu un chef d’œuvre sans la présence d’Alain Delon (que Melville retrouvera dans « Le Cercle rouge », en 1970, voir ma critique ici, puis dans « Un flic » en 1972) qui parvient à rendre attachant ce personnage de tueur à gages froid, mystérieux, silencieux, élégant dont le regard, l’espace d’un instant face à la pianiste, exprime une forme de détresse, de gratitude, de regret, de mélancolie pour ensuite redevenir sec et brutal. N’en reste pourtant que l’image d’un loup solitaire impassible d’une tristesse déchirante, un personnage quasiment irréel (Melville s’amuse d’ailleurs avec la vraisemblance comme lorsqu’il tire sans vraiment dégainer) transformant l’archétype de son personnage en mythe, celui du fameux héros melvillien. 

    Avec ce film noir, polar exemplaire, Meville a inventé un genre, le film melvillien avec ses personnages solitaires portés à leur paroxysme, un style épuré d’une beauté rigoureuse et froide et surtout il a donné à Alain Delon l’un de ses rôles les plus marquants, finalement peut-être pas si éloigné de ce samouraï charismatique, mystérieux, élégant et mélancolique au regard bleu acier, brutal et d’une tristesse presque attendrissante, et dont le seul vrai ami est un oiseau. Rôle en tout cas essentiel dans sa carrière que celui de ce Jef Costello auquel Delon lui-même fera un clin d’oeil dans « Le Battant ». Melville, Delon, Costello, trois noms devenus indissociables au-delà de la fiction.

    Sachez encore que le tournage se déroula dans les studios Jenner si chers à Melville, en 1967, des studios ravagés par un incendie…et dans lequel périt le bouvreuil du film. Les décors durent être reconstruits à la hâte dans les studios de Saint-Maurice.

    Édités par Pathé, le DVD restauré et le Blu-ray inédit du film « Le Samouraï » seront disponibles à partir du 7 décembre 2011. Les deux supports contiennent un sublime livret de 32 pages au cours desquelles le journaliste Jean-Baptiste Thoret raconte la genèse du film et nous livre une analyse complète de l’œuvre et de son influence dans le cinéma français et international. Les Bonus sont enrichis par des documents inédits : un documentaire « Melville-Delon : de l’honneur à la nuit » et le Journal Télévisé de 20h de 1967 qui diffuse un reportage sur le film. Vendue au prix de 19.99€ pour le DVD et 24.99€ pour le Blu-ray, cette réédition exceptionnelle est l’occasion de redécouvrir les couleurs magistrales de ce chef d’œuvre du cinéma policier.

    Je vous recommande aussi cette interview d’Alain Delon pendant le tournage de « Mélodie en sous-sol »  réalisée en 1963 dans laquelle apparaît toute sa détermination, son amour du métier…que je ne retrouve malheureusement pas chez beaucoup d’acteurs aujourd’hui.

     

     Critique de PLAYTIME de Tati

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    « Playtime », tourné entre 1964 et 1967 et sorti en 1967, est organisé en six séquences qui nous emmènent successivement à Orly, dans un dédale de bureaux, au salon des arts ménagers,  dans des appartements ultramodernes, au royal garden et dans un manège urbain. Ces scènes sont reliées entre elles grâce à l'utilisation de deux personnages qui se croiseront au cours du récit : Barbara, une jeune touriste américaine en visite à Paris et M. Hulot (Jacques Tati), qui a un rendez-vous avec un personnage important.

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    Si le film a été un retentissant échec à sa sortie et un véritable gouffre financier pour Tati   (il dut hypothéquer sa propre maison ainsi que les droits des « Vacances de Monsieur Hulot » et de « Mon oncle » ), il est aujourd'hui considéré comme un chef d'œuvre de l'histoire du cinéma qui a par ailleurs influencé de nombreux cinéastes : : de Truffaut (qui lui rend hommage dans « Domicile conjugal » reprenant le gag du fauteuil de « PlayTime ») à Lynch ou Kaurismaki.  Prévu pour 2,5 millions de francs, le budget de Playtime est ainsi passé de 6 millions en 1964 à plus de 15 millions en 1967. Pour l'occasion Tati avait fait reconstituer une ville moderne entière « Tativille ».

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    Peut-être comme moi la première fois où je l'ai vu serez-vous déconcertés par le refus de la narration classique, par cette sollicitation permanente de l'ouïe et surtout du regard, par cette responsabilisation du spectateur mais le monde de Tati mérite un deuxième voyage, une deuxième chance et surtout un deuxième regard.

    « PlayTime » qui est pourtant sorti en 1967, il y a donc plus de 40 ans, pourrait ainsi avoir été réalisé aujourd'hui tant il reflète notre époque contemporaine : une époque avide de transparence, d'exhibition (« nous appartenons à une génération qui éprouve le besoin de se mettre en vitrine » disait-il déjà) et souvent aveugle à ce qui l'entoure. Une époque tonitruante et sourde. Une époque utra « communicationnel » et parfois tellement égocentrique voire égoïste. Une époque ouverte et cloisonnée. Une époque où les technologies compliquent parfois les rapports humains alors qu'elles devraient les faciliter. Une époque d'une modernité  aliénante (de l'uniformisation de l'architecture au rôle de la télévision en passant par l'influence de la société de consommation), déshumanisante et parfois inhumaine. C'est tout ce que Tati savait déjà si bien tourner en dérision et envelopper dans un vaste manège parfois (contrairement à ce qu'on pourrait croire) plus désenchanté qu'enchanté, en tout cas enchanteur. Le premier plan sur l'immeuble gigantesque, en contre-plongée est ainsi le reflet, à la fois inquiétant et fascinant, de ce que représente la modernité pour Tati.

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    Quelle clairvoyance, quand il y a plus de 40 ans, Tati nous montre une société aseptisée, uniformisée, qui perd son identité et sa convivialité mais qui perd aussi la notion d'intimité (même si ici la transparence est un leurre, au propre comme au figuré), des vies standardisées, une société monochrome, un monde moderne qui aliène dans lequel « la vedette est avant tout le décor ». Les corps et décors sont alors pareillement soumis à la standardisation et à la répétition. « Playtime » a ainsi été tourné en 70mm pour montrer la démesure de l'architecture par rapport à l'homme.

     Quel cinéaste arrive aujourd'hui à construire des plans (souvent des plans séquence et des plans d'ensemble) d'une telle richesse, d'une  telle densité, d'une telle polysémie avec un tel travail sur le son, les couleurs, l'organisation en apparence désorganisée de l'espace, créant un univers tellement singulier à la fois absurde et clairvoyant, tendre et mélancolique ?

      PlayTime est un bijou burlesque, héritier de Keaton mais aussi de Chaplin avec ses objets métonymiques (canne, chapeau),  d'une beauté inégalée et qui nous embarque dans son univers aussi gris que fantaisiste, aussi absurde que réaliste : Tati met ainsi en lumière les paradoxes de notre société par un cinéma lui-même en apparence paradoxal, mais savamment orchestré.

    Ah, la séquence du Royal Garden! Quelle lucidité. Quelle drôlerie ! Quel discernement ! Quelle folie savante et poétique ! Quel sens du détail ! 45 minutes d'une inventivité et d'une intelligence jubilatoires et incomparables ! Et quelle confiance accordée au spectateur qu'on cherche si souvent aujourd'hui à infantiliser et quelle confiance accordée à son regard qu'on cherche si souvent à dicter... Un tourbillon spectaculaire, une récréation savoureuse dont le spectateur fait partie intégrante.

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     Tati se fait chorégraphe et maître de ballet de son univers labyrinthique si particulier et fascinant, tout en folie, déplacement et transparence, avec ses mouvements qui épousent d'abord les lignes architecturales puis qui prennent leur liberté, leur envol et deviennent plus audacieux comme une invitation à ne pas se laisser emprisonner par les lignes du décor et donc à se désaliéner de la modernité dans laquelle Paris n'est plus qu'un reflet inaccessible et nostalgique. L'artiste prend alors le pas sur les lignes rectilignes et glaciales de l'architecture. Tati s'inspire lui-même de plusieurs peintres : Mondrian, Klee, Bruegel...Il tente alors de décloisonner et perturber l'espace.

    Au milieu de cette modernité intrigante, inquiétante, faîte de tant d'incongruités,  le spectateur est en permanence sollicité, surtout responsabilisé. Tati nous déconcerte et nous ensorcelle, nous interpelle et nous responsabilise, donc, et nous invite à voir la poésie, certes parfois désespérée, qui se cache derrière (et parfois émane de)  l'absurdité de la société et de l'existence modernes.

    Le film a été restauré en 2002 pour plus de 800000 euros...

     

  • Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule 2017 : l'affiche

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    Voici la splendide affiche du Festival Cinéma & Musique de Film de La Baule​ 2017. Vous reconnaîtrez bien sûr la référence à la singulière silhouette de M.Hulot, le célèbre personnage de Tati. Cette 4ème édition du festival fera la part belle aux comédies. L'affiche réalisée par l'artiste Sébastien Dupouey fait ainsi référence au film "Les vacances de M.Hulot" dont le tournage avait eu lieu près de La Baule. Retrouvez le compte rendu des 3 premières éditions du festival sur Inthemoodforcinema.com et voici mon compte rendu de l'édition 2016 : http://www.inthemoodforcinema.com/archive/2016/09/21/festival-du-cinema-et-musique-de-film-de-la-baule-2016-affic-5850721.html

  • Mon avis sur le concert du Groupe Archimède au Théâtre de Laval et sur le nouvel album "Méhari"

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    Il est rare que je vous parle ici de musique mais, après tout, évoquer le groupe Archimède, c’est aussi parler de cinéma car leurs chansons, toujours incroyablement bien écrites, avec des phrases ciselées, des mots d’une redoutable précision, sont des histoires qui nous embarquent dans leur univers, comme des courts-métrages qui nous emmènent en voyage, a fortiori avec cet album intitulé Méhari. Ce Tour en Méhari, une tournée qui célèbre leur quatrième album (déjà !) débutait ce samedi soir à Laval, la ville dont Frédéric et Nicolas Boisnard sont originaires (comme l’auteur de ces lignes) et à laquelle ils sont toujours restés fidèles, commençant toujours leurs tournées dans cette ville, comme samedi, au Théâtre de Laval.

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    Ce samedi soir, sous un soleil étincelant et presque irréel, aux abords du théâtre, régnait déjà un air de fête, une atmosphère à l’unisson de cet album annoncé par le groupe comme « solaire, vintage, plus fun et plus débraillé que jamais », « joyeux, primesautier et sans artifices ». La pochette de l’album, sorti ce 7 avril 2017, donnait déjà le ton : vrombissante, bondissante, ludique, cinématographique, cartoonesque et réjouissante. Déjà une magnifique invitation à l’évasion.

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    Sur scène, avec les frères Boisnard, trois musiciens et une Méhari rutilante (grâce à la restauration méthodique de l’oncle des frères Boisnard) avec pour plaque d’immatriculation la date de sortie de l’album et, au-dessus, un écran diffusant des images tantôt décalées, tantôt attendrissantes ou parfois même plus revendicatives (comme celles, parfois révoltantes ou poignantes, sur la chanson intitulée Toujours plus con).

    Lors de ce concert, Archimède a eu la bonne idée d’alterner nouveaux et anciens titres et l’extrême délicatesse de proposer un voyage enjoué, interprétant tous les titres de ce nouvel album à l’exception de celui consacré aux attentats du 13 novembre, le sublime et émouvant Vivre est un poème que je vous recommande vivement d’écouter. S’ils sont parfois mordants, (im)pertinents plus qu’insolents, leur impertinence résonne comme une forme de pudeur et c’est finalement de la bienveillance qui ressort de ces chansons, ou en tout cas une douce et lucide incitation et invitation au bonheur.

    Dans Méhari, j’ai retrouvé leurs sonorités pop et enjouées aux influences anglo-saxonnes qui caractérisaient déjà leurs précédents albums, une musique d’une nostalgie joyeuse, des chansons gaiement mélancoliques, intelligemment paradoxales. Et surtout une musique composée et interprétée par Frédéric Boisnard (et composée avec son frère aussi pour quelques titres, le chanteur, Nicolas) et des musiciens tout aussi talentueux  que leur interprétation en live a réellement sublimée.

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    Photo ci-dessous prise lors d'un précédent concert au Théâtre de Laval. ©Inthemoodforcinema.com

    Derrière les mélodies allègres, les textes de Nicolas Boisnard mettent en effet souvent l’accent sur les travers de notre société comme la pensée uniformisée dans l’excellent On singe le monkey (« La bêtise humaine est pandémique, On a perdu tout sens critique, On ne pense qu’à la chaîne, Clichés poncifs, rengaines… »), les utopies perdues dans l’enthousiasmant Rue de la joie (« On a rêvé du grand soir, Et les lendemains ont déchanté, Tout ce qu’on a voulu croire ne s’est jamais réalisé »), la destruction égoïste et aveugle d’un monde laissé comme triste héritage aux générations futures dans le percutant Toujours plus con (« Pardon pour les plages qu’on bétonne, Pardon pour les baleines qu’on harponne, Fallait bien des cosmétiques pour nos blondes »).

    Derrière ce triste constat chanté avec une allégresse judicieusement décalée, Archimède prône la joie, la fraternité, l’amour, une bienveillance derrière l’impertinence. Et cela fait un bien fou.

    On retrouve les mêmes influences que dans leurs précédents albums : Dutronc, Renaud, Oasis, Bashung, les Beatles auxquels me fait aussi penser cette pochette de Méhari. Des références qu’ils ont su dépasser et intégrer pour créer leur style bien à eux encore étoffé, sublimé, plus engagé aussi sous le beau masque de la légèreté. Avec leur singulière élégance, ironiques mais jamais cyniques, légers -seulement en apparence- mais jamais désinvoltes (ou alors royalement comme dans Rue de la joie), impertinents mais jamais arrogants, délicats sans être mièvres, ils nous embarquent une nouvelle fois dans leur univers, universel et particulier.  Ils ne cherchent pas à être à la mode et c’est ce qui les rend précurseurs et indémodables.

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    J’avais découvert le groupe Archimède tout à fait par hasard, il y a quelques années, lors d’un mini-concert qu’ils donnaient chez un disquaire (lavallois, donc). Entre-temps, j’ai écouté et aimé leurs trois albums (un album éponyme, Trafalgar et Arcadie), les ai entendus dans les jardins du Palais Royal, à Paris pour la fête de la musique, devant un public électrisé par leur énergie communicative (comme ce fut d'ailleurs également le cas à Laval samedi dernier), et j’ai suivi leur fulgurant parcours. Archimède a ainsi été nommé deux fois aux Victoires de la musique: en 2010  (comme album révélation de l’année, l’occasion notamment de découvrir le remarquable L’été revient (je vous mets au défi de l'écouter sans qu'il vous reste agréablement dans la tête) ou le très beau  Au diable Vauvert) puis en 2012 pour leur album Trafalgar comme « Album rock de l’année ». Je suis certaine que la troisième fois sera la bonne… Ils le mériteraient en tout cas pour ce nouvel album qui est une indéniable réussite.

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    Vous les avez  peut-être ainsi découverts à ces occasions ou lors d’un de leurs nombreux passages télévisés où, d’ailleurs, ils ont souvent fait l’unanimité comme dans Taratata, notamment l’occasion pour eux de chanter avec Bénabar une remarquable version de Mathilde de Jacques Brel, Bénabar pour qui ils ont  composé et dont ils ont fait la première partie de la tournée ou même aux concerts de Thiéfaine dont ils ont fait la première partie à Bercy et dans une dizaine de Zénith et évidemment en première partie de Johnny Hallyday pour qui ils ont composé une très belle chanson co-écrite avec Miossec A l’Abri du monde.

    En plus des nouveaux titres dont la découverte fut un réel plaisir, quelle joie, lors de ce concert lavallois, de réentendre Je prends,  Les premiers lundis de septembre,  Au marché des Amandiers, ça fly away...!  Des mélodies et des textes qui vous trottent rapidement dans la tête, vous mettent de bonne humeur (vertu de plus en plus en plus rare et ô combien précieuse) et vous donnent envie de les écouter et réécouter sans modération.

    Des premiers albums, je vous recommande tout particulièrement Je prends,  Le bonheur, L’été revient, Les premiers lundis de septembre, A mes dépens,  Au diable vauvert,  Nos vies d’avant, Au marché des Amandiers, Les indociles…et la chanson du groupe que je préfère, beaucoup plus mélancolique que leurs chansons plus connues (et qui prouve aussi la diversité de leur talent, et la qualité admirable de l’écriture) Le grand jour qui me bouleverse et qui, tous chanteurs et groupes confondus, est une de mes chansons préférées.

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    Ce nouvel album contient plusieurs titres qui pour moi sont des tubes (c’est tout le mal que je leur souhaite), évidemment celui qui passe en radio actuellement Je t’aime low cost, ode à l’amour « qui ne s’achète pas », Hendaye, ou encore celui que je préfère Rue de la joie. Assurément aussi, après Fils de, chanson hommage pudique et décalée à leur père, ce dernier ne sera  «plus tout à fait un inconnu », le public ayant pris un malin plaisir à scander le nom de « Gérard Boisnard ».

    Inutile de vous dire que ce même public a passé plus de temps debout qu’assis, que la bonne ambiance était au rendez-vous, et que ce concert était formidable. Sans doute direz-vous que nos origines communes m’ôtent un peu d’objectivité mais je vous le garantis, ils sont aussi sympathiques que talentueux.

    Le concert s’est achevé avec Le bonheur. La délicatesse, l’allégresse et le souci de transmettre le bonheur d’être jusqu’au bout.  « La bonté pour seule arme » pour répandre la « joie comme un soleil » comme dans Vivre est un poème, nous communiquant leur fraternité joyeuse comme une réponse à l’égoïsme et au désenchantement du monde.

    Je suis ressortie du Théâtre de Laval, alors que le soleil avait décliné, mais le cœur en joie, me croyant « un soir d’été » à Hendaye avec en tête cette chanson que, à coup sûr, vous fredonnerez à votre tour lorsque vous l’aurez entendue, Rue de la joie, dans laquelle « on rira comme des rois désinvoltes ». Et à me dire que la vie « est un poème » qu’il nous appartient d’écrire, de rêver, de sublimer pour en devenir les rois désinvoltes. Ce que sont indéniablement les frères Boisnard. Et ce qu'ils nous ont donné l'illusion d'être le temps de ce concert.

    Alors n’attendez plus, embarquez dans cette Méhari et prenez la route du soleil et des vacances pour oublier le quotidien, l’espace de quelques chansons parce que, certes, « la vie dure le temps d’une étincelle » (La vie est un poème) mais elle vaut la peine d’être savourée intensément, fraternellement ou amoureusement. Chaque instant. Chaque note de musique.

