Oscars 2013 en direct, nommés, mes choix et critiques des films en lice (24/02/2013)
Ci-dessous, retrouvez les nominations aux Oscars, mes commentaires sur les films nommés et mes propres choix et les différents moyens de suivre la cérémonie en direct.
Emma Stone et Seth MacFarlane ont annoncé les nommés aux Oscars 2013 le 10 janvier dernier alors que la 85ème cérémonie des Oscars se déroulera ce 24 février au Dolby Theatre à Hollywood et alors que j'étais avant-hier aux César dont vous pouvez retrouver mon compte-rendu, ici. C’est d’ailleurs Seth MacFarlane qui sera le maître de Cérémonie de la soirée des Oscars ce 24 février.
« Lincoln » de Steven Spielberg est nommé 12 fois juste devant « L’Odyssée de Pi » d’Ang Lee (11 nominations) . "Argo" de Ben Affleck récolte 7 nominations. « Skyfall » devra se contenter d’une nomination pour la chanson d’Adele.
Le film de Michael Haneke « Amour », grand vainqueur des César , attendu seulement pour une nomination comme meilleur film étranger, a en revanche récolté cinq nominations et non des moindres : meilleur film, meilleur film étranger, meilleure actrice (pour Emmanuelle Riva qui a reçu ce vendredi la César de la meilleure actrice), meilleur réalisateur et meilleur scénario original. Après avoir triomphé aux Oscars, à l'image de "The Artist" l'an passé, "Amour" achèvera-t-il son incroyable parcours commencé à Cannes avec un triomphe aux Oscars?
Comme nommés pour le meilleur film, on retrouve également l’excellent « Django unchained » de Quentin Tarantino (mais pas comme réalisateur !) et la belle et réjouissante surprise de ces nominations « Les Bêtes du Sud sauvage » de Benh Zeitlin (Grand prix et prix révélation du dernier Festival du Cinéma Américain de Deauville et Caméra d’or du dernier Festival de Cannes) également notamment nommé comme meilleur réalisateur et meilleure actrice pour la jeune et incroyable Quvenzhané Wallis.
Christoph Waltz qui s’est fait connaître suite à son prix d’interprétation au Festival de Cannes 2009 pour « Inglourious bastards » est nommé comme meilleur acteur dans un second rôle (à nouveau pour un film de Tarantino « Django unchained ») tandis que Jamie Foxx n’est pas nommé comme meilleur acteur. Aucune nomination une fois de plus pour Leonardo DiCaprio qui, une fois de plus (aussi) le méritait.
Le Français Alexandre Desplat est nommé, quant à lui, pour la musique d’ « Argo ».
Pour suivre la cérémonie en direct, ce sera sur Canal + dans la nuit du 23 au 24 février dès 00h10 pour une nuit spéciale cinéma. Si vous préférez suivre les Oscars en direct live streaming sur Internet, vous pouvez suivre, ci-dessus, sur ce blog.
Pour ma part, les cinq films que je souhaite voir en tête des lauréats sont :
1-"Les Bêtes du Sud sauvage" de Benh Zeitlin : il serait formidable que le prix d'interprétation revienne à Quvenzhané Wallis, plus jeune nommée dans cette catégorie pour ce film universel, audacieux et dense, un hymne à la vie et l’espoir, au doux refuge de l’imaginaire aussi quand la réalité devient trop violente, un film d’une beauté âpre et flamboyante qui vous emmènera loin et vous accompagnera longtemps comme cette voix (texte de la voix off dit par le personnage de Hushpuppy magnifiquement écrit), ce regard et cette musique qui reflètent ce mélange de force et de magie, de grâce et de détermination.
