Les sœurs fâchées d’Alexandra Leclère : un premier film très prometteur. (03/01/2005)

medium_soeurs.2.jpgPour son premier film Alexandra Leclère a choisi de nous conter l’histoire de Louise (Catherine Frot), esthéticienne au Mans, venue passer 3 jours chez sa sœur Martine (Isabelle Huppert), à Paris pour rencontrer un potentiel éditeur. C’est dans ce face à face singulier que réside tout l’intérêt de ce premier film plus que prometteur. Louise va malgré elle faire exploser l’existence glacialement routinière de Martine. Renoir aurait appelé ce film un « drame gai », tant la frontière entre drame et comédie est étanche avec pour résultat un film au rythme enlevé au cours duquel on ne s’ennuie pas une seule seconde. C’est une comédie savoureuse, savoureusement grinçante même dans laquelle comédie et noirceur, voire cruauté s’entremêlent. Le face à face entre Louise et se joie de vivre constante, sa gentillesse inaltérable, presque envahissante, et la cinglante Martine est jubilatoire. Une magnifique scène d’opéra avec leurs visages en gros plan résume merveilleusement la capacité émotive de l’une et l’indifférence, l’indolence, de l’autre. Catherine Frot interprète magnifiquement ce rôle en or, véritable personnage chaplinesque faisant penser à Villeret ou à Bourvil pour cette impression donnée au spectateur de pouvoir passer du rire à la mélancolie avec une déconcertante facilité. Les seconds rôles sont également brillamment distribués avec un François Berléand, dans un rôle inédit et Brigitte Catillon, parfaite dans le rôle de la parisienne snob et cynique. Le sujet se prêtait à la caricature, la réalisatrice-scénariste ne plonge jamais dans cet écueil. On songe à de brillantes références, notamment à Claude Sautet, cette « histoire simple »étant aussi celle « d’un cœur en hiver »capable de colères et de violence soudaines comme souvent chez les personnages de Sautet, une référence corroborée par la présence de la lancinante mélodie de Philippe Sarde, compositeur attitré de Claude Sautet. Ce film n’est néanmoins pas une copie de tel ou tel style, il possède son ton bien à lui, la singularité d’une réalisatrice qui devrait compter…
Remarque:Alexandra Leclère a signé en 2002 un court-métrage, Bouche-à-bouche, avec Alexandra Vandernoot et Helene Foubert dans le rôle de... deux soeurs.

Sandra.M

10:35 Écrit par Sandra Mézière | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us | | Digg! Digg |  Facebook | |  Imprimer | | Pin it! | |