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    Pour tout savoir sur Archimède et suivre leur tour  en Méhari :

    -l’excellente page Fan Archimède dirigée par le passionné et très sympathique Tristan

    -la page Facebook officielle du groupe Archimède

    -le compte twitter officiel du groupe Archimède @archimedemusic

    -le compte Instagram officiel du groupe Archimède @archimedemusic

    -Quelques dates de la tournée:

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    Et pour terminer un petit clin d’œil en photos à la très affable équipe de Cultura qui a organisé la vente de l'album avant et après le concert, et la dédicace du groupe, et par laquelle j’avais été remarquablement accueillie lors de ma propre dédicace dans leur magasin de Laval St Berthevin.

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    © B.Renault

     

    Retrouvez également cet article sur mon nouveau blog, le 8ème blog "in the mood", cette fois consacré à la ville de Laval: http://inthemoodforlaval.hautetfort.com.

  • Compte rendu du Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule 2016

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    L’ensemble des artistes et Yves Métaireau, Maire de La Baule, entourant Lalo Schifrin.

    Retrouvez ce même article sur mon blog Inthemoodforcinema.com.

    Cette année de festivals de cinéma aura décidément été très « lelouchienne », entre la projection spéciale d’ « Un homme et une femme » au Festival de Cannes pour les 50 ans de sa palme d’or, l’hommage que le Festival du Film de Cabourg a rendu au cinéaste, également pour les 50 ans de la sortie d’ « Un homme et une femme » (actuellement à l’affiche en copie restaurée, ma critique, ici), et la présidence du jury du Festival du Film Britannique de Dinard par Claude Lelouch qui y a donné une passionnante master class (à retrouver, ici). A La Baule, deux ans après l’hommage à Francis Lai, le festival profitait de la présence dans le jury de Richard Anconina pour projeter un classique lelouchien, « Itinéraire d’un enfant gâté » que j’ai eu le plaisir de revoir à cette occasion, un tour de manège éblouissant et étourdissant qui m’a plus que jamais embarquée, bouleversée, comme celui d’un autre film présenté en avant-première dans le cadre du festival…mais j’y reviens plus bas.

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    « Dans  un incendie, entre un Rembrandt et un chat, je sauverais le chat. »,« Entre l’art et la vie, je choisis la vie. »  Sans aucun doute est-ce l’un des pouvoirs magiques des festivals de cinéma que de nous éviter d’être confrontés à ce choix cornélien, extrait d’un des formidables dialogues d’ « Un homme et une femme ». Les festivals de cinéma font en effet s’entrelacer l’art et la vie, au point qu’ils se confondent parfois, en de douces illusions, a fortiori au Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule où la musique est omniprésente, et procure à chaque instant une aura romanesque. Il me semble d’ailleurs avoir vécu ces 5 jours au son de la musique de « Mission impossible » de Lalo Schifrin (le compositeur à qui le festival rendait cette année hommage après Francis Lai en 2014 et Michel Legrand en 2015) tant elle résonnait partout…nous plongeant dans une ambiance cinématographique haletante.

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    Et puis la mise en abyme était à son apogée dans le cadre de ce festival puisque je l’avais en effet immortalisé dans l’une des nouvelles de mon recueil de 16 nouvelles sur les festivals de cinéma « Les illusions parallèles », publié en septembre 2016, aux Editions du 38, avec une nouvelle intitulée « Un certain 14 novembre », un recueil que j’ai dédicacé le 13 novembre au festival  ainsi que mon premier roman « L’amor dans l’âme » (toujours disponibles à la librairie Lajarrige de La Baule que je remercie au passage pour son accueil et où je vous recommande vivement d’aller et merci aussi au passage à la blogueuse de Bauloise.com pour le bel article qu’elle m’a consacré à l’occasion de cette dédicace, un article que vous pouvez retrouver ici). Impossible bien sûr de ne pas penser aux tragiques évènements de l’an passé, même si la versatilité de la mémoire, de l’émotion, de l’attention m’affligent, et impossible également  de ne pas penser au concert de Michel Legrand qui avait eu lieu le lendemain, ce fameux  14 novembre 2015 donc, Michel Legrand alors comme toute l’assistance bouleversé par l’ignominie qui avait eu lieu la veille.

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    Ci-dessus, je dédicace en même temps que Lalo Schifrin.

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    Mais avant de revenir sur les différents évènements qui ont jalonné le festival (je vous invite à retrouver mon article sur le programme complet, ici, qui vous donnera une idée de son éclectisme tout comme mon compte rendu du Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule 2014 et mon compte rendu du Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule 2015 ), je rappelle que  le Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule a été créé par Sam Bobino -qui  a aussi notamment à son actif  d’être délégué général de la Semaine du Cinéma Positif et auparavant des Prix des Lumières – et par Christophe Barratier dont je vous recommande au passage l’excellent film « L’Outsider » dont vous pouvez retrouver ma critique ici, un des meilleurs films de 2016 , Christophe Barratier qui est bien sûr aussi le réalisateur notamment du film aux 8 millions d’entrées « Les Choristes »), un nouvel évènement cinématographique, convivial et passionnant, qui a lieu dans le cadre idyllique de  la sereine  ville de La Baule que l’automne pare de reflets mélancoliques que ne je me lasse pas d’immortaliser bien que fréquentant très régulièrement la célèbre cité balnéaire depuis mon enfance (cf photos ci-dessous prises lors du festival 2016, à retrouver sur mon compte instagram @sandra_meziere).

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    Comme les années précédentes, les projections ont eu lieu au cinéma Le Gulf Stream. Le festival proposait néanmoins une nouveauté cette année avec un village du festival au Centre des Congrès Atlantia, ci-dessous inauguré par les membres du jury.

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    Comme tout festival qui se respecte, le Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule présente une compétition de longs-métrages.  Le jury était cette année présidé par le comédien et réalisateur Richard Berry. Il était également  composé de Richard Anconina, Maïtena Biraben, Inna Modja et du compositeur Pierre Adenot que je remercie à nouveau vivement pour ses « extraits »  tantôt mélancoliques, tantôt joyeux et en tout cas profondément envoûtants. Ce dernier a composé de nombreuses musiques de films (récemment celle du très beau film de Rémi Bezançon « Nos futurs » dont je vous avais parlé ici)  et de téléfilms mais aussi, en 2012, la musique de la publicité de Cartier : «  L’Odyssée ».

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    Pierre Adenot et Inna Modja remettant l’Ibis d’or de la meilleure musique de film au compositeur Laurent Perez Del Mar pour le film « La Tortue Rouge ».

     « Chaque homme est seul et tous se fichent de tous et nos douleurs sont une île déserte ». Telle est la citation d’ouverture du film « Itinéraire d’un enfant gâté » de Claude Lelouch, une citation empruntée à Albert Cohen et peut-être est-ce finalement la phrase qui résumerait le mieux cette compétition officielle de longs-métrages qui mettait en scène des personnages confrontés à de cruelles et écrasantes douleurs qu’ils devaient souvent affronter seuls en se heurtant à l’entreprise, aux affres de la passion, au passé, à l’ennui du quotidien…et même à l’île déserte au sens propre. Des films radicalement différents auxquels des musiques diverses apportaient toujours force, lyrisme ou poésie, parfois les trois.

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    C’est le film le plus inclassable de ce festival, oublié du palmarès du dernier Festival de Cannes, « Paterson » de Jim Jarmusch (en salles le 21 décembre) qui a remporté presque tous les prix du festival, à l’unanimité du jury.

    Paterson (Adam Driver) vit à Paterson, New Jersey, cette ville des poètes, de William Carlos Williams à Allan Ginsberg, une ville aujourd’hui en décrépitude. Chauffeur de bus d’une trentaine d’années, il mène une vie réglée aux côtés de Laura (Golshifteh Farahani), qui multiplie projets et expériences avec enthousiasme et de Marvin, l’inénarrable bouledogue anglais. Chaque jour, Paterson écrit des poèmes sur un carnet secret qui ne le quitte pas…

    Le film dont l’intrigue se déroule sur une semaine, est empreint de dualité et est construit en miroir avec une précision fascinante, une fausse simplicité, une douceur hypnotique, un rythme lancinant. Envoûtants. Sa lenteur, certes captivante, en rebutera peut-être plus d’un, pourtant pour peu que vous acceptiez ce rythme, la poésie contemplative du film vous happera progressivement pour vous plonger et vous bercer dans une atmosphère à la fois mélancolique et ouateuse.

    La dualité et la répétition sont partout. Dans le noir et blanc qui obsèdent la compagne de Paterson (un noir et blanc dont elle décore toute la maison, sur les rideaux, sur ses cupcakes, sur ses vêtements). Les jumeaux que le couple voit partout (en rêve pour l’une, dans son étrange réalité pour l’autre). Dans le patronyme « Paterson » qui est aussi celui de la ville où le protagoniste évolue et celle où a vécu le poète dont il s’inspire (William Carlos Williams). Sans oublier les journées répétitives : le réveil, le trajet à pied pour aller en travail, l’écriture d’ un poème dans son carnet secret toujours interrompue par l’arrivée de son patron déprimé, les conversations des passagers de son bus, le retour à la maison en redressant la boîte aux lettres que le chien fait chaque jour malicieusement tomber, les discussions avec sa femme, et la journée qui s’achève par la promenade du chien et la bière au café où une conversation ou un imprévu viennent aussi briser le rythme routinier. Un seul évènement viendra réellement bouleverser ce rythme répétitif tandis que le couple regarde un film de Jacques Tourneur au cinéma, punis d’avoir dérogés à ses habitudes quotidiennes.

    Décrit ainsi, le film pourrait paraître ennuyeux et banal. S’en dégage pourtant une beauté poétique qui sublime l’apparente simplicité de chaque instant, l’ennui routinier qui semble parfois peser sur Paterson (la ville, ville pauvre du New Jersey qui rappelle Détroit dans « Only  Lovers Left Alive » ) et sur Paterson, l’homme. Il regarde ainsi chaque soir les visages célèbres de la ville accrochés dans le bar où s’achèvent ses journées. Admiratif, il écoute une petite fille lui dire le poème qu’elle a écrit et qu’il admire. Il  écoute enfin un touriste Japonais lui vanter les poèmes de William Carlos Williams. Miroirs encore. Ceux de ses regrets, de ses échecs, de sa vie qui semble condamné à cette inlassable routine mais que sublime le plus beau des pouvoirs, celui de savoir jongler avec les mots.

    Jarmusch, avec une acuité remarquable, capte l’extraordinaire dans l’ordinaire, le singulier dans le quotidien. Les vers qui s’écrivent sur l’écran et la voix de Paterson qui les répète inlassablement est une musique qui s’ajoute à celle de Sqürl, le groupe de Jim Jarmusch, et qui nous charme insidieusement pour finalement nous faire quitter à regrets cet univers réconfortant, tendrement cocasse, et poétique.

    Le film a reçu l’Ibis d’or du meilleur film mais aussi celui du meilleur acteur pour Adam Driver et de la meilleure actrice pour Golshifteh Farahani. La tendre nonchalance du premier, sa bienveillance envers l’attendrissante folie de sa femme (Golshifteh Farahani, toujours d’une justesse remarquable) sont en effet pour beaucoup dans le l’enchantement irrésistible de ce poème terriblement séduisant.

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    Le film d’ouverture également en compétition et qui a reçu l’Ibis d’or du public,  « Tour de France » de Rachid Djaïdani (sorti en salles le 16 novembre) mettait ainsi en scène deux personnages que rien a priori n’aurait dû réunir si ce n’est la volonté d’échapper eux aussi à un quotidien, autrement plus violent.

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    Dominique Desseigne, PDG du Groupe Barrière et Sonia Rolland,  remettant l’Ibis d’or du Prix du Public – Groupe Barrière au comédien Sadek pour le film « Tour de France ».

    Far’Hook  (Sadek) est un jeune rappeur de 20 ans. Suite à un règlement de compte, il est obligé de quitter Paris pour quelques temps. Son producteur, Bilal, lui propose alors de prendre sa place et d’accompagner son père Serge (Gérard Depardieu) faire le tour des ports de France sur les traces du peintre Joseph Vernet. Malgré le choc des générations et des cultures, une amitié improbable va se nouer entre ce rappeur plein de promesses et ce maçon du Nord de la France au cours d’un périple qui les mènera à Marseille pour un concert final.

    Au-delà de ce qui les sépare, en particulier le racisme de Serge, peu à peu, au fil des kilomètres, vont se révéler les blessures de ces deux oubliés de la société, ces deux êtres à fleur de peau, en mal d’amour, dont la colère s’exprime par la haine de l’autre (de l’inconnu) pour l’un, par la musique (le rap) pour l’autre. Une relation filiale va peu à peu se nouer entre les deux oubliés de la société, de ceux qui viennent de ces territoires ravagés par le chômage.  Depardieu toujours aussi monumental laisse peu à peu affleurer les fêlures et les blessures de ce misanthrope qui progressivement révèle un autre visage, pour finalement nous toucher en plein cœur et nous bouleverser lors d’une scène où il est filmé de dos, chancelant d’émotions, rattrapé par son humanité que les blessures de la vie l’ont conduit à masquer. Même si le film n’échappe pas à quelques clichés et discours convenus, voire démagogiques, et même si certaines saynètes manquent de liens entre elles, il finit par nous émouvoir et nous emporter tant il est émaillé de moments de grâce comme lorsque  Far’Hook déclame « l’Albatros » de Baudelaire. Un film porté par ce duo improbable et attachant, par la beauté des paysages (de la France et des tableaux) et par un bel espoir, au bout de la route,  celui de la réconciliation, avec l’autre et avec soi.

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     « Tanna » de Bentley Dean et Martin Butler

    Dans l’une des dernières tribus traditionnelles du monde, une jeune fille rompt son mariage arrangé pour s’enfuir avec l’homme qu’elle aime. Les amoureux déclenchent ainsi une guerre qui menace leur clan. Tanna est l’histoire vraie qui bouleversa la vie des habitants d’une petite île du Pacifique et fit réviser la constitution d’un pays.

     « Tanna » nous emmène en plein Pacifique, sur une petite île recouverte d’une luxuriante jungle et dominée par un volcan en activité. La tribu des Yakel y rejoue une histoire vraie venue de leur passé, une histoire faite d’amour, de fidélité et de renoncement. La justesse des interprètes est sidérante. Les images sont d’une beauté à couper le souffle. La musique procure un souffle épique à l’ensemble. L’histoire, celle d’un amour impossible, est tragique et bouleversante. Hymne à la liberté, à la nature, ce film aux accents de Roméo et Juliette, plus qu’un coup de cœur est un coup au cœur qui a reçu l’Ibis du meilleur scénario, un prix amplement mérité.

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    « A serious game » de Pernilla August

    D’amour et de passion aussi il était question dans le film de Pernilla August. Dans la Suède du début du XXe siècle, Arvid Stjärnblom, un jeune journaliste, et Lydia Stille, fille d’un artiste peintre, tombent éperdument amoureux. Mais leur idéal d’une passion pure et inconditionnelle se heurte à la réalité de l’époque… Ce film est l’adaptation d’un roman de Hjalmar Söderberg paru en 1912 par la réalisatrice et scénariste danoise Lone Scherfig. Il fut présenté dans la section Berlinale Special du 66e Festival de Berlin.  L’histoire du cinéma fourmille de grands films sur la passion amoureuse contrariée. Alors pourquoi faudrait-il aller voir celui-là ? Peut-être parce que dès lors que les doigts de ces deux-là courent sur le vieux piano de Lydia, la magie opère et peut-être parce que nous n’avons plus envie de les quitter, ni qu’ils se quittent. Après ces instants d’insouciance, et de passion naissante, la jeune femme devient orpheline mais n’ayant pas les moyens suffisants, Arvid refuse de l’épouser. Ils vont faire leur vie et se marier chacun de leur côté, se retrouver par hasard… Peu à peu, tandis qu’ils vont basculer dans la passion cachée et le mensonge, le film bascule lui aussi dans davantage de noirceur, épousant tantôt le point de vue de l’un, tantôt celui de l’autre. L’un paraît avoir davantage soif d’absolu, puis semble vouloir enfermer l’autre dans son amour. Le film dissèque et esquisse magnifiquement la passion, ses contradictions, ses folles exigences, ses concessions à la médiocrité et à sa soif d’absolu, sa violence et sa fureur. L’étau se resserre. Le drame est inéluctable. Jamais le rythme ne ralentit. C’est constamment palpitant, enfiévré, porté par deux acteurs intenses et une photographie sublime. Le dénouement nous laisse sonnés par sa trompeuse banalité et  par sa bouleversante nonchalance après les battements effrénés de cette passion tumultueuse. A vous d’y voir de la quiétude ou du renoncement aux idéaux.

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    Avec « Go home » de Jihane Chouaib (en salles le 7 décembre) changement d’époque et de décor. Quand Nada (Golshifteh Farahani) revient au Liban, elle est devenue une étrangère dans son propre pays. Elle se réfugie dans sa maison de famille en ruines, hantée par son grand-père mystérieusement disparu pendant la guerre civile. Quelque chose est arrivé dans cette maison. Quelque chose de violent. Nada part à la recherche de la vérité.

    Go home. Telle est l’inscription que Nada va retrouver sur les murs de sa maison en lambeaux, une injonction à partir mais aussi la signification pour elle qu’elle est une étrangère dans son propre pays. L’empathie pour l’héroïne, une fois de plus magnifique interprétation de Golshifteh Farahani, est immédiate. Une menace permanente semble planer mais rien ne décourage la téméraire jeune femme bien décidée à connaître l’histoire de son grand-père et à s’enraciner dans ce pays qui ne veut pas d’elle, et surtout qui ne veut pas qu’elle remue le passé. Au gré de flashbacks, d’une rencontre avec un jeune autochtone, de l’arrivée de son frère (avec qui elle a une relation, provocatrice, enfantine), la véritable histoire de son grand-père va peu à peu se dessiner. L’aura presque fantastique du film exacerbe cette impression de labyrinthe du passé et de la mémoire. La force du film doit beaucoup à celle de l’interprétation de son interprète principale et du duo qu’elle forme avec son frère (Maximilien Seweryn).

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    Changement de style et d’univers encore avec « La tortue rouge » de Michael Dudok de Wit, lauréat du prix spécial Un Certain Regard du dernier Festival de Cannes. 

    La Tortue rouge faisait partie de la sélection officielle du 69ème Festival de Cannes, dans la catégorie Un Certain Regard. Ce film a obtenu le Prix Spécial du Jury Un Certain Regard avant de nombreux autres prix et nominations dans le monde, notamment aux César et aux Oscars comme meilleur film d’animation. Michaël Dudok de Wit avait auparavant  déjà remporté l’Oscar du Meilleur court-métrage d’animation pour Père et fille.