2-"Lincoln" de Steven Spielberg : Même si mon coeur balance pour le prix du meilleur film, il pencherait plutôt pour "Lincoln". Un film captivant et exigeant sur un homme et une situation historiques et complexes. Un hommage à Lincoln mais, au-delà, à la politique et ce qu’elle implique d’exigence à laquelle la forme judicieuse du film rend si bien justice. Un film d’une sobriété salutaire qui ne cède que quelques instants et brillamment à l’émotion mais jamais à l’esbroufe. Un film dense aux 2H29 nécessaires. Un travail d’orfèvre servi par une prestation en or, celle d’un Daniel Day-Lewis au sommet de son art, accompagné par une distribution remarquablement choisie et dirigée. Un très grand film dont le classicisme n’est pas un défaut mais au contraire le témoignage de l’humilité et de l’intelligence d’un grand cinéaste devant un grand homme à qui il rend un admirable hommage, de la plus belle manière qui soit, en ne le mythifiant pas mais en le montrant dans toute son humaine complexité.
3- "Les Misérables" de Tom Hooper: J'assume et revendique mon coup de coeur et même de foudre pour ce film. Un film d’une force émotionnelle rare qui a eu l’intelligence de ne jamais sacrifier les fondements de l’œuvre à l’impératif du divertissement et qui rend hommage à l’œuvre d’Hugo, traduisant sans les trahir son intemporalité et son universalité, son caractère à la fois romanesque, réaliste et épique, mais surtout la beauté de ses personnages, les combats auxquels leurs âmes tourmentées et la triste fatalité et leurs rêves brisés les confrontent. J’ai été emportée par cette adaptation à la fois originale et respectueuse de l’essence et l’âme des « Misérables ». A l’intelligence de la mise en scène, la puissance de la musique (tant pis si certains esprits cyniques et sinistres la trouvent sirupeuse), s’allient des performances d’acteurs impressionnantes avec un Hugh Jackman exceptionnel conciliant qualité du chant et de l’interprétation et devenant un Valjean par exemple très différent de Jean Gabin dans le film de Le Chanois de 1958 ou de Belmondo dans le film de Lelouch de 1995, moins en force physiquement peut-être mais d’une humanité brute et poignante. Et si Daniel Day-Lewis est admirable dans "Lincoln", Hugh Jackman mérite pour moi cet Oscar du meilleur acteur.
4-"Django unchained" de Quentin Tarantino: En huit longs-métrages (seulement), Tarantino a fait de ce néologisme « tarantinesque » la marque d’un univers, celui de films jubilatoires marqués par une violence chorégraphiée comme le seraient des opéras, des films délicieusement bavards d’une violence effroyablement et brillamment magnifiée, avec des dialogues caustiques, des décalages et des montages agréablement audacieux et absurdes même parfois, de BO enthousiasmantes, des hommages vibrants au cinéma avec une explosion (souvent sanguinolente mais récréative) de références cinématographiques, un cinéma de femmes rebelles et courageuses, un hommage à tous les cinémas, de la série B au western : des films débordants d’amour et d’érudition cinématographiques jamais lénifiants ou prétentieux, grâce à un savoureux regard et humour décalés. Ici il réinvente ainsi le western en utilisant et s’affranchissant de ses règles avec cette histoire d’amitié et de vengeance romanesque, de duels et de duos, une nouvelle fois jubilatoire. Tarantinesque évidemment. Il y avait Bond, James Bond, il y aura désormais « « Django. The D is silent », l’esclave héros de western. Di Caprio aurait pour moi mérité un Oscar mais il n'est pas nommé. Souhaitons qu'il obtienne, au moins, un prix du scénario.
5-"Amour" de Michael Haneke: Un film tragique, bouleversant, universel qui nous ravage, un film lucide, d’une justesse et d’une simplicité remarquables, tout en retenue. «Je ne me souviens plus du film, mais je me souviens des sentiments» dit Jean-Louis Trintignant en racontant une anecdote à son épouse. C’est aussi ce qu’il nous reste de ce film, l’essentiel, l’Amour avec un grand A, pas le vain, le futile, l’éphémère mais l’absolu, l’infini. Je lui souhaite donc l'Oscar du meilleur film en langue étrangère même si "Royal Affair" est un premier film passionnant, historique et moderne, romanesque et instructif, étonnamment maitrisé.
