« Ce que je sais de Vera Candida » de Véronique Ovaldé-Sélection Prix des lectrices de Elle 2010 (13/01/2010)
Cela faisait un moment que je ne vous avais pas proposé de critiques de livres lus dans le cadre du Grand Prix de lectrices de Elle 2010 dont je fais toujours partie du jury. Il faut dire qu'à l'exception de « La Délicatesse » de David Foenkinos, cette noirceur qui semble commune à tous les livres de la sélection me désespère, une règle à laquelle ne déroge pas vraiment ma dernière lecture: « Ce que je sais de Vera Candida » de Véronique Ovaldé.
Véronique Ovaldé nous emmène dans une Amérique du Sud imaginaire, sur l'île de Vatapuna, où naissent trois femmes d'une même lignée avec le même destin : enfanter une fille sans jamais pouvoir révéler le nom du père. Elles sont toutes éprises de liberté, téméraires mais aussi mélancoliques et victimes de la même triste fatalité. Seule Vera Candida osera briser les chaînes du destin, prendre son destin en main en fuyant Vatapuna dès ses 15 ans et en partant pour le continent, à Lahomeria, pour se forger une nouvelle vie, sans passé... C'est aussi là qu'elle rencontre Itxaga, journaliste à l'Indépendant.
L'idée de ces chaînes du destin et de la fatalité qu'une femme brisera était aussi judicieuse qu'intéressante. Tout comme celle de ces lieux à la fois imaginaires et si réalistes, empreints de la chaleur, de la moiteur d'une Amérique du Sud qui n'échappe pas à la corruption. Sans doute l'écriture de Véronique Ovaldé est-elle vive et marquée d'une certaine légèreté (d'humour même), idée plutôt astucieuse pour évoquer les passés de ces femmes qui sont de véritables fardeaux.
Véronique Ovaldé a un style bien à elle mais qui semble tellement maniéré (phrases interminables, parfois des majuscules quand il n'en faut pas ou sans majuscules quand il en faudrait...) que cela en perd (à mes yeux) tout intérêt. Je n'ai rien contre la modernité littéraire revendiquée et marquée par des audaces stylistiques, même parfois hasardeuses, même quand elle prend des libertés avec la grammaire ... à condition que cela ne freine pas la lecture et l'enrichisse d'une manière ou d'une autre. En ce qui me concerne, cela a constitué un frein à l'envie de savoir ce qu'elle savait de Vera Candida.... Pour moi trop de style et surtout d'obstination à en faire preuve et le démontrer, tue le style et surtout le fil de l'histoire. Le titre en est un parfait exemple...
Et puis je suis un peu lasse de ces destins sordides que je retrouve livres après livres (de cette sélection en tout cas), quels qu'en soient les lieux et époques.
Véronique Ovaldé signe ainsi certes des portraits de femmes fortes que je n'ai néanmoins pas réussi à trouver attachantes. Les chaînes de leurs destins transforment ce qui aurait pu être des contes enchanteurs en contes désenchantés. Un livre qui aura au moins le mérité de nous parler d'ici (un "ici ailleurs" néanmoins souvent glauque) en nous emmenant ailleurs. Il faut ainsi reconnaître que Véronique Ovaldé parvient à nous faire croire en cet ailleurs... tout en nous dissuadant d'y aller !
17:37 Écrit par Sandra Mézière | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : livres, littérature, prix des lectrices de elle, elle, magazine elle, véronique ovaldé | | del.icio.us | | Digg | Facebook | | Imprimer |
Commentaires
J'ai eu les même impressions que toi concernant le style. Par contre, je n'ai pas trouvé ces "femmes fortes" et je n'ai pas été séduite par les personnages féminins de ce livre.
Écrit par : zarline | 14/01/2010
@zarline: Je suis contente de voir que nous avons eu la même impression car je ne lis que des éloges à propos de ce bouquin! J'ai trouvé Vera Candida plutôt forte mais je n'ai été séduite pas aucun des personnages...
Écrit par : Sandra.m | 16/01/2010