    La Tortue rouge a été cosignée par les prestigieux studios d’animation japonaise Ghibli qui collaborent pour la première fois avec un artiste extérieur au studio, a fortiori étranger. Ce film est en effet le premier long-métrage d’animation du Néerlandais Michael Dudok de Wit, grâce à l’intervention d’Isao Takahata, réalisateur notamment des sublimes films d’animation Le Tombeau des lucioles et Le Conte de la princesse Kaguya et cofondateur, avec Hayao Miyazaki, du studio Ghibli, et ici producteur artistique tandis que Pascale Ferran a cosigné le scénario avec le réalisateur. À ce trio, il faut ajouter le compositeur, Laurent Perez del Mar, sans la musique duquel le film ne serait pas complètement le chef-d’œuvre qu’il est devenu.

    Ce conte philosophique et écologique est un éblouissement permanent qui nous attrape dès la première image (comme si nous étions ballottés par la force des éléments avec le naufragé) pour ne plus nous lâcher, jusqu’à ce que la salle se rallume, et que nous réalisions, abasourdis, que ce voyage captivant sur cette île déserte, cet état presque second dans lequel ce film nous a embarqués, n’étaient que virtuels.

    C’est l’histoire d’un naufragé sur une île déserte tropicale peuplée de tortues, de crabes et d’oiseaux. Il tente vainement de s’échapper de ce lieu jusqu’à sa rencontre avec la tortue rouge, qu’il combat d’abord…avant de succomber à son charme. Quand la carapace de l’animal va se craqueler puis se fendre, une autre histoire commence en effet. La tortue se transforme en femme. Une transformation dans laquelle chacun peut projeter sa vision ou ses rêves. Que ce soit un écho à la mythologie et à l’œuvre d’Homère : comme Ulysse, le naufragé est retenu dans une île par une femme. Ou que ce soit une projection de ses désirs. Ou une personnification de la nature pour en signifier la beauté et la fragilité. Le rouge de cet animal majestueux contraste avec le bleu et le gris de la mer et du ciel. Respecté, solitaire, paisible, mystérieux, il est aussi symbole d’un cycle perpétuel, voire d’immortalité. Comme une parabole du cycle de la vie que le film met en scène.

    Le murmure des vagues. Le chuchotement du vent. Le tintement de la pluie. L’homme si petit au milieu de l’immensité. La barque à laquelle il tente de s'accrocher. Le vrombissement de l’orage. Les cris des oiseaux. Les vagues qui se fracassent contre les rochers, puis renaissent. Le bruissement des feuilles. L'armée joyeuse des tortues. Le clapotis de l'eau. La nature resplendit, sauvage, inquiétante, magnifique. Sans oublier la respiration (dissonante ou complémentaire de l’homme) au milieu de cette nature harmonieuse.

    La musique à peine audible d’abord, en gouttes subtiles, comme pour ne pas troubler ce tableau, va peu à peu se faire plus présente. L’émotion du spectateur va aller crescendo à l'unisson, comme une vague qui prendrait de l’ampleur et nous éloignerait peu à peu du rivage de la réalité avant de nous embarquer, loin, dans une bulle poétique et consolatrice. Cela commence quand le naufragé rêve d’un pont imaginaire, la force romanesque des notes de Laurent Perez de Mar nous projette alors dans une autre dimension, déjà. Puis, quand tel un mirage le naufragé voit 4 violonistes sur la plage, qui jouent une pièce de Leoš Janáček : String Quartet No.2 Intimate Letter

    Jamais l’absence de dialogue (à peine entendons-nous quelques cris des trois protagonistes) ne freine notre intérêt ou notre compréhension mais, au contraire, elle rend plus limpide encore ce récit d’une pureté et d’une beauté aussi envoûtantes que la musique qui l’accompagne. Composée en deux mois une fois l’animation terminée et le film monté, elle respecte les silences et les bruits de la nature. La musique et les ambiances de nature se (con)fondent alors avec virtuosité pour créer cette symbiose magique. Jamais redondante, elle apporte un contrepoint romanesque, lyrique, et un supplément d’âme et d’émotion qui culmine lors d’un ballet aquatique ou plus encore lors de la scène du tsunami. À cet instant, la puissance romanesque de la musique, hisse et propulse le film, et le spectateur, dans une sorte de vertige hypnotique et sensorielle d’une force émotionnelle exaltante, rarement vue (et ressentie) au cinéma.

    Ce film universel qui raconte les différentes étapes d’une vie, et reflète et suscite tous les sentiments humains, est en effet d’une force foudroyante d’émotions, celle d’une Nature démiurgique, fascinante, grandiose et poétique face à notre vanité et notre petitesse humaines. Une allégorie de la vie d’une puissance émotionnelle saisissante exacerbée par celle de la musique à tel point qu’on en oublierait presque l’absence de dialogues tant elle traduit ou sublime magistralement les émotions, mieux qu’un dialogue ne saurait y parvenir.

    Le graphisme aussi épuré et sobre soit-il est d’une précision redoutable. Les variations de lumières accompagnent judicieusement l’évolution psychologique du personnage. Rien n’est superflu. Chaque image recèle une poésie captivante.

    La tortue rouge est film contemplatif mais aussi un récit initiatique d’une poésie, d’une délicatesse et d’une richesse rares dont on ressort étourdis, avec l’impression d’avoir volé avec les tortues, d’avoir déployé des ailes imaginaires pour nous envoler dans une autre dimension et avec l’envie de réécouter la musique pour refaire le voyage (et y projeter nos propres rêves, notre propre "tortue rouge") et se laisser emporter par elle et les images qu’elle initie, nous invitant dans un ailleurs étourdissant, entre le ciel et la mer, dans un espace indéfini et mirifique. Un ailleurs qui est tout simplement aussi la vie et la nature que ce film sublime et dans lequel il nous donne envie de plonger. Plus qu'un film, une expérience sensorielle unique. Un chef-d’œuvre.

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    « Carole Matthieu » de Louis-Julien  Petit

    Médecin du travail dans une entreprise aux techniques managériales écrasantes, Carole Matthieu (Isabelle Adjani) tente en vain d’alerter sa hiérarchie des conséquences de telles pratiques sur les employés. Lorsque l’un d’eux la supplie de l’aider à en finir, Carole réalise que c’est peut-être son seul moyen de forcer les dirigeants à revoir leurs méthodes.

    Un film adapté du roman « Les visages écrasés » de Marie Ledun radical, nécessaire, saisissant, bouleversant, percutant sur la société (et la Société), qui nie, aliène, broie l’individu. Un film porté par une réalisation, une actrice et une musique remarquables. Le réalisateur multiple les partis pris audacieux et judicieux comme cette caméra qui enserre la solitude des personnages comme l’entreprise semble les enfermer dans un rôle, cette distorsion de la réalité qui renforce le sentiment d’étrangeté jusqu’à cette mort onirique. Cette silhouette rouge et fantomatique de Carole Matthieu nous hantera longtemps. Un système monstrueux, carcéral, dans des salles froides et aseptisées,  où sont en vigueur des méthodes humiliantes, où la seule issue, le seul moyen de se faire entendre, semble être la mort. Glaçant, à la fois fantastique et tragiquement réaliste. On songe bien sûr au dernier film de Ken Loach, palme d’or du Festival de Cannes 2016 dans lequel là aussi l’identité d’un homme était broyée par le système. A noter, la présence de la toujours remarquable Corinne Masiero ici en directrice des ressources humaines impitoyable qui fendra l’armure une seule fois et n’en sera que plus inquiétante. Isabelle Adjani, une fois de plus, est magistrale, et semble plus encore qu’interpréter son rôle : le vivre corps et âme.

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    Le Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule nous permet aussi de revoir des classiques du cinéma. Parmi les nombreux classiques au programme (j’aurais aimé tous les revoir mais il a fallu faire des choix) figurait « Itinéraire d’un enfant gâté » de Claude Lelouch, un des plus grands succès du cinéaste datant de 1988, une projection d’autant plus riche en émotions que lui a succédé un échange passionnant avec Richard Anconina. Un film que j’ai choisi de mettre en parallèle avec une avant-première du festival, deux films qui ont en commun d’être des tours de manège, de nous raconter l’histoire d’hommes qui se choisissent une famille et dont les vies sont jalonnées de hasards et coïncidences. Deux films qui sont de magnifiques métaphores du cinéma qui permet de réinventer nos vies.

    Sam Lion (Jean-Paul Belmondo) a été élevé dans le milieu du cirque puis a dû faire une reconversion forcée comme chef d’entreprise. Mais la cinquantaine passée, il se lasse de ses responsabilités et de son fils, Jean-Philippe, dont la collaboration ne lui est pas d’un grand secours. Il décide d’employer les grands moyens et de disparaître en Afrique, après avoir simulé un naufrage lors de sa traversé de l’Atlantique en solitaire. Mais son passé va l’y rattraper en la personne d’Albert Duvivier (Richard Anconinia), un de ses anciens employés licencié qu’il retrouve par hasard en Afrique et qui le reconnaît…

    « Chaque homme est seul et tous se fichent de tous et nos douleurs sont une île déserte ». La citation d’Albert Cohen qui ouvre le film le place sous le sceau du pessimisme et de la solitude, impression  que renforce la chanson de Nicole Croisille qui ouvre le film. « Qui me dira, les mots d’amour qui font si bien, du mal ? Qui me tiendra, quand tu iras décrocher toutes les étoiles ? Qui me voudra, avec le nez rouge, et le cœur en larmes ? Qui m’aimera, quand je n’serai plus que la moitié d’une femme ? » La musique est reprise en chœur tandis qu’un petit garçon seul sur un manège attend désespérément sa mère. Un homme s’occupe de lui, découvre le carton qu’il a autour du cou et qui indique que sa mère l’a abandonné.  La musique épique, flamboyante, lyrique, accompagne ensuite les premières années et les numéros de cirque étourdissants qui défilent (sans dialogues juste avec la musique pour faire le lien) jusqu’à l’accident fatidique. Les flashbacks alternent avec les vagues sur lesquelles flotte le navire de Sam Lion, des vagues qui balaient le passé. Les premières minutes sont bouleversantes, captivantes, montées et filmées sur un rythme effréné, celui sur lequel Sam Lion (ainsi appelé parce qu’il a été élevé dans un cirque) va vivre sa vie jusqu’à ce qu’il décide de disparaître.

    Rares sont les films qui vous émeuvent ainsi, dès les premiers plans et qui parviennent à maintenir cette note jusqu’au dénouement. Pour y parvenir, il fallait la subtile et improbable alliance d’ une musique fascinante comme un spectacle de cirque, d’acteurs phénoménaux au sommet de leur art, de dialogues jubilatoires magistralement interprétés, un scénario ciselé, des paysages d’une beauté à couper le souffle, des histoires d’amour (celles qui ont jalonné la vie de Sam Lion, avec les femmes de sa vie, son grand amour décédé très jeune, sa seconde femme, sa fille Victoria pour qui il est un héros et un modèle et qui l’aime inconditionnellement, mais aussi celles d’Albert avec Victoria), jouer avec nos peurs (l’abandon, la disparition des êtres chers, le besoin de reconnaissance), nos fantasmes (disparaître pour un nouveau départ, le dépaysement) et les rêves impossibles (le retour des êtres chers disparus).

    Sam Lion va par hasard rencontrer un employé de son entreprise (entre temps il a construit un empire, une entreprise de nettoyage), ce jeune homme maladroit et qui manque de confiance en lui va devenir l’instrument de son retour et sa nouvelle famille.  Cela tombe bien : il commence à s’ennuyer.

    Peu à peu le puzzle de la vie et des déchirures de Sam Lion, grâce aux flashbacks, se reconstitue, celui des blessures de cet homme qui l’ont conduit à tout quitter, écrasé par les responsabilités sans avoir le temps de penser à ses blessures, ni de les panser, porté par la soif d’ailleurs, de vérité, de liberté.

    Alors bien sûr il y a la si célèbre et irrésistible scène du bonjour, toujours incroyablement efficace, tant la candeur d’Albert est parfaitement interprété par Anconina, tant la scène est magistralement écrite, tant les comédiens sont admirablement dirigés mais chaque scène (les acteurs sont filmés en gros plan, au plus près des émotions) sont des moments d’anthologie de comédie, d’humour, de poésie, d’émotion (parfois tout cela en même temps lorsque Victoria est conduite à son père grimé en pompiste et qu’on lui présente comme le sosie parfait de son père qu’elle croit mort, lors de la demande en mariage…) et toujours ces moments qui auraient pu être de simples saynètes contribuent à faire évoluer l’intrigue et à nous faire franchir un cran dans l’émotion, dans ces parfums de vérité qu’affectionne tant le réalisateur. Claude Lelouch ne délaisse aucun de ses personnages ni aucun de ses acteurs. Chacun d’entre eux existe avec ses faiblesses, ses démons, ses failles, ses aspirations. Et puis quelle distribution ! En plus des acteurs principaux : Marie-Sophie L, Michel Beaune, Pierre Vernier, Daniel Gélin.

    Jean-Paul Belmondo,  plusieurs années après « Un homme qui me plaît » retrouvait ici Claude Lelouch qui lui offre un de ses plus beaux rôles en lui faisant incarner  pour la première fois un homme de son âge au visage marqué par le temps mais aussi un personnage non moins héroïque. En choisissant Anconina pour lui faire face, il a créé un des duos les plus beaux et les plus touchants de l’histoire du cinéma.

    « Itinéraire d’un enfant gâté » est une magnifique métaphore du cinéma, un jeu constant avec la réalité : cette invention qui nous permet d’accomplir nos rêves et de nous faire croire à l’impossible, y compris le retour des êtres disparus. Belmondo y interprète l’un de ses plus beaux rôles qui lui vaudra d’ailleurs le César du Meilleur Acteur, césar que le comédien refusera d’aller chercher.

    On sort de la projection, bouleversés de savoir que tout cela n’était que du cinéma, mais avec la farouche envie de prendre notre destin en main et avec, en tête, la magnifique et inoubliable musique de Francis Lai : « Qui me dira… »  et l’idée que si « chaque homme est seul », il possède aussi les clefs pour faire de cette solitude une force, pour empoigner son destin. Et ce dernier plan face à l’horizon nous laisse à la fois bouleversés et déterminés à regarder devant, prendre le large ou en tout cas décider de notre itinéraire. Un grand film intemporel, réjouissant, poignant.

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    Quelques déclarations de Richard Anconina lors de l’échange après la projection qui semble avoir tant de son beau personnage du film de Lelouch, notamment une touchante maladresse (son récit de la scène du zoo où il a dû sortir de la voiture face aux lions était impayable…) :

     « Ce film est un souvenir magnifique. Cela fait 28 ans. Il y a plein de décors sublimes mais les gens se sont souvenus d’une scène à Sarcelles. »

     « J’ai senti quand Claude Lelouch m’a raconté l’histoire qu’il écourtait ou accélérait en fonction de mon attention. »

    « Il y avait une admiration naturelle envers Jean-Paul qui a servi le film. »

    « Ce sont des films comme celui-cu qui vous donnent une image digne dans le métier et qui vous permettent de tenir. »

    « L’accueil de Jean-Paul, c’est la chose la plus simple du monde. »

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    Dans le cadre du  Festival était aussi présenté en avant-première le nouveau film d’Hugo Gélin, « Demain tout commence », l’autre tour de manège donc, que j’attendais avec d’autant plus d’impatience que j’étais tombée littéralement sous le charme de son premier film en tant que réalisateur « Comme des frères » , un road movie attachant et la comédie tendrement mélancolique de l’année 2012 qui, comme chez Claude Sautet (ceux qui me lisent régulièrement savent que c’est pour moi une référence suprême), célébrait l’amitié, qu’elle soit amoureuse ou plus fraternelle. Et vous donnait envie d’aimer furieusement la vie. Voilà d’ailleurs un des nombreux points communs entre les deux longs-métrages réalisés par Hugo Gélin.

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    Hugo Gélin et Jimmy Jean-Louis tenant l’Ibis d’or du meilleur scénario récompensant le film « Tanna ».

     Il en va des films comme des personnes, rares certainement, qui d’emblée, par leur charme indéfinissable et ineffable, vous séduisent, vous emportent dans leur univers, dans un tourbillon d’émotions, vous font oublier qu’existent un ailleurs, une réalité, et auxquels vous pouvez tout pardonner. Et qui, une fois le voyage avec eux terminé, ne vous donnent qu’une envie: reprendre un ticket pour un nouveau tour de manège.  C’était le cas de « Comme des frères”. C’était aussi le cas d’un classique projeté dans le cadre du festival, « Itinéraire d’un enfant gâté » de Claude Lelouch. Et c’est le cas de ce nouveau film, un remake de la comédie mexicaine réalisée par Eugenio Derbez, « Ni repris ni échangé », tournée en 2013.  Mais dire que ce film est un remake est réducteur tant le réalisateur y apporte son style, son regard, son univers, sa sensibilité, sa bienveillance.

    Samuel, incarné par Omar Sy, vit sa vie sans attaches ni responsabilités, au bord de la mer sous le soleil du sud de la France, près des gens qu’il aime et avec qui il travaille sans trop se fatiguer. Jusqu’à ce qu’une de ses anciennes conquêtes, Kristin, (Clémence Poésy) lui laisse sur les bras un bébé de quelques mois, Gloria : sa fille ! Incapable de s’occuper d’un bébé et bien décidé à rendre l’enfant à sa mère, Samuel se précipite à Londres pour tenter de la retrouver, sans succès. 8 ans plus tard, alors que Samuel et Gloria ont fait leur vie à Londres et sont devenus inséparables, la mère de Gloria revient dans leur vie pour récupérer sa fille…

    Ce synopsis est là aussi un peu réducteur car il ne résume par la magie, la tendre drôlerie, et le rythme trépidant qui se dégagent des premières minutes qui vous happent, vous captivent, capturent  votre attention, pour ne plus vous lâcher jusqu’à la dernière seconde. Le film commence par une magnifique parabole de la peur et de la vie qui prend tout son sens dans les dernières minutes. Samuel nous entraîne ensuite dans son rythme de vie échevelé. Le charisme indéniable, le rire si singulier et communicatif qui emporterait le sérieux du plus acariâtre et stoïque des spectateurs, l’énergie folle déployée par Omar Sy font démarrer le film sur les chapeaux de roue. Ce qui marque aussi de prime abord, c’est l’élégance et le dynamisme de la réalisation (profondeur de champ, plans, décors, costumes et photographie travaillés avec soin) qui exacerbent le charme qui se dégage  du personnage principal et l’envoûtement quasi immédiat que le film opère sur le spectateur.

