"Brooklyn boy": à voir actuellement à la comédie des Champs Elysées (18/12/2004)
Brooklyn boy,
pièce de Donald Margulies adaptée et mise en scène par Michel Fagadau
Avec Stephan Freiss, Maurice Chevit, Serge Kribus, Stéphanie Fagadau, Aissa Fagadau, Aissa Maiga, Stephan Roux-Weiss, Smadi Wolfman.
Comédie des Champs Elysées
Un écrivain juif apporte son dernier ouvrage à son père mourant… Grâce à ce dernier livre il a accédé à la notoriété mais au lieu de le rassurer ce succès le fragilise et le place face à ses doutes et face à l’incompréhension de ceux qui l’entourent.
« Brooklyn boy »est en effet avant tout l’histoire d’une solitude, le portrait réaliste et sensible d’un homme face à lui-même, son passé, ses racines que l’écran de fumée créée par sa notoriété ne permettra pas d’éluder mais qui, au contraire, exacerbera sa solitude et sa crise identitaire.
En six tableaux le portrait s’esquisse de plus en plus précisément, de plus en plus mélancolique même si l’humour est toujours sous-jacent, le rire constamment aux bords de larmes et les larmes au bord des rires…notamment grâce à l’interprétation nuancée de Stephan Freiss et celle, émouvante, de Maurice Chevit, ou celle irrésistible de Smadi Wolfman, en productrice surbookée, qui adoooore tout le monde.
En quête d’identité, on renvoie toujours le protagoniste à celle de sa communauté, à ses racines qu’il a voulu oublier pour exister… d’où une incommunicabilité au centre de la pièce. Il parle peu, on le devine dans ses silences, dans les rencontres qui jalonnent sa route au cours de ces six scènes dans lesquels se mêlent émotion et dérision, nostalgie et mélancolie.
On comprend, on imagine, on s’identifie…par une mise en scène subtile qui met les comédiens en valeur. La dernière scène est magnifique, comme si tout ce qui précède n’avait été qu’un parcours initiatique menant à cet instant…malheureusement seulement rêvé mais grâce au rêve probablement trouvera-t-il le chemin de sa réalité qui peut-être vous renverra à la vôtre…En tout cas, je vous invite à emprunter celui de la pièce…
Sandra.M
21:35 Écrit par Sandra Mézière | Lien permanent | Commentaires (2) | | del.icio.us | | Digg | Facebook | | Imprimer |
Commentaires
La pièce "Brooklyn Boy" est prolongée à la Comédie jusqu'en juin 2005, après déjà plus de 150 représentations.
Samuel Le Bihan reprend, depuis le 2 mars, le rôle créé par Stéphane Freiss.
Une pièce à ne pas manquer et à redécouvrir !
Écrit par : Mercier | 15/03/2005
Le 3 mai 2005, à la Comédie des Champs Elysées, j'ai eu la chance de voir "Brooklyn boy", pièce très réussie où, d'un bout à l'autre, l'intérêt ne faiblit pas. D'emblée, on entre avec simplicité dans le vif du sujet et les six tableaux se succèdent dans un harmonie esthétique avec de subtils effets de lumière accompagnés d'une belle musique particulièrement évocatrice...
Eric, écrivain juif de Brooklyn, sur la voie du succès, personnage central de la pièce, rend visite à son père hospitalisé : les rapports père-fils ne sont pas faciles ! A la cafétéria de l'Hôpital, il rencontre, par hasard , un ami d'enfance qu'il n'a pas revu depuis vingt-cinq ans ; les deux amis qui dévoilent leurs souvenirs d'enfance et d'adolescence puis analysent respectivement l'évolution de leur existence, leurs choix, le constat de leur aboutissement, leurs déceptions, leurs souffrances..., sont extrêmement attachants. Ricky, le fils brillant et doué d'une forte personnalité, pour se réaliser a dû s'opposer à son père d'où tiraillements qui vont jusqu'à la déchirure ; pourtant, père et fils s'aiment mais, très pudiques, ne le montrent pas : l'incommunicabilité s'installe au sein de la famille et chacun s'enferme dans une mer de souffrances inavouées, presque inconscientes qui surgiront à l'occasion d'un évènement important : la réussite du fils, la maladie du père... On pense à Kafka dans la "Lettre à mon père". Emergent alors notre propre questionnement, nos inquiétudes face au tour que prend notre existence ; tout s'enchaîne avec naturel... Problématique : réussir dans la vie, est-ce réussir sa vie ?
Malgré la gravité du sujet, on trouve dans cette pièce des notes de fraîcheur, de tendresse, de l'humour et même le rire qui s'immisce à travers les larmes...
Eric a réussi son émancipation culturelle mais il reste encore, au tréfonds de son âme, attaché à ses origines : il se réconcile avec son identité. Dernière scène, sublime : Eric accepte de réciter pour son père la "Prière juive des morts", ultime offrande dans un élan d'amour...
Un grand bravo à Samuel Le Bihan (Eric) qui a repris le rôle de Stéphane Freiss après seulement trois semaines de répétitions et vives félicitations à toute l'équipe pour ce magnifique spectacle sans oublier Donald Marguries!
Écrit par : Ettevy | 06/05/2005