Je suis en revanche beaucoup plus réservée sur d'autres films et même très critique envers "Zero dark thirty" de Kathryn Bigelow film qui, outre le fait qu'il ne m’a pas ailleurs rien appris que je ne savais déjà, ne m’a même pas ennuyé, m’a simplement laissé indifférente (ce qui est pire que tout). Finalement, on ne sait jamais ce que Kathryn Bigelow souhaite dire, dénoncer, montrer et quel est sont point de vue, elle-même paraissant constamment écartelée entre le désir de susciter l’intérêt du plus grand monde et le souci de véracité, faisant finalement des concessions aux uns et aux autres et aboutissant à cette œuvre tiède et sans personnalité.
Quant à "Argo" de Ben Affleck, je comprends mal l'engouement actuel pour ce film (qui figure parmi les favoris): « Argo » a tout de la caricature du film d’espionnage américain : le slogan qui claque (le film était faux, la mission bien réelle), le héros mélancolique qui s’oppose à la hiérarchie et en proie à ses démons personnels (le summum est atteint avec le dessin pour le petit garçon, scène encore une fois téléphonée sans oublier le dialogue entre le producteur et l’agent de la CIA sur leurs enfants), la musique (signée Alexandre Desplat) pour accentuer le suspense, et évidemment et surtout pour nous montrer à quel point ces gens de la CIA et d’Hollywood sont virils et n’ont pas leur langue dans leur poche un langage châtié avec « le censé être irrésistible » « Argofuckyourself ! » ou encore cette réplique parmi d’autres qui fait se retourner Prévert dans sa tombe : : « Le public visé détestera. Quel public ?Celui avec des yeux ! ». Tout était là pour faire de ce scénario réel et improbable un vrai, un grand et beau film d’espionnage politique, malheureusement son manque criant de sobriété et de subtilité en font un divertissement captivant (mais on peut captiver avec des ficelles plus ou moins faciles) au-dessus de la mêlée certes mais sans grande originalité et à la gloire de la bannière étoilée (étonnant qu’elle ne flotte pas insolemment et fièrement à la fin du film). Cela m’aura néanmoins permis de découvrir cette histoire rocambolesque (déclassifiée par Bill Clinton et rendue publique en 1997) qui présente des résonances intéressantes avec la situation politique actuelle (le film a d’ailleurs été tourné en Turquie). Mais si, comme moi, vous aimez les films d’espionnage des années 1970, revoyez plutôt « Les 3 jours du Condor » et non celui qui essaie de les singer… ou allez voir « Skyfall ».
Enfin, pour ce qui est de "Flight" de Robert Zemeckis, ce dernier a une nouvelle fois voulu dresser le portrait d’un homme différent, perdu, « seul au monde » comme l’était celui du film éponyme ou de « Forrest Gump », un personnage qui aurait pu être passionnant si ses aspects sombres n’avaient été totalement édulcorés par le discours et le symbolisme religieux simplistes et édifiants. Une impression de gâchis après vingt minutes de début réellement prenantes, et les contradictions du personnage (ainsi que la manière de les traiter en thriller) qui auraient aussi pu l’être. Le paroxysme du ridicule est atteint avec cette fin et une réplique digne d’un sketch caricatural sur les blockbusters américains que n’auraient pas détesté employer Kad et Olivier dans « Mais qui a re-tué Pamela Rose » ( une réplique dont je ne vous priverai pas du plaisir de la découverte). Oui, un beau gâchis.