    A Londres (magnifiquement filmée, le voyage auquel il nous convie participant aussi du charme du film), nouvelle ambiance et nouveau voyage pour le spectateur, transporté avec Samuel dans une autre vi(ll)e, qui passe du soleil du sud à la pluie d’outre-Manche. L’empathie, pour ce grand enfant immature et insouciant (« On ne fait pas de gosse à un autre gosse » dit-il d’ailleurs à Kristin) soudain confronté à des responsabilités d’adulte et égaré dans une ville dont il ne parle pas (et ne parlera jamais vraiment) la langue, est immédiate. A Londres, il fait la connaissance de Bernie (formidable Antoine Bertrand, acteur québécois que nous avons notamment pu voir dans « Starbuck ») qui lui aussi tombe immédiatement sous le charme et va lui venir en aide. Judicieuse ellipse. Nous retrouvons alors Samuel devenu cascadeur pour le cinéma (Bernie est producteur) dont l’appartement ressemble à un parc d’attractions dans lequel tout est fait pour que la petite Gloria soit la reine des lieux  tout comme Roberto Benigni inventait un jeu pour permettre à son fils d’affronter l’horreur indicible, pour lui faire croire à ce doux mensonge : la vie est belle (dans le film éponyme).

    Avec le retour de la mère de Gloria, et une annonce que je vous laisse découvrir, le film se teinte peu à peu de couleurs plus dramatiques. Avec ces menaces qui planent, les scènes drôles et parfois aux frontières du burlesque gagnent encore en force tout comme les drames de la vie nous font savourer avec plus de vigueur et d’intensité ses moments de joie.

    La petite Gloria Colston qui incarne Gloria est d’une justesse remarquable et sidérante. Son personnage possède la maturité qui fait (apparemment) défaut à son père, et un charme aussi indéniable que ce dernier. Après Pierre Niney dans « Comme des frères » (ce dernier avait certes auparavant tourné dans le magnifique « J’aime regarder les filles » de Frédéric Louf mais c’est « Comme des frères » qui l’a fait connaître auprès du grand public, il ne serait d’ailleurs pas étonnant de le retrouver face à Omar Sy lors des prochains César, tant il le mérite à nouveau pour son rôle dans « Frantz » de François Ozon), Hugo Gélin est décidément aussi un remarquable découvreur et directeur d’acteurs. Chaque réplique est ciselée, sonne et touche juste.

    Ce film comme le précédent possède la beauté troublante et le charme renversant de ces êtres qui portent un masque d’insouciance pour dissimuler leurs fêlures et les blessures de l’existence, et qui n’en sont que plus touchants. Pour incarner ce masque de pudeur et de bienveillance, ce père qui aime sa fille inconditionnellement, il fallait un acteur exceptionnel et d’une sensibilité rare.  Omar Sy, après « Samba » et « Chocolat » (pour lequel il mérite aussi à mon  sens une nomination aux César, tant il y est remarquable) prouve la large palette de son talent et qu’il est un des acteurs les plus brillants de sa génération et surtout qu’il n’a pas fini de nous émouvoir et de nous surprendre.  Clémence Poésy  apporte de l’humanité à son personnage, si fragile, et qu’il n’était pas facile de défendre.

    Et comme dans les meilleures comédies anglaises avec lesquelles « Demain tout commence » peut rivaliser sans rougir, la BO contribue à cette magie. Nous la devons ici au compositeur américain Rob Simonsen  notamment auteur des BO de « 500 jours ensemble », « Foxcatcher », « The Spectacular Now » ou plus récemment de « Nerve ». Comme ses consœurs comédies dramatiques britanniques, je gage d’ailleurs que « Demain tout commence » fera rapidement partie de ces films jubilatoires et insidieusement mélancoliques que l’on ne peut s’empêcher de revoir chaque année, a fortiori au cœur de l’hiver.

    Avec « Comme des frères », le deuxième long-métrage d’Hugo Gélin en tant que réalisateur possède aussi en commun des personnages attachants,  une vitalité,  un montage et un scénario habiles et malins (qui multiplie les rebondissements qui toujours nous cueillent, tant pis pour les rabat-joie  que leur récurrence laissera de marbre), et sont finalement aussi l’un et l’autre de splendides métaphores du cinéma et des mensonges nécessaires qu’il nous raconte pour que la vie soit  moins âpre. Souvent, j’ai envie de dire aux frileux et timorés qui se laissent bercer par la vie, cette ensorceleuse, qui se laissent endormir même, à ceux qui ne mesurent pas à quel point elle peut être fourbe, imprévisible, brève, à quel point le simple fait d’être là avec ceux qui la partagent, est une chance inouïe, qu’il faut en saisir, enchanter, sublimer chaque seconde, et donner plus d’intensité à chacun de nos battements de cœur. Ce film en est l’éclatante et irréfutable démonstration.

    Alors prenez votre ticket pour ce tour de manège sans temps mort, cette magnifique histoire d’amour paternel, cet hymne à la vie et aux liens du cœur qui parfois priment sur ceux du sang, ce délicieux mensonge qui, lorsqu’il s’achèvera et délivrera ses derniers secrets, vous laissera KO, de gratitude, d’émotion, dont vous réaliserez que chaque seconde vous a rappelé à quel point la vie est belle. Malgré tout. Malgré les vicissitudes du destin. Un film qui bouleversera a fortiori ceux qui portent les cicatrices des blessures de la vie. J’en suis d’ailleurs sortie bouleversée. Littéralement. Chavirée d’émotions. Comme rarement. Mais aussi avec l’idée revigorante que « demain tout commence », le très beau titre inspiré d’une phrase de Bachelard que la grand-mère du cinéaste avait coutume de répéter. Et quel plus bel hommage à celle-ci et à cette phrase que ce film généreux, lumineux, tendre, drôle, au charme décidément irrésistible, à l’image de son duo d’acteurs principaux ! Sans aucun doute un des meilleurs films de l’année qui vous rappelle que la vie est le plus beau des risques et qui, croyez-moi, vous procurera une envie irrépressible d’empoigner et d’étreindre l’existence et ceux que vous aimez. Intensément. Follement. La magie du cinéma dans toute sa splendeur. Alors n’oubliez pas : demain, tout commence…

    En salles le 7 décembre 2016.

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    Parmi autres films présentés en avant-première figurait  « Born to be blue » de Robert Budreau , un film qui sortira en salles le 11 janvier 2017 et qui était également projeté en avant-première dans le cadre du dernier Festival du Cinéma Américain de Deauville 2016. L’histoire vraie, et tragique, du trompettiste de jazz Chet Baker, depuis son comeback dans les années 70 jusqu’à sa disparition brutale…

    Ethan Hawke et Robert Budreau, le réalisateur de ce biopic (qu’il serait d’ailleurs réducteur et même inexact de qualifier ainsi) ont en commun une véritable passion pour le trompettiste et chanteur de jazz Chet Baker. L’acteur américain avait en effet déjà travaillé sur le scénario d’une journée dans la vie de Chet Baker, le James Dean du jazz, un film qui qui n’a jamais été tourné. Le film alterne les temporalités, la couleur, souvent magnétique et crépusculaire, et le noir et blanc nostalgique, la fiction dans la fiction (Chet Baker devait tourner un film sur sa vie) et la fiction qui raconte la vie de Chet Baker. Une structure dichotomique à l’image de cet être écartelé entre sa passion viscérale et ses démons. Un être multiple qu’un flashback fait passer d’une cellule d’une prison italienne à ses débuts devant Miles Davis et Dizzy Gillespie à une scène du film dans le film (s’inspirant du projet du producteur Dino de Laurentiis de 1966) dans laquelle Baker, qui joue son propre rôle, prend de l’héroïne pour la première fois, incité par une admiratrice.

    Au-delà du portrait du grand artiste, « Born to Be Blue » est un film sur les affres de la création, sur les revers du succès et de la vie d’artiste, sur la versatilité du destin. Le portrait d’un homme, seul blanc trompettiste de l’époque, qui place l’amour de son art, vital, au-dessus de tout et prêt à tous les sacrifices et douleurs pour effectuer son retour, épaulé seulement par sa compagne Jane quand même son propre père ne croit plus en lui. Le titre se réfère d’ailleurs à une chanson que lui jouait son père. Ethan Hawke, à fleur de peau, EST Chet Baker et porte ce rôle, cette personnalité aussi séduisante que fragile, sur ses épaules et lorsque, lors d’une ultime chance,  cet écorché vif chante « My Funny Valentine » devant des professionnels, c’est poignant et nous retenons notre souffle à sa voix brisée. Ce film judicieusement construit et mis en abyme, enfiévré de la musique, de l’amour et des excès qui portaient et détruisaient l’artiste est une enivrante et bouleversante mélodie du malheur et finalement le plus beau des hommages que l’on pouvait consacrer à l’artiste, et aux artistes qui se consument pour leur art. Un film nimbé d’une mélancolie envoûtante et foudroyante de beauté…comme un air de jazz joué par Chet Baker. Comme les derniers soupirs d’un artiste. Les plus intenses et émouvants.

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    Au programme des avant-premières du festival figurait également le dernier film de Benoît Jacquot, « A jamais » (en salles le 7 décembre), un des cinéastes dont je ne manque jamais un seul film, toujours promesse de plongée dans un nouvel univers tant sa filmographie est éclectique, à l’image de son fantastique « 3 cœurs » dont je vous avais dit tout le bien que j’en pensais, ici. Cette fois encore changement radical d’univers avec ce film présenté aux festivals de Toronto et Venise.

    Laura (Julia Roy) et Rey (Mathieu Amalric) vivent dans une maison au bord de la mer. Il est cinéaste, elle crée des « performances » dont elle est l’actrice. Rey meurt —accident, suicide ?—, la laissant seule dans cette maison. Mais bientôt, seule, elle ne l’est plus. Quelqu’un est là, c’est Rey, par et pour elle, comme un rêve plus long que la nuit, pour qu’elle survive.

    Comme le film de Louis-Julien Petit, le parti pris est celui du fantastique et de la radicalité. Là où cela fonctionne parfaitement dans le film précité, Benoît Jacquot, avec cette adaptation de « The Body Artist », un roman de Don DeLillo, nous laisse malheureusement au bord de la route (les spectateurs sont d’ailleurs partis en nombre). Dommage car cela aurait pu être une passionnante illustration de la difficile l’acceptation du deuil et l’idée de montrer que la réalité apparaît alors comme  étant distordue, fantastique, insaisissable était intéressante, de même que cette idée selon laquelle la création est finalement le seul moyen d’échapper à cette indicible douleur. Au moins nous aura-t-il permis de découvrir une talentueuse actrice qui crève l’écran. L’autre personnage central du film, c’est finalement le décor, la maison d’une froideur clinique où ont emménagé Rey et sa femme, qui m’a un peu rappelée celle de « The Ghost Writer », le film de Polanski, comme un miroir de la solitude âpre de Laura. La musique renforce la sensation de suspense et d’étrangeté qui, malheureusement, s’essouffle rapidement.

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     « La mécanique de l’ombre » de Thomas Kruithof (en salles le 18 janvier) fut en revanche une très belle surprise. Il est vrai qu’avoir au générique François Cluzet dont les choix sont souvent judicieux, est déjà une belle promesse.

    Cette fois, il incarne Duval, (François Cluzet), un homme au chômage deux ans après un burn-out, qui se voit contacter par un mystérieux employeur (Denis Podalydès) pour retranscrire des écoutes téléphoniques. Sans se poser de questions sur la finalité de cette organisation, Duval, aux abois financièrement, accepte. Ce travail simple, s’il lui permet de reprendre pied dans sa vie, va néanmoins le placer très vite au cœur d’un complot politique, plongé malgré lui dans la brutalité et l’étrangeté du monde souterrain des services secrets.

    Voilà un scénario qui se serait parfaitement prêté à un film de Costa-Gavras (pour l’aspect politique, pour la critique d’un système), ou d’Hitchcock (pour l’histoire de l’homme ordinaire plongé dans une histoire qui le dépasse, pour le suspense). La musique, la froideur grisâtre et clinique des décors (qui rappelle d’ailleurs celle du film de Louis-Julien Petit et de Benoît Jacquot, dans les trois cas, des personnages confrontés à une situation qui les écrase et leur échappe) créent d’emblée une atmosphère oppressante, kafkaïenne. Le jeu sobre de François Cluzet (face à un Denis Podalydès d’une impassibilité paralysante et tranchante) donne toute sa crédibilité à ce Duval méticuleux, capable de passer des heures à constituer le puzzle d’ un tableau de Rembrandt puis de le détruire comme il sera capable de passer des heures à retranscrire avant de peut-être détruire le puzzle dans lequel il se retrouve embrigadé. En arrière-plan, un scandale d’écoutes téléphoniques et des ambitions irréfragables qui saccagent l’intérêt de l’Etat  et qui nous en rappellent d’autres. Un thriller politique palpitant porté par un François Cluzet toujours aussi impliqué et juste.

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    Brigitte Pisa, administratrice d’AG2R la Mondiale, et Gabrielle Lazure remettant l’Ibis d’or du meilleur court-métrage à Yohann Faure pour son film « The Fall of Men ».

    Le festival proposait également cette année une compétition de courts-métrages que j’ai manquée, en revanche j’ai pu découvrir a posteriori l’impressionnant court-métrage qui a remporté  l’Ibis d’or du court-métrage, « The Fall of men » de Yohann Faure que vous pouvez découvrir sur youtube et que je vous recommande. La narration en voix off sur de belles musiques composées exclusivement pour l’occasion par Stéphane Lopez procure au film une dimension lyrique et mystique : Nous étions aveugles et faibles, des brebis au milieu des loups », « Plus une âme ne sera là pour voir les vagues danser », « La vie est un voyage au cours duquel tu rencontreras la peur, le courage, mensonges, vérité, trahison, l’amour », « Dis-lui que le futur est juste un mot et que notre destin nous appartient et donnons-leur ce que nous n’avons jamais eu : l’espoir. » Je ne vous en dis pas plus tant ce film est un spectacle fascinant, épique, grandiose et poétique qui lorgne parfois du côté de Terrence Malick. Alors, pour en savoir plus et visionner le film, cliquez ici.

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    Le festival s’est achevé par un Ciné-Concert hommage à Lalo Schifrin, le soir de la cérémonie de remise des Prix au Palais des Congrès Atlantia, le samedi 12 novembre 2016. L’occasion de (re)découvrir les compositions du maître les plus célèbres, grâce à la complicité de Jean-Michel Bernard (qui dirigera le concert et qui sera au piano), Pierre Boussaguet (contrebasse, guitare basse), François Laizeau (batterie), Eric Giausserand (trompette), Charles Papasoff (saxophone, clarienette, flûte), Daniel Ciampolini (percussions) six de nos plus grands musiciens ainsi que Kimiko Ono au chant (qui a interprété  la chanson de « The Fox »). Un moment magique grâce au talent et à la générosité de Jean-Michel Bernard mais aussi celle de Lalo Schifrin (qui a fait la surprise au public de jouer quelques musiques) que le public a gratifié de plusieurs standing ovations et d’un enthousiasme débordant lorsque les notes de « Mission impossible » ont retenti. Et presque un moment de cinéma lorsque Kimiko Ono l’a rejoint en chantant. De ces « parfums de vérité » qui suspendent le vol du temps qu’affectionne Claude Lelouch. Nous y revenons…

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    Il ne reste plus qu’à souhaiter que ce beau festival continue à prendre son envol et, comme l’a souhaité Christophe Barratier lors de la clôture, que bientôt nous disions « tu vas à La Baule » en sous-entendant comme une évidence que La Baule veut dire Festival du Cinéma et Musique de Film comme nous disons tu vas à Cannes ou Deauville en voulant évoquer le Festival de Cannes ou le Festival du Cinéma Américain…

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    Richard Berry, président du jury du festival, remettant à Tony Molière, représentant du distributeur Le Pacte, l’Ibis d’or du meilleur film pour « Paterson » de Jim Jarmusch.

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    Samuel LeBihan remettant à Tony Molière, le représentant du distributeur Le Pacte l’Ibis d’or de la meilleure actrice à Golshifteh Farahani pour le film « Paterson » de Jim Jarmusch.

    Le jury présidé par Richard Berry, entouré de Richard Anconina, Maïtena Biraben, Inna Modja et du compositeur Pierre Adenot a rendu son palmarès lors de la cérémonie de clôture présentée par Arianne Massenet au Palais des Congrès Atlantia:

    Ibis d’or du court métrage:

    « The Fall of Men » de Yohan Faure

    Ibis d’or Lucien Barrière du public :

    « Tour de France » comédie dramatique de Rachid Djaïdani, avec Gérard Depardieu et Sadek, musique de Clément Dumoulin (France)

    Date de sortie 16 novembre –

    Ibis d’or de la meilleure comédienne:

    Goldshifteh Farahani (dans « Paterson » de Jim Jarmusch)

    Ibis d’or du meilleur comédien:

    Adam Driver (dans « Paterson » de Jim Jarmusch)

    Ibis d’or du scénario:

    « Tanna » drame / romance de Martin Butler & Bentley Dean, avec Mungau Dain, Marie Wawa, musique de Anthony Partos (Australie / Ni-vanuatu) (Date de sortie 16 novembre)

    Ibis d’or de la meilleure musique de film:

    « La Tortue Rouge » film d’animation de Michaël Dudok de Wit, musique de Laurent Perez Del Mar (France / Belgique / Japon) (Date de sortie 29 juin 2016)

    Ibis d’or du meilleur film:

    « Paterson » de Jim Jarmush, musique de Sqürl (USA)

    (Date de sortie 21 décembre 2016)

    Pour en savoir plus, le site officiel du Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule : http://www.festival-labaule.com/

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     Ci-dessus, à l’hôtel Castel Marie-Louise de La Baule. Retrouvez mon article et mon avis sur l’hôtel en cliquant ici.

    Retrouvez également mon article sur toutes mes bonnes adresses à La Baule en cliquant là.

    Prochains festivals de cinéma à suivre en 2017 sur mes blogs et, en attendant, je vous donne rendez-vous sur Inthemoodforcinema.com pour l’actualité cinématographique et au Cultura de Laval pour une nouvelle rencontre dédicace.

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  • En dédicace et en direct du Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule 2016

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    J-3 avant l'ouverture du Festival Cinéma et Musique de Film de La Baule où j'aurai le grand plaisir de dédicacer mes deux livres "L'amor dans l'âme" et "Les illusions parallèles", dimanche 13 novembre à 15H30 au Palais des Congrès Atlantia ( en partenariat avec la Librairie Lajarrige), une rencontre dédicace d'autant plus symbolique pour moi qu'une des nouvelles de mon recueil "Les illusions parallèles" se déroule dans le cadre du Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule. Un an après jour pour jour, dédicacer à La Baule, ville qui m'est si chère, est donc  particulièrement émouvant pour moi.

    Je serai à La Baule dès ce mardi 8 novembre pour couvrir le festival avec exhaustivité à partir de mercredi matin. En trois ans d'existence seulement, ce festival s'impose déjà comme un évènement cinématographique incontournable et je peux d'autant mieux vous l'affirmer que j'ai assisté aux deux premières éditions du festival qui furent remarquables. Cette programmation 2016 s'annonce en effet exceptionnelle.

    Créé par Sam Bobino et Christophe Barratier qui le défendent avec enthousiasme et passion, ce festival est convivial, festif et surtout accessible à tous. Au programme cette année: un hommage en sa présence, au grand compositeur d’origine argentine, Lalo Schifrin (avec un concert hommage qui lui sera dédié le samedi soir), une compétition de longs-métrages qui s'annonce palpitante ("Carole Matthieu", "Tour de France", "Tanna", "La tortue rouge"," Paterson"...), une compétition de courts-métrages, une liste impressionnante et alléchante de films en avant-première hors compétition ("Demain tout commence" d'Hugo Gélin, "Born to be blue" de Robert Budreau, "Gimme danger" de Jim Jarmusch, "Ouvert la nuit" d'Edouard Baer, "A jamais" de Benoît Jacquot...), des classiques du cinéma ("Mission impossible", "Bullitt", "Itinéraire d'un enfant gâté", "Manon des Sources"...), la rencontre avec le public sur le Marché de La Baule, le village du festival au Palais des Congrès Atlantia (une nouveauté cette année), une exposition de photos spécialement dédiée à Steve McQueen.

    Le jury sera présidé par Richard Berry et composé de Richard Anconina, Maïtena Biraben, Pierre Adenot et Inna Modja. Preuve de la qualité de la sélection: l'édition 2015 avait couronné le bouleversant, électrique, percutant "A peine j'ouvre les yeux " de Leyla Bouzid.

    En complément:

    -Mon article détaillé sur la programmation complète du festival avec des critiques des films projetés dans le cadre du festival et toutes les informations pratiques: http://inthemoodforfilmfestivals.com/festival-du-cinema-et…/

    -Mes bonnes adresses à La Baule: https://inthemoodforhotelsdeluxe.com/…/mes-bonnes-adresses…/

    -Le site officiel du festival: http://www.festival-labaule.com/

    -Le site de l'office de tourisme de La Baule: http://www.labaule.fr/office-de-tourisme

    -La page du site internet de mon éditeur Les éditions du 38 consacrée à mon recueil de nouvelles "Les illusions parallèles" - vous verrez qu'il y est question de La Baule, une des 16 nouvelles du recueil ayant pour cadre le Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule 2015- (http://www.editionsdu38.com/…/litt%C3%A9rature-page-38/les-…) et celle consacrée à mon roman "L'amor dans l'âme" ( http://www.editionsdu38.com/…/littératur…/l-amor-dans-l-âme/), les deux livres que je dédicacerai dans le cadre du festival, le 13 novembre.

    -Mes articles sur le groupe Barrière, partenaire officiel du festival:
    -sur l' Hôtel Barrière Le Royal La Baule: https://inthemoodforhotelsdeluxe.com/…/mon-avis-sur-lhotel…/
    -sur le Castel Marie-Louise: https://inthemoodforhotelsdeluxe.com/…/mon-avis-sur-lhotel…/

    -Pour me suivre en direct de La Baule dès mardi soir: sur mon compte twitter principal @moodforcinema et sur Instagram @sandra_meziere en attendant le compte rendu détaillé sur mes sites In the Mood for Cinema ( Inthemoodforcinema.com) et Inthemoodforfilmfestivals.com sur lesquels vous pouvez d'ores et déjà trouver le programme de cette édition et mes articles sur les éditions précédentes.

  • Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule 2016 : programme complet et détaillé

     

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    Cet article sera régulièrement mis à jour au fur et à mesure des annonces sur la programmation.

    Retrouvez ce même article sur http://inthemoodforcinema.com.

    Lors des deux premières éditions du Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule (créé par Sam Bobino -qui  a aussi notamment à son actif  d’être délégué général de la Semaine du Cinéma Positif et auparavant des Prix des Lumières dont je vous ai souvent parlé ici- et Christophe Barratier dont je vous recommande au passage l’excellent film « L’Outsider« , un des meilleurs films de l’année dont vous pouvez retrouver ma critique en bonus ci-dessous et qui sort en DVD/Blu-ray ce 26 octobre 2016 , Christophe Barratier qui est bien sûr aussi le réalisateur notamment du film aux 8 millions d’entrées « Les Choristes »), je vous avais fait part de mon enthousiasme pour ce nouvel évènement cinématographique, convivial et passionnant, qui a lieu dans le cadre idyllique de  la sereine et somptueuse ville de La Baule, un festival pour lequel j’ai eu un coup de cœur tel que l’une des nouvelles de mon recueil de 16 nouvelles sur les festivals de cinéma « Les illusions parallèles », publié en septembre 2016, aux Editions du 38, se déroule dans le cadre de celui-ci et de son édition 2015. J’aurai d’ailleurs le plaisir de dédicacer ce recueil et mon premier roman « L’amor dans l’âme » (roman sur un deuil et un amour impossibles au cœur du Festival de Cannes) au Palais des Congrès Atlantia de La Baule qui tiendra cette année lieu de village du festival (une des belles innovations de cette 3ème édition sur laquelle je reviens plus bas), le dimanche 13 novembre de 15H30 à 16H30, ce dont je me réjouis d’autant plus que, en plus d’être le cadre d’une de mes nouvelles et désormais d’un formidable festival de cinéma, La Baule est une station balnéaire que je fréquente depuis l’enfance et dont j’aime passionnément la douce mélancolie, en particulier à cette saison.  A la même heure, Bertrand Teissier (ancien rédacteur en chef du magazine Gala et réalisateur du documentaire « Vivre et danser » sur Gene Kelly) dédicacera ses livres « Belmondo l’incorrigible », « Delon-Romy, un amour impossible » et « Bernard Giraudeau, le baroudeur romantique».

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    Retrouvez mon compte rendu du Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule 2014 et mon compte rendu du Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule 2015 qui devraient vous donner envie de découvrir ce festival si jamais l’enthousiasmant programme de cette édition 2016 que je vous détaille ci-dessous n’y suffit pas. J’avoue que j’ai longtemps rêvé d’un festival de cinéma dans cette ville qui m’est chère et qui est l’écrin parfait pour cette manifestation qui met le cinéma et la musique à l’honneur. Ainsi, « depuis la dernière édition, en 2008, du Festival International de Musique et Cinéma d’Auxerre, aucun autre festival d’importance n’avait remis à l’honneur le mariage entre musique et cinéma en France.  Le Festival du Cinéma et Musique de Film de la Baule s’inscrit dans le prolongement de ce festival et des festivals audacieux et créatifs, notamment autour de l’art musical plébiscité depuis de nombreuses années par le public Baulois et les amoureux de la musique de film en général. »

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    Une parenthèse pour vous indiquer mon article avec mes bonnes adresses à La Baule et Pornichet ici -hôtels et restaurants- (et notamment du Groupe Barrière, partenaire officiel du festival). Vous n’aurez ainsi plus aucune excuse pour ne pas venir au festival.

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    Je ne manquerai donc évidemment pas l’édition 2016 que je couvrirai de l’ouverture à la clôture et je vous la recommande vivement dès à présent, d’autant plus que la programmation est vraiment alléchante et même impressionnante pour un festival qui en est seulement à sa troisième édition. Un festival à l’ambiance familiale et festive par ailleurs très accessible (comme vous le verrez en bas de cet article dans les informations pratiques) et ouvert à tous. Alors, qu’attendez-vous pour venir à La Baule du 9 au 13 novembre?

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    Le festival 2016 aura en effet lieu du mercredi 9 au dimanche 13 novembre au Cinéma Le Gulf Stream (pour les séances) mais aussi au palais des Congrès Atlantia (pour les concerts, émissions, dédiaces, expositions…).

    Le jury sera présidé par le comédien, scénariste et réalisateur Richard Berry. Il sera accompagné de l’acteur Richard Anconina, de la présentatrice et productrice TV Maïtena Biraben, de l’auteur/compositeur et actrice Inna Modja et du compositeur arrangeur Pierre Adenot (qui a composé les musiques originales de nombreux films, récemment du formidable « Nos futurs » de Rémi Bezançon (ma critique, ici), et qui a été récompensé, entre autres, par le Grand Prix de la SACEM pour la musique du film « Les aveux de l’innocent » de Jean-Pierre Améris, il a aussi collaboré avec de nombreux artistes de variété dont Calogero (« Face à la mer »), Florent Pagny (« Vieillir avec toi ») ou encore Sinclair (« Supernova Superstar »)…

    Le jury remettra notamment l’Ibis d’or, trophée attribué l’an passé au bouleversant « A peine j’ouvre les yeux » de Leyla Bouzid dont vous pouvez retrouver ma critique, ici.

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    « A l’image du cinéma et de la musique, qui sont des arts qui voyagent librement d’un continent à un autre et que l’on retrouve partout dans le monde, l’Ibis est un oiseau migrateur que l’on trouve autant en Afrique, en Amérique, en Asie et depuis peu aussi dans l’estuaire de la Loire et les marais de Guérande, aux portes de La Baule, où il a élu domicile (l’Ibis sacré). L’Ibis d’Or est dessiné et modelé par Joëlle Bellet, artiste spécialisée dans la sculpture bestiaire à qui l’on doit déjà les panthères des « prix des Lumières ». L’Ibis d’Or récompense, chaque année le meilleur film inscrit en compétition officielle. 6 autres Ibis d’Or sont aussi décernés. »

    –          Ibis d’Or du Meilleur Film

    –          Ibis d’Or de la Meilleure Musique de Film

    –          Ibis d’Or du Meilleur Scénario

    –          Ibis d’Or du Meilleur Acteur

    –          Ibis d’Or de la Meilleure Actrice

    –          Ibis d’Or du Meilleur Court Métrage

    –          Ibis d’Or Prix du Public

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    HOMMAGE A LALO SCHIFRIN

    Le grand évènement du festival sera cette année l’hommage rendu, en sa présence, au grand compositeur d’origine argentine, Lalo Schifrin, compositeur, notamment, des bandes originales des films « Les Félins », « Bullitt »,   « L’inspecteur Harry » ou encore « Rush hour » plus récemment mais aussi de séries comme « Mannix », « Starsky et Hutch » sans oublier évidemment « Mission Impossible » ( la musique que vous retrouvez dans la bande annonce du festival ci-dessus).

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     A cette occasion, un grand ciné-concert « Hommage à Lalo Schifrin » sera donné en sa présence au Palais des Congrès, Atlantia, (vous pouvez d’ailleurs d’ores et déjà réserver vos places, en cliquant ici) et une rétrospective en partenariat avec la Cinémathèque Française, lui sera consacrée.

    Un Ciné-Concert hommage lui sera dédié, le soir de la cérémonie de remise des Prix du 3ème Festival du Cinéma et Musique de film au Palais des Congrès Atlantia, le samedi 12 novembre 2016. L’occasion de (re)découvrir les compositions du maître les plus célèbres, grâce à la complicité de Jean-Michel Bernard (qui dirigera le concert et qui sera au piano), Pierre Boussaguet (contrebasse, guitare basse), François Laizeau (batterie), Eric Giausserand (trompette), Charles Papasoff (saxophone, clarienette, flûte), Daniel Ciampolini (percussions) six de nos plus grands musiciens ainsi que Kimiko Ono au chant (qui interprètera la chanson de « The Fox »).

    La Cinémathèque Française, en partenariat avec le Festival, rendra aussi hommage à Lalo Schifrin en lui consacrant  une grande rétrospective. L’inauguration de cet évènement aura lieu le Mercredi 9 novembre à 20h à La Cinémathèque à Paris, en présence de Lalo Schifrin et fera l’objet d’un dialogue avec le grand compositeur, suivi d’une surprise musicale et de la projection de « L’Inspecteur Harry » de Don Siegel, avec Clint Eastwood. Animée par Stéphane Lerouge et Bernard Benoliel, cette rencontre avec le public  sera précédée, à 19h, d’une Signature par Lalo Schifrin du coffret Universal Music France.

    Lalo Schifrin succédera ainsi aux compositeurs Francis Lai (à qui le Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule avait rendu hommage en 2014) et Michel Legrand (à qui le festival avait rendu hommage en 2015).

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    Une exposition de photos spécialement dédiée à Steve McQueen, en partenariat avec « la Galerie de l’Instant », sera aussi à découvrir à l’espace culturel de la Chapelle Sainte-Anne du 27 octobre au 13 novembre 2016.

     

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    A travers ces deux grands artistes, c’est donc le cinéma policier américain de la fin des années 60 et début 70 qui sera mis à l’honneur cette année.  Autant de raisons qui expliquent le choix de l’affiche de cette 3e édition, représentant la mythique voiture de « Bullitt », qui après de nombreuses (més)aventures cinématographiques et après avoir bourlinguée sur le bitume des rues de San Francisco, termine enfin sa poursuite, non pas face à l’océan au bout de la mythique « Route 66 », mais face à l’océan dans la belle Baie de La Baule, véritable havre de paix où il fait bon vivre.

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    LE VILLAGE DU FESTIVAL

    Ne s’endormant pas sur ses acquis, le festival proposera aussi cette année, un village du Festival au palais des congrès Atlantia…

    Un « Village du Festival » sera  en effet créé cette année au coeur même du Palais des Congrès de La Baule Atlantia et proposera au public de rencontrer les professionnels du cinéma et de la musique de film mais aussi de découvrir les coulisses du 7ème art avec des stands et ateliers dédiés. De nombreuses animations seront aussi proposées : mini-concerts, débats, expositions, séances de dédicaces… Une librairie proposera également tous les ouvrages indispensables sur la musique de film.  France Bleu y installera son studio radio et réalisera ses émissions en direct, en présence de nombreuses personnalités, tout comme « la TV du Festival »…

    LA COMPETITION

    Cette année encore, la compétition s’annonce passionnante et palpitante. Pour avoir déjà vu deux films en lice (« Tanna » -au Festival du Film de Cabourg où il était en compétition- et « Paterson » – au Festival de Cannes où il était là aussi en compétition-) et pour avoir entendu dire beaucoup de bien de certains autres et notamment  de « Carole Matthieu » de Louis Julien Petit, je peux vous le garantir. En ouverture, les festivaliers auront également le plaisir de découvrir « Tour de France », la comédie dramatique de Rachid Djaïdani avec Gérard Depardieu, également très attendue.

    1/ En ouverture du festival, « Tour de France », comédie dramatique de Rachid Djaïdani, avec Gérard Depardieu et Sadek, musique de Clément Dumoulin (France) – Date de sortie 16 novembre –

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    Far’Hook est un jeune rappeur de 20 ans. Suite à un règlement de compte, il est obligé de quitter Paris pour quelques temps. Son producteur, Bilal, lui propose alors de prendre sa place et d’accompagner son père Serge faire le tour des ports de France sur les traces du peintre Joseph Vernet. Malgré le choc des générations et des cultures, une amitié improbable va se nouer entre ce rappeur plein de promesses et ce maçon du Nord de la France au cours d’un périple qui les mènera à Marseille pour un concert final.2/

    2/ « A Serious Game », drame de Pernilla August, avec Sverrir Gudnason, Karin Franz Körlof, musique de Matti Bye (Suède / Danemark / Norvège) -Pas de date de sortie –

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    Dans la Suède du début du XXe siècle, Arvid Stjärnblom, un jeune journaliste, et Lydia Stille, fille d’un artiste peintre, tombent éperdument amoureux. Mais leur idéal d’une passion pure et inconditionnelle se heurte à la réalité de l’époque…

    3/« Paterson » de Jim Jarmush, musique de Sqürl (USA) – Date de sortie 21 décembre –

    Paterson vit à Paterson, New Jersey, cette ville des poètes – de William Carlos Williams à Allan Ginsberg aujourd’hui en décrépitude. Chauffeur de bus d’une trentaine d’années, il mène une vie réglée aux côtés de Laura, qui multiplie projets et expériences avec enthousiasme et de Marvin, bouledogue anglais. Chaque jour, Paterson écrit des poèmes sur un carnet secret qui ne le quitte pas…

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    4/« Go Home », drame de Jihane Chouaib, avec Golshifte Farahani, musique de Bachar Khalifé & Béatrice Wick (France / Suisse / Belgique / Liban) – Date de sortie 7 décembre –

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    Quand Nada revient au Liban, elle est devenue une étrangère dans son propre pays. Elle se réfugie dans sa maison de famille en ruines, hantée par son grand-père mystérieusement disparu pendant la guerre civile. Quelque chose est arrivé dans cette maison. Quelque chose de violent. Nada part à la recherche de la vérité.

    5/« Tanna », drame / romance de Martin Butler & Bentley Dean, avec Mungau Dain, Marie Wawa, musique de Anthony Partos (Australie / Ni-Vanuatu) – Date de sortie 16 novembre –

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    Dans l’une des dernières tribus traditionnelles du monde, une jeune fille rompt son mariage arrangé pour s’enfuir avec l’homme qu’elle aime. Les amoureux déclenchent ainsi une guerre qui menace leur clan. Tanna est l’histoire vraie qui bouleversa la vie des habitants d’une petite île du Pacifique et fit réviser la constitution d’un pays.

    Mon avis: « Tanna » nous emmène en plein Pacifique, sur une petite île recouverte d’une luxuriante jungle et dominée par un volcan en activité. La tribu des Yakel y rejoue une histoire vraie venue de leur passé, une histoire faite d’amour, de fidélité et de renoncement. La justesse des interprètes est sidérante. Les images sont d’une beauté à couper le souffle. La musique procure un souffle épique à l’ensemble. L’histoire, celle d’un amour impossible, est tragique et bouleversante. Hymne à la liberté, à la nature, ce film aux accents de Roméo et Juliette, plus qu’un coup de cœur est un coup au cœur.

    6/« La Tortue Rouge », film d’animation de Michaël Dudok de Wit, musique de Laurent Perez Del Mar (France / Belgique / Japon) – Date de sortie 29 juin 2016 –

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    À travers l’histoire d’un naufragé sur une île déserte tropicale peuplée de tortues, de crabes et d’oiseaux, La Tortue rouge raconte les grandes étapes de la vie d’un être humain.

    7/« Carole Matthieu » téléfilm dramatique de Louis Julien Petit, avec Isabelle Adjani, Lyes Salem, musique de Laurent Perez Del Mar (Fr.) – Diffusion sur Arte le 18 novembre –

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    Médecin du travail dans une entreprise aux techniques managériales écrasantes, Carole Matthieu tente en vain d’alerter sa hiérarchie des conséquences de telles pratiques sur les employés. Lorsque l’un d’eux la supplie de l’aider à en finir, Carole réalise que c’est peut-être son seul moyen de forcer les dirigeants à revoir leurs méthodes.