Mes critiques des films en lice:
"Les Bêtes du Sud sauvage" de Benh Zeitlin
"Zero dark thirty" de Kathryn Bigelow
"Les Misérables" de Tom Hooper
"Django unchained" de Quentin Tarantino
"Royal affair"de Nikolaj Arcel
NOMINATIONS
Meilleur film
Les Bêtes du Sud sauvage
Happiness Therapy
Zero Dark Thirty
Lincoln
Les Misérables
L'Odyssée de Pi
Amour
Django Unchained
Argo
Meilleur réalisateur
David O. Russell - Happiness Therapy
Ang Lee - L'Odyssée de Pi
Steven Spielberg - Lincoln
Michael Haneke - Amour
Benh Zeitlin - Les Bêtes du Sud sauvage
Meilleur acteur
Daniel Day Lewis (Lincoln)
Denzel Washington (Flight)
Hugh Jackman (Les Misérables)
Bradley Cooper (Happiness Therapy)
Joaquin Phoenix (The Master)
Meilleure actrice
Naomi Watts (The Impossible)
Jessica Chastain (Zero Dark Thirty)
Jennifer Lawrence (Happiness Therapy)
Emmanuelle Riva (Amour)
Quvenzhané Wallis (Les Bêtes du Sud sauvage)
Meilleur acteur dans un second rôle
Christoph Waltz (Django Unchained)
Philip Seymour Hoffman (The Master)
Robert de Niro (Happiness Therapy)
Tommy Lee Jones (Lincoln)
Alan Arkin (Argo)
Meilleure actrice dans un second rôle
Sally Field (Lincoln)
Anne Hathaway (Les Misérables)
Jackie Weaver (Happiness Therapy)
Amy Adams (The Master)
Helen Hunt (The Sessions)
Meilleur scénario original
Flight
Zero Dark Thirty
Django Unchained
Amour
Moonrise Kindgom
Meilleur scénario adapté
Les Bêtes du Sud sauvage
Argo
Lincoln
Hapiness Therapy
L'Odyssée de Pi
Meilleur film d'animation
Frankenweenie
Les pirates bons à rien mauvais en tout
Les Mondes de Ralph
L'Etrange pouvoir de Norman
Rebelle
Meilleur film en langue étrangère
Amour (Autriche)
No (Chili)
Rebelle (Canada)
A Royal Affair (Danemark)
Kon-Tiki (Norvège)
Meilleure direction artistique
Anna Karénine
Le Hobbit : Un voyage inattendu
Les Misérables
L'Odyssée de Pi
Lincoln
Meilleure photographie
Anna Karénine
Django Unchained
L'Odyssée de Pi
Lincoln
Skyfall
Meilleur costume
Blanche Neige et le Chasseur
Les Misérables
Blanche Neige
Lincoln
Anna Karénine
Meilleur documentaire
5 Broken Cameras
The Gatekeepers
How to Survivez a Plague
The Invisible War
Searching for Sugar Man
Meilleur montage
Argo
Lincoln
Zero Dark Thirty
L'Odyssée de Pi
Happiness Therapy
Meilleur maquillage
Hitchcock
Le Hobbit : Un voyage inattendu
Les Misérables
Meilleur montage son
Argo
Django Unchained
L'Odyssée de Pi
Skyfall
Zero Dark Thirty
Meilleur mixage son
Les Misérables
L'Odyssée de Pi
Lincoln
Skyfall
Argo
Meilleur effets spéciaux
Prometheus
Avengers
Blanche Neige et le Chasseur
Le Hobbit : Un voyage inattendu
L'Odyssée de Pi
Meilleure musique originale
Anna Karénine
Argo
Skyfall
L'Odyssée de Pi
Lincoln
Meilleure chanson
Before my time – Chasing Ice
Suddenly – Misérables
Pi's Lullaby - L'Odyssée de Pi
Everybody needs a best friend - Ted
Skyfall - Skyfall
Meilleur film d'animation (court-métrage)
Adam and Dog
Fresh Guacamole
Head over Heels
Maggie Simpson in 'The Longest Daycare'
Paperman
Meilleur documentaire (court-métrage)
Inocente
Kings Point
Mondays at Racine
Open Heart
Redemption
Meilleur film (court-métrage)
Asad
Buzkashi Boys
Curfew
Death of a Shadow
Henry
22:02 Écrit par Sandra Mézière | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : cinéma, oscars, oscars 2013 | | del.icio.us | | Digg | Facebook | | Imprimer |
Commentaires
Je donne MON Oscar à Hugh Jackman... Non mais c'est dingue ce qu'il fait dans ce film... Ses larmes qui jaillissent en pleine chanson, j'étais effondrée moi. Et lorsque Javert le retrouve dans son bureau et qu'il fait comme s'il n'était pas Valjean. GRANDE PERFORMANCE.
Par contre je ne comprends toujours pas pourquoi tu as pu perdre la raison pour Amour !!! Et j'espère vraiment que l'hémorragie Haneke va s'arrêter là !
Et meilleur maquillage pour Hitchcock, non mais là franchement je suis morte de rire !
Écrit par : Pascale | 24/02/2013