    LES AVANT-PREMIERES HORS COMPETITION

    Là aussi, le programme est impressionnant. Je vous recommande d’ores et déjà « Born to be blue », un film nimbé d’une mélancolie envoûtante et foudroyante de beauté…comme un air de jazz joué par Chet Baker. Comme les derniers soupirs d’un artiste. Les plus intenses et émouvants. Retrouvez ma critique complète ci-dessous. Parmi les films en avant-première, vous pourrez également découvrir le nouveau film très attendu d’Hugo Gélin, « Demain tout commence », après le formidable « Comme des frères » (dont je vous avais dit tout le bien que j’en pensais dans ma critique, ici), mais aussi le dernier film de Benoît Jacquot que j’attends avec impatience, comme chacun des films de ce cinéaste ( cliquez ici pour retrouver ma critique d’un de ses derniers films « 3 cœurs ») ou encore la comédie dramatique d’Edouard Baer « Ouvert la nuit ». Drames, comédies, film d’animation, documentaires…il y en aura pour tous les goûts dans cette riche sélection d’avant-premières.

    1/ « The Music Of Strangers » documentaire musical, de Morgan Neville (USA)

    – Date de sortie 16 décembre –

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    Pour recréer du lien entre les cultures, après le 11 septembre, Yo-Yo Ma, star mondiale du violoncelle, part sur les routes avec le Silk Road Ensemble, groupe de musiciens composé d’artistes originaires des pays de la Route de la Soie (Chine, Iran, Syrie, Turquie, Espagne…). Pour chaque musicien, une histoire qui se confond avec la grande Histoire des peuples. Et surtout un regard empreint d’humour et de poésie.

    2/ « Wulu «  thriller, drame de Daouda Coulibaly avec Inna Modja, musique de Eric Neveux (Mali/Fr./Sénégal)

    – Pas encore de date de sortie –

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    Ladji, un jeune chauffeur de bus cherchant à s’en sortir va parvenir à ses fins en entrant dans le crime organisé.

    3/« Demain tout commence », comédie dramatique de Hugo Gélin avec Omar Sy, Clémence Poésy, musique de Rob Simonsen, musique superviseur : Raphaël Hamburger (Fr.)  – Date de sortie 7 décembre –

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    Samuel vit sa vie sans attaches ni responsabilités, au bord de la mer sous le soleil du sud de la France, près des gens qu’il aime et avec qui il travaille sans trop se fatiguer. Jusqu’à ce qu’une de ses anciennes conquêtes lui laisse sur les bras un bébé de quelques mois, Gloria : sa fille ! Incapable de s’occuper d’un bébé et bien décidé à rendre l’enfant à sa mère, Samuel se précipite à Londres pour tenter de la retrouver, sans succès. 8 ans plus tard, alors que Samuel et Gloria ont fait leur vie à Londres et sont devenus inséparables, la mère de Gloria revient dans leur vie pour récupérer sa fille…

    4/« Beyond Flamenco » documentaire musical, de Carlos Saura avec Sara Baras, Ara Malikian, Giovanni Sollima (Espagne)

    – Date de sortie 4 janvier 2017 –

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    « Beyond Flamenco » est un documentaire musical consacré à une danse traditionnelle, très connue en Espagne : la Jota. Semblable au fandango, elle date du XIIe siècle. Après « Sevillanas », « Flamenco » et « Fados », consacrés au flamenco, le cinéaste Carlos Saura revient une nouvelle fois pour explorer la culture de son pays et plus particulièrement celle de sa région natale, située au nord, Aragon. Un voyage qui permet de rencontrer ceux et celles qui pratiquent la Jota et des spécialistes qui donnent leur avis sur l’avenir de ce chant folklorique. Le réalisateur entend ainsi laisser un témoignage historique pour les générations futures.

    5/« Born to be blue », drame, musical, biopic de Robert Budreau, avec Ethan Hawke (USA)

    – Date de sortie 11 Janvier 2017 –

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    L’histoire vraie, et tragique, du trompettiste de jazz Chet Baker, depuis son comeback dans les années 70 jusqu’à sa disparition brutale…

    Mon avis:

    Ethan Hawke et Robert Budreau, le réalisateur de ce biopic (qu’il serait d’ailleurs réducteur et même inexact de qualifier ainsi) ont en commun une véritable passion pour le trompettiste et chanteur de jazz Chet Baker. L’acteur américain avait en effet déjà travaillé sur le scénario d’une journée dans la vie de Chet Baker, le James Dean du jazz, un film qui qui n’a jamais été tourné. Le film alterne les temporalités, la couleur, souvent magnétique et crépusculaire, et le noir et blanc nostalgique, la fiction dans la fiction (Chet Baker devait tourner un film sur sa vie) et la fiction qui raconte la vie de Chet Baker. Une structure dichotomique à l’image de cet être écartelé entre sa passion viscérale et ses démons. Un être multiple qu’un flashback fait passer d’une cellule d’une prison italienne à ses débuts devant Miles Davis et Dizzy Gillespie à une scène du film dans le film (s’inspirant du projet du producteur Dino de Laurentiis de 1966) dans laquelle Baker, qui joue son propre rôle, prend de l’héroïne pour la première fois, incité par une admiratrice.

    Au-delà du portrait du grand artiste, « Born to Be Blue » est un film sur les affres de la création, sur les revers du succès et de la vie d’artiste, sur la versatilité du destin. Le portrait d’un homme, seul blanc trompettiste de l’époque, qui place l’amour de son art, vital, au-dessus de tout et prêt à tous les sacrifices et douleurs pour effectuer son retour, épaulé seulement par sa compagne Jane quand même son propre père ne croit plus en lui. Le titre se réfère d’ailleurs à une chanson que lui jouait son père. Ethan Hawke, à fleur de peau, EST Chet Baker et porte ce rôle, cette personnalité aussi séduisante que fragile, sur ses épaules et lorsque, lors d’une ultime chance,  cet écorché vif chante « My Funny Valentine » devant des professionnels, c’est poignant et nous retenons notre souffle à sa voix brisée. Ce film judicieusement construit et mis en abyme, enfiévré de la musique, de l’amour et des excès qui portaient et détruisaient l’artiste est une enivrante et bouleversante mélodie du malheur et finalement le plus beau des hommages que l’on pouvait consacrer à l’artiste, et aux artistes qui se consument pour leur art. Un film nimbé d’une mélancolie envoûtante et foudroyante de beauté…comme un air de jazz joué par Chet Baker. Comme les derniers soupirs d’un artiste. Les plus intenses et émouvants.

    6/« Vivre et danser » documentaire de Bertrand Teissier (Fr)

    – Pas de date de sortie –

    Le parcours extraordinaire d’un des rois de la comédie musicale américaine Gene Kelly…

    7/« Gimme Danger » doc. de Jim Jarmush sur Iggy Pop (USA)

    – Date de sortie 1 février 2017 –

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    Apparu pour la première fois à Ann Arbor (Michigan) en pleine révolution contre-culturelle, le style de rock’n’roll puissant et agressif des Stooges a fait l’effet d’une bombe dans le paysage musical de la fin des années 60. Soufflant le public avec un mélange de rock, de blues, de R&B et de free jazz, le groupe – au sein duquel débute Iggy Pop – posa les fondations de ce que l’on appellera plus tard le punk et le rock alternatif. GIMME DANGER retrace l’épopée des Stooges et présente le contexte dans lequel l’un des plus grands groupes de rock de tous les temps a émergé musicalement, culturellement, politiquement et historiquement. Jim Jarmusch retrace leurs aventures et leurs mésaventures en montrant leurs inspirations et les motivations de leurs premiers défis commerciaux, jusqu’à leur arrivée au Panthéon du rock.

     8/« Ouvert la Nuit », comédie dramatique de Edouard Baer, avec Audrey Tautou, Sabrina Ouazani, Gregory Gadebois, musique superviseur : Raphaël Hamburger (Fr.)

    – Date de sortie 11 janvier 2017 –

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    Luigi a une nuit pour sauver son théâtre. Une nuit pour trouver un singe capable de monter sur les planches et récupérer l’estime de son metteur en scène japonais ; une nuit pour regagner la confiance de son équipe et le respect de sa meilleure amie – qui est aussi sa plus proche collaboratrice… et pour démontrer à la jeune stagiaire de Sciences Po, tellement pétrie de certitudes, qu’il existe aussi d’autres façons dans la vie d’appréhender les obstacles…

     9/« A Jamais », drame de Benoit Jacquot avec Julia Roy, Mathieu Amalric, Jeanne Balibar, musique de Bruno Coulais (Fr.)

    – Date de sortie 7 décembre –

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    Laura et Rey vivent dans une maison au bord de la mer. Il est cinéaste, elle crée des « performances » dont elle est l’actrice. Rey meurt —accident, suicide ?—, la laissant seule dans cette maison. Mais bientôt, seule, elle ne l’est plus. Quelqu’un est là, c’est Rey, par et pour elle, comme un rêve plus long que la nuit, pour qu’elle survive.

    10/« La fine équipe », comédie de Magaly Richard-Serrano, avec Annabelle Lengronne, William Lebghil, musique de Oxmo Puccino (Fr.) – Date de sortie 30 novembre –

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    Omen est un inconditionnel de Stan, chanteuse black au flow ravageur. Sans doute l’un des derniers fans, vu comment le groupe galère ! Le jour où il croise son idole par hasard, Omen lui propose ses services : « chauffeur polyvalent à tout faire ». Contre l’avis général de l’équipe, Stan embarque ce petit blanc pas toujours réveillé, limite bordélique, dont elle semble être la seule à entrevoir les talents… très bien cachés.

     11/« La Mécanique de l’Ombre », thriller, espionnage de Thomas Kruithof avec François Cluzet, Denis Podalydes, Sami Bouajila, Simon Abkarian, musique de Gregoire Auger (Fr./Belgique)

    – Date de sortie 18 janvier 2017 –

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    Deux ans après un « burn-out », Duval, au chômage, se voit contacter par un mystérieux employeur pour retranscrire des écoutes téléphoniques. Sans se poser de questions sur la finalité de cette organisation, Duval, aux abois financièrement, accepte. Ce travail simple, s’il lui permet de reprendre pied dans sa vie, va néanmoins le placer très vite au cœur d’un complot politique, plongé malgré lui dans la brutalité et l’étrangeté du monde souterrain des services secrets.

     12/« Al Jarreau l’enchanteur » documentaire de Thierry Guedj (Fr.)

    – Pas de date de sortie –

    Al Jarreau occupe une place à part dans la musique afro-américaine. L’artiste a l’habitude de jongler entre les genres et sa discographie balance entre jazz, pop ou encore R&B. Apparu sur scène dans les années 1970, ce fils de pasteur et d’une pianiste de l’Eglise adventiste du septième jour n’a pas mis longtemps avant d’être considéré comme l’un des plus vocalistes les plus originaux de son temps. Ce documentaire dresse son portrait et revient sur son parcours.

     13/« Les Chroniques de Zorro » dessin animé de Olivier Lelardoux (Fr.) – Diffusion tv été 2016 –

    zorro

    Le plus célèbre des héros masqués nous ramène au début de sa carrière, aussi haletant que divertissant. Adolescent déjà, le jeune don Diego de la Vega, alias Zorro, n’a de cesse de livrer bataille à des tyrans injustes et sans scrupules. Tandis que ses ennemis jurés complotent, don Diego tient sa lame toujours prête pour des combats épiques !

    14/« L’Invitation » de Michaël Cohen avec Nicolas Bedos, Camille Chamoux, Gustave Kerven, musique de Alexis Rault  (Fr.) – Date de sortie 9 novembre –

    linvitation

     En plein milieu de la nuit, Léo réveille son meilleur pote, Raphaël. Sa voiture est en panne, à une heure de Paris. Hors de question pour Raphaël d’y aller… jusqu’à ce que la femme de sa vie le pousse hors du lit. Arrivé sur place, il découvre qu’il n’y a aucune panne mais du champagne, des amis et une fête improvisée… Léo a fait un test à l’amitié. Et si une amitié, une existence entière ne dépendait que de cette seule question : « Tu te serais levé, toi, pour aller dépanner un pote à 3h du matin ? »

    + Rediffusion le dimanche du film qui aura gagné l’Ibis d’Or du Meilleur film la veille le samedi

    LES CLASSIQUES DU CINEMA (catégorie films « classics »)

    Là aussi, cette section nous promet de beaux moments de cinéma: revoir « Itinéraire d’un enfant gâté » et notamment la fameuse scène du bonjour dans laquelle Richard Anconina (membre du jury du festival) est remarquable et forme un irrésistible duo avec Jean-Paul Belmondo, revoir les divertissements de haute voltige que sont les « Mission impossible », revoir le bouleversant « Manon des sources » de Claude Berri dont ce sera le 30ème anniversaire (et sans aucun doute un des plus beaux films de l’Histoire du cinéma français) et, pour ma part, voir enfin « Tout, tout de suite » du président du jury Richard Berry.

    « Bullitt » de Peter Yates, avec Steve Mc Queen, Jacqueline Bisset (USA)

    « Le Kid de Cincinnati » de Norman Jewison, avec Steve McQueen (USA)

    « Opération Dragon » de Robert Clouse avec Bruce Lee (USA)

     « L’Inspecteur Harry » de Don Siegel avec Clint Eastwood (USA)

    « Mission Impossible » de Brian de Palma avec Tom Cruise (USA) – 20e anniversaire –

    mission-impossible

    « Mission Impossible II » de John Woo avec Tom Cruise (USA)

    « 15 Août » de Patrick Alessandrin, avec Richard Berry (Fr.)

    « Tout, tout de suite » de Richard Berry (Fr.)

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    « Itinéraire d’un enfant gaté » de Claude Lelouch avec Jean-Paul Belmondo et Richard Anconina (Fr.)

    itineraire

    « Manon des sources » de Claude Berri avec Emmanuelle Béart (Fr.) – 30e anniversaire –

    manon

    « In the Tracks of Lalo Schifrin » documentaire de Pascale Cuenot (Fr.)

    « Une Saison Blanche et sèche » de Euzhan Palcy, avec Donald Sutherland, Susanne Sarandon, Marlon Brandon (USA)  -25e anniversaire – FILM DE CLOTURE —

    LES COURTS-METRAGES EN COMPETITION

    Le festival a également la bonne idée de proposer une compétition de courts-métrages, à ne pas manquer.

    –         « La renommée trompette » de Célia Marolleau

    –           « The Fall of Men » de Yohan Faure

    –           « Les courgettes de la resistance » de Mélissa Idri, Benoit Lecailtel, Ivana Ngamou, Côme Balguerie

    –           « Que la mort vous separe » de Fabien Luszezyszyn

    –           « Dryad » de Thomas Vernay

    –           « En Famille » de Jérôme Waquet

    –           « Je suis en resonnace… » de Alexis Loukakis

    –       « Une vie ordinaire » de Sonia Rolland

    –           « White Spirit » de Julie Voisin

    –           « 14 Juillet » de Michael Bacoras

     LES MASTER CLASS

    Chaque année, le festival propose de passionnantes Master Class. Celles de Claude Lelouch et Francis Lai ou de Michel Legrand lors des éditions précédentes furent ainsi des moments rares. 3 Master Class autour sur le travail du compositeur et sur le thème du rapport de la musique à l’image, seront organisées durant le Festival, toutes animées par Stephane Lerouge. L’une sera donnée par Lalo Schifrin et les deux autres par Philippe Rombi, le compositeur des musiques des films de François Ozon (et notamment de son dernier chef-d’œuvre « Frantz » dont vous pouvez retrouver ma critique en cliquant ici) et aussi de « L’Outsider » le dernier film de Christophe Barratier (ma critique en bas de cette page) et l’autre par Jean-Michel Bernard compositeur des plus importantes musiques de films de Michel Gondry.

    LA RENCONTRE AVEC LE PUBLIC SUR LE MARCHE DE LA BAULE

    aout

    Cette année encore, les commerçants de la Halle du Marché de La Baule donneront rendez-vous au Baulois pour une dégustation de leurs meilleurs produits en compagnie de l’ensemble des personnalités présentes au Festival (un moment là aussi chaque année très convivial et que je vous recommande!). Cette démarche s’inscrit dans la volonté des organisateurs du Festival d’aller à la rencontre du public en dehors des salles de cinémas et de concerts. Après l’anniversaire des 10 ans du film « Les Choristes » en 2014 et des 25 ans de « La Baule les pins », cette année ce sera au tour d’un autre film emblématique de la région, « 15 Août », réalisé par le Baulois Pierre Alessandrin, dont on fêtera les 15 ans !

    LE FESTIVAL SUR LES RESEAUX SOCIAUX

    Pour en savoir plus, vous pouvez vous abonner à la page Facebook du festival, ici, mais aussi le retrouver sur twitter (@FestivalLaBaule), sur Instagram (@festivallabaule) et sur son site internet.

    INFORMATIONS PRATIQUES

    PASS FESTIVAL donnant accès à l’ensemble du Festival du 9 au 13 novembre (à l’exception de la soirée de remise des prix et du ciné-concert) disponible à partir du 20 octobre directement auprès du cinéma de La Baule Le Gulf Stream (Tél : 02 51 75 15 41). Tarifs: 30€ adulte, 15€ -25 ans, 15€ Pass journée (tarif unique), gratuit -14 ans (toutes les projections auront lieu au cinéma de La Baule le Gulf Stream)

    BILLET CINE-CONCERT Hommage à Lalo Schifrin et Soirée de remise des prix du Festival le 12 novembre à 20h30 à Atlantia: Tarif: 49€ adulte, 24€ -25 ans (Réservation Palais des congrès Atlantia au 02 40 11 51 51 ou http://billetterie.atlantia-labaule.com)

    LES MASTER CLASS

    – Philippe Rombi : Vendredi 11 novembre à 12h au cinéma de la Baule le  Gulf Stream – accès Pass festival –

    – Jean-Michel Bernard : Samedi 12 novembre à 12h au cinéma le Gulf Stream –accès Pass festival –

    – Lalo Schifrin : Dimanche 13 novembre à 14h au « Village du Festival » Palais des congrès Atlantia + suivi d’une séance de dédicaces –accès libre-

    L’EXPOSITION « STEVE MCQUEEN FOREVER »  du 27 octobre au 13 novembre, tous les jours 11h-13h et 15h-19h à la Chapelle Sainte-Anne (Place du Maréchal Leclerc, 44500 La Baule) – Entrée libre –

    «  LE VILLAGE DU FESTIVAL » sera installé au Palais des Congrès Atlantia (119, avenue du Maréchal de Lattre de Tassigny, 44500 La Baule). Ouvert du Mercredi 10 novembre au Dimanche 13 novembre de 14h à 20h – Entrée libre –

    L’EXPOSITION « L’HISTOIRE DE LA MUSIQUE DE FILM », dans le cadre du « Village du Festival » (voir horaires et jours d’ouverture) -Entrée libre-

    L’EXPOSITION « LES CHRONIQUES DE ZORRO », dans le cadre du « Village du Festival » (voir horaires et jours d’ouverture)  -Entrée libre-

    LA RENCONTRE AVEC LES SCOLAIRES aura lieu au « Village du Festival » à Atlantia le Jeudi 10 novembre de 14h à 15h (visite privée pour les élèves et leurs parents et la presse sur demande uniquement)

    FRANCE BLEU réalisera ses émissions en direct du « Village du Festival » au Palais des congrès Atlantia, le Vendredi 11 novembre de 16h à 20h – Entrée Libre –

    LA TV DU FESTIVAL réalisera ses émissions en direct du « Village du Festival » au Palais des congrès Atlantia, tous les jours (voir horaires et jours d’ouverture) – Entrée Libre –

    LA RENCONTRE AVEC LES ARTISTES à la Halle du Marché de La Baule aura lieu le Dimanche 13 novembre 2016 de 12h à 13h – Accès libre –

    GRILLE DE PROGRAMMATION

    MERCREDI 9 NOVEMBRE

    12h : Projection « LE KID DE CINCINNATI » de Norman Jewison avec Steve McQueen 14h : Projection « OPERATION DRAGON » de Robert Clouse avec Bruce Lee 16h : Projection « BULLITT » de Peter Yates avec Steve McQueen 18h : Projection « L’INSPECTEUR HARRY » de Don Siegel avec Clint Eastwood 20h30 : Film d’ouverture en présence du Jury : Avant-Première « TOUR DE FRANCE» de Rachid Djaïdani avec Gérard Depardieu (en compétition)  22h30 : Avant-Première « TANNA » de Martin Butler & Bentley Dean (en compétition)

    JEUDI 10 NOVEMBRE

    10h00 : Projection des Courts-Métrages (en compétition)  12h30 : Avant-Première « THE MUSIC OF STRANGERS» doc de Morgan Neville  14h30 : Avant-Première « A SERIOUS GAME» de Pernilla August (en compétition)  16h30 : Avant-Première « WULU » de Daouda Coulibaly avec Inna Modja 18h30 : Avant-Première « BEYOND FLAMENCO » doc de Carlos Saura  20h30 : Avant-Première « OUVERT LA NUIT » d’Edouard Baer, avec Audrey Tautou  22h30 : Avant-Première « BORN TO BE BLUE» (biopic sur Chet Baker) de Robert Budreau avec Ethan Hawke

    VENDREDI 11 NOVEMBRE

    10h : Avant-Première « PATERSON » de Jim Jarmusch (en compétition)  12h : Master Class PHILIPPE ROMBI (compositeur des musiques des films de François Ozon) & CHRISTOPHE BARRATIER (animée par Stéphane Lerouge)  13h : Avant-Première « VIVRE ET DANSER » (doc. sur G. Kelly) de Bertrand Teissier  14h30 : Avant-Première « GO HOME » de Jihane Chouaib avec Golshifteh Farahani (en compétition)  16h30 : Avant-Première « A JAMAIS » de Benoit Jacquot avec Mathieu Amalric  18h30 : Avant-Première « GIMME DANGER » (doc. sur Iggy Pop) de Jim Jarmusch  20h30 : Avant-Première « DEMAIN TOUT COMMENCE » de Hugo Gélin avec Omar Sy  22h30 : Projection « TOUT, TOUT DE SUITE » de Richard Berry

    SAMEDI 12 NOVEMBRE

    10h : Projection « LA TORTUE ROUGE » film d’animation de Michael Dudok de Wit (en compétition)  12h : Master Class JEAN-MICHEL BERNARD (compositeur des musiques des films de Michel Gondry), animée par Stéphane Lerouge  14h : Avant-Première « LA MECANIQUE DE L’OMBRE» de Thomas Kruithof avec François Cluzet, Denis Podalydès, Sami Bouajila, Simon Abkarian  16h : Avant-Première « CAROLE MATTHIEU » de Louis Julien Petit avec Isabelle Adjani (en compétition)  18h00 : Projection « MANON DES SOURCES » de Claude Berri, avec Emmanuelle Béart, Daniel Auteuil, Yves Montant -version restaurée- (30e anniversaire) 20h30 : Projection « MISSION IMPOSSIBLE » de Brian de Palma (20e anniversaire) 22h30 : Projection « MISSION IMPOSSIBLE II » de John Woo, avec Tom Cruise

    DIMANCHE 13 NOVEMBRE

    10h : Projection « LES CHRONIQUES DE ZORRO » film d’animation d‘Olivier Lelardoux  10h30 : Projection courts-métrages (en compétition) 12h : Avant-Première « AL JARREAU L’ENCHANTEUR » doc de Thierry Guedj  14h : Projection « 15 AOUT» de Patrick Alessandrin avec Richard Berry 16h : Avant-Première Ibis d’Or du Meilleur Film 2016 – Film lauréat (Rediffusion) 16h : Avant-Première « LA FINE EQUIPE » de Magaly Richard-Serrano 18h : Avant-Première « L’INVITATION » de Michael Cohen avec Nicolas Bedos, Camille Chamoux, Gustave Kerven 20h : Projection « UNE SAISON BLANCHE ET SECHE » de Euzhan Palcy (35e anniversaire)

    Ce programme est donné sous réserve de modifications.  Infos et mises a jour du programme sur : WWW.FESTIVAL-LABAULE.COM

    PROGRAMME DU « VILLAGE DU FESTIVAL »

    Du Mercredi 9 au Dimanche 13 Novembre 2016 De 14h à 18h (le vendredi jusqu’à 20h)  – Entrée libre – (Palais des congrès Atlantia)

    MERCREDI 9 NOVEMBRE
    14h : Ouverture du Village et Inauguration de l’exposition d’affiches « LA GRANDE HISTOIRE DE LA MUSIQUE DE FILM »

     JEUDI 10 NOVEMBRE
    14h : inauguration de l’exposition « LES CHRONIQUES DE ZORRO » 16h-17h : enregistrement émission « LA TV DU FESTIVAL » (en présence des acteurs)

    VENDREDI 11 NOVEMBRE
    14-15h : Concert  « JUSTIN ST PIERRE » (guitare) 15h-16h : enregistrement émission « LA TV DU FESTIVAL » (en présence des acteurs) 16h – 19h : Enregistrement émission « FRANCE BLEU Region » (direct) 19h – 20h : Enregistrement émission « FRANCE BLEU Grand Soir » (direct / national)

    SAMEDI 12 NOVEMBRE
    15h-16h : Concert « Les Musiques de film » par FRÉDÉRIC LA VERDE et son « PIANO ROUGE »  (+ séance de dédicaces de ses albums) 16h-17h : enregistrement émission « LA TV DU FESTIVAL » (en présence des acteurs)

    DIMANCHE 13 NOVEMBRE
    14h : Projection « IN THE TRACKS OF LALO SCHIFRIN» doc de Pascale Cuenot  15h : Master Class LALO SCHIFRIN animée par Stéphane Lerouge + séance dédicaces (en partenariat avec Universal Music France)  15h30 – 16h30 : Séance de dédicaces de BERTRAND TEISSIER (ancien rédacteur en chef du magazine Gala et réalisateur du documentaire « Vive et danser » sur Gene Kelly), livres : « Belmondo l’incorrigible », « Delon-Romy, un amour impossible », « Bernard Giraudeau, le baroudeur romantique » ;  et de  SANDRA MEZIERE (journaliste cinéma), livres : « Les illusions parallèles, 16 rencontres comme au cinéma » et « L’amor dans l’âme ») 16h-17h : enregistrement émission « LA TV DU FESTIVAL » (en présence des acteurs)

    Critique de L’OUTSIDER de Christophe Barratier:

    affiche outsider.jpg

    Après quelques réussites en tant que producteur délégué et en tant que réalisateur de courts-métrages, Christophe Barratier, en 2004, connaissait un succès retentissant avec Les Choristes et ses 8, 5 millions d’entrées puis ses deux César et ses deux nominations aux Oscars (meilleur film en langue étrangère et meilleure chanson pour Vois sur ton chemin). Vinrent ensuite Faubourg 36 en 2008 et La Nouvelle guerre des boutons en 2011, des films nostalgiques dont l’action se déroulait dans les années 30, un cinéma populaire (au sens noble du terme) et de beaux hommages au cinéma d’hier.

    Faubourg 36 notamment regorgeait ainsi de réjouissantes références au cinéma des années 30. Ainsi, Clovis Cornillac y ressemblait à s’y méprendre à Jean Gabin dans les films d’avant-guerre, Nora Arnezeder (la découverte du film comme Jean-Baptiste Maunier l’avait été auparavant dans Les Choristes) à Michèle Morgan : tous deux y faisaient penser au couple mythique Nelly et Jean du Quai des Brumes de Marcel Carné auquel un plan se référait d’ailleurs explicitement. Bernard-Pierre Donnadieu, quant à lui,  faisait songer à Pierre Brasseur (Frédérick Lemaître) dans Les enfants du paradis de Carné et à  Jules Berry (Valentin) dans Le jour se lève  du même Carné  dont j’avais même cru reconnaître le célèbre immeuble dessiné par Alexandre Trauner dans le premier plan du film… Les décors du film entier  semblaient d’ailleurs rendre hommage à ceux de Trauner, avec cette photographie hypnotique et exagérément lumineuse entre projecteurs de théâtre et réverbères sous lesquels Paris et les regards scintillent de mille feux incandescents et mélancoliques. Et l’amitié qui unissait les protagonistes de ce Faubourg 36 résonnait comme un clin d’œil à celle qui unissait les personnages de La belle équipe de Duvivier.  Bref, Christophe Barratier est un cinéaste cinéphile qui a par ailleurs à cœur de partager sa passion du cinéma puisqu’il est le cofondateur (avec Sam Bobino) du Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule (que je vous recommande vivement au passage : mon compte rendu de la première édition, en 2014, ici et mon compte rendu de l’édition 2015, à lire là).

    Mais sans doute Christophe Barratier n’était-il pas attendu aux manettes d’un film tel que L’Outsider, thriller financier se déroulant à notre époque et donc très différent des films précités. Alors, ce film (dont on imagine quel défi cela a dû être étant donné l’actualité et le caractère sensible du sujet) est-il aussi une réussite ?

    D’abord, L’Outsider, en plus d’être tiré de l’histoire vraie de Jérôme Kerviel, trader condamné pour avoir fait perdre des milliards d’euros à la Société Générale, est une adaptation du livre écrit par Kerviel lui-même et publié en 2010, L’Engrenage : mémoires d’un trader. A priori le personnage et le sujet n’étaient pas d’emblée sympathiques même si la déchéance du trader pris dans cet engrenage après son ascension fulgurante était éminemment romanesque.

    Plutôt que de se concentrer sur les suites judiciaires, Christophe Barratier a fait débuter son scénario (coécrit avec Laurent Turner, sur une idée de Jérôme Corcos) lors de l’entrée de Kerviel à la Société Générale en 2000 pour le faire s’achever lorsque l’affaire éclate, 8 ans plus tard. Le nom de Kerviel est ainsi connu de tous pour, en 2008, avoir fait les titres de tous les journaux. L’opérateur de marchés de 31 ans, par ses prises de risque, aurait alors pu, en 2008, faire basculer la Société Générale, voire le système financier mondial… Kerviel est condamné deux ans plus tard à cinq ans de prison dont trois ferme et aux plus lourds dommages-intérêts jamais vus pour un particulier: 4,9 milliards d’euros ! Mais Kerviel, c’est aussi Jérôme, un jeune homme ambitieux et fasciné par le monde de la finance entré dans la banque par la petite porte en 2000. Personne n’aurait alors pu prédire que le jeune Breton parviendrait à devenir trader 5 ans plus tard. Seulement Jérôme apprend vite, très vite…peut-être trop. C’est le portrait de cet homme-là incarné par Arthur Dupont que nous dresse Christophe Barratier au-delà de « l’histoire la plus extraordinaire de la finance ». L’Outsider n’est pas un film sur la finance mais un film qui dissèque les mécanismes (avant tout humains et psychologiques) d’une addiction et d’une obsession (pour cette finance) qui ont mené au chaos.

    Levons d’emblée tout suspense quant à la réussite du projet. Elle est indéniable. Je ne m’attendais pas à être ainsi captivée pendant les 1H57 que dure le film et cela dès les premiers plans. Avant même le générique. Le décor glacial et les tons grisâtres plantent le décor. La tension est palpable. Un homme en costume qu’on ne voit que de dos est accompagné manu militari vers la sortie de la Société Générale, avec ses cartons. Comme une marche funèbre, il avance jusqu’à un tas d’ordures depuis lequel les tours invincibles et vertigineuses de la société semblent le défier et le menacer. Et il saute dans le vide. Nous voilà prévenus: la chute est inéluctable. Et la suite est placée sous le sceau de cette menace sans jamais que la tension ne retombe jusqu’au générique de fin.

    J’ai lu qu’on reprochait à Christophe Barratier d’essayer de singer la réalisation d’Oliver Stone (Wall Street) et celle de Martin Scorsese (Le Loup de Wall Street) et que le résultat n’en étant qu’une pâle copie. Je ne suis pas d’accord. D’abord Paris n’est pas New York et surtout sa caméra très intelligemment dirigée épouse judicieusement la fièvre qui s’empare de Kerviel, la frénésie des tradeurs et du marché, comme un ballet étourdissant et grisant ou bien sa caméra cadre Kerviel au plus près lorsque l’étau se resserre nous enfermant avec lui dans le cadre, suffocant, dans son engrenage sans échappatoire, dans sa tour carcérale. Les scènes à l’extérieur n’existent quasiment pas (le monde « réel » n’est d’ailleurs jamais filmé) comme le monde extérieur n’existe plus pour Kerviel qui perd le sens des réalités, pour qui ne comptent plus que les millions et les milliards avec lesquels il jongle sans en mesurer la valeur réelle ni les conséquences. Tout cela n’est plus que chiffres et ordres scandés, vociférés avec lesquels il semble entretenir une relation presque sensuelle, en tout cas addictive. Ses acolytes sont présentés comme des Dieux tout puissants (les dalles de la Défense en forme de croix lorsque Keller récite Les Evangiles, le dîner qui se réfère à la Cène) et ridicules (la Cène certes mais avec des boites de thon pour dîner dans un appartement dans lequel il faut prendre l’ascenseur pour se rendre à la cuisine) bien souvent quand leur cynisme, leur absence totale de morale, leurs méthodes et manières de mafieux, leur perte de valeurs n’est pas totalement effrayante. Ils n’ont aucune limite, plus de règles…à l’exception de celles que ces grands enfants irresponsables édictent. Celles d’un monde impitoyable et individualiste.

    La clairvoyance n’empêche pas l’empathie et Barratier contrairement à ce qu’on aurait pu penser, sans réaliser un plaidoyer pour Kerviel (les « amitiés » contestables et les choix parfois égoïstes de ce drogué de la finance ne sont pas éludés ni édulcorés) et bien que le film soit adapté de son livre, arrive malgré tout à nous en faire éprouver pour son anti-héros pris dans une spirale infernale, dans l’ivresse de cette puissance qui le grise et l’égare, et dans laquelle il se jette comme d’autres se seraient jetés dans la drogue ou l’alcool. Son addiction redouble d’ailleurs après la mort de son père (scène bouleversante). Il devient dépendant à cette adrénaline. Si le film n’est pas un plaidoyer, quelques phrases sybillines nous laissent juges du possible aveuglement plus ou moins volontaire de la Société Générale : « -Comment expliquer qu’ils n’aient rien dit. -Je ne me l’explique pas. », « On réglera ça sans faire de vagues. » , « Ils sont aveugles ET incompétents. », « On m’a laissé faire, c’est pas suffisant comme preuve? »

    Pour incarner Kerviel, Barratier, une fois de plus, après Jean-Baptise Maunier et Nora Arzeneder, a choisi un acteur dont il fait éclater le charisme et le talent. Arthur Dupont crève littéralement l’écran et arrive d’abord à nous faire oublier qu’il n’est pas Kerviel et à devenir Jérôme, et en une même scène et parfois en un quart de seconde à nous faire passer de l’agacement (mais pourquoi donc n’ouvre-t-il pas les yeux ?) à l’empathie malgré son obstination, son aveuglement, sa descente aux Enfers bien qu’il surplombe Paris et pense dominer le monde. L’évolution du personnage se ressent dans le regard même de l’acteur qui semble s’assombrir. Même si Arthur Dupont a déjà pas mal de films à son actif, sans aucun doute ce rôle va-t-il lui ouvrir une voie royale. Face à lui l’obséquieux Keller est interprété par François-Xavier Demaison volubile à souhait et savoureusement détestable (même s’il se rachète en une scène), d’un cynisme redoutable comme lors des attentats de Londres salués par des hourras : « Je n’ai jamais gagné autant que le 11 septembre », « Pense à envoyer un mot aux familles des victimes que leurs proches sachent qu’ils ne sont pas morts pour rien. » , « La seule chose qui me fasse flipper c’est qu’on abolisse l’argent. » L’ironie est à son comble quand on sait que Demaison a arrêté sa carrière de trader après avoir vécu le 11 septembre à New York. De même que dans l’attention portée à la photographie, le goût de Barratier pour le cinéma des années 30 (qui savait tant les sublimer) se retrouve aussi dans ses choix avisés de seconds rôles comme Stéphane Bak, Benjamin Ramon ou Sören Prévost (notamment).

    Un mélomane et musicien comme Barratier ne pouvait non plus ignorer la musique ( de Philippe Rombi à qui l’on doit notamment la musique de Joyeux Noël ou celles des films de François Ozon) qui, ici, accentue le sentiment d’angoisse ou l’émotion qui surgit et nous saisit. C’est prenant comme un film d’Hitchcock, ces histoires d’hommes ordinaires à qui il arrive des choses extraordinaires. Et le McGuffin, ce sont ici ces fameux milliards qui d’un moment à l’autre vont exploser à la face du monde. La photographie (de Jérôme Alméras, après celle également magnifique signée Tom Stern dans Faubourg 36) qui nous immerge dans un univers grisâtre, froid, déshumanisé et faussement aseptisé (ce à quoi font exception les scènes filmées en Bretagne ou les quelques scènes à La Baule, lors du consternant séminaire de la Société Générale -qui l’est d’autant plus qu’il est inspiré de faits réels qui avaient d’ailleurs défrayé la chronique-), ou qui plonge dans l’ombre la commission d’enquête contribue aussi à ce climat d’angoisse.

    Le talent d’un grand cinéaste comme celui d’un grand chef est de faire aimer ce qui a priori vous rebute. Je n’avais pas d’intérêt particulier pour le monde de la finance et y étais même plutôt réfractaire, mais Barratier a réussi non seulement à vulgariser cet univers mais aussi à me le rendre aussi passionnant et palpitant qu’un trépidant thriller. Son film pourrait d’ailleurs illustrer un cours de scénario : ellipses à-propos (Kerviel sous le feu des blagues méprisantes qui deux ans plus tard en est l’auteur  et répond avec aplomb aux sarcasmes), dialogues percutants, répliques et expressions mémorables (« CDH »), touche sentimentale (très bon choix de Sabrina Ouazani) sans qu’elles fassent tomber le film dans le mélo, caractérisation des personnages en quelques plans et répliques (le père, pas dupe), rythme haletant et personnage victime d’un système et d’une obsession et une addiction qui le dépassent… et donc attachant… malgré tout.

    Un film fiévreux, intense, palpitant, captivant, et même émouvant, et très ancré dans son époque et dans le cinéma contemporain tout en s’emparant du meilleur des films d’hier qui ont forgé la culture cinématographique du réalisateur. J’en suis ressortie étourdie comme après un tour de manège et surtout désireuse de suivre désormais de près cette « affaire Kerviel » que je n’écoutais que d’une oreille distraite et derrière laquelle je verrai désormais Jérôme, ce jeune breton pris dans un engrenage infernal. Plutôt que d’aller voir le dernier et énième blockbuster américain, pour la fête du cinéma, courez voir L’Outsider qui allie l’énergie que l’on prête plutôt aux films américains (d’ailleurs parfois à tort, certains reprochant d’ailleurs au film de Barratier et avec une évidente mauvaise foi ce dont ils feraient l’éloge si son nom et le film étaient américains, ces préjugés envers le cinéma français toujours prétendument moins ceci ou cela que les films venant d’ailleurs et a fortiori des Etats-Unis me lasse et m’exaspère)  à la sensibilité d’un film français et dont le succès futur Outre-Atlantique ne me surprendrait pas et ne serait pas usurpé. Un « Outsider » qui, à l’image de celui dont il conte l’histoire, pourrait bien créer la surprise au box office, mais contrairement à son protagoniste, une très bonne surprise…

  • Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule 2016: affiche et programme (1ers éléments)

     

     

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    Lors des deux premières éditions du Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule (créé par Sam Bobino -qui  a aussi notamment à son actif  d’être délégué général de la Semaine du Cinéma Positif– et Christophe Barratier dont je vous recommande au passage l’excellent film « L’Outsider » dont vous pouvez retrouver ma critique en bonus ci-dessous), je vous avais fait part de mon enthousiasme pour ce nouvel évènement cinématographique, convivial et passionnant, qui a lieu dans le cadre idyllique de La Baule, un festival pour lequel j’ai eu un coup de cœur tel que l’une des nouvelles de mon recueil « Les illusions parallèles », publié le 22 août 2016, aux Editions du 38, se déroule dans le cadre de celui-ci.

    Retrouvez mon compte rendu du Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule 2014

    et mon compte rendu du Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule 2015.

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    Je ne manquerai donc évidemment pas l’édition 2016 et vous la recommande vivement dès à présent, d’autant plus que les premières annonces concernant la programmation sont vraiment alléchantes avec l’hommage rendu, en sa présence, au grand compositeur d’origine argentine, Lalo Schifrin, compositeur, notamment, des bandes originales des films « Les Félins », « Bullitt »,   « L’inspecteur Harry » ou encore « Rush hour » plus récemment mais aussi de séries comme « Mannix », « Starsky et Hutch » sans oublier évidemment « Mission Impossible » ( la musique que vous retrouvez dans la bande annonce du festival ci-dessus).

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     A cette occasion un grand ciné-concert « Hommage à Lalo Schifrin » sera donné en sa présence au Palais des Congrès, Atlantia, et une rétrospective en partenariat avec la Cinémathèque Française, lui sera consacrée.

    Une exposition de photos spécialement dédiée à Steve McQueen, en partenariat avec « la Galerie de l’Instant », sera aussi à découvrir à l’espace culturel de la Chapelle Sainte-Anne du 27 octobre au 13 novembre 2016.

    A travers ces deux grands artistes, c’est donc le cinéma policier américain de la fin des années 60 et début 70 qui sera mis à l’honneur cette année.  Autant de raisons qui expliquent le choix de l’affiche de cette 3e édition, représentant la mythique voiture de « Bullitt », qui après de nombreuses (més)aventures cinématographiques et après avoir bourlinguée sur le bitume des rues de San Francisco, termine enfin sa poursuite, non pas face à l’océan au bout de la mythique « Route 66 », mais face à l’océan dans la belle Baie de La Baule, véritable havre de paix où il fait bon vivre.

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    Lalo Schifrin succédera ainsi aux compositeurs Francis Lai (à qui le festival avait rendu hommage en 2014) et Michel Legrand (à qui le festival avait rendu hommage en 2015).

    Le festival 2016 aura lieu du mercredi 9 au dimanche 13 novembre.

    Pour en savoir plus, vous pouvez d’ores et déjà vous abonner à la page Facebook du festival, ici, mais aussi le retrouver sur twitter (@FestivalLaBaule), sur Instagram (@festivallabaule) et sur son site internet.

    Pour préparer au mieux votre séjour, vous pouvez aussi retrouver mes bonnes adresses à La Baule et Pornichet, ici.

    Cet article (à retrouver aussi sur Inthemoodforcinema.com) sera complété au fur et à mesure des annonces sur la programmation de cette édition 2016.

    Critique de L’OUTSIDER de Christophe Barratier:

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    Après quelques réussites en tant que producteur délégué et en tant que réalisateur de courts-métrages, Christophe Barratier, en 2004, connaissait un succès retentissant avec Les Choristes et ses 8, 5 millions d’entrées puis ses deux César et ses deux nominations aux Oscars (meilleur film en langue étrangère et meilleure chanson pour Vois sur ton chemin). Vinrent ensuite Faubourg 36 en 2008 et La Nouvelle guerre des boutons en 2011, des films nostalgiques dont l’action se déroulait dans les années 30, un cinéma populaire (au sens noble du terme) et de beaux hommages au cinéma d’hier.

    Faubourg 36 notamment regorgeait ainsi de réjouissantes références au cinéma des années 30. Ainsi, Clovis Cornillac y ressemblait à s’y méprendre à Jean Gabin dans les films d’avant-guerre, Nora Arnezeder (la découverte du film comme Jean-Baptiste Maunier l’avait été auparavant dans Les Choristes) à Michèle Morgan : tous deux y faisaient penser au couple mythique Nelly et Jean du Quai des Brumes de Marcel Carné auquel un plan se référait d’ailleurs explicitement. Bernard-Pierre Donnadieu, quant à lui,  faisait songer à Pierre Brasseur (Frédérick Lemaître) dans Les enfants du paradis de Carné et à  Jules Berry (Valentin) dans Le jour se lève  du même Carné  dont j’avais même cru reconnaître le célèbre immeuble dessiné par Alexandre Trauner dans le premier plan du film… Les décors du film entier  semblaient d’ailleurs rendre hommage à ceux de Trauner, avec cette photographie hypnotique et exagérément lumineuse entre projecteurs de théâtre et réverbères sous lesquels Paris et les regards scintillent de mille feux incandescents et mélancoliques. Et l’amitié qui unissait les protagonistes de ce Faubourg 36 résonnait comme un clin d’œil à celle qui unissait les personnages de La belle équipe de Duvivier.  Bref, Christophe Barratier est un cinéaste cinéphile qui a par ailleurs à cœur de partager sa passion du cinéma puisqu’il est le cofondateur (avec Sam Bobino) du Festival du Cinéma et Musique de Film de La Baule (que je vous recommande vivement au passage : mon compte rendu de la première édition, en 2014, ici et mon compte rendu de l’édition 2015, à lire là).

    Mais sans doute Christophe Barratier n’était-il pas attendu aux manettes d’un film tel que L’Outsider, thriller financier se déroulant à notre époque et donc très différent des films précités. Alors, ce film (dont on imagine quel défi cela a dû être étant donné l’actualité et le caractère sensible du sujet) est-il aussi une réussite ?

    D’abord, L’Outsider, en plus d’être tiré de l’histoire vraie de Jérôme Kerviel, trader condamné pour avoir fait perdre des milliards d’euros à la Société Générale, est une adaptation du livre écrit par Kerviel lui-même et publié en 2010, L’Engrenage : mémoires d’un trader. A priori le personnage et le sujet n’étaient pas d’emblée sympathiques même si la déchéance du trader pris dans cet engrenage après son ascension fulgurante était éminemment romanesque.

    Plutôt que de se concentrer sur les suites judiciaires, Christophe Barratier a fait débuter son scénario (coécrit avec Laurent Turner, sur une idée de Jérôme Corcos) lors de l’entrée de Kerviel à la Société Générale en 2000 pour le faire s’achever lorsque l’affaire éclate, 8 ans plus tard. Le nom de Kerviel est ainsi connu de tous pour, en 2008, avoir fait les titres de tous les journaux. L’opérateur de marchés de 31 ans, par ses prises de risque, aurait alors pu, en 2008, faire basculer la Société Générale, voire le système financier mondial… Kerviel est condamné deux ans plus tard à cinq ans de prison dont trois ferme et aux plus lourds dommages-intérêts jamais vus pour un particulier: 4,9 milliards d’euros ! Mais Kerviel, c’est aussi Jérôme, un jeune homme ambitieux et fasciné par le monde de la finance entré dans la banque par la petite porte en 2000. Personne n’aurait alors pu prédire que le jeune Breton parviendrait à devenir trader 5 ans plus tard. Seulement Jérôme apprend vite, très vite…peut-être trop. C’est le portrait de cet homme-là incarné par Arthur Dupont que nous dresse Christophe Barratier au-delà de « l’histoire la plus extraordinaire de la finance ». L’Outsider n’est pas un film sur la finance mais un film qui dissèque les mécanismes (avant tout humains et psychologiques) d’une addiction et d’une obsession (pour cette finance) qui ont mené au chaos.

    Levons d’emblée tout suspense quant à la réussite du projet. Elle est indéniable. Je ne m’attendais pas à être ainsi captivée pendant les 1H57 que dure le film et cela dès les premiers plans. Avant même le générique. Le décor glacial et les tons grisâtres plantent le décor. La tension est palpable. Un homme en costume qu’on ne voit que de dos est accompagné manu militari vers la sortie de la Société Générale, avec ses cartons. Comme une marche funèbre, il avance jusqu’à un tas d’ordures depuis lequel les tours invincibles et vertigineuses de la société semblent le défier et le menacer. Et il saute dans le vide. Nous voilà prévenus: la chute est inéluctable. Et la suite est placée sous le sceau de cette menace sans jamais que la tension ne retombe jusqu’au générique de fin.

    J’ai lu qu’on reprochait à Christophe Barratier d’essayer de singer la réalisation d’Oliver Stone (Wall Street) et celle de Martin Scorsese (Le Loup de Wall Street) et que le résultat n’en étant qu’une pâle copie. Je ne suis pas d’accord. D’abord Paris n’est pas New York et surtout sa caméra très intelligemment dirigée épouse judicieusement la fièvre qui s’empare de Kerviel, la frénésie des tradeurs et du marché, comme un ballet étourdissant et grisant ou bien sa caméra cadre Kerviel au plus près lorsque l’étau se resserre nous enfermant avec lui dans le cadre, suffocant, dans son engrenage sans échappatoire, dans sa tour carcérale. Les scènes à l’extérieur n’existent quasiment pas (le monde « réel » n’est d’ailleurs jamais filmé) comme le monde extérieur n’existe plus pour Kerviel qui perd le sens des réalités, pour qui ne comptent plus que les millions et les milliards avec lesquels il jongle sans en mesurer la valeur réelle ni les conséquences. Tout cela n’est plus que chiffres et ordres scandés, vociférés avec lesquels il semble entretenir une relation presque sensuelle, en tout cas addictive. Ses acolytes sont présentés comme des Dieux tout puissants (les dalles de la Défense en forme de croix lorsque Keller récite Les Evangiles, le dîner qui se réfère à la Cène) et ridicules (la Cène certes mais avec des boites de thon pour dîner dans un appartement dans lequel il faut prendre l’ascenseur pour se rendre à la cuisine) bien souvent quand leur cynisme, leur absence totale de morale, leurs méthodes et manières de mafieux, leur perte de valeurs n’est pas totalement effrayante. Ils n’ont aucune limite, plus de règles…à l’exception de celles que ces grands enfants irresponsables édictent. Celles d’un monde impitoyable et individualiste.

    La clairvoyance n’empêche pas l’empathie et Barratier contrairement à ce qu’on aurait pu penser, sans réaliser un plaidoyer pour Kerviel (les « amitiés » contestables et les choix parfois égoïstes de ce drogué de la finance ne sont pas éludés ni édulcorés) et bien que le film soit adapté de son livre, arrive malgré tout à nous en faire éprouver pour son anti-héros pris dans une spirale infernale, dans l’ivresse de cette puissance qui le grise et l’égare, et dans laquelle il se jette comme d’autres se seraient jetés dans la drogue ou l’alcool. Son addiction redouble d’ailleurs après la mort de son père (scène bouleversante). Il devient dépendant à cette adrénaline. Si le film n’est pas un plaidoyer, quelques phrases sybillines nous laissent juges du possible aveuglement plus ou moins volontaire de la Société Générale : « -Comment expliquer qu’ils n’aient rien dit. -Je ne me l’explique pas. », « On réglera ça sans faire de vagues. » , « Ils sont aveugles ET incompétents. », « On m’a laissé faire, c’est pas suffisant comme preuve? »

    Pour incarner Kerviel, Barratier, une fois de plus, après Jean-Baptise Maunier et Nora Arzeneder, a choisi un acteur dont il fait éclater le charisme et le talent. Arthur Dupont crève littéralement l’écran et arrive d’abord à nous faire oublier qu’il n’est pas Kerviel et à devenir Jérôme, et en une même scène et parfois en un quart de seconde à nous faire passer de l’agacement (mais pourquoi donc n’ouvre-t-il pas les yeux ?) à l’empathie malgré son obstination, son aveuglement, sa descente aux Enfers bien qu’il surplombe Paris et pense dominer le monde. L’évolution du personnage se ressent dans le regard même de l’acteur qui semble s’assombrir. Même si Arthur Dupont a déjà pas mal de films à son actif, sans aucun doute ce rôle va-t-il lui ouvrir une voie royale. Face à lui l’obséquieux Keller est interprété par François-Xavier Demaison volubile à souhait et savoureusement détestable (même s’il se rachète en une scène), d’un cynisme redoutable comme lors des attentats de Londres salués par des hourras : « Je n’ai jamais gagné autant que le 11 septembre », « Pense à envoyer un mot aux familles des victimes que leurs proches sachent qu’ils ne sont pas morts pour rien. » , « La seule chose qui me fasse flipper c’est qu’on abolisse l’argent. » L’ironie est à son comble quand on sait que Demaison a arrêté sa carrière de trader après avoir vécu le 11 septembre à New York. De même que dans l’attention portée à la photographie, le goût de Barratier pour le cinéma des années 30 (qui savait tant les sublimer) se retrouve aussi dans ses choix avisés de seconds rôles comme Stéphane Bak, Benjamin Ramon ou Sören Prévost (notamment).

    Un mélomane et musicien comme Barratier ne pouvait non plus ignorer la musique ( de Philippe Rombi à qui l’on doit notamment la musique de Joyeux Noël ou celles des films de François Ozon) qui, ici, accentue le sentiment d’angoisse ou l’émotion qui surgit et nous saisit. C’est prenant comme un film d’Hitchcock, ces histoires d’hommes ordinaires à qui il arrive des choses extraordinaires. Et le McGuffin, ce sont ici ces fameux milliards qui d’un moment à l’autre vont exploser à la face du monde. La photographie (de Jérôme Alméras, après celle également magnifique signée Tom Stern dans Faubourg 36) qui nous immerge dans un univers grisâtre, froid, déshumanisé et faussement aseptisé (ce à quoi font exception les scènes filmées en Bretagne ou les quelques scènes à La Baule, lors du consternant séminaire de la Société Générale -qui l’est d’autant plus qu’il est inspiré de faits réels qui avaient d’ailleurs défrayé la chronique-), ou qui plonge dans l’ombre la commission d’enquête contribue aussi à ce climat d’angoisse.

    Le talent d’un grand cinéaste comme celui d’un grand chef est de faire aimer ce qui a priori vous rebute. Je n’avais pas d’intérêt particulier pour le monde de la finance et y étais même plutôt réfractaire, mais Barratier a réussi non seulement à vulgariser cet univers mais aussi à me le rendre aussi passionnant et palpitant qu’un trépidant thriller. Son film pourrait d’ailleurs illustrer un cours de scénario : ellipses à-propos (Kerviel sous le feu des blagues méprisantes qui deux ans plus tard en est l’auteur et répond avec aplomb aux sarcasmes), dialogues percutants, répliques et expressions mémorables (« CDH »), touche sentimentale (très bon choix de Sabrina Ouazani) sans qu’elles fassent tomber le film dans le mélo, caractérisation des personnages en quelques plans et répliques (le père, pas dupe), rythme haletant et personnage victime d’un système et d’une obsession et une addiction qui le dépassent… et donc attachant… malgré tout.

    Un film fiévreux, intense, palpitant, captivant, et même émouvant, et très ancré dans son époque et dans le cinéma contemporain tout en s’emparant du meilleur des films d’hier qui ont forgé la culture cinématographique du réalisateur. J’en suis ressortie étourdie comme après un tour de manège et surtout désireuse de suivre désormais de près cette « affaire Kerviel » que je n’écoutais que d’une oreille distraite et derrière laquelle je verrai désormais Jérôme, ce jeune breton pris dans un engrenage infernal. Plutôt que d’aller voir le dernier et énième blockbuster américain, pour la fête du cinéma, courez voir L’Outsider qui allie l’énergie que l’on prête plutôt aux films américains (d’ailleurs parfois à tort, certains reprochant d’ailleurs au film de Barratier et avec une évidente mauvaise foi ce dont ils feraient l’éloge si son nom et le film étaient américains, ces préjugés envers le cinéma français toujours prétendument moins ceci ou cela que les films venant d’ailleurs et a fortiori des Etats-Unis me lasse et m’exaspère)  à la sensibilité d’un film français et dont le succès futur Outre-Atlantique ne me surprendrait pas et ne serait pas usurpé. Un « Outsider » qui, à l’image de celui dont il conte l’histoire, pourrait bien créer la surprise au box office, mais contrairement à son protagoniste, une très bonne